CHAPITRE 6


Andreas était nerveux, le lundi matin suivant. Il était assis chez lui tout le week-end seul avec lui-même, pensant à Bill. Cependant, le téléphone n'avait pas sonné pour lui. Andreas était presque sûr que Bill allait encore l'appeler, peut-être en plein milieu de la nuit comme il l'avait fait l'autre fois.

Il n'avait aucune idée de comment Bill agirait. Déjà que même les jours normaux, Bill était imprévisible…

Andreas mangeait son petit déjeuner en silence. Il avait évité son père tout le week-end, certain qu'il saurait d'une manière ou d'une autre qu'il avait embrassé un autre garçon. Andreas ne reverrait plus jamais la lumière du jour si son père le découvrait.

De l'autre côté de la table son père s'éclaircit la gorge. « Tous tes devoirs sont faits ? »

« Oui. » Ce n'était pas le cas.

« Tu étais dans ta chambre tout le week-end, tu devais être chargé de travail. »

Andreas n'avait en réalité même pas pris la peine d'ouvrir son cahier de texte. « Ouais. Oui. J'ai quand même tout fini. Ne t'inquiète pas. »

« J'avais peur que tu te relâches ce week-end après être rentré si tard vendredi, » dit son père, posant le journal et prenant une gorgée de café. « Où étais-tu, d'ailleurs ? »

« Je suis allé jeter un œil à un match de foot à l'école, » dit Andreas, mentant sans effort. « Puis j'ai rencontré quelques enfants de l'équipe et nous avons discuté un moment. »

Son père sourit. « C'est bien, Andreas. Ca me fait plaisir. »

« Moi aussi. »

« Est-ce que tu penses que tu joueras ? »

Andreas soupira et s'adossa contre sa chaise. « On est en plein milieu de la saison, ils ne peuvent pas prendre de nouveaux joueurs. J'irai quand même à tous leurs matchs. »

« Ca sera sympa de t'impliquer de nouveau, non ? » Son père était rayonnant de fierté. Andreas se sentit horrible de mentir, mais il ne pouvait pas dire la vérité.

« Mhmm. Je dois aller à l'école, Papa… A plus. »

Son père fronça les sourcils quand Andreas se recula de la table et se leva. Sa chemise retombait sur son pantalon et ses cheveux étaient en désordre en plein devant ses yeux. Ses chaussures étaient sales. Andreas avait définitivement changé, et il savait que son père désapprouvait ça.

Quand il descendit du bus et entra dans l'école, il chercha les jumeaux de ses yeux grands ouverts. Le premier qu'il repéra fut Tom, parlant en privé avec une fille à côté de son casier. Andreas ne voulait pas l'interrompre. Il scruta le couloir encore un peu avant de sentir une tape sur son épaule.

« Salut ! »

Andreas se retourna et vit Bill, apparemment en pleine forme et impatient/excité. Il avait encore cet imperméable jaune, avec des bottes de pluie assorties. L'ensemble était trop grand pour lui. En dessous il portait un pantalon rouge et jaune à carreaux. Ses cheveux étaient bouclés aux extrémités, et il portait aux yeux un maquillage bleu brillant. Sur ses mains il avait des mitaines faites main.

« Salut, » répondit Andreas, souriant. Il était tellement content de voir Bill, et il semblait que Bill était ravi de le voir aussi. « Quoi de neuf ? »

« On avait ce truc hier, » dit Bill, tirant sur la capuche de son manteau. « On est allés en ville pour être vus par ce type et il nous a bien aimés. Ca pourrait être notre chance, qui sait. »

« Vraiment ? » Andreas sourit.

