Chapitre 3

Une semaine passa et Tom parvint à éviter une nouvelle conversation dérangeante (et pourtant étrangement excitante) avec Bill. Ils étaient repartis de chez eux et étaient retournés à leur emploi du temps habituel : surchargé. Tom était soulagé de reprendre ce rythme de vie chaotique ; ça lui laissait moins de temps pour penser.

Il était dans sa couchette, un soir, dans le tour bus. Le groupe était en plein dans une sorte de mini-tournée, juste quelques-unes des villes principales d'Allemagne, et ils avaient roulé toute la nuit. Tom aimait la vie dans le tour-bus : ça le calmait, les doux bercements du bus sur l'autoroute. Il prit une profonde inspiration et étendit les jambes.

Il était excité, et il savait très exactement pourquoi. Juste avant qu'il ne vienne se retirer dans sa couchette, il avait été assis avec Bill dans le salon. Ils avaient regardé des émissions à la télé et Bill avait commencé à bâiller, et il avait appuyé sa tête contre l'épaule de Tom en commençant à s'assoupir. Bill sentait si bon, si doux, si frais, si propre, et si enivrant. Tom n'avait pas pu supporter de simplement rester là pendant très longtemps, aussi s'était-il précautionneusement extrait de la forme endormie de Bill et s'était-il dirigé vers sa couchette à pas de loup.

Georg et Gustav étaient tous deux retirés dans leur propre couchette, ronflant déjà en faisant autant de bruit qu'un éléphant qui barrit.

Tom glissa sa main dans son short et haleta lorsque ses phalanges entrèrent en contact avec son sexe dur et chaud. “Putain,” murmura-t-il. Il n'avait plus eu autant d'érections spontanées depuis ses treize ans.

Tom ferma les yeux et laissa sa main penser à sa place. Il se serra, fit rouler ses phalanges jusqu'au bas de l'axe pour aller gentiment caresser ses testicules, ce qui fit se contracter ses orteils. Ca faisait plus d'une semaine qu'il n'avait pas pu se branler correctement ; il avait été trop nerveux, trop embarrassé, trop honteux.

Maintenant il savait qu'il pouvait se toucher en toute liberté. Il était dans les limites de sa propre couchette, Georg et Gustav étaient bien partis pour faire leur nuit, et Bill dormait dans le salon, tout à l'autre bout du bus.

Il se branla rapidement, sans qu'il ait besoin d'attiser son désir. Il voulait jouir vite et fort. Il en avait besoin. Son esprit dériva tandis qu'il se touchait, revenant à son petit frère endormi à l'arrière du bus.

Bill avait dit qu'il s'en fichait si Tom pensait à lui en se branlant, et de fait, cela réduisait vraiment un peu la culpabilité que Tom ressentait. Il se sentait toujours bizarre à l'idée d'accepter ses sentiments envers Bill, et il rougissait tout de même alors qu'il se touchait en n'ayant que le nom de son frère en tête.

Il haleta bruyamment, à son propre toucher, puis il haleta encore plus fort lorsque l'on ouvrit son rideau et que le visage de Bill apparut.

"Bill !" siffla Tom, se couvrant avec sa couverture. "Je suis -"

"Je sais," chuchota Bill, grimpant dans la couchette. "Je t'ai entendu depuis l'autre côté du bus, alors je me suis dit que tu devrais, euh, le savoir. Tu voudrais pas réveiller Georg et Gustav, pas vrai ?"

"Qu'est-ce que tu viens vraiment faire ici ? Tu sais j'aimerais vraiment pouvoir finir en paix un de ces jours. Je commence à être vraiment très très frustré là," chuchota Tom en réponse. Son sexe se contenta de se serrer plus fort lorsque Bill referma les rideaux et se pressa plus près de Tom.

“Bah dans ce cas, finis.” Bill s'allongea à côté de Tom, ce qui n'était pas facile, parce qu'il n'y avait pas beaucoup de place dans la petite couchette, mais ils y parvinrent. “Ca me gêne pas. C'est pour ça que je suis venu.”

