Chapitre 11.
« Vas-y toi. »
Bill hausse un sourcil. C'était bien la première fois que Tom le laissait prendre les commandes dans leur relation professionnelle.
« Tes sûr ? »
« Je crois qu'elle te fera plus confiance qu'à moi et puis c'est un peu ton job aussi, la psychologie tout ça. »
Le brun sourit. Il reconnaissait enfin que ce côté pouvait avoir des avantages dans leur métier.
« Bien, je vais y aller. »
Il poussa la porte de la salle. Ce n'était pas une pièce froide avec simplement une table et une chaise, l'endroit était coloré, avec une grand canapé rouge et des petits gâteaux posés sur une table basse. Il n'allait pas mener un interrogatoire, il allait devoir parler à une femme qui venait d'échapper à une mort certaine, elle avait besoin d'être rassurée.
« Bonjour. »
La jeune femme leva les yeux vers lui, il remarqua immédiatement qu'elle transpirait la peur et la crainte. Il lui lança un sourire rassurant.
« Bonjour. » répondit-elle d'une toute petite voix.
Il vint s'asseoir à côté d'elle, gardant une distance raisonnable entre eux. Il ne voulait pas l'effrayer encore d'avantage ou la mettre mal à l'aise.
« Je suis le lieutenant Kaulitz, mais vous pouvez m'appeler Bill. »
« Sonia. » dit-elle en lui serrant la main.
« Vous avez fait ce qu'il fallait en venant nous voir immédiatement, votre aide va nous être très précieuse. »
« Au début.... au début je ne savais pas vraiment quoi faire mais j'ai vu le portrait à la télé, je suis sûre que c'est lui. Je ne veux pas qu'il continue alors je suis venue. »
Bill hocha la tête et il attendit qu'elle continue.
« Vous êtes vraiment policier ? »
L'androgyne étouffa un rire. Il ne s'attendait pas vraiment à cette question.
« Un vrai de vrai. »
Sonia sourit un peu.
« Vous ne ressemblez pas à un flic. »
« On me le dit souvent, et je prends ça pour un compliment. »
La jeune fille rigola légèrement. Elle se détendait un peu.
« Je crois que je me trompe souvent sur les gens en ce moment. »
Bill savait qu'ils entraient dans le vif du sujet.
« Ce type, je l'avais déjà vu, à la journée pour le mariage dans cette boutique de maquillage. Il m'avait semblé gentil, on avait rigolé ensemble sur le mari idéal, le fait qu'il n'existe pas tout ça. Je le trouvais drôle mais ce n'était pas mon type et il ne semblait pas me draguer. Et puis il est revenu sonner chez moi une fois, il voulait me vendre des livres. »
« Des livres ? »
« Des livres sur le mariage, le choix des pièces montées, les meilleurs DJ, sur les façons de confectionner sa robe de mariée soi-même, ce genre de trucs. Je lui ai dit que malheureusement je n'en avais pas encore besoin et c'est là qu'il... qu'il a dit que ça pouvait s'arranger. Je n'ai pas compris il a changé de comportement radicalement. J'ai cru que je me faisais des idées, je lui ai dit que je devais partir travailler. Mais il est revenu ce matin, il a encore insisté, il disait plein de choses insensées, qu'on était fait l'un pour l'autre, qu'on pourrait vivre heureux, qu'il me présenterait à sa famille, j'ai paniqué. »
Elle tremblait, Bill posa sa main sur son bras pour la rassurer un peu, raconter toute l'histoire ne devait pas être quelque chose de facile.
« Il a insisté pour rentrer, il m'a poussée, je suis tombée par terre. Heureusement j'avais mon parapluie dans la main, je l'ai tapé avec, j'ai frappé de toute mes forces, j'avais peur je ne savais même plus ce que je faisais, je me suis relevée et j'ai couru, sans me retourner. »
Elle avait vraiment eu beaucoup de chance, il ne faisait plus attention aux détails, il agissant selon ses pulsions. Il n'aurait jamais commis autant d'erreurs avant.
« Il vous a dit comment il s'appelait ? »
« Oui, Nick Casano. »
Bill soupira, pourquoi ça ne l'étonnait pas ? Encore une nouvelle identité.
« Bien, je vais vous laisser vous reposer quelques minutes, votre sœur va vous rejoindre. Je reviendrai plus tard d'accord ? »
Elle hocha la tête. Bill sortir de la pièce.
« Elle a reconnu la photo de notre type. » lui dit-il.
