Chapitre 10

Un mois est passé depuis ce fameux soir où Bill est venu jusqu'à l'appartement de Tom. Trente-et-un jours sont passés. Mais la douleur est toujours présente. A vrai dire, Tom ne s'en est toujours pas vraiment remis. Le lendemain de la visite de Bill chez lui, le portable de Tom n'a pas arrêté de sonner toute la journée. Le dreadeux s'est fait violence pour ne pas répondre alors que le nom de son employeur apparaissait sur l'écran. Le jour suivant, ce fut la même chose. Puis au fur et à mesure que les jours passèrent, il n'y eut plus d'appels. Tom en fut à la fois rassuré et blessé. Cela prouvait juste que Bill était passé à autre chose. Mais Tom ne peut s'empêcher de penser que c'est mieux ainsi. Son cœur n'en reste que plus meurtri.

M ais il ne faut pas croire pour autant qu'ils sont tous les deux passés à autre chose. La première semaine, Tom n'a pu s'empêcher de retourner dans cette rue où il a rencontré Bill la première fois. Il y est passé brièvement, espérant inconsciemment y croiser l'androgyne. Il n'y est pas retourné avant la semaine suivante. Mais cette fois, Tom est venu le matin, à l'heure à laquelle il emmenait Bill au travail, avant... Le dreadeux s'est garé en haut de la rue, à un endroit d'où il voyait très bien l'entrée de l'immeuble de Bill. Il a tout simplement attendu que la voiture du styliste sorte. Sa surprise n'a pas été grande en voyant son remplaçant. Autant le dire, il est mignon. Encore un qui aura le droit aux faveurs du brun. Tom n'a pas eut le loisir de le voir puisque les vitres arrières sont teintées. Le dreadeux a donc continué sa journée en essayant de ne pas penser au brun.

C e que Tom n'a jamais su ce jour-là, c'est que Bill l'a vu. Dans sa voiture, l'androgyne regardait par la vitre. Le styliste a tout de suite remarqué le taxi. Ce taxi où tout a commencé. Bill en arrive à le maudire. Il a eut envie de s'arrêter, de voir Tom, de lui parler. Mais il s'est souvenu de cette fameuse soirée où Tom l'a rejeté. Alors il n'a rien dit et est parti au travail.

L e dreadeux a vraiment du mal à s'en remettre. Déjà qu'il ne mangeait pas beaucoup et qu'il dormait peu, là il le fait encore moins. Son moral n'est pas vraiment au beau fixe. Il veut faire croire aux autres qu'ils s'en sort mais dès qu'il rentrer chez lui, le masque tombe. Il se sent mal. Il n'était pas tombé amoureux depuis longtemps. Il ne voulait plus tomber dans ce genre de piège. Mais avoir été manipulé fait encore plus mal que d'être trompé. Son cœur est plus meurtri que jamais. Ce fameux soir où Bill est venu, Tom ne voyait pas quoi dire d'autre. Il était tellement déçu qu'il ne pouvait que le rejeter. En le faisant, Tom a voulu se protéger. Il n'aurait pas supporté que Bill se moque une nouvelle fois de lui. Refermer la porte sur le brun lui a déchiré le cœur. Il ne supporte pas faire pleurer quelqu'un. Et là, que ça soit Bill...

U n mois est donc passé. Tom rentre enfin chez lui après une longue journée. Son chat le rejoint automatiquement. Cela fait un mois qu'elle –parce-que oui, Désirée est une femelle- sent que son maitre n'est pas du tout au meilleur de sa forme. Tom a repris ses mauvaises habitudes. Il va se chercher un paquet de chips qui sera son repas de la soirée. Il va s'asseoir sur son canapé et son animal préféré l'y rejoint. Désirée vient chercher quelques caresses avant de s'allonger sur les cuisses de Tom. Le dreadeux sourit légèrement.

- Toi tu seras vraiment la seule femme de ma vie , dit-il en caressant la tête de son chat qui en ronronne de plaisir.

L a seule femme de sa vie... Tom avait fait une croix sur les femmes à présent. Entre son ex qui l'a trompé et sa mère qui l'a abandonné dès sa naissance, il a vite fait son choix. Enfin, rien ne disait qu'il ne tomberait pas sur une fille exceptionnelle.

