Chapitre 13. DEésorientation
L'incapacité à savoir, reconnaître ou avoir conscience de : qui nous sommes (en tant que personne), ce que nous faisons (en terme de situation), l'heure et la date (d'un point du vue temporel), ou où nous nous trouvons en ce qui concerne notre environnement (relation au lieu).
(Age : treize ans)
“Va-t'en,” cria Bill depuis l'intérieur de sa chambre où il s'était barricadé. Les coups frappés à sa porte n'étaient pas les bienvenus, même si les jointures qui les prodiguaient appartenaient à Tom.
“Bill, allez ! Ouvre la porte. Parle-moi,” supplia Tom. Il frappa de nouveau à la porte, plus par frustration que pour attirer l'attention de son frère.
“Je ne veux pas te parler, Tom. Va-t'en,” répliqua Bill. Il y avait de la colère dans ses mots, mais le tremblement de sa voix indiquait sa douleur.
Tom pouvait entendre que son frère luttait pour retenir ses larmes. Une nouvelle montée de culpabilité le frappa et il cogna sur la porte, désespéré de ne pas pouvoir voir son frère. “Bill ! S'il te plaît laisse-moi juste entrer !” cria-t-il, l'air plus énervé qu'il n'en avait l'intention.
Le cri concorda avec un sanglot étouffé qui provenait de l'autre côté de la porte. “V-va t'en, Tom. Tout ça c'est de ta f-faute !” sanglota Bill tandis qu'il se jetait sur son lit et s'enfouissait sous les draps. Ils sentaient encore l'odeur de Tom, depuis la dernière fois où ils avaient partagé son lit. Aussi énervé qu'il soit, cette odeur avait un effet réconfortant sur lui.
Tom se mit dos à la porte et se laissa couler au sol. Il ramena ses genoux à son torse et y posa le front. Tom mourait d'envie de se laisser aller et de se mettre à sangloter avec son frère, mais cela serait allé à l'encontre d'une des nombreuses règles implicites de leur relation. Quand l'un était faible l'autre devait être fort. Malheureusement pour Tom, la responsabilité de devoir se montrer le plus fort semblait peser sur ses épaules bien plus souvent que sur celles de son frère.
Le craquement d'une des marches attira l'attention de Tom, mais il ne releva pas la tête pour voir qui approchait. Il supposait que c'était juste leur mère une fois de plus, tentant de leur remonter le moral avec des cookies ou du chocolat au lait. Elle s'était agitée autour d'eux depuis que Bill était rentré à la maison. Cependant, la voix qui s'éleva n'appartenait pas à Simone. C'était celle d'Andreas, timide et inquiète. “Tu vas bien ?” demanda-t-il doucement tandis qu'il s'approchait du jumeau à dreadlocks recroquevillé au sol.
“Bill ne veut pas ouvrir la porte,” répondit Tom en s'essuyant les yeux sur sa manche, essayant de se recomposer. Andreas était la dernière personne que Tom avait envie de voir dans l'état où il était, et il ne fallait pas que quiconque sache qu'il vivait tout ça au moins aussi mal que Bill.
“Je pourrais essayer,” offrit Andreas avec hésitation.
Tom hocha la tête et se releva, allant se poser contre le mur qui faisait face à la porte de Bill. Les verrous pour lesquels lui et Bill avaient dû supplier étaient aujourd'hui aussi haïs par Tom qu'ils avaient été adorés. Avec l'assurance apportée par le docteur Engle qu'il était normal pour des garçons de treize ans de vouloir plus d'intimité, Simone les avait laissé installer des verrous à leurs portes comme partie de leur cadeau d'anniversaire. Les verrous leur garantissaient une sécurité qui rapprochait les jumeaux, mais ces derniers temps il leur arrivait au moins aussi souvent de servir de barrières.
“Bill, c'est moi. Je peux entrer ?” demanda Andreas après avoir doucement frappé à la porte. Tom et Andreas attendirent en retenant leur respiration, à l'affût de la moindre réponse qui pourrait venir de l'intérieur de la pièce. Il finit par y avoir un petit bruit sourd et le son de pas traînants. Une seconde plus tard vint le déclic du verrou et la porte s'ouvrit. Une main jaillit et saisit Andreas, le tirant à l'intérieur de la chambre. Tom bougea pour suivre, mais on lui claqua la porte au nez, et avant qu'il n'ait pu saisir la poignée, le verrou avait été remis en place.
“Putain ! Bill, laisse-moi entrer,” cria Tom, balançant des coups de pied menaçants dans la porte. Il n'y avait qu'une seule chose pire que de se trouver enfermé à l'extérieur de la chambre de Bill, et c'était d'être enfermé à l'extérieur tandis qu'Andreas était enfermé à l'intérieur. L'esprit de Tom était parcouru de pensées à l'amère et cuisante jalousie, et il pouvait sentir la rage monter progressivement en lui. Il voulait arracher la porte de ses gonds, mais les mots du docteur Engle lui revinrent en mémoire. Tom se força à prendre une grande inspiration avant d'ouvrir de nouveau la bouche. “Parfait, je vais chez Georg,” dit-il, les dents serrées, avant de dévaler les escaliers comme un ouragan.