« Ouais ! Il était vraiment impressionné, on va y retourner ce week-end pour le revoir, » continua Bill. « Et donc cette semaine on doit beaucoup répéter. Tu veux venir nous voir jouer ? »

« J'en suis, » dit Andreas. « Après l'école ? »

« Pas aujourd'hui. Demain, par contre. Aujourd'hui je pensais que nous pourrions/qu'on pourrait aller traîner au magasin de disques, » dit Bill. « Tu veux sécher le français ? »

Andreas hocha la tête, bouleversé. Bill faisait-il comme si le baiser n'avait jamais eu lieu, ou c'était comme ça qu'il agissait toujours ? Andreas n'arrivait pas à s'en rappeler. « Qu'est-ce que tu veux faire pendant qu'on sèche ? »

« Aller dans les coulisses du théâtre, » dit Bill. Il jeta soudain un coup d'œil ailleurs et fronça les sourcils. « Espèce d'idiot. »

Andreas regarda par-dessus son épaule et réalisa que Bill venait juste de voir Tom avec la fille. Tom était souriant, penché vers elle, et la fille rougissait. « C'est une de celles qui.. »

Bill secoua la tête. « Non, c'est juste un idiot. Ne lui dis rien à propos de notre escapade, d'accord ? »

Andreas fronça les sourcils. « Ok. » Il sentit Bill attraper son bras et le tirer hors du hall.

« Je te retrouve à la sortie des toilettes à l'heure du français, » lui dit Bill. Il était toujours en train de regarder dans la direction de Tom. « A tout à l'heure. »

« Bye… » Andreas regarda Bill se frayer un chemin à travers la foule. Plusieurs enfants ramenèrent leurs bras vers eux, comme si le toucher leur causerait une maladie. Quelques autres rirent ou le poussèrent brusquement de leurs épaules.

Andreas sentit une autre tape sur son épaule. Quand il se tourna, il vit Tom.

« Hey, » dit-il simplement. « Bill est d'une humeur de chien, pas vrai ? »

« Je sais pas, il avait l'air bien, » répondit Andreas. « Qui c'était ? »

« Heidi… Je l'ai persuadée de sortir avec moi, ce n'était pas facile, » dit Tom, riant.

« C'est cool… Il y a plein de filles mignonnes ici, » dit Andreas. Il n'avait jamais vraiment fait attention, il n'avait regardé personne d'autre que Bill.

« Ouais, dommage que la plupart d'entre elles soient de parfaites salopes, » murmura Tom. « Ou est allé Bill ? »

« En classe, je pense. J'ai entendu parler de votre week-end… C'est vraiment cool. Bill m'a demandé de venir voir les répétitions de votre groupe cette semaine. »

«Ah oui ? » Tom hocha la tête. « Il avait dit qu'il le ferait. »

« Oh, vraiment ? » Andreas essaya de ne pas se montrer trop enthousiaste, mais il mourrait d'envie de savoir à quoi avait pensé Bill tout le week-end. Toute piste était la bienvenue.

« Ouais, tu peux venir faire un tour. C'est vraiment ennuyeux mais je suppose que Bill veut que tu sois là. » Tom passa la bandoulière de son sac d'une épaule à l'autre.

Andreas essaya de refouler son sourire. « Peut-être que je pourrais faire une sieste pendant ce temps. »

Tom rit. « C'est sûr. »

Ils se séparèrent. Andreas passa le reste de la matinée à attendre le cours de français. Il l'avait juste après le déjeuner, et il ne verrait pas Bill avant.

Il remarqua que les gens commençaient à le traiter différemment. Les enfants de sa classe ne lui offraient plus de sourire timide. Ils ne s'écartaient pas du chemin pour le laisser passer ou ne l'aidaient pas quand il semblait perdu avec quelque chose. Il savait que ce n'était pas une coïncidence ; il était relié aux jumeaux Kaulitz maintenant, et c'était suffisant pour le condamner.

Vu la façon dont il avait vu la plupart d'entre eux traiter Bill, Andreas estima que c'était mieux ainsi.

La sonnerie retentit après le déjeuner et Andreas sentit son estomac se retourner. C'était l'heure du français, l'heure de voir Bill. Il se précipita à travers le hall, esquivant les gens. Tom passa devant lui et l'attrapa par l'épaule.

« Où tu vas ? » demanda Andreas, indiquant un chemin devant lui. « C'est par là. »

Andreas réfléchit rapidement. « A l'infirmerie. »

Tom haussa les sourcils. « Ouais, moi non plus le français ne me dit pas trop. Peut-être que j'irai aussi. »

« Ok… » Andreas s'effaça, paniquant légèrement. “Tu devrais partir un peu après le début du cours, alors. »

« Ouais. Peut-être juste que je resterai, qui sait. A tout à l'heure, peut-être. »

Tom repartit tranquillement, les mains dans les poches. Andreas soupira et recommença à courir pour aller voir Bill. Ses chaussures crissaient lorsqu'elles heurtaient le sol, ses lacets étaient défaits. Quand il poussa ses cheveux de ses yeux il vit Bill contre le mur, se regardant dans un petit miroir.

