Chapitre 4.


Déjà six mois qu'ils avaient quinze ans.



Les autres vieillissaient plus vite, il faut dire qu'ils sont plus vieux.



Bill commençait à changer physiquement.

Ses traits devenaient plus masculins, mais son look plus efféminé et plus sur de lui.

Une grosse mèche barrait son visage, masquant à peine un maquillage plus marqué.



Les traits de Tom aussi s'étaient un peu renforcés, mais moins que ceux de son frère.

Ses dreads étaient plus longues, ses vêtements plus larges.



Tokio Hotel connaissait un succès fou et qui vite les dépassa.

Ils allaient en ce moment même faire un unique concert en terrain inconnu et si attirant pour Bill.

La France.



Ils devaient prendre l'avion le lendemain, et Bill savait qu'il y'en avait un que ça n'enchantait pas vraiment.



Il n'aimait pas vraiment l'idée de voir Tom pâle pendant trois heures, prêt de l'évanouissement, se débattant pourtant pour ne rien laisser transparaître.

Il avait beau vouloir négocier ça avec David, celui-ci refusait catégoriquement de les faire emprunter un autre moyen de transport.

Il ne savait pas pourquoi et ne cherchait pas a comprendre.



Ce matin la particulièrement il avait du mal a émerger.

Il avait fait un rêve très agréable –avec son frère– et la chaleur de ses couvertures l'avait empêché de se lever plus vite.



Pourtant il en avait des choses à faire aujourd'hui.

Sa valise notamment, aussi un dernier shopping avec sa mère, et voir une dernière fois sa petite amie.

Oh, oui, sa petite amie.

Après le rêve dont il sortait, il jura qu'il aurait pu l'oublier.

Il la plaint intérieurement, puis se dirigea hors de sa chambre pour se rendre directement dans celle de son frère.



Sans frapper il entra dans la pièce encore totalement sombre, et, la tête dans le brouillard il se laisse tomber à genoux sur le lit de son jumeau.

Il remit mollement sa grosse mèche qui avait ondulé pendant la nuit derrière son oreille, puis a quatre pattes se hissa jusqu'à la silhouette du corps de son frère enfouit sous les couettes pour se laisser tomber juste à coté.

Il passa son bras par-dessus et le secoua paresseusement en disant d'une petite voix éraillée :

« Toooom lèves toiiii… »



Son frère gémit distinctement en se calfeutrant un peu plus sous sa grosse couette.

Bien décidé à le réveiller, Bill grimpa sur la masse informe avec difficulté en ronronnant que c'était l'heure.



« Biiiill laisseuh moi… »

Son double avait la voix encore plus cassée que la sienne, ce qui le fit doucement rigoler.



« Mais Toooom c'est a toi de faire le petit dej' ce matin… »

Tom ne bougea pas, et Bill, lascivement étalé sur lui attendait patiemment une réaction de sa part.

Il ne savait pas où il était situé mais il sentait battre contre son épaule le cœur calme du blond.



Il arrivait même à apercevoir une des dreads échappée posée là en travers du coussin.



Les battements du cœur le berçaient doucement et il sentit ses yeux se fermer peu a peu.

‘Non' pensa t il ‘faut pas que je m'endorme'

Il était pourtant si bien, entouré par la chaleur omniprésente de Tom.

Par son odeur aussi.

Une douce odeur acidulée, une odeur de jeune garçon endormis.



Il remua légèrement pour sortir de sa torpeur, et sentit avec agacement quelque chose qui le gênait entre ses jambes.

Il essaya de l'enlever en se dandinant légèrement, ce qui fit grogner Tom.

Mais la chose ne se dégageait pas et elle commençait a lui faire mal a son entre jambe.



Timidement, pensant qu'il s'agissait d'un pan de couverture, il glissa sa main le long de son ventre, avant de découvrir avec stupeur qu'il ne s'agissait absolument pas de la couette.



« Et merde… »



En plus Tom commençait à remuer sérieusement sous lui, signe qu'il se réveillait. Il avait totalement oublié ce petit désagrément matinal, et il voulait éviter que Tom ne le surprenne ainsi.



Il commença à se redresser discrètement, s'asseyant sur le rebord du lit, et au moment ou il allait se lever, deux bras brûlant se refermèrent autour de sa taille et l'attirèrent en arrière. Il atterrit doucement contre son jumeau, le souffle coupé sous la surprise.



