Chapitre 6
– Ouais ?
-Viens me chercher tout de suite.
E t Bill a déjà raccroché. Tom soupire. Cela fait deux semaines que Bill a 'dérapé' depuis cette fameuse nuit et il a l'air d'être encore plus exigeant avec Tom. Le dreadeux commence à ne plus vraiment supporter la situation. Là, il vient juste de déposer le styliste chez lui après une longue journée à le trimballer partout. Le blond n'a plus une minute à lui. Les seuls moments où il est tranquille, c'est quand Bill ramène une énième conquête chez lui. Là, Tom peut être sûr d'avoir la nuit pour lui tout seul. Mais encore une fois, il va devoir servir de petit toutou à l'androgyne.
T om fait donc demi-tour pour retourner dans la rue du styliste et va garer son vieux taxi dans le parking. Son ancien boulot lui manque vraiment. Il sourit légèrement en y repensant et caresse son volent avec une certaine nostalgie. Il est alors sorti de ses pensées par Bill qui l'appelle. Il se dépêche de sortir pour prendre place dans sa voiture de fonction. Voiture dont il rêvait mais voiture qu'il commence à détester. Bill s'installe à l'arrière.
- Alors, on va où ? , demande le chauffeur. Enfin je t'emmène dans quelle boite ?
- Emmène-moi dans un Starbucks.
T om fronce légèrement les sourcils en l'entendant. Mais il ne dit rien et roule donc jusqu'au plus grand Starbucks de la ville. Le dreadeux trouve facilement une place vu l'heure tardive qu'il est. Et vu qu'ils sont en milieu de semaine. Le blond regarde dans son rétroviseur et attend que Bill se décide. Il voit alors un billet de vingt dollars à côté de son visage.
- Va me prendre un café-crème.
- Je suis ton chauffeur. Pas ta secrétaire , rétorque le blond.
- Oui mais c'est moi qui décide si je te garde ou pas.
L es deux jeunes hommes restent se fixer de par leurs reflets dans le rétroviseur. Tom n'en revient mais vraiment pas. Bill serait capable de le virer pour ça ? En voyant le regard froid du brun, le dreadeux soupire et attrape le biller.
- Un café-crème c'est ça ? , répète-t-il.
M ais Bill est déjà occupé avec son téléphone. A croire qu'il n'a de l'attention que pour ce dernier. Tom prend sur lui et se décide à sortir. Bien évidemment, ce jour-là il pleut des cordes. Et le blond fait à peine trois mètres qu'il est déjà trempé. A croire que Bill le fait vraiment exprès. Surtout qu'une fois son café en main, il a tout simplement demandé à Tom de le ramener chez lui.
[...]
D eux jours plus tard, Tom est malade. Forcément, recevoir une pluie glacée sur le corps n'aide pas vraiment. Alors le matin-même, il attend le coup de téléphone de son employeur. Bill l'a évidemment très mal pris, rejetant toute la faute sur Tom. Il lui a dit qu'il aurait dû le prévenir avant, qu'il aurait pu prévoir le coup de cette manière. Bill l'a tout simplement engueulé pendant cinq bonnes minutes avant de lui raccrocher au nez Bien évidemment, il n'a pas oublié de lui dire d'être là le lendemain. Tom en a les larmes aux yeux. Les nerfs qui lâchent sans doute. Son chat vient automatiquement voir son maitre. Il ne supporte pas le sentir triste. Il vient se frotter contre sa joue avant de se rouler en boule entre le cou et l'épaule de Tom. Ce dernier est presque aussitôt apaisé par les ronronnements de son animal. Il ferme les yeux et finit par s'endormir.
I l est réveillé en sursaut deux heures après par son portable qui sonne. Bien sûr, c'est Bill. Ce dernier lui demande s'il peut venir mais Tom lui répond que non, qu'il se sent vraiment trop mal. Bill fulmine et raccroche à nouveau. Tom ne sais pas quoi faire. De plus, ça fait vraiment longtemps qu'il n'a pas eut une journée à lui. Il était toujours présent pour Bill, il était toujours là pour lui. Et là, alors qu'il va au plus mal, il devrait encore faire passer le styliste avant lui ? Non, pour une fois, Tom ne le peut pas. Il attrape une boite d'aspirine dans sa table de chevet et en avale trois avec sa bouteille d'eau avant de se recoucher. Son front est brûlant et il n'a aucune force pour se lever. Il reste réfléchir à sa situation. Il finit par se dire que le comportement de Bill est normal vu sa situation de star. Et puis, Tom a accepté ses conditions.
