Est-ce que tu peux me faire une petite place


Bill s'assit au bout de son lit, soupirant. Il était environ une heure du matin et il ne se rappelait pas s'être couché si tôt depuis un moment. Mais, il devait se réveiller tôt le lendemain et il savait déjà qu'il n'aura pas eu assez de sommeil. Il s'avança à quatre pattes sur son lit et plaça ses lourdes couvertures par dessus lui- surement prendra-t-il chaud cette nuit, mais il ne parvenait pas à dormir sans la sensation des draps lourds sur lui. C'était la seule présence charnelle qu'il possédait, en fait. Celle-là et celle de ses chiens, aussi.

Il tapota sur le matelas beaucoup trop grand pour lui pour appeler ces derniers et ils sautèrent sur le lit. Bill sourit faiblement et se redressa pour les caresser. Il se recoucha, un de ses avant-bras reposant sur le dos d'un des chiens. Ils n'étaient pas uniquement à lui, c'était les chiens qui habitaient avec lui et Tom, mais Tom ne voulait pas dormir avec les chiens.

Tom ne ressentait pas le même manque d'affection que Bill.

Ce dernier ferma les yeux, après avoir éteint sa lampe de chevet et alla pour dormir lorsqu'il entendit frapper à la porte de sa chambre. Il fronça des sourcils et grogna faiblement.

«Qu'est-ce que tu veux? Faut qu'on dorme, Tom», dit-il faiblement, pas certain que son frère l'entendrait.

«Je peux rentrer?», entendit-il.

«Ouais», soupira-t-il, se redressant. Il ne savait pas ce que son frère lui voulait et il lui en voulait en quelque sorte. Il lui avait à peine parlé cette semaine, et maintenant il était là, de l'autre côté de sa porte en plein milieu de la nuit, lui demandant d'entrer.

Tom ouvra la porte et se dirigea vers lui, tentant de deviner où se situait le lit de son frère malgré la pénombre de la pièce. Bill se pencha vers sa lampe, pour l'allumer cette fois ci.

«Qu'est-ce que tu veux?», demanda-t-il et son ton n'était pas froid, juste fatigué.

«Je...», commença Tom, s'avançant encore plus sur le lit. «Je peux m'assoir?», demanda-t-il, une de ses mains agrippant la bordure de son pantalon de jogging pour le remonter au niveau de sa taille.

«Tom, faut qu'on- que je- dorme»

«Je prendrai pas beaucoup de temps», murmura Tom.

Bill souffla, s'écartant un peu pour faire de la place à Tom, ce qui fit grogner un des chiens qui eux s'étaient déjà endormi.

Tom s'assit sur le lit et il eut un silence, sa tête était baissée, il la relevait à quelques reprises et leurs visages se firent face.

«Qu'est-ce que tu veux?», demanda Bill à nouveau.

«Je voulais te parler de...», commença-t-il et Bill remonta son couvre-lit jusqu'à ses épaules. «J'ai lu l'interview, sur Bild»

«Depuis quand tu lis ce genre de trucs, toi?»

«Je sais pas», répondit Tom. «Peu importe», dit-il, sa main allant agripper un des draps. «J'arrive pas à croire que tu m'en ai pas parlé», continua-t-il.

«Te parler de quoi?», dit Bill, sa mâchoire se serrant. «Du fait que j'avais envie de louer une montagne russe pour notre anniversaire? Eh bien, surprise Tom, je vais nous louer une putain de montage russe pour notre anniversaire! C'est quoi le problème? Ça te plait pas?»

«Bill-»

«Ou alors du fait que je pleure devant des films, mais je vois pas pourquoi tu viendrais m'en parler, tu le sais déjà et puis toi aussi tu pleures devant les films, même si tu dis le contraire pour te donner une putain d'image de supposé macho. D'ailleurs, tu peux pas arrêter ça un peu? Pourquoi faut absolument que tu te donnes une foutue image de mec qui couche à tous les soirs alors que c'est pas le cas, merde Tom-»

«Bill!», le coupa Tom, donnant un coup sur le matelas.

«Quoi?», cria Bill presque, sa respiration rapide.

«Tu sais que je voulais pas te parler de ça, tu le sais!», s'exclama-t-il et leurs regards ne se quittèrent pas. «J'arrive pas à croire que j'ai même pas pu m'en rendre compte», dit-il et sa gorge se serrait autant que sa mâchoire.

«C'est rien», répondit Bill, détournant la tête.

«Non, ça l'est pas. T'aurais du m'en parler, Bill, t'aurais juste du venir me voir et m'en parler»

«Je veux pas te déranger Tom!», cria Bill, s'étouffant presque. «Je veux pas te déranger, je veux pas déranger personne, juste laisse moi», dit-il et il respirait rapidement, ses yeux légèrement rougis commençant à mouiller.