“Quoi ?” Tom releva les genoux tandis que son corps tout entier se mettait à trembler d'être pressé tout contre Bill.

“J'ai entendu des froissements venir d'ici en allant à ma propre couchette, et je me suis dit… Et bien, je me suis dit que tu devais sans doute penser à moi, alors qu'est-ce qu'il y aurait de mieux que le fait que je sois vraiment là ?” La respiration de Bill chatouillait le cou de Tom. “Tu vois ?”

“Non,” dit Tom. “Non, s'il te plaît, je pense pas pouvoir arriver à gérer ça. Et il y a Georg et Gustav qui -”

“S'il te plaît ?” chuchota Bill. “Je regarderai pas, c'est promis, je veux juste être là pendant que tu le fais. Et tu sais bien que ces deux trolls des cavernes pourraient continuer à dormir même si on avait un accident.”

“Pourquoi tu veux être là ?”

“Je sais pas. Je veux dire, toi et moi on se branlait ensemble quand on était plus jeunes, de toutes façons. Je vois pas en quoi ça serait si différent.”

C'était une réponse aussi valable qu'une autre, et Tom reglissa à contre-cœur sa main dans son sous-vêtement, incroyablement conscient de Bill tout à côté de lui. Putain, leurs épaules se touchaient. Et leurs hanches. Et leurs jambes. Et Bill faisait une chose horriblement adorable avec ses pieds, les enroulant autour de ceux de Tom, lui chatouillant ainsi les orteils.

Tom caressa doucement son sexe, bougeant à peine, mais tout son corps tressaillit et Bill haleta doucement.

“T'es en train de le faire ?” chuchota-t-il.

“J'essaie,” répliqua Tom d'un ton bas. “Ne parle pas.”

“Okay.” Bill réussit à rester silencieux le temps de quelques fermes caresses, puis il dit, “A quoi tu penses ?”

“Err.”

“A moi ?” Bill respira directement dans l'oreille de Tom et celui-ci dut s'empêcher de crier d'excitation. “Tomi, allez.”

“Oui, putain,” grogna Tom. “Oui à toi, je pense toujours à toi.”

"Oh." Bill blottit sa tête contre celle de Tom et sa respiration chaude revint de nouveau directement dans l'oreille de Tom. Celui-ci frissonna à la sensation et Bill émit un doux petit son, puis il recommença. Comment Bill savait-il à quel point les oreilles de Tom étaient sensibles ?

"Bill, arrête," dit Tom, son sexe durcissant encore dans sa main. Rien que les petites expirations directement dans son oreille allaient suffire à le faire jouir.

"Désolé," dit Bill. "Et tu penses quoi, à propos de moi ?"

"Que même si je fantasme sur toi, t'es le pire des tue-l'orgasme de la terre," siffla Tom. "Laisse-moi juste..."

Bill geignit doucement dans le noir. "C'est pas vrai. J'essaie de t'aider."

"Alors arrête de parler."

Bill se redressa un petit peu, les bras croisés en signe de défi. Tom pouvait voir ses yeux briller dans le noir et la fine ligne de sa bouche aux lèvres pincées. Cette même bouche que Tom avait embrassée à peine une semaine auparavant. "Et si je te disais quelque chose que tu as envie d'entendre ?"

Le sexe de Tom tressaillit au ton grave de la voix de Bill, mais il secoua la tête. "Qu'est-ce que tu pourrais bien pouvoir dire que j'aie -"

" Tomi ," dit Bill d'une voix de velours, le ton encore plus bas. Un éclair d'excitation incroyablement intense éclata dans le ventre de Tom à l'entente de son nom sur les lèvres de son frère. Bill avait l'air si innocent, le visage ainsi démaquillé et les cheveux doux et légèrement bouclés contre ses joues. Ses cheveux bouclaient toujours quand il ne les coiffait pas, et c'était ainsi que Tom les préférait. Il ne put s'empêcher de gémir et Bill sourit en voyant cela, revenant s'allonger à côté de Tom de façon à ce que sa chaude respiration soit partout sur son cou et son visage. " Tomi ."

