CHAPITRE 12


Andreas posa sa tête contre la table au déjeuner. Ca lui avait pris toute son énergie de s'être rendu à l'école ce lundi matin. Il n'avait pas eu de nouvelles de Bill de tout le week-end, et c'était catégoriquement sûr que Tom lui avait tout dit.



Il grogna, ayant encore ce tiraillement dû à l'angoisse dans son estomac. Il l'avait senti tout le week-end. Son père avait essayé d'aborder le sujet, sentant clairement que quelque chose n'allait pas avec Andreas, mais celui-ci l'avait ignoré et avait passé le week-end dans sa chambre, fixant le plafond.



Est-ce que Bill l'évitait ? Etait-ce juste qu'il n'était pas à l'école ? Andreas espérait que c'était ça parce qu'il ne pourrait pas supporter l'idée que Bill l'ignore délibérément. C'était trop, même s'il savait qu'il le méritait.



« Hey toi. »



Andreas leva le regard. Bill était debout à la table, semblant naturel et doux. Il portait un T-shirt bleu avec quelques rayures blanches autour des manches, et un jean avec une ceinture à boucle lourdement décorée. Il avait un sourire amusé sur les lèvres, et semblait fatigué.



« Salut, » dit doucement Andreas, se levant à moitié. « Hey. »



« Je peux m'asseoir ? » Bill regarda la chaise à côté d'Andreas.



« Tu plaisantes ? »



« Non, c'est juste que je savais… pas si tu ne voulais pas être avec moi ou quoi, » dit Bill, se glissant prudemment dans le siège vide. Il avait l'air grincheux, comme s'il avait perdu sa voix. « Tu étais où tout le week-end ? »



« Tu étais malade, je voulais pas te déranger, » dit Andreas, se demandant jusqu'où Tom en avait parlé à Bill.



« Ouais mais… Tu aurais pu m'appeler, » dit Bill, souriant un peu. « Je n'étais pas malade à ce point-là . »



Andreas soupira. « Qu'est-ce que tu as fait ? »



“Moi et Tom on est allés en ville samedi et il a fait tous ces trucs de skate. Des figures, je sais pas. Après on a passé beaucoup de temps à l'entrepôt, tu sais, celui que je t'ai montré. Tom a commencé à tomber malade aussi, dans la soirée de samedi. Maman nous a laissé déplier dans le canapé en bas et on est restés allongés tout le dimanche, à regarder la télé ou des trucs dans le genre, » dit vivement Bill. « Je me sens mieux maintenant. »



« Et pour Tom ? »



« Ca s'arrange. »



« On dirait que tu n'as pas vraiment eu le temps de penser à autre chose, » dit prudemment Andreas.



Bill parut un peu blessé. « Je me suis demandé pourquoi tu n'as pas appelé. »



« Je suis désolé, » dit Andreas, et il l'était vraiment. Il ne se doutait pas que Bill s'était senti seul pendant le week-end. Comment avait-il pu être aussi stupide ? « Bien… j'ai juste… pensé en quelque sorte que tu ne voudrais pas entendre parler de moi. »



« Pourquoi ? » demanda Bill, confus.



« Parce que… » Andreas se mordit la lèvre. « A cause de vendredi. »



« Il y avait quoi vendredi ? »



Andreas fronça les sourcils. « Vendredi soir ? »



« Vendredi soir Tom est rentré tard et m'a acheté de la glace, » dit Bill, souriant un peu. « Après on est restés à regarder des films toute la nuit dans la chambre de maman parce qu'elle n'était pas à la maison. »



« Je suis désolé, pourtant, je voulais même pas y aller, » dit Andreas, sa bouche devenant sèche. « J'ai juste, je savais pas comment lui dire non et Tom nous a vu au cinéma. Je me sentais mal, vraiment mal, je voulais être avec toi, » ajouta doucement Andreas. « Tellement, je le veux toujours. J'étais sûr que tu me détestais. »



« Quoi ?? » Bill avait vraiment l'air très confus. « Tu es allé où et pourquoi tu pensais que je serais furieux ? »



Andreas fixa Bill. « Sara, tu sais, cette fille de Bio… Elle m'a appelé pour aller au cinéma avec elle et Tom nous a vu là-bas… »



« Ohhhh, » Bill eut en fait un sourire. « C'est cool, tu t'es bien amusé ? Ouais, je savais que Tom était au cinéma. Vous êtes allés voir le même film ? Parce qu'il a dit qu'il était vraiment, vraiment bien. »



« Alors… Tu t'en fiches ? »



« Pourquoi je ne devrais pas ? »



Andreas sentit ses oreilles rougir. « Parce que… je suis sorti avec elle ? »



Bill haussa les épaules.



« Ok, » dit doucement Andreas. « Je pige pas, mais ok. »



« Pourquoi tu piges pas ? »



Cette fois, c'est Andreas qui haussa les épaules.



