juste toi et moi


Bill posa son stylo et pivota sur sa chaise de bureau. Il venait de passer plus d'une heure sur un devoir maison qui ne comportait pourtant que quatre questions. Son regard se posa sur sa fenêtre et comme tous les soirs, il jeta un oeil à la maison d'en face. Sa chambre donnait sur celle de son voisin et il aimait regarder ce qu'il s'y passait. Ca avait un petit côté voyeur, mais il s'en moquait réellement.


Quelques minutes plus tard, la lumière s'alluma et Bill le vit entrer. Il balança son sac sur son lit, retira ses chaussures et regarda par la fenêtre . Bill sentit un sourire se fendre sur ses lèvres et son voisin le lui rendit. Il le vit s'éloigner quelques secondes puis revenir avec un tableau blanc et un feutre d'ardoise dans les mains. Il attendit un cours un instant et pu lire " Yo mon pote ! " .

Bill retourna à son bureau et fouilla tous ses tiroir pour retrouver sa petite ardoise d'école et le feutre qui allait avec pour lui répondre. C'était une habitude entre eux et ils aimaient, ils faisaient de sacrées économies grâce à ce système de communication.

Il s'empara du feutre et de l'ardoise et écris en grosses lettres " Wesh gros ". Tom - car c'est comme ça qu'il s'appelait - poursuivit l'échange.


" Ca a été ta journée ? "
" Ca peut aller et la tienne ? "
" La routine ... entre cruches et demeurrés j'ai été servis. "
" xD Ca doit pas être facile tous les jours d'être le big boss du bahut. "
" Pas du tout non, mais c'est la vie on fait avec. Puis c'est pas donné à tout le monde d'être aussi magnifique que moi "



Bill roula des yeux et il vit Tom rire.

" A part ça Princesse, on fait route demain matin ? Je commence en même temps que toi si ma mémoire est bonne. "
" Y'a pas de soucis , t'auras qu'à m'attendre sur le perron, comme d'hab' quoi. "
" Alors à demain Princesse :p "



Bill aurait pu lui faire de gros yeux, mais le sourire que lui lança Tom lui coupa toute envie de révolte. Au lieu de ça, il lui sourit en retour et Tom lui envoya l'un de ses fameux clins d'œil, ceux qu'il faisait uniquement lorsqu'il était en dehors du lycée , avec ses vrais amis , loin de la bande d'hypocrites en mal de popularité qui lui collait au train toute la journée. Bill se sentit fondre et après un dernier signe de la main , retourna à ses devoirs.

Une demi-heure plus tard quand il eut fini sa tonne de devoirs longue comme le bras, il s'aperçut, après un rapide coup d'oeil à la fenêtre, que Tom avait laissé un mot à son attention sur énorme tableau blanc. Il eut un petit rire quand il lu " Gare à tes côtes jeune homme ! T'as intérêt à bien travailler sinon ça va chauffer pour ton matricule et tu ira au lit sans manger ! C'est clair ? Bon travail , Princesse. ", puis à son tour laissa un petit message à l'intention de Tom.


" Ecoute-moi bien jeune freluquet, c'est pas avec tes 30kg tout mouillé que tu vas me faire peur. Et depuis quand les princesses travaillent "


Il posa son ardoise sur le radiateur, que le mot soit bien visible de sa fenêtre et sorti de sa chambre. Bill adorait ce genre d'échange avec Tom mais n'aimait pas rester dans sa chambre trop longtemps. Même s'il sentait mieux seul , il fallait qu'il bouge, quitte à faire des allers-retours de sa chambre à la cuisine pour se goinfrer de tout et n'importe quoi.

Comme à son habitude à cette heure de la journée, Bill alla directement dans le salon pour se prendre l'une de ses nombreuses rations de Skittles quotidiennes. C'était utile, même vital pour maintenir un taux de glycémie correct disait-il toujours, sinon il pourrait faire une crise de manque irréversible et Dieu seul sait ce qui pourrait arriver si jamais il venait à faire une crise de manque. Quelles seraient les séquelles ? Mangerait-il d'autres bonbons ? Ou pire encore ! Se mettrait-il à stopper les grignotages et à manger des légumes ? C'était tout bonnement impossible. Le seul substitut qu'il avait trouvé jusque là était les Dragibus mais rien ne valait des Skittles ( Il avait d'ailleurs un sérieux penchant pour les Skittles atomic qui étaient systématiquement recrachés ou refusés par ses amis )

En ouvrant la porte du placard, un objet non identifié à sa connaissance, lui tomba sur le visage, abîmant au passage le sublime coiffé/décoiffé qu'il avait passé tant de temps à faire au matin. Il baissa la tête pour voir l'identité de son agresseur et tomba nez à nez avec le paquet de zan de son frère. Maudit soit-il se dit Bill, que ce soit son frère ou le paquet de zan, l'un d'eux devrait payer pour l'affront fait à ses cheveux et à la presque agression de son sublime faciès.

Il reporta son attention sur l'intérieur du placard et son regard s'arrêta automatiquement sur l'énorme paquet de Skittles qui le regardait d'un air de dire " Mange-moi ! Mange-moi ! " . Il s'en empara comme s'il avait devant lui le Saint Graal et retourna dans sa chambre, piétinant avec énormément d'amour le paquet de zan.



[ ... ]



Soupirant pour la énième fois en moins de cinq minutes, Tom remit - pour la énième fois également - les mains dans ses poches, s'impatientant sérieusement. Il était huit heures trente et Bill était, comme à son habitude, en retard, très en retard. Il ne savait pas comment cela était possible. Certes il prenait pas mal de temps pour bien appliquer son Khôl, mais le reste de son apparence était totalement négligée, alors comment lui était-il possible d'être en retard ? Il avait systématiquement un ticket gagnant du Loto dans ses céréales ? Une salle de jeux était installée dans sa salle de bain ? Tom n'en avait aucune idée, mais il n'y avait aucun doute que cela devait être vraiment très prenant.

Une porte claqua et Tom releva la tête subitement. Etait-ce là l'apparition divine qu'il attendait tant ? Celle qui avait fait apparaître Bill soudainement ?

Il porta son attention vers la maison de Bill et pensa ironiquement qu'il avait faillit attendre. Bill se tenait devant lui, un grand sourire aux lèvres. Comme à chaque fois que Tom devait venir le chercher au matin, Bill avait déjà le T-shirt plus ou moins débraillé et les cheveux coiffés un peu n'importe comment ( Cette coupe était minutieusement préparée et personne n'avait l'air de le remarquer. On lui faisait bien trop de remarques comme quoi il avait dû aller à la plage ou fait des folies de son corps. ). Cependant il n'avait pas de traces de feutres sur les doigts ce matin, il avait du fusain plein les mains et même un peu sur la joue droite.

- 'Scuse-moi, j'me suis rappelé seulement aujourd'hui que j'avais un portait à rendre pour dans une heure en cours d'art.
- C'est pas grave, répondit simplement Tom.
- Tu veux un calînou ? Dit-il en agitant les doigts
- Pose tes mains crasseuses sur moi et tu vas voir c'qui va t'arriver.


Bill rit sous la menace ô combien effrayante de Tom et lui fit la bise. Lorsqu'il sentit la peau de Tom contre la sienne, il frissonna, tentant de se contenir, et l'invita à le suivre.

- J'te signale que c'est quand même à cause de toi qu'on est à la bourre, râla Tom.
- On va seulement en cours, je vois pas ce qu'il y a de si dramatique ...

Tom soupira face à l'indifférence totale de Bill quant à l'école et il le vit sortir de sa poche un paquet de Skittles. Pour qu'il en sorte aussi tôt, c'est qu'il devait être passablement nerveux. Sûrement la faute à ce portait. Il ne le côtoyait que le matin et le soir, mais il le connaissait suffisamment pour dire s'il allait bien ou non.

De toutes les manies que Bill avait , celle qui plaisait le plus à Tom était bien celle-là. Bill s'emparait de son paquet de friandises, l'ouvrait sans regarder ce qu'il faisait et continuer de parler, en prenait plusieurs à la fois qu'il avalait d'un coup, le regard vide, et lorsqu'il se rendait compte de la présence de Tom, il lui en proposait toujours à la condition de ne pas prendre les violets. Ses préférés.

Comme il s'en doutait, Bill interpela Tom et lui proposa un Skittles.

- Mais tu touches pas aux violets
- J'tiens trop à ma vie pour ça, plaisanta Tom.


Alors que son rire s'élevait, Bill parti dans son monde et observa Tom comme une merveille de la nature. Il l'avait toujours trouvé beau, même lorsqu'ils étaient petits et qu'ils ne se parlaient pas. Au départ la beauté de Tom n'avait été qu'une fascination, et avec les années et surtout l'adolescence, c'était devenu plus que ça. Bill avait commencé à analyser chacun de ses faits et gestes, connaissant même par coeur le baratin qu'il disait à sa mère pour sécher les cours. Il en était tout simplement devenu accro.

- Sinon , ça va Princesse ?
- Ouais, sourit bêtement Bill.

Même lorsque Tom l'appelait Princesse, Bill se sentait sur un nuage. Ce surnom lui était réservé, personne d'autre n'avait droit à ce privilège , pas même la horde de gazelles en chaleurs qui servaient de groupies à Tom. " Ma gazelle " était d'ailleurs l'un des nombreux sobriquets que Tom lui donnait, mais il préférait largement " Princesse ".


Ils passèrent dans une rue plus étroite que les autres, et , comme à chaque fois qu'ils empruntaient cette rue, se collèrent. Bill agrippa le bas de la veste de Tom et se rapprocha encore un peu plus de lui en prenant soin de bien éviter le mur et les poteaux dégoulinants de saleté. Il avait une sainte horreur des poteaux, électriques ou non. Cela pouvait être un lampadaire ou une lampe haute d'au moins un mètre chez lui , il les évitait aussi. Tom disait de lui qu'il était poteauphobe.

Quand ils sortirent de la rue pour passer sur le passage piéton , il releva la tête vers Tom et le vit lui sourire tendrement. Il aimait son sourire et ses yeux qui pétillaient sans arrêt. Tom était parfait quoi qu'il fasse, quoi qu'il dise. Et aujourd'hui il était d'autant plus parfait qu'en l'espace de dix minutes ils s'étaient charriés, souris, semi câlinés ( détail des plus importants pour Bill ) et légèrement pris la tête. Tom pouvait le faire passer d'un état à l'autre en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Il trouvait ça fascinant.

Le lycée apparût bien trop tôt dans leur champs de vision et Bill sentit sa joie de vivre s'envoler d'un coup. Lorsqu'ils franchiraient la barrière de l'établissement, Tom retournerait avec les choses qui lui servaient d'amis et Bill se retrouverait seul à attendre la sonnerie dans son coin. Ca l'attristait pas mal, d'autant plus qu'il passait trop peu de temps avec Tom à son goût.

Tom jeta un oeil à son portable pour regarder l'heure, et s'aperçut qu'ils avaient environ dix minute de retard . Ils continuèrent de marcher jusqu'à un banc non loin des grilles du lycée et Tom insista très fortement pour que Bill s'assoit avec lui. Il aurait pu le forcer, mais tel qu'il le connaissait, il aurait été capable de crier au viol ou une ânerie du genre " Mais j'en ai rien à faire de vos petites pilules bleues ! Ma libido se porte très bien alors allez embobiner d'autres personnes ! ".


Bill s'apprêtait à répliquer mais Tom fut plus rapide que lui.

- Reste s'il te plaît. J'ai une heure à tuer, et toi aussi par la même occas'.
- Quoi ? Lança Bill.
- Bah ouais, on est déjà en retard, alors un peu plus , un peu moins ... ça va pas changer grand chose.
- C'est pas faux.