"Putain." Tom se branla plus rapidement. "Qu'est-ce que tu fais ?" Bill laissa échapper une chaude expiration contre l'oreille de Tom. "Bill."

Bill ne répondit pas, il se contenta d'expirer de nouveau dans l'oreille de Tom et répéta, encore plus adorablement, "Tomi."

Tom gémit et serra son sexe fort, choqué et perdu dans son excitation tandis qu'il jouissait contre sa main. Il trembla de partout, ses membres se faisant mous et lourds en s'enfonçant dans le matelas. Sa respiration était rapide, précipitée, irrégulière. Bill caressa les dreads de Tom, les arrangeant sur l'oreiller ainsi qu'il le faisait toujours, et il sourit doucement.

“C'était bon ?”

Tom parvint à hocher la tête. “C'était… Ouais. C'était bon.”

Bill soupira et laissa sa tête retomber contre l'oreiller, et il croisa les mains par-dessus son ventre. Les jumeaux restèrent silencieux pendant quelques minutes, puis Tom tressaillit soudainement et essuya sa main sur la couverture.

“Quand tu as dit mon nom,” chuchota Tom, “tu aurais aussi bien pu avoir ta main sur ma queue. Parce que c'est là que je l'ai sentie.”

“Ravi d'avoir pu t'aider,” murmura Bill, à moitié endormi. Bientôt sa respiration se fit plus lourde, et Tom fut certain qu'il était profondément endormi.

Ce qu'il n'avait pas dit, c'était que les mots de Bill avaient touché son cœur plus que n'importe quelle autre partie de son corps.


***


Un mois s'écoula sans que rien de bizarre ne se passe entre les jumeaux, au grand soulagement de Tom. Il avait tellement eu peur d'avoir ruiné sa relation avec Bill en révélant ses sentiments, mais ce n'était pas le cas du tout. En fait, c'était même l'exact contraire qui se passait.

Bien que Bill ne ressente pas la même chose que Tom, ça n'avait en fait pas vraiment d'importance. Les jumeaux devinrent bientôt plus proches qu'ils ne l'avaient jamais été. Ils avaient toujours été inséparables mais maintenant, ils partageaient une profonde connexion émotionnelle qui faisait qu'ils souffraient physiquement quand ils n'étaient pas près l'un de l'autre.

Bill passait tout son temps libre avec Tom, et celui-ci était plus que ravi de donner lui aussi chaque seconde de son temps à Bill. Il détestait se l'avouer, mais c'était presque comme s'ils sortaient ensemble, sans le sexe bien sûr.

Il savait que c'était impossible que Bill ressente la même chose que lui, mais ça n'avait pas d'importance. La douleur dans sa poitrine s'était amenuise, et il se sentait enfin de nouveau bien quand il était avec son frère. Tom commença à se dire que Bill était vraiment flatté par ses sentiments, et ça lui donna envie d'être encore plus gentil avec Bill que d'habitude. Bien sûr, la gentillesse ne durait jamais très longtemps vu que Bill était son frère, et qu'amour ou pas, Bill pouvait se montrer extrêmement chiant quand il le voulait.

Et donc, certaines choses avaient changé, et d'autres pas.

Le groupe se rendit en Espagne pendant quelques semaines au mois de juin pour travailler sur le prochain album, et ils avaient loué un bungalow privé. Tom envisageait le tout comme un genre de vacances. Bien sûr, ils allaient devoir travailler dur, écrire de nouvelles chansons et trouver de nouveaux accords et de nouveaux rythmes, mais de son point de vue, la musique détendait.

Ils arrivèrent et Tom jeta un œil au bungalow, hochant la tête pour marquer son approbation. Leur manager, David Jost, serait dans le bungalow voisin avec sa petite copine, et par conséquent le groupe était pour ainsi dire laissé sans supervision parentale. Tom se dirigea vers le jardin de derrière et y vit une large piscine avec plongeoir, ainsi que des tas d'arbres et de buissons tout autour. C'était comme un petit lagon, et il était impatient de pouvoir piquer une tête.