« Ah non, maintenant que tu m'as réveillé, tu restes un peu. » « Je veux juste un câlin et après je te jures que je te prépare le petit dej' ». Il soufflait cela contre le bras du chanteur qui frissonnait malgré la chaleur de la pièce.


Il ne comprenait pas vraiment pourquoi cette érection matinale venait à durer, alors que généralement elles s'en allaient presque des qu'il posait le pied par terre…

« Euh Tom…» « S'il te plait… »

Il hésita. Les mains de Tom sur son ventre étaient vraiment très douces.

Et il voulait rester ici le plus longtemps possible.

D'un autre côté cette situation était vraiment gênante.



« J'ai juste un problème » Il se décolla de son frère en se mordant la lèvre puis se retourna vers lui.



Il faisait vraiment trop sombre.



Il s'assit sur ses mollets, les mains sur ses cuisses.



« Ugh, » grogna le guitariste « Qu'est ce qu'il t'arrive ? ». Et il posa sa main sur le genou de Bill.

Pour lui c'était un geste affectif.

Bill le prit autrement.

Il déglutit.

« Tom !... »



Le dreadé le secoua gentiment.

« Oh allé mon Bill dis-moi tout… » Il passa son autre main sur son visage en soupirant tandis que son frère saisissait sa main entre les siennes l'amenant un peu plus haut…

« Qu'est ce que… » Il frissonna lorsqu'il sentit sous ses doigts quelque chose de dur et d'une chaleur vraiment très importante, un peu comme un… « Oh… »



« Ouais, oh, comme tu dis… » Souffla Bill. « Elle ne veut pas descendre… »



Tom se redressa lentement et difficilement, se frottant les yeux, sa main toujours sur l'entrejambe en difficulté de son cadet.

Il y appuya légèrement, arrachant un petit cri au chanteur.

« Tu n'as qu'a, tu sais, te toucher, comme ça » « Elle partira. »



Bill hocha doucement la tête et vint se lover sous la couette de son jumeau, qui ouvrit des yeux comme des billes.

« Tu ne vas pas le faire ici quand me… »

« Oh mon Tom s'il te plaît… » Implora le brun doucement. Sa main descendait déjà vers son caleçon. « Je suis tellement bien ici avec toi… », Et tout en disant cela, il posa son front contre l'épaule de son jumeau qui frémis, flottant sur un nuage un peu étrange.



Le bras de Bill montait et descendait déjà, et son souffle se précipitait sur l'épiderme brûlant et réactif de Tom.

C'était vraiment trop… bizarre.

Comme un rêve embrumé dont il n'arrivait pas à sortir.



Bill s'adossa au mur, rompant tout contact avec Tom, et en profita pour tirer la couette un peu plus contre lui, ses doigts s'y agrippant très fort.



Le blond se retourna légèrement, prenant appuy sur un bras, pour pouvoir observer les traits de son visage, doucement tirés en une moue particulière.

L'atmosphère commençait à se faire lourde.

Tom fût tenté de caresser le visage de son double, pour graver ça a nouveau au plus profond de lui tellement il n'y croyait pas.

Et il le fit.



Il se hissa très doucement au même niveau que son frère et posa ses doigts sur sa joue déjà très chaude.

Bill haleta doucement, entrouvrant ses yeux pour plonger son regard dans celui de son aîné.



Le guitariste trouvait cela tellement invraisemblable.

Il rapprocha un peu son visage, juste pour pouvoir sentir l'odeur de sa peau, juste pour pouvoir sentir le halo de chaleur qui s'émanait de lui tandis que ses mouvements s'accéléraient, juste pour pouvoir sentir un peu plus son regard dans le sien.



Il se rapprocha encore, juste pour le sentir un peu mieux… juste pour…



Leurs lèvres étaient vraiment très proches, a tel point qu'ils leur devenait insupportable de se regarder dans les yeux.

Bill laissa échapper un long gémissement tirant vers les aigues et ses yeux menaçaient de se fermer d'un instant a l'autre pour succomber au doux plaisir qui l'envahissait peu a peu en des vagues toujours plus intenses.



« Shhh mon Bill… » Soupira Tom tout contre sa bouche « Il faut pas que maman ou Gordon t'entendent… » Et il colla enfin ses lèvres contre celles de son frère qui gémit de nouveau, le bruit étouffé par le baiser.



