Chapitre 26. Contre-transfert
La redirection des sentiments d'un thérapeute vis-à-vis d'un patient, ou plus généralement l'enchevêtrement émotionnel d'un thérapeute avec un patient
Le temps qui s'écoula entre la sonnerie à la porte et le craquement de cette dernière qui s'ouvrait sembla une éternité à celui qui attendait à l'entrée. La porte finit enfin par s'ouvrir et un jeune homme aux cheveux noisette se tenait dans l'embrasure, fixant avec confusion son frère dont les cheveux étaient légèrement plus sombres.
“Bon Dieu, Al. Bordel mais qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?” haleta Charlie tandis qu'il regardait son frère osciller. Les yeux d'Alan étaient injectés de sang, son visage rougi, et il puait l'alcool. Ce n'était pas un état extrêmement inattendu pour un homme de vingt-quatre ans, mais Alan ne buvait pas en temps normal.
“Elle m'a quitté,” balbutia Alan, saisissant l'embrasure de la porte pour rester debout.
Charlie se plaça aux côtés de son frère et glissa un bras autour de sa taille pour l'amener à l'intérieur. “Viens, rentre,” murmura-t-il.
“Putain lâche-moi,” cria Alan, repoussant son frère et basculant presque dans les buissons tandis qu'il perdait l'équilibre. “C'est de ta faute !” hurla-t-il. Il pointa un index accusateur vers son jumeau tandis qu'il trébuchait vers la maison de Charlie.
Charlie savait qu'il ne valait mieux pas argumenter avec quelqu'un qui était aussi saoul et aussi désespéré. Les mots le blessaient légèrement, mais il savait qu'Alan ne les pensait pas. Charlie laissait Alan osciller tandis que celui-ci se dirigeait dans la maison puis s'écroulait sur le canapé avant de s'approcher de lui de nouveau. “Qu'est-ce qui s'est passé, Al ?” demanda-t-il gentiment après s'être assis aux côtés de son jumeau dévasté.
Alan se replia sur lui-même, posant son front dans ses paumes tandis que les larmes qu'il avait essayé de noyer dans l'alcool s'échappaient de ses yeux. “Elle m'a quitté,” coassa-t-il. Le corps d'Alan était secoué par ses sanglots silencieux qui faisaient aussi souffrir Charlie pour la perte que subissait son frère, même si quelque part il s'y était attendu. “Elle a dit que c'était évident que je ne l'aimais plus comme avant. Elle a dit que j'avais changé quand on s'était mariés.”
“Alan, je suis tellement désolé.” Charlie posa avec précaution sa main sur le dos de son frère pour essayer de le réconforter. Il était vraiment désolé que la relation d'Alan n'ait pas marché, mais il ne comprenait pas en quoi c'était de sa faute. Il n'avait jamais rien fait d'autre que de le soutenir. Il avait mis de côté ses propres sentiments pour faire passer Alan en premier. Son frère aîné avait déjà assez souffert à cause du lien qu'ils n'avaient pas été censés avoir.
“Tu peux. C'est de ta faute,” l'accusa de nouveau Alan. Il s'éloigna brutalement du toucher de Charlie, comme si la main qui essayait de le réconforter l'avait à la place brûlé.
Charlie se détourna et posa ses mains sur ses genoux. Il ne savait pas comment arranger les choses pour Alan autrement qu'en le laissant exprimer sa colère. “En quoi est-ce ma faute ?” demanda-t-il précautionneusement.
“Je n'ai pas changé parce qu'on s'est mariés. J'ai changé à cause de toi ; parce que tu es revenu dans ma vie et que tu as tout foutu en l'air,” répondit Alan. Son estomac s'agitait à cause de la brûlure de l'alcool et de la douleur de son aveu. Annika avait raison ; Alan ne l'aimait plus comme il l'avait aimée. Il aimait quelqu'un d'autre.