Bill rit doucement. « Hey, tu veux venir après l'école ? Il faut encore que je me repose, parce que Star Search c'est bientôt, mais on peut regarder la télé et glander et, tu sais, faire des trucs. » Il remua un peu les sourcils.



Andreas hocha la tête, hébété. « Ouais, bien sûr. »



« Tom travaille sur des nouvelles chansons, elles ont l'air vraiment bien, » dit Bill, son visage s'éclaircissant de nouveau. « Je les lui ferai jouer pour toi, elles sont incroyables. J'essaye d'écrire des paroles dessus mais c'est dur, certaines chansons n'ont juste pas besoin de paroles. »



Alors que Bill jacassait, Andreas ne l'écoutait qu'a moitié. Il se sentait malade. Il savait qu'il aurait dû être content que Tom n'ait pas dit à Bill ce qu'il l'avait vu, et doublement content que Bill se moque de toute l'histoire. Il ne pouvait pas s'empêcher de se sentir secoué que, cependant, Bill s'en fiche. Il voulait de la jalousie, de la possessivité, quelque chose qui indique que Bill le voulait pour lui. Il voulait être à Bill.



« Tomi peut être timide, cependant, » continua Bill. « Il me croit jamais quand je lui dis à quel point il est bon. »



Tom n'était pas la personne préférée d'Andreas en ce moment. « C'est pas grand-chose, je veux pas lui casser les pieds. »



Bill sourit. « Ok. Bien, je dois aller faire quelques trucs, mais on se rejoint à ton casier après les cours, ok ? »



« Au revoir, » dit doucement Andreas alors que Bill s'éloignait.





**





Andreas suivit Bill à l'intérieur. Il avait commencé à neiger et ils avaient couru tout le long du chemin de la maison, se serrant les mains à travers leurs épais gants et riant alors que la neige trempait leurs vestes en laine.



« Bon Dieu, c'était dégoûtant, » couina Bill, enlevant ses couches de vêtements trempés quand ils entrèrent dans la cuisine où il faisait bon. Andreas laissa tomber son sac, regardant Bill. Avec des flocons de neiges, accrochés dans ses cheveux, son nez tellement rouge à cause du froid, Bill avait l'air complètement à croquer. Andreas enleva son propre manteau et l'étendit sur une chaise.



« Il fait drôlement froid, » dit-il. « Mes orteils sont engourdis. »



« Mon nez est engourdi ! » Bill sourit, s'approchant d'Andreas et frottant son nez contre son cou. « Tu es tellement chaud. »



« Dis ça à mes doigts, » dit Andreas, souriant.



Simone entra, et Bill se recula. « Bonjour les garçons, » les salua t-elle. « Billy, regarde-toi. Tu vas encore tomber malade ! »



« Nah, » répondit Bill, tendant sa lèvre inférieure. « Je vais bien. »



Simone toucha le front de Bill et secoua la tête. « Tsk. »



« Je prendrai soin de lui, » dit résolument Andreas.



Simone regarda Andreas et sourit chaleureusement, le serrant dans ses bras. « J'espère que tu prends soin de lui. »



Bill soupira bruyamment. « Ma-aman. »



« Je sais, je sais, » dit-elle, lâchant Andreas. « Je m'en vais. Prenez quelques cookies, je viens juste de les faire. »



Andreas sourit à Bill. « Miam. »



“Ma chambre,” dit Bill, attrapant une poignée de cookies et faisant un signe de tête à Andreas. « On y va ? »



« Ouais, » dit Andreas. Il attrapa quelques cookies aussi, et bientôt ils furent assis en tailleur sur le lit de Bill, mangeant et discutant.



« Je peux voir tes racines, » dit Bill, pointant les cheveux d'Andreas et en tirant une mèche. « Je vais devoir encore te les décolorer. »



« Mm, » confirma Andreas, la bouche pleine. Il avala et passa son avant-bras sur sa bouche, essuyant les miettes. « Peut-être même encore plus clair cette fois. »



Bill hocha la tête, souriant. « Ca aurait l'air vraiment bien. »



Il se pencha en avant et lécha les lèvres d'Andreas avant de l'embrasser. Andreas laissa échapper un long soupir alors que Bill s'écartait de lui, son nez toujours rouge à cause du froid.



« Bill, » dit Andreas, se rapprochant de l'autre garçon. « Je suis vraiment désolé pour vendredi. Je sais que tu t'en fiches, mais je suis vraiment désolé. »



« C'est rien, » répondit doucement Bill. « Tu peux faire tout ce que tu veux. »



« Je peux ? » Andreas fronça les sourcils. « Je sais pas si je le veux. Ou si je veux que toi tu le fasses. »



« Qu'est-ce que tu veux dire ? »



Andreas soupira. « Je veux savoir que tu es à moi, rien qu'à moi, et, tu sais, » dit-il, rougissement chaudement. « Je ne veux pas traîner avec quelqu'un d'autre. »



« Tu ne le fais pas, » dit simplement Bill.