“Hey,” lui parvint la voix de Bill de derrière lui, et Tom sentit qu'on lui tapait sur l'épaule.

Il se retourna et sourit à son frère. “C'est pas trop génial ?”

Bill hocha la tête. “On va pouvoir tellement avancer.”

“Je parlais de la piscine,” dit Tom.

“Oh, ouais.” Bill sourit. “Hey, j'ai jamais pris de bain de minuit, et toi ?”

Tom déglutit avec difficulté. Un bain de minuit, ce n'était pas que se baigner de nuit. C'était aussi… se baigner nu. “Euhm, non.”

“Bizarre.” Bill haussa les épaules et fit demi-tour avant de commencer à s'éloigner. “J'ai faim, je vais me chercher quelque chose à manger. Tu devrais rentrer !”

“Okay,” dit faiblement Tom. A présent la piscine n'avait plus autant l'air d'être synonyme de détente, parce que désormais il s'y voyait nageant nu avec Bill.

Il soupira et enfonça sa casquette sur sa tête. Les prochains jours devraient être consacrés au travail, pas à la distraction.

Mais tandis qu'il suivait Bill dans le bungalow, son frère se tourna vers lui, tout en sourcils haussés et en lèvres au sourire moqueur, et vint se presser contre Tom. Sans dire un mot il se pencha en avant et vint taquiner le lobe de l'oreille de Tom. La sensation des dents qui le mordaient et de la respiration si chaude qu'elle en était presque brûlante ne dura qu'un instant, mais elle prit Tom par surprise.

Il s'éloigna de Bill, surprenant son frère qui avait un grand sourire, et s'appliqua à essayer de ne pas frissonner de façon trop notable. Bill lança un regard coquin à Tom puis il glissa dans le bungalow, laissant Tom seul à côté de la piscine.

Peut-être qu'il y aurait tout de même un peu de distraction, après tout.


***

Il était presque minuit lorsque Bill apparut dans le salon, ne portant qu'un long pantalon de pyjama tout doux, et portant une serviette dans chacune de ses mains parfaitement manucurée. Tom, qui se faisait démettre dans la partie de Mortal Combat qu'il disputait contre un Georg suffisant, leva les yeux comme s'il avait senti la présence de son frère, et il se retrouva à être en train de fixer son torse nu et fin. Bill lui sourit et Georg exulta tandis que cette distraction momentanée lui offrait une victoire particulièrement sanglante sur Tom.

Tom ne broncha absolument pas lorsque son personnage se retrouva décapité à l'écran, il tendit juste sa manette à Gustav et les laissa engager une nouvelle partie. Il avait la sensation que Bill voulait lui dire quelque chose, et qu'il ferait bien d'écouter. Il y avait presque quelque chose d'insistant dans la façon dont Bill le regardait.

"Je vais aller nager," fut tout ce que Bill dit. Il haussa un sourcil et sourit. Tom hocha la tête en réponse, pas très certain de savoir ce que l'air presque conspirateur du visage de Bill pouvait signifier. Bill n'ajouta pas un mot de plus. Il jeta l'une des serviettes à Tom, sourit de nouveau, et sortit par la porte de verre coulissante qui donnait sur le jardin.

Tom regarda son frère traverser la parcelle d'herbe verte en quelques enjambées et mettre un pied sur l'un des carreaux d'ardoise qui entouraient la grande piscine. Bill tournait le dos à la porte en verre, et il ne se retourna pas pour vérifier si on le regardait. Georg et Gustav, s'ils avaient levé les yeux de leur jeu ne serait-ce qu'une demi-seconde, auraient clairement pu voir Bill par la porte de verre, même dans l'obscurité. La piscine n'était qu'à une demi-douzaine de mètres du bungalow, et les lumières qui provenaient de l'intérieur faisaient briller l'eau comme des diamants brillant dans la nuit.

