Chapitre 5

Interlude

Bill n'avait jamais été très bon quand il s'agissait de présenter ses excuses, surtout quand il ne pensait pas être en tort. Tom avait été capable d'ignorer les petits grattements à sa porte toute la journée, mais il ne put ignorer le grand claquement de la porte de la salle de bain, plus tard dans la soirée.

Tom était sous la douche, espérant en vain que l'eau emporte aussi ses souvenirs de la nuit précédente, lorsque Bill surgit dans la salle de bain, éteignant les lumières en faisant beaucoup de bruit.

"Putain, qu'est-ce qui se passe ?" appela Tom, ouvrant la porte en verre de la douche. Dans le noir il ne put voir que son frère venait vers lui, mais il put le sentir. Bill repoussa Tom dans la douche, sous le jet d'eau chaude. Tom avait beaucoup de choses à dire mais les mains de Bill vinrent sur sa bouche et tout ce qu'il put faire fut d'haleter quand il sentit le corps nu de Bill se presser contre le sien.

"Je suis désolé," lui dit Bill à l'oreille, sa voix à peine audible au-dessus du grondement de l'eau. Tom ne crut pas aux excuses qui lui étaient présentées, surtout quand elles se finirent par Bill qui lui suçait le lobe. Bill n'était pas du tout désolé.

"Je ne te crois pas," gémit Tom contre la main de Bill. Celui-ci la décala et suça un peu plus fort l'oreille de Tom, ses dents mordillant le lobe, sa langue plus chaude encore que l'eau. Le sexe de Tom se durcit et ses mains se saisirent du corps nu et mouillé de Bill, son désir surpassant sa colère.

"Je t'aime, abruti," murmura Bill. "Je ne veux pas te faire de mal. Je veux que toi et moi on soit proches, de cette façon-là aussi. C'est égoïste, mais je le veux si fort… Laisse-moi me racheter."

Le ventre de Tom se tordit d'excitation et de colère. Il savait que Bill l'aimait, il l'avait toujours su. Mais Bill n'était pas amoureux de lui, et Tom avait suffisamment baisé à gauche et à droite pour savoir qu'il ne voulait pas rajouter Bill à la liste.

"Non," dit Tom. Mais il maintint son étreinte, ses bras traîtres s'enroulant autour de Bill et serrant.

"Tu es en colère parce que je n'en fais qu'à ma tête, parce que je peux avoir tout ce que je veux venant de toi," dit Bill. "Ca t'a toujours rendu dingue."

Peut-être que c'était une partie de la raison pour laquelle Tom était énervé. Peut-être bien qu'il blanchissait de rage en voyant à quel point Bill pouvait facilement le retourner et le balader. Mais en réalité, il était en colère parce que Bill jouait sciemment avec son cœur et ses sentiments. Et là Bill s'apprêtait à jouer avec autre chose aussi. Tom sentit ses jambes devenir faibles quand Bill glissa à genoux sur le carrelage de la douche.

"Non, pas moyen putain," dit Tom, choqué. Bill poussa Tom contre le mur et maintint fermement ses hanches. Tom voulait par-dessus tout repousser Bill, et en même temps il voulait pouvoir voir Bill s'agenouiller devant lui plus clairement. Mais il faisait trop sombre et Tom eut le sentiment que c'était ainsi que Bill l'avait voulu et planifié. Bill était entré dans la salle de bain avec l'intention de se mettre à genoux pour Tom, s'excusant ainsi de la manière la plus déchirante qui soit. La simple pensée fit bander Tom un peu plus fort.

"Laisse-moi m'excuser," dit Bill. Tom avait envie d'argumenter, mais la langue de Bill se pressa contre son gland et le lécha tout doucement, comme un chat. "Je suis désolé," dit Bill, léchant de nouveau. "Je ferai tout ce que tu veux." Sa bouche s'ouvrit autour du gland et il suça.

"Bon Dieu, Bill !" cria Tom. "Ar-arrête."

Bill retira sa bouche et embrassa la hanche de Tom. Il haletait avec irrégularité, son souffle étouffé sous le bruit de la douche. "Laisse-moi faire," dit Bill. "Je veux le faire et je sais que tu veux que je le fasse. S'il te plaît. Ca nous rapprochera."

Tom n'avait pas la force de repousser Bill, mais il savait à quel point c'était une mauvaise idée de le laisser faire ça. Tom savait combien les choses seraient encore plus foutues entre eux après et ce n'était pas ce qu'il voulait, il ne le voulait pas presque autant qu'il voulait que Bill le suce.

