Chapitre 1


Les épaules de Bill s'affaissèrent alors qu'il grimpait les marches, son sac de cours glissant presque tout du long de ses bras, menaçant de s'écraser dans la cage d'escalier. Ca avait été une dure journée et son corps tout entier le faisait souffrir. Il s'était levé à six heures, avait pris son vélo pour aller en cours, avait servi de nombreuses tables à l'heure du midi, avait couru pour retourner en cours, avait couru de nouveau pour aller faire le service du dîner, et ensuite avait pédalé dans le noir pour rentrer. Il était plus de dix heures lorsqu'il arriva et il était épuisé.

En passant devant une petite vitre crasseuse, il jeta un coup d'œil à son reflet, la mine renfrognée. Dernièrement, il trouvait qu'il n'avait pas eu beaucoup de temps pour prendre soin de lui. Ses longs cheveux blonds pendaient mollement sur ses épaules, il avait des cernes, et il n'avait jamais eu l'air si maigre. Il y avait si peu d'heures dans une journée, et les siennes étaient de si grosses heures, qu'en fait cela lui devenait de plus en plus difficile de trouver ne serait-ce que le temps de dormir.

Finalement, il parvint à la plus haute marche et resta debout devant la porte de son appartement. De leur appartement. Bill soupira et ajusta son lourd sac, rempli de carnets de croquis et de fusains. Tout ce rythme d'enfer valait le coup, au moment de rentrer à la maison et d'y retrouver la personne qu'il aimait le plus au monde.

Il pêcha bruyamment ses clés au fond de son sac et était sur le point d'enfoncer la clé dans la serrure quand la porte s'ouvrit d'elle-même.

“Tom ?” demanda-t-il, regardant dans l'appartement. Il faisait sombre et il ne pouvait rien voir. “Si tu me sautes dessus...” Bill se glissa à l'intérieur, cherchant maladroitement l'interrupteur. “Tom ?” Une fois qu'il fut parvenu à allumer la lumière il rit de surprise. “Mais qu'est-ce que tu as fait ?”

Son frère était debout près de la table, souriant. “Surprise !” Le petit studio avait été nettoyé, tout le bazar avait été déplacé et rangé, le dîner fumait sur la table (le plat favori de Bill, des lasagnes faites maison), et un ballon gonflé à l'hélium déclarant “Félicitations !” flottait au-dessus de leur lit. L'appartement était petit et médiocre, mais avec Tom dedans, c'était toujours l'endroit où Bill se sentait chez lui.

Bill fixa son frère, un sourire planant sur ses lèvres. “Félicitations pour quoi ?” demanda-t-il, regardant le ballon. Tom ferma la porte derrière Bill et posa une main sur sa joue. Tom sentait le propre et ses courts cheveux blonds avaient l'air mouillés à la faible lumière de la cuisine. Il portait un jean usé et un t-shirt gris délavé. C'étaient ses vêtements de travail, mais ils sentaient le frais et le ventre de Bill papillonna. “Tu t'es même fait tout propre pour moi ?” taquina Bill. “Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour mériter ça ?”

Tom sourit et tendit une lettre à Bill. “Elle est arrivée.”

Les yeux de Bill s'agrandirent. “Oh mon Dieu.”

“Ouvre-la.”

“Et si je n'ai pas été pris ? Qu'est-ce qu'on fera ?” demanda Bill, ses doigts commençant à devenir moites à l'endroit où il tenait la lettre. Il tordit l'enveloppe dans sa main. “Toute la surprise, le ballon de félicitations...”

“Dans tous les cas, on va fêter quelque chose,” dit Tom. Il posa une main sur l'épaule tremblante de Bill. “Ouvre-la.”

“Je...” Bill tripota la lettre un moment avant de la tendre à son frère. “Fais-le toi, moi je peux pas.”

Tom secoua la tête. “Pas moyen, Bill. C'est la tienne.”

“Ugh. Okay.” Bill prit une profonde inspiration et ouvrit en déchirant l'enveloppe. Il sortit la lettre, sans la déplier. “Tom...”

“Hey,” dit doucement, serrant l'épaule de Bill. “Je crois en toi.”

“Vraiment ?”

Tom tira Bill vers lui, écrasant la lettre entre leurs torses. “Bien sûr que oui.” Leurs yeux se rencontrèrent et des mots silencieux furent échangés.

Bill déglutit et hocha la tête. “Okay, okay.” Il se recula un peu et déplia la lettre, la levant pour lire. Son visage s'affaissa quand il finit de lire.

“Bill ?”

Bill leva les yeux, des larmes y brillaient.

“C'est bon Bill, tu sais—”

Bill tomba en avant, enroulant ses bras autour du cou de Tom et lui coupant le souffle. “Je l'ai eue ! Tom ! J'ai eu la bourse d'études ! Bordel de merde !” Il sautilla sur place, des larmes de joie s'échappant de ses yeux.

Tom fit un immense sourire et glissa ses mains dans les cheveux blonds de Bill, tirant le visage de son frère tout proche. Il essuya de ses pouces les larmes chaudes. “Félicitations,” dit-il, et il pressa ses lèvres vers lui. Bill gémit joyeusement dans le baiser et autorisa Tom à le pousser contre le frigidaire. Les mains de Tom tinrent fort Bill et il approfondit le baiser, pressant sa langue humide dans la bouche de Bill.