L e dreadeux ressent alors le besoin d'entendre une voix rassurante. Il prend alors son portable et compose le numéro de Georg. Son ami décroche rapidement et Tom se sent tout de suite mieux. Georg est surpris d'avoir des nouvelles de Tom. La conversation s'engage rapidement sur tout et rien jusqu'à la question « et ton boulot ? ». Tom se crispe légèrement mais lui dit que ça va. Il n'est pas du genre à se plaindre et ce n'est pas aujourd'hui qu'il va commencer. Il avoue enfin à son meilleur ami qu'il est malade. Georg panique rapidement mais Tom le rassure. Il est persuadé que ça ira mieux le lendemain. Il finit par raccrocher, content d'avoir passé ne serait-ce que quelques minutes au téléphone avec son meilleur ami. Il se rendort rapidement.
L e soir, il est simplement réveillé par Clara, venue voir comment il allait. Celle-ci étant infirmière, elle lui donne tout ce qu'il faut pour qu'il se soigne bien. Elle lui fait à manger et lui tient légèrement compagnie jusqu'à ce qu'elle soit obligée de partir. Tom ne remerciera jamais assez ses amis de prendre aussi bien soin de lui alors qu'il a l'impression de ma le leur rendre.
[...]
T rois jours sont passés. Bill a bien évidemment engueulé Tom pour sa journée de maladie. Le dreadeux n'a rien dit et s'est contenté de faire son boulot. Une nouvelle fois, il doit emmener le styliste en boite. Il se gare donc devant, le laisse y aller et va se garer à l'arrière du bâtiment. Et c'est parti pour quelques heures à essayer de dormir un peu en attendant.
A lors qu'il commence à bien s'endormir, la porte arrière s'ouvre d'un coup et Bill apparaît. Mais pas seul. Il est une nouvelle fois accompagné. Tom soupire et les voit s'embrasser pour le moins avidement dans son rétroviseur. Il allume le contact pour ramener le nouveau couple chez le brun. En entendant le bruit du moteur, le styliste stoppe le baiser et laisse sa conquête s'occuper de son cou. Il fixe alors Tom froidement.
- Sors pendant qu'il s'occupe de moi.
T om lui rend son regard glacial et sort de la voiture bien sagement. Il s'adosse à celle-ci et s'allume une cigarette. Il a recommencé à fumer depuis que ça se passe mal avec Bill. Depuis un bon petit moment à présent. Il entend les cris provenant de l'intérieur de la voiture. Il en a déjà marre d'attendre. Mais il en a surtout marre du comportement de Bill. Il ne le comprend plus. Tout avait si bien comme et aujourd'hui, il ne restait plus rien. Il prend vraiment son temps tout en fumant sa cigarette. Il entend alors un long cri, signe qu'ils ont sans doute terminé. Et il n'a pas tord. La conquête du jour ressort de la voiture visiblement satisfait quelques minutes plus tard. Il voit alors la tête de Bill sortir quelques secondes.
- On rentre.
E t il referme la portière. Tom balance le mégot de sa énième cigarette, passablement énervé et il finit par reconduire Bill chez lui. Le brun n'a même pas un regard pour lui, même pas un mot gentil, rien. Il sort de la voiture, laissant une odeur de sexe dans cette dernière. Odeur que Tom déteste. Tout simplement parce-qu'il ne supporte plus tous ces gens qui touchent Bill. Tom est vraiment son ange gardien. Ange qui finira par se brûler les ailes.
[...]
L e lendemain. Tom continue de travailler sans broncher. Aujourd'hui, il doit toucher son salaire donc il accompagne Bill jusqu'à son bureau. Il se gare devant l'immeuble et le suit sans dire un mot. Ces regards sur lui, il ne les supporte toujours pas. Il a l'impression d'être de trop dans ce décor. Il se sent plus que minable. Et Bill ne l'aide en rien. Il ne le rassure plus comme il le faisait au début. Tom rentre alors dans le bureau et attend patiemment que le brun lui fasse son chèque. Il ne prend plus la peine de prononcer un mot en présence du styliste. Plus un seul mot n'est échangé. Bill donne les ordres, Tom ne fait qu'obéir. Il reste donc silencieux et reste admirer la vue du bureau de Bill. Il reste rêvasser et n'entend pas son employeur tout de suite.