M ais pour le moment, c'est plutôt un certain brun qui occupe ses pensées. Même après un mois, Bill hante toujours son esprit. Pourtant, avec son ex, cela n'avait pas été aussi long et aussi dur alors qu'ils vivaient ensembles. Bill, c'est plus fort. Tom n'arrive pas à expliquer pourquoi mais ses sentiments pour Bill sont beaucoup plus forts. Mais il trouve ça injuste, ça fait trop mal.

E t comme pour s'enfoncer un peu plus dans ce mal être, Tom collectionne certaines choses sur Bill. Il a acheté une bonne partie des magasines de mode regroupant les dernières interviews du brun. En effet, on ne parle plus que de lui depuis une semaine. Tout le monde a son nom sur les lèvres dans New-York. Bill s'est fait très rare pendant un mois. Il n'a pas donné d'interviews, rien. Tom s'en est vraiment inquiété jusqu'à la semaine dernière. L'évènement : Bill Kaulitz sort une nouvelle collection pour hommes. Des bruits ont couru comme quoi il arrêterait le métier. Visiblement, ce n'est pas le cas. Alors Tom a tout simplement « pris de ses nouvelles » en achetant les rares magasines où le styliste a donné des interviews. En lisant celle de Vogue, Tom a eut un sacré pincement au cœur. Il lui a suffit de lire une réponse.

Qui vous a inspiré cette collection ?
Une personne à qui je tiens énormément. Elle m'est très importante et cette ligne de vêtements n'aurait jamais été créée sans elle.


T om imagine déjà son remplaçant. Il imagine même déjà Bill au bras de son nouveau mec. Tous les scénarii lui sont passés à l'esprit. Le dreadeux attend donc patiemment que l'émission commence. Une émission sur la mode est consacrée au célèbre styliste Bill Kaulitz. On va y découvrir sa nouvelle collection lors d'un défilé. Tom est en train de passer le temps en relisant une énième fois l'interview de Vogue quand il entend le générique du début de l'émission. Tom se redresse dans son canapé et est tout à coup beaucoup plus attentif. La commentatrice parle alors de l'évènement avant que l'on ait une vue d'ensemble du podium. Tout à coup c'est le silence et les lumières s'éteignent. Au bout de quelques minutes, elles se rallument, la musique commence et le premier mannequin arrive.

T om n'en croit tout simplement pas ses yeux. Le mannequin en question porte un baggy, très stylisé autant le dire, ainsi qu'un tee-shirt XXL au-dessus. En fait, il est habillé comme Tom, exactement comme lui. Le dreadeux se dit alors que ce n'est pas possible, qu'il doit rêver. Mais ce n'est pas le cas. Il se dit alors que ce style ne va qu'à un mannequin jusqu'à ce qu'il voit le second arriver. Tous les hommes en questions portent le style de Tom. En y faisant plus attention, le dreadeux reconnaît la musique du défilé. Sa préférée. Il avait toujours la sale manie de monter légèrement le son quand elle passait à la radio. Alors Bill avait aussi remarqué ça quand Tom le conduisait n'importe où ? Non, Bill ne remarquait pas ce genre de choses. Bill ne voit que par lui et ne voit absolument rien autour.

T om n'arrive toujours pas à y croire. Il a pourtant les yeux rivés sur l'écran mais c'est comme si l'information ne venait pas. Il cligne plusieurs fois des yeux mais rien n'y fait. Tout à l'air vrai. Sans qu'il n'aie vue le temps passer, le défilé se termine enfin. Bill fait alors son entrée sur le podium pour rejoindre son dernier mannequin et saluer la salle conquise. Alors déjà, que la foule aime la collection perturbe pas mal Tom. Mais ce qui le perturbe plus, c'est surtout le fait qu'il voit Bill à l'écran. Bill est heureux, rayonnant. Mais on peut aussi apercevoir qu'il est fatigué et qu'il manque quelque-chose à son bonheur total. Ou quelqu'un ? Tom n'arrive pas à détacher ses yeux du visage de Bill qui attrape alors un micro.

