CHAPITRE 13
Je m'assois d'un coup tant le choc me prend violemment. Alors oui, je savais que j'avais perdu ma mère, alors oui je savais qu'un jour elle partirait, mais jamais... Jamais je n'aurais voulu que ce jour arrive.
Je sais que malgré tout, que malgré le fait que ma mère n'est pas une femme facile, mon père l'aime et s'est déjà plié en quatre pour ne pas la perdre. Je sais que malgré tout, malgré toute la haine que je porte pour ma mère, il reste une part d'amour cachée au fond de moi, une part que jamais, même par volonté, je ne pourrais rogner.
Les larmes qui avaient sagement quitté mes joues il y a quelques jours, reprennent de nouveau place sur elles, plus fortes, plus brûlantes et plus lourdes qu'avant.
Mon père me fait signe d'aller voir la voisine prétextant qu'elle a besoin de moi, mais je sais qu'il veut être seul. Je passe dans ma salle de bains pour essuyer mes larmes et pour me refaire une petite beauté. Je me dirige en suite vers ma chambre où je change mon caleçon souillé de plaisir avant de redescendre et aller chez mes voisins.
Leur porte s'ouvre et je tombe sur la mère de Thomas, qui m'a l'air vraiment soulagée.
_ Bill, je suis heureuse que tu aies pu venir ! Tu ne sais pas à quel point tu nous es d'un grand secours !
Je lui souris en jouant mon homme modeste. J'entre alors pour la première fois chez eux et y trouve une chaleur accueillante. La chaleur d'un foyer heureux. J'ai peut-être eut tord de les juger sans les connaitre, en disant qu'ils n'étaient qu'une reproduction de la famille parfaite aux yeux des autres mais imparfaite en privé.
Thomas court alors jusque dans la jupe de sa mère et m'adresse un petit sourire timide. Je m'accroupie et lui fais signe de venir me faire un bisou, ce qu'il fait après une petite hésitation. Je lui ébouriffe les cheveux en rigolant pendant que ses parents mettent leurs vestes à la hâte.
_ Excuse-nous Bill, mais notre baby-sitter nous a abandonnés au dernier moment et nous ne pouvons pas remettre cette soirée à plus tard. Bien entendu nous seront rentrés pour 21heures, et le repas de ce soir est sur la table il ne reste plus qu'à le faire réchauffer. Eh puis... Oui, Tom se couche habituellement vers 20h15, mais je l'autorise exceptionnellement à se coucher à 20h30.
Elle fouille dans son sac pour en sortir un petit papier et un stylo puis note un numéro qu'elle me tend.
_ Voilà notre numéro au cas où tu aurais un souci quelconque.
_ D'accord, merci. Je ne voudrais pas vous mettre en retard, rajouté-je un peu inquiet par leur précipitation.
_ Oui en effet, merci. Et... On t'a mis une petite rémunération sur la table de la cuisine aussi. Il ne manquerait plus que nous t'engagions sans te récompenser !
_ Ah mais il ne fallait pas, je fais ça par plaisir vous savez.
_ Eh bien ça fera un plaisir supplémentaire.
Elle me sourit avant qu'ils ne sortent de leur maison. Je me retourne vers Thomas qui me sonde gentiment.
_ Mais si t'es une fille...
_ Mais non !, m'offusqué-je faussement.
Je ris en l'attrapant par les hanches et en le chatouillant. C'est vraiment un ange ce gosse, il est adorable comme tout !
_ Tu viens, on va zouer dans ma sambre !
J'acquiesce en le suivant au pas, manquerait plus que je me perde ! Il sautille et une fois arrivé dans sa chambre il me présente ses jouets un à un, fier de ses biens. Moi je l'écoute en souriant, c'est la meilleure chose que je puisse faire.
_ Et celui là il s'appelle comment ?, lui demandé-je en lui montrant un nounours sur une petite table de chevet.
_ Lui ? C'est heu... Ze sais pas... Nounours !
Il prend puis repose aussitôt, après un bref coup d'œil, le nounours avant de passer ni une ni deux à un autre jouet. Apparemment il n'aime pas cette peluche...
[Ellipse]
Je termine de débarrasser, il faudrait d'ailleurs que je dise à sa mère de ne plus jamais faire de repas si élaboré ! C'est vraiment très gentil de sa part car je vois bien qu'elle a du cuisiner pendant des heures !
Je prends Thom dans mes « bwouah » comme il le dit si bien, pour le monter au lit. Je suis agréablement surpris car il ne montre aucune forme de résistance comme le font la plupart des enfants.
Je le mets alors en pyjamas puis l'allonge dans son lit.
_ Tu dors avé moi Louw ?