Ils s'embrassèrent pendant un moment long et dense, jusqu'à ce que Bill ait besoin de se libérer pour reprendre son souffle. “J'arrive pas à y croire,” murmura-t-il.

Tom embrassa son menton, laissant sur mains glisser le long des bras de Bill pour les enrouler autour de sa taille fine. “Tu la mérites.” Leurs visages se penchèrent l'un vers l'autre et leurs lèvres se joignirent de nouveau, leurs nez se cognant gentiment. Tom couvrit de son corps celui plus petit de Bill, caressant le bas du dos de son frère jusqu'à ce qu'il se mette à trembler contre lui.

“Tom,” dit Bill, entre de doux baisers, “tu peux enfin quitter ce putain de job de restauration. Tu peux arrêter et tout sera tellement plus facile.”

Tom sourit et embrassa les lèvres de Bill, laissant sa langue traîner contre la peau sensible. “Non. Je veux que toi tu arrêtes ton job. Il t'use et tu peux à peine faire ton travail pour l'école.”

Bill fronça les sourcils et se tortilla sous les douces caresses de Tom. “Tom, tu as deux boulots, tu me soutiens. Je ne peux pas profiter de toi.”

“Ce que je soutiens, c'est 'nous', et tu ne profites de personne,” dit Tom. Il toucha tendrement la joue de Bill, essuyant les larmes de joie. “Tu as un vrai talent. Tu vas devenir un artiste célèbre un jour, pas vrai ?”

Bill rougit.

“Tu vas faire quelque chose de ta vie et alors tu vas devoir supporter ma gueule pour toujours.”

Les lèvres de Bill s'étirèrent vers le haut et il laissa de nouveau Tom le repousser contre le frigo. Il laissa Tom l'embrasser. Il laissa les mains de Tom soulever le bas de son t-shirt et le chatouiller entre les omoplates.

“Pour toujours,” dit Bill, et leurs lèvres se joignirent.

C'est comme cela que ça avait toujours été pour eux ; prendre soin l'un de l'autre. Ils n'avaient pas eu le choix autant donné que personne d'autre ne l'aurait fait. Ils devaient faire des sacrifices l'un pour l'autre, ils avaient toujours dû. Tom avait dû couper ses longs cheveux pour avoir un job décent, un job qui permette de payer le loyer et les hauts frais de scolarité de Bill. Un job qui permette d'avoir quelque chose à manger sur la table. Il avait dû mettre de côté ses rêves d'aller à l'université, d'être musicien. Il travaillait de neuf à dix-sept heures dans une entreprise de construction en ville et passait ensuite tout son temps libre à prendre des petits boulots dans les restaurants du coin.

Il n'avait que dix-neuf ans, mais il avait vécu l'équivalent de douze vies. Il avait fait tant de choses, bonnes et mauvaises, pour aider son frère, sans jamais regretter quoi que ce soit.

Le seul regret qu'il avait, la seule chose pour laquelle il aimerait retourner en arrière et changer ce qui s'était passé, était le sacrifice que Bill avait fait pour lui. Et il ne serait jamais capable de rendre l'équivalent de ce que son frère avait fait pour lui, quelque soit le nombre heures qu'il travaillerait en s'usant jusqu'à l'os, quelque soit la grandeur de l'amour qu'il pouvait lui donner.

Tom aimait Bill du mieux qu'il le pouvait, et c'était une chose qu'il faisait bien.

Bill se laissait faire entre les mains de Tom, il tremblait sous ses baisers. Bill cria adorablement lorsque la bouche de Tom trouva son cou, s'ouvrant pour laisser place à de petits baisers humides déposés tout le long de la peau douce.

“Oh, le lit, s'il te plaît,” soupira Bill, essayant de repousser Tom vers leur lit. Ils vivaient dans un studio à une chambre dans une partie de la ville qui était encore en construction et ils n'avaient pour autant que difficilement les moyens pour le loyer. La cuisine et la chambre étaient une même pièce, ce qui ne les dérangeait pas vraiment, parce que c'était pratique d'avoir toujours un lit sous la main. L'espace était encombré, mais organisé. Un chevalet s'élevait à côté du lit sous la faible lumière du ciel, c'était l'endroit parfait pour que Bill peigne durant la journée.

Les œuvres de Bill étaient dispersées dans tout le petit appartement, des photos accrochées à tous les murs, des peintures et des croquis roulés et planqués dans les coins. La présence de Tom n'était pas évidente, mais sa guitare et ses partitions occupaient un autre coin de la pièce.

“Le lit, Tom,” demanda Bill, doucement.

“A manger, j'ai fait à manger,” dit Tom, léchant le long de la gorge de Bill.

“Mmm,” gémit Bill. “Plus tard, s'il te plaît. Fêtons ça maintenant avant que je ne sois trop fatigué.”

Tom rit et commença à reculer vers leur lit. “Tu n'es jamais trop fatigué pour ça.”

Bill rougit et poussa Tom sur le matelas. Il le suivit rapidement, recouvrant le corps de son frère. “Merci pour la surprise,” dit-il. Il fit courir ses mains dans les courts cheveux et hérissés. “Hmm, tu dois pas aller à un job ce soir ?”