Andreas entendit Tom claquer la porte, mais il était bien trop concentré sur le plus jeune des jumeaux, en pleurs dans ses bras, pour pouvoir y faire quelque chose. Au moment où il avait été tiré dans la chambre, Bill s'était jeté sur lui et s'était mis à pleurer. Andreas était habitué à la nature sensible de Bill, et il comprenait parfaitement pourquoi il était secoué, mais c'était la première fois que Bill était venu à lui pour chercher du réconfort plutôt que de se tourner vers Tom.
“J'ai perdu,” dit Bill quand il réussit enfin à trouver suffisamment de souffle pour réussir à émettre des mots plutôt que des sanglots.
“Je sais,” compatit Andreas, sachant très bien que c'était la pire tentative de réconfort qu'il ait jamais entendue de toute sa vie. Tout comme Tom, les mots de réconfort n'étaient pas vraiment le domaine de prédilection d'Andreas. Cela ne l'aidait pas non plus d'être un peu préoccupé et inquiet à l'idée de ce que lui ferait Tom une fois qu'il lui aurait mis la main dessus.
“Il avait dit que je gagnerai,” renifla Bill, enfonçant ses doigts dans le t-shirt d'Andreas, tout comme il le faisait à celui de Tom. C'était plus dur, il y avait moins de tissu que sur les vêtements baggys de Tom, tous extra-larges.
“Tu disais que tu ne le faisais qu'à cause de ce stupide pari,” répondit Andreas, n'étant pas tout à faire sûr de comprendre comment les choses en étaient arrivées là. La première fois que Bill lui avait parlé de Star Search, il en riait et disait que c'était juste parce qu'il avait perdu un pari idiot. Bill n'avait même pas pris la peine de lui dire quel était le pari, disant que ça n'avait pas d'importance. Si ça n'avait pas d'importance, alors pourquoi est-ce que Bill était en train de détremper son t-shirt avec ses larmes en ce moment précis ?
Bill essuya ses yeux pleins de larmes sur le t-shirt d'Andreas et s'accrocha un petit peu plus fort à lui. Les bras d'Andreas l'entouraient, et ses mains lui caressaient gentiment le dos en cercles apaisants, mais ça ne faisait pas la même chose que quand c'était Tom qui le faisait. Il savait que le but était de le réconforter, mais ça ne faisait que lui faire penser à Tom et à combien il le voulait. Il voulait le réconfort de Tom, mais il était en colère contre lui. C'était la faute de Tom.
“C'était le cas, mais après que j'aie passé le premier tour je me suis dit que peut-être j'allais vraiment y arriver. Tom disait que je pouvais gagner. Il a dit que j'étais meilleur que n'importe qui d'autre,” essaya d'expliquer Bill. Ce qu'il n'arrivait pas à communiquer à Andreas, c'était que juste parce que Tom l'avait dit, Bill y avait cru, de toutes les fibres de son être.
“Ca n'empêche pas que tu étais vraiment bon et que de toutes façons t'as pas besoin de ce stupide truc de Star Search. Tu as ton propre groupe, et tu sais que vous allez devenir célèbres,” dit Andreas, réussissant enfin à sortir quelques mots qui étaient vraiment réconfortants.
D'avoir à tenir son ami bouleversés et en larmes commençait à devenir fatiguant, aussi Andreas le guida-t-il gentiment vers le lit où ils s'assirent. A sa grande surprise, aussitôt qu'il fut installé sur le lit, Bill lui grimpa sur les genoux et s'agrippa à lui. C'était quelque chose qu'il avait déjà vu Bill faire à Tom, quand les caïds de l'école ne voulaient pas le lâcher ou quand la visite chez leur père s'était vraiment mal passée, mais jamais Andreas ne se serait attendu à se retrouver un jour dans la position de Tom. Il n'avait absolument aucune idée de ce qu'il devait faire, mais il se souvint d'avoir vu Tom caresser les cheveux de Bill. Ca avait l'air d'aider.
Bill se pressa contre Andreas, oubliant un instant que ce n'était pas son frère. Ce fut le léger parfum citronné du shampooing d'Andreas, qui émanait de ses cheveux décolorés, qui lui rappela que ce n'était pas Tom, mais à ce moment-là il s'était déjà installé sur les genoux d'Andreas et il ne voulait pas en bouger. Andreas était chaud et avec lui il se sentait en sûreté, comme avec Tom. Il pourrait lui fournir le réconfort que Bill refusait d'accepter de la part de Tom à ce moment précis.