Oui... Louw est une trouvaille de Thom, il a vite compris que Billouw était trop long, et Bill trop traditionnel.
_ Seulement si tu ne fais pas le cirque !
_ D'accord !, dit-il en ravalant le « r ».
Je souris encore une fois, mais comment faire autrement ? Je m'allonge à mon tour à ses côtés et il se blottit illico sur mon tors.
_ Bon'nuit, me sort doucement Thom.
_ Bonne nuit.
[Ellipse]
Je sens une main me bercer gentiment l'épaule, ce qui me réveille difficilement. Je me lève et tombe nez à nez avec la mère de Thomas qui me sourit chaleureusement.
_ Pardonne-nous Bill, nous sommes restés un peu plus longtemps que prévu, j'espère que tout s'est bien passé !
_ Oui rassurez-vous. Thomas est un ange !
Elle me sourit soulagée pendant que je me mets debout.
_ Je vais y aller alors, si vous êtes revenus.
_ D'accord et, elle me prend ma main et me met 50euros entre les doigts , ne crois pas que tu allais les laisser sur la table malheureux !
Je rougis en acceptant malgré moi. Moi qui pensais pouvoir faire semblant de les avoir oubliés... Raté !
Nous discutons encore quelques minutes avant que ma fatigue me rappelle à l'ordre. Je rentre donc chez moi, fais un crochet par la cuisine où un mot trône sur la table.
« Bill, je suis monté me coucher. Demain j'aimerais que l'on ne parle pas de ce qu'il s'est passé hier. Je vais d'ailleurs aller voir ta mère, je crois que j'ai besoin d'éclaircir quelques paroles. Bonne nuit. »
Je broie le papier avant de le jeter de rage dans la poubelle. Il faut que je me calme. Aller c'est ça... calme toi... J'en ai après ma mère, rien de plus normal après tout. Elle m'a détruit et s'attaque maintenant à mon père. Il ne mérite pas ça, si j'avais su avant que lui aussi souffrait, peut-être que tout aurait été différent. Peut-être que j'aurais agit différemment.
[Ellipse]
Je viens à peine de finir de mettre ma veste que ma sonnette d'entrée sonne. J'ouvre la porte et découvre Tom adossé à mon portail, fumant, je présume, sa première cigarette du matin. Je crie à mon père de passer une bonne journée avant d'aller rejoindre l'acolyte qui me sert d'ami.
_ Hey Bill
Il me sourit tout en écrasant sa cigarette au sol. Je m'approche de lui et l'embrasse tendrement sur la joue avant que nous ne nous mettions en route.
_ Ca va ?, me demande-t-il un peu inquiet de mon silence.
_ Ouais , lui réponds-je sans grande conviction.
Il me tire vers lui alors qu'il s'adosse à un muret.
_ Tu es sûr ?
J'hausse les épaules. Non je ne suis pas sûr Tom. J'ai mal, c'est tout.
Il me fixe d'un air interrogateur mais baisse le regard à la vue du mien, peiné et souffrant.
_ Viens par là , me chuchote-t-il en m'ouvrant ses bras.
Je m'y engouffre alors sans réfléchir. Je sens ses mains qui, d'abord, caressent mon cuir chevelu de façon réconfortante, et qui, en suite, le massent tendrement.
Ca me fait peur de me sentir aussi bien dans ses bras, d'essayer de lui faire confiance. Mais j'ai besoin d'un point de repère physique près de moi qui saurait me soutenir rien qu'en apparence.
Je reste dans ses bras quelques instants encore puis regarde tout autour de nous. Il me fixe dans l'incompréhension, mais change bien vite d'expression quand mes lèvres se posent délicatement sur les siennes. Ce baiser ne dure que quelques secondes, pas plus, on n'a pas vraiment le temps de faire entrer nos langues dans cet échange.
Je me sépare de lui en lui souriant, pour commencer à reprendre le chemin. Il se rapproche de moi en caressant une fraction de seconde ma main avant de fourrer les siennes dans ses poches.
Je me rends seulement compte que... Que j'agis un peu bizarrement. Comme s'il était mon petit ami et en même temps non. Remarque... je ne sais pas ce que nous sommes. Je ne sais même pas si je peux mettre un « nous » à notre relation. Carpe diem comme on dit.
Nous arrivons bien vite au lycée, là où nous disons bonjour à ses amis et moi à Fabrice. Une journée normale en somme.
[Ellipse]
J'ai encore craqué... à chaque fois que Tom et moi sommes allongés je ne peux pas m'empêcher de lui câliner le ventre. C'est plus fort que moi ! Mais étant donné qu'il est très bien foutu de ce côté, fin de l'autre aussi..., je peux bien évidemment demander un allègement de peine ! Non ?