Oh youpi, youpi, joie, joie pensa Bill. Non pas que passer autant de temps avec Tom le gênait, il ne savait pas comment ils allaient occuper ce temps. Ils étaient devant le lycée, devant tout le monde et la tradition voulait que les gens aussi populaires comme Tom ne côtoient pas de personnes comme Bill. Cela le rendait extrêmement mal à l'aise, car il ne voulait pas nuire à la popularité de Tom, il voulait pouvoir continuer à lui parler et à faire route avec lui. C'était peu , mais ça le comblait déjà beaucoup.

Il en était là de ses pensées lorsqu'une odeur de tabac lui parvint aux narines. Il se retourna vers là d'où provenait l'odeur et tomba sur un Tom savourant sa première cigarette du matin. Il aurait pu jouir rien qu'en le voyant fumer. Tom était déjà agréablement beau et à la fois sauvagement sexuel, quand il fumait il n'était qu'outrageusement bandant. Bill paraissait dérangé par la fumée , mais à l'intérieur de lui il y avait la fanfare du quatorze juillet accompagnée de son gigantesque feu d'artifices. S'il avait pu, il lui aurait retiré la cigarette de la bouche et l'aurait fumé à son tour ou se serait tout simplement jeté sur Tom pour l'embrasser.

Cependant, Tom se sentit observé et plutôt que de s'énerver comme il le faisait dès qu'il pénétrait l'enceinte de l'établissement, ses joues rosirent et il envoya un petit sourire gêné à Bill. Le silence entre eux se faisant pesant, Tom le brisa avec une idée des plus insolites.

- Il te reste des Skittles ?
- Ouais, j'en ai encore deux paquets.
- Oh putain ... souffla Tom, c'est impeccable . Tu connais la roulette Skittles ?
- Si t'en veux t'as qu'à m'en demander j'vais te mordre non plus, plaisanta Bill.
- Mais non ... la roulette Skittles c'est comme au casino, tu sais, l'espèce de roulette numérotée de partout, avec la boule qui doit s'arrêté sur le numéro que t'as misé.

Bill le regarda étrangement, haussant son sourcil piercé et se retourna complètement vers Tom qui avait lâché sa cigarette. Quel gâchis pensa-t-il. Non seulement Tom ne fumait plus, mais en plus il voulait jouer avec SES Skittles. Du gâchis.

- Enfin bref, repris Tom, là c'est un peu le même principe. Dans ton paquet tu pioches un Skittles, tu me dis sa couleur et un numéro, et avec les autres qu'on aura mis en forme de cercle je vais compter jusqu'à ce que tu me dises stop, quand t'aura entendu ton numéro. Si t'as gagné tu manges le Skittles, mais si tu perds, j'en prends un violet.

Bill poussa un cri de stupeur, une main devant sa bouche grande ouverte et lâcha un " Nooon ! Pourquoi tu veux me faire ça à moi ? " qui fit rire Tom. Depuis le temps qu'il le connaissait, il savait très bien que les Skittles étaient sa plus grande histoire d'amour et plus particulièrement les violets. En prendre un sans la permission de Bill était un véritable affront, équivalent aux crimes religieux dans le passé .

Face à la mine effrayée de Bill, Tom fouilla dans son sac et en sortit une pochette. Il prit le paquet que Bill tenait encore dans ses mains et en retira dix qu'il compta tous un par un. En règle générale, une telle concentration aurait fait fondre Bill, mais la vie de ses Skittles en dépendait, il était en proie à un énorme stress. Que Tom fasse exprès de mettre tous les violets et il s'en ficherait de savoir que le cadavre sous ses mains soit celui du garçon le plus populaire du lycée. Il savait ses réactions excessives, vraiment très excessives et s'emportait à la moindre contrariété, alors Tom avait intérêt à faire son bazar sérieusement.

Le paquet de bonbons réapparût sous son nez et Tom lui demanda d'en piocher un et de choisir un numéro.

- Alooors ... fit semblant de réfléchir Bill, c'est un vert et je dirais ... le 8 !
- Et le numéro complémentaire est ...
- Tom ?
- Oui ?
- Ta gueule steu plait, merci.

Tom soupira et démarra la partie de roulette.

- 1; 2; 3; 4; 5; 6 ... 7 ... 8. Bingooooo !
- Comment ça " Bingo " ?

Le huit n'était pas tombé sur un vert, Bill avait donc perdu. Il ne comprenait pas l'utilisation de ce " bingo ". Il savait Tom assez fou, mais pas au point de crier sa victoire alors qu'il ne jouait même pas.

- J'ai gagné, patate crue, sourit narquoisement Tom.
- Pfff ... c'est pas juste d'abord !
- Qu'est-ce tu veux ? C'est l'jeu ma pauv' Lucette.
- Qu'est-ce que j'ai fait pour avoir un abruti pareil ?
- Toi non plus t'as pas su me résister, c'est tout, plaisanta Tom.

Bill se contenta de rouler les yeux vers le ciel et récupéra tous ses Skittles, y compris celui que Tom avait gagné. C'était encore SA propriété, il en faisait ce qu'il voulait non ? Alors s'il voulait tous les reprendre, il les reprendrait. Même s'il devait avouer que de laisser son dû à Tom aurait été une occasion de plus pour le détailler, observer son faciès parfait.

Alors qu'il était prêt à bouder pour de bon, son portable vibra. Bill sursauta, pas franchement habituer à recevoir des appels ou des textos, et le sorti de son manteau à toute vitesse. Avec un peu de chance, ce n'était pas un message de la part de son opérateur pour lui signaler que son crédit était renouvelé ou qu'il y avait une super offre lui permettant d'envoyer des sms non stop les week-end. Il ouvrit le message qui n'était qu'un énième mot de sa mère pour lui rappeler de bien se nourrir au midi, de bien travailler en classe et de faire attention à lui. Sa mère était une maman poule. Terriblement oppressante.

Lorsqu'il remit son portable dans son manteau, il en profita pour regarder l'heure. Il était déjà temps pour eux de se séparer, de partir chacun d'un côté et faire comme s'ils ne se connaissaient pas. Tout ça à cause de la popularité de Tom et de l'image qu'on lui collerait s'ils étaient vus ensemble.

Il se racla la gorge, attirant l'attention de Tom et le prit dans ses bras. Une longue journée de cours l'attendait, la plus longue de la semaine, il n'était même pas sûr de faire à nouveau route avec Tom au soir, alors il l'enlaçait de façon à tenir jusqu'à la fin de l'après-midi.

Ils ne se le montraient pas vraiment, mais ils s'aimaient comme de véritables amis, et non comme de simples voisins. Ils diffusaient toujours cette image d'eux et tentaient de se convaincre qu'ils l'étaient alors qu'elle était totalement fausse. Peu importe le moment de la journée, ils parvenaient à se voir et à se parler, ils faisaient le chemin ensemble pour venir au lycée et rentrer chez eux, et s'écrivaient encore une fois de retour à leur domicile. Une forte amitié les liait.

Tom se décolla lentement de Bill et déposa un baiser sur sa joue. Il prit son sac, se releva et salua Bill une dernière fois avant de disparaître dans l'enceinte de l'établissement.

Bill le regardait partir, à moitié fasciné et attristé. Fasciné parce que tout en Tom l'hypnotisait, sa voix, son regard, ses gestes, son rire, sa démarche, sa façon de remettre ses dreads en place ou encore la manie qu'il avait de jouer avec son piercing lorsqu'il était gêné ou anxieux. Et attristé parce qu'il adorait la présence de Tom, il était d'une excellente compagnie et lorsqu'il partait, il se retrouvait seul pour le reste de la journée. Personne ne lui parlait à part Tom et quelques autres élèves.


Quand Tom n'était pas là, Bill se renfermait sur lui, n'adressait la paroles aux autres uniquement lorsqu'il n'avait pas d'autres choix, il se terrait dans son coin, au fond de la salle de classe, sur un banc à l'autre bout du lycée. Il entrait dans son monde et personne ne le dérangeait. Ils ne voulaient pas s'approcher du phénomène qu'était Bill. Trop ringard à leur goût, le looser par excellence, toujours seul, habillé et coiffé étrangement et n'importe comment, il avait toujours les mains sales et faisait souvent des chignons dans ses cheveux à l'aide d'un stylo.


En bref, Bill était quelqu'un de solitaire. Les gens ne cherchaient pas à le connaître et lui, ne voulait pas les connaître. Il s'en portait mieux ainsi.

Il n'y avait que lorsque Tom était près de lui, que Bill se montrait tel qu'il était vraiment, bavard, maladroit, hyperactif et constamment de bonne humeur. Tom le comparait souvent à une puce tant il était agité. Il ne savait pas rester en place plus d'une minute.

S'ils n'avaient pas été voisins, Tom serait passé à côté de quelque chose d'énorme. Bill était vraiment quelqu'un de particulier. Et même s'il était toujours seul, se complaisait dans sa solitude, les gens étaient bêtes de l'ignorer et de le mépriser, de le juger sur son apparence et de se fier à leur première impression. D'un côté, Tom se sentait privilégié, Bill était son ami. Une personne extraordinaire, plein de tendresse, de générosité, d'amour, d'humour et remplie de détails tous aussi attendrissants les uns que les autres.

La sonnerie retentie et Bill se leva du banc à son tour. Il lui faudrait signaler son absence pour le cours précédent sans passer pour un déserteur.



[ ... ]



La pause du midi était entamée depuis un bon moment maintenant et Bill trainait seul dans les couloirs du lycée. Les élèves étaient tous partis manger, à la cantine scolaire ou chez eux, sauf lui. Comme à son habitude, il avait pris un sandwich et de quoi boire avec lui pour se restaurer seul et au calme. Il n'aimait pas vraiment se mêler à toutes ces personnes, trop fausses selon lui et avec la critique facile.

Alors qu'il empruntait le couloir des sciences pour aller aux toilettes, il vit Tom au détour de celui-ci entouré de sa bande d'individus - même Tom ne savait comment les nommer - et une fille suspendue à son cou, riant fort et bêtement. Quand il passa devant lui, il se stoppa, reculant de quelques pas afin de ne pas être vus du fanclub de Tom et s'empara du bloc-notes qu'il avait dans une des poches de son manteau.

Tom l'avait de suite remarqué, Bill avait une façon de marcher bien à lui. Il avait un léger problème osseux à la jambe gauche et avait tendance à la traîner quand elle lui faisait mal, comme c'était le cas aujourd'hui.

Quelques secondes après, Bill avait déjà terminé d'écrire et il pu y lire un message lui demandant à quelle heure il terminait. De sa main libre, il montra discrètement quatre doigts et vit Bill sourire. Bill tendit son bloc-notes vers la gauche, signe qu'ils devraient s'attendre à la grille. C'était leur dialecte. Le bloc-notes tendu à gauche signifiait qu'ils devaient se rejoindre à la grille du lycée, vers la droite, que Bill finissait plus tôt, vers le haut, qu'ils mangeraient ensemble, vers le bas, que Tom finissait une heure plus tard et lorsque Bill le collait contre son torse ou que Tom mimait ce signe, c'est que l'un d'eux était collé après les cours.


Tom lui sourit de toutes ses dents, les yeux pétillant soudainement et le regarda partir. Lorsqu'il reposa son regard sur la fille pendue à son cou, il souriait toujours, mais l'envie n'était plus là, il faisait semblant. Il agissait comme ça quotidiennement, mais en plus de ça, il était tombé sur une godiche de première catégorie, d'une débilité profonde, bien plus que son décolleté, et au rire affreusement nuisible et nocif pour l'espèce humaine. Bien sûr elle était jolie, même très belle, habillé simplement - contrairement à la tripotée de Marie-couche-toi-là de l'établissement - mais apparemment, il avait fait une grossière erreur en la laissant l'aborder.