Charlie ne comprenait pas. Il avait essayé de son mieux de soutenir son jumeau. Il savait qu'Alan n'était pas lui-même à cause de l'alcool, mais c'était difficile de rester assis là à écouter Alan l'accuser d'avoir tout gâché alors qu'il avait essayé si dur de faire ce qu'il pensait qui était le mieux pour lui. “Je n'ai jamais rien fait d'autre que d'essayer de t'apporter mon soutien, Alan. Bon sang, j'ai même été ton témoin. Est-ce que tu sais combien ça m'a brisé le cœur de te voir l'épouser ? Mais je n'ai rien dit. Je suis resté à tes côtés et j'ai souri sur toutes les photos,” dit Charlie avec plus d'amertume qu'il n'en avait eu l'intention.
Il fallait qu'il s'éloigne d'Alan. Il ne pouvait pas lui dire tout ça alors que celui-ci était bourré. “Tu peux dormir sur le canapé. Je te parlerai demain matin,” claqua Charlie, se levant pour partir.
“Charlie, attends,” grogna Alan.
“Quoi ?” répliqua Charlie, se retournant pour faire face à son frère alcoolisé.
La seule réponse qu'il reçut fut l'éclaboussure que faisaient vodka et bile sur ses chaussures en cuir préférées.
~*~
“C'est dégoûtant,” dit Bill, le nez plissé. Il s'était attendu à une histoire beaucoup plus romantique.
“Je n'ai pas dit que ça allait être du joli. Toutes les histoires d'amour ne commencent pas avec du champagne et des roses,” répondit Alan, ses yeux quittant un instant la route pour venir se poser sur son passager. Bill lui-même n'était pas vraiment joli-joli. Son maquillage s'étalait en grosses tâches, ses cheveux étaient échevelés et ses vêtements en désordre, mais au moins avait-il arrêté de sangloter et n'avait-il plus de morve qui lui coulait du nez.
“Donc tu as vomi sur ses chaussures puis vous vous êtes remis ensemble ?” Bill avait passé les trente dernières minutes dans la voiture à écouter l'histoire d'Alan, mais il ne voyait pas vraiment comment ce dernier avait pu passer des cris et des injures envers Charlie à avoir une relation avec lui.
“Pas vraiment. C'était juste le premier pas hésitant qui allait dans la bonne direction,” expliqua Alan.
“En quoi est-ce que lui crier dessus et dégobiller sur ses chaussures est un pas dans la bonne direction ?” demanda Bill, sceptique.
“C'était sincère. C'était la première conversation sincère que nous avions eue depuis un très long moment. C'était sincère et ce n'était pas alléchant, tout comme j'espère que ta conversation avec Tom va l'être,” dit Alan.
“Je ne vais pas lui vomir dessus,” dit Bill, levant les yeux au ciel.
“Probablement pas, mais si ta séance avec moi peut être une indication de ce à quoi tu ressembles quand tu te laisses vraiment aller et que tu parles avec sincérité, tu voudras quand même sûrement avoir des mouchoirs avec toi,” se moqua gentiment Alan.
“Tais-toi,” dit Bill, reniflant un peu mais souriant dans le même temps. Il s'arrêta un moment et regarda par la fenêtre, perdu dans ses pensées. “Est-ce que tu penses vraiment que Tom va venir ?” demanda-t-il avec nervosité.
“Oui, c'est ce que je pense,” répondit Alan tandis qu'il s'engageait dans l'allée d'une maison qui avait faussement l'air quelconque. “On y est,” annonça-t-il.
Bill fit une dernière vaine tentative pour essayer de corriger son maquillage et ses cheveux avant de suivre Alan dans la maison où il attendrait Tom et essaierait de se recomposer.
Charlie les accueillit à la porte, pas le moins du monde surpris de trouver Bill debout aux côtés de son frère. “J'espérais bien que c'était ça ta surprise,” dit-il, jetant un regard mystérieux à son frère tandis qu'il désignait le salon.
Alan haussa un sourcil et scruta la direction indiquée après s'être penché dans l'angle du couloir, pour voir ce dont son frère parlait. Un petit sourire apparut sur le visage d'Alan quand il repéra les dreadlocks. “Comment est-ce que tu as réussi à faire ça ?” demanda-t-il.
Charlie haussa les épaules. “Je n'ai rien fait. C'est lui qui est venu pour te voir.”
