CHAPITRE 11
Andreas grimpa sur le comptoir du magasin de disques, à côté de Bill, et commença à feuilleter quelques prospectus de concerts de groupes locaux qui allaient jouer dans le coin. Bill pressa ses doigts sur l'un d'eux et grimaça.
« Eux ils sont mauvais, » dit Bill. « Mais ils finiront sans doute quelque part. »
Andreas haussa gentiment les épaules. Juste le jour d'avant, le groupe de Bill et Tom avait encore été rejeté, et Bill le prenait vachement mal. « J'ai cru qu'on l' avait celui-là, » avait-il répété toute la nuit, surtout pour lui-même. Andreas avait essayé d'être là pour lui, mais il semblait vouloir être seul ou avec Tom.
« Ca craint, » continua Bill. « Ca doit juste être une question d'être au bon endroit au bon moment en fait. Le talent ne signifie rien du tout. »
“Nuh uh,” dit Tom, se joignant à eux derrière le comptoir. « On doit juste être meilleurs la prochaine fois. »
Bill sourit à Tom et le tapa sur l'arrière de la tête. « J'étais foutrement parfait hier. »
Tom ricana et secoua la tête, déambulant jusqu'au fond du magasin. Andreas frotta discrètement le dos de Bill, le consolant de la seule manière qu'il connaissait. « Tu veux acheter des glaces après ça ? » dit-il doucement à Bill. « Je t'en achèterai. »
Bill soupira et claqua ses jambes contre le comptoir pendant un moment. « Ouais, d'accord. Merci. » Il sourit à Andreas.
« Quand est votre prochaine… um… chance d'être remarqué par quelqu'un ? » demanda Andreas avec précaution.
« Um… Il est possible que j'aille à Star Search dans quelques semaines, » dit Bill, haussant les épaules. « Juste moi, par contre. On en a tous parlé. J'irai faire l'émission pour faire un peu parler du groupe. Les gens qui chantent s'en sortent mieux que les gens qui jouent d'un instrument dans cette émission. »
« Sérieusement ? » Andreas cligna des yeux. « Mais c'est énorme. Star Search. »
« Ouais… » Bill rougit un peu. « Mais je suis vraiment nerveux, alors n'en parlons plus. Qu'est-ce que tu fais ce soir ? »
« Je traîne avec toi ? »
« Bonne réponse. » Bill cogna joueusement son épaule contre Andreas. « On achètera des pizzas et on se touchera. »
« Bill, » chuchota Andreas, jetant immédiatement des coups d'œil autour de lui. Il n'y avait personne dans le magasin à part Tom, Bill et lui. Tom était loin dans le fond, farfouillant dans les vieux vinyles. « Shh. »
« Juste de la pizza, alors ? » Bill fit la moue.
Andreas rit. « Ce n'est jamais juste de la pizza avec toi. »
Bill fit semblant de foudroyer Andreas du regard pendant un moment et puis ils rirent tous les deux.
« Qu'est-ce qui est si drôle ? » Demanda Tom depuis le fond du magasin. « Hey, Bill, je t'ai trouvé un vieil album de Nena… Viens voir. »
« Amène-le, » répondit Bill.
« Non, tu dois venir et le prendre, » lui dit Tom, souriant machiavéliquement.
« Je ne bougerai pas, » dit fermement Bill. « Amène-le ou je dirai à Maman comment tu-»
« Ok, ok !! » Tom fonça à travers le magasin et donna joueusement un coup de poing sur l'épaule de Bill. Andreas regarda, légèrement amusé. Si Bill et Tom n'étaient pas frères, il aurait dit qu'ils flirtaient beaucoup .
Mais c'était stupide.
« Cool, » dit Bill, regardant le vieux disque aux couleurs passées que Tom lui avait donné. « Achète-le pour moi. »
« Qu'est-ce que tu vas faire avec ? » Tom reprit le disque et le posa sur un autre comptoir.
« Um… l'écouter ? » Bill tira la langue. « Idiot. »
« J'ai pas d'argent, » dit Tom, fronçant les sourcils. « Peut-être que Mr. Kauffmann te laissera l'avoir. »
« Je peux pas lui demander ça. » Bill soupira et se pencha en arrière, s'appuyant sur les paumes de ses mains. « Une autre fois. »
« Ouais, personne d'autre au monde que toi n'en aurait envie, » se moqua Tom.