« Je sais, et je suis content que tu le saches. » Andreas regarda par terre. « Um. Je pense que je voulais juste savoir… ce qu'on est. »



Les joues de Bill rougirent, et il se déplaça sur le lit. « Je t'aime bien, » dit-il doucement. « Beaucoup. »



Andreas hocha la tête. « Mais… »



« Il n'y a pas de ‘mais'. » Bill sourit et frotta les cuisses d'Andreas. « T'es vraiment arrivé au bon moment dans ma vie. »



« Vraiment ? »



« Ouais, » dit Bill. « J'avais vraiment besoin de quelqu'un d'autre dans ma vie. »



« En plus de Tom ? » demanda prudemment Andreas.



Bill soupira. « A ce propos… »



Andreas eut un mouvement de recul. Bill semblait vraiment troublé par la conversation.



« C'est bon, on est pas obligés de parler de ça, » dit Andreas. Il serra la main de Bill.



« Non, je le veux, je pense, » dit Bill, fronçant les sourcils.



« Je pige pas. »



Bill se mordit la lèvre et puis ils entendirent la porte claquer en bas.



« Tom est rentré, » dit doucement Bill.



« Ouais. »



Il y eut un petit coup à la porte, et Bill soupira encore, se levant pour la déverrouiller. Tom entra, ses cheveux détrempés à cause de la neige.



« Hey, Tomi, » dit Bill, se rasseyant sur le lit.



« Ugh, » répondit Tom. Il grimaça alors qu'il bougeait de l'autre côté de la chambre. « Putain de neige. »



« Qu'est-ce qui s'est passé ? » demanda Andreas.



Tom leva les yeux au ciel. « J'étais sur ma planche pour rentrer de l'école et ce bout de glace m'a fait tomber. » Il remonta son pantalon pour montrer son genou. Il était écorché et saignait abondamment.



« Tom ! » Bill se précipita vers Tom et s'agenouilla sur le sol. Il posa deux mains autour de la blessure et se pencha plus près. « Ca a l'air vraiment moche, assieds-toi ! »



« C'est pas grand-chose, » lui dit Tom. « C'était ma putain de faute. »



« Assieds-toi, » dit fermement Bill. Tom alla sur le lit de Bill et leva sa jambe, grognant. « Tu dois être plus prudent, et si tu t'étais cassé un bras ou quelque chose ? Tu ne serais plus capable de jouer. »



« Je l'ai pas fait, » dit Tom, passant une main dans les cheveux de Bill et tapotant sa joue. « Alors arrête de t'inquiéter. »

La lèvre inférieure de Bill trembla et il plissa la bouche. Andreas croisa les bras, mal à l'aise. La tension dans la chambre était lourde. Bill avait l'air vraiment contrarié pour un petit truc, et Andreas savait que ça devait être plus profond que ça. Beaucoup plus.



« Tom, Bill m'a dit que tu travaillais sur de nouvelles chansons, » dit Andreas. « Peut-être qu'on pourrait t'apporter ta guitare et tu pourrais en jouer quelques-unes. »



Tom regarda Bill et sourit un peu. « Ok, ouais. Elle est dans ma chambre. Je peux aussi avoir un soda ? »



« On est pas tes bonniches, » dit Bill, levant les yeux au ciel. « Andreas, va chercher sa guitare. Je vais prendre le soda. »



« D'accord. » Andreas sourit, pensant qu'il avait du bon boulot pour détendre l'ambiance. Il alla dans la chambre de Tom et choisit une des guitares, l'acoustique. Elle paraissait lourde dans ses mains et il gratta une fois maladroitement les cordes, faisant une grimace lorsque les notes résonnèrent. « Ugh, voila pourquoi je ne joue pas, » murmura-t-il.



Il souleva la guitare avec attention et retourna dans la chambre de Bill. Quand il entra, Bill et Tom étaient assis sur le lit, collés ensemble, riant de quelque chose.



« Hey, la voila, » dit Tom, levant le regard et attrapant sa guitare. « Les mecs, ces chansons craignent tellement. »



« Peu importe, » répondit Bill, poussant Tom joueusement. « Tu dis toujours ça. Tu es tellement bon. »



Tom tira une corde bruyante et Bill et Andreas eurent un mouvement de recul.



« Tu fais exprès de faire de la merde, » geignit Bill.



Tom ricana. Il commença à jouer pour de vrai, une douce et agréable mélodie. Bill grogna et poussa encore Tom.



« Pas celle-là. »



« C'est une de celles que j'ai inventées hier soir, » dit Tom, toujours en jouant.



« Je l'aime bien, » dit Andreas.



« Mm, » acquiesça Bill, semblant distrait. « Joue la plus rapide. Tu sais ? »



« Tu préfères celle-là ? » Tom fronça les sourcils.



