Chapitre 4
L e cœur de Tom bat rapidement. Tom n'est pas du genre à aimer les changements. Il aime sa petite vive même si celle-ci n'est pas fabuleuse. Il aime rentrer chez lui le soir pour retrouver son chat et sa tranquillité. Mais il est persuadé que Bill va tout changer. Ce nouveau travail va tout changer. C'est d'ailleurs pour cela qu'il a hésité et qu'il a demandé conseils à Georg. Son ami doit avoir raison dans un sens. Ce travail lui permettra sûrement de s'en sortir. Et puis, si jamais quelque-chose se passait mal, il pourrait toujours quitter ce job et retrouver son taxi. En même temps, qu'est-ce qui pourrait mal se passer ? Pour le moment il s'entendait bien avec Bill et il n'avait qu'à être son chauffeur. En parlant du brun, celui-ci ouvrit enfin la porte de l'appartement. Son visage s'illumina en percevant le dreadeux.
- Alors tu es venu , commence l'androgyne.
- En même temps, vu l'offre que tu m'as proposée.
- Tu ne connais même pas les termes du contrat, alors méfie-toi.
L e brun adresse un léger sourire à son vis-à-vis avant de s'écarter pour le laisser entrer. Tom hésite à peine quelques secondes et se décide enfin. L'appartement est grand et luxueux. On voit que Bill est dans la mode. Tout respire l'harmonie et la nouveauté. Le salon est le centre de l'appartement et est ouvert sur toutes les autres pièces. L'androgyne invite donc son convive à le suivre vers le salon. Le dreadeux regarde partout autour de lui. Bill est vraiment méticuleux et aime l'ordre. Enfin, pour le moment, la table basse du salon est recouverte feuilles remplies de croquis. Les prochains modèles d'une collection se dit Tom.
-Oh ne fais pas attention à tout ce bazar. J'étais en train de bosser en t'attendant. Assieds-toi, je t'en prie.
T om obéit pendant que Bill réunit tous ses esquisses dans un coin de la table. Le brun se dirige vers sa cuisine où il se place derrière un plan de travail qui lui sert de bar.
- Tu veux boire quelque-chose ? Vodka, bière, whisky ? , questionne Bill.
- Oh euh, je ne veux pas te déranger.
- Tu ne me déranges pas, je t'ai invité.
- Une bière dans ce cas.
L e styliste répond par un sourire et prend deux bières qu'il décapsule avant de rejoindre son hôte. Il lui tend une bouteille et s'assoit sur un fauteuil pas très loin du blond.
- Alors, bonne journée ?
- Longue surtout. Mais on s'y fait , répond Tom.
L 'androgyne reste fixer le jeune homme alors que celui-ci boit une gorgée de sa bière. Tom s'en délecte. Il est toujours bon de se rafraichir après une longue et dure journée. Les clients n'aidant pas vraiment. Il soupire légèrement et se détend enfin sur ce canapé plus que luxueux.
- Alors, quelles sont les conditions ? , questionne le dreadeux.
B ill sourit une nouvelle fois. Il amène la bouteille à ses lèvres et boit une gorgée avant de poser celle-ci sur la table. Il se lèche la lèvre inférieure et remonte ses jambes sur le fauteuil, contre lui.
- Je t'en ai déjà révélé une bonne partie tout à l'heure. Je veux donc que tu sois mon chauffeur personnel. Tu auras ta voiture attitrée. Elle est garée dans le parking de l'immeuble. Tu devras être à ma disposition à n'importe quelle heure. Je t'appelle, tu débarques. C'est aussi simple que ça. Tes vacances, tu les auras en même temps que moi. Je crois que c'est à peu près tout. Pour le salaire, tu auras le double de ce que tu gagnes.
T om n'a rien dit, écoutant chaque parole prononcée par le brun. Tout ce que Bill lui a dit lui donne envie d'accepter. Le fait qu'il n'aura pratiquement pas de vacances ou qu'il devrai être disponible à toute heure ne lui fait pas peur. Après tout, il n'a aucune attache. Après son ami Georg bien sûr mais ce n'est pas comme s'il avait une famille à s'occuper. En ne voyant aucune réaction de la part de son invité, Bill s'inquiète légèrement.
- Quoi ? Quelque-chose ne va pas ?
- C'est juste que je me demande si... , commence le dreadeux.