Les chaussures d'Andreas crissèrent de nouveau et Bill leva les yeux. Il fit un grand sourire. « Tu l'as fait. »

« Je suis tombé sur Tom, » dit Andreas, ses joues s'enflammant. « Désolé d'être en retard. »

« Non, c'est bon. Il a tout découvert ? Qu'est-ce qu'il a dit ? »

« Il n'a pas découvert. Il pense que je suis à l'infirmerie, en fait, » répondit Andreas.

« Menteur, » taquina Bill. Il arbora un sourire éclatant qui fit s'agiter l'estomac d'Andreas.

« Alors, par où on va ? » Andreas essaya de se calmer. Ce n'était rien, le baiser n'était rien.

« Suis-moi. » Bill saisit le poignet d'Andreas et l'entraîna par la porte derrière eux. C'était très sombre et ça sentait la poussière. Il cligna des yeux dans le noir et tout ce qu'il pouvait entendre et sentir était Bill. « Juste encore un peu plus loin. »

Andreas franchit plusieurs choses et essaya de distinguer quelque chose, n'importe quoi. L'air était lourd et sentait le renfermé, où qu'ils soient. Il commença à se sentir somnolent. « Bill… »

« Ok, on y est. »

« Où ? »

Une petite lampe à la lumière vacillante s'alluma et les yeux d'Andreas s'accommodèrent. Il y avait de grands rideaux autour d'eux, et un long canapé fatigué. Sur la table à côté du canapé il y avait des canettes de Coca vides et des emballages de nourriture.

« Les coulisses ? » demanda Andreas.

Bill hocha la tête et s'assit sur le canapé, ramenant ses longues jambes contre lui. « Désolé pour la poussière, mais on s'y habitue. Oh, merde. Tu n'es pas allergique, hein ? »

Andreas rit et s'assit sur le canapé, à côté de Bill. « Non, non. »

C'était sombre derrière et Andreas pouvait tout juste voir quelque chose. La petite lampe n'était pas d'une grande aide.

« On vient souvent ici, » dit Bill. « Je n'y étais jamais allé sans lui. »

« Pourquoi tu ne voulais pas qu'il vienne aujourd'hui ? » demanda prudemment Andreas.

Bill haussa les épaules, tirant sur un fil du canapé qui se trouvait entre eux. « C'est un connard. »

« A cause de cette fille. »

« Il a fait son connard toute la matinée, » dit Bill, faisant une grimace. « Enfin bon, voilà. »

« Il serait furieux ? » dit Andreas. « Si il découvrait que tu es venu ici sans lui.»

« Je ne sais pas. »

Cela rendit Andreas nerveux. Il ne voulait pas que Tom soit en colère après lui pour avoir bougé avec son frère ou n'importe quoi. Il avait le sentiment que Tom était très possessif envers Bill, surtout après ce dont il avait été témoin. Il était content que Tom ne soit pas là, cependant. Bill jeta un coup d'œil à Andreas et sourit doucement.

« Quoi ? » demanda Andreas.

« Rien. » Bill fredonna un peu, comblant le silence. Andreas n'avait pas d'idée précise quant à ce que pouvait penser Bill. Il voulait le questionner à propos du baiser, qu'est-ce que ça signifiait, pourquoi il l'avait fait. Andreas était tellement confus. La seule chose dont il était sûr était ses sentiments pour Bill, et ceux-là étaient déjà suffisamment difficiles à gérer.

« Alors… »

Bill se tourna et regarda Andreas. Ses joues étaient rosies. « Je suis vraiment content que tu sois venu ici. »

« Vraiment ? Pourquoi ? »

« Je t'aime bien, » dit fermement Bill. « Tu es sympa avec nous, surtout moi. »

« Bien sûr, » dit Andreas, fronçant les sourcils.