Andreas se déplaça, s'éclaircissant la gorge. Il avait la sensation que les jumeaux avaient peut-être oubliés que quelqu'un était avec eux dans la pièce. « J'ai faim. »
Bill quitta Tom des yeux et regarda Andreas. « Moi aussi. On devrait vite aller manger quelque chose. »
« De la glace, » lui rappela Andreas, souriant.
« Oh, ouais, » dit Bill, sautant du comptoir. « Tomi, tu as la braguette ouverte. »
Tom rougit et jeta un coup d'œil vers la fermeture de son jean, et puis fixa Bill. « Menteur. »
« Je t'ai fait regarder, » Bill couina, évitant un coup de son frère, gloussant. Juste après, la porte du magasin s'ouvrit et Mr. Kauffmann arriva, déboutonnant sa veste.
« Whew, » il salua les garçons. « Il y a du vent dehors. Tout est sous contrôle ici ? »
« Ouais, » lui dit Tom, hochant la tête. « Mais on a presque dû virer Bill. »
Andreas rit. Bill grimaça, levant les yeux au ciel.
« Bien, bon. J'avais juste besoin d'un café. Merci d'avoir surveillé la boutique, les garçons, » dit Mr Kauffmann, souriant. « Vous allez faire quoi maintenant ? »
« Prendre une glace, » répondit immédiatement Bill.
Tom haussa les épaules.
« On y va, » dit Andreas, enfilant déjà son manteau. Bill et Tom mirent leurs vestes, et puis les trois garçons partirent vers la boutique de glaces. Tenant parole, Andreas acheta à Bill un cornet de glace, et en offrit poliment un à Tom aussi.
« Berk, » commenta Bill après avoir donné un premier coup de langue dans son cornet. « Je déteste ce parfum. Tom, échange avec moi. »
« Putain, pas moyen !» Tom éloigna sa glace de Bill et lui fit une grimace.
« Qu'est-ce que t'as pris ? » demanda Andreas.
« Framboise, » dit Bill, fronçant les sourcils. « J'en ai eu envie parce que c'est violet mais ça a un goût vraiment dégueulasse. »
« Moi j'aime bien, tu peux prendre la mienne, » proposa Andreas, tendant son cornet de glace au café.
« Je déteste le café, » dit tristement Bill, zieutant le cône au chocolat de Tom.
« Non, » fut tout ce que dit Tom.
Bill soupira fortement et continua de manger sa glace. « Prenons le raccourci par les bois pour rentrer. »
« On va chez vous ? » demanda Andreas.
« Ouais, » répondit Bill. « Tu veux ? »
Bien sûr qu'Andreas voulait. « Ouais, allons-y. »
« Tu peux rester tard ? » Bill sourit un peu, avec espoir.
Andreas hocha la tête, aimant le regard dans les yeux de Bill. « Je vais me débrouiller pour le faire. »
Tom grogna. « On a pas pris le raccourci depuis des années… Je racontais à Bill que des gitans et des sorcières vivaient dans les bois et que si il les faisait chier, ils le suivraient jusqu'à la maison et ne le quitteraient plus. Il avait tellement peur. »
« Je n'avais pas peur, » protesta Bill.
« Tu avais peur, » dit Tom, croquant dans son cornet. Ils arrivèrent à l'orée de la forêt et passèrent prudemment par-dessus de petits buissons gelés. Andreas frissonna, se débarrassant immédiatement de son cornet de glace. Il enfonça ses mains dans ses poches et se dépêcha pour rester au niveau de Tom. Bill était à la traîne derrière eux, se plaignant de ses pieds.
Tom s'arrêta un moment et puis sauta par-dessus quelque chose, l'envoyant en arrière en shootant dedans. C'était un vieux ballon de foot un peu dégonflé, et il atterrit aux pieds d'Andreas.
« Oh, » murmura Andreas, arrêtant instinctivement le ballon avec le bout de son pied. Il commença à dribbler, le ballon devant lui, augmentant rapidement le rythme. Bill le rattrapa, marchant à côté de lui.
« C'est quoi ? Oh, » dit Bill, riant. « Bon Dieu, si j'essayais de faire ça je tomberais sur le cul… ou sur la gueule. »
« Il y a pas de différence, » dit brusquement Tom par-dessus son épaule.
Bill l'ignora.
« Moi je connais la différence, ne t'inquiète pas, » dit doucement Andreas, donnant un coup de coude à Bill.