« On a le bon gars depuis le début, il n'y a plus de doute possible maintenant. »
« Reste plus qu'à lui mettre la main dessus. » continua Tom.
Ils allèrent dans leur bureau. Il fallait qu'ils agissent extrêmement vite.
« Pourquoi elle a parlé de bouquins de mariage ? » demanda le dreadé.
Bill fronça les sourcils.
« Ah oui les livres, ce type s'est présenté chez elle avec ça. »
« C'est bizarre non ? »
« Oui... »
Il savait qu'il y avait quelque chose là, juste devant lui, pourquoi il n'arrivait pas à mettre la main dessus.
« Donne moi le dossier devant toi s'il te plait. »
Tom lui tendit. Il se mit à farfouiller dans ses dizaines de notes, espérant tomber sur l'élément qui allait tout faire coller ensemble.
« Putain ça y est ! »
Pourquoi il n'avait pas fait le rapprochement avant ?
« Qu'est-ce qu'il y a ? »
Bill était en ébullition. Il bougeait dans tous les sens.
« Regarde ça. »
Il mit une feuille devant les yeux de Tom, mais il ne lui laissa pas le temps de la lire et commenta à voix haute.
« Il s'est présenté en tant que vendeur de livre au début. J'avais pas noté ce détail mais c'était des livres de mariage ! Il va dans la boutique de maquillage et vend ces livres ! Il retourne chez ces femmes en voulant leur vendre ça ! Tout colle ! »
Tom était un peu perdu. Bill attrapa le téléphone et rappela la patronne du magasin.
« Allô? »
« Bonjour c'est le lieutenant Kaulitz, lorsque vous avez organisé la journée pour les futures mariées est-ce qu'il y avait un homme qui vendait des livres sur le mariage ? »
« Euh attendez une seconde. »
Il entendit des feuilles se froisser.
« Oui, un certain Matthew Lawick. »
Il se retint de ne pas crier de joie, c'était l'une des identités de leur suspect.
« Il travaillait pour une petite boite d'édition et il est venu pour faire un partenariat avec nous dans le cadre de cette journée. »
« Il a parlé avec les femmes présentes ? »
« Oui il me semble, il plaisantait avec tout le monde. »
« Vous avez une adresse ? »
Il pria de toutes ses forces pour que ce soit le cas.
« Oui, 225 boulevard Lexti, batîment 4. »
« Merci beaucoup. »
« De rien. »
Il raccrocha.
« On a une adresse ! »
« J'ai pas tout compris mais je vais te croire. » dit Tom.
Le brun rigola.
« On fait une réunion d'urgence, j'ai besoin d'un plan pour attraper ce mec, et aujourd'hui. »
[...]
« Bien, on se calme et on reprend. »
Le commissaire haussa la voix. Son équipe commençait à partir un peu en vrille et elle avait besoin d'être recadrée.
« L'équipe envoyée en repérage a bien confirmé ce que l'on pensait l'appartement est vide, le concierge nous a dit qu'un locataire était parti sans donner de préavis il y a quelques jours. » »
« Sûrement après notre petite ''rencontre'' dans le hangar. » dit Bill.
« Possible. On a appelé la boite d'édition qui l'employait. Il avait demandé sa mutation sur Berlin et comme il était plutôt bon elle lui a été accordée, mais il n'est pas venu travailler aujourd'hui. Il a envoyé un mail à son patron en disant qu'il démissionnait et qu'il allait déménager ailleurs. Evidemment sa sœur n'a rien voulu lâcher et malheureusement on ne peut plus la garder.»
« Quoi ?! » s'exclama Bill.
Il savait très bien que ça allait arriver mais le choc était présent malgré tout.
« On a aucune raison de la garder ici, le juge ne peut plus prolonger sa garde à vue. Mais je vais la faire suivre, on ne la lâchera pas d'une semelle, avec un peu de chance elle nous mènera directement à son frère. »
« Ouai. »
Il n'y croyait pas vraiment mais mieux valait ne pas prendre le risque.
Le brun soupira et ferma les yeux. Il allait déménager. Il allait s'enfuir encore. Il en avait marre, marre de lui courir après tout le temps, marre de devoir déménager et le suivre partout dans le pays. Il fallait que ça s'arrête, il fallait qu'ils mettent la main sur lui avant qu'il ne quitte la ville.
« Je pense qu'il a bien pris peur en laissant échapper une victime, il va partir. »
« Il faut l'arrêter tout de suite. »
« Je sais. » répondit le commissaire.