Quand Bill était passé devant lui, il s'était senti tout de suite mieux, plus d'attaque à feindre la bonne humeur face à sa bande de toutous et était devenu presque euphorique quand il l'avait vu arriver. Il avait immédiatement su qu'il s'agissait de Bill. Le bruit d'un os qui craque était parvenu jusqu'à ses oreilles et cela avait directement fait " tilt " dans sa tête. C'était l'une des caractéristiques bien particulières de Bill, l'os de son genou gauche craquait quand il avait trop traîné sa jambe comme aujourd'hui.


La fille le lâcha finalement et avant même de se demander pourquoi autant de bonté et de sympathie envers lui de la part de cette fille dont il ne connaissait pas le nom, la sonnerie retentie et il partit vers sa salle de cours. Cette fille n'avait donc eu aucune pitié envers lui ... maudite soit-elle. En plus de tout ça, ses vêtements sentaient son parfum immonde à la rose et elle avait eu l'audace d'étaler son fond de teint sur sa magnifique veste noire. Qu'elle soit doublement maudite, il adorait cette veste.



[ ... ]



Tom attendait devant la grille depuis quelques minutes maintenant. Même à la sortie des cours, Bill parvenait encore à être en retard. Qu'on lui achète une montre bon sang ! Ca en devenait affolant. Tom ne savait pas comment il pouvait faire pour l'attendre comme ça chaque jour, il avait perdu un nombre considérable d'heures à l'attendre patiemment. Qu'il y avait-il de si intéressant dans la filière de Bill ? Il était en L, le L signifiait-il " Lol " ou bien " Larves". Il était clair que Bill avait tout d'une larve. Une bien jolie larve, Tom devait l'avouer.

Au bout de quelques autres minutes, Bill apparut enfin, au plus grand bonheur de Tom qui commençait à désespérer. Ils s'enlacèrent et prirent automatiquement la route pour rentrer chez eux. Ils ne parlaient pas, ils n'en voyaient pas l'utilité, et Tom ne voulait pas se prendre la tête avec Bill. Ils se jetaient quelques coups d'oeils par-ci, par-là, Tom fasciné par la manière qu'avait Bill de se salir les mains quoi qu'il fasse et de s'attacher les cheveux avec tout ce qu'il trouvait, là, un chignon fait avec un pinceau. Bill, lui, était subjugué par les muscles de la mâchoire de Tom qui se contractaient, signe qu'il se retenait de dire ou de faire quelque chose. Sexy pensa-t-il, foutrement sexy.

En passant dans la même rue qu'au matin, Bill en profita à nouveau pour se coller à Tom, et pris d'une envie subite, il lui pinça la hanche le faisant couiner comme une petite souris. Il s'esclaffa.

- Non mais t'as craqué ton string ou quoi ? S'insurgea Tom
- Voyons Tom ! Fit semblant de s'indigner Bill, tu sais bien que je ne porte rien sous mon pantalon, et il ponctua sa phrase d'un roulement d'yeux typiquement Billien.

Tom le regarda comme s'il avait face à lui une créature sortie de nul part et repris sa route comme si rien ne s'était passé. Il fallait s'y habituer, c'était Bill, il faisait toujours des choses étranges sans prévenir et agissait selon ses envies. S'il avait voulu lui faire un croche-pied, il l'aurait fait. Avec en prime bien sûr, un Skittles de compensation.


Arrivés devant chez eux, Bill serra la main de Tom dans la sienne et lui déposa un simple baiser sur la joue. Même pour se dire au revoir, ils ne parlaient pas, les gestes suffisaient. C'était leur mode de fonctionnement et jamais ils ne le changerait, c'était ainsi et pas autrement. De toutes manières ils se retrouveraient dans moins de cinq minutes et dialogueraient par fenêtre interposées. La téléphonie DV - ou Double vitrage - comme ils aimaient l'appeler, encore plus efficace que la visiophonie, le 3G ou encore la technique des pots de yaourts reliés par une ficelle.


Bill rentra chez lui et se posta immédiatement à la fenêtre de la salle à manger. De là il pouvait voir Tom qui était resté dans l'allée, se touchant la joue du bout des doigts. Bill l'observait minutieusement un sourire niais collé aux lèvres. Etait-ce le fait de lui avoir fait la bise qui rendait Tom tout chose ? Ca lui en avait tout l'air, Bill en était plus qu'heureux. Non pas de faire craquer " zeu big boss du lycée ", mais de faire de l'effet à un garçon aussi gentil et agréable que Tom, certes hétéro mais n'ayant aucun problème avec l'homosexualité de Bill. C'était tout bête, mais ça lui suffisait pour être souriant au moins une semaine.


Après une dizaine de minutes à jouer les badauds, Bill se décida finalement à retirer ses chaussures, enlever son manteau et monta dans sa chambre. Tom n'était même plus là, et ce n'était pas tellement son genre de faire le voyeur. Néanmoins c'était toujours très plaisant de voir Tom rentrer à son tour chez lui la tête dans les nuages. C'était attendrissant. Mais Tom l'était déjà au naturel, il était, de toutes manières, parfait. Bill était clair sur ce sujet. Tom était sa perfection.



[ ... ]



Il était un peu plus de vingt-deux heures et Bill et Tom étaient encore en pleine conversation de visiodouble-vitrage. Cela faisait un peu plus de trois heures qu'ils dialoguaient sans interruption. Ils n'avaient pas mangés, avaient uniquement une bouteille d'eau à côté d'eux, et écrivaient sans relâche sur leur ardoise. Plutôt que d'ouvrir leurs fenêtres ou de se rejoindre dans l'allée comme toute personne civilisée l'aurait fait, ils préféraient s'écrire. C'était une des nombreuses choses qu'ils ne s'expliquaient pas. C'était comme ça et pas autrement. Point.


Bill allait pour répondre à Tom quand il fut frappé par un évènement des plus tragiques. Il avait fouillé tous ses tiroirs, vidé toutes ses poches, retourné toute sa chambre, il ne trouvait rien. Il n'en avait plus en stock ... Il lui faudrait un soutien moral, et il espérait que Tom serait assez fort pour le soutenir dans une telle épreuve.



" Merde ! Tom, au secouuurs ! J'ai ... J'AI PLUS DE SKITTLES ! Et ma mère ne part faire les courses que Samedi ! TT' MAIS QU'EST-CE QUE J'VAIS DEVENIR ?! "

" Oh merde, c'est le cas de le dire. Surtout que t'es pas encore sevré et que pas plus tard que hier, je t'ai vu sniffer des Skittles atomic. "

" Haha, très drôle ! J'sais pas si tu te rends compte du drame qui m'assaille à l'instant même ! C'est comme si toi tu devais rester les dreads tranquillou à l'air toute une semaine. "

" Oh merde ! O_O Putain t'as tout mon soutien psychique et moral Princesse. "




Bill gloussa et reporta son attention sur Tom et son tableau. Il avait toujours cet air choqué sur le visage. C'était comique à voir. Ca ne faisait qu'accentuer son rire.


" Pourquoi tu ris ? "

" Tu verrais ta tête ! On dirait que tu viens de voir passer le fantôme de Nikos Alliagas en jupette et bas-résilles. "

" Toi j'te retiens. Tu viens de me mettre une vision des plus horribles en tête. J'vais faire des cauchemars pendant au moins six mois à cause de toi. "




Bill ne rit que plus fort, peinant à écrire lisiblement. Tom était vraiment un spécimen, un cas à part, un véritable clown. Quand il disait qu'il était parfait ... Ce dicton qui disait " Femme qui rit, à moitié dans ton lit ", s'appliquait aussi à Bill. Il était tellement fou de Tom, que même s'il se présentait à sa porte déguisé en pingouin mutant, il le trouverait encore beau et sexy.



" Et après c'est moi la princesse ? C'est pas bien grave, l'homme qui sommeille en moi viendra te rejoindre dans ton lit pour calmer tes vilaines larmes pas belles. "

" C'est quand tu veux Princesse. My bed is open for toi ( H ) Only for toi, capich ? "



A travers le double vitrage, Bill lança un regard inquiet à Tom, se demandant quel grand poète entre M.Pokora et K-Maro l'avait frapper à la tête pour qu'il sorte un charabia pareil. Mais même comme ça, Bill trouvait que Tom avait une bouille parfaitement adorable. Il le trouvait réellement parfait quoi qu'il arrive ... peut-être devrait-il demander à être la groupie officielle de Tom.


" Et en français ça donne quoi ? T'as pas la traduction ? Moi pas parler langage de toi. "


Il vit Tom soupirer derrière son grand tableau blanc et gloussa.


" T'as très bien compris. " Darling " , mon lit est toujours ouvert pour les jolies filles comme toi. Openbar dans le slibard comme on dit "


De là où il était, Bill voyait très bien que Tom le taquinait, de façon douteuse certes, et qu'il était littéralement mort de rire. Ce type ne tournait pas rond, pas du tout, mais c'est ce qui faisait son charme. Il était beau, mais qu'est-ce qu'il était con.

Bill fit mine de réfléchir et écrivit à l'intention de Tom


" T'es mignon mais t'es un tout ptit breton peu con "


Et il lui sourit caché derrière son ardoise.

C'était quelque chose d'assez simplet, voir de banal, c'était leur quotidien, mais tous les moments qu'ils partageaient étaient vraiment très importants pour eux. Ils étaient éloignés des soucis du quotidien, n'avaient à se soucier de rien, si ce n'est d'avoir des traces sur leurs vitres, se lâchaient après une longue journée de cours, et profitaient de s'avoir l'un, l'autre, même séparés par deux murs et une allée d'herbe. Ils s'appréciaient bien plus qu'ils ne voulaient le montrer à l'autre.

Plus sérieusement, bien qu'il sache que les paroles de Tom n'étaient que taquineries, il donnerait tout pour pouvoir passer ne serait-ce qu'une nuit en sa compagnie. Juste pour dormir. Car s'il avait cet honneur, il pourrait s'estimer heureux d'y poser au moins les fesses . Il se plaisait à imaginer que Tom lui dise ça sérieusement et qu'il l'invite chez lui. Après tout, ils ne payaient rien en abonnement téléphonique, mais ils devaient se payer des feutres d'ardoise, et ce n'était pas gratuit non plus.

Il vit Tom bailler si fort que de là où il se trouvait, il aurait pu décrire avec exactitude l'état des amygdales de Tom, et sourit bêtement. Quand Tom était fatigué, il avait un visage un peu plus enfantin que d'habitude. Il avait de petits yeux qui se mettaient à briller et ses joues rosissaient quelque peu.


Il lui souhaita rapidement bonne nuit, lui promettant d'être à l'heure le lendemain matin et éteignit la lumière de sa chambre. Il ne ferma pas les rideaux, bien décidé à épier Tom pendant son sommeil. C'était une expérience qu'il voulait toujours essayer, mais que jamais il ne faisait.

Son ardoise une fois posée sur le bureau, il retira ses vêtements un par un, prenant son temps, ne se souciant pas le moins du monde que Tom puisse le voir dans son minuscule boxer. A vrai dire, il commençait à somnoler aussi et il était si tenté par le fait de l'observer que l'idée même que Tom fasse pareil de son côté, ne lui effleurait pas une microseconde l'esprit.


Derrière sa fenêtre, Tom avait également éteint toutes les lumières par prudence et s'était assis sur sa chaise de bureau. Il s'était installé face à son radiateur, soit devant la fenêtre et était complètement émerveillé par le spectacle qui s'offrait à lui. Comme Bill pour lui, il le trouvait naturellement beau, une beauté à part, agréable à regarder. Son faciès, son corps, sa grâce ... tout en Bill le fascinait. Il n'avait pas ce genre de beauté que l'on voit tous les jours ou dans les magazines. Bill était ni plus, ni moins, magnifique. C'était un doux spectacle pour les yeux.