Bill couina et s'accrocha au coude d'Andreas. « Je déteste ce raccourci. Y'a des trucs bizarres qui bougent dans tous les coins, c'est humide et c'est pas du tout un raccourci. »
« Tu détestes juste parce qu'il y a des sorcières et des gitans, » dit Andreas, faisant un clin d'œil à Bill. Il envoya le ballon loin devant lui et entraîna Bill dans une course à petites foulées alors qu'il s'avançait pour taper encore dans le ballon. « Et des monstres et… »
« J'ai pas peur, » chuchota Bill, enfonçant ses ongles dans l'avant-bras d'Andreas. « Il y a probablement des trolls aussi. Et des vampires. » Il lâcha Andreas et courut pour taper dans le ballon de foot. Il le manqua carrément et il finit avec le pied frappant dans un arbre pas loin. « Putain ! »
Andreas rit et scruta le chemin devant lui, cherchant Tom. Il ne vit pas l'autre garçon. « Où est parti Tom ? »
« Sûrement se cacher quelque part pour me faire flipper à mort, » dit Bill de vive voix. « Et ça ne marchera pas. »
« Ca marchera ? » demande doucement Andreas à Bill.
« Bon Dieu, j'espère pas. »
Andreas se pencha pour récupérer le ballon. Il le plaça sous son bras et marcha près de Bill, ouvrant un œil attentif, cherchant la veste rouge vif de Tom. Ils marchèrent en silence le reste du chemin, Andreas guidant Bill en posant sa main en bas de son dos.
Quand ils arrivèrent à la maison des Kaulitz, ils trouvèrent Tom déjà là, regardant la télévision avec de la glace au chocolat au coin des lèvres. Bill laissa tomber son manteau par terre et alla vers Tom.
« Comment es-tu rentré à la maison si vite ? » demanda t-il.
« J'ai pris le chemin le plus court, » expliqua Tom.
Bill fronça les sourcils. « Tu as du chocolat sur le visage. »
« Je sais. »
« Gros nul. » Bill se tourna vers Andreas et soupira. « Tu veux aller écouter, um, de la musique en haut ? »
Andreas hocha impatiemment la tête. Il avait toujours le ballon de foot coincé sous son bras, mais il le laissa tomber avec sa veste sur le sol et suivit Bill à l'étage. Bill ferma la porte à clé derrière eux, et Andreas était déjà sur le lit.
Bill sourit et se jeta sur Andreas, l'embrassant immédiatement. Andreas haleta et tomba en arrière, entraînant Bill avec lui en fermant ses bras autour de son cou. Il fit courir ses mains à travers les cheveux souples de Bill et inspira profondément. Bill sentait comme quelque chose de vraiment très apaisant dont Andreas ne pourrait jamais avoir assez.
« Maman ne sera pas à la maison avant des heures, » dit Bill en haletant, tirant sur la ceinture d'Andreas. « Elle et Gordon. Ils sont à une putain d'expo de fleurs… Aide-moi avec ça. »
Andreas déboucla rapidement sa ceinture, sentant de la chaleur dans le creux de son ventre. « Et pour Tom ? »
« Oublie-le, » dit Bill. Il glissa ses doigts sous la taille du jean d'Andreas et toucha ses hanches, provoquant à Andreas un fort grognement. Bill plaqua une main contre la bouche d'Andreas et gloussa, un son perçant. « Sshh. »
« Putain, » ne put s'empêcher de dire Andreas.
« Je sais, » Bill détendit ses doigts et ils se posèrent gentiment sur les lèvres d'Andreas. Il embrassa les doigts de Bill, et en suça un doucement dans sa bouche. « Ahh… »
Andreas hocha la tête, reculant sa tête et libérant le doigt de Bill de sa bouche. Bill grimpa sur les hanches d'Andreas et tira son pantalon le long de ses cuisses. Andreas haleta lorsque l'air frais enveloppa sa partie la plus privée, et il vit l'expression déterminée de Bill. Bill se lécha les lèvres une fois et se pencha en avant.
« J'ai dit que je le ferai, » chuchota Bill, souriant nerveusement et claquant son piercing à la langue contre ses dents.
« Bill… » Andreas laissa échapper un long soupir. La pensée de Bill le léchant ici était suffisante pour le faire décoller. Ses cuisses tremblèrent et il sentit tous les membres de son corps commencer à frissonner. Le souffle brûlant de Bill était tout contre sa chair chaude.
« Ne regarde pas, d'accord ? Je sais pas si je peux le faire si tu regardes, » dit Bill.