«Tu-». Tom se coupa. «Tu», reprit-il et il prit plaça sa main sur l'avant bras de Bill alors que ce dernier tournait la tête. «Tu me déranges pas», murmura-t-il. «Surtout pas pour ça». Le cœur de Tom se serrait affreusement, encore plus lorsque le visage de Bill lui fit face et qu'il put voir que l'eau s'était tellement accumulée dans ses yeux que lorsqu'il les cligna, une larme coula de chacun d'eux. Il retira son couvre-lit de par dessus lui et dégagea la main de Tom, faisant passer les siennes sur ses joues.

«Tu m'as dit que je te tapais sur les nerfs»

«Je...je sais que j'ai dis ça, mais je le pensais pas Bill. Tu sais comment c'est, tu dis des choses que tu penses pas aussi!». Tom semblait blessé, il l'était en fait. Il se sentait coupable, aussi et inutile parce qu'il ne savait pas quoi faire pour Bill, principalement parce qu'il ne comprenait pas entièrement comment il se sentait.

«Parle-moi», supplia-t-il presque.

«Je sais pas quoi dire Tom, Je-je, merde! Je me sens pathétique tu vois, tellement, tellement pathétique et seul et, et je veux juste avoir quelqu'un Tom, quelqu'un, je sais pas si tu peux comprendre ça, mais j'ai besoin d'avoir quelqu'un qui me serre, qui me- qui me fait pas me sentir seul» il s'arrêta parce que sa gorge lui faisait à présent si mal qu'il n'arrivait plus à parler. Il sanglota, ses yeux coulèrent encore plus et il arrêta bientôt de faire passer ses mains sous ses yeux, laissant tomber ses deux bras de chaque côté de son corps. «Je-je sais qu'on a plein de personnes autour de nous Tom, je le sais ça, mais je me sens seul et ça fait mal, je veux pas me sentir seul Tom, ça fait tellement mal», gémit-il, son menton tremblant alors qu'il continuait de pleurer.

Un des chiens se réveilla et aboya un peu, finissant par sauter du lit et se mettre à courir hors de la chambre.

«Bill», murmura Tom et ce dernier avait mal à présent. «Je suis désolé, je, merde, je suis tellement désolé», dit-il rapidement et il se pencha vers Bill, le serrant fort contre lui. Le brun s'étouffa presque, en partie parce que le geste de Tom l'avait étonné mais également parce que les bras de son frère autour de son corps lui firent échapper un sanglot auquel il ne s'était pas attendu.

Il baissa la tête, enfouissant son visage contre l'épaule de Tom et ce dernier le serra encore plus fort.

«Je suis là», dit Tom. «Je veux pas que t'ai l'impression d'être seul Bill. Je suis là, je, merde, je t'aime».

Bill gémit de manière plaintive et ses mains délaissèrent les draps pour que ses bras aillent s'entourer eux aussi autour du corps de son frère. Il le tint contre lui, le plus fort qu'il pouvait, la chaleur d'un corps contre le sien le réconfortant. Et le fait que ce soit Tom encore plus.
«Je t'aime aussi», sanglota-t-il.

Tom serra Bill de moins en moins fort et sa main parcourut son dos dans un geste réconfortant. «Est-ce que tu te sens seul quand t'es avec moi aussi?», demanda Tom faiblement et il savait que si c'était le cas, ça le détruirait presque. Il venait de le réaliser, de réaliser que si même sa présence ne suffisait pas à Bill, il ne pourrait pas le supporter.

«Non», répondit Bill, ses mains remontant le long du dos de Tom. «Je me sens bien avec toi», souffla-t-il contre son cou. Il se sentait apaisé à présent, léger dans les bras de Tom. C'était un soulagement tellement immense de sentir que quelqu'un était là.

«Tu penses que tu peux me faire une place dans ton lit?», demanda Tom, souriant légèrement.

«Faudrait demander aux chiens», répondit Bill et ils rigolèrent malgré eux.

«Hey!», lança Tom s'écartant de Bill et ce dernier plissa du front lorsqu'il vit que les yeux de son frère était un peu rougis eux aussi. «Je suis plus important que les chiens», dit-il, souriant toujours.

Bill sourit également, hochant la tête. Il se dégagea entièrement de Tom se coucha sur le côté, les trois chiens- deux en fait puisqu'un autre avait lui aussi sauté du lit- qu'il restait n'occupaient pas énormément de place. Tom se coucha également et s'approcha de Bill, entourant sa taille avec son bras. Il posa son menton sur son épaule et Bill lui demanda avec une petite voix :

«Tu es sur que tu veux dormir ici?»

Il sentit Tom hocher la tête positivement et son bras se resserrer sur sa taille. «Je vais dormir avec toi demain aussi et après demain. Et toutes les nuits où tu te sentiras seul.»

Bill sourit faiblement et ferma les yeux, posant son bras par dessus celui de Tom et serrant sa main.

Cette nuit là Bill ne dormi pas avec les draps lourds le recouvrant, ni avec son avant-bras reposant sur un des chiens, il dormi seulement avec Tom à ses côtés, collé à lui.

Fin

 

 

 

 

 

 

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