Bill eut de la chance que Georg et Gustav soient intensément focalisés sur leur partie, parce que s'ils avaient levé les yeux, durant cette demi-seconde, ils auraient vu Bill se glisser hors de son bas de pyjama et rester debout à côté de la piscine, parfaitement nu. Tom garda les yeux fixés vers la porte-fenêtre, regardant la façon dont la lumière jouait sur l'eau et éclaboussait la peau de Bill. Ses yeux restèrent focalisés sur son frère, nu et pâle, et avant même qu'il n'ait pu essayer de s'arrêter, il se leva et traversa la pièce, rouvrant la porte à la suite de son frère.

Tandis qu'il refermait la porte de verre, Bill se pencha en avant, ses genoux se pliant légèrement, et il plongea du côté le plus profond de la piscine.

“Putain,” chuchota Tom tandis qu'il regardait la forme floue de Bill sous la surface de l'eau, la lumière se reflétant à la surface. Il soupira et sentit ses genoux trembler légèrement sous lui. Qu'allait-il faire ? Il fit un pas en avant et se recula soudainement lorsque Bill reparut et fit jaillir de l'eau aux pieds de Tom.

“Viens, c'est super agréable,” dit Bill avec un sourire, ses cheveux rejetés en arrières, les yeux brillants.

Tom fit un nouveau pas hésitant vers l'arrière et secoua la tête. “N-non, c'est bon.”

Bill rit et redisparut sous l'eau, et il éclaboussa Tom plus fort. Tom sauta en arrière et jeta un œil derrière lui. Georg et Gustav avaient arrêté de jouer et la pièce était sombre. Il se douta qu'ils avaient dû soit sortir, soit aller se coucher. Tom attrapa le bord de son t-shirt, les doigts tremblants, et il frissonna un peu. Il voulait plus que tout sauter dans l'eau avec Bill, mais en jetant un œil à son frère dans l'eau et en sentant son sexe durcir à la vue du corps fin et nu de Bill, il se demanda si c'était ou non une bonne idée.

“Tomi, s'il te plaît,” dit Bill lorsque sa tête ressurgit. “L'eau est si bonne, c'est super agréable.”

“Ouais, mais ici il fait pas si chaud,” dit Tom avec nervosité. “Il fait même plutôt froid, en fait.”

“Tomi…”

“Et je sais même pas où est mon maillot.”

“Moi non plus,” dit Bill avec un sourire joueur. “S'il te plaît, saute juste dans l'eau en boxer ou autre. Ou moins. Je m'en fiche.”

Les joues de Tom s'enflammèrent. “Um.”

Bill s'éloigna de lui en nageant et Tom soupira, vaincu. Il passa son t-shirt par-dessus sa tête et ôta ses chaussures d'un coup de talon, essayant de mentalement se calmer, parce qu'il pouvait se sentir être légèrement excité à la pensée de Bill complètement nu dans l'eau. Tom ne savait pas s'il pourrait se contenir, mais il réalisa que s'il voulait que les choses restent normales entre lui et Bill, il lui fallait se déshabiller et sauter dans l'eau.

Tom grimaça. Ca avait l'air tellement tordu, dit comme ça.

“Tomi !” l'appela Bill. “C'est pas drôle sans toi -”

Splash. Tom sauta dans la piscine et haleta, l'eau n'était pas aussi chaude que Bill l'avait laissé entendre.

"Putain !" hurla-t-il en réémergeant. "Bordel mais elle est gelée !"

Bill ricanait comme une hyène depuis l'autre côté de la piscine, sa peau luisant dans le noir, et quelque chose en Tom se tordit très fort, d'un coup sec. Il plongea vers Bill en nageant aussi vite qu'il le pouvait. Bill couina lorsque Tom approcha, s'éloignant en se dirigeant vers le côté le plus profond de l'eau.

Tom était le meilleur nageur, et il rattrapa rapidement Bill. Il le saisit et le souleva avant de le jeter au loin. Bill hurla de rire d'être ainsi projeté et il atterrit en un grand éclaboussement, les bras tendus vers Tom. Bill semblait briller de l'intérieur, sa peau était si pâle qu'elle avait l'air de luire, et tandis qu'il revenait vers Tom, en l'éclaboussant à mort, Tom réalisa qu'il n'arrivait pas à bouger.