Quand Bill retira son Tee-shirt, Tom sentit une bouffée de chaleur s'emparer de lui. Même s'il regardait Bill se changer chaque soir, il était toujours aussi agréablement surpris de le voir dévêtu. Il était subjugué par ses formes si féminines, si bien proportionnées. Il n'était ni trop fin , ni trop épais. Comme du Saint Albray. Il ne se faisait cette remarque que les jours de grande fatigue, puisqu'incapable de raisonner normalement, mais il devait admettre que ce n'était pas totalement faux, car Bill avait tout pour plaire. Dur en apparence, mais si doux à l'intérieur.


Certes il était drôlement habillé et coiffé, mais cette excentricité attendrissait Tom. Tous les jours il avait l'impression de voir le Bill petit garçon qu'il avait connu en emménageant à côté de chez lui. Il paraissait si fragile et inoffensif dans ses T-shirts un peu trop grands pour lui, qui semblaient usés, dans ses Jean's qui descendaient si bas et dans lesquels il flottait affreusement. Ses baskets, toujours rafistolées à la Bill Kaulitz, lui donnait un air de petit garçon en mal de ce monde, désillusionné de part les tags et autres retouches faites par Bill. Il avait aussi plein de petites manies si tendres ... comme celle qu'il avait de toujours rouler des yeux, de manger des Skittles en continu ou encore quand il plissait le nez lorsqu'il voulait dire à Tom d'arrêter son baratin.

Puis il avait d'adorables petites mains où le vernis noir contrastait agréablement avec les tâches de feutres multicolores le long de ses doigts. Il se rongeait quelques fois les ongles ou se suçait carrément les doigts quand il n'avait pas de Skittles ou de Dragibus sur lui, pour se rappeler du goût. Ses longs doigts fins étaient si ... si ... beaux et pervers à la fois. Parfaits pour le dessin et la musique, ainsi que d'autres plaisirs plus .... adultes.

Tout en Bill l'attendrissait. La simple évocation de son nom apaisait Tom. Bill était quelqu'un de complexe, doux et sauvage à la fois, mais c'était son Bill. Il n'y voyait là que l'admiration, rien de plus. C'était tout à fait normal pour deux amis comme eux de se mater dans le noir non ?

Il continuait d'épier Bill et la bouffée de chaleur encore anodine et sans dangers, devint plus importante et embarrassante quand il le vit s'abaisser légèrement pour retirer son Jean's. Il avait beau le charrier en lui disant qu'il avait les fesses plates, voir même qu'il n'avait peut-être pas de fesses tout court, à cet instant précis, il les trouvait sublimes.

Il avait chaud, très chaud. Ses joues lui brûlaient et il commençait à se déshydrater à trop baver. Mais s'il avait si chaud d'un coup, c'était à cause du radiateur. Ca ne pouvait être que ça. Bill était son ami, il ne pouvait pas lui plaire comme ça. Puis le double-vitrage ne laissait pas passer les courants d'air, c'était tout à fait normal qu'il se mette à suer et à se tendre vers le bas - les radiateurs pouvaient eux aussi, être dotés d'un sex appeal et être chauds dans ce sens là.


Tom se pencha un peu plus vers sa fenêtre et il put détailler les longues et fines cuisses de Bill. Tout ce qu'il fallait de graisse et de muscles. Elles avaient l'air incroyablement douces et goûteuses. Ca devait être un véritable plaisir à embrasser et lécher. A caresser ça devait tout simplement être aussi doux qu'une peau de bébé, un pur bonheur sous la main. Il détailla aussi son dos, son corps longiligne avec la légère courbure de ses reins et ses hanches un peu plus larges que le reste de son corps, qui lui donnaient son côté si féminin. C'était probablement ça qui faisait autant d'effet à Tom. Bill avait le haut de son corps semblable à celui d'un homme, et le bas, similaire à celui d'une femme. Cela paraissait étrange dit comme ça, mais cela donné un agréable mélange.


Quand Bill se logea sous ses couvertures, Tom mit un certain temps à sortir de ses rêveries et réaliser qu'il avait, une fois de plus, maté Bill. Ca faisait longtemps qu'il ne cherchait plus à comprendre pourquoi il faisait ça chaque soir. Bill était son ami, il voulait juste s'assurer qu'il ne lui arrive rien en allant au lit. Qui sait ce qui pourrait arriver. Sa mère aurait pu mettre des pièges à loups tout autour, installé des rayons laser dans toute la chambre, ou encore mit des fils barbelés sur le lit et les couvertures. Bill pourrait se blesser. En aucun cas il faisait ça pour se dire à quel point il était beau et bon. C'était son ami, la santé avant tout. Non ?

S'il avait commencé à bander, c'était parce que le danger l'excitait, non pas parce que Bill se dandinait en petite tenue dans sa chambre. Cela aurait pu être marrant de voir Bill se cogner le pied contre sa table de chevet et sautiller dans tous les sens, le suspens aurait été à son paroxysme et il aurait carrément jouit dans ses vêtements. Là non plus, ça n'aurait pas été de voir Bill se tortiller de douleur, les fesses exagérément exposées vers la fenêtre et de l'imaginer en train de gémir de plaisir plutôt que de douleur qui l'aurait rendu comme ça. C'était son ami. Rien de plus. Juste son ami.


Fatigué, et pas qu'un peu, il se décida enfin à se coucher.





[ ... ]



- Ah lalala ! Tu t'rends compte ? Il m'a dit que je pouvais venir quand je voulais dans son lit ! S'extasia Bill hystérique.
- Je sais, c'est au moins la troisième fois que tu me le dis aujourd'hui ... Mais n'oublie pas que c'est Tom, et que c'est pas quelqu'un de très fréquentable. Bill soupira face à une telle absurdité et toute son euphorie s'envola.
- Sérieux Gustav, tu me casses le couilles. Ca fait dix ans que je le connais et on fait route tous les jours, dit Bill blasé, je sais mieux que toi si c'est une personne à éviter ou non.
- Alors dans ce cas, pourquoi tu vas pas tenter ta chance ?
- QUOI ?!
- Bah, c'est vrai. T'es toujours en train de parler de lui, de raconter tout ce que vous vous dites, tu l'aimes ... tu m'as encore dit tout à l'heure que t'avais réussis à le faire rougir pour je ne sais plus quelle raison ... Puis vous êtes potes depuis longtemps. S'il est aussi compréhensif que tu l'assures, tu risques rien.

Gustav lui sourit et lui remit une mèche de cheveux derrière l'oreille. Contrairement à Tom, il protégeait réellement Bill de tout et tout le monde. Il était très protecteur avec les gens, qu'il les connaisse ou non et Bill était comme son poulain. Il le couvait non stop.


Bill roula des yeux, ce qui fit rire Gustav, et décida qu'à partir de maintenant, il boudait pour une durée indéterminée.


- Allez Bill ... fais pas la tête, tu ressembles à un vilain petit garçon capricieux comme ça.
- Je suis pas petit ! Grogna Bill.
- En attendant, souffla-t-il, t'étais déjà prêt et devant ta porte quand il est venu te chercher ce matin. Tu peux toujours lui demander une petite faveur ou une récompense pour te féliciter de ton exploit.

Bill soupira, franchement pas décidé à aborder Tom pour ce genre de choses, et se retourna vers Gustav.

- Non ! Ok je le connais depuis des lustres mais ce que t'oublies souvent c'est que LE mec populaire du lycée, pas la racaille. Que si on me voit avec lui rien que sur la route du bahut sa réputation peut en prendre un sacré coup, alors imagine si je lui fais des avances ou que je fais " le premier pas " !
- Bill ...
- J'ai pas envie d'avoir la future mauvaise réputation de Tom sur le dos ni d'en faire la risée du lycée. C'est pas de voir deux mecs ensemble qui va les déranger, c'est de le voir avec un gars aussi craignos que moi qui va lui couter. Et ça, je veux pas.

Cette fois ce fut au tour de Gustav de soupirer devant la flopée d'âneries que venait de sortir Bill. Comment pouvait-il dire de telles choses ? Avoir une si mauvaise image de lui ?

- T'en fais tout un foin là, t'exagères. Que tu sois considéré comme le looser de service, c'est vrai et tu peux rien y faire, mais toi aussi t'as tendance à oublier certains détails. Tu l'as dit toi-même, c'est le gars le plus populaire, tout le monde fait ce qu'il dit et dit " Amen " à tout ce qu'il fait, y'a personne qui ose le contredire. Alors s'il veut se montrer avec toi, même si c'est pour parler chiffon, il saura encore imposer sa loi.
- Tu m'emmerdes, lâcha Bill.

Il tourna de nouveau le dos à Gustav et sorti son bloc-notes de son sac, ainsi qu'un crayon de bois.

- J'dis pas ça méchamment Bill. J'dis simplement ce qui est vrai.

Le bloc-notes toujours en main, Bill y griffonna un " Va te faire foutre " à l'intention de Gustav, puis dessina.

Il appréciait beaucoup Gustav, ils n'étaient pas meilleurs amis mais c'était tout comme, mais il cherchait toujours à trop le raisonner. Trop de raison, tue la raison. Bill n'avait pas besoin de lui sur ce coup-là. Il connaissait déjà toutes les réponses à ses questions, il les lui avait demandé simplement pour être sûr de ce qu'il allait faire. Il connaissait Tom si bien, qu'il pouvait déjà prédire sa réaction. Lorsqu'il demanderait à le voir plus souvent et ailleurs que la route de l'école, Tom rougirait et hocherait positivement la tête, puis il pourrait lire sur son visage une expression de panique totale qui le rendrait encore plus beau - il l'était toujours d'ailleurs, même cette fois où il l'avait vu vomir dans la corbeille à papier de son bureau.

- Bon et bien, quand tu sera décidé à ne plus faire la tête, fais-moi signe .


Bill, obstiné à bouder, fit comme s'il n'avait rien entendu et sorti un paquet de Skittles de son sac. Tout en dessinant, il grignotait et repensait au petit mot qu'il avait reçu un peu plus tôt dans la matinée. Un des pots de colle ambulant de Tom était venu lui transmettre un bout de papier de la part de Tom. Il lui avait demandé de le rejoindre à la grille au soir, car, une fois de plus, il s terminaient en même temps.

Une dizaine de minutes plus tard, Bill lâcha un long soupir face au dessin qu'il venait d'achever. Un portait de Tom. Dix ans qu'il flashait dessus, qu'il l'avait remarqué, et aujourd'hui, ça virait l'obsession.Il était gravement atteint .. Mais qu'importe, Tom était aussi un excellent modèle pour le dessin, surtout pour les profils. Ses traits si doux sous le crayon et les yeux, devaient aussi l'être sous les doits.


A force, Bill ne savait plus quoi penser. Tom occupait ses pensées constamment et ça l'agaçait autant que ça lui plaisait. Par moment il aurait aimé avoir en tête des choses plus importantes que le joli visage de Tom et sa voix sensuelle. Le mois dernier il en avait carrément oublié l'anniversaire de sa mère. Une première ! Lui qui était si attaché à ce genre de choses s'était déçu et surpris de passer à côté ça. Et depuis un mois, Gustav le taquinait sur le fait qu'il devrait se jeter à l'eau et tenter sa chance auprès de Tom. Sauf que ce midi il avait été sérieux et ça ne lui avait pas plut.


Il regarda une dernière fois le dessin et, avec toute la minutie qu'il avait en lui, il inscrivit juste en dessous du portait de Tom, d'une belle calligraphie " Tabou." Car s'il s'était en partie énervé contre Gustav, c'est parce que Tom était un sujet tabou. Seul Bill pouvait parler de lui, Gustav n'avait pas son mot à dire sauf s'il voulait plaisanter.