“Bien, ça va nous économiser du temps,” dit Alan.
“Qui est venu pour te voir ?” demanda Bill avec inquiétude. On aurait dit qu'Alan et Charlie étaient plongés dans une conversation importante, et tout ça lui passait au-dessus de la tête. Bill avait l'habitude d'être celui qui imposait ça aux autres, pas d'être celui qui avait à le subir. Il n'avait jamais rencontré de jumeaux qui pouvaient se parler sans avoir à ouvrir la bouche comme Tom et lui le faisaient.
“Oh, je suis désolé, Bill. Je ne voulais pas t'ignorer.” Charlie sourit à Bill et lui serra la main en une poignée de main chaleureuse. “C'est agréable de te rencontrer enfin.”
Bill sourit, essayant d'être aussi gracieux et charismatique que d'habitude. C'était difficile étant donné qu'il avait passé toute la journée à pleurer et qu'il était sûr qu'il avait l'air d'un clown, avec son nez tout rouge et son maquillage étalé.
“Bill, Charlie et moi avons besoin de nous parler en privé pendant une petite minute. Va donc te mettre à l'aise dans le salon,” dit Alan, montrant du doigt à Bill la bonne direction et adressant un regard d'avertissement à Charlie pour qu'il se taise.
Charlie se pencha tout près et chuchota, “Tu ne crois pas que tu devrais y aller pour les aider ?”
“Personne ne m'a aidé à vomir sur tes chaussures, Charlie,” répondit Alan quand les oreilles de Bill furent hors de portée.
“Tu lui as raconté cette histoire, pas vrai ?” demanda Charlie.
Alan mena Charlie vers la cuisine, laissant un peu plus d'intimité aux garçons. “Ca semblait être la bonne historie à raconter. Pourquoi ?”
Charlie sourit et dit, “Je l'ai aussi racontée à Tom.”
Alan rit doucement. “C'est trop dommage que tu ne sois pas venu en psycho avec moi à la fac. On aurait fait une super équipe.”
“Ouais, mais dans ce cas j'aurai déjà autant de cheveux blancs que toi,” taquina Charlie, ébouriffant les cheveux de son frère.
~**~
Bill déambula avec nervosité dans la maison inconnue, prenant son temps en traînant dans l'entrée où il admira toutes les photographies mises au mur. Plusieurs d'entre elles montraient Charlie et Alan ensemble et Bill les inspecta avec attention. Pour leurs amis et leur famille, les photos ne montraient sans doute que deux frères qui étaient très proches. Beaucoup de familles avaient des photos comme celles-là, mais Bill y voyait plus de choses. Il voyait la même chose sur les photos de Charlie et d'Alan que ce qu'il voyait parfois dans les photos de lui et Tom. C'étaient de belles photos, et Bill se demanda s'il aurait jamais la chance d'en prendre de semblables avec Tom.
Bill avait passé toute la matinée à écouter Alan lui dire que les choses pouvaient toujours être réparées. Pourtant, on aurait dit que rien ne pouvait s'arranger. Après plusieurs mois de “thérapie” avec le docteur Amsel, Bill et Tom ne pouvaient plus qu'à peine se parler. Tous deux se pliaient à la thérapie et acceptaient chaque règle et exercice que le docteur Amsel leur forçait à endurer, aussi ridicule soient-ils. Des séances entières étaient consacrées à “accepter ses responsabilités” et pendant ces séances, Bill avait été forcé de confesser tout ce qu'il avait jamais fait d'“anormal” et d'“immoral”. Le docteur Amsel n'était satisfait que lorsqu'il sanglotait et avouait que les choses qu'il avait faites à et avec Tom étaient dégoûtantes et non désirées par celui-ci.
Parfois Bill avait de brefs éclairs de lucidité où il réalisait qu'on lui faisait un lavage de cerveau. Il se rappelait des moments qu'il avait passés avec Tom avant qu'ils ne voient le docteur Amsel. Il se rappelait de leurs promesses et essayait de s'y accrocher. Parfois il se laissait même entraîner par ces sentiments et essayait de toucher Tom ; rien de plus qu'un câlin ou un toucher plein d'affection, mais ses tentatives étaient rejetées. Tom se détournait et Bill se retrouvait encore plus blessé qu'auparavant. Il finissait par confesser ces “moments de faiblesse” au docteur Amsel qui lui faisait alors subir un nouveau lavage de cerveau.