« Sérieusement ? » grogna Andreas, mais il ferma quand même ses yeux. Si c'était là le prix à payer…
« Ok. » Andreas entendit gigoter tout autour, et puis il sentit les cheveux de Bill effleurer sa peau très sensible. Andreas essaya de ne pas regarder, mais il ne put pas s'empêcher de jeter un coup d'œil. Le visage de Bill était plissé par la concentration, et il était arrêté en plein mouvement.
« Bill ? » Andreas ouvrit les yeux et il se hissa sur les coudes. Les joues de Bill rougirent vivement et il recula.
« Je sais pas, » dit doucement Bill, fixant le sol. « Je sais pas si je peux faire ça. »
« Quoi ? »
« Ca, » dit Bill, désignant vers une zone vers les hanches d'Andreas. « Je sais pas. »
Andreas hocha lentement la tête et s'assit, se tortillant dans son jean et il grogna lorsque la matière frotta sa peau chaude. « Bill, viens là. »
« Non, je suis désolé, je sais que j'avais dit que je le ferais. J'ai promis, » dit Bill, fronçant les sourcils. « Je suis un crétin. »
« Tu n'es pas du tout un crétin. »
« Je veux dire, c'est pas comme si je n'avais jamais… je sais pas. » Bill secoua la tête et regarda finalement Andreas. « Peut-être que c'est juste trop tôt. »
« Mais tu n'es même pas obligé, » dit honnêtement Andreas à Bill. « Je n'ai jamais voulu te faire sentir comme si tu devais faire ça. »
« Je veux le faire, » répondit Bill. « Et je serai bon à ça. »
Andreas sentit son estomac se contracter. « Ha ouais… ? »
Bill rougit, ses joues se colorant. « Mhmm. »
« Bon… ok, » dit Andreas, sa voix se perdant dans sa gorge. Il se l'éclaircit et sentit son front devenir chaud. « Um, très bien. »
« Ouais. » Bill laissa une main sur la cuisse d'Andreas et embrassa sa mâchoire. « On peut toujours, tu sais, se toucher. »
Andreas sourit, s'intimant de se calmer. « Ok. »
Plus tard, après qu'Andreas ait passé la soirée à embrasser et sentir Bill, il rentra chez lui satisfait, plus relaxé qu'il ne l'avait été depuis une éternité. C'était une fraîche nuit d'Automne, et il avait dépassé le couvre-feu mais il s'en fichait. Ces derniers temps il repoussait les limites de plus en plus loin avec son père.
Et ça ne manqua pas, quand il passa la porte de derrière, son père était assis à la table de la cuisine, l'attendant.
« Salut, » fut tout ce que dit Andreas, enlevant son manteau.
« C'est tout ce que tu as à dire pour ta défense ? » Le père d'Andreas se leva, croisant les bras.
« Comment ça va ? » Andreas eut un mouvement de recul.
Son père soupira, longtemps et fortement. « Andreas… Dernièrement j'ai été indulgent avec toi, te laissant sortir plus facilement, parce que je savais que ça a été un grand changement et tu t'installes dans ta nouvelle vie ici. Mais quand je fixe des règles simples et que tu désobéis délibérément à quelque chose d'aussi banal que le couvre-feu … »
« Papa, c'est pas grand-chose, » dit calmement Andreas. « Je suis à la maison, je suis sain et sauf. J'ai des amis. J'ai passé un bon moment. »
« J'ai vu tes amis, » répondit son père. « Aujourd'hui en rentrant après être allé faire quelques courses, je t'ai vu descendre la rue avec deux garçons qui semblaient plutôt intéressants. »
« Papa, » grogna Andreas.
« C'est qui ? »
« Tom et Bill, » marmonna Andreas. « Ils sont sympas. »
Le père d'Andreas soupira encore. « J'en déduis que ce sont tes seuls amis. »
« Et alors ça ferait quoi si c'était le cas ? » répondit Andreas sur un ton agacé. « C'est pas ta vie, c'est la mienne. »
« Et je veux ce qui est le mieux pour toi, » dit son père d'un ton las. « Et à propos de ta vie à la maison ? Tu ne la veux plus ? »
« Mais c'est la maison ici pas vrai ?, » répondit Andreas avec humeur. « Et non. »
Il se tourna et quitta la pièce avant que son père ait la moindre chance de dire quoi que ce soit d'autre. Il était embarrassé que son père l'ait vu avec les jumeaux, pour certaines raisons, mais il était incroyablement reconnaissant que Tom ait été là. S'il y avait juste eu Andreas et Bill, le père d'Andreas aurait peut-être vu quelque chose qui nécessiterait vraiment des explications.