- Si tu n'en veux pas tu n'as qu'à le dire hein.
T om sort enfin de sa rêverie pour poser ses yeux sur Bill qui lui tend un chèque. Il finit par l'attraper avant de le mettre dans sa veste. Il ne sait pas trop quoi faire. Mais ayant bon fond, Tom ne peut s'empêcher de rajouter quelque-chose.
- Merci.
- Je te l'ai déjà dit, tout travail mérite salaire.
- Ouais mais... , commence-t-il.
I l se stoppe automatiquement en voyant les yeux de l'androgyne se planter dans les siens. Le dreadeux est déstabilisé. Il a l'impression de retrouver le Bill qu'il croisait dans son taxi. Ce dernier se met à jouer avec son crayon tout en fixant son chauffeur.
- Ecoute Tom, je suis...
- Ah Bill ! Je te cherchais ! , le coupe un homme d'une certaine prestance.
B ill se lève vivement et lui serre la main. Tom se dit alors que cela doit être le directeur de l'entreprise. Vu comment Bill s'écrase devant ce dernier, ça ne peut qu'être ça. L'homme en question prend alors en considération le fait que Tom soit dans la même pièce qu'eux.
- Qui est-ce ? J'ai à te parler sérieusement et je ne veux pas qu'un importun nous entende.
-Oh ce n'est que mon chauffeur. Va m'attendre en bas.
T om hallucine complètement. Le mot 'que' était vraiment de trop. Et sa façon de lui parler, de le traiter comme un moins que rien. Le dreadeux lance un regard blessé au brun et sort en silence. Mais ce qu'il n'a pas vu, c'est que Bill a remarqué le regard de Tom. Mais encore une fois, il ne dira rien, laissant le blond penser ce qu'il veut. Et comme d'habitude, Tom retourne attendre dans sa voiture, complètement abattu par l'attitude du brun. Mais le chauffeur aime se dire qu'il y a toujours quelque-chose de bon en Bill. Après tout, il l'a vu dans les yeux du brun il y a quelques minutes. Mais il a peur que l'androgyne ne retrouve plus cette innocence et cette passion qu'il avait au tout début. Tom ne cesse de se demander où est passé le vrai Bill.
[...]
- Mais tu m'avais promis cette soirée !
L e ton est monté. Tom n'a pas réussi à se retenir. Il trouve ça tellement injuste.
- Et alors ? , répond le brun. Tu te rappelles de notre contrat ? je peux avoir besoin de toi à n'importe quel moment.
- Pour une fois que je demandais quelque-chose ! Tu m'avais accordé cette soirée !
T om n'en peut plus. Pour une fois, il dit clairement à Bill ce qu'il pense. Et là, il crie juste son injustice. Le styliste avait été étonné que son chauffeur ose lui demander une soirée mais il la lui avait accordée. De son côté, Tom avait donc prévu de passer sa soirée en compagnie de Georg et Clara. Et il en avait vraiment besoin. Il voulait juste penser à autre chose que son boulot et surtout le comportement de Bill à son égard. Et là, le brun vient juste de lui apprendre qu'il peut oublier sa soirée car il devra bosser.
- Tu m'emmèneras où je te le dirai.
- Ah ouais et où ? En boite ? Histoire que tu baises un mec à l'arrière de la voiture ?
- Jaloux ? , rétorque l'androgyne.
- Non, après tout, tu m'as déjà sucé.
- Pardon ?
- Ah ben oui, tu ne t'en rappelles pas. T'étais bien trop bourré.
- Ne me juges pas. Je suis ton employeur. Tu as accepté le contrat alors tu t'y tiens. Tu n'es que ma chose. Alors si tu veux réussir à payer ton emprunt pour ta voiture, t'as intérêt à continuer de bosser.
- Ta chose hein ? C'est exactement ça. C'était vachement mieux quand t'étais pas connu.
- Ben faut faire avec. Allez, conduis.
T om ne répond pas et conduit. Le vrai Bill a complètement disparu.
FIN CHAPITRE 6