« J'ai déjà envoyé une équipe interroger les autres employés, il a bien dû dire à quelqu'un où il avait déménagé. Dès qu'on a une adresse on fonce, on l'attend et on l'attrape. »
Quelques questions furent posées et les derniers détails réglés. Ils ne pouvaient plus rien faire à part attendre un numéro et une rue. Attendre, c'était bien le pire dans ce métier. Mais ils n'avaient pas le choix.
« Je vais aussi envoyer quelqu'un fouiller son ordinateur professionnel, on trouvera peut-être quelque chose qui nous indique où il se trouve actuellement. Il faut faire vite, il va partir dans la soirée ou au plus tard demain matin. On est trop proche de lui pour qu'il ne prenne le risque de rester ici. »
« On fait quoi en attendant ? » demanda Tom.
« Vous deux vous allez vous reposer, vous prendrez le tour de garde demain matin, j'ai besoin que vous soyez le plus réactif possible. On va trouver sa nouvelle adresse dans quelques heures, dès qu'on l'a j'envoie une équipe pour surveiller la maison pour la nuit. »
« Bien. »
La fin de la journée promettait d'être passionnante. Comment se détendre et se reposer alors qu'ils touchaient pratiquement au but. Ils avaient trouvé son boulot, ses collègues, ils obtiendraient le lieu où il vivait très rapidement et il fallait qu'ils restent là à ne rien faire.
Bill n'était pas du tout d'accord. Mais il pensait que Gustav avait raison, les choses sérieuses de passeraient le lendemain. Il allait sûrement passer la nuit à rassembler ses idées et à se cacher avant de retourner prendre ses affaires pour filer. La nuit n'apporterait rien de nouveau.
« On bouge un peu ? »
La voix de Tom le sortit de ses pensées.
« Oui. »
Il prit sa veste et ils sortirent, l'air frais leur éclaircissant les idées.
« Je déteste devoir rester dans mon coin à ne rien faire. » dit finalement l'androgyne.
« Moi aussi mais on n'a pas vraiment le choix et puis tu veux qu'on fasse quoi ? C'est une grande ville on ne va pas tourner toute la nuit en espérant tomber sur lui. »
Bill soupira, encore.
« Non mais bon, les autres s'activent au moins. »
« On a besoin de pros en informatique et il faut qu'on soit dans de bonnes dispositions pour l'attraper. Si on passe toute la soirée à interroger ses amis on ne sera pas spécialement au meilleur de notre forme. »
« Je sais. Ah tu m'énerves à avoir raison comme ça ! »
Tom rigola et prit la main de Bill pour l'entrainer derrière lui et l'empêcher de répliquer.
« Tom ! On va où ? »
« Là où tu arrêteras de dire n'importe quoi. »
Bill grogna mais se laissa guider. Ils prirent un taxi et quelques minutes plus tard ils furent déposés dans une rue animée du centre ville.
Bill sortit de la voiture et frissonna. Il fallait vraiment qu'il investisse dans un manteau d'hiver.
Il releva les yeux et se stoppa face à la vision qu'il avait. Les lumières étaient allumées et des petites diodes de toutes les couleurs éclairaient le bâtiment. La porte était ouverte et laissait sortir une douce musique et des éclats de rire. On pouvait sentir la chaleur plusieurs mètres devant l'entrée.
« C'est quoi cet endroit ? » demanda-t-il les yeux brillants.
« Ca c'est le meilleur restaurant de toute la ville. »
« Pourquoi tu m'as pas emmené là avant ? C'est magnifique. »
Tom rigola.
« Je n'emmène pas n'importe qui ici. »
Il lui fit un clin d'œil et lui reprit la main pour le faire rentrer à l'intérieur. Bill n'avait pas vraiment le temps, ni l'envie, d'analyser tout ce que cela voulait dire. Il voulait juste profiter de la soirée et se vider la tête pour quelques heures avant de replonger dans l'enfer qu'était sa vie depuis plusieurs mois.
Ils demandèrent une table et s'assirent dans un coin reculé de la pièce, un peu à l'abri des regards.
« Tu viens souvent ici ? »
« Assez oui. » répondit-il en souriant.
« Tom ! Ca fait longtemps qu'on t'a pas vu ? »
Un serveur s'était approché d'eux comme pour confirmer que Tom était bien un client régulier.
« Stephan ! »
Le bond se leva pour lui serrer la main.
« Je te présente Bill, et lui c'est Stephan mon serveur préféré. »
Ils rigolèrent.