Il soupira à s'en fendre l'âme cette fois et ferma son bloc-notes, blasé de tout ça et se consola avec ses Skittles.



[ ... ]

" ALERTE ROUGE ! ALERTE ROUGE ! Tiens-toi prêt Tom, ma mère vous invite à dîner ce soir pour féliciter ta mère d'avoir enfin obtenu son permis de conduire. Tu vas avoir l'estomac rempli pour au moins trois ans avec tout ce qu'elle prépare. "


Bill jonglait entre la doublevitrageophonie et sa préparation personnelle, faisant rire Tom dix mètres plus loin, dans la maison d'en face. Bill était déjà coiffé et, pour une fois, ses cheveux semblaient avoir été soigneusement brossés. Il était aussi déjà maquillé, seule la tenue manquait. Il ne savait pas quoi mettre et n'avait pas vraiment le temps d'y réfléchir. Il était en pleine conversation avec Tom, et comme à chaque fois, c'était de la plus haute importance.


" De quoi tu te plains ? C'est pas toi qui a un danger autoroutier comme mère. Dis-toi qu'elle pourrait se proposer de nous conduire pour faire un tour. C'est pas une surcharge pondérale qu'on risquerait, mais la vie. "


Bill roula des yeux, s'attirant un petit clin d'oeil de la part de Tom, et se dit, que tous les deux étaient vraiment vaches avec leur mère. Mais il préférait largement mourir brutalement dans un accident tragique de voiture, plutot que d'une longue et douloureuse intoxication alimentaire. En plus de faire des portions gigantesques, sa mère n'était pas du tout un cordon bleu.

Il jeta un oeil rapide à sa penderie et tomba sur la tenue idéale pour la soirée. Très vite, il écourta temporairement le dialogue visuel avec Tom, et s'empara de ses vêtements propres. Moins de cinq minutes plus tard, il était de nouveau derrière son ardoise à dialoguer avec Tom.

Celui-ci avait marqué une pause en voyant Bill rouvrir les rideaux. Il était tout simplement splendide. Pourtant il était habillé simplement, d'une chemise blanche quelque peu ouverte sur le haut, et un pantalon descendant assez bas. Rien d'inhabituel en somme. Ca restait Bill, sauf qu'il était plus soigné qu'à l'accoutumée.

Depuis l'arrière de son tableau, Bill parvenait très bien à distinguer le regard de Tom sur lui. Admiratif et quelque peu envieux. Tom le mangeait des yeux et il n'avait pas l'air d'en être conscient. Mais cela importait peu à Bill. Il se sentait fier et à la fois tout fou d'être celui qui attirait Tom de la sorte à cet instant précis. Tom le regardait différemment, d'une autre manière qu'il pouvait le regarder tous les jours ou les filles à qui il tentait tant bien que mal de faire un regard ô combien charmeur.

Le rouge lui montait aux joues, il tremblait légèrement et il papillonnait des yeux. Bill était clairement dingue de l'attention que Tom lui portait, qu'il en soit pleinement conscient ou non. Il était, dans tous les cas, l'objet de son inattention et c'était le plus important.



" Non mais si tu veux tu me mates, je dirais rien. Voyeur va ! "



Tom ne réagit pas immédiatement, loin de là, puisqu'il fallut près de sept minutes quarante-neuf secondes pour qu'il voit enfin le mot de Bill et y réponde. Bill gloussa en roulant des yeux.


" Justement, c'est ce que je fais Princesse. Puis je vois pas ce qu'il y a de mal, t'es beau comme ça (: "



Bill rougit à nouveau, gêné. Il n'avait jamais eu un bon rapport avec lui-même. Il se trouvait trop maigre et trop féminin.


" Rougis pas comme ça, c'est vrai ce que je dis. C'est pas pour rien que t'es ma Princesse :p "

" Arrêtes steuplait ! Tu sais TRES BIEN que j'ai toujours eu du mal avec les compliments >__< T'étonnes pas si au dîner tu te retrouves avec une double ration de gratin de pommes de terre, soit une double indigestion. "



Bill roula des yeux, signe que Tom devait une fois de plus délirer ou avor des hallucinations et poursuivis la petite conversation. Plus qu'une heure avant lemassacre culinaire.



" Puis depuis quand je suis TA Princesse ? "

" Depuis que je l'ai décidé. T'es à moi et c'est pas nouveau. Je peux même le jurer sur tes Skittles "




Bill plissa le nez, montrant à Tom qu'il commençait à aller trop loin. Aussi bien pour assurer qu'il lui appartenait et qu'il n'avait pas besoin de jurer sur ses Skittles dit sacrés.


" Et ne fais pas cette tête là non plus jeune fille/homme ! Au moins, tout le temps que tu m'appartiens, je suis sûre qu'il t'arrivera rien, et c'est le principal. Si on te touche, je toucherais à ma façon et ça ne ferais pas du bien. "



" T'es vraiment pas clair dans ta tête mais c'est bien pour ça que je t'aime x) "


En plaisantant, Bill tentait tant bien que mal de cacher son malaise. Il était certes flatté, mais avait bien du mal avec les compliments, surtout ceux venant de Tom. Ca lui paraissait si improbable venant de lui. Et pourtant ...



[ ... ]




Le diner était passé beaucoup trop lentement. Entre l'entrée, le plat principal, le fromage, le dessert et un apéritif, tout ça resservi en double à chaque fois, tout le monde était gavé et n'avait plus le courage de bouger. Pas même de cligner des yeux. Ils étaient remplis d'assez de nourriture pour tenir deux semaines sans manger. Avec tout ce qu'ils avaient bu et ingurgité, il y avait largement de quoi nourrir trois villages du Tiers-monde. Ils étaient tout simplement repus.



Vers vingt-trois heures, Bill et Tom étaient montés dans la chambre de Bill pour se poser au calme, loin des caquetages de leur mères. Il s'étaient tous les deux allongés sur le lit et avaient défait le bouton de leur pantalon, atténuant la sensation d'étroitesse dans leur vêtement.


Tom avait les yeux fermés, fatigué par un repas aussi copieux que celui-là, tandis que Bill avait les yeux rivés sur lui. Même quand il le regardait, il frissonnait. Tom avait un réel pouvoir sur lui, lequel, il ne le savait pas exactement. Mais dès qu'il posait les yeux sur Tom il était sur une autre planète, dans une autre galaxie, comme envoûté. Une chance qu'il ne le voyait pas en continu, sinon il serait déconnecté de la réalité depuis bien longtemps.


Difficilement, Tom se releva une main sur le ventre et se dirigea vers la paire de Converses plus qu'usée qui trainait sous le bureau de Bill. Il leva ensuite la tête vers le meuble et fouilla parmi les nombreux feutres et autres marqueurs que Bill possédait et choisi le seul marqueur indélébile de toute la collection.


Bill le regardait faire, quelque peu inquiet de ce que Tom pouvait bien avoir en tête. La façon qu'avait Tom de tenir le marqueur était, selon lui, mignonne. Tout comme son écriture, ronde et féminine. Il le trouvait craquant à froncer les sourcils pour se concentrer. Bill aimait tellement lorsque Tom se concentrait qu'il détournait le regard pour ne pas déraper et faire une bêtise. Il était son ami le jour et son amant la nuit. Dans ses rêves. Alors pour ne pas détruire tout ça, il faisait un gros travail sur lui-même et se contenait comme il pouvait.

Quelques secondes plus tard, Tom se releva brusquement et balança les Converses vers Bill. Celui-ci eut juste le temps de les voir venir et roula sur le côté. Il se redressa de façon à avoir le dos collé contre le mur de son lit et s'empara de ses baskets, les inspectant minutieusement. Tout ce qu'il y voyait était un énième mot d'amour de Tom.

" Parce que Princesse n'a pas de fesses ! " était tagué sur la chaussure de droite, et " Avec amour, le ventre archi plein et un marqueur indélébile, ton Tominou d'amour que tu aimes à la folie et plus encore. " sur celle de gauche. Par chance pour lui, Tom avait inscrit tout ça sur les côtés et non sur le bout blanc de la chaussure. Il était fou, mais pas au point de risquer sa vie.

- J'hallucine ! D'où tu sors que j'ai pas d'fesses ? T'as été vérifier avant d'affirmer ce que tu dis ?! S'insurgea Bill
- Fais pas comme si t'étais choqué mec. Saint Thomas c'est moi et c'est pas pour rien que mes parents m'ont appelés comme ça. Je ne crois que ce que je vois, et tu bailles tellement dans tes frocs qu'on s'doute même pas que t'aies un cul.

Bill croisa les bras et roula des yeux, s'attirant une nouvelle remarque de Tom.

- Par contre je vois que tu roules souvent des yeux. Quelque chose t'énerve-t-il ma jeune enfant ?
- Oui monsieur, un certain Tominou d'amour qui est persuadé qu'un sex symbol tel que moi est effessé.


Tom fit semblant de s'étouffer, s'allongea à plat ventre sur le lit et tapa du poing dessus.

- Tu peux répéter steuplait ? En français de préférence.
- Raaaaah, râla-t-il, PROUT !
- C'est pas glamour un tel vocabulaire dans la bouche d'une fille, fit remarquer Tom.
- J't'emmerde !
- Quelle vulgarité , ricana-t-il.
- Bon, s'impatienta Billl, t'as pas bientôt fini ?

Tom s'assit en tailleur et se gratta le crâne. Il faisait mine de réfléchir, jouant dangereusement avec la patience et les nerfs de Bill.

- Et bien je dirais que, pour des raisons de simples politesse, la morale veut que je m'excuse pour avoir porté atteinte à ton corps d'Apollon, mais aussi que je me rachète en prouvant que j'ai tort, dit sérieusement Tom.
- T'es déroutant comme type ...
- Doooonc, est-ce que tu me laisses te tripoter les fesses ?

Bill soupira complètement désespéré par la débilité profonde de Tom qui pourtant, lui plaisait horriblement, et lui tourna le dos. Quand il avait l'estomac plein comme maintenant, il était toujours très irritable et ne voulait plus que dormir. Or il était avec Tom et il voulait réellement profiter de sa présence, quitte à se prendre la tête avec lui.

- Oh allez Bill .. tu sais bien que je plaisante , essaya-t-il. Si pour que t'ailles mieux, il faut que je te fasse faire ton rot, c'est pas un problème. J'te tape un bon coup dans le dos et tu te sentiras beaucoup mieux.
- Je suis fatiguééé, geignit-il
- Oh .... pauvre bébé. Viens à Tonton faire un GROS câlin.

Bill n'hésita pas une seule seconde et se calla presque automatiquement dans les bras de Tom, et ils s'allongèrent, face à face, sur le lit. Bill nicha sa tête dans le cou de Tom et, profitant de son état semi comateux, il passa son bras autour de la taille de Tom. Celui-ci en fit de même avec Bill et le serra contre lui, passant et repassant ses doigts dans ses cheveux.


Ils chuchotaient entre eux, se racontant des choses et d'autres, discutant de tout et n'importe quoi.Tom était toujours autant pris par les cheveux de Bill qu'il trouvaient incroyablement doux et dégageant une délicieuse odeur d'amande douce, tandis que Bill laissait aller ses mains de-ci, de-là sur le corps de Tom. Cette proximité lui plaisait clairement, il pouvait avoir Tom tout contre lui sans avoir à se justifier. Ils profitaient.

Au bout d'un certain temps, une heure, peut-être deux, Tom posa une question qui lui titillait le bout de la langue.

- Est-ce que ça te gêne, si admettons que par le plus grand des hasards, mes doigts glissent subitement comme de par magie, sous ton pantalon ?
- Et bien je dirais plutôt qu'il me manque un vagin mais que si tu passes tes mains de ce côté-là, tu sentiras pas tellement la différence.