Enfin... Je peux en profiter nous sommes dans un parc et non pas au lycée...
_ Bill... calme tes ardeurs sinon je te viole sur place.
_ Si je suis consentant c'est plus un viol...
Il se tourne vers moi, ébahi, alors que je lui sors un sourire pervers.
_ Aller arrête de me chauffer veux-tu , me dit-il en ébouriffant mes cheveux.
Grrr... Alors lui il va s'en prendre une s'il continue dans ce sens ! Je dégage sa main de mes cheveux avant de me replacer correctement.
_ Et toi, veux-tu bien arrêter de me décoiffer !
Il rit avant de se calmer lentement.
_ Dis Bill. J'ai une question à te poser.
_ humhum ?
_ Ca t'a fait mal ton Nipple piercing ?
_ Carrément ! C'était l'enfer ! Rien que d'y repenser ça me donne des frissons..., frissonné-je en faisant un bruit peu conventionnel.
_ Alors c'est bien ce que je me disais... t'es sado-maso quand tu t'y mets !
Je lui pince sa hanche gauche.
_ Retire tout de suite ce que tu viens de dire espèce de vieux con pré-pubère !
On entame alors, sur cette dernière parole, la bagarre du siècle... Version light, que voulez-vous, manque de moyens, les effets spéciaux ça sera quand on aura des sponsors hein ? Notre vie n'est pas à grand budget, autant pour nous. **Nous avons du couper cette scène car nous manquons de doublures professionnelles, merci de votre compréhension. Néanmoins nous vous laissons les bruitages.**
Aie ! Ouille !! Mais lâche-moi sale con !! Grrrrr ... OUAIIIIIAAAAAAAAAAAAYY !! Mais mets pas ta main là du con !! HIIIIIIIIIIIIIAAAA horrible !! Ohouhhou cache toi tu fais peur... Oui non ça va on est cachés... Oui donc on a l'air con... oui pas que l'air je confirme...
[Ellipse]
[POV Tom]
« Prenez le bâtonnet style par les extrémités... »
_ Mais arrête Mimi ! Quand j'te dis qu'il est pervers ce jeux ! Y'a plein de sous entendu là !!, me débats-je.
Misha s'écroule sur mon canapé en soupirant.
_ Quoiqu'il en soit, je suis crevée, plus jamais tu me feras toucher à une Wii de ma vie !
Je ris. Pourquoi ? Parce que ce sont mot pour mot les paroles qu'elle m'a dites la première fois qu'elle y a joué, puis la deuxième, la troisième, la quatrième...
_ Sinon Tom. Une discussion s'impose entre nous.
_ Heu... Il est l'heure d'aller se coucher, on va au bahut demain !
Elle me tire par le bras et m'oblige à m'assoir sur le canapé à côté d'elle.
_ Déconne pas Tom, je suis sérieuse là.
J'hausse les épaules en regardant ailleurs. Je sais bien qu'elle est sérieuse, justement...
_ Donc. Maintenant tu vas me dire ce qu'il se passe avec Bill.
_ Il ne se passe rien, on est ami c'est tout.
_ Ah oui ? Et tu crois que c'est normal de reluquer un ami, ou de lui caresser le ventre ?
_ Bah... Ouais. Je le fais bien avec toi !
_ N'importe quoi ! J'ai pas envie de rire là Tom. T'es pas sérieux comme mec ! Moi je te dis que si jamais tu fais du mal à Bill tu vas t'en prendre deux. Une par moi et une autre par Bill.
_ Pourquoi tu me dis ça ?
_ Parce que lui a confiance en toi.
_ Et comment tu peux savoir ça ?
_ Parce que ça se voit pardi !
_ Ouais et admettons qu'il se passe quelque chose entre nous. Ca te ferait quoi à toi ?
_ A moi rien.
Je soupire en m'adossant plus aisément sur mon canapé. Je me gratte la tête. En fait je n'ai pas vraiment envie d'en parler maintenant car dans ma tête rien n'est clair. Je m'entends bien avec lui, j'aime le toucher, je ne vais pas aller chercher plus loin c'est tout.
_ Tu sais ce que c'est d'être amoureux et d'en souffrir Tom... Alors ne déconne pas avec ça. C'est pas en te vengeant de cette pétasse sur Bill que tu vas chasser les vieux démons tu sais...
_ Je n'ai jamais été amoureux et ça s'arrête là. Tu dors sur le canapé ou avec moi ?
Elle me jette un regard noir puis l'adoucit en me répondant qu'elle dormira avec moi. Je savais qu'en invitant Misha, je passerais par cette discussion, mais je ne pensais pas qu'elle irait si loin. Moi qui avait tiré un trait sur mon passé, voilà qu'il fait comme chez Bill, il revient en courant.