« Qu'est-ce que tu deviens ? »
« On est sur une affaire pas facile, c'est pour ça que j'ai déserté ces derniers temps. »
« Change de job je te l'ai toujours dit. »
Il lui fit un clin d'œil.
« Je dois retourner bosser, prenez une coupe de champagne, c'est la maison qui offre. »
« C'est gentil. »
L'homme disparut en cuisine.
« Je comprends pourquoi tu viens ici si on t'offre l'apéritif à chaque fois. » plaisanta Bill.
« C'est pas la seule raison. »
« Je sais, c'est un chouette endroit je te comprends. »
Stephan revint quelques minutes plus tard pour leur déposer leurs coupes de champagne.
« On a intérêt à pas en abuser, j'ai pas spécialement envie d'avoir la gueule de bois demain. »
« Je suis d'accord. »
Bill ferma les yeux et apprécia les bulles pétiller sur sa langue.
« Bill ? »
« Hum ? »
« Qu'est-ce que tu vas faire après ? »
Le brun garda les yeux fermés. Il avait l'impression que toutes les attentions de cette soirée avaient été réalisées pour en arriver à ce moment.
« J'en sais rien. » répondit-il simplement.
Et c'était la réalité.
« Tu voudrais que je fasse quoi ? »
Il rouvrit les yeux et les plongea dans ceux de Tom. Ce dernier haussa les épaules.
« Je voudrais que tu restes. » dit-il simplement.
Bill faillit s'étouffer et manqua de recracher le champagne qu'il avait dans la bouche.
« Vraiment ? »
Tom sourit.
« Ouai... Tu vas me manquer si tu repars, j'aurais plus personne sur qui passer ma colère, je ne pourrais plus rejeter de fautes sur toi, ma vie va être d'un ennui ! »
« Méchant ! »
Ils se sourirent. C'était toujours plus facile de faire passer ses sentiments dans l'humour.
« Sérieusement bien sûr que je veux que tu restes, je sais pas on s'entend plutôt bien on pourrait voir ce que ça donne une fois qu'on aura toute cette histoire derrière nous. »
Bill était touché, il savait qu'avouer tout ça demandait beaucoup de courage à Tom.
« Je n'y ai pas encore pensé, je n'ai pas encore voulu y penser. » finit-il par avouer.
Il reprit une gorgée d'alcool pour lui donner le temps de remettre de l'ordre dans ses pensées.
« Tu vois au début je suis venu là avec un programme bien précis, rester le moins possible, arrêter cette ordure et rentrer chez moi pour reprendre le cours de ma vie. »
Il marqua une petite pause, il se remémorait son arrivée dans la capitale allemande. Les choses avaient tellement évolué en quelques semaines.
« En plus je suis tombé sur un mec qui pouvait pas m'encadrer, on se détestait, il croyait que j'étais dingue avec toutes mes histoires de psychologie à la noix. Je te dis pas l'ambiance ! »
Tom rigola, lui aussi repensait à leur rencontre. Leurs a priori et leurs blessures du passé ne les avaient pas poussés l'un vers l'autre.
« Et puis j'ai découvert que cet homme n'était pas totalement borné, qu'il avait aussi un passé trouble et triste comme le mien, qu'il n'était pas aussi arrogant que je le pensais, même si ce n'est pas la modestie qui l'étouffe. »
« Hey ! » protesta le blond.
« Donc est arrivé ce qu'il devait arrivé, on s'est rapproché, un peu trop même. Résultat j'ai moins envie de rentrer chez moi tout de suite, mais toute ma vie est là-bas. »
Bien sûr qu'il avait envie de rester avec Tom et de tenter de vivre quelque chose de beau avec lui, mais ses amis ? Son job ? Sa vie ? Il n'avait pas énormément d'attaches mais c'était là qu'il vivait. Il ne pouvait pas tout quitter comme ça.
« Je... »
Le téléphone du dreadé sonna mettant fin à une conversation plutôt dangereuse.
« Allô ? .... oui... ok bien... vous nous prévenez dès qu'il y a du nouveau.... bye. »
Bill l'interrogea du regard.
« Ils ont l'adresse, deux équipes sont en planques, ils nous appellent dès que ça bouge. On devra être sur place demain à 5 heures. »
« Ok, j'espère qu'on va en finir enfin avec tout ça. »
Ils continuèrent leur repas. L'atmosphère s'était détendue, ils oublièrent les questions d'avenir et se contentaient de profiter de l'endroit et de la soirée qui s'offrait à eux.