« Et tu sembles bien m'aimer aussi, » dit Bill, plus doucement. Il donna à Andreas ce qui semblait être un regard plein d'espoir.

Andreas soupira. « Je pense beaucoup à toi. »

« Je le savais, » dit Bill, souriant. « Je veux dire, je le fais aussi. »

Andreas se sentit très chaud. Quelque chose picotait dans son estomac. Bill l'aimait bien et pensait à lui.

Bill se rapprocha d'Andreas, leurs côtés se touchant. Andreas pouvait le sentir respirer dans le noir. Son cœur commença à battre rapidement. Il voulait embrasser Bill, toucher sa main, caresser ses cheveux. Il voulait lui dire à quel point il le trouvait extraordinaire, que ça allait beaucoup plus loin que de juste ‘penser beaucoup à lui'.

La lampe s'éteignit finalement et les deux garçons furent enveloppés par l'obscurité.

« Merde, » parvint la voix de Bill, juste à côté de l'oreille d'Andreas. « Je savais que ça arriverait. »

« Combien de temps elle a déjà tenue ? »

« Je ne sais pas… Au moins une année, » dit Bill. « Sûrement plus longtemps. »

Andreas grommela et puis, il sentit les lèvres de Bill sur sa joue. Il tourna le visage et leurs nez se cognèrent. Ils rirent doucement, nerveusement. Tout avait l'air plus pesant sur Andreas et il se pencha vers Bill, inclinant la tête. Leurs lèvres se rencontrèrent doucement.

Bill posa une main sur le coté du cou d'Andreas et l'autre sur sa joue. Andreas ferma les yeux. Bill sentait merveilleusement bon, et il avait un goût encore meilleur. Ses lèvres étaient sucrées et fraîches, un doux contraste avec les lèvres chaudes d'Andreas. Le baiser était rafraîchissant.

Andreas mit sa main sur celle de Bill et entremêla leurs doigts, les abaissant. Il les laissa sur son genou et approfondit le baiser, cognant leurs mentons. Il osa ouvrir un peu ses lèvres et lécha le long de l'ouverture de la bouche de Bill. Les cils de Bill battirent contre la joue d'Andreas et il se recula doucement.

« Qu-… » Andreas s'interrompit quand Bill se pencha de nouveau en avant, les lèvres entrouvertes. Andreas sentit Bill lécher doucement au-dessus, en dessous, et autour de ses lèvres. Le toucher était si doux qu'Andreas n'était pas entièrement sûr que ça se passait vraiment. Il serra la main de Bill fermement et tourna plus son corps. Bill aventura sa langue entre les lèvres d'Andreas et il haleta quand leurs langues se rencontrèrent.

« Hm, » Bill soupira, battant de nouveau ses cils contre la peau d'Andreas. Andreas ouvrit les yeux et ne vit rien. Il aurait aimé voir Bill, ce n'était pas assez que de pouvoir l'entendre, le sentir, le toucher et le goûter.

Bill poussa les cheveux d'Andreas en arrière avec sa main libre et se déplaça sur le canapé. Andreas sentit les genoux de Bill donner un petit coup contre sa taille. « Désolé, » murmura Bill.

« Non, ne le sois pas. » Andreas rougit violemment et attendit que Bill fasse le prochain mouvement. Bill tendit ses doigts et frotta légèrement son pouce contre la peau d'Andreas. Andreas ferma les yeux et soupira. Etre touché comme ça était suffisant pour le détendre. Il se sentait ensommeillé, en sécurité.

Bill embrassa la mâchoire d'Andreas, dirigeant ses doigts vers le bas du cou d'Andreas. Tous les mouvements étaient parfaits, réfléchis. Tout était tellement lent et dense, Andreas se sentit comme s'il avançait à travers le brouillard. Il avait l'impression que s'il faisait le moindre bruit, ça serait un grave délit.

Bill fit courir sa main en bas de l'épaule d'Andreas, pour rester sur son avant-bras. Andreas déplaça son autre main pour lier leurs doigts, les entrelaçant. Il sentit Bill sourire contre ses lèvres. Andreas pinça son menton.