« Bien sûr que non. » Bill sourit. « Juste… joue celle-là. »



Tom haussa les épaules et changea de cordes, accélérant dans un ton joyeux. Bill sourit et hocha la tête, et commença à fredonner dessus. Andreas se demanda ce qu'il y avait avec l'autre chanson.



« Elle est bien, » commenta Andreas, mangeant un cookie.



« Je te l'avais dit, » dit joyeusement Bill. « J'ai juste besoin d'avoir l'inspiration pour des paroles. »



« Pour l'autre aussi, » dit Tom, avec un clin d'œil.



Bill soupira. « Ouais. Définitivement. »



Andreas haussa les épaules cette fois. Ils passèrent le reste de l'après-midi à glander dans la chambre de Bill, Tom à la guitare pendant que Bill et Andreas faisaient des propositions pour des titres de chansons et des paroles. Pendant tout le temps, cependant, Andreas ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'il n'avait pas sa place.

Andreas était assis à la table de la cuisine, faisant ses devoirs. Il s'était écoulé presque une semaine depuis la dernière fois qu'il était allé chez les jumeaux, et il commençait à en souffrir. Il se pencha sur ses devoirs de français et essaya de se concentrer. Il essaya de ne pas penser aux choses qui occupaient son esprit. Il dévisagea les verbes de français sur la feuille face à lui et se vida la tête.

Il se concentrait tellement fort qu'il n'entendit presque pas le téléphone sonner.

Son père décrocha après deux sonneries, et Andreas soupira. Il avait été négligeant avec ses devoirs dernièrement. Ses notes avaient commencé à en souffrir. Il se demanda s'il pourrait peut-être en parler à ses professeurs. Peut-être qu'ils le laisseraient rattraper quelques uns de ses devoirs manqués.

« Andreas. »

Andreas leva les yeux. Son père était debout dans l'encadrement de la porte, un petit sourire sur les lèvres.

« Ouais ? »

Son père fronça les sourcils, tendant le téléphone. « C'est pour toi. »

« Oh. Oh ! » Andreas se leva rapidement et pris le téléphone. Il alla dans l'autre pièce avant de le porter à son visage et de dire, « Allô ? »

« Salut toi. »

Andreas ne put s'empêcher de se sentir carrément déçu. C'était Sara.

« Oh, hey, » répondit-il, essayant de ne pas laisser la douleur transparaître dans sa voix.

« Alors, voilà, je t'appelle encore, » dit Sara. « Comment ça se fait ? »

« Je n'ai pas ton numéro, » dit faiblement Andreas.

« Alors demande -le moi, » dit Sara, riant doucement. « Qu'est-ce que tu fais ? »

« Mes devoirs, » répondit brièvement Andreas. « Le français. »

« Oh, j'ai de la chance d'avoir échappé au français. J'ai pris grec à la place. »

« C'est ballot, » la taquina Andreas.

« C'est n'est pas moi qui reste assis à la maison tous les week-ends, » dit Sara. « Allez, qu'est-ce que tu fais ce week-end ? Il va encore falloir que je te sorte. »

Andreas fronça les sourcils. Ce samedi Bill allait être à Star Search. Il voulait que tout son week-end soit libre. « J'ai un truc de famille. »

« Vraiment ? Tu ne peux pas y échapper ? » Sara gloussa. « C'est pas comme si ta famille allait quelque part. »

« Mhmm, » dit vaguement Andreas, dessinant des cercles autour d'un petit gribouillage que Bill avait fait dans son cahier de français. « Je dois finir ça, ok ? »

« Tu vas encore traîner avec eux ? » demanda doucement Sara. « Je ne rirai pas ni rien. »

« Rien que le fait que tu dises ça craint, » dit Andreas, faisant une grimace. « Bonne nuit. »

Il raccrocha le téléphone et s'assit sur le canapé dans le noir. Sara l'avait offensé, mais il ne pouvait pas vraiment être fâché contre elle. Il ne savait pas exactement si c'était ce qu'elle avait dit qui l'avait dérangé.

Il finit par penser à Bill. Cela faisait trop longtemps depuis la dernière fois qu'il avait été avec lui, et ça commençait à être pesant. Andreas le sentait toutes les nuits. Trop timide pour se toucher d'une manière satisfaisante, il passait la plupart de ses nuits à se tortiller, essayant de se calmer, essayant de repousser son excitation. Il essayait de penser à Bill sans vraiment penser à Bill.

Il était amoureux de Bill, et ça faisait mal. Il ne savait pas quoi faire de ses sentiments. Il avait essayé de les déclarer à Bill, mais Bill avait semblé surpris, pas prêt. Andreas savait au fond que le cœur de Bill ne pourrait jamais être à lui, mais il se devait d'essayer, malgré tout.

