CHAPITRE 9
Il se redressa en position assise, atrocement fiévreux soudainement.
Une désagréable bouffée de chaleur l'envahit et sa tête lui tourna.
Il lui fallait de l'air, à tout prix.
Il descendit de sa couchette, fébrile et peu sur de ces gestes.
Le bus tanguait, tanguait, ‘on se croirait sur un bateau' pensa t-il en chancelant a travers les couloirs du bus qui lui semblaient être des dédales et des dédales entier de labyrinthe…
Arrivé dans la salle des canapés, son genou droit faiblit et il tomba à la renverse.
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Il n'arrivait pas à y croire.
Est-ce qu'un jour un seul il s'était sentit aussi délaissé ? Il ne pensait pas.
Il se sentait malade, faible ; Tom n'était plus Tom pour lui, il était bien trop occupé à être Tom pour Georg.
Trop occupé à être Tom pour Tom.
Trop occupé à être le maître, celui qu'on aime naturellement, sans qu'il ait besoin de se maquiller, de se placer de lui-même devant les camera…
Bill chahuté dans son lit par les cahots de la route repense a tout ce qu'il a pu faire de bien depuis ses treize ans, depuis Devillish, depuis Gustav et Georg, depuis que Gordon avait parlé de son groupe un soir a table, et que Bill l'avait tout de suite envié d'avoir pu se sentir si haut, si près des étoiles. Il se souvint aussi, un peu plus vexé, à quel point il avait voulu apprendre la guitare. Et c'était Tom qui avait réussi. Alors il avait laissé tomber. Et c'avait finit par être ainsi pour tout.
L'amour ;
L'école ;
Le sexe ;
Les amis…
Il se retourna rageusement dans sa couchette, définitivement incompris, et ressassa toutes ces foutues interviews, où, un sourire peint sur le visage, il avait fait semblant d'ignorer comment Tom se ventait, sans cesse, de tout et de rien, en se comparant à Bill, mais aussi et surtout a Georg.
Tandis qu'il lançait des regards noirs aux étoiles qui défilaient dans le sombre ciel, un petit bruit de lit que l'on quitte grinça, captant son attention.
Il opta pour Gustav qui allait aux toilettes, mais lorsqu'un puissant bruit de chute retentit, agrémenté d'un léger gémissement, il sursauta, d'abord paniqué, comme toujours, tellement préoccupé pour les autres, Bill Kaulitz était tellement généreux, et personne ne semblait s'en rendre compte…
Il soupira, tout a fait d'accord avec lui-même, mais décida quand même d'aller voir, au cas ou.
En descendant prudemment l'échelle, l'androgyne imagina tellement Gustav se prenant le pied dans celui du canapé et jurer contre le pauvre sofa qu'il échappa un petit ricanement.
Il trottina de façon incertaine jusqu'au couloir et son cœur rata un battement lorsqu'il vit Tom, étalé a moitié sur le canapé de gauche, a moitié par terre, le visage blafard et les yeux hagards.
« Oh merde ! ».
Il paniqua un peu plus l'espace d'un instant avant de se précipiter sur le blond, toujours difficilement face a la vitesse qu'avait le bus. Il le saisit sous les bras, et le releva doucement, mais le corps du dreadé était incroyablement lourd et mou.
« Du sucre » murmura Tom en tentant de garder ses yeux ouverts pour voir son jumeau.
« Oui, je vais chercher ça, j'arr- ».
Le car prit un virage très serré au même moment, et ployant sous les différentes forces qui l'accaparaient, l'androgyne tomba en arrière sur le canapé, son frère complètement affalé sur lui. Un hoquet rauque s'échappa du fin fond de sa gorge lorsque le poids de son frère l'écrasa d'un coup, lui coupant le souffle.
Le guitariste gémit faiblement, et l'espace d'un instant Bill se demanda s'il n'allait pas tout simplement crier à l'aide.
Mais plusieurs choses l'en empêchèrent.
Déjà peut être parce qu'il était en short de pyjama très court, que Tom était lui aussi presque nu, et que la position qu'ils avaient n'était pas des plus anodines ; et puis surtout parce qu'il sentit a nouveau cette petite sensation aigre qui lui hurlait qu'il était capable, qu'il devait faire ses preuves, sauver son frère, et après peut être le consoler…
Un sourire fugitif passa sur ses lèvres, et il se cambra pour essayer de faire tomber son frère à coté de lui, mais c'était sans imaginer qu'encore une fois, son jumeau était bien dix fois plus lourd qu'il ne l'aurait parut.