Il leva une main pour caresser le visage de Bill, puis descendre sur son cou, duquel ressortait la jugulaire au rythme des va et viens qu'il s'infligeait. Il se fit violence pour rester juste tendre, entourer Bill d'une bulle d'affection et de bienveillance, et ne pas commencer à devenir sensuel et mal intentionné…



Malgré sa bouche, les cris de Bill se faisaient plus puissants. Et puis il n'y allait pas de main morte, autant dire qu'ils étaient chahutés par le mouvement incontrôlable du corps de Bill.



Le brun sentit Tom se décoller de lui l'espace d'une seconde, paniquant malgré le plaisir un peu rude qui le noyait et manquait de l'étouffer.

Les lèvres de son jumeau s'étaient presque révélées comme des bouffées d'air qui le poussait pourtant un peu plus dans cette jouissance.



Tom ne trouva pas d'autre moyen, pour que la voix de Bill ne porte pas plus loin que dans sa propre bouche, que de tenter un passage forcé à travers la barrière close de ses lèvres avec sa langue un peu fébrile.

Il sentit nettement son frère sursauter mais celui-ci resta imperturbable dans son action et l'accepta de bonne foi, sa main libre venant même se poser sur l'épaule de Tom.



Ce baiser fit ralentir le cadet sous la stupeur, mais il ne lui suffisait plus que de quelques caresses avant de se sentir partir, presque trop brutalement pour lui, dans un spasme qui le détacha de son jumeau tandis qu'un soupir rauque dépassa ses lèvres gonflées, et que quelques larmes perlaient au coin de ses yeux.



Tom s'effraya et se hissa jusque par-dessus Bill pour faire taire son gémissement bien trop sonore en l'embrassant encore, le serrant contre lui tandis qu'il le sentait se cambrer et se raidir à l'extrême sous lui, éjaculant sûrement à l'endroit où Tom s'était assis pour mieux l'atteindre.



Il frissonna à cette idée et embrassa Bill plus vigoureusement qu'il ne l'aurait voulu.

Mais il devinait déjà le brun s'affaiblir de secondes en secondes pour sombrer dans un état brumeux post-coïtal.



Il le laissa lentement s'affaisser contre le mur, leurs lèvres se détachant dans un doux bruit suivit par leurs soupirs respectifs.

Si quelqu'un était rentré à ce moment, il aurait pu croire que les deux adolescents venaient de commettre l'interdit, Tom ayant le souffle aussi presque aussi court que celui de son cadet, et l'air sûrement plus hébété que celui-ci.

Seule la couverture un peu humide les séparaient.



Le dreadé se retira doucement de par-dessus son frère, avant de s'allonger a coté de lui, sur le coté pour l'observer.

Bill s'enfonçait dans les oreillers, fermant les yeux comme prêt à s'endormir.



« Oh mon dieu Tom… » Chuchota t il au bout d'un court laps de temps.

Un sourire se dessina lentement sur la bouche de l'appelé.

« Est-ce que ça a été ? »

Bill hocha la tête mollement puis se lécha les lèvres en soupirant.

« Je voudrais un peu de chocolat… »



Tom haussa un sourcil. Bill n'aimait pas le chocolat.

« Mais tu… »

« Oui » le coupa le plus jeune, « mais la j'en ai envie… ». Il se tourna légèrement vers son aîné, et ses yeux brillaient encore dans l'obscurité. « …vraiment » murmura t il.



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Simone lavait d'un air affairé les quelques couverts qui restaient au fond du lavabo.

Le bruit léger des pas feutrés d'un de ses fils l'arracha de sa concentration.

Elle se retourna vers le blond qui semblait farfouiller dans un des placards, un air confus sur le visage.



« Bonjour » dit elle. « Qu'est ce que tu fais ? ». Elle fronça les sourcils en voyant son enfant tiré avec difficulté une plaquette de chocolat du haut du placard. « Je croyais que tu n'aimais pas… »

« C'est pour Bill » répondit il doucement. « Bonjour ». Il lui déposa un petit baiser sur la joue avant de repartir d'où il était probablement venu.



Simone haussa les sourcils puis s'en retourna a sa tâche. Il n'avait pas tellement répondu…



Elle ne put que constater que Tom avait l'air sur un nuage et se dit qu'il avait sûrement très bien dormi, et fait un joli rêve.

Elle plissa aussi le nez en pensant que ce matin Tom sentait quelque chose de plus prononcé que son odeur habituelle. Un peu comme quand il transpirait.

Mais ça, ce n'était pas son affaire, songea t elle avec un petit sourire en coin.

FIN CHAPITRE 4