Ils se soufflaient dessus dans le noir, se touchant innocemment et alignant leurs doigts. Andreas passa ses doigts à travers les cheveux doux de Bill et pressa sa joue contre le visage de Bill. Bill était chaud contre sa peau, tremblant tellement doucement.

C'était bien. La façon dont Bill caressait de ses mains les bras d'Andreas lui rappelait tellement la façon dont sa mère avait l'habitude de l'apaiser. Andreas en avait besoin, il désirait cette sorte de proximité et de confort.

Bill se recula et Andreas ne sentit plus son souffle chaud. « Qu'est-ce que tu fais ? » demanda doucement Andreas.

Il sentit Bill taper sa joue. « Je vais m'occuper de la lampe. »

Andreas tira sur le bras de Bill. « Oublie ça. »

« Mais je veux pouvoir te voir, » répondit Bill, l'air joueur. Andreas pouvait seulement imaginer le sourire en coin sur son visage.

Andreas se débrouilla pour tirer Bill en arrière et Bill s'étala sur les genoux d'Andreas. Il était gloussant et remuant, un tas de membres vibrants. Andreas enroula ses doigts autour d'un des poignets de Bill et le tint serré.

Il se pencha en avant et embrassa le visage de Bill, ses lèvres effleurant la naissance de ses cheveux. Bill fit un léger bruit et attrapa l'arrière du cou d'Andreas, caressant la peau à cet endroit. Andreas sentit des frissons à travers tout son corps. Pour lui, c'était à ça que ressemblait l'amour. Il s'en souvint et considéra cela comme un morceau nécessaire de réponse à une énigme.

“C'est presque l'heure du prochain cours,” chuchota Bill. Andreas caressa tout le long de son visage, sentant un sourire. Bill embrassa le bout de ses doigts.

« Je ne veux pas, » marmonna Andreas, penchant la tête. « Je ne veux pas te laisser retourner là-bas. »

« Je m'en sortirai… Je l'ai bien fait jusqu'ici, » dit Bill. “ Tu ne connais pas vraiment le pire.”

“Je sais.” Andreas crispa ses doigts et Bill se redressa un peu. « Je suis arrivé trop tard. »

Bill rit doucement et s'assit à côté d'Andreas, nouant leurs doigts ensemble. Andreas aimait comment Bill prenait les choses en main, avait l'initiative. Il ne pouvait pas imaginer Bill soumis dans aucune partie de sa vie, il était toujours si confiant et sûr de lui. Il avait un naturel de leader.

« J'ai hâte que tu vois le groupe demain, » dit Bill, tapant son épaule. « Et peut être que tu peux venir ce week-end. »

Andreas serra la main de Bill. « Ce serait cool… Qu'est-ce qui se passera si ils vous apprécient ? »

« On quittera enfin ce putain d'endroit, » répondit Bill. « Pour de bon. Tout laisser derrière. »

« Oh. »

Bill frappa de nouveau l'épaule d'Andreas. « Pas trop loin, cependant. »

Les oreilles d'Andreas chauffèrent. « J'espère pas. »

« Je te manquerai ? »

« Ouais… »

Bill enfouit son visage dans le cou d'Andreas et l'embrassa. « Je ne pensais pas que je manquerais à qui que ce soit. »

La sonnerie retentit pour annoncer la fin des cours. Bill ne bougea pas pendant un moment et Andreas était content qu'il ne le fasse pas.

« Comment on sort ? » demanda Andreas.

« Suis-moi. » Il sentit Bill tirer sur sa main, et ils se levèrent tous les deux et commencèrent à marcher à l'aveuglette. Bien vite ils poussèrent une lourde porte et Andreas put voir de nouveau. Le visage de Bill était rouge, ses joues plus roses que jamais. Son maquillage avait légèrement coulé et Andreas sourit. Lui seul savait pourquoi.



**


Le groupe joua leurs dernières notes et Bill recula le micro de sa bouche et sourit largement. Il regarda derrière lui vers Tom, qui hochait la tête, un sourire satisfait sur les lèvres. Les deux autres garçons, Georg à la basse et Gustav à la batterie, posèrent leurs instruments.