« A quoi tu joues » haleta Tom en le sentant bouger contre lui, la tête dans le cou de son frère. Il fut directement assaillit par un nouveau vertige, sa vision devenant noire pendant quelques secondes. « Vite » pressa t-il.
« Oui » pantela Bill a son tour, « mais t'es affreusement lourd Tom j'arrive pas », « j'arrive pas a te soulever ! ». Il se tortilla sous son frère jusqu'à ce qu'il soit totalement essoufflé. « Putain j'arrive pas à y croire », « j'aurais jamais cru qu'un jour tu me coincerais ! ». « Tu penseras à perdre du poids », ajouta t-il, légèrement hargneux.
Coup dur pour le dreadé qui ne pouvait même pas riposter, bien trop faible.
Il se sentit décoller ; Bill avait enfin réussi a le dégager sur le coté, le laissant tomber comme une masse sur le sofa.
Peu après il put le sentir tirer sur son bras pour le redresser.
Tom se sentait incroyablement cotonneux, mais ça ne lui plaisait pas forcément.
Il retomba en arrière comme Bill n'avait pas la force de le maintenir.
« T'es qu'un brin d'herbe Bill » souffla Tom. Bill grogna et lui lança qu'au moins lui ne pesait pas trois tonnes.
« Le sucre » gronda le blond.
« C'est bon j'arrive » répondit Bill en soupirant.
Il se baissa sur son frère pour lui mettre le sucre dans la bouche.
Il frôla les lèvres sèches de son jumeau au passage, sans vraiment le vouloir.
Mais ce fut comme s'il ne pouvait plus contrôler. Quelque chose de dense qui passe dans les veines de son bras. Sa main. Qui vient se poser sur la joue pâle du guitariste.
Il peut sentir le travail de sa mâchoire juste sous ses doigts, il peut deviner le sucre qui craque sous les dents de Tom, il peut voir la grimace qu'il fait, parce que Tom n'aime pas tellement le sucre nature, encore moins en morceau.
« Ça va mieux ? »
Le dreadé haussa péniblement les épaules et referma les yeux.
Plusieurs minutes passèrent, et Bill caressait toujours lascivement la joue de son jumeau. Tom était faible. Quoi de mieux pour en profiter un peu et tourner cette situation a son avantage ?
Il détourna la tête pour que le dreadé ne le voie pas rougir, même si c'était une précaution inutile étant donné que Tom avait les yeux fermés.
Il laissa donc sa main errer un peu plus bas, juste au niveau de son cou, épousant la forme de celui-ci, à l'écoute des battements de son pou.
Plus bas, caressant l'os saillant juste au dessus des pectoraux.
Plus bas, effleurant le téton de façon plutôt insistante.
Plus bas, glissant sur le tissu qui suggère le ventre plat.
Un peu plus bas, gravissant la hanche.
Il hésite, et vois les paupières de Tom se rouvrir.
Ils se regardèrent un long moment, et sans ciller, Bill descendit encore sa main, son bras se tordant derrière lui pour passer le long de la cuisse de Tom.
L'aîné frissonna légèrement et remonta sa jambe, comme pour encourager son jumeau. Celui-ci passa le genou et descendit jusqu'à la cheville, ou il laissa ses longs doigts frôler la peau très fine du pied de Tom.
Ça lui fait bizarre, généralement c'est avec les veines de sa main que Bill s'amuse. C'était. Maintenant il avait juste l'air de s'amuser avec lui, avec lui tout entier.
« J'aurais besoin d'un autre... »
« Je t'apporte ça » coupa Bill. Il se leva et s'en alla chercher un second sucre en balançant des hanches, sous les yeux écarquillés de son frère. Bill lui devenait de plus en plus étranger, il coulait entre ses doigts et Tom ne parvenait plus à le saisir, le comprendre.
Quand Bill revient, il a les joues roses, des frissons courent sur ses jambes frêles et nues, et Tom se sent déjà mieux, d'ailleurs, plus ses yeux dévalent le long du corps de son frère, plus la chaleur reprend ses droits sur ses membres lourds.
Il se redresse difficilement, et quand le chanteur se laisse paresseusement tomber à coté de lui, il n'attend pas et lui saisit la main pour porter ses doigts à sa bouche.