Tom fit rouler Bill sous lui, caressant de ses mains, rugueuses à cause de son travail, le torse de Bill. “Ne t'inquiète pas pour ça.”

“Tu as posé des heures pour moi, huh ?” Bill se tortilla et souleva la tête pour un baiser. Tom voulait taquiner Bill, lui donner tout ce qu'il voudrait sauf ce baiser, mais il ne put pas résister. Il n'avait jamais pu. Même pas quand ils étaient enfants. Il aurait fait n'importe quoi pour Bill, peu importe que ce soit stupide.

Tom embrassa Bill, se pressant contre lui, alignant leurs corps. Bill frissonna sous le poids chaud du corps de son frère et enroula ses jambes autour de la taille de Tom. Leurs excitations recouvertes se frottèrent et ils gémirent tous les deux.

“Qu'est-ce que tu veux ce soir ?” demanda Tom, embrassant toujours les lèvres de Bill. “Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?” Il releva le t-shirt de Bill, frottant ses articulations contre ses côtes et son ventre.

“La même chose que ce que je veux toujours,” dit Bill.

Ils sourirent tous les deux. Heureusement, ils voulaient tous les deux la même chose. Ils voulaient toujours tous les deux la même chose. C'est pour cela qu'ils s'accordaient si bien, parfaits frères et amants.

“En moi,” murmura Bill. Tom se releva et pressa sa paume ouverte le long du sexe de Bill. Bill couina et ferma les yeux. Tom s'assit sur ses cuisses, regardant simplement Bill.

Oui, Bill était une petite chose fragile, mais Tom pensait qu'il était magnifique. Peut-être qu'il pensait ça parce que Bill était son frère, ou peut-être qu'il n'aurait pas dû penser ça parce que Bill était son frère. Dans tous les cas, Bill lui coupait le souffle. Les deux frères étaient de vrais jumeaux, et avant que Tom ne se coupe les cheveux et n'ait pris un peu de poids, il était presque impossible de dire qui était qui rien qu'à la vue.

Maintenant, Bill avait l'air plus délicat, plus féminin que Tom. Cela rendit le sexe de Tom douloureux, il voulait maintenir Bill en place.

Tom pencha la tête et lécha le menton de Bill. “Tu ne veux rien d'autre ?” demanda-t-il, la voix joueuse.

“Et bien maintenant que tu le demandes...” Bill rit et poussa dans la main de Tom. “Touche-moi ?”

Tom se pencha en avant et embrassa Bill de son cou à son oreille, léchant le lobe. “Tout ce que tu voudras, Bill.”

Bill émit un bruit de satisfaction. “Voyons voir si tu sais tout ce que je veux. Voyons à quel point tu es bon.”

Tom voulait relever ce défi. “Je te connais par cœur.” Il tira l'étroit t-shirt par-dessus sa tête, se repencha immédiatement sur lui et lécha un téton dressé. Bill gémit. “Ca c'est une des choses que tu veux.” Il lécha encore.

“Mmm, oui,” soupira Bill.

Tom tourna l'autre entre ses doigts et Bill cria. “Ceci en est une autre.”

“Jusqu'ici c'est tout bon.”

Tom laissa son autre main traîner le long du corps de Bill, caressant ses bras et son torse, glissant de son cou à ses cheveux dans lesquels elle s'enroula. Il attrapa une pleine poignée des cheveux soyeux et blonds de Bill et tira.

Bill grimaça, ses hanches se soulevant en un soubresaut alors que Tom tirait. Bill lança à Tom un regard brûlant. Tom baissa la tête et reprit en bouche le téton de Bill.

“Oh putain,” gémit Bill.

Tom tira de nouveau sur les cheveux de Bill, sentant l'excitation de son frère battre contre la sienne. Bill aimait parfois que ce soit un peu brutal, et c'était une chose que Tom se sentait presque coupable de lui donner. Il ne voulait en aucun cas faire de mal à Bill, même si Bill aimait ça.

Ses doigts massèrent le crâne de Bill, apaisant la peau sur laquelle il avait tiré. Il relâcha le téton de Bill et ouvrit la bouche, les mots sur le point de sortir avant que Bill ne l'arrête.

“Ne dis pas que tu es désolé,” dit Bill. Tom hocha la tête et embrassa le visage de Bill. “Merci. Et maintenant, qu'est-ce que j'aime d'autre ?”

**

“Va te faire foutre, va te faire foutre, va te faire foutre !” Bill grimpa dans la couchette de son frère et saisit l'étui à guitare. Il le leva en l'air, menaçant de le faire tomber.

“Putain ne fais pas ça !” hurla Tom en réponse, ses dreads fouettant ses joues alors qu'il se tournait vers son frère.

Georg et Gustav fixaient les deux autres de leurs yeux écarquillés, glissant doucement vers l'arrière du bus. Ils étaient tous pas mal bourrés à cause d'une soirée passée en boîte, et il était tard. La dernière chose dont ils avaient tous besoin était une dispute. Ils avaient une interview en groupe tôt le lendemain matin. Mais on ne pouvait pas arrêter Bill et Tom quand ils étaient comme ça. Et ils avaient été prêts à se sauter à la gorge pendant toute la tournée.