« Je pense qu'on la maîtrise celle-là, » dit Georg, buvant un peu d'eau. « Je pense que c'est une de celles que nous devons absolument faire ce week-end. »

« Comment tu peux dire qu'on la maîtrise ? » argua Tom. « Bill était complètement mou au début. »

« Hey ! » protesta Bill.

« Il marque un point, » dit Gustav, le batteur. « On peut pas se permettre de rater. »

« Tu rates, tout le temps, » dit Bill à Gustav. « Pourquoi personne ne gueule pour ça ? »

Andreas regardait la répétition, amusé, assis sur un canapé pas loin. Il avait ses devoirs ouverts sur ses genoux mais n'en avait pas beaucoup fait. Bill lui avait demandé de venir à leur répétition de groupe après l'école. Andreas n'avait pas pu détacher ses yeux de Bill tout le temps où il avait chanté. Bill était électrique quand il chantait, donnant tout ce qu'il pouvait et même plus. Le groupe n'était même pas si bon que ça ; il y avait juste quelque chose en eux qui faisait qu'Andreas continuait de regarder.

« Bon, qu'est-ce que t'en penses ? » dit fortement Tom, posant ses yeux plissés mais brûlants sur Andreas.

Andreas bougea dans son siège. « C'était vraiment bien, mais… Ouais, il y avait définitivement des fautes. »

« C'était moi ? » demanda Bill, les yeux grands ouverts.

« Parfois, » répondit Andreas. « Mais, um, oui. Il y avait des problèmes de rythme. »

Bill sourit. « Andreas est un batteur lui aussi. »

« Seulement un peu, » ajouta rapidement Andreas, rougissant.

« Cool, nous avons un remplaçant,» commenta Georg, riant. Gustav grimaça et serra ses baguettes possessivement.

« Ok, on en fait une autre et essayez de jouer juste , » dit Tom, ajustant sa guitare. Il pinça une corde et Bill se positionna au micro. « Et un… deux… »

Le groupe recommença à jouer, concentré et sérieux. Andreas regarda Bill de nouveau et croisa son regard. Bill sourit tandis qu'il chantait, les yeux illuminés d'excitation. Andreas savait qu'il était fier de son groupe, et il pouvait l'être. Ils agissaient déjà comme des professionnels, plus que n'importe quel autre groupe de garage qu'Andreas avait vu. Il commença à battre le rythme sur ses genoux.

Tom était vraiment impressionnant à la guitare, et quand Bill ne regardait pas Andreas, il était fixé sur Tom. Leur interaction pendant qu'ils jouaient était fascinante. Bill allait naturellement vers Tom et restait bloqué sur lui de temps en temps. A nouveau, ils étaient dans leur propre monde.

Il tardait à Andréas d'avoir ce genre de connexion avec Bill, mais il savait que c'était idiot d'être jaloux de Tom. Ils étaient jumeaux.

Quand la répétition se termina il était presque l'heure de dîner. Andreas commença à devenir nerveux à l'idée qu'il pourrait ne pas rentrer à la maison avant son père. Les garçons du groupe étaient bourdonnants d'excitation. Vers la fin de la répétition, les choses avaient réellement commencé à marcher fort et ils étaient vraiment ensemble. Andreas était sincèrement content pour eux.

Sur le chemin du retour, Bill, Andreas, et Tom s'assirent à l'arrière de la voiture que Simone conduisait. Bill était assis au milieu. Lui et Tom se donnaient des coups de pieds, joueurs.

« Arrêtez ça, » dit Simone tout naturellement, les voyant dans le miroir du rétroviseur.

« C'est lui qui a commencé, » râlèrent-ils tous les deux ensemble. Bill rit et poussa violemment Tom, et Tom grommela.

« Alors tu penses que je suis bon ? » dit Bill, se tournant vers Andreas et souriant.

« Le groupe entier l'était. » répondit Andreas.

« Surtout moi. » Bill serra sa main et Andreas rougit. « Pas vrai ? »

« Ok, ouais, » dit Andreas, rougissant vivement. « Tom, tu m'as vraiment impressionné. »

Bill fronça les sourcils. Tom se pencha en avant pour voir Andreas. « Oh, ouais ? Merci. »

« Les garçons, vous voulez une pizza ? » proposa Simone.