Il pensait que peut-être avec le temps Bill pourrait être à lui et qu'ils seraient heureux ensemble. Andreas pensait qu'avec le temps, il ne se sentirait plus comme un substitut de qui ou de ce que Bill voulait vraiment .
Ca faisait trembler Andreas, la pensée de ne pas être avec Bill. Bill avait rempli une place vide dans le cœur d'Andreas et il n'était pas prêt à abandonner ça. Cependant, il lui semblait que Bill lui échappait inexorablement. Andreas savait qu'il devait profiter de Bill tant qu'il l'avait, qu'il avait de la chance ne serait-ce que de connaître l'étrange et attachant garçon aux cheveux noirs.

Andreas soupira et s'enfonça dans le canapé. Soudain il se sentit si fatigué. Il entendit des pas tout près.

« Andreas ? »

« Ouais, papa, » répondit sombrement Andreas.

Son père entra dans la pièce sombre. « Tu vas bien ? Il n'y aucune lumière allumée. »

« Ca va, » dit Andreas. « Je finirai bientôt mes devoirs. »

Hochant la tête, son père pris place sur le canapé juste à côté de lui. « Tu es sûr que ça va ? »

« Je pense. »

« Je suis là, » dit doucement son père. « Je sais que tu ne le penses pas, mais je suis là. »

Andreas bougea inconfortablement. « Je sais ça, papa. »

« Il n'y a pas de honte à demander de l'aide, » dit le père d'Andreas. « C'est à l'école ? »

« Bien. » Andreas laissa tomber le téléphone sur le canapé et se leva. « Ouais. Et le seul moyen que je répare ça est de faire mes devoirs. »

« Tu as pris du retard, alors ? » Le père d'Andreas semblait concerné. « Ca ne te ressemble pas. »

« Ca va aller, » dit définitivement Andreas.

« Je peux parler avec tes professeurs. »

« Vraiment, papa, » dit Andreas, rajustant son pantalon et lissant son T-shirt. « Ce n'est pas grand-chose. »

Son père le regarda d'un air penseur. « Très bien. Continue. »

Andreas sourit à son père et sortir de la pièce. Il contourna la table de la cuisine et continua de marcher jusqu'à ce qu'il soit dans sa chambre. Quand il y arriva il commença à se gratter l'arrière du coup anxieusement, soudain l'air sembla le faire suffoquer.

« Putain de bordel de merde, » jura-t-il, enlevant son T-shirt et se laissant tomber sur son lit, se posant les paumes des mains sur les yeux. « Je vais bien. Je vais bien. »

Il roula sur le côté et fixa la fenêtre, se rappelant la fois où Bill était venu et l'avait supplié de sortir. Ca avait été une merveilleuse nuit, jusqu'à ce que Tom arrive. Andreas s'assit, entourant ses bras autour de son ventre. Il repensa à tous les bons moments qu'il avait passés avec Bill. Il n'y en avait pas un qui n'avait pas été gâché par Tom.

L'estomac d'Andreas commença à remuer inconfortablement. C'était tellement évident, soudain. « Putain, » chuchota t-il, serrant son ventre et se penchant en avant. Le fait de réaliser le rendait presque malade.

Il se leva et pressa son front contre la vitre froide, puis baissa les yeux vers le jardin de derrière. Il n'avait jamais pu comprendre pourquoi Tom et Bill n'avaient aucun ami, pourquoi ils étaient tellement la cible de tout le monde, pourquoi ils enduraient tellement de tortures de la part de leurs camarades de classe. Il commençait à comprendre.

Andreas se demanda si il y avait déjà eu quelqu'un comme lui avant, si quelqu'un d'autre était tombé amoureux des mystérieux jumeaux et voulait avoir ce qu'ils avaient, être une partie de ça.

« Oh, bon Dieu, » murmura Andreas, cognant sa tête contre la vitre froide de la fenêtre, son front humide à cause de la condensation. « Bill… »

Il s'assit sur le bout de son lit et ferma les yeux. Le pire dans tout ça était qu'il était toujours tellement amoureux de Bill que ç'en était douloureux.

**

Les saisons changeaient, l'automne en hiver, et une abondante chute de neige planait dans l'air. C'était le genre de froid qui écrasait presque les poumons lorsqu'on inspirait, et l'expiration se faisait tellement à vif que ça ne valait presque pas la peine de respirer.

Andreas se trouvait en train de marcher la route familière de la maison des jumeaux Kaulitz, le samedi soir suivant. Bill l'avait appelé le matin, demandant à Andreas s'il pouvait venir. Andreas avait demandé pour quelle occasion et Bill avait semblé un peu blessé, et avait marmonné quelque chose comme ‘veux juste traîner'.

Laissant échapper un vif et douloureux soupir, Andreas coupa par la pelouse gelée devant la porte de la maison de Bill. Il était totalement familier avec la famille maintenant, et il entra, balançant ses chaussures alors qu'il traversait l'entrée. Il entendit la télévision allumée, doucement, et passa sa tête dans le salon. Tom était assis là, les jambes étendues sur le bras d'un gros fauteuil, zappant paresseusement de chaîne en chaîne.