Bill brandit la guitare un peu plus haut. “Où est-ce que tu gardes ta précieuse guitare quand tu viens les baiser ?” demanda-t-il. Les larmes roulaient le long du visage de Bill, ruinant son maquillage, ses yeux plus noirs que noir.

“Tu es un tel putain de connard qui veut tout contrôler !” cria Tom.

Les yeux de Bill lancèrent des éclairs et il balança la guitare dans l'allée, l'instrument cognant bruyamment contre l'étui. Tom fit un saut en arrière, l'étui atterrissant à ses pieds. Il baissa la tête, regardant la guitare.

“J'espère que je l'ai cassée, ta putain de gratte,” dit Bill.

Les mains de Tom se serrèrent, formant des poings, et il enjamba rapidement l'étui, se retrouvant face à face avec Bill. Il leva le poing.

“Est-ce que tu vas me frapper ?” demanda Bill. “Est-ce que tu vas le faire ? Fais-le. Bâtard.” Tom ne dit rien. Il abandonnait la partie, Bill le savait. C'est toujours comme ça que ça finissait quand ils se battaient, quand n'importe qui se battait d'ailleurs. C'était déjà comme ça quand ils étaient plus jeunes, quand leurs parents se disputaient.

Tom pouvait s'énerver jusqu'à un certain point et après il devenait engourdi, impassible. Ca rendait Bill fou, il voulait que Tom montre les dents et se batte pour se défendre.

“Je ne vais pas te frapper,” dit froidement Tom. “Et si tu as cassé cette guitare, tu pourras le dire à maman.”

C'était la première guitare de Tom, une vieille acoustique que sa mère lui avait offerte pour Noël, il y avait de nombreuses années de cela. C'était la seule guitare qu'il emmenait avec lui dans le tour bus.

Les yeux de Bill s'étirèrent en une fente. “Comme si tu en avais quelque chose à foutre de maman ou de moi.”

“Ta gueule,” dit Tom, croisant les bras. “Je ne t'écoute plus.”

“Ah oui ?” Bill frappa fort Tom au torse, juste entre la clavicule et le cœur. Il le refit et Tom grimaça. Pourquoi est-ce que Bill lui faisait ça ?

“Arrête,” dit Tom. Bill savait ce qu'il faisait. Ses doigts s'enfoncèrent dans la peau de Tom et Tom eut l'impression qu'il allait vomir, les larmes lui montant aux yeux.

“Tu n'es même plus Tom,” murmura Bill. Bill frappa de nouveau Tom et Tom grogna, attrapant sa main et la tordant.

Bill laissa échapper un couinement de douleur, mais laissa Tom lui faire mal. “C'est ça, continue à me faire mal.”

Il y avait des éclairs entre eux et Tom leva sa main et frappa brusquement Bill au visage. “Je ne te fais jamais mal, pas moi !” hurla Tom. Son cœur battait douloureusement, et il posa sa main tout contre l'endroit où Bill l'avait frappé. Des souvenirs le submergèrent et ses genoux faiblirent.

Bill avait reculé sous le coup, tombant allongé sur la couchette de Tom.

“Et je t'ai déjà dit de ne jamais toucher à ma guitare,” dit Tom.

Bill recommença à pleurer et Gustav s'approcha lentement des jumeaux. “Les mecs...” tenta-t-il.

“Dégage de là tout de suite,” grogna Tom, la colère surmontant la nausée. Il savait ce que Bill venait de faire, comment il venait de le frapper comme ça, juste comme si... “C'est entre Bill et moi.”

“Vous êtes tous les deux à moitié bourrés,” dit Gustav, la voix neutre.

“Il a jeté ma guitare,” dit Tom, serrant toujours son torse. “Il l'a mérité.”

Bill s'essuya le visage, poussant Gustav pour le dépasser, et balança un violent coup de poing à Tom. Tom repoussa facilement Bill. “Connard tu as baisé une fille dans le tour bus !” cria Bill. “C'est la règle. Pas de putain de groupies dans le putain de tour bus, espèce d'enfoiré.”

“Qui s'en soucie ?” dit Tom. “Personne à part toi. Tu as besoin de baiser .”

Bill essaya de nouveau de frapper Tom, mais Tom attrapa sa main, lâchant enfin son torse douloureux. “Georg et Gustav n'ont jamais enfreint la règle,” dit Bill, grognant. “Tu te fous de tout le monde sauf de toi.”

Tom rit, un son court et haché, et repoussa Bill, fort. Bill trébucha et Gustav le rattrapa avant qu'il ne tombe au sol.

“Arrêtez,” dit Gustav. “Tous les deux.”

Bill se tortilla hors de l'étreinte de Gustav. “Tu comprends pas, Gustav,” dit Bill. “Tom me hait.”

Le cœur de Tom lui fit mal. Toute sa poitrine lui fit mal. “Je ne te hais pas, espèce d'idiot.”

“Et je m'en fous qu'il me déteste, parce que putain je le hais,” dit Bill. Il regarda Tom, le regard glacial.

“Juste parce que j'ai enfreint une de tes stupides règles, ne veut pas dire que je te déteste,” répliqua Tom. “Tu tournes tout au drame.”