Bill prit le sexe de Tom dans sa bouche et suça fort, coupant le souffle à Tom et prenant appui sur le mur de la douche. Tom cria et baissa les yeux, priant silencieusement pour que ses yeux s'habituent à l'obscurité parce qu'il voulait plus que simplement sentir, il voulait aussi voir. Il sentit les mains de Bill s'agripper à l'arrière de ses cuisses et y enfoncer les ongles. C'était tout à la fois trop et pas assez, et Tom trembla sur place.

Les sons s'échappant des lèvres de Bill étaient exquis et atroces, de doux petits gémissements et soupirs, des geignements et des ronronnements. Tom cligna des yeux dans le noir et trouva de ses doigts les cheveux de Bill. Il caressa la tête de son frère et aussi son cou, sentant sa peau chaude, et il cria de nouveau, et Bill l'engloutit dangereusement une fois de plus.

L'entrejambe de Tom pulsa et son sexe tressaillit dans la bouche chaude et humide de Bill. Son piercing à la langue courait sur le gland de Tom, et avant qu'il n'ait pas s'en empêcher, Tom jouit puissamment dans la bouche de Bill. Il sentit Bill déglutir autour de son sexe, et ensuite les lèvres de Bill se détachèrent.

Le corps de Tom se mit à trembler tout entier et il glissa lentement à genoux, l'eau cascadant sur sa tête et son dos. Bill essaya de se blottir contre lui, demandant à Tom s'il avait aimé en usant des mots les plus doux qui soient, mais Tom ne le laissa pas faire. Il se sentait honteux rien que d'être assis à côté de Bill.

Tom ne savait pas bien qui profitait de qui, mais il savait que c'était mal. Il savait que l'amour ne marchait pas comme ça, même si Bill était la première personne dont il ait été amoureux. Il appuya sa tête contre le mur de la douche et sentit les larmes lui piquer les yeux.

"Tomi, est-ce que ça va ?" demanda Bill, se faisant une fois de plus repousser par Tom. "Tomi ?"

Tom n'arrivait pas à empêcher ses gémissements et ses halètements courts et rapides de franchir la barrière de ses lèvres. Il avait l'impression qu'il allait suffoquer. Il avait l'impression que sa peau était en feu. Il avait l'impression qu'il allait mourir et il chercha à reprendre son souffle.

"Tu me fais peur," dit Bill. "Parle-moi."

Tom se leva en tremblant, se maintenant en prenant appui contre le mur, et il essaya désespérément d'ouvrir la porte de la douche. "Laisse-moi sortir," dit-il, ses mains inutiles sur le verre.

Bill se leva et ouvrit rapidement la porte, aidant Tom à sortir jusqu'à ce que leurs pieds touchent le sol. Tom faiblit sous le toucher de Bill, la nausée le prenant. Il eut un haut-le-cœur et s'affaissa sur l'épaule de son frère, tressaillant d'horreur lorsque ses lèvres touchèrent la peau humide de Bill.

Avant que Tom n'ait pu se reprendre les lumières furent rallumées et l'expression du visage de Bill, ce visage que Tom aimait plus qu'aucun autre, était si sombre et confuse que Tom s'étouffa presque, sa respiration toujours haletante. Il ne savait pas ce qui lui arrivait, pourquoi il n'arrivait plus à respirer, mais les mains de Bill sur lui ne l'aidaient pas du tout.

"Ne me touche pas, ne me touche pas," parvint à articuler Tom. "Arrête. Bill !" Il éloigna Bill en le repoussant et tituba jusqu'à sa chambre, claquant la porte derrière lui. Il avait laissé Bill lui sucer la queue.

Il avait joui dans la bouche de son frère. Il avait été désespéré et s'était ouvert à Bill, s'était trop ouvert, et Bill avait joué avec lui. Bill avait joué avec lui et lui avait taillé la pipe de sa vie. Tom se laissa tomber sur son lit, réussissant enfin à reprendre son souffle. Il prit plusieurs inspirations profondes et se roula en boule sur le côté, dans le noir. Il était nu, il avait froid, et ses tremblements ne cessaient pas.

Quand Bill vint plus tard frapper à sa porte il ne l'entendit pas. Il n'entendit pas les mots suppliants de Bill qui demandaient son pardon. Il n'entendit pas Bill au téléphone, ni la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer. Il n'entendit pas la voiture de Bill démarrer et s'éloigner en descendant la rue.

Mais après, alors qu'il était seul caché sous ses couvertures, il entendit le silence. Le silence qui rugit à ses oreilles durant toute la nuit.

FIN CHAPITRE 5

 

 

 

 

 

 

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