Andreas décida de faire plus attention dans le futur.
Il se laissa tomber sur son lit et balança ses chaussures. Il pouvait entendre son père faire du bruit à l'étage du dessous. Andreas ferma les yeux et prit une profonde inspiration, essayant de se calmer. Il repensa à la soirée qu'il avait eue. Se toucher avec Bill dans la chambre de Bill, sur le lit de Bill, était rapidement devenu son passe-temps favori. Si juste s'embrasser et se toucher était le plus loin où ils iraient jamais l'un avec l'autre, alors Andreas était plus qu'heureux. Il serait ravi de ne faire ne serait-ce que lui tenir la main, d'être à côté de lui.
Andreas roula et retira son jean, restant juste en T-shirt et en boxer. Il y avait un courant d'air froid dans la chambre et Bill lui manquait.
**
Tom et Andreas revenaient du magasin de musique le jour suivant, ils allaient à la maison des Kaulitz. Bill avait choisi de ne pas venir avec eux, déclarant que le dimanche était pour se reposer et qu'il faisait trop froid dehors pour aller marcher. Quand ils entrèrent, ils virent que Bill était toujours au lit, dormant.
« Il est resté debout presque toute la nuit dernière, » expliqua Simone alors que Tom et Andreas entraient par la porte d'entrée. « Ne le réveillez pas, il est tellement fatigué en ce moment. »
« Pourquoi il est resté debout toute la nuit ? » Demanda Andreas à Tom.
Tom haussa les épaules. « Je sais pas, je dormais. »
« Oh. » Andreas laissa tomber son sac par terre et se débarrassa de ses chaussures. « Qu'est-ce qu'on devrait faire ? »
« On devrait réveiller Bill, » dit Tom. « Tout de suite. »
« Mais et ce que ta mère a dit ? »
« On s'en fout, il est presque trois heures, » répondit Tom, déjà en train de monter les escaliers. Soupirant, Andreas le suivit. Il avait remarqué à quel point Bill était fatigué dernièrement et était d'accord avec Simone sur le fait qu'il devrait dormir, mais ça n'arrêtait pas Tom.
Tom fit irruption dans la chambre de Bill. « Bill, il est l'heure de se réveiller ! »
Bill grogna bruyamment.
« Bill, » dit encore Tom, s'asseyant sur le lit et rebondissant un moment. « C'est presque l'heure de dîner. »
« Pas faim. »
Andreas croisa les bras et s'adossa contre l'encadrement de la porte, regardant la scène.
« Maman a dit qu'il faut que tu te réveilles, » dit Tom à Bill. « Alors tu vas te lever. »
« Elle a pas dit ça, » dit Andreas, riant sous cape.
Tom se tourna et fixa Andreas pendant une seconde. « Bill… »
« Tom, dégage, » dit Bill d'une voix pathétique. « Barre-toi de là. »
« Quoi ? » Tom se leva et recula. « Qu'est-ce que j'ai fait ? »
« Juste dégage, » dit Bill, sortant la tête de sous les couvertures. « Hey, » ajouta-t-il en voyant Andreas.
Andreas sourit pour s'excuser. « Je devrais probablement rentrer chez moi. »
« Non, » dit Bill, s'asseyant. « Tom devrait probablement partir. »
Tom soupira fortement. « Bien, je serai chez Georg. »
« Amuse-toi bien, » dit Bill d'un ton maussade.
Tom se tira de la chambre et claqua la porte derrière lui, mais elle ne se ferma pas. Andreas marcha doucement jusqu'au lit de Bill et s'assit sur le bout de celui-ci. « Qu'est-ce que c'était tout ça ? » demanda t-il.
« Je le déteste tellement, » dit Bill, bâillant largement.
« Pourquoi ? »
Bill secoua la tête. « C'est pas la question, Tom est juste… un connard. »
« Qu'est-ce qu'il a fait ? » demanda gentiment Andreas.