“Ce n'était pas juste à cause de cette fille, tu as changé ,” dit Bill. “Tu es juste comme lui .”

Cela atteignit Tom profondément. Il était sur le point de répondre quelque chose quand la porte du tour bus s'ouvrit avec fracas. Les trois garçons dans la zone des couchettes eurent un mouvement de recul, s'attendant à ce que ce soit David, prêt à les engueuler. Georg resta caché dans la pièce du fond.

Mais ce n'était qu'Andreas. Il entra la tête. “Um... Bill ?”

Bill s'essuya le visage et marcha vers la zone cuisine, dépassant Tom. “Sortons d'ici,” dit-il à son ami.

“Où est-ce que tu vas ?” demanda Tom.

“C'est pas tes putain d'affaires,” dit Bill. Il attrapa sa veste et son sac. “Et ne m'attends pas non plus.” Il fit demi-tour et ne jeta pas un autre regard à Tom avant de quitter le bus.

“Merde,” grogna Tom, se prenant la tête. “Merde.”

**

“Tu aimes ça,” murmura Tom, glissant lentement dans le corps de son frère, ils se tendirent tous les deux au mouvement.

“Oh, oui,” gémit Bill. “Oui, Tom.” Ils étaient entièrement emboîtés l'un dans l'autre, transpirant et s'accrochant désespérément à l'autre. “S'il te plaît, Tom.”

Ils s'embrassèrent, bougeant ensemble, respirant ensemble, étant simplement ensemble. C'était pour eux la plus parfaite des manières de se connecter. C'était une manière de rattraper le temps perdu. Tout le temps qu'ils n'avaient pas pu passer ensemble auparavant. Tout le temps qu'ils avaient perdu à désespérément se chercher l'un l'autre.

La tête de lit commença à taper rythmiquement contre le mur alors que Tom prenait son frère, s'enfonçant en lui jusqu'à ce qu'ils tremblent tous deux, proches de leur libération. “Je sais ce que tu aimes d'autre,” articula Tom. Il arrêta le mouvement de ses hanches et branla lentement Bill.

“Oh, oh !” haleta Bill. Tom ne bougeait toujours pas, mais continuait à caresser Bill. Bill se cambra, son corps magnifique s'étirant devant son frère, la sueur brillant sur toutes ses courbes, sur tous ses muscles, sur tous ses os. Tom pouvait à peine supporter la pression sur son sexe, mais il garda les hanches immobiles. Bill se tortilla, gémissant au bout du sexe de Tom, s'agitant d'un côté à l'autre.

Tom branla Bill jusqu'à ce que son sexe ait l'air d'être sur le point d'exploser, rouge et tendu.

“Bill,” dit Tom.

Bill ouvrit les yeux, regardant vers son frère. “Tom ?”

“Je t'aime,” dit Tom. Il branla encore une fois Bill, fort. Les hanches de Bill ruèrent vers l'avant et il jouit, son corps se serrant vicieusement autour de Tom. Tom grogna et poussa puissamment en avant, jouissant en Bill sans un son de plus.

Ils tombèrent ensemble, ouvrant leur bouche à l'autre et haletant. La respiration de Bill brûlait Tom et s'agrippèrent l'un à l'autre, Tom toujours à l'intérieur de son endroit préféré. A l'intérieur de Bill.

“C'était si bon,” gémit Bill alors qu'ils tremblaient.

“Félicitations,” dit Tom. “Pour la bourse, je veux dire.”

Bill rit et embrassa le nez de Tom. “Et si on mangeait un morceau du dîner ? Je meurs de faim.”

**

Bill pouvait à peine voir ce qu'il y avait devant lui alors qu'il trébuchait en remontant dans le bus, traînant sa veste derrière lui.

Tom était assis à la table de la cuisine, la guitare sur les genoux. Il avait attendu. Il ne leva pas les yeux vers Bill lorsque celui-ci entra, il regarda juste sa guitare, jouant quelque chose de lent et doux.

“Guh,” grogna Bill, se traînant en haut des marches. “Qu'est-ce... Qu'est-ce que tu fais debout ?”

“Je m'assure simplement que tu n'es pas mort,” dit Tom, jouant toujours. C'était une mélodie que Bill n'avait jamais entendue auparavant, ou alors peut-être qu'il était juste bourré à ce point-là . Les yeux de Tom étaient sur ses doigts, sur les cordes, partout sauf sur Bill. “Tu as éteint ton téléphone.”

“Je ne l'ai pas emmené,” dit Bill, ses paroles inarticulées.

Tom arrêta de jouer et regarda Bill. “Tu ne peux pas sortir sans ton portable, Bill. Et si quelque chose était arrivé ?”

Bill rit et se toucha la joue. Ils se rappelaient tous deux de la façon dont Tom l'avait frappé là. “Va te faire foutre.” Il s'assit de l'autre côté de la table, se tenant la tête. “Je vois que je ne l'ai pas cassée... um, la guitare.” Il posa sa tête sur la table.

“Tu aurais pu,” dit Tom. Il posa la guitare et se leva. Sa poitrine avait recommencé à le faire souffrir. “Bonne nuit.” Il marcha à sa couchette, regardant Bill trembler sur la table. 'Putain de lui,' pensa Tom.