[...]
Il n'était pas très tard quand ils rentrèrent dans l'appartement de Tom.
« Je n'ai pas envie de dormir. »
Le blond sourit.
« Moi non plus. »
« Savoir que tout va peut-être se dénouer dans quelques heures ça m'angoisse, j'ai tellement attendu ce moment, et en plus de tout ça on est coincé ici. C'est rageant. » dit l'androgyne.
Il envoya valser ses santiags à l'autre bout de la pièce et s'allongea sur le lit.
« Pas sûr qu'on arrive vraiment à se reposer comme le voulait tellement Gustav. »
Bill hocha la tête.
« D'ailleurs en parlant de ça il est pas un peu bizarre ton commissaire ? »
Tom rigola.
« Pourquoi tu penses ça ? »
« Ben je sais pas, il nous considère un peu tous comme ses enfants, il est super prévenant, j'ai l'impression qu'il devine tout avant que ça n'arrive. Ca change de l'image du patron classique. »
Cette fois Tom partit dans un fou rire incontrôlable. Imaginer Bill face à un petit homme bedonnant les cheveux gris, un cigare dans la bouche et un air pas sympathique accroché au visage était une vision très comique.
« Ben il a toujours été comme ça. Tu sais qu'il est ami avec Georg depuis des années ? »
« Ah ouai ? »
« Ils se connaissent depuis qu'ils sont gosses, d'ailleurs je suis sûr que Georg en profite pour lui demander de le mettre sur les affaires intéressantes. »
Ils rigolèrent.
« Il est bien ton commissaire, t'as de la chance d'avoir un boss comme ça. »
« Tu vois je te l'ai dit il faut que tu restes ici. »
Bill voulut répliquer mais il sentit des lèvres se poser sur les siennes. Et bizarrement il préféra se taire.
Très vite leurs langues se rejoignirent pour ne plus se lâcher. Il n'y avait pas de tension sexuelle, juste le besoin d'être rassuré et de se sentir soutenu.
Ils avaient besoin de ce contact entre eux pour se donner tout le courage dont ils avaient besoin pour le lendemain.
« Tom... »
Bill gémit dans le baiser. Les vêtements furent envoyés sur le sol. Ils étaient sous les couvertures, juste tous les deux, à s'embrasser encore et toujours, protégés du monde et de ses atrocités.
[...]
Tom étouffa un cri. Bill avait des doigts magiques. Il sentait la pression de sa main sur son sexe tendu. Ils ne faisaient rien d'autre que se toucher mais c'était extrêmement intense.
Il resserra ses doigts sur l'érection du brun et calqua le rythme de ses mouvements sur les siens. Ils avaient très chaud, Bill sentait son cœur s'emballer et il cherchait de l'air entre deux baisers.
Les sensations dans son ventre étaient délicieuses, il sentait ses entrailles se tordre délicieusement. Il ne comprenait toujours pas pourquoi de simples gestes pouvaient autant lui faire perdre la tête mais il ne s'en plaignait pas.
« Mmh... oui.... »
Sa deuxième main se perdit dans les dreads de Tom, les tirant doucement. Il mordilla un peu son piercing et lécha ses lèvres.
Le besoin de se coller encore plus au corps du blond était plus présent que jamais, il avait envie de se fondre en lui. Il accéléra les mouvements de sa main sur sa virilité et Tom le suivit leur arrachant des gémissements de moins en moins dissimulés.
« C'est trop... »
Il sentit Tom se tendre, tout son corps se contracta et il jouit sans sa main dans un cri rauque, ses doigts se refermèrent d'avantage sur le sexe de Bill qui mordit l'épaule du blond pour éviter d'hurler.
« .... bon. » finit Tom en reposant sa tête sur l'oreiller.
Il accentua le rythme de ses va-et-vient. Le brun perdait totalement pied, submergé par des vagues de plaisir immenses.
Un geste de plus et il se déversa à son tour entre leur deux corps en criant le nom de Tom en litanie.
[...]
Bill revint se mettre sous la couverture, il avait rassemblé toute sa motivation pour aller chercher une bouteille d'eau dans le mini bar. Il faisait froid et il voulait rester coucher mais Tom lui avait fait un regard tellement suppliant qu'il n'avait pas pu résister.
Il prit une grande gorgée et la tendit au blond.
« Tiens, et savoure parce que je me suis gelé pour te la ramener. »
Tom rigola et but un peu.