La revanche de Bill fut impitoyable. Il sourit et plongea sous l'eau, ses mains venant glisser le long des cuisses de Tom, allant lui pincer les hanches. L'excitation s'enroula si rapidement dans le ventre de Tom qu'il se mit à bander avant que Bill ne réémerge de l'eau, son corps pressé contre celui de Tom.

Tom essaya de se dégager mais Bill vint se coller à lui, le repoussant contre le bord de la piscine, son dos se retrouvant bloqué contre un mur de ciment froid. Bill pinça Tom au bras et lui cracha un long jet d'eau chlorée au visage. Tom s'étouffa, essayant d'échapper à l'étreinte de Bill, mais c'était trop tard.

Son érection se pressa contre le ventre doux et plat de Bill, et ils s'immobilisèrent tous les deux, tremblant dans le noir.

Les yeux des jumeaux se croisèrent et la bouche de Bill forma un petit ‘o' parfait.

Tom repoussa Bill et grogna, “Putain !” Il tangua maladroitement dans l'eau jusqu'à ce qu'il atteigne l'échelle métallique et qu'il se hisse hors de l'eau. Il attrapa son pantalon et le remit rapidement, sans un regard en arrière vers la piscine.

“Tom,” entendit-il Bill dire, très doucement.

Tom secoua la tête et remit son t-shirt. Il était détrempé et il se sentait ridicule dans ses vêtements mouillés par sa peau. Son sexe était dur dans son pantalon, douloureusement bloqué contre les parois. Il ne pouvait pas gérer ça. Cette chose, ces nouveaux sentiments envers son frère – c'était trop et il se sentait sur le point de vomir en pensant à tout ça.

Il se redressa, les poings serrés à ses côtés, puis il se retourna et vit Bill à l'opposé de la piscine, le fixant toujours avec la bouche légèrement ouverte.

“Quoi ?” claqua Tom.

Bill cligna lentement des yeux et ouvrit la bouche comme s'il allait dire quelque chose, mais il la referma ensuite.

Tom se sentait en colère, mais alors qu'il regardait Bill là dans l'eau, son cœur se serra.

"Tu es fâché contre moi ?" demanda Bill d'une petite voix.

"Oui," dit Tom, la honte venant s'ajouter à sa culpabilité.

"Je n'ai rien fait, on faisait que jouer," dit Bill. "Je m'en fiche si tu -"

Tom jura, ses poings se resserrant. "Moi je m'en fiche pas ! Tu trouves que c'est marrant de voir avec quelle facilité tu peux m'exciter ? Me rendre fou ? Me faire jouir sans même me toucher ? Putain !"

Bill s'enfonça un peu plus dans l'eau, ses cheveux mouillés lui collant au visage et au cou. "Je trouve pas ça marrant. J'essaye juste… J'essaye juste de faire comme si rien n'avait changé."

"Alors tu décides de te désaper devant moi ?" demanda Tom en haussant la voix, le son venant se répercuter sur l'eau.

"Pas si fort," dit Bill. Il nagea vers Tom jusqu'à atteindre le bord de la piscine le plus près de l'endroit où celui-ci se tenait. Il leva les yeux vers lui, de grands yeux humides. Tom se demanda si c'était à cause de l'eau. "Avant tu t'en fichais si on était nus l'un à côté de l'autre."

"Maintenant je ne m'en fiche plus," dit Tom.

"Donc tu veux que je t'évite ? Tu veux que je retourne dans la salle de bain pour me changer et que j'aie l'air dégoût si tu me vois torse nu ?"

Tom secoua la tête. "Non, ce n'est pas ce que je veux."

"Alors dis-moi ce que tu veux que je fasse," dit Bill. "Je suis désolé. J'essaye de rester le même. Je n'essaye pas de te titiller… enfin, pas trop." Bill sourit un peu à ses propres mots, regardant Tom au travers de ces cils mouillés. Tom ne put que lui sourire en retour, comment aurait-il pu ne pas le faire ?

Bill était nu et luisant devant lui, s'excusant et essayant de faire la paix. Tom se sentit idiot et son sexe était toujours si dur que c'en était douloureux.