« Hey, » dit Tom, levant le regard de l'écran une seconde. « Il est en haut. »

« Merci, » répondit Andreas. Tom lui lança un dernier regard, presque un regard à la fois méchant et désinvolte, et Andreas partit rapidement. Il ne voulait pas rentrer dans ce jeu-là avec Tom. Il savait qu'il perdrait.

Quand il arriva en haut, la porte de Bill était fermée. Il toqua doucement et entendit Bill dire, « Entre, » avant d'ouvrir. Bill était allongé sur le ventre sur son lit, feuilletant son cahier de paroles de chansons.

Il leva les yeux quand Andreas entra et sourit. « Hey, » dit-il, laissant tomber son cahier et s'asseyant, pliant ses pieds sous ses fesses. « Je suis content que tu sois venu. »

Andreas hocha la tête et embrassa chastement Bill sur les lèvres. Bill frotta son nez contre la joue d'Andreas et s'éloigna modestement. Andreas le regarda. Bill portait un pantalon rayé avec des bretelles rouges, un maillot de football bleu trop petit de plusieurs tailles, et ses cheveux flottaient en douces boucles autour de son visage. Andreas sentit sa poitrine se serrer alors qu'il s'asseyait sur le lit avec Bill.

« Alors, » dit Bill. « Quoi de neuf ? Comment était ta journée ? »

Andreas ne pouvait pas s'empêcher de remarquer à quel point Bill semblait distrait. « C'était bien… j'ai passé la matinée à faire quelques devoirs. Ennuyant, je sais, » ajouta-t-il.

Bill fit un petit sourire. « J'aurais dû… Hey, je voulais te parler de quelque chose. »

« Ouais ? » Andreas fronça les sourcils.

« Uh huh. » Bill baissa le regard sur ses genoux et soupira. « Je sais même plus ce que je fais, vraiment. »

Andreas toucha le bras de Bill. « C'est moi ? »

« Non, » répondit directement Bill, et Andreas le crut tout de suite. « Non, pas du tout. »

« Bien, juste dis-moi, » dit Andreas, se détendant. « Juste libère-toi de ça, tu te sentiras mieux. »

Bill sourit un peu. « Je n'en suis pas sûr. »

« Tu sais pas ça. »

« Ouais… » Bill serra la main d'Andreas et se rapprocha un peu. « Um. »

« Ca peut pas être bien méchant. »

Bill leva le regard, ses yeux oscillants et écarquillés, et Andreas sut instantanément ce à quoi il pensait.

« Oh, » murmura Andreas. « Wow. »

« Je sais pas, » dit Bill. « Je sais pas comment dire ça. »

« Dis-le, simplement. »

« Je crois pas que je peux encore faire ça, » dit doucement Bill. Il lâcha la main d'Andreas et croisa étroitement les bras. « C'est pas toi. Je pense que c'est moi. Je… je sais pas, je peux pas. »

« Bill, » dit Andreas, sentant déjà une énorme boule se former dans sa gorge.

« Je sais, je suis désolé, je suis tellement désolé, » dit Bill, regardant de nouveau par terre. "Je n'aurais même pas dû... je n'aurais simplment pas dû. "

"Ne dis pas ça, s'il te plaît, même si c'est ce que tu penses, " dit Andreas, essayant de garder sa voix stable. "Je t'aime, tellement fort, Bill. Putain, tellement fort que ça fait mal, et si tu dis que ça n'a jamais rien signifié pour toi, je sais pas. Tu sais. Je peux pas supporter ça."

"C'est affreux, tu vois ?" Les membres de Bill tremblaient. "Je t'ai tellement fait mal."

"Je m'en fiche," dit Andreas. "Juste ne dis pas que tout ce qu'il s'est passé n'a jamais rien signifié."

"Ca voulait dire quelque chose."

Andreas soupira doucement. "Pourquoi maintenant ?"

"Qu'est-ce que tu veux dire ?" Bill leva le regard.

"Pourquoi tu m'as mené en bateau pendant si longtemps ?"

"Je t'ai pas mené en bateau, bon sang. Comment tu peux même penser ça ?" Demanda Bill.

"Je sais pas." Andreas se leva et croisa lui aussi les bras. "Je suppose que c'est fini, alors."

"Ce n'était pas juste pour toi," murmura Bill.

Andreas déglutit difficilement. Il devait savoir. " Il y a quelqu'un d'autre ? "

Bill détourna le regard et fronça les sourcils, tripotant une ficelle de la couture de son pantalon. Il y eut un long moment avant qu'il ne réponde, "Je peux pas le dire."

"Pourquoi ?"

"Crois-moi seulement quand je te dis que je peux vraiment pas te le dire," dit Bill, se levant aussi. "A la fois oui et non. Je sais pas vraiment non plus."

Andreas hocha faiblement la tête. "Je pense que je comprends."