Nous nous installons dans mon lit en nous disant bonne nuit sur un ton moins tendu qu'il ne l'était avant.
_ Et pour la pétasse, c'était de ma faute, j'ai joué au con. Et c'est pas comme si ce qui m'était arrivé était exceptionnel, ça arrive à beaucoup d'entre nous.
_ Ouais c'est ça, dis-toi ça comme ça t'auras l'esprit plus tranquille. T'es bien trop con c'est tout.
Je ferme les yeux en grognant. Oui ça je le sais que je suis trop con. Je le sais.
[Ellipse]
Mes poings se serrent instinctivement. Pourquoi ? Parce que Klaus est dans ma ligne de mir et il faut dire que comme c'est le matin je suis plein de ressources...
_ Misha, part devant moi, j'arrive.
_ Ah ça pas question, si je te laisses avec lui je vais te récupérer en miettes !
_ Misha, ce n'était pas une question, tu pars devant moi je te rejoins après, répète-je doucement.
Elle me pousse un peu en passant à côté de moi. Je l'ai énervée mais en même temps, si je viens à me battre je n'ai pas envie qu'elle soit près de ce spectacle.
Klaus se rapproche de moi un sourire sadique aux lèvres.
_ Alors, tu en sais plus ?
_ Ta gueule.
_ T'es pas très sympa, je te signale qu'on a été amis, un peu de considération s'il te plait.
_ Je n'ai plus une once de considération pour toi connard.
_ Ah, des noms d'oiseaux, j'adore.
_ Profites-en.
_ Ne t'inquiète pas.
Il se poste à quelques centimètres de moi en me fixant de façon hautaine.
_ T'es trop près de moi je vais t'en foutre une Klaus.
_ Vas-y je n'attends que ça. Ca me préchauffera avant que je ne tombe sur Bill. Parce qu'il a quand même plus de poigne qu'avant. Tu ne trouves pas ?
Je n'attends pas une seconde de plus avant de lui mettre un pain royal en plein milieu du visage. Ca fait du bien, même si je n'aime pas la violence.
[Ellipse]
[POV Bill]
Je m'approche de Misha pour lui faire la bise et remarque aussitôt son visage crispé.
_ Ca ne va pas ?
_ Tu verras par toi-même.
_ Qu'est-ce que ça veut dire ?
_ Rien, je te laisserais en juger par toi-même.
Je la regarde curieusement. Eh bien pour me laisser en suspend elle me laisse en suspend !
Elle me contourne pour aller vers les autres membres de son groupe tandis que je me mets assis sur le muret derrière moi en attendant Tom patiemment.
D'ailleurs je le vois arriver de loin en fixant le sol, les mains dans les poches. Je me lève et vais à sa rencontre pour que nous soyons plus à l'écart des autres lycéens.
Je m'arrête juste devant lui et en voyant qu'il ne relève pas la tête je la lui relève de moi-même. Ses yeux noirs s'encrent dans les miens, avant que mon regard ne se pose sur sa pommette gauche. Mes yeux s'écarquillent d'un coup quand je comprends qu'un bleu s'y forme.
_ Qu'est ce qu'il s'est passé ??
_ Rien.
_ Ne me mens pas Tom ! Qu'est ce qu'il s'est passé ??
_ J'ai croisé Klaus... Je n'ai pas pu m'empêcher...
Une boule de colère se forme en moi.
_ Quel besoin tu as eu à te battre avec lui !!
_ Je ne pouvais pas l'encadrer, il m'a cherché, je t'ai vengé et-
Un rire nerveux sort de ma bouche.
_ -Et moi, si je ne veux pas que tu me défendes ?? Je ne suis pas un gamin Tom bordel ! Je sais régler mes affaires tout seul ! Ce sont mes affaires, tu entends ??? MES affaires !
_ Bill j't'en supplie, calme toi...
_ Non, oh ça non je ne vais pas me calmer ! T'avais pas à te battre comme ça merde !
_ Et c'est ma vie, j'ai quand même bien le droit de faire ce que je veux non ?
_ Non justement, pas quand ça me concerne.
_ Bah t'as qu'à te dire que je vengeais Jo.
_ Ca je m'en fous Tom. Tu n'avais pas à faire ce que tu as fait !
_ Mais de quel droit tu me gueule dessus ? T'es rien pour moi, alors dis-moi de quel droit ??!!
J'ai un pas de recule alors que mon cœur ratte un battement. Je ne suis rien pour lui ? Je... Mes mains se portent à ma bouche alors que des larmes commencent à prendre place sur mes joues. Je le regarde une dernière fois avant de partir dans le sens opposé de notre lycée. Putain, il ne manquait plus que ça. Ca fait si mal...
FIN CHAPITRE 13