"Ne fais juste rien de sexuel," parvint à articuler Tom. "Titille-moi et charrie-moi autant que tu veux, mais s'il te plaît, je ne peux pas gérer le fait de t'avoir nu et mouillé contre moi."

"C'est toi qui a commencé," dit Bill. "Tu m'as balancé à l'eau. Je déteste ça. Et tu le sais."

Tom garda le silence.

“Alors il faudrait peut-être que tu arrêtes de flirter avec moi,” reprit Bill, un ton joueur dans la voix.

“Ce n'est pas moi qui flirte. C'est toi.”

Bill leva les yeux au ciel et tendit le bras pour venir attraper la cheville de Tom. Celui-ci recula d'un pas, hors de portée. Il n'aurait pas pu gérer le fait de se faire toucher par Bill à ce moment précis, il était déjà au bord du sommet et il avait plus que besoin d'aller se finir. Il imagina les doigts de Bill s'enrouler autour de son sexe et ferma les yeux, prenant une profonde inspiration pour se calmer.

“Allez, rentre, je te dérangerai pas,” dit Bill. “Après on pourra improviser. Enfin, je parle de musique.”

“Ouais, ouais.” répondit Tom. “Um… A tout à l'heure.”

Bill sourit adorablement. “Bye, Tomi.”

Tom se détourna et se dirigea vers le bungalow. Il prit une autre profonde inspiration et grimaça en retirant son t-shirt mouillé. “Putain, calme-toi,” marmonna-t-il. “'Faut que tu te reprennes.”

Son sexe tressaillit dans son pantalon et il soupira. Il se reprendrait après avoir pris en main quelque chose de bien, bien plus pressant.


**

Tom était assis seul au bord de la piscine, frissonnant sous une petite brise fraîche, ses pieds se balançant juste au-dessus de l'eau. C'était l'une des rares soirées estivales où il y avait du vent mais où la chaleur était brûlante. Tom était dans les braises refroidissantes de cette nuit d'été, et il regarda une araignée d'eau se déplacer sur la piscine. Elle frôlait la surface et il essaya de se concentrer uniquement sur ses mouvements.

C'était leur dernière nuit en Espagne, dans le petit bungalow confortable qui leur avait servi de maison ces deux dernières semaines, et Tom avait hâte de rentrer chez lui. Cette retraite avait été pensée pour être relaxante, leur laissant ainsi une occasion en or de pouvoir travailler leur musique sans pression en s'éloignant d'Allemagne où tout le monde connaissait leurs visages et leurs noms par cœur.

Mais Tom était tellement tendu que l'on aurait pu le faire casser comme une corde de guitare.

C'était Bill.

Evidement que c'était Bill. Bill était tout ces derniers temps, et Tom mit un coup de pied dans l'eau, déclenchant de petites vagues à la surface. La petite araignée d'eau surfa dessus avec facilité. Il aurait voulu être comme ça, pouvoir prendre la vie comme elle venait sans se laisser bouleverser. Il ne voulait pas que Bill soit tellement beau et tellement près qu'il n'y ait aucune échappatoire. Dans le bungalow, Tom n'avait nulle part où aller. Il partageait sa chambre avec Bill, et Georg et Gustav étaient toujours dans le coin, et il n'avait aucune chance de pouvoir s'éloigner et d'essayer de se débarrasser de sa frustration.

Il avait mal, et de tellement de façons. Il avait mal aux côtes de s'être trop contracté pour rester totalement immobile lorsque Bill s'était branlé à côté de lui la nuit précédente. Il avait mal au cœur d'avoir dû écouter les doux halètements et gémissements étouffés que son frère avait émis en jouissant. Il avait mal au sexe d'avoir tellement, tellement envie.

Il baissa les yeux vers l'eau. Qui était parfaitement lisse. La petite araignée d'eau était partie.

Elle avait dû sentir qu'un orage se préparait et était allée se mettre à l'abri au sec. Tom aurait aimé être ne serait-ce qu'à moitié aussi malin que ça.

FIN CHAPITRE 3

 

 

 

 

 

 

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