Bill peinait à croire ce que Tom lui disait. Après tout, il était tellement fatigué qu'il lui avait simplement demandé s'ils feraient route le Lundi suivant. Cependant, il espérait que tout cela soit réel, bien que soudain et surtout insensé de la part de Tom. Peut-être était-ce cela sa question, ne sentant rien de volumineux contre lui, Tom lui avait demandait si, justement, il n'avait pas un vagin.

- Et admettons toujours que si, là maintenant, et encore sous le coup du hasard je ... je sais pas moi, je voulais valider ma théorie comme quoi tu n'as pas de fesses, tu dirais toujours la même chose ?
- Mais je t'emmerdeuuh, dit Bill à moitié somnolant, tu me soules avec tes questions. Je suis fatigué, je veux pouvoir dormir au moins trois mois, alors fait ce que tu veux, pelote-moi le cul si t'en as envie, dessine-moi sur la tronche avec du rouge à lèvres si ça te chante, mais s'il te plait, laisses-moi dormir, se plaint-il, et tu te débrouilles pour faire toutes tes expériences sans bouger de là compris ? Tu es mon oreiller pour la nuit, si tu bouges de là, je te décalque. C'est clair ?

Ces jeunes ... pensa Tom. Bill était réellement fatigué, vidé de toute son énergie, c'était clair comme de l'eau de roche. Il était si lunatique.

Au grand étonnement de Bill, Tom ne posa pas ses mains là où il avait dit le faire. Il avait légèrement écarté Bill de lui et avait pris sa main dans la sienne, entremêlant leurs doigts. Bill ne dit rien, ne bougea pas d'un poil. Il avait toujours les yeux fermés et savourait la sensation de la peau de Tom contre la sienne, bien qu'il soit assez surpris. Tom le prenait souvent dans ses bras, le câlinait, lui soufflait dans le cou, le complimentait, un peu trop par moment ... mais jamais il ne lui avait pris la main.


Un peu plus à l'aise, Bill se rapprocha de Tom et nicha sa tête dans son cou, humant son odeur. Qu'importe la façon dont ils devraient agir après, le comportement qu'ils devraient avoir, ils profitaient de l'instant présent. Ils avaient toujours eu tendance à flirter un peu - depuis que Tom avait découvert l'homosexualité de Bill - alors un peu plus ou un pu moins ne changerait pas grand chose. C'était plus le côté intime de ce rapprochement qui les gênait un peu, ça donnait l'impression d'être un couple. Ce genre de pensées ne faisait sourire que Bill.


- T'es trop mignon quand tu dors, lança Tom au bout d'un apaisant long silence.
- Merci ...
- Tu veux toujours que je te serve d'oreiller ?
- Que si tu mets une couverture sur nous, j'suis aussi gelé qu'un iceberg.
- Pourtant je chauffe rien qu'en te regardant, pensa Tom et en plaçant une couverture sur leur deux corps, ça te va comme ça ?
- Impeccable, ronronna Bill.


Ce genre de pensées ne faisait sourire que Bill. Son sourire pourtant rayonnant paraissait bien fade à côté de l'expression de sérénité qu'affichait Tom sans même s'en rendre compte. C'était comme ça à chaque fois qu'ils étaient ensemble. Même si Bill passait du coq à l'âne en un rien de temps, intérieurement ils étaient foutrement bien ensemble. Cela était plus perceptible chez Tom que chez Bill. Celui-ci avait des tics qui n'apparaissaient qu'en présence de Tom.

Bill s'était fermement collé contre Tom et profitait de la douce caresse ô combien apaisante que les doigts de Tom lui procuraient. Sa tête était toujours nichée dans son cou et sa main jouait avec les dreads de Tom. Il mourait d'envie d'embrasser sa peau, de la sucer, de la lécher, de goûter Tom tout entier. C'était plus qu'agréable de l'avoir contre lui. Ca lui avait longtemps parut irréalisable et maintenant, il voulait déjà le sentir plus.

Dans son semi sommeil, il pouvait sentir les mains de Tom sur lui. Une qui glissait dans son dos et l'autre qui jouait avec ses doigts. Son souffle contre sa nuque le faisait frissonner, sa douceur le reposait et le comblait. Il n'aurait su dire à quel stade de l'affection étaient les gestes de Tom, s'ils étaient là pour qu'il s'endorme, pour le plaisir de le toucher ou pour être sûr qu'il soit bien à l'abri de tout. Mais une chose de sûre, c'est qu'il était conquis de l'attention que Tom lui portait. Quoi qu'il dise et quoi qu'il fasse, c'était sa perle rare. Son Tom à lui et rien qu'à lui, il lui appartenait qu'il lui appartenait.


[ ... ]


" T'aurais pu me réveiller tu sais "

" Oui mais non. T'es déjà de mauvais poil quand t'es fatigué, j'ai pas voulu tenter le diable au matin. "

" Flipette
"


Bill se mit à rire, il aimait provoquer Tom en remettant en cause sa prétendue situation de mâle dominant. C'était à la fois amusant et plaisant.


" TU es la Princesse et JE suis le prince charmant. Donc la logique veut que se soit toi la flipette, pas moi. "

" Ta logique comme tu dis, veut aussi que les princesses ne soient pas violentes. Théoriquement, tu ne risquais rien. Flipette xD "


" Ok, je retiens. Je sais pas si t'auras droit à un réveil royal, mais à la Tom, ça c'est clair et net. "


" C'est à dire ? "


" Debout à 5h30 précise, sous la douche de 5h30 à 5h40, petit-déjeuner de 5h40 à 6h et après tu feras ton lit au carré. "



Bill roula des yeux, s'attirant un léger rire de la part de Tom, et il soupira.


" Si c'est comme ça que tu traites les princesses, je pars m'exiler en Moldavie, en Ouzbékistan ou dans un autre pays où les femmes sont traitées avec respect. "


" Toi t'as pas beaucoup d'humour. Pète un coup sérieux, ça te détendra. Un réveil à la Tom c'est bien mieux que ça, mais ne rêves pas pour que je te révèle comment je fais, sinon ça ne sera plus du Tom product' "


" Par contre t'as le sens des affaires "


" Ouais, mais tu pas l'air très réceptif, ni de super humeur. T'es pas encore totalement réveillé c'est ça ? "



Il était un peu plus de onze heures du matin et Bill avait été surpris de se réveiller seul dans son lit. Il s'était senti si bien dans les bras de Tom, bien au chaud, protégé et bercé. Il ne connaissait peut-être pas les réveils selon Tom, mais s'ils étaient équivalents à ses veillées, il l'épouserait sur le champ. Peu importe que le mariage homosexuel soit toléré ou non. Un homme tel que Tom était à marier. Définitivement. Autant joindre l'utile à l'agréable se dit Bill.

Si sa nuit avait été parfaite, la meilleure depuis des lustres, le réveil fut brutal. Un oiseau s'était écrasé contre la vitre, faisant un bruit assourdissant et piaillant une bonne demi-heure. Bill avait été incapable de se rendormir et avait regretté la nuit passée dans les bras de Tom. Cependant, Tom avait raison. Au soir ou au matin, Bill était d'une humeur massacrante. Il avait bien fait de ne pas le tirer de son sommeil, il aurait très certainement eu droit à une gifle magistrale. Tom le connaissait si bien ...



" Oui, mais c'est surtout parce que mon super(be) oreiller est parti en douce. "

" Et c'est pour ça que t'es de mauvais poil ? "

" Oui ! C'était le meilleur oreiller que j'ai jamais connu. Ca faisait des années que j'avais pas dormi aussi bien. Puis il sentait très bon, il était très doux et surtout, très confortable ... "



Bill se sentit rougir, pas franchement habitué à dire de telles choses, c'était plus du ressort de Tom que du sien. Il rougit encore plus lorsqu'il aperçut une lueur suspecte apparaître dans les yeux de Tom et qu'il noircit son tableau blanc. Il était dns tout ses états et se maudissait d'avoir lancé un jeu pareil.


"Je vois ... Des oreillers t'as pas du en connaître beaucoup, j'me trompe ? Tu sais que si tu cherches pas, tu trouveras pas. Enfin j'dis ça, j'dis rien ... En tout cas ravi que tu en aies enfin trouvé un. Et je dis pas ça parce que je connais cet oreiller très intimement. "

" Non mais ça c'est juste parce que je t'ai vanté ses qualités. Depuis dix ans que je l'ai, ça fait dix ans qu'il dégage une drôle d'odeur, qu'il est rêche, désagréable, inconfortable et mou. "



Il pouffa dans sa moustache et retint au possible son fou rire lorsqu'il vit la mine déconfite de Tom. Ca avait le mérite de diminuer son rythme cardiaque et de le faire revenir à la normale.


" C'est étrange. Le mien est doux, toujours chaud, il sent très bon et je dors toujours bien avec. "


Bill rougit une fois de plus, ayant du mal à ne pas rouler des yeux et se reconcentra sur son ardoise.

" Mon rêve à moi c'est d'avoir un oreiller comme cette nuit pour l'éternité. J'aurais déjà moins mal aux cervicales, et ensuite, je pourrais en faire ce que je veux et l'avoir rien que pour moi. "

" Et merde ! Je savais pas qu'on pouvait des crises de manque d'oreillers ! T'as jamais pris de substituts du genre, traversins, peluches, coussins ... ? "

" Non, je suis fidèle à mon oreiller et je le resterais. "



La conversation était particulière. Ils se disaient des choses que jamais ils n'auraient pensé se dire .Bill avait l'excuse de ne pas être totalement réveillé, mais pas Tom. Bill pouvait toujours mettre cette nouvelle facette de lui sur le compte de la fatigue. Ca lui faisait plaisir de se livrer de la sorte à Tom, bien que ça l'effraie quelque peu de lui avouer, implicitement ou non, ses sentiments. Il ne doutait pas de la réaction de Tom, il avait incroyablement peur de faire une gaffe, d'être confronté à un face à face avec Tom ou encore de se prendre le râteau du siècle. Celui qui serait uniquement exposé en vitrine de Jardiland et vendu aux enchères par la suite.

Il regarda à travers la vitre et il scruta automatiquement le visage de Tom. Il n'avait pas l'air surpris, quoiqu'un peu tout de même , pas de mine d'effroi ou de dégoût, toujours cette adorable paire d'yeux pétillants et une expression qui semblait vouloir dire " J'ai compris ". Bill se sentit déstabilisé mais ne bougea pas et tenta de rester impassible. A l'intérieur de lui ça festoyait et ça combattait. Il était à la fois heureux et craintif.


" Alors je te donne un conseil d'ami, mais tu le gardes pour toi compris ? C'est encore du Tom product. Garde cet oreiller, ne le quitte jamais, essaie même toi au harcèlement d'oreiller (: "

Etait-ce une blague ? Une hallucination ? Voyait-il bien ? Tom lui disait bien de tenter sa chance ? Avait-il au moins compris de quo iil parlait exactement ? Tout était confus dans sa tête et il ne savait quoi répondre. D'un côté il avait envie de sortir de chez lui et de se précipiter dans la maison voisine, et de l'autre, il voulait se terrer dans un trou de souris, histoire d'être sûr que tout ce la n'était qu'un rêve. Bon ou mauvais, peu importe.




[ ... ]


Cela faisait maintenant une semaine qu'ils avaient poussé le flirt au delà des gestes. Les conversations ambigües étaient de plus en plus fréquentes et poussées. Ils disaient beaucoup, imaginaient, mais ne tentaient rien. Ils étaient comme paralysés par leur envie de plus. Le risque qu'ils courraient était beaucoup trop important. En un faux pas ils pourraient perdre dix ans d'une amitié forte et unique. Alors non, ils ne voulaient pas se lancer plus loin. Ils tenaient bien trop à l'autre pour risquer de tout détruire entre eux.