"J'en doute." Bill s'approcha d'Andreas et prit sa main. Andreas laissa Bill entremêler ses fins doigts avec les siens et les serrer. "Ecoute, je veux pas que tu m'ignores ou me détestes."

"Je pourrais jamais te détester.

"Tu es mon meilleur ami," dit fermement Bill, touchant le visage d'Andreas. "Je veux que tu le sois toujours. Je t'aime," ajouta-t-il sincèrement. "Tellement fort. Juste pas de la façon dont tu le voudrais. "

"Non, c'est bien," dit Andreas. "C'est vraiment bien."

"Je l'espère vraiment."

Andreas fixa Bill, combattant une irrésistible envie de crier, de pleurer, de l'embrasser. Il ne savait pas quoi faire, alors il se tourna et marcha vers la porte.

"Attends."

Andreas se tourna. "Huh ?"

"Promets-moi," dit Bill. "Meilleurs amis."

"Je te le promets."

"Je t'aime," chuchota Bill.

Andreas hocha une fois la tête. "Tu sais que je t'aime."

Bill sourit et embrassa la joue d'Andreas. "Au revoir."

Andreas passa la porte et la ferma derrière lui. Il resta debout pendant un moment, inspirant profondément et expirant. Une grande partie de lui voulait retourner dans la chambre et parler à Bill, le convaincre de changer d'avis. Une encore plus grande partie savait que c'était inutile. Le cœur de Bill appartenait à quelqu'un d'autre.

Il descendit lentement les escaliers, le salon de plus en plus visible à chaque marche qu'il quittait. Il vit Tom balancer distraitement ses jambes contre le bras de son fauteuil, et il leva le regard quand Andreas arriva. Andreas lui fit un salut de la tête et continua à marcher, sentant les larmes lui monter aux yeux.

"Hey," l'appela Tom. Andreas fit quelques pas en arrière et regarda Tom. Tom enleva ses jambes du fauteuil.

Pendant un moment, ils se fixèrent juste l'un et l'autre.

"Je lui ai pas dit," dit finalement Tom. "Si tu voulais savoir. Je lui ai pas dit à propos de l'autre fois."

Andreas sentit la boule grossir de nouveau dans sa gorge. "Ok," dit-il doucement.

"Je sais que tu pensais que je le ferais."

"Ca n'a plus vraiment d'importance maintenant, de toute façon," marmonna Andreas.

Les yeux de Tom lancèrent un éclair, mais il ne dit rien.

Andreas soupira. " Je le dirai pas, non plus, au fait. Je le dirai à personne."

Tom fronça d'abord les sourcils, mais ensuite un petit et hésitant sourire se glissa sur ses lèvres. Il hocha doucement la tête. "Merci."

Alors qu'Andreas s'éloignait de Tom, il savait qu'ils n'auraient désormais plus de problèmes, parce qu'il n'y avait plus de compétition entre eux. Tom avait gagné et c'était tout. Andreas mit ses chaussures et haleta alors qu'il sortait, l'air glacial emplissant ses poumons.

Une larme tomba sur sa joue mais il ne l'essuya pas. Il se laissa pleurer, parce qu'il ne le faisait jamais. Il n'avait pas pleuré depuis tellement longtemps et ça faisait du bien, de sangloter alors qu'il rentrait chez lui dans le noir. Il pleura pour tout ce qu'il lui était arrivé cette dernière année alors que la neige tombait doucement autour de lui. Il était gelé, et ses larmes piquaient ses joues dans le froid, mais d'une certaine manière, il était bien comme ça.

Il ne savait pas comment il ne s'était pas laissé pleurer avant ce moment. Il se sentait comme s'il ne l'avait pas mérité, comme si pleurer rendrait seulement les choses pires, mais alors qu'il laissait échapper un sanglot particulièrement bruyant, il savait qu'il aurait dû se laisser aller depuis longtemps.

Andreas pensait à sa mère, et souhaitait de tout son cœur qu'elle fût là quand il rentrerait. Il avait besoin qu'elle répare son cœur brisé. Il avait besoin de sentir ses douces mains sur son visage, quelque chose qu'il pensait qu'il avait trouvé en Bill. Bill avait été parfait avec Andreas de toutes les façons. Il prit une vive inspiration et grimaça alors qu'un sanglot se coinçait dans sa gorge. Sa mère aurait écarté les cheveux de son visage, lui aurait donné un doux baiser, lui aurait dit que tout irait bien, même si elle savait que c'était faux. C'était ce que les mères faisaient, et ça fit tellement mal à Andreas de ne plus jamais voir ça.

L'histoire avec Bill, il pouvait la surmonter. Ca avait été une merveilleuse distraction de ce qu'il fuyait vraiment. Bill lui manquerait et passer à autre chose serait douloureux, mais il le ferait. Il réussirait. Au moins Bill était toujours dans sa vie.