« Allez viens là que je te réchauffe. »
Il attira le corps de Bill contre le sien et posa ses mains sur ses fesses nues.
« Mouai... je me réchaufferai bien en faisant autre chose mais si on dort pas tout de suite demain on va pas être beaux à voir. »
Tom l'embrassa doucement.
« Je suis d'accord. »
Bill posa sa tête sur le torse de Tom et s'agrippa à sa taille.
« Je ne vais pas m'enfuir tu sais ? »
« On sait jamais. » répondit l'androgyne en souriant.
Il ferma les yeux et se laissa bercer par la respiration du blond. Ils avaient profité l'un de l'autre, de leur présence rassurante, ils s'étaient donné mutuellement du courage pour les prochaines heures. Ils avaient juste besoin de ça.
Bill inspira profondément et se vida la tête pour s'endormir.
Ce soit il était heureux. Peu importe ce qui arriverait le lendemain, il avait passé une bonne soirée.
[...]
Le soleil n'était pas encore levé quand les deux jeunes hommes arrivèrent à l'angle d'une rue mal éclairée. Un vieux camion était garé là, Tom laissa sa voiture plus loin et ils poussèrent la porte arrière du véhicule pour monter à l'intérieur.
« Alors ? Des nouvelles depuis hier ? » s'enquit Bill impatient d'en finir avec tout ça.
L'homme assis sur le siège du conducteur face à la radio qui crépitait se retourna vers eux.
« Rien n'a bougé, on a deux équipes qui planquent en permanence devant et derrière la maison, vous allez relayer celle qui se trouve devant la porte principale. On a plus qu'à attendre, encore. »
Il avait dit ça sur un ton tellement blasé. Lui aussi voulait un peu d'action.
« Au fait la sœur est rentrée chez elle hier soir. Elle n'est pas ressortie elle n'a pas reçu de coup de téléphone mais on ne surveille pas ses accès à internet donc on ne peut pas savoir si ce type l'a contactée ou pas. On la surveille toujours. »
Bill acquiesça, il sentait qu'il ne fallait pas la lâcher.
« Bon on y va, reste branché, au moindre mouvement suspect je veux que tout le monde rapplique ok ? » ordonna Tom.
Il ne voulait pas passer à côté d'une autre occasion de l'attraper.
Ils descendirent du camion et se rendirent le plus discrètement possible dans la voiture qui attendait à quelques mètres seulement de la petite maison que louait le suspect depuis deux jours. Les policiers à l'intérieur les accueillirent avec un plaisir non dissimulé. Ils avaient passé la nuit ici et ils n'avaient rien vu, c'était frustrant.
« Bon, et bien maintenant on attend. » soupira Tom.
« Génial. »
Bill remonta le col de sa veste et il fourra les mains dans ses poches. Il respira à fond essayant de chasser l'angoisse qui montait de plus en plus dans son estomac.
« Ca va toi ? »
Tom pouvait ressentir la tension qui habitait Bill.
« Ouai, c'est juste que... »
« Que ? » encouragea le dreadé.
Il soupira.
« C'est stupide laisse-tomber. »
« Non mais dis moi, je sens d'ici que tu bouillonnes de l'intérieur, t'es pas doué pour cacher ton trac. »
L'androgyne sourit.
« C'est juste que j'ai une intuition bizarre, je sais pas trop j'ai l'impression qu'un truc va nous échapper. »
« Tant que ce n'est pas cette ordure, peu importe son véritable nom, ça me va. »
Tom reçut une petite tape sur l'épaule.
« Idiot ! » dit Bill en rigolant. « Je ne lis pas l'avenir mais quelque chose me fait penser que tout ne va pas se passer exactement comme prévu. Et ce qui m'ennuie le plus c'est que mes intuitions me trompent rarement. »
Il finit sa phrase en esquissant un sourire mais ils savaient tous les deux que le ton était sérieux.
« Viens là. »
Tom le prit dans ses bras et lui caressa le dos doucement.
« J'aimerai bien que tu te trompes pour une fois. »
« Ca se trouve ça va bien se passer hein, on verra. On est quand même doués dans notre métier. »
Il se remit bien assis sur son siège.
« Tu me promettrais un truc ? » demanda finalement Tom.