« Hier soir, après que tu sois parti, on était supposés aller au vieux cinéma, pour traîner et tout. Il a un appel de dernière minute de cette fille Brittany et soudain, nos plans tombent à l'eau. Je sais pas pourquoi il fait me fait tout le temps ça, » dit Bill, se rallongeant sur le dos. « Peut-être qu'il n'aime pas traîner avec moi. Personne n'aime, de toute façon. »
« Moi j'aime, » dit Andreas, touchant le visage de Bill. « J'aime tellement. »
« Je sais que tu aimes. » Bill sourit et embrassa les doigts d'Andreas. « Je suis juste tellement furieux contre lui. »
« Il semble que tu l'es vraiment beaucoup. »
« Mm, » confirma Bill. « Hey, viens là. »
Andreas jeta un coup d'œil à la porte ouverte mais décida de ne pas s'en occuper. Il s'allongea à côté de Bill et posa un bras autour de ses épaules. Bill fit un petit bruit de contentement, se blottissant contre Andreas en enfouissant son visage contre sa poitrine. Andreas sourit et embrassa le haut de sa tête, humant ses cheveux.
Bill leva la tête et embrassa Andreas. Le visage de Bill était chaud et doux de sommeil, tout son corps irradiait. Andreas bougea plus près de lui, tirant Bill contre sa poitrine et le serrant doucement. Bill s'enfouit sous le bras d'Andreas. Il remonta les couvertures sur eux et ils s'embrassèrent doucement.
« Tu peux me toucher ? » demanda doucement Bill.
Andreas hocha la tête. « Comment ? »
Bill sourit. « A ton avis ? »
Andreas glissa sa main derrière le dos de Bill et laissa juste glisser ses doigts à l'intérieur, à l'arrière du pantalon de pyjama. Il était lâche autour de Bill, tenant juste à peine, et celui-ci ne portait rien en dessous. Bill haleta et sourit dans le baiser, et il enfonça sa langue entre les lèvres d'Andreas.
Andreas voyait le visage de Bill et il sentit son estomac chauffer, se tendre. Tous ses membres frissonnaient, Bill semblait tellement doux et sentait tellement bon. Son lit était confortable, il donnait envie de dormir, et les couvertures étaient lourdes sur eux deux. Bill remonta sa jambe entre celles d'Andreas et pressa sa cuisse contre le sexe tendu d'Andreas. Andreas haleta et suça la langue de Bill dans sa bouche.
Bill grimpa sur les genoux d'Andreas et s'assit à califourchon avec ses jambes autour de la taille d'Andreas. Andreas glissa ses mains plus loin dans le bas de pyjama lâche de Bill, faisant courir ses doigts contre la peau chaude des fesses de Bill. Bill gémit doucement et laissa tomber sa tête sur l'épaule d'Andreas, embrassant son cou. Andreas soupira et leva le regard.
Juste quand il jeta un coup d'œil à la porte ouverte, il vit Tom debout là, leurs yeux se rencontrèrent.
« Oh, » dit Andreas, repoussant Bill. Bill lança à Andreas un étrange regard, et quand Andreas leva de nouveau les yeux, Tom était parti.
« Quoi ? » La voix de Bill était presque un chuchotement.
« Um. » Andreas poussa Bill de ses genoux et retira ses mains. « Rien. »
« Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est quoi le problème ? » Bill fronça les sourcils. « J'ai fait quelque chose ? »
« Non, non, » dit doucement Andreas. Quelque part il ne pensait que dire à Bill que Tom les avait vus était une bonne idée. « Tu veux pas qu'on ferme la porte ? »
« J'avais même pas remarqué, » dit Bill, essayant d'embrasser encore le cou d'Andreas. « Embrasse-moi. »
« Um. » Andreas regarda la porte ouverte, le regard acéré tel celui d'un faucon. « J'ai besoin de fermer cette porte. »
« C'est pas grand-chose, personne n'est à la maison, » répondit Bill, son visage se décomposant.
« J'ai vu ta mère, » dit Andreas. « Et Tom… »
« Tom est parti ! Et maman ne vient jamais à l'étage, » geignit Bill. « Viens, embrasse-moi. »
Andreas s'extirpa de sous Bill et se leva. « Je pense que je devrais partir en fait. »
« Tu me détestes, » dit doucement Bill.
« Je te déteste pas, » répondit Andreas. Son cœur lui fit mal d'entendre Bill dire ça. « Tu sais que je te déteste pas. Bon Dieu, Bill. »
« Tu t'en vas, » dit Bill, s'enroulant dans les couvertures jusqu'à ce que tout ce qu'on voit soit le haut de son visage. Andreas voulait sourire, mais Bill semblait sérieusement bouleversé. Il alla fermer la porte, et puis revient s'asseoir sur le matelas avec Bill. Andreas tira sur les couvertures, essayant de voir tout le visage de Bill, mais Bill s'enfonça encore plus profondément dans le nid de couvertures et s'enterra complètement.
« Bill. »
« Tu peux partir. » parvint la voix assourdie de Bill.