“Je n'en ai jamais douté. Pas une seule fois jusqu'à maintenant. Tom a dit qu'on y arriverait alors je savais qu'on y arriverait, mais Tom a dit que je gagnerai et je n'ai pas gagné. Je n'ai pas gagné,” murmura doucement Bill contre le t-shirt détrempé de son ami. Chaque fois qu'il prononçait ces mots, ils devenaient un peu plus réels, mais la douleur cuisante qui y était liée ne décroissait pas, alors qu'elle aurait dû. La défaite faisait tellement plus mal que ce à quoi Bill s'était attendu.
Andreas se tortilla, mal à l'aise, mais il ne repoussa pas Bill. Il ne pouvait pas prendre le risque de blesser Bill. La règle numéro un quand on était ami avec les jumeaux Kaulitz était qu'il ne fallait jamais, jamais blesser Bill. Le fait que cette règle soit si fortement et strictement mise en avant était probablement la raison pour laquelle Andreas était leur seul ami proche depuis tant d'années. Maintenant il y avait bien Georg et Gustav qui étaient de plus en plus proches des jumeaux, mais Andreas ne ressentait pas de jalousie vis-à-vis d'eux. En fait, il était soulagé. D'être ami avec les jumeaux était excitant et intense, mais parfois cela pouvait être un petit peu trop intense. La présence des G's lui enlevait un peu de pression des épaules.
Bill blottissait son nez contre lui et se mit de nouveau à renifler. Andreas se creusa la tête pour trouver quelque chose de réconfortant à dire, ou un moyen d'encourager Bill à retourner vers Tom pour trouver du réconfort. Tom saurait quoi faire. “Tout le monde peut se tromper. Tom s'est trompé à propos de Star Search, mais il ne s'est pas trompé en disant à quel point tu es bon,” chuchota-t-il, ayant l'impression que ce qu'il disait était parfaitement idiot. Les seuls autres moments de sa vie où Andreas parlait de cette manière étaient les fois où il essayait d'impressionner les filles avec sa sensibilité. Il ne pouvait même pas commencer à se décider à envisager de comprendre pourquoi il ressentait le besoin de parler à Bill de cette façon.
Les mots qu'Andreas avait prononcés ressemblaient beaucoup aux doux mots de réconfort que Tom lui murmurait quand il tenait Bill fort et lui caressait les cheveux, tout comme Andreas était actuellement en train de le faire. Ils le réconfortèrent et firent disparaître ses doutes, mais à la place ils apportèrent de la confusion. Bill sentait son ventre papillonner, exactement comme c'était le cas quand il était avec Tom. Andreas était leur meilleur ami, leur ami le plus proche. Il était aussi proche d'eux que ce qu'ils laisseraient un étranger approcher, et il avait gagné leur confiance longtemps auparavant. Si Bill aimait un jour quelqu'un d'autre que Tom, ce serait Andreas. Malheureusement, c'était une chose que seul l'un des deux jumeaux avait comprise, et ce n'était pas Bill.
Sans y réfléchir, Bill remercia Andreas pour ses mots de réconfort de la même manière qu'il remerciait son frère pour le même réconfort. Les mains de Bill relâchèrent le tissu du t-shirt d'Andreas et vinrent s'enrouler autour de sa taille. Avant qu'Andreas n'ait eu la moindre chance de réaliser ce qu'il se passait, Bill releva la tête et captura ses lèvres. Les lèvres de Bill étaient douces et accueillantes, suppliant Andreas ne se pas se dégager.
Le baiser fut rapide. Juste assez long pour que Bill puisse regarder dans les yeux d'Andreas et réaliser qu'ils ne reflétaient pas les siens. Juste assez long pour que le ventre d'Andreas se mette à papillonner de la même manière que lorsqu'il avait embrassé sa première petite amie. Juste assez long pour que Bill inhale la senteur citronnée qui n'était pas celle de son frère. Juste assez long pour qu'Andreas glisse ses mains le long des hanches de Bill et réalise qu'il était en train d'embrasser son meilleur ami.
Andreas sauta sur ses pieds, faisant tomber Bill de ses genoux. Sa main vola jusqu'à sa bouche, là où les lèvres de Bill s'étaient trouvées quelques instants plus tôt. Son cœur battait la chamade, et il n'arrivait pas à savoir si c'était à cause de la peur ou de l'excitation. Il y avait tant de choses qui n'allaient pas dans ce qui venait de se produire. La pensée dominante qui régnait dans l'esprit d'Andreas était la confusion vis-à-vis de sa sexualité. Il n'était pas gay, mais ce baiser avait ébranlé ses certitudes. Ce qui suivait rapidement cette pensée était le fait de savoir que Bill et Tom étaient ses meilleurs amis, et qu'il allait sans doute les perdre tous les deux. Tom allait très clairement le tuer.