Dans la cuisine, Bill serrait son propre torse, pleurant sur le bois. “Je ne t'ai jamais autant détesté,” murmura-t-il.

**

Bill bâilla, ses yeux troubles, ses mains cherchant son frère à tâtons. “Tom ?” Il se releva pour voir Tom assis à l'autre bout du lit, nu, sa guitare sur les genoux. Il était très tard, et Bill sentit son cœur se serrer à la vue de son frère illuminé par la douce lumière de la Lune.

Il jouait une petite mélodie triste et Bill rampa sur le lit jusqu'à lui. Il embrassa le dos de Tom, juste entre les omoplates, et sourit quand son frère frissonna.

“Tu pouvais pas dormir ?” demanda Bill.

Tom hocha la tête, puis la tourna pour voir Bill nu derrière lui.

“D'habitude c'est plutôt mon problème ça,” dit Bill. Il se blottit contre le côté de Tom.

“Je pense que je t'ai épuisé,” dit Tom, continuant à jouer. “Je suis juste vraiment heureux.”

Bill sourit et embrassa l'épaule de Tom, et le prit dans ses bras. “C'est notre chanson,” dit Bill, reconnaissant enfin la mélodie. “Chante pour moi.”

“Ce sont tes paroles, chante plutôt toi,” dit Tom, doucement.

Bill rougit. “Tu sais bien que je sais pas chanter.”

Tom rit un peu. “Menteur.”

“S'il te plaît ?” Bill se blottit contre le cou de Tom. “Chante pour moi comme tu le faisais avant pour m'endormir.”

“Bon, d'accord.”

Bill sourit, s'installant plus confortablement contre Tom. Tom commença à chanter et Bill pressa son oreille contre le dos de Tom, écoutant et sentant la chanson en lui. Il ferma les yeux et sa poitrine lui fit mal, tellement pleine des sentiments qu'il ressentait pour l'homme à côté de lui qu'elle semblait sur le point de prendre feu.

“Reste là, les ombres veulent m'emporter. Mais si nous y allons, alors que ce ne soit que tous les deux,” chanta Tom.

Bill ne pouvait pas être sans Tom. Il le savait, il avait déjà essayé. Et maintenant ils étaient parfaits, ils étaient enfin ensemble. La façon dont ils s'aimaient ne convenait pas à tout le monde, mais Bill ne convenait de toute façon pas à la plupart des gens. Il n'était fait que pour Tom.

“Je ne veux pas être seul ici, soyons ensemble dans la nuit. A un moment viendra l'heure, et alors nous serons ensemble dans la nuit,” chanta Tom.

Bill ronronna, aussi silencieusement qu'il le put. Il bâilla de nouveau et sa tête glissa contre l'épaule de Tom.

Il crut entendre Tom lui chanter, “Tu es tout ce que je suis, et tout ce qui coule dans mes veines,” avant qu'il ne se retrouve sur le dos, bordé sous les couettes, en sûreté.

Tom posa doucement sa guitare et rampa dans le lit avec son frère. Avant que ses yeux ne se referment pour la dernière fois cette nuit-là, il crut entendre Bill murmurer, “Je ne t'ai jamais autant aimé,” mais il s'endormit lui-même avant de pouvoir en être sûr.

**

Bill faisait un rêve des plus étranges. Il était sur scène, le public était bouillant, le groupe déchirait, mais à chaque fois qu'il ouvrait la bouche il en sortait un bip.

Encore et encore.

Bip, bip, bip.

Et ce son était si fort, si fort qu'il...

Le réveilla.

Bill grogna, se couvrant la tête d'un oreiller, essayant de faire cesser le bruit. Mais qui avait eu la putain d'idée de mettre un réveil si tôt ? Il allait tuer Gustav...

Bill s'immobilisa quand il sentit quelque chose bouger par-dessus lui, un corps chaud, un bras peut-être. Le réveil arrêta de sonner.

“Guh, trop tôt,” dit une voix masculine.

Une voix que Bill ne reconnut pas.

Bill se dégagea des couvertures, les yeux ouverts mais sans comprendre ce qu'il voyait. Un homme était assis à côté de lui dans le lit, bâillant et se grattant le torse. Bill ne pouvait pas vraiment voir son visage.

La bouche de Bill s'ouvrit mais aucun mot n'en sortit.

“Un nouveau jour qui commence,” dit l'homme. Il se tourna pour faire face à Bill. “Tu es réveillé ?”

Les yeux de Bill s'ouvrirent en grand et il sauta hors du lit, se découvrant complètement nu. “Qui êtes-vous ?!”

“Quoi ?” demanda l'homme, ses sourcils se fronçant.

“Vous n'êtes pas... vous êtes...” Bill attrapa un drap et se couvrit. “Putain, où je suis ?” Il essayait de rassembler ses idées. Il était sorti avec Andreas, s'était complètement bourré la gueule, était rentré au bus... Est-ce qu'il était toujours soûl ?

L'homme dans le lit glissa vers l'autre côté. “C'est moi, Bill,” dit-il. “Tom.”

Bill regarda attentivement l'homme. Il était un peu plus large que Tom, plus musclé, et avait de très courts cheveux blonds.

“Tom...” Bill avança d'un pas, secouant la tête. “Tom, mais qu'est-ce que t'as fait ?”