- Si quoi ?
- Ben comme je devrai être ton chauffeur perso et... Enfin généralement on doit porter un uniforme ou un truc du genre non ?
L es yeux de Bill s'ouvrent en grand et il finit par éclater de rire sous l'air totalement dépité de Tom. Le dreadeux ne comprend pas ce qu'il a dit de si drôle. Il n'est pas du tout du genre à porter des uniformes mais si jamais il était obligé, il le ferait. Le blond se renfrogne légèrement dans son coin et boit une gorgée de sa bière. L'androgyne se remet doucement de son fou rire et essuie une larme qui menace de couler.
- Oh excuse-moi. Ne le prends surtout pas mal hein mais je m'y attendais pas du tout à celle-là.
- Ben désolé de te faire rire dans ce cas.
- Désolé. Pour en revenir à ta question, non il n'y a pas d'uniforme. Tu peux rester habillé comme ça sans souci.
B ill lui sourit légèrement mis il remarque que quelque-chose ne va toujours pas pour le dreadeux. Ce dernier a l'air mal à l'aise et l'androgyne se demande pourquoi. En effet, il a pourtant joué le rôle d'un bon hôte.
- Qu'est-ce qu'il y a Tom ?
- C'est juste que... Ben habillé comme ça j'ai peur de nuire à ton image.
- Pardon ? , détonne le brun.
- Tu commences à être vraiment connu et en plus tu travailles dans la mode.
- Alors là je t'arrête tout de suite. Ce que les autres pensent je m'en fous t'entends ? Je ne suis pas du tout du genre conformiste et j'aime surprendre. Et honnêtement, j'aime bien ton style.
- Oh euh... Merci.
T om en rougirait presque. Il n'a pas l'habitude qu'on le complimente sur sa façon de s'habiller. On le critique généralement. Un blanc qui s'habille comme un rappeur noir américain, ça peut surprendre. Le chauffeur ne sait plus vraiment où se mettre et cela amuse beaucoup le brun. Le styliste devine facilement que Tom ne doit pas avoir beaucoup de connaissances ou d'amis.
- Alors, tu acceptes ? , demande Bill.
- Oui, bien sûr. Enfin si toi tu veux vraiment de moi comme chauffeur.
- Il est hors de question qu'il en soit autrement.
L 'androgyne tend alors sa main et Tom la serre en guise d'accord. Bill en a l'air tout excité. Ils lèvent tous les deux leurs bouteilles et trinquent à ce nouveau contrat.
- Alors, dis-moi Tom, tu ne m'as toujours pas raconté le genre de clients que tu croises pendant ton boulot.
- Tu te souviens encore de ça ?
- Je n'oublie jamais une bonne rencontre.
S auf que cette remarque, Tom l'avait tout simplement prononcée lors de leur première rencontre ce qui remonte à un petit moment. Le blond est vraiment étonné que Bill s'en rappelle encore. Le dreadeux se met à rire légèrement.
- Et bien, par exemple, il y a eut ce jeune homme qui est entré en vitesse dans mon taxi et qui m'a promis une sacrée somme d'argent si jamais je l'amenais à temps à son rendez-vous.
- Il doit faire partie de ces clients bien chiants celui-là , sourit Bill.
- Non ça peut aller. Surtout que si je n'avais pas eut la chance de le rencontrer, je ne serai pas ici aujourd'hui.
L es deux jeunes hommes continuent de parler en toute légèreté pendant encore un bon petit moment. Ils apprennent à mieux se connaître. De cette manière, Tom apprend donc que Bill a le même âge que lui et qu'avant d'être styliste, il a payé ses études en étant mannequin. L'évocation de ce souvenir leur a arraché un véritable fou rire lorsque Bill a raconté sa magnifique chute du podium. Tom quand à lui ne s'est pas trop dévoilé. Pour lui, sa vie n'est vraiment pas intéressante mais Bill pense le contraire. Sauf qu'il ne forcera pas Tom à lui parler. Voyant l'heure tardive, Bill et Tom se quittent et se disent 'à demain' pour leur première journée de collaboration. Tom rentre chez lui, heureux. Son chat bien automatiquement se coller à lui. Le dreadeux lui gratte doucement la tête.
- Je crois que beaucoup de choses vont changer maintenant.
Et il a raison.