“Je dois y aller,” dit Andreas, la voix tremblante de nervosité.
“Okay,” fut tout ce que Bill eut à dire. Il était tout aussi secoué par ce baiser qu'Andreas l'était. Bill n'arrivait même pas à commencer à envisager de comprendre la raison pour laquelle il avait fait ça, ou pourquoi ça le faisait se sentir si bizarre. Il n'avait jamais ne serait-ce que considéré d'embrasser quelqu'un d'autre avant, surtout pas Andreas. Cette nouvelle confusion n'était pas du tout ce dont il avait besoin ; pas en plus de son cœur brisé et de l'inquiétude qu'il ressentait déjà. Andreas était censé être rentré pour l'aider à se faire se sentir mieux, pas pour le laisser avec une encore plus grande envie de pleurer. Il aurait dû simplement laisser Tom entrer.
Andreas se dépêcha de rejoindre la porte mais il se retourna et jeta un dernier regard à Bill. Celui-ci s'était recroquevillé sur son lit et s'était enroulé dans les couvertures. Parmi les draps se trouvait autre chose ; une chose à laquelle Bill se cramponnait de toutes ses forces et qu'il avait ramenée contre son torse. Une sensation indiciblement étrange s'abattit sur Andreas quand il réalisa que c'était l'un des t-shirts de Tom. Soudainement plusieurs choses semblèrent se mettre en place dans sa tête, comme les pièces d'un puzzle, et Andreas sut qu'il lui fallait sortir d'ici. Il lui fallait sortir d'ici, avant que Tom ne revienne.
**
C'était un long chemin que celui qui menait à la maison de Georg, et Tom n'en parcourut que la moitié avant de réaliser à quel point c'était une mauvaise idée. Le docteur Engle lui disait toujours quand que il sentait qu'il devenait énervé ou jaloux, c'était une bonne idée d'aller faire un tour pour pouvoir se calmer. Il fallait qu'il s'éloigne de la source de sa colère. Malheureusement, il ne s'éloignait d'une que pour aller en retrouver une autre. Bill le tenait pour responsable, mais lui tenait Georg et Gustav pour responsables. C'était de leur faute. Leur stupide pari. Leur stupide idée. Bill n'aurait jamais autant souffert s'ils ne l'avaient pas encouragé à faire ça.
Tom réalisa que Georg et Gustav étaient les dernières personnes qu'il avait envie de voir. Il avait besoin de Bill. Il avait besoin de faire comprendre à Bill que ce n'était pas la fin du monde, ou la fin de leur rêve. Ca n'avait même aucune importance, mais Bill avait plus mal vécu la défaite que ce que tout le monde aurait cru. Même Tom ne comprenait pas pourquoi ça avait autant secoué Bill. Aucun de leurs précédents échecs ne l'avait bouleversé à ce point-là.
Tom se creusa la tête pour trouver une explication tandis qu'il rentrait à la maison. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi Bill était tellement blessé et il ne pouvait définitivement pas comprendre pourquoi Bill l'accusait et le repoussait. Bill ne l'avait jamais repoussé comme ça, et ça l'effrayait au-delà des mots. Une chose que le docteur Engle avait dite n'arrêtait pas de tourner et retourner dans son esprit. Quelque chose à propos de comment, en grandissant, ils verraient peut-être leur relation changer et qu'ils ne voudraient plus de l'intimité qu'ils partageaient auparavant. La pensée de perdre Bill terrifiait Tom. Quand il arriva enfin, il savait ce qu'il avait à faire. Il allait demander de l'aide.
“Maman ?” appela Tom tandis qu'il retirait ses chaussures de la pointe des pieds dans l'entrée et regardait autour de lui dans l'espoir d'apercevoir un signe de vie. Il pensait que Bill et Andreas étaient toujours enfermés là-haut dans la chambre de Bill, et pour éviter une nouvelle dispute il décida qu'il était plus sage de rester en bas pour le moment. Il parlerait à Bill quand celui-ci serait prêt.
“Par là, mon chéri,” répondit Simone depuis la cuisine où elle était occupée à préparer le dîner.
Tom se rendit dans la cuisine et ne fut pas surpris de trouver sa mère en train de préparer le plat de pâtes préféré de Bill. C'était probablement une nouvelle tentative de lui remonter le moral, mais Tom ne pensait pas que cela marcherait. Du moins il espérait que de la nourriture ne parviendrait pas à résoudre quelque chose qu'il n'arrivait pas lui-même à faire aller mieux. C'était une pensée assez égoïste, mais il espérait bien être meilleur à la résolution des problèmes de Bill que des pâtes.