- Alors je voudrai remercier tous ceux qui m'ont aidé lors de la création de cette collection. Vous venez donc de découvrir la nouvelle marque 'Tommy Futur' que je dédis à une personne que j'adore et qui me manque plus que tout. Voilà, merci.

E t c'est dans un tonnerre d'applaudissements que le styliste repart en coulisse. A peine arrivé, on le voit pris d'assaut par des journalistes qui veulent tout savoir.

- Je ne dirai rien. Je veux préserver l'identité de cette personne merci.

E t il disparaît dans sa loge. Tom ne bouge toujours pas, totalement sous le choc. Il sursaute en entendant son portable vibrer sur la table basse. Georg. Le dreadeux décroche.

- Euh ouais ?

- Tom ?!

- Ben oui, qui veux-tu que ce soit, mon chat ?

- On ne sait jamais , répond Gerog.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Tu viens de regarder le défilé de Bill non ?

- Ouais.

- Et ? T'en pense quoi ?

- Ben rien.

Le dreadeux entend alors soupirer.

- Mais quoi ? , s'impatiente le dreadeux.

- Ben j'sais pas moi. Par exemple, le fait que Bill ait parlé de toi ?

- C'est pas de moi qu'il parle.

- Mais bien sûr. Ouvres les yeux Tom ! Le style de sa nouvelle collection, le nom de sa collection, et il dit même que la personne qui l'a inspiré lui manque !

- Il doit parler d'un autre Tom , réplique le chauffeur.

- Non mais t'es con ou tu le fais exprès ?

- Sans doute un peu des deux.

G eorg soupire une nouvelle fois. Son ami ne veut vraiment plus souffrir de tout ça. Mais il sait aussi que Tom souffre encore plus de cette situation. Il est toujours amoureux du styliste.

- Tom... Il a fait ça pour toi.

- Et alors ? Il croit pouvoir se faire pardonner comme ça ?

- Mais Tom, ça crève les yeux putain ! Il lui manque quelqu'un d'important pour totalement réussir. Il ne va pas si bien que ça. Tu lui manque. Il t'aime toi. Il s'est rendu compte de sa connerie. Penses-y.

- Je... J'vais essayer. Georg ?

- Ouais.

- Merci.

G eorg lui répond que ce n'est rien et raccroche. Tom ne sait plus trop quoi penser de tout ça. Bill lui a vraiment dédié tout ça ? Non, ce n'est pas possible ça... Enfin, pas si impossible que ça.

D eux jours sont passés. Tom ne fait que voir des grandes affiches de la nouvelle collection de Bill. Alors qu'il fait sa ronde, son portable sonne. Il se gare. Il ne connaît pas le numéro mais décroche tout de même.

- Monsieur Trümper ?

- Oui ?

- Nous vous appelons sur les conseils de Bill Kaulitz. Nous aimerions louer vos services de chauffeur.

- Ça dépend qui je dois emmener. Si c'est Bill c'est non tout de suite.

- Ce n'est pas pour Bill. Nous avons besoin de vos services pour un client important. Il vous suffit de venir le prendre à l'agence et de l'amener faire le tour de New-York avant de l'amener à l'aéroport. Votre course sera payée le double.

- Je... Très bien. Je dois venir chercher ce client à quelle heure ?

- Dans une demi-heure.

- D'accord.

- Nous vous recontacterons pour le paiement. Merci.

E t la personne raccroche. Tom soupire. Tant que ce n'est pas pour Bill, il s'en fiche. Il continue donc de faire sa ronde pendant près d'une demi-heure, conduisant un client à Central Park. En voyant l'heure avancer, il se dirige vers une certaine rue et se gare devant l'immeuble de la marque la plus en vue du moment. Il attend quelques minutes et voit la voiture de Bill et son nouveau chauffeur quitter l'établissement. Il en soupire légèrement, une douce nostalgie s'imprégnant de son être. Il attend dont patiemment, ayant vraiment hâte de quitter cette rue. Il reste dans son taxi, visualisant déjà par où passer pour faire un tour de New-York. Il voit alors du mouvement provenant de l'entrée du bâtiment. Il s'installe mieux sur son siège et attend son client. Seulement il ne s'attend pas à avoir « ce client ».

FIN CHAPITRE 10

 

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