« Quoi ? »
« Juste, ne te fais pas tuer aujourd'hui d'accord ? Tu restes en vie, le reste je m'en fous. Je supporterai pas sinon... »
« Ok, je te promets. Je resterai en vie. »
« Bien. »
Ils s'embrassèrent chastement et reprirent la contemplation de la maison. Mais ils en étaient pleinement conscients à présent. Ils ne contrôlaient pas tout, et cette impression de mal-être s'insinuait en eux sans qu'ils ne puissent l'arrêter.
[..]
Les premiers rayons du soleil tapaient contre le pare-brise. Il allait faire beau aujourd'hui. Bill sourit face à l'ironie de la situation. Il allait côtoyer la face la plus sombre de l'espèce humaine et le soleil brillait.
« Une voiture approche. »
La radio grésilla. C'était l'équipe postée au bout de la rue qui les prévenait. Une voiture grise arriva alors. Bill retint sa respiration. C'était peut-être maintenant.
Il ne parvenait pas à distinguer le visage de la personne au volant à cause de l'obscurité encore présente. Le véhicule s'immobilisa dans l'allée de garage.
« Putain c'est lui. »
Tom attrapa la radio et donna ses ordres à tous les policiers présents.
Le brun posa ses doigts sur son arme et ouvrit la portière.
Ils se déplaçaient avec rapidité, ne faisant aucun bruit. Bill perçut les mouvements de ses collègues au loin. Il accéléra le pas.
L'homme sortit de la voiture. Bill se mit à courir, Tom sur les talons et il cria.
« Plus un geste ! »
L'homme sursauta et se retourna lentement. Un sourire mauvais se dessina sur ses lèvres.
Ils étaient face à lui, leurs armes braquées sur sa poitrine.
« Pose ton sac par terre, c'est fini maintenant. »
Bill ne voyait pas comment la situation pourrait leur échapper cette fois. Ils le tenaient. Une dizaine de policiers étaient maintenant présents autour de l'homme.
« Bien. » dit-il.
Il se pencha lentement vers le sol, la main gauche en l'air, l'autre tenant son sac fermement. Il s'accroupit totalement et posa son sac.
Bill s'approcha encore un peu, prêt à le maitriser pour lui passer les menottes.
Mais il le sentait depuis le début de la journée, il le savait. Tout n'allait pas bien se passer. Un immense crissement de pneus se fit entendre au carrefour au bout de la rue, suivi de plusieurs coups de klaxons assourdissants.
La scène se déroula en quelques secondes mais elle lui parut durer une éternité.
Par réflexe tout le monde tourna la tête vers les bruits, Bill se tourna, juste de quelques centimètres mais il sut à cet instant que c'était une erreur. L'homme avait très vite retrouvé ses esprits, plus vite que lui. Il sentit les picotements dans sa nuque, lui signalant le danger imminent. Il détourna son attention de la voiture qui avait surgi en trombe et se retourna. Mais c'était trop tard.
Il vit l'homme bondir en avant, sortant de son sac un revolver. Bill tendit le bras qu'il avait légèrement plié quelques secondes plus tôt pour tirer mais l'homme fut plus rapide. Il lui attrapa le bras de sa main libre et pointa le canon de l'arme sur sa tempe.
« Non ! »
Ce cri glaça le sang du brun. C'était Tom. Il avait vu la scène se dérouler sans qu'il puisse intervenir. Tout s'était passé tellement vite, et pourtant il avait le sentiment d'avoir vu chaque moment au ralenti.
Bill sentit le métal sur sa peau et il ferma les yeux. Son esprit était vide, il ne pensait plus à rien, pas à la mort, pas à la vie, à rien. La légende qui disait que l'on voyait toute sa vie défiler devant ses yeux quand on approchait la mort de très près était bien une légende.
Les cris fusaient de toute part, des sommations, des menaces, les policiers ne savaient plus comment agir. C'était Tom leur chef, mais Tom était paralysé.
Ils s'attendaient tous à voir quelque chose d'horrible se produire, quelqu'elle soit. Mais rien ne se passa.
Au bout d'une dizaine de secondes, qui parurent une éternité à tous, Bill se rendit compte qu'il était toujours en vie. Il ouvra les yeux et ils tombèrent directement dans ceux de Tom. Il était paniqué. Sa capacité de réflexion était bloquée. Bill était terrifié mais malgré toute la confusion qui régnait dans son esprit son instinct de survie reprit le dessus et il sut que c'était à lui d'agir. Ils avaient une chance unique de mettre fin à une carnage de plusieurs mois.
« Tirez bordel ! » hurla-t-il aux hommes en uniforme présents.
« Non ! »
C'était Tom, à nouveau.