Tout le courage que Tom avait rassemblé sembla s'évaporer quand sa mère se retourna vers lui. Sa bouche s'assécha, tout comme cela lui arrivait quand il ne voulait vraiment pas parler. Ca allait être une chose difficile à faire, mais il savait qu'ils en avaient besoin. “Maman, je peux te demander quelque chose ?” demanda-t-il nerveusement, se mordant légèrement la lèvre. Tom s'était tant mordillé la lèvre inférieure qu'elle était enflée et rougie.
“Bien sûr, Tom. Tu sais bien que tu peux toujours venir me parler,” répondit Simone, époussetant la farine de ses mains pour aller faire un câlin à son fils. Il y avait beaucoup de choses que Simone ne comprenait pas à propos de ses garçons, mais elle savait quand ils souffraient. Elle pouvait voir dans les yeux de Tom qu'il souffrait autant que Bill, et elle regretta d'avoir donné à Bill la permission de participer à cette émission.
Simone passa doucement le doigt sur la lèvre enflée de Tom et lui tendit un des cookies tout chaud du plat qu'elle avait posé sur le comptoir. “Essaye plutôt ça au lieu de ta lèvre. Ca aura bien meilleur goût,” dit-elle avec un sourire. “Alors, de quoi tu voulais me parler ?”
Tom saisit le cookie pour faire plaisir à sa mère, mais il n'avait pas vraiment envie de manger. Il baissa les yeux sur ses pieds, butant sur les mots qu'il murmurait, “Je... umm... je pense que moi et Bill on devrait parler au docteur Engle. Tu sais, à propos de Star Search et tout ça. Je vais bien. Je pense que c'est stupide. C'est pas grand-chose, mais Bill est bouleversé ou un truc du genre. Il veut pas me parler.” Tom se prépara à la réaction. Il ne savait pas à quoi s'attendre. Il n'avait jamais demandé de l'aide à quelqu'un d'autre auparavant, mais cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas vu le docteur Engle et il savait qu'ils avaient besoin d'aide.
Simone enroula très fort ses bras autour de son fils et sourit. “Tu es un si bon frère, à t'inquiéter pour Bill comme ça, et je suis fière de toi pour venir demander de l'aide alors que tu en as besoin, Tom,” le félicita Simone, s'abaissant pour venir lui embrasser le front. “Bill et moi avons déjà eu une petite discussion quand tu es parti. Je suppose que vous êtes tous les deux plus télépathes que jamais, parce qu'il m'a dit exactement la même chose.”
“Vraiment ?” demanda Tom, pas réellement sûr de savoir s'il devait se sentir soulagé, ou au contraire encore plus inquiet. Est-ce que les choses allaient vraiment si mal, au point que même Bill pensait qu'ils avaient besoin d'aide ? Quelque part ça avait l'air bien pire si Bill pensait qu'ils avaient besoin d'aide. Ca ne ressemblait pas à Bill d'aller chercher de l'aide auprès de quelqu'un d'autre que lui, et là on aurait juste dit qu'il était juste prêt à s'adresser à n'importe qui plutôt qu'à lui.
“Oui, et je pense que c'est une bonne idée. Je veux que vous soyez sûrs que toute cette histoire de musique est vraiment ce que vous voulez tous les deux, et je pense qu'en parler au docteur Engle est une très bonne idée. Malheureusement, il est en vacances cette semaine et il n'a aucun rendez-vous de libre dans les semaines à venir. Je vous ai pris le rendez-vous le plus tôt qu'il restait. D'ici là, vous savez bien que vous pouvez toujours venir nous parler, à moi ou Gordon, de tout ce que vous voulez,” expliqua Simon à Tom, tout juste comme elle l'avait expliqué à Bill un peu plus tôt.
“Oh,” marmonna Tom. Est-ce qu'ils arriveraient à s'en tirer pendant plusieurs semaines ? Est-ce que pendant tout ce temps Bill continuerait à l'ignorer ? Cela faisait déjà toute une journée qu'il avait été ignoré, et Tom ne pensait pas pouvoir en supporter plus. Si le docteur Engle n'était pas disponible, alors il faudrait qu'il résolve le problème, quoi que celui-ci puisse être, par lui-même. “Merci, Maman. Est-ce qu'Andreas est encore là ?” demanda-t-il, réussissant à cacher tout indice quant à pourquoi il voulait savoir.
“Il est rentré chez lui il y a un petit moment. Je ne pense pas qu'il ait franchement réussi à remonter le moral de Bill. Peut-être que tu pourrais réessayer avant le dîner ?” suggéra Simone.
“C'est ce que je vais faire. Peut-être que je pourrai lui monter quelques cookies,” dit-il, en saisissant quelques-uns dans le plateau. Pour une fois Simone ne le chassa pas et ne lui fit pas la leçon par rapport au fait qu'il n'aurait plus faim pour le dîner. Elle se contenta de sourire et lui plaça un nouveau baiser plein d'affection sur le front tandis qu'elle lui tendait tout le plat. “Merci Maman,” dit-il avant de disparaître en haut des escaliers avec le plat de cookies.