Andreas prit une profonde inspiration alors qu'il tournait au coin de sa maison. Il y avait de la lumière dans le bureau de son père. Andreas soupira en tremblant et enfonça ses mains dans ses poches. Il devrait régler le problème avec lui tôt ou tard.

Il entra par la porte de derrière et enleva ses chaussures. Pendant un petit moment il resta assis dans la cuisine, fixant le mur et essayant de se calmer. Les larmes coulaient sans interruption, silencieusement, sur ses joues. Il ne pouvait pas les arrêter. C'était près d'une année de stress, d'anxiété et de chagrin, qui sortait d'elle-même. Il n'allait pas l'arrêter.

Il se leva et toucha son visage. Il était mouillé et ses yeux lui paraissaient gonflés. Il expira et marcha à travers la maison jusqu'à ce qu'il arrive à une pièce où la lumière s'échappait de sous la porte. Il toqua doucement sur le bois et entra.

Le père d'Andreas leva le regard de son bureau et regarda par dessus ses lunettes. "Andreas ?"

"Papa."

Son père fronça les sourcils et se leva. "Qu'est-ce qu'il s'est passé ??"

Andreas ouvrit la bouche pour répondre mais à la place, un sanglot lui échappa et il resta debout à trembler devant son père, pleurant sans pouvoir s'en empêcher. Son père alla rapidement vers Andreas et le tira dans une étreinte, le serrant étroitement.

"Andreas, Andreas, c'est bon, quoi que ce soit," disait-il. "Ca va aller."

"Non," réussit à dire Andreas, à travers ses grosses larmes. "Ca va pas aller. Elle est partie et tous les autres aussi. Tout le monde me laisse, me laisse tout seul."

Le père d'Andreas le serra plus fort, levant une main pour caresser les cheveux d'Andreas. "Sshh. Personne t'a laissé."

"Si, elle l'a fait," dit fortement Andreas. "Et tout est de ma faute."

"Oh, Andreas," dit doucement son père, reculant et le tenant par les épaules. "Qu'est-ce que tu veux dire, ta faute?"

Andreas pouvait difficilement voir à travers ses larmes. "Je l'ai faite conduire et puis elle est juste partie et j'ai rien dit d'autre que de demander ce qu'il y aurait pour le dîner et, bon Dieu."

"Andreas, non." Son père le tira encore dans une étreinte et Andreas entoura étroitement ses bras autour de sa taille. "Tu dois savoir que c'était pas ta faute. C'était la faute de personne, c'était juste une de ces choses qui arrivent."

Les épaules d'Andreas tremblèrent. "Je te crois pas."

"Ca va faire une année que tu t'accuses alors, pas vrai ?"

Andreas hocha la tête. "C'est à cause de moi."

"Conneries," dit fortement son père, et Andreas écarquilla ses yeux et leva le regard. "C'est des conneries et tu le sais."

"Papa." Andreas enfouit son visage dans le torse de son père. "Je suis tellement désolé."

"Il n'y a rien dont tu doives être désolé," dit doucement son père. "Et si jamais il y a quelque chose à en dire, c'est que c'est moi qui doit être désolé. J'ai tellement été... Tu n'as pas mérité la façon dont je t'ai traité."

Andreas secoua la tête. "C'est juste nous maintenant."

Son père hocha la tête, posant son menton sur la tête d'Andreas. "Tu sais, ta mère est restée éveillée jusqu'à ce que j'arrive à l'hôpital."

"Vraiment ?"

"Oui." La voix de son père se coinça dans sa gorge. "Elle était légèrement consciente. Elle souffrait beaucoup, mais elle m'a dit quelque chose. Elle a dit qu'elle nous aimait."

Andreas ferma les yeux.

"Et elle a dit de te dire à quel point elle était fière de toi. Elle t'aimait, Andi, plus que quiconque ne pourra jamais aimer personne d'autre. Je regrette qu'elle n'ait pas pu te dire ça, mais je suis content que tu ne l'aies pas vu dans cet état..." Son père s'éloigna encore d'Andreas et tapota son menton. "Et tu sais quoi?"

Andreas ouvrit les yeux.

"Je suis fier de toi, moi aussi, et ta vieille mère n'était pas la seule à t'aimer si fort."

C'était tout ce qu'il a suffi pour qu'Andreas recommence à pleurer violemment. Bien que cela fasse mal, de laisser toutes les émotions se déverser, ça faisait du bien. Ses épaules commencèrent à se sentir plus légères et sa tête n'était plus martelée par autant de douleur. Il prenait de profondes inspirations et les laissait sortir régulièrement, prenant de nouvelles goulées d'air qui l'aideraient peut-être. Il resta contre son père pendant un long moment, tremblant.

Il se sentait comme un petit garçon, se cramponnant comme ça. Mais alors que son père repoussait ses cheveux de son visage et lui disait que ça irait, alors qu'ils savaient cependant tous les deux que ça ne serait pas le cas pendant un moment, il sut qu'il ne serait désormais plus seul.

**

FIN

 

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