L'ordre lancé par Bill semblait l'avoir ramener brutalement sur terre.
« Personne ne bouge le petit doigt ok ?! »
« Tom déconne pas, abattez ce pourri ! »
Il ne pensait pas se sacrifier ou passer pour un héros. Sa réflexion n'allait pas jusque là. Il voyait juste que dix hommes avaient leurs armes en direction d'un criminel sanguinaire. Pour lui tout cela paraissait logique.
Il savait très bien que si l'homme était touché ses muscles se contracteraient et par automatisme il appuierait sur la détente lui faisant éclater la boite crânienne dans la seconde. Mais son cerveau bloquait les informations. Il était incapable de raisonner correctement.
« Lâche ce flingue ! » ordonna Tom à l'homme.
« Rêve. »
Si Bill n'était pas à la merci de ce type en ce moment même il aurait tiré dans le tas, peu importe ce qu'il risquerait par la suite. Mais Bill était collé à lui, maintenu par son bras gauche qui passait sous sa gorge.
La voiture qui avait provoqué toute cette confusion pila devant la maison. La portière arrière s'ouvrit et c'est à ce moment que Bill comprit. Il vit la personne au volant, c'était la cousine de l'homme qui détenait un droit de vie ou de mort sur lui.
« Monte ! » hurla-t-elle.
Au loin une sirène de police se fit entendre. L'équipe chargée de surveiller Lisa ...
Bill se sentit entrainé, il était obligé de suivre.
« Arrête-toi immédiatement ! » cria Tom alors que deux mètres seulement les séparaient de la voiture.
L'homme plaça Bill devant lui de façon à faire bouclier avec son corps et changea la position de son arme la dirigeant face à Tom qui s'avançait toujours vers eux. Il tira.
Un bruit sourd se fit entendre. Puis un cri étouffé.
Bill hurla.
« Ne tirez pas ! »
C'était Tom. Les policiers stoppèrent leurs gestes. Bill tentait de comprendre ce qu'il venait de se passer, il sentit à nouveau le canon de l'arme contre sa tempe, mais cette fois-ci il lui brûlait presque la peau. Tom se tenait le bras, il saignait abondamment mais il semblait ne pas avoir mal. Toute son attention était focalisée sur Bill, le reste il s'en foutait.
« Ca va, ça va. » lâcha le dreadé abruptement à un collègue qui avait accouru vers lui.
L'homme entra dans la voiture et attira Bill à l'intérieur. Il se cogna la tête en essayant de résister.
« Bill ! »
Cette fois c'était un cri de désespoir. Tom ne pouvait pas concevoir de le laisser s'enfuir avec cette ordure. Mais il ne pouvait rien faire, rien qui n'entrainerait pas sa mort.
Bill lui fit un sourire timide, essayant de lui transmettre les dernières onces de courage qui lui restait.
« Je tiens toujours mes promesses ! » lança-t-il alors que la portière se refermait dans un claquement sourd.
Et la voiture partit sous le regard impuissant de Tom et de six équipes de policiers, qui se sentaient honteux, inutiles, et particulièrement en colère.
« Mais suivez-les bordel ! »
Le véhicule de police qui venait d'arriver les prit en chasse pendant que quatre flics coururent vers d'autres voitures pour continuer la filature.
Tom voulut les rejoindre mais la douleur dans son épaule le tira. Il grimaça et se résigna. Il ne pourrait pas conduire dans cet état.
[...]
Tom explosa.
« Putain mais bande d'imbéciles ! Vous étiez je sais pas combien et vous n'êtes pas foutu d'arrêter un pauvre type et sa cousine ! Incapables ! Connards ! On vous apprend quoi à l'école de police putain ! Vous l'avez fait exprès c'est ça ?! »
Les quelques policiers encore présents ne semblèrent pas vraiment surpris de la réaction du blond. L'un d'entre eux osa s'approcher un peu de Tom.
« J'ai appelé une ambulance, pour ton bras. »
« Mon bras ? Mais je m'en fous de mon bras ! Bill s'est fait enlever là vous comprenez ?! »
Les larmes lui montèrent aux yeux. Il réalisa subitement la situation. Bill était enfermé avec un tueur en série, Bill était en danger, Bill allait peut-être se faire tuer, Bill était peut-être déjà mort.
Un immense frisson le parcourut de part en part.
Et puis il se souvint de ses dernières paroles. Il avait promis.
Il ne se ferait pas tuer, il resterait en vie.
Oui il avait promis.
FIN CHAPITRE 11