Tom fronça les sourcils et le toucha, caressant gentiment le visage de Bill. “Tu vas bien, Bill ?”

“Pourquoi... pourquoi est-ce qu'on est nus ?” demanda Bill. Il se frotta les yeux et secoua de nouveau la tête. Il était réveillé. Et il se sentait sobre. Putain, il n'avait même pas la gueule de bois. Son corps tout entier trembla. “Tom, où on est ?”

Il tourna rapidement sur lui-même, examinant le petit appartement dans lequel il se trouvait. Tom sortit rapidement du lit : du coin de l'œil Bill put voir qu'il enfilait un boxer.

“J'ai jamais vu cet endroit avant,” dit lentement Bill. Ce fut à ce moment-là qu'il commença à vraiment s'écouter parler. Il trébucha vers la table de la cuisine, prit appui dessus, enroula plus étroitement le drap autour de lui. “Qu'est-ce que je dis ?” Il ne parlait pas allemand.

Tom se rua vers lui, de l'inquiétude dans les yeux, et posa ses mains sur les épaules de Bill. “Bill, tu trembles.”

Bill serra fort Tom, des larmes de confusion et de panique lui piquant les yeux. “Qu'est-ce qui nous est arrivé, on est où ?”

“Bill, de quoi est-ce que tu parles ?”

Bill se dégagea de l'étreinte de Tom, traversa la pièce jusqu'à un petit miroir qui se trouvait au-dessus de la télévision. Il haleta quand il se vit. Il laissa presque tomber le drap lorsque ses mains vinrent tâter son visage, ses cheveux. Il n'avait pas son piercing au sourcil, ni, il sortit la langue, celui à la langue. Et le plus troublant de tout était que ses cheveux étaient blonds clairs, retombant mollement contre ses épaules.

“Qu'est-ce qui est arrivé mes cheveux ?” demanda-t-il à Tom. Tom avait l'air paniqué lui aussi, il enveloppa ses bras autour de lui. “Qu'est-ce qui est arrivé à tes cheveux ?”

Tom s'approcha doucement de lui, levant un bras pour amener Bill contre lui. Bill se laissa tenir, tremblant si fort qu'il pensait qu'il allait peut-être s'évanouir. “Tu es réveillé ? Tu fais encore un cauchemar ? Est-ce que ça va ?” demanda Tom, ses mots brûlant les oreilles de Bill.

Bill entendit les mots, et les reconnut comme étant de l'anglais. Sa poitrine lui fit mal et il repoussa durement Tom. “Je suis réveillé. Et tu n'es pas Tom !” hurla-t-il.

Tom soupira, regardant Bill paniquer, sans savoir quoi faire. Il s'éloigna un peu de Bill. Après quelques instants, Bill se rassit sur le lit, la tête dans les mains. “Je ne sais vraiment pas où je suis,” dit Bill, la voix fêlée. Il leva les yeux vers Tom, ou qui que soit cet homme.

Tom s'approcha précautionneusement de lui. “Ca arrive parfois, tu te rappelles ? Parfois tu fais des cauchemars et ils ont l'air réel, mais ils ne le sont pas. Tu es là, tu es en sécurité, je suis là.”

“Tu as les cheveux longs, avec des dreadlocks,” dit Bill. “On ne parle pas anglais, Tom.”

Ce fut à ce moment-là que Tom commença à se sentir plus incertain quant à la situation. Ca ne ressemblait pas à une des crises habituelles de Bill. Il déglutit difficilement. “Tu veux aller chez le médecin ?”

“Je veux comprendre ce qui se passe.”

Tom avança de nouveau d'un pas, ayant le besoin de toucher son frère, mais Bill sauta hors du lit, mettant de l'espace entre eux.

“Qui je suis ?” demanda Bill.

“Tu es Bill, mon frère... tu, travailles dans un restaurant, tu vas dans une école d'art...”

Bill secoua frénétiquement la tête. “Ce n'est pas moi.”

“Si,” dit Tom. “S'il te plaît Bill, tu me fais peur.”

Bill n'écoutait plus. Il fixa ses mains et dit lentement, “Où est maman ?”

“Tu sais très bien que j'en ai aucune idée, Bill,” répondit Tom.

Bill plissa les yeux. “Pourquoi est-ce que tu ne sais pas ? J'ai besoin de l'appeler. J'ai besoin de l'appeler. Merde. Où sont Georg et Gustav ? Et même Dave ? Bordel, où est-ce qu'on est ?”

Tom se sentit comme s'il allait être malade, comme si c'était peut-être lui qui devenait fou, et non pas Bill. Bill n'avait jamais eu une crise comme celle-là. Clairement, il avait des problèmes d'insomnie, des problèmes émotionnels aussi, mais rien qui ne ressemblât à ça. Tom n'avait jamais eu aussi peur pour son frère, excepté la fois où... Mais il ne pouvait pas penser à ça pour le moment. Ca ne ferait qu'empirer les choses s'ils étaient tous les deux sens dessus-dessous.

“De qui est-ce que tu parles ?” demanda Tom.

“Je veux appeler maman,” fut tout ce que répondit Bill.