Bill était tellement désorienté qu'il ne savait plus quelle était la bonne direction. Même ses propres pensées et sentiments étaient souvent étiquetés comme faux ou incorrects par le docteur Amsel. On aurait dit que la seule chose en laquelle Bill était autorisé à croire était les mots du docteur lui-même. Bill essayait d'écouter, mais il y avait une petite partie de son esprit qui s'accrochait à sa lucidité. C'était cette partie de son esprit qui voyait les incohérences dans ce que disait le docteur Amsel et qui affirmait qu'il y avait une réalité très différente de celle que le docteur Amsel essayait de créer pour lui.
Finalement Bill avait fini par ne plus pouvoir le supporter et même s'il savait que cela pourrait mettre un terme à sa carrière, Bill alla trouver la seule personne qui lui avait toujours offert de la perspective et de la stabilité. Le numéro de téléphone qu'il avait essayé ne marchait plus mais il avait réussi à trouver celui du cabinet du docteur Engle dans les pages jaunes. La secrétaire n'avait pas voulu l'écouter. Elle avait dit que le docteur Engle ne travaillait pas ce jour-là et qu'à moins que Bill ne soit un patient en traitement ou ne lui donne son nom, elle ne pouvait rien faire. Au bord de l'hystérie et du désespoir tant il avait besoin d'aide, Bill avait dit la seule chose qui lui était venue à l'esprit qui ferait qu'il ne serait pas ignoré. C'était assez incroyable de voir à quel point l'attitude de la secrétaire avait changé après qu'il ait utilisé ce petit mot. A peine une demi-heure après avoir prononcé le mot “suicide”, Bill était dans le bureau d'Alan.
Cela avait pris toute la matinée, mais Bill commençait à voir au-delà de son lavage de cerveau. Il n'était pas convaincu, mais au moins il considérait la possibilité qu'Alan puisse avoir raison. Peut-être que Tom ne l'avait repoussé que parce qu'il avait subi le même genre de lavage de cerveau. Peut-être que les choses n'étaient pas aussi désespérées que ce qu'il semblait.
Le plan était que Bill devait venir avec Alan chez lui, étant donné qu'il y serait hors de la vue de David et du reste de l'équipe. Alan promit à Bill qu'il pourrait convaincre Tom de venir lui aussi. Une fois qu'ils seraient ensemble ils pourraient enfin parler et comparer ce qu'ils ressentaient. Alan était sûr qu'une fois qu'ils auraient parlé de ce qu'il se passait derrière la porte du bureau du docteur Amsel, ils découvriraient tous deux qu'on leur avait menti. Bill n'avait pas été convaincu jusqu'à ce qu'Alan ne sorte un article d'un journal de psychiatrie écrit par le docteur Amsel intitulé “La Valeur Thérapeutique de la Malhonnêteté dans la Thérapie Moderne”. Bill n'avait pas eu besoin de lire l'intégralité de l'article pour comprendre.
Maintenant il s'agissait juste de rester calme en attendant que Tom arrive. Bill ne savait pas combien de temps cela prendrait à Alan de le contacter ou ni même si Tom viendrait, mais au moins attendait-il dans un endroit agréable. Bill savait qu'il était à l'abri avec Alan et Charlie.
“Bill ?”
La douce voix fit sursauter Bill et manqua lui faire lâcher le cadre de la photo qu'il regardait. Il fit demi-tour pour faire face à la source de cette voix si familière.
“Tom ? Qu'est-ce que tu fais là ?” demanda Bill. Alan ne pouvait pas l'avoir déjà appelé et il n'avait pas pu arriver si vite. Cela n'avait aucun sens.
“Je suis venu pour essayer de parler à Alan. Je sais qu'on était pas censés le faire. Je sais que je mets tout en danger. J'étais juste désespéré. Je suis désolé.” Tom avait l'air aussi fatigué et las que Bill et il semblait que Tom n'avait pas encore réalisé que Bill avait dû lui aussi prendre le même risque étant donné qu'il était là lui.