Andreas se pencha en avant et souleva les couvertures, se faufilant par en dessous et rejoint Bill avec un baiser. Bill se déroba, mais Andreas le tira plus près de lui et l'embrassa fermement de nouveau. Il ne pouvait pas voir Bill là-dessous, mais il pouvait le sentir et l'entendre.
Alors qu'il caressait les cheveux de Bill, il se demanda que faire à propos de Tom. Il se demandait si Tom dirait quelque chose, si Tom dirait quelque chose à Bill. Andreas se demanda si il devrait dire quelque chose à Bill.
« Bill, » dit Andreas.
Bill ne répondit pas, mais son souffle devenait plus lourd, et Andreas savait qu'il s'endormait.
« Ok, » chuchota Andreas, embrassant le front de Bill. « On se voit plus tard, je t'aime. »
« Mm, » marmonna Bill, roulant de l'autre côté et tirant les couvertures plus serrées sur ses épaules.
Andreas s'extirpa du lit et fit nerveusement le chemin pour sortir de la chambre de Bill et descendre les marches. Il vit que la porte de Tom était fermée, et espéra qu'il ne le rencontrerait pas en bas. Il avait besoin de temps pour penser avant de se retrouver nez-à-nez avec Tom.
« Bye, » dit Andreas à Simone, qui était en train de faire de la couture sur une chaise près de la porte.
« A bientôt chéri, » répondit-elle, souriant.
Andreas hocha la tête et courut jusqu'à chez lui aussi vite qu'il le pouvait.
**
A l'école le jour suivant, Andreas essaya de nouveau de se rendre invisible.
Il traversa les couloirs rapidement et silencieusement, et il évita de croiser le regard de qui que ce soit. Au lieu d'aller en français, il alla à l'infirmerie, simulant une petite migraine. Il espérait à moitié que l'infirmière lui suggèrerait de rentrer chez lui, mais bien sûr elle ne le fit pas.
Andreas était nerveux de voir les jumeaux, surtout Tom. Il ne savait pas ce qu'il allait dire, ou s'il allait dire quelque chose. Andreas espérait que Tom ne dirait rien, mais il voulait aussi savoir ce que Tom pensait de la relation d'Andreas et Bill au juste.
Andreas soupira quand il alla en Bio, le seul cours où il était seul avec Tom. Il évita de s'asseoir avec Sara, et choisit une table vide dans la dernière rangée. Si Tom voulait s'asseoir avec lui, très bien.
Tom déboula quelques minutes avant que le cours ne démarre et se glissa sur la chaise juste à côté d'Andreas. Andreas se pétrifia, n'osant pas regarder l'autre garçon.
« Putain, je suis fatigué, » dit Tom, laissant tomber son sac par terre et s'adossant contre sa chaise. « Une putain de longue journée. »
Andreas hocha la tête. « C'est presque fini. »
« Yep, » Tom sortit un crayon et commença à graver des trucs dans la table, comme il le faisait souvent. « Qu'est-ce que t'as fait hier ? »
« J'étais chez vous hier, » dit doucement Andreas.
« Je sais, je sais, mais t'es parti tôt, » dit Tom. « T'es allé où ? »
« A la maison. »
« C'est trop nul, pourquoi t'es parti ? »
Andreas haussa les épaules. « C'était l'heure de rentrer. »
« On aurait dit que t'allais rester pour un moment. » Tom regarda Andreas, son expression indéchiffrable.
« Um. » Andreas déglutit difficilement et leva le regard. Tom avait presque un sourire sur le visage, mais il ne semblait pas gentil. « Tu t'en serais soucié ? »
Tom posa son crayon et fronça les sourcils. « Je sais pas. »
Andreas hocha encore la tête et heureusement, le cours commença. Il lâcha un soupir de soulagement et se rappela de rester éloigné de Tom pendant un moment.
Après l'école il rentra chez lui et s'endormit, jusqu'au lendemain matin.
**
« Merci de sortir avec moi. »
Sara sourit à Andreas et il lui sourit en retour, fourrant ses mains dans ses poches. C'était vendredi soir et Sara avait finalement appelé Andreas. Andreas n'avait pas trouvé de bonne raison pour ne pas sortir traîner avec elle, donc il avait accepté. Ils allaient voir un film.