L e lendemain matin, Tom se réveille de bonne heure et de bonne humeur. Pour la première fois depuis des mois, il sait qu'il n'aurait pas de clients tous plus horribles les uns que les autres. Il prend sa douche, s'habille et avale une simple tasse de café en guise de petit-déjeuner. Il sort de son immeuble et reste fixer son taxi. Désormais, il ne lui servira plus qu'à faire le court trajet de chez lui à chez Bill. Il prend donc le volant et roule en direction de l'immeuble de l'androgyne. Il se gare dans le parking souterrain et attend son employeur. Celui-ci arrive à peine quelques minutes plus tard.
- Salut Tom ! Tu es en avance dis-moi.
- Je n'aime pas arriver en retard. Mais je peux dire la même chose de toi.
- Je dors très peu et je t'ai vu arriver , répond le brun.
L e styliste balance un trousseau de clés au dreadeux que celui-ci saisit au vol. Il enclenche la fermeture centralisée et voit donc la voiture qui lui servira d'outil de travail. Elle est juste magnifique. Noire, une ligne parfaite, et le moteur doit vraiment ronronner. Bill ramène alors Tom à la réalité.
- Arrêtes de baver, ce n'est qu'une voiture.
- Peut-être, mais c'est une belle voiture.
T om sourit et se dirige vers l'habitacle du conducteur. Il s'y installe et Bill fait de même à l'arrière. Tom allume le moteur et ses doigts caressent le volant. L'androgyne ne dit rien et ne fait que l'observer en silence. Le dreadeux respire un grand coup et se décide enfin à appuyer sur l'accélérateur. Conduire une voiture pareille est un vrai délice.
- Tu n'aurais pas dû faire une folie pareille , dit le blond après quelques minutes de trajet.
- peut-être mais je voulais un véhicule digne de toi et ta conduite.
- Je ne suis pas le meilleur conducteur de New-York.
- A vrai dire je m'en fiche. J'aime bien ta compagnie, c'est tout.
T om regarde alors dans le rétroviseur et ses yeux croisent le regard chocolat du styliste. Celui-ci est vraiment intense et se veut sincère. Le blond est pour le moins gêné, une fois de plus. Ils sont coupés dans leur réflexion par le téléphone de Bill qui sonne. Tom se concentre sur sa route. Il ne suffit que de quelques minutes de plus pour que Bill atteigne son lieu de travail. Alors que Tom pensait devoir attendre quelques heures, le brun lui indique de le suivre. Le blond obéit et suit son employeur qui est toujours au téléphone. A peine rentré, Tom est impressionné. Non pas par les bâtiments mais par Bill. Sa prestance, le respect que tout le monde éprouve pour lui. Ou serait-ce de l'hypocrisie ? Tom n'en sait rien mais tout le monde salue Bill et s'écarte sur son passage. Bien évidemment, Tom se sent rapidement de trop. Une fois que les regards ne sont plus sur Bill, ils sont braqués sur Tom et les chuchotements vont bon train. Le styliste raccroche enfin.
- Suis-moi , souffle-t-il.
E t Tom ne se fait pas prier. Il le suit jusque dans son bureau. Un grand bureau. On voit que Bill a de hautes fonctions dans l'entreprise.
- Vas-y, assieds-toi.
T om s'exécute sans broncher. Bill sort quelques dossiers et allume directement son ordinateur. Il met en marche son interphone.
- Mary ? Deux cafés s'il-te-plait.
E t il raccroche aussi sec. Tom est vraiment surpris. Cela change du Bill de la veille. Et bizarrement, le dreadeux aime moins le Bill professionnel. Ce dernier ouvre un dossier et pose un contrat devant Tom.
- Alors tu n'as qu'à signer en bas. Bien évidemment, le contrat stipule une clause de confidentialité suite à ma vie privée. Mais bon, je fais suffisamment confiance pour ça.
I l fait un clin d'œil au chauffeur et lui laisse le temps de lire. Tom remarque alors quelque-chose.
- Bill, le salaire, c'est beaucoup trop , commence-t-il.
- Non, c'est le salaire que tu mérites.
L e dreadeux ne rajoute rien. Il se doute que Bill lui donne plus en rapport avec ses problèmes d'argent. Il finit de lire et signe enfin.
- Je crois que nous allons bien nous entendre , annonce le brun.
FIN CHAPITRE 4