“Tu peux pas appeler maman,” dit Tom. “On ne sait même pas qui c'est, tu le sais ça, pas vrai ? Je m'inquiète.”

Bill pâlit considérablement. “Où est-ce qu'on est ? Quelle ville, quelle date ?”

“On est à Minneapolis, il est six heures du matin... on va tous les deux être en retard. Toi à l'école, moi au travail. Bon Dieu, mais bordel qu'est-ce qui se passe ?”

Bill avança d'un pas et attrapa l'épaule de Tom. Il le regarda droit dans les yeux, où des larmes montaient. “Je ne suis pas censé être ici,” dit-il. Ses yeux roulèrent dans leurs orbites et il s'évanouit dans les bras de Tom.

**

Bill n'arrivait pas à ouvrir les yeux, tout était trop douloureux. On martelait sa tête, sa bouche était sèche, même sa peau lui faisait mal.

“Ugh,” grogna-t-il. Il se força à ouvrir les yeux, les plissant fortement, ses mains tâtonnant, cherchant son frère. “Tom ?”

“Quoi ?” lui répondit une voix ennuyée.

Bill s'assit. “Ma putain de tête,” gémit-il, essayant de faire fonctionner ses yeux. Tout était brumeux. “Qu'est-ce que tu m'as fait hier soir, Tom ? J'arrive même pas à voir correctement.”

“Ouais et bien, tu n'aurais pas dû rester toute la nuit dehors, à faire Dieu sait quoi,” lui parvint de nouveau la voix.

Bill se passa une main sur le visage, ses yeux parvenant finalement à s'accommoder. Il était dans une petite couchette, le rideau légèrement tiré. “Quoi ?” Il se frotta les yeux.

Un torse apparut, dont les mains portaient une assiette de tartines. “Mange ça, on doit y aller.” L'assiette fut jetée dans la couchette.

Bill posa une main sur sa bouche et sortit du lit, titubant une fois debout. Un homme portant une casquette et des vêtements larges se tenait devant lui, souriant moqueusement.

“Tom ?” demanda prudemment Bill. Il était sur le point de vomir.

“T'as la gueule de bois à ce point-là ?” demanda Tom.

Bill fixa l'homme, Tom. Sous la casquette et les dreads, c'était clairement son frère. “Tom ?” demanda-t-il de nouveau. Il posa une main légère sur le visage de Tom, cherchant à rencontrer son regard.

“Uh...” Tom bougea sous le contact, mal à l'aise. “Ouais ?”

Bill fronça durement les sourcils et repoussa la casquette du front de Tom.

“Mais bordel qu'est-ce que tu fous ?” demanda Tom.

“Où est-ce que je suis ?” demanda Bill, ses doigts touchant toujours le visage de Tom. “Où...”

Tom rit, mais une pierre lui tomba sur l'estomac. Quelque chose clochait avec Bill, il pouvait le sentir. “Euh, dans le tour bus ?”

“Le tour bus ?” Bill posa une main sur sa tête, ses mains glissant dans ses longs cheveux, tirant vers l'avant les mèches noires et blanches. “Attends.” La tête de Bill le faisait trop souffrir pour qu'il puisse analyser ce qu'il était en train de voir. Il avait les cheveux noirs ? “Qu'est-ce que c'est que ce bordel.” Il fixa Tom. “On est où ?”

Tom resta bouche bée devant Bill. Bill tituba vers l'une des fenêtres, regardant au travers. Ils étaient dans un parking, mais rien ne ressortait vraiment.

“Je ne comprends pas,” dit-il. Il commença à trembler, à peine capable de rester debout. “Est-ce que je suis... en train de parler anglais ?”

La poitrine de Tom se serra et il secoua la tête. Georg et Gustav choisirent ce moment pour rentrer par l'arrière du tour bus. Les deux garçons regardèrent les jumeaux et se jetèrent un regard.

“Qu'est-ce qui se passe ?” demanda Georg. “Vous vous disputez toujours ?”

“Gueule de bois ?” tenta Gustav.

“Non, c'est quelque chose d'autre,” dit Tom, soudainement très inquiet. Il attrapa l'épaule de Bill. “Bill ?”

Les yeux de Bill étaient grand ouverts, de grosses larmes dévalaient son visage. “Pourquoi est-ce que tu es habillé comme ça, pourquoi est-ce que tes cheveux sont comme ça ?” demanda-t-il désespérément. “Je dois être en train de rêver. Je suis en train de rêver.” Il serra Tom fort contre lui. L'homme sentait comme Tom. Ce devait être Tom. Ils étaient perdus, quelque chose n'allait pas. “Dis-moi que je suis en train de rêver, Tom. S'il te plaît. S'il te plaît. S'il te plaît.”

Tom tint Bill et jeta un regard suppliant à Georg et Gustav. “Allez chercher David,” articula-t-il silencieusement.

Georg et Gustav hochèrent la tête et quittèrent le bus aussi vite qu'ils le purent. Bill commença à trembler dans les bras de Tom. “Tom, je crois que je deviens dingue,” gémit-il.

Tom pensa que peut-être bien que lui aussi. “Tout va bien, tout va bien se passer,” murmura-t-il encore et encore. “Je te tiens, Bill, je te tiens.”

FIN CHAPITRE 1

 

 

 

 

 

 

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