Il engloutit le sucre, mais laisse ses yeux dans le vague devant lui et la main de son jumeau a portée jusqu'à ce que l'horrible mixture disparaisse au tréfonds de son estomac.
Les particules de sucre fondent, se désintègrent, les molécules de glucose franchissent les barrières de la paroi de l'organe pour se propager librement dans ses vaisseaux, les atomes sucrés se liant à son sang.
Son sang.
La main de Bill toujours dans la sienne, il porte ses doigts manucurés à sa propre bouche. Les pressent contre ses lèvres, l'auriculaire glissant sur l'anneau de son piercing. Ouvre la bouche, lentement.
À coté son frère trésaille.
Lorsque la peau légèrement acide du brun entre en contact avec sa langue, ses papilles réagissent nerveusement. Décharge d'adrénaline, Tom aspire l'index de son cadet qui laisse échapper un hoquet de surprise puis un faible gémissement qui parvient au dreadé comme un encouragement.
Le blond ferme les yeux et se laisse tomber contre le dossier du canapé, entraînant Bill un peu plus vers lui.
Celui-ci en profite presque directement pour se coller à Tom, se coller contre lui, sentir la chaleur émaner de son bras contre son ventre, et l'embrasser sur la joue, le long de la mâchoire, puis se laisser aller à titiller le lobe de son oreille, d'abord avec les lèvres, puis les dents, et finir avec la langue...
Tom gémit à son tour, mais beaucoup plus fort, ses orteils se crispent et ses doigts se resserrent autour de la main du brun.
Il reconnaît cette torpeur, ce brouillard. Cette bulle un peu spéciale, une marque de fabrique signée Kaulitz...
Il rouvrit les yeux lorsqu'il sentit les doigts de son frère lui échapper, et se sentit bousculé sur le côté, puis agréablement écrasé par le poids de son cadet.
Il donna l'effort pour se retourner doucement, puis frémis lorsque la bouche de Bill se posa sur la sienne et qu'il positionna ses jambes de part et d'autre de lui pour le chevaucher.
Il se décolla et planta ses yeux au fond des siens.
« Je ne t'ai pas pardonné, tu sais... »
Tom fronça les sourcils.
« Arrête avec ça, j'ai rien fais, et tu sais très bien que t'as abusé », « Georg n'a...»
Bill sembla se jeter d'un coup sur lui, attrapant ses deux lèvres entre ses dents, lui coupant la parole, les mots de Tom s'évaporant en une sorte de gémissement lascif alors que l'androgyne s'amusait à faire entrer puis sortir sa langue de la bouche de son aîné.
Un frisson violent partit de sa nuque jusqu'au bas de son dos; Tom adorait quand Bill faisait ce genre de chose, quand il lui portait ce genre d'attention pleine d'interdits, de désirs et aussi de supériorité.
Tom aimait quand Bill cherchait à lui prouver qu'il était grand , parce que pour Tom il faisait n'importe quoi, quitte parfois à se rendre ridicule dans certaines situations. Et puis parfois aussi, ça finissait comme ça, avec Tom surplombé par son jumeau qui jouait de façon douteuse avec son corps...
Le bus tanguait, et le bassin de Bill suivait le mouvement, pressant lentement le bas du ventre de son jumeau. Celui-ci se mordit l'intérieur des joues tandis que ses mains se posaient sur les cuisses du brun, sans doute pour atténuer la tension qui se faisait sentir chaque seconde un peu plus, mais ce simple contact le fit frissonner d'envie.
Ses doigts se crispèrent sur la peau de Bill qui se recula pour planter a nouveau ses iris un peu dilatés dans les yeux assombris du guitariste.
« Je veux pas entendre parler de lui », « et d'ailleurs, j'avais sûrement pas tord », « et à l'avenir, quand ce genre de choses se produiront, si t'es pas de mon avis, tu la fermes, et tu me laisse me démerdé comme le grand que je suis, hm ? ».
Il se pencha sur Tom pour embrasser chastement le bout de son nez puis se redressa et s'en alla, toujours de son pas hésitant et trottinant en balançant ses hanches.
Le dreadé fronça les sourcils puis posa son bras sur ses yeux pour effacer les UV trop crus des néons.
Même s'il aimait ce changement de dominance, parfois il avait l'impression d'être bien trop rabaissé.
Une impression.
FIN CHAPITRE 9