Plusieurs fois ils avaient fait route ensemble, tous les jours à vrai dire. Les trajets étaient plus détendus et agréables dans la mesure où, ils ne se taquinaient plus, ils flirtaient ouvertement aux yeux de tous, Tom se fichant de l'image qu'il devait donner de lui. Bill était toujours aussi gêné en public, et cette gêne plaisait atrocement à Tom. Bill jouait avec ses doigts, écaillant quelque peu le vernis qu'il avait sur les ongles, il avait tendance à faire se rencontrer ses genoux alors qu'il était debout, il jouait constamment avec une mèche de cheveux. En bref, il était tout ce que Tom aimait. A la fois extravertie et discret, un délicieux mélange qui faisait ressortir la véritable personnalité de Bill.

Bill était celui qui se réjouissait le plus de ce rapprochement bien qu'il ne le montre pas. Le comportement de Tom l'attendrissait, car il essayait de paraitre le plus charmeur possible, mais au final il passait toujours pour un type attentionné. Et Bill adorait avoir toute l'attention d'une seule et unique personne pour lui. Ca lui donnait l'impression d'être important et il avait la sensation de l'être auprès de Tom. Ca le comblait.

Cependant, une fois dans l'enceinte du lycée, ils reprenaient les bonnes vieilles habitudes et partaient chacun de leur côtés. Tom allaient retrouver ses faux-amis - ils ne les portaient pas dans son coeur - et Bill s'en allaient vers Gustav, lui raconter les quelques minutes passaient avec Tom. Ils avaient chacun leur routine, et même si elle était difficile à préserver, poursuivre, ils se devaient de le faire. S'ils ne le faisaient pas, ils auraient trop de regards sur eux d'un coup, le changement serait trop brusque et Bill en pâtirait . Chose que Tom refusait.


Ce midi et comme tous les midis depuis une semaine, ils s'envoyaient plusieurs sms plutôt que de manger. Tom avait les yeux rivés sur son portable alors qu'il avait près d'une dizaine de personnes autour de lui. Aucune d'elles ne semblaient remarquer qu'il ne participait pas à leurs nombreuses conversations, encore moins qu'il avait complètement ignorait leur présences.

Bill et lui communiquaient encore et toujours, parlant de choses et d'autres, toutes plus futiles les unes que les autres, mais préservant ce petit jeu qui s'était installé entre eux. Tom n'arrivant pas à jouer ce rôle quil avait auprès de sa troupe, Bill était le plus coquin d'eux deux. C'était rare, mais il lui arrivait tout de même de dire des choses si obscènes que même Tom n'en revenait pas alors qu'ils se connaissaient depuis l'école primaire. Cela contrastait complètement avec cette apparence si douce et fragile qu'il donnait de lui. C'était étrange, surprenant, mais surtout excitant. Ils étaient jeunes, alors autant en profiter, on ne vit qu'une fois.


Une fois de plus, Bill était parvenu à mêler humour et perversité. Tom faillit en recracher ses petits pois.


De : Princesse

Sérieux, t'as vu l'averse ? Ca fait une semaine qu'il pleut comme ça ! J'vais finir par me noyer avec toute cette eau. Et si jme noie, faudra bien quelqu'un pour me sauver ( autrement dit toi, nouille sautée que tu es ). Tu srais très sexy en petit slip de rouge bien moulant, les dreads volant au vent, ton corps dégoulinant d'eau ... de pluie, glacée qui te le ferait rétrécir et qui te rendrait tout bleu. "



Il s'étouffa définitivement en lisant la fin du message et regretta une micro seconde le désintérêt total que lui accordaient ses camarades de table. Il pourrait mourir étouffé par ses petits pois que tout le monde s'en foutait. Mais d'un côté, il en était plus que ravi, il ne se voyait pas leur dire pourquoi, et encore moins leur adresser la parole, plus que le simple "Bonjour" auquel ils avaient le droit tous les matins.


A : Princesse

T'as les idées tordues poulette. Je t'ai déjà dit d'arrêter de sniffer tes Skittles c'est mauvais pour la santé. Et puis j'suis pas une nouille sautée d'abord. Je suis ton maître, ton idole, ton dieu. Tu ne vis plus, ne jures plus, ne vois plus que par moi. Je suis maître de ta vie et de tes pensées, tu me dois donc le respect. Si tu ne le fais pas, je serais obligé de sévir ( sale palefrenier va. ) En général, on inflige une sentence corporelle. Tel que je te connais ça va te plaire, mais tu va vite déchanter petite coquine :p


De : Princesse

Mais en plus monsieur est exigeant ! Je l'avoue je pense sans cesse à toi, je suis fou de toi, même que je passe toutes mes nuits à me doigter en pensant à toi, je mouille pour toi. J'ai même donné ton prénom à mon tube de mascara ( il m'est bien utile si tu vois ce que je veux dire ), ça rajoute du piment à mes moments de solitude profonde. Puis même que là je peux foncer au chiotte et recommencer, et aussi, puisqu'on y est, ma mère c'est Benoit XVI hm. C'est moi ta muse , NOUILLE SAUTEE !


A : Princesse

Tu te fous de ma tronche ou je rêve ? Tu oses un tel affront sur ma personne ? Que ce passe-t-il jeune enfant ? Tes parents t'auraient-ils mal éduqué ? Sache qu'on ne parle pas comme ça à une personne aussi importante pour l'humanité que moi. Châtiment corporel sinon ( et c'est pas le fouet que je vais sortir, mais le martifouette, gareà ton joli fessier cocotte ). Si vraiment tu étais ma muse, on aurait déjà fait N'golo n'golo dans la case ...

De : Princesse

Si monsieur insiste ... Tu peux d'ores et déjà venir me choper par le colbac et séquestrer autant que tu le souhaites. Je n'ai pas peur, je suis même ( très ) preneur de toute cette violence. Tant que ça vient de toi et non du machin bigleux à la mâchoire de cheval à côté de toi.



Tom chercha des yeux cette chose bigleuse et tomba très vite sur une personne non identifiée, au physique tout aussi ... non identifié, carrément insolite et ... inopiné. Il ne chercha pas à comprendre comment ni pourquoi Bill lui avait parler de cette personne de là où il était. Tom était bête et discipliné, il faisait tout ce qu'on lui disait et ne réagissait que bien après, une fois la tâche accomplie. Là encore, c'est ce qu'il venait de faire. Après avoir jeté un regard à cette personne indéchiffrable physiquement, il tourna la tête et tomba nez à nez avec Bill.

- Bouh.

Il ne répondit rien, se demandant encore ce qui lui arrivait.

- Si c'est comme ça que tu prévois de me séquestrer, je comprends que ça ne puisse pas être une partie de plaisir. J'espère juste que t'es pas à ton maximum, plaisanta Bill.

Tom ne réagissait toujours pas, trop pris dans sa contemplation. Bill se tenait face à lui, très près de son visage et surtout, en plein milieu du self alors que Tom était encore avec son pseudo fanclub.

- Réponds-moi hier aussi, c'est pas un problème tu sais, ironisa Bill, j'te signale que ta bande de lèche-boules est partie depuis cinq minutes.
- Ah bon ?
- Non, non, j'avais juste envie de le dire, répondit-il sarcastiquement.
- Toi tu tiens vraiment à finir ligoté sur un tronc d'arbre en plein dans la zone de déforestation de l'Amazonie, j'me trompe


Bill explosa de rire, attirant tous les regards sur eux et s'assit à côté de Tom. Tom ou comment casser l'ambiance en moins de trente secondes. Où avait-il été pêcher une idée pareille ? Au moins elle avait le mérite de faire rire Bill. Un bon point selon lui.

- Mon pauv' vieux, t'as compètement craqué ton slip , s'esclaffa Bill.
- J'ai pas mis de slip aujourd'hui, juste un boxer.
- Alors t'as craqué toutes les ficelles de ton boxer , conclut-il.


Ils se regardèrent droit dans les yeux, Bill ayant du mal à calmer son fou-rire, et Tom posa sa main sur sa cuisse. Il la posa simplement, ils étaient dans un lieu public. C'était déjà suspect de les voir tous deux, riant ensemble, alors si on les surprenait se touchant de la sorte, se serait plus que suspect.

Bill s'arrêta de rire quand, à son tour, il posa l'une de ses mains sur Tom, sur sa hanche plus précisément, et qu'il le colla à lui. L'ambiance avait subitement changé, comme souvent ces jours-ci. Bill déposa un baiser sur la joue de Tom, lâchant sa hanche et lui faisant retirer sa main de sa cuisse.

- J'ai cours maître, je suis obligé de vous laisser. Disons, dix-sept heures devant la grille royale, d'accord ?

Tom hocha la tête et regarda Bill partir, son plateau en main et ses hanches balançant de gauche à droite. Un véritable régal se dit Tom.

Une fois dans les couloirs, Bill repris une respiration normale et s'assit devant sa salle de classe. Il n'en revenait tout simplement pas. Comment pouvait-il avoir le courage de dire de telles choses à Tom sans rougir ? Où trouvait-il la force suffisante d'assumer ses paroles, et par la même occasion, son petit côté chaudasse - c'est ainsi qu'il l'avait rebaptisé - ? Il se surpassait. Il devait être fou, et pas seulement de Tom.



[ ... ]


Leur journée de cours était enfin terminée. Toute l'après-midi Bill avait cogité sur la semaine qui venait de s'écouler, de la conversation de la pause déjeuner et de l'extrême chance qu'il avait de pouvoir côtoyer Tom. ( Beaucoup de lycéens s'étaient mis à l'envier pour cela. ) Il s'était rendu compte de toute la chance, le privilège qu'il avait d'être ami avec lui, d'en être aussi proche, intime. Car il fallait l'avouer, de vrais amis, Tom n'en avait pratiquement pas.

Ils faisaient de nouveau route ensemble, étroitement collés l'un à l'autre, leurs doigts glissant de temps en temps entre eux, ils ne parlaient pas. Le silence n'était pas pesant, ni gênant. Il était plutôt apaisant, les mettant dans un état de plénitude complète, se sentant en phase avec l'autre. Bill plus que Tom.

L'atmosphère était tout aussi apaisante. Pour un mois de Novembre, il faisait étonnamment doux malgré la nuit tombante. Cela ajoutait de la magie à cet instant maintenant banal de leur quotidien. Même les nombreuses réflexions que Bill se faisait à lui-même ne parvenaient pas à perturber ce moment.

Bill cogitait toujours, notamment à la suite des évènements. Il avait bien une petite idée, mais il avait peur de se ridiculiser plus qu'autre chose. Après tout, il n'avait aucune idée de comment son geste serait reçu et interprété. Peut-être qu'il se prendrait une gifle ou une paire d'insultes. Mais soit, il verrait bien sur le moment. S'il se mettait à angoisser maintenant, il aurait non seulement fait fonctionner ses méninges pour rien, mais il aurait surtout espérer dans le vide.


Arrivés devant la maison de Bill, ils se stoppèrent simultanémentet se tournèrent l'un vers l'autre. Tom regardait Bill, et Bill regadait Tom. C'était, en quelques sortes, la suite logique au trajet qu'ils venaient de faire. L'heure était aux séparations et dans leur tête ils se demandaient quoi faire. Se faire la bise et repartir chacun de son côté ou rester encore un peu ? Au bout de longues minutes d'hésitation et de fixation, Bill décida pour eux.

- Tu veux entrer ? Demanda-t-il timidement
- Que si tu me promets que ta mère n'est pas là pour nous engraisser.

Bill roula des yeux, faisant rire Tom, et pris sa main dans la sienne. Une fois à l'intérieur, Tom s'excusa et parti aux toilettes, Bill lui répondant un " Surtout évites de te perdre ! ".