Tom n'essaya même pas de tourner la poignée. Il supposait que Bill avait reverrouillé sa porte dès qu'Andreas était parti. De s'être entendu dire qu'Andreas n'avait pas réussi à réconforter Bill avait calmé la jalousie de Tom, et cela rendait plus aisé d'avoir à faire face au fait qu'il allait peut-être être de nouveau rejeté. “Bill ?” appela-t-il avec hésitation tandis qu'il frappait doucement à la porte. “J'ai des cookies. Ceux que tu préfères.”
La porte s'ouvrit à la volée et avant que Tom n'ait pu réagir les bras de son frère l'entouraient. Le plateau fut balancé sur le côté, répandant les cookies au sol. Bill s'accrochait à lui comme ils avaient été séparés non pas pendant quelques heures, mais pendant des années. “Je suis désolé” murmurait Bill encore et encore tandis qu'il enfonçait le nez dans les dreads de son frère.
“Hey, tout va bien. Ne pleure pas. Je sais que tu étais juste secoué,” murmura Tom tandis qu'il attirait Bill contre son torse et faisait courir ses doigts dans ses courts cheveux foncés. Une fois encore Tom devait être fort, parce que Bill ne pouvait pas l'être. Pourtant Tom n'était jamais amer à propos de ça. Bill avait des raisons d'être le faible. C'était toujours de bonnes raisons.
Les gentilles caresses de Tom et ses mots réconfortants arrêtèrent les larmes de Bill plus rapidement que n'importe quoi d'autre l'aurait pu. Une fois qu'il se fût calmé il se rappela que Tom ne savait pas ce qu'il avait fait. A moins que lui ou Andreas ne le lui dise, il ne le saurait jamais. Bill voulait le lui dire. Il voulait se confesser de cette horrible chose qu'il avait faite, mais il avait peur de ce qui se passerait ensuite. Avec l'aide du docteur Engle il aurait peut-être été capable de le gérer, mais pas seul. Il faudrait que cela attende. Bill devrait garder cela secret, du moins pour le moment. Il fallait que Tom croie que toutes ces larmes étaient répandues juste à cause de cette idiotie de Star Search et de la petite dispute qu'ils avaient eue un peu plus tôt.
“Je suis désolé, Tom. Je suis désolé d'avoir dit ça. Je suis désolé de t'avoir accusé. Ce n'est pas ta faute. C'est juste que je voulais tellement, tellement gagner,” chuchota Bill.
Tom ne répondit pas. Il poussa son frère plus en avant dans la chambre et referma d'un coup de pied la porte derrière lui. Le claquement qu'elle fit résonna dans la petite pièce au moment même où les lèvres de Tom rencontrèrent celles de Bill. Tom n'arrivait pas à trouver les mots pour décrire ce qu'il ressentait, alors à la place il le montrerait à Bill. Il tint contre lui son frère, dans une étreinte qui voulait dire “J'ai besoin de toi,” le caressa avec une tendresse qui voulait dire “Je te pardonne,” et l'embrassa avec une passion qui voulait dire “Je t'aime”.
Le message parvint à Bill, clair et limpide, mais le soulagement que le baiser lui apportait se mélangeait à la culpabilité qu'il ressentait à cause du baiser qu'il avait partagé avec Andreas un peu plus tôt. Il se força à la refouler, sachant bien que Tom le sentirait si elle remontait à la surface de ses pensées. Tandis que Tom le serrait plus fort, Bill réalisa qu'il pouvait cacher sa culpabilité par de la passion. S'il embrassait suffisamment Tom, cela compenserait ce tout petit baiser avec Andreas, ou du moins c'est ce qu'il se dit.
“Bill... Bill, non. C'est presque l'heure du dîner,” murmura Tom contre les lèvres de Bill, protestant à contrecœur quand il se sentit poussé vers le lit. Bill essaya de le pousser dessus, mais Tom resta avec entêtement sur ses pieds et saisit le pied de lit pour pouvoir garder son équilibre et ne pas tomber en arrière. “Bill, s'il te plaît. Après le dîner. Je te promets que je me ferai pardonner après le dîner,” dit-il, hors d'haleine, tout en essayant de se dégager de son frère qui se montrait soudainement très entreprenant. Tom supposait que Bill essayait juste d'obtenir du réconfort, exactement comme il le faisait toujours que les choses n'allaient pas.
Tom soupira de soulagement quand Bill le relâcha enfin. Avec la façon dont Bill s'était frotté contre lui et avait joué avec sa lèvre, Tom n'aurait pas été capable de se contrôler tellement plus longtemps. Descendre dîner en sueur et les joues rouges n'était pas une erreur qu'ils répéteraient. La première fois il en avait résulté une série de mensonges étranges et d'explications bancales qu'ils n'étaient même pas sûrs que leurs parents aient crus.