« Oui ! » dirent Bill et Tom fort. Andreas jeta un coup d'œil à l'heure sur la radio.

« Merci mais je dois rentrer chez moi, » dit-il tristement. « Une autre fois, sans faute. »

« Tu viens demain, pas vrai ? » demanda Bill. « Viens. Ce sera génial. »

Andreas sourit doucement. « Ok… Tu es sûr ? »

« Je te veux là-bas, » dit fermement Bill.

« Je te l'avais dit que c'était ennuyant, » dit Tom, regardant dehors par la fenêtre.

« Ca ne l'était pas ! » Andreas sentit son côté être pincé par Bill. Bill lui souriait adorablement. Quelque chose de chaud coula dans le ventre d'Andreas et il se pencha en arrière, s'enfonçant dans le coussin du siège, rougissant constamment.

Andreas jeta un coup d'œil au rétroviseur et il vit Simone les regarder Bill et lui, souriante.

« Bill, arrête ça, » gémit Tom. Andreas se pencha en avant et vit Bill enrouler son pied autour de la jambe de Tom.

« Pas moyen, » dit Bill. « C'est toi qui as commencé. »

« Je déteste être en voiture avec toi, » râla Tom. « Tu n'arrêtes pas de bouger et tes jambes et tes bras sont partout. »

« Aww, désolé. » Bill ne semblait pas désolé du tout. Andreas rit un peu. « J'ai la dalle. »

« J'aimerais pouvoir rester, » dit doucement Andreas, juste pour que Bill entende. Bill se tourna et lui sourit. Andreas se demanda ce qui lui arriverait s'il ne rentrerait pas à la maison à temps. Il voulait rester avec Bill tellement fort qu'il avait presque envie de le découvrir.

« Quel est le pire qui puisse arriver ? » lui demanda Bill, tout aussi doucement, lisant dans son esprit.

« Mon père me tuerait. »

« Je parie qu'il te tuera pas. »

Andreas sourit. « Peut-être. »

« Tu viens avec nous, Andreas ? » demanda Simone.

« Um… non, » répondit Andreas. Bill gémit à côté de lui.

« Une autre fois, » dit Simone, confiante. « Peut-être ce week-end ? Après que nous revenions de la ville samedi soir, tu pourrais venir pour des pizzas et des films. »

Andreas hocha légèrement la tête. « Ouais, ce serait super. »

« Espérons qu'on aura quelque chose à fêter, » dit Tom.

« On aura quelque chose à fêter, » lui dit Bill. Il couvrit le visage de Tom de ses mains et Tom grogna, le repoussant. Bill tomba en arrière sur les genoux d'Andreas, gloussant. « Désolé. »

« Tu devrais l'être, » dit Andreas, souriant à Bill. Il voulait tellement l'embrasser. Il ne pouvait pas s'arrêter de penser à leurs doux baisers dans les coulisses du théâtre, pas une seule seconde. Les lèvres de Bill étaient constamment dans son esprit, ainsi que le visage doux de Bill, et ses cheveux et ses mains. Il n'y avait pas un moment où Andreas ne pensait pas à Bill d'une manière ou d'une autre.

Quand Simone s'engagea dans l'allée d'Andreas il regarda par la fenêtre, paniquant légèrement tandis qu'il s'attendait à moitié à voir la voiture de son père dans l'allée. Elle n'y était pas, et il poussa un soupir de soulagement.

« Merci de m'avoir raccompagné, » dit Andreas, ramassant son cartable et débouclant sa ceinture de sécurité. Il fit un signe de tête à Bill et Tom, plein de regrets. « On se voit à l'école les mecs. »

« Oh ! Il n'y avait pas quelque chose que tu devais me donner ? » Dit Bill. « Chez toi. Peut-être que je devrais entrer et le prendre. »

Andreas fixa Bill. « Hein ? »

« Chez toi, » dit Bill ostensiblement. « Je vais entrer avec toi et le prendre. »

Ses yeux étaient noirs et il avait un petit sourire sur les lèvres. Andreas pigea. « Oh… D'accord, nous allons faire vite, quand même. »

« J'ai faim, » se plaignit Tom, jetant un œil impatient à Bill.