Dans sa chambre, Bill avait posé son sac sous son bureau et s'était emparé de son portable. Il ne savait plus tenir plus de deux minutes sans Tom à ses côtés. C'était le seul côté néfaste de leur rapprochement, maintenant il pensait tellement à Tom, qu'il ne pouvait s'empêcher de communiquer avec lui à tous moments de la journée. Le message fut vite envoyé.



A : Tom

Tu t'es perdu en route ou t'arroses mes chiottes ?



La réponse arriva bien vite et Bill se dit que, pour quelqu'un censé être aux cabinets, il répondait un peu trop rapidement.


De : Tom

C'est parce que j'ai une vessie d'environ 100m cube. Le temps de tout évacuer ... voilà quoi. Manquerais-je déjà à mon sujet ?


A : Tom
Mais où est-ce que tu vas chercher des idées pareilles ? Je m'inquiète, c'est tout. Puis imagine si tu t'étais noyé dans la cuvette ?


De : Tom
Et ben que t'ai envoyé un message ou non, t'aurais quand même du ramener ton joli ptit cul jusqu'aux vécé pour t'assurer que tes chiottes ne m'aient pas enlevé...

A : Tom
Qu'est-ce qui me dit qu'ils t'ont pas déjà kidnappé ?


De : Tom
Bonne question. Pourquoi tu viendras pas, qui sait, ton pécu peut aussi tenter de m'agresser ou la brosse à toilettes, de m'embrocher. Il me faut une princesse charmante pour me délivrer des vécés maléfiques et qui sera capable de me faire oublier ce traumatisme de mon âme si pure et si parfaite.


A: Tom
Alors je suis la femme de la situation ! Patience homme, ton heure n'est pas pour aujourd'hui.



Bill sortit de sa chambre, descendant les escaliers quatre à quatre et se précipita aux toilettes. Si sa mère avait été là, elle l'aurait trouvé fou de descendre les marches avec une telle rapidité et en frappant dans ses mains. Or il était seul chezlui, avec un Tom enfermé dans les waters.

Devant la porte des cabinets, il souffla un bon coup pour se donner du courage, son idée n'étant pas partie de sa tête, et il tapa trois petits coups contre la porte.

- C'est ouveeeert ! Lui cria Tom, mais fais vite avant que le Canard WC ne m'empoisonne !

Il pouffa de rire face à la porte et la stupidité de Tom, et ouvrit ladite porte.

- Halte gente damoiseau ! Votre sauveuse est enfin arrivée, dit-il la voix plus que sérieuse.

Tom s'agenouilla automatiquement face à Bill et le remercia.

- Ma chevalière servante, merci ! Merci à vous de m'avoir sauvé la vie, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans vous.
- Vous seriez sûrement en train de combattre les forces diaboliques de la fosse sceptique.
- Que puis-je faire pour vous remercier, ô âme sauveresse ? Bill roula des yeux, amusé et poursuivit.
- Embrasse-moi.
- Hein ?!
- Deux, ta mère elle pond des oeufs !


Bill agit instinctivement et se jeta sur les lèvres de Tom. Toute l'après-midi il avait réfléchit àa ça, à la manière dont il pourrait se lancer et précipiter d'avantage les choses. Il avait espéré que cela se fasse spontanément, un peu comme maintenant, et que Tom se montre un peu plus réactif. Il avait attendu cet instant tellement longtemps qu'il peinait à croire que se soit lui le premier à s'être jeté à l'eau. Cette idée l'avait tant effrayée qu'il ne pensait pas qu'elle se réalise un jour. Toutes ces années ça lui avait parut si irréalisable, inimaginable, comme de la sciences-fiction. Il avait rêvé près de dix ans que Tom l'embrasse et au final, les rôles s'étaient inversés.

Tom n'avait pas trop réagi quand il sentit les lèvres de Bill se presser contre les siennes et que ses mains serrèrent de trop ses épaules. C'était arrivé si brusquement qu'il ne pouvait qu'halluciner. Son Bill ne pouvait pas faire ce qu'il pensait, ce n'était pas possible, ce n'était pas le genre de Bill. Il était trop timide pour ce genre de choses. Ca ne lui ressemblait tout simplement pas.

Quand il s'aperçut que la langue de Bill glissait entre ses lèvres, il eut comme un déclic et réagit enfin. Il passa ses mains autour du cou de Bill et le rapprocha de lui, approfondissant le baiser. Un tas de choses se bousculaient en eux, comme si ce baiser était la chose qu'ils avaient le plus attendu au cours de leur vie. Bien que se soit Bill qui dirigeait le baiser, à l'intérieur de lui il était à la fois tétanisé et excité. Des tonnes de papillons s'étaient envolés dans son ventre, son coeur battait horriblement vite, il tremblait et il s'essoufflait petit à petit. Tom embrassait divinement bien.

Après quelques minutes, ils se détachèrent et Bill prit une fois de plus la main de Tom dans la sienne, les entraînant dans sa chambre. Il ferma la porte à clés et se jeta à nouveau sur la bouche de Tom. Ils reculèrent jusqu'au lit tout en s'embrassant et Bill s'allongea sur Tom.

Ils se touchaient à travers et sous les vêtements, leurs mains étant sérieusement baladeuses et alternaient entre caresses et touchers plus durs telles que les griffures, entre autre. Leurs langues se liaient et se déliaient au fur et à mesure qu'ils se touchaient et qu'ils haletaient. Tout était si bon, si jouissif, si extraordinaire ! Ils ne pensaient pas une seule seconde à ce qu'ils faisaient réellement, ni à ce qu'ils devraient faire après, et encore moins à réfléchir à l'ampleur de leur acte. Pour Tom, passer du rang d'ami à celui d'amant n'était jamais bon, il apporté plus d'ennuis qu'autre chose.

Lentement, la main de Tom passa sous le boxer de Bill et il se retira, stoppant le baiser. Ils se regardaient fixement et ne disaient mots. Les paroles n'étaient pas utiles, tout passait par le regard et ils arrivaient à se comprendre comme ça. Tom pouvait voir que Bill avait été gêné par son geste, mais il voyait surtout toutes les petites étoiles qui y scintillaient, le sourire qui s'installait doucement sur ses lèvres et le regard totalement fondant qu'il venait d'adopter. Bill avait plus qu'apprécié ce moment, il était amplement ravi et fier d'avoir fait le premier pas et il était clair qu'il n'avait pas envie de se prendre la tête quant aux probables conséquences qu'il pourrait y avoir.

Tom lui rendit son sourire, un merveilleux et radieux sourire. Il irradiait de bonheur, dévorant Bill des yeux. A cet instant précis, tout lui paraissait plus clair. C'était si évident ... comment avait-il pu passer à côté de ça ? Jamais il n'avait eu un trop plein d'affection pour Bill, ni même de l'amour, amicale ou non, à revendre durant ses jours de bonté. Il en était tout simplement amoureux. Jamais il n'avait trouvé Bill si beau qu'aujourd'hui. Ca lui regonflait et réchauffait le coeur de le voir si radieux et heureux.

Bill lui déposa un baiser sur la joue et posa sa tête sur son torse. De ses doigts, il prit une dread et joua avec, la fixant d'un air sévère, comme s'il était en guerre contre elle parce qu'elle refusait de s'enrouler parfaitement autour de son doigt et, sous l'emprise de l'agréable chaleur que dégageait Tom, il s'endormit.



[ ... ]


Bill était dans sa salle de bain, s'acharnant sur ses mains mouillées. Ce soir il voyait Tom et même s'il savait que ce genre de choses lui plaisait, il n'avait pas envie de venir avec du feutre et du fusain plein les mains. Ca faisait plus sale qu'attendrissant, surtout à son âge. Il coupa l'eau et essuya ses mains dans son Jean's.

Il était déjà entièrement préparé, seul le lavage de ses mains avait été un véritable supplice. Il s'était fait le plus beau possible pour Tom et avait même déjà emballé son cadeau. Ce soir ils fêtaient leurs six mois ensemble. Et cela faisait six mois qu'ils ne se lâchaient plus d'une semelle, accentuant la doublevitrageophonie, les textos et les appels, s'affichant publiquement au lycée et dans la rue. Ils étaient comblés.



Ce soir, Tom avait prévu de les emmener au restaurant, voulant à tout prix sortir le grand jeu pour Bill, faire en sorte qu'il se souvienne toujours de cette soirée. Tout comme il se souvenait de leur premier baiser puisqu'il avait pris sur lui, et avait mis sa timidité de côté pour enfin se lancer et les faire avancer.

Bill se passa un dernier coup de brosse dans les cheveux, et la sonnerie retentie peu de temps après. Il n'eut pas le temps d'enfiler ses chaussures que Tiom s'était autorisé à entrer dans l'habitation, se dirigeant immédiatement dans la chambre de Bill.

Très vite Bill sentit deux mains se poser sur ses hanches et une paire de lèvres embrasser son cou. Il se retourna et tomba face à Tom, un sourire charmeur et charmant au coin des lèvres. Il passa ses bras autour de son cou, dégageant quelques dreadlocks pour être plus l'aise et l'embrassa amoureusement. Cependant une question le turlupinait et il stoppa le baiser ( l'une de ses nouvelles manies, il aimé se retirer quand ils s'embrassaient pour des remarques toutes plus inutiles les unes que les autres. )


- Comment ça se fait que tu sois là si tôt ?
- J'avais un cadeau à te donner avant de partir, répondit-il malicieusement.
- Ah bon ? Qu'est-ce que c'est ?
- Déjà, j'ai réussi à trouver un énoooooorme paquet de Skittles et ensuite ... Je t'aime.

Bill se jeta sur ses lèvres et l'embrassa aec tout l'amour et toute la fougue qu'il avait en lui. Il avait toujours su que Tom l'aimait, ça se voyait comme le nez au milieu du visage, mais jamais il ne lui avait dit. Il était pudique avec ses sentiments et préféraient toujours attendre qu'une histoire soit sérieuse avant de le dire. Pas comme toutes ces personnes qui prétendaient vivre l'amour fou au bout d'une demi-journée.

Tom ne l'avait jamais forcé à le dire non plus. Il tenait à ce que Bill le pense sincèrement et que cela vienne tout seul. D'autant qu'il était à ce jour, le seul petit-ami que Bill n'ait jamais eu jusqu'à lors, il tenait réellement à ce que Bill ressente l'amour brûlant au fond de lui et la passion qu'il pourrait avoir à chaque fois qu'il poserait les yeux sur lui. Il faisait tout en douceur pour ne pas le brusquer. Il le respectait toujours autant qu'avant, si ce n'est plus. Bill était réellement sa propriété privée qu'il tenait à protéger et à préserver de tout.

En six mois, ils n'avaient jamais été plus loin que de ridicules préliminaires, aucun des deux ne se sentant prêt ni même intéressé par la chose. Ils s'aimaient tellement que de le faire dans l'immédiat ou non, leur importait peu. Au fond d'eux, ils savaient que leur histoire durerait suffisamment longtemps pour qu'ils n'aient pas à se préoccuper de ça. Ils se complaisaient déjà suffisamment dans leur bulle d'amour.

Pourtant, ce soir, le cadeau que Bill voulait offrir était sa virginité. Il avait le sentiment d'avoir assez attendu pour le faire, et estimait que Tom était la personne idéale pour ça, que la situation était parfaite. Il était totalement fou amoureux de Tom, il voulait le lui montrer à sa façon et prouver qu'ici aussi, les gestes pouvaient remplacer les mots. Et la déclaration de Tom n'avait fait qu'accentuer cette envie. Il était si heureux d'avoir une preuve aussi concrète de son amour qu'il peinait à retenir ses larmes. Tom était parfait en tout point, et lui et sa perfection le tueraient un jour. D'amour et de bonheur.



- Je t'aime aussi.


Fin.

 

 

 

 

 

 

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