Bill se détacha à contrecœur de son frère et se détourna de lui pour éviter d'être tenté d'en demander plus. Tom posa sa main sur l'épaule de Bill pour essayer de le réconforter, mais Bill l'éloigna. Il n'aimait pas qu'on lui dise non et il allait le faire savoir. Du moins, il avait l'intention de le faire savoir jusqu'à ce qu'il réalise que le plateau de cookies était tombé au sol quand il avait fait entrer Tom.
“Ugh ! Bill, ils sont tombés par terre,” rit Tom, à moitié dégoûté, à moitié amusé quand son frère commença à ramasser les cookies et se mit à les manger. Tom se laissa tomber assis sur le lit de Bill et celui-ci le rejoignit quelques instants plus tard, le plateau rempli de cookies très légèrement poussiéreux.
“J'invoque la règle des cinq minutes,” dit Bill, la bouche pleine de cookie au chocolat. Il tendit la moitié du cookie déjà entamé à son frère et le lui offrit. “Tu veux un morceau ?”
“Je crois que c'est la règle des cinq secondes, Bill, pas celle des cinq minutes,” rit Tom. Bill recommençait à se conduire plus bizarrement que jamais, et Tom en était tellement soulagé qu'il n'en était même pas ennuyé.
“Oh, n'importe. Ils sont toujours bons.” Bill haussa les épaules tandis qu'il prenait une nouvelle bouchée du cookie avant de de nouveau le placer devant le visage de son frère. “Allez, ça te tuera pas,” se moqua-t-il.
Tom leva les yeux au ciel mais finit par accéder à la demande de son frère. “Mmm, épicé au parquet,” dit-il sarcastiquement, la bouche pleine de cookie sale.
“C'est juste de la poussière,” dit Bill, entamant avec entrain un second cookie.
Tom rit et prit de lui-même un autre cookie. “Tu te souviens de cette fois où on a réussi à faire manger de la boue à Andreas ?”
Bill rit si fort qu'il postillonna des miettes de cookie. “Pauvre Andi,” gloussa-t-il, se souvenant à quel point leur ami était naïf quand ils étaient plus jeunes. Si Tom et lui s'y mettaient tous les deux, ils pouvaient faire faire absolument tout ce qu'ils voulaient à Andreas. Le rire de Bill s'évanouit quand le souvenir de ce qu'il avait fait à Andrea lui revint de nouveau en tête. Une nouvelle pointe de culpabilité l'accompagna, et Bill regarda nerveusement son frère.
“Qu'est-ce qui ne va pas ?” demanda Tom, remarquant le coup d'œil inquiet de son frère, sentant que quelque chose n'allait pas.
Bill se força à sourire et se pencha vers son frère. “Rien. C'est juste que tu as un peu de chocolat, juste... là,” dit-il, léchant le chocolat au coin de la bouche de Tom, puis léchant ensuite toute sa joue.
“Ugh ! Bill ! Dégueu,” grogna Tom, repoussant Bill et essuyant la salive sur sa joue.
“Ce n'est pas ce que tu disais la semaine dernière,” taquina Bill.
“Ce n'était pas ma joue que tu léchais la semaine dernière,” dit Tom d'une manière suggestive. Il se jeta sur Bill, l'allongeant sur le lit et lui léchant la joue en représailles.
“Tomi, arrête ! C'est presque l'heure du dîner,” geignit Bill quand il se trouva coincé sous Tom, subissant le même tourment que celui qu'il lui avait servi quelques minutes plus tôt. Les jumeaux avaient retrouvé leur dynamique habituelle, joueuse et sexuelle, et la culpabilité de Bill fut une fois de plus repoussée au fond de ses pensées.
**
Les jumeaux avaient pris place sur le divan de la petite pièce familière qu'ils avaient déjà vue tant de fois auparavant. Plus ils grandissaient, plus elle avait l'air décalée, puérile, surtout si l'on considérait le sérieux des conversations qu'ils y tenaient. Les peintures enfantines suspendues aux murs et les jouets éparpillés au sol ne retenaient plus leur attention, mais leur familiarité était réconfortante. On ne leur tendait plus de crayons de couleur et de papier au début de chaque séance, mais les doigts fins de Bill étaient refermés sur le petit crayon qu'il utilisait pour griffonner des paroles dans le cahier de chansons qui l'accompagnait partout où il allait.
Cette pièce avait été beaucoup de choses pour eux. Au début c'était leur salle de jeux, puis elle avait été leur enfer, et avec le temps elle était devenue leur sanctuaire. Dans cette petite pièce aux murs bleus clair, ils avaient joué, ils avaient ri, ils avaient pleuré, et ils avaient été en colère. Quelque soit leur humeur, cette pièce semblait capable de la contenir sans problème quand elle menaçait de les submerger. Aujourd'hui l'humeur dominante était l'excitation. Il y avait comme de l'électricité dans l'air, et les jumeaux ne tenaient pas en place, tout excités bien qu'ils essayassent de contenir leur incroyable nouvelle.