« Je reviens tout de suite, Tomi , » siffla Bill. Bill et Andreas descendirent de la voiture et coururent vers la maison. Andreas avait peur que son père revienne, mais il y avait encore une heure d'avance.

Ce n'était pas vraiment la question de savoir à quel point Andreas adorait Bill. Son père ne jetterait qu'un regard à ses cheveux et à son maquillage et il le détesterait.

Andreas tâtonna avec ses clefs pour entrer. Bill s'agitait nerveusement derrière lui. « Attends, » murmura Andreas. Il parvint finalement à enfoncer la clé correctement et poussa la porte.

Bill s'engouffra à l'intérieur et regarda autour de lui. Andreas rougit. Sa maison était beaucoup moins intéressante que la maison des Kaulitz, et Bill ne semblait pas du tout à sa place. Andreas était presque embarrassé de comment sa maison était simple et ordonnée.

Andreas s'éclaircit la gorge. « Um, nous sommes toujours en train d'emménager et-»

« Hey, » dit doucement Bill, touchant le poignet d'Andreas. Andreas déglutit difficilement et fixa Bill. Bill était souriant, les yeux illuminés. Il poussa doucement Andreas en arrière contre le mur et pencha son menton.

Andreas entrouvrit les lèvres et respirait chaudement alors que le visage de Bill s'approchait tout près. « Ca m'a manqué, » admit-il timidement.

Bill hocha la tête et pressa leurs lèvres ensemble. Andreas ferma les yeux et laissa se passer le baiser. Les lèvres de Bill avaient un goût sucré, frais. Il lécha le long des bords et respirait dans la bouche de Bill, ouvrant les yeux de temps à autre pour le regarder. Les yeux de Bill étaient clos, ses cils frottant légèrement le long de sa joue. Andreas remonta ses lèvres afin de les embrasser.

Bill haleta et rit doucement, souriant contre le cou d'Andreas. « J'aime bien ça, » dit-il.

« Moi aussi, » chuchota Andreas. Il embrassa l'oreille de Bill et glissa ses mains plus bas, les laissant sur la taille de Bill. Bill toucha le torse d'Andreas et pressa.

« Ok, » dit-il en haletant. « Je dois y aller. »

Andreas hocha la tête. « Um… Laisse-moi te donner quelque chose à emmener. »

« Hein ? Oh, ouais. » Répondit Bill, souriant. « N'importe quoi, vraiment. »

Andreas courut rapidement jusqu'à sa chambre et regarda autour de lui. Il n'avait pas grand chose. Finalement il opta pour quelques magasines de foot qui étaient étalés sur une étagère et retourna en bas. Il vit Bill fixer sur quelques photos sur le mur, les bras pliés.

« C'est ta mère ? » demanda t-il.

« Ouais, » dit Andreas. « C'est elle. »

Bill hocha la tête et regarda vers Andreas. « Qu'est-ce que tu as pour moi ? "

Andreas rit. « Um… Rien d'intéressant. »

Il donna les magasines de football à Bill et Bill rit aussi. « Tu en joues ? »

« J'en faisais. Plus maintenant. »

« Pourquoi ? »

Andreas jeta un œil à l'horloge. « Je te le dirai une autre fois. »

« Ok. » La voiture klaxonna dehors et Bill soupira. « Bon. »

« Bye, » dit Andreas. Bill se pencha en avant et l'embrassa légèrement une fois de plus.

« Bye, » dit Bill, marchant lentement vers la sortie de la maison. « On se voit demain ? »

« Ouaip, » répondit Andreas, étirant un sourire. « Tu seras là ? »

Bill hocha la tête. « Je serai là. Et toi ? »

« Bien sûr. »

« Ok… »

Andreas fit quelques pas en avant et embrassa de nouveau Bill. « Bye. »

« Pense à moi, ok ? » Bill sourit.

« Je le fais tout le temps, » lui dit Andreas. Ses oreilles étaient chaudes. « C'est aussi valable pour toi. »

« Ok. »

« Bonne nuit. »

« Bye. »

Bill s'éloigna finalement de la porte et Andreas la referma derrière lui, soupirant. Bill lui manquait déjà.

FIN CHAPITRE 6

 

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