“Moi aussi je suis venu pour parler à Alan,” admit Bill. Il reposa la photo sur le guéridon et enroula ses bras autour de sa propre taille. Il y avait de nouveau cette voix au fond de sa tête qui le pressait de toucher Tom, mais il avait trop peur.
“Il n'est pas là. Il a eu une séance en urgence ou quelque chose du genre,” dit Tom. Il n'arrivait toujours pas à remettre les choses à leur place. Tom n'avait jamais été très rapide quand il était stressé et que beaucoup de choses pesaient sur son esprit.
Bill hocha un peu la tête et se mordit la lèvre, pas certain de savoir combien il devait en dire à Tom. Des mois de lavage de cerveau dispensé par le docteur Amsel lui avaient appris qu'il ne devrait rien dire à Tom, mais des années d'encouragements prodigués par le docteur Engle lui disaient qu'il devrait tout dire à Tom. “Je sais. C'était moi la séance en urgence,” dit-il, levant la main pour venir de nouveau frotter son maquillage étalé.
La poitrine de Tom se serra et il réalisa enfin que Bill avait pleuré. Il avait été tellement choqué de le voir là qu'il ne l'avait pas vraiment regardé et n'avait pas remarqué l'état dans lequel il se trouvait. Tom s'avança précautionneusement mais hésita quand l'envie de toucher Bill le prit de nouveau. “Pourquoi est-ce que c'était une urgence ?” demanda-t-il doucement, effrayé de la réponse qu'il obtiendrait.
Bill haussa un peu les épaules, toujours pas vraiment sûr de savoir ce qu'il pouvait révéler. Il avait utilisé le mot “suicide” au téléphone avec la secrétaire, mais il se répétait qu'il ne l'avait dit que parce qu'il voulait désespérément parler à Alan. Bill n'avait pas vraiment envisagé le suicide… pas sérieusement, en tous cas. “Je ne pouvais juste plus le supporter,” murmura-t-il.
Tom enfonça ses mains dans ses poches pour cacher à quel point elles tremblaient. “Moi non plus je ne pouvais plus le supporter,” dit-il, bien qu'il ne soit pas sûr de savoir s'ils parlaient tous les deux du même “le”. Parler à Bill était plus difficile que ce à quoi il s'était attendu, et Tom passait plus de temps les yeux fixés sur ses chaussures qu'à regarder son jumeau épuisé.
Bill écailla avec nervosité les derniers éclats de son vernis à ongle qui restaient encore. Il ne savait pas quoi dire. Il ne savait pas par où commencer. Tout ce qu'il savait était qu'il était censé être sincère. Malheureusement, être sincère était plus difficile que cela n'en avait l'air pour quelqu'un qui avait passé sa vie entière à faire semblant. Bill se creusa la tête pour y trouver une vérité complètement honnête et sincère.
“Tu me manques,” chuchota Bill.
“Nous vivons toujours dans la même maison. On se voit tous les jours,” dit Tom. Les murs défensifs qu'il avait construits ces derniers mois pour se protéger de la douleur étaient encore bien intacts et ces mots durs étaient sortis de sa bouche par pure habitude.
Bill se rétracta un peu, effrayé à l'idée que tout ceci ait été une erreur. Il jeta un œil vers la cuisine, voulant se retirer et supplier Alan de l'emmener loin d'ici. C'était comme si Tom le repoussait de nouveau et cela faisait plus mal que jamais maintenant qu'il essayait vraiment de se défaire de ce lavage de cerveau.
Tom risqua un coup d'œil vers son frère et vit de nouvelles larmes s'échapper de ses yeux. Il vit la façon dont la poitrine de Bill tremblait tandis qu'il essayait d'inspirer, comme s'il retenait un sanglot. Leurs yeux se rencontrèrent pendant une fraction de seconde et Tom y vit du désespoir. Il redirigea son regard vers le sol et soupira.
“Tu me manques aussi,” chuchota Tom.
FIN CHAPITRE 26