Cela faisait des mois que Simone avait essayé d'obtenir un rendez-vous avec le docteur Engle, suite au fiasco Star Search, mais pour une raison ou pour une autre la séance n'avait cessé d'être retardée. Les jumeaux étaient occupés, entre l'école et la musique, et le docteur Engle quant à lui connaissait une petite vague de célébrité suite à un livre à succès qu'il avait écrit sur la psychologie enfantine. Il était clairement devenu le pédopsychiatre le plus demandé de la région, mais il avait enfin finir par réussir à trouver une place pour ces deux patients très spéciaux.
Le docteur Engle saisit les dossiers des jumeaux sur son bureau et s'installa dans son fauteuil. Il les évalua d'un œil amusé, un sourire sur le visage tandis qu'il les voyait se tortiller sur leur siège. Ils mouraient d'envie de lui dire quelque chose, et vu comme les choses se présentaient ce devait être une bonne nouvelle. D'avoir un patient qui vienne vous annoncer une bonne nouvelle était une rareté dans son domaine, mais c'était une rareté qui était très clairement la bienvenue. “Il vaudrait mieux que l'un de vous deux me dise ce qu'il se passe avant que Bill n'explose,” rit le docteur Engle.
“On a été signés !” éclata Bill.
Tom jeta un regard à son frère et lui tapa légèrement le bras. Ils étaient censés le dire ensemble.
“Désolé, j'ai oublié,” murmura honteusement Bill.
“On a un contrat. On va vraiment faire un vrai CD,” ajouta Tom pour compenser le fait que Bill ait volé l'annonce fracassante.
“Vous avez un contrat ? C'est incroyable. Vous devez vraiment être très excités,” dit le docteur Engle, réellement heureux pour ses jeunes patients. Bill n'avait pas arrêté de babiller quant au fait qu'ils allaient devenir célèbres depuis qu'il avait saisi pour la première fois le jouet micro des années auparavant, mais le docteur Engle ne se serait jamais attendu à ce que cela devienne une réalité.
“C'est fantastique ! Ils m'ont vu à Star Search puis ils sont venus écouter le groupe et maintenant on va aller enregistrer en studio pendant l'été et on va vraiment avoir un vrai CD ! On va être célèbres !” débita Bill, ne s'arrêtant pas même pour reprendre son souffle.
“Je me souviens de t'avoir vu à Star Search, je suis vraiment content que ça ait finalement abouti pour toi. Je suis désolé que nous n'ayons pas pu nous voir en séance après. Mes notes m'indiquent que vous avez tous les deux eu un peu de mal à vivre la défaite. Vous avez envie d'en parler ?” proposa le docteur Engle.
“Bill faisait juste son bébé parce qu'il a perdu,” taquina Tom avec un grand sourire.
“Ta gueule, Tom !” Bill tira la langue et gratifia le tibia de son frère d'un coup de pied, mais le sourire de son visage ne disparut pas. “Tom est juste jaloux parce que c'est grâce à moi qu'on nous a remarqués,” expliqua Bill, faisant lever les yeux au ciel à Tom. Avec l'excitation d'avoir décroché un contrat, tout le drame qui avait suivi Star Search avait été complètement oublié. Aucun des deux jumeaux ne se rappelaient de la raison pour laquelle ils voulaient si désespérément parler au docteur Engle à l'époque, durant les jours qui avaient suivi la défaite de Bill.
La question première du docteur Engle fut oubliée tandis qu'il regardait les garçons frimer et se chamailler. Il ne les avait jamais vus aussi heureux ou à l'aise. C'était un soulagement de voir qu'ils s'en tiraient si bien, mais il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter de ce que le futur leur réservait. Le docteur Engle n'avait pas besoin de demander pour savoir que la relation des jumeaux continuait à progresser dans le sens où elle l'avait toujours fait depuis qu'il avait rencontré les deux petits jumeaux blonds.
Là où la plupart des gens n'auraient vu que du badinage fraternel, le docteur Engle pouvait déceler les petits indices de flirt. Il se demandait jusqu'où les choses allaient désormais, et jusqu'où ils avaient été. C'était mieux qu'il ne demande pas. Les jumeaux le lui diraient s'ils en ressentaient le besoin, et il aurait moins de choses sur la conscience s'il n'avait pas plus de détails que le strict nécessaire. Il n'avait pas besoin des détails. Il pouvait déjà voir la façon dont les jumeaux se regardaient. Et si les jumeaux devenaient vraiment célèbres, tout comme l'avait prédit Bill ? Le monde verrait-il ce que lui voyait ? Les jumeaux seraient-ils capables de cacher leur secret au monde entier ?
FIN CHAPIRE 13