Bill n'avait pas allé à l'école ce jour-là, et comme Andreas n'adressait pas la parole à Tom en ce moment, il avait dû appeler chez Bill après pour savoir où il était. Simone avait répondu, disant que Bill n'était pas très en forme et qu'il était très prudent avec ça étant donné qu'il allait bientôt aller à Star Search. Andreas avait proposé de venir, mais elle avait dit que Bill était assez contagieux, sa voix signifiant qu'elle savait le genre de choses que Bill et Andreas faisaient ensemble. Andreas rougissait encore rien qu'au souvenir.
Andreas et Sara entrèrent dans le cinéma après avoir pris les tickets et firent un crochet du côté du snack-bar. Andreas pensa que Sara avait l'air vraiment jolie, et se demanda s'il devrait il dire. Il se sentait déjà horrible d'être dehors avec quelqu'un d'autre que Bill.
« Tu veux du pop-corn ou quelque chose d'autre ? » demanda Sara, souriant toujours. « Je paierai. Je suis juste tellement contente d'avoir pu finalement te faire sortir. »
« Tu m'as jamais appelé, » lui dit Andreas.
« Toi non plus, et tu es le garçon, » répondit-elle.
« Ouais, et bien, c'est vieux-jeu et je suis timide, » dit Andreas, rougissant encore.
Sara gloussa. « Pop-corn ou pas ? »
« Je préférerais des bonbons. »
« Tu es rude, » dit-elle, souriant en coin. « Je t'ai proposé du pop-corn. »
« Ou quelque chose d'autre. » lui rappela Andreas.
Sara rit et s'approcha pour prendre la main d'Andreas. Andreas la laissa la prendre, se sentant coupable et inquiet, mais que faisait-il de mal ?
« D'accord, on va en prendre un de chaque, » dit Sara, serrant les doigts d'Andreas. « Et un soda. »
« Juste un ? » Demanda Andreas.
« Oui. »
Andreas soupira un peu et regarda autour de lui. C'était vendredi soir et il vit que plein de gens de l'école étaient présents. Ca rendait tout très normal et familier, pas du tout comme un soir avec les jumeaux Kaulitz. La normalité d'être dehors avec Sara était presque dérangeante pour lui.
Il se retrouva à souhaiter pouvoir emmener Bill à un rendez-vous comme celui-là.
« Ok, on veut un grand pop-corn et un grand soda, » dit Sara au vendeur. « Oh, et um… »
« Des bonbons en gélatine, » dit Andreas, pensant à Bill.
Sara tenait fermement la main d'Andreas alors qu'elle prit maladroitement son portefeuille dans sac à main et paya la nourriture. Il se demanda comment ils allaient transporter la nourriture jusqu'à leur siège, n'ayant qu'une main chacun.
« Deux pailles, » ajouta Sara, faisant un clin d'œil au vendeur.
Andreas leva presque les yeux au ciel. Sa paume commençait à transpirer.
« D'accord, on se dépêche, on va manquer les bandes-annonces, » dit Sara, lâchant la main d'Andreas pour tenir le pop-corn. Andreas s'empara du soda et la suivit, plaçant instinctivement sa main autour de sa taille. Il parcourut la foule du regard, cherchant le chemin le plus facile pour passer, et se figea.
Tom était debout de l'autre côté de la salle, avec sa propre conquête, et il fixait Andreas.
« Oh, putain, » murmura Andreas.
« Quoi ? » Sara leva le regard vers lui, fronçant les sourcils. « Quelque chose ne va pas ? »
Andreas lâcha la taille de Sara et commença à rentrer rapidement dans la salle du film. « Non, rien. »
« Ralentis, » se plaignit Sara derrière lui. Andreas n'écoutait pas, continuant juste de marcher jusqu'à ce qu'il trouve deux places vides dans la salle et qu'il s'asseye, se recroquevillant dans ses épaules.
« Hey, » chuchota Sara, s'asseyant à coté de lui. « Je sais que j'ai dit qu'on devait se dépêcher mais tu as vraiment fait du zèle là. »
Andreas eut un faible rire, dégageant sa jambe lorsque Sara essaya de poser la main sur sa cuisse.
Tom allait rentrer chez lui et dire à Bill ce qu'il avait vu. Bill allait être bouleversé. Il allait se sentir trahi, et penser qu'Andreas était tout aussi cruel que les garçons de l'école qui se moquaient de lui. Andreas commença à se sentir malade, souhaitant avoir écouté son instinct de survie et n'être jamais sorti dehors avec Sara. Il n'en avait meme pas eu envie, il n'avait simplement pas été assez vif pour trouver une excuse.
Il allait perdre Bill.
FIN CHAPITRE 11