CHAPITRE 4


_ Je ne sais pas ce qu'il t'a dit mais je n'ai rien à voir là dedans !

_ Et Bill ?

_ Bill n'a rien voulu me dire.

Je le regarde désolé, malheureusement lui non plus n'a pas l'air d'en savoir grand-chose.

_ Bon écoute Tom... Klaus... Je ne sais pas ce qu'il a fait mais il est énervé au plus au point. Apparemment il ne s'attendait pas à voir Bill

_ Ah bon, sans rire ? Qui s'attend à revoir une personne à qui on a fait du mal ? Non mais ressaisis-toi !

Il soupire tout en s'asseyant sur le muret derrière lui. Je sais que Klaus est quelqu'un de spécial pour lui alors ce ne doit pas être facile de le voir dans un état pareil.

_ Ecoute Jo, je vais encore essayer de parler avec Bill. Mais pourquoi Klaus se tait devant toi ?

_ Parce qu'il a peur que les gens le jugent. Enfin... Ce n'est peut-être pas grand-chose...

Il se reçoit un méga coup de pied provenant de sa droite et nos regards se dirigent tous vers la personne qui en est l'auteur.

_ Klaus est un enculé, je ne te permets pas de dire que ce qu'il m'a fait n'est rien.

Les pupilles de Bill sont si dilatées qu'on a réellement l'impression qu'il a les yeux noirs. Il me pointe du doigt alors que j'avale ma salive par appréhension.

_ Toi, tu viens avec moi.

Je me lève illico presto car il faut bien avouer qu'il fait peur comme ça... On n'aurait pas dit qu'avec son look d'androgyne il puisse être si... Je ne sais pas mais il n'a pas l'air faible. Il me tire par le bras alors que nous nous éloignons des autres.

_ Tu diras à Klaus qu'il doit se faire oublier, et que si, par hasard, je le recroise alors que personne n'est dans le coin, je lui ferais la peau. C'est bien clair ?

_ Heu... Ouais mais... Enfin... Tu ne veux pas me dire ce qu'il s'est passé... S'il te plait ?

Je tente le mode gentil du mec perdu qui ne sait pas pourquoi il doit faire ce qu'on lui demande mais apparemment ça ne va pas plus marcher que ma première tentative.

_ Bien sûr Kaulitz, je vais étaler ma vie devant toi alors que je ne te connais que depuis peu ! Je t'interdis pas d'essayer de me connaître, je ne suis pas quelqu'un d'inaccessible. Mais je suis comme tout le monde, j'ai mes problèmes, mon passé, mon jardin secret.

_ Ouais bien sûr je comprends.

Il renforce la pression de sa main sur mon bras avant de la lâcher.

_ Alors, tu le diras à Klaus ?

_ Oui. Je n'ai pas vraiment envie de me faire tabasser !

Je ris histoire de détendre l'atmosphère.

_ Ben ouais, ça ne se voit pas mais je suis assez fort en matière de baston. Ce n'est pas parce que je fais fille que je me bats comme une fille, loin de là.

Il commence à marcher à reculons vers l'entré du lycée.

_ On se retrouve en cours Kaulitz !

Il se retourne avec un léger sourire, pour m'apaiser ? Jo arrive vers moi très énervé et à mon avis Bill y est pour quelque chose.

_ Tom... Il est malade ce mec, t'as vu ce qu'il m'a fait ??

Il me montre un bleu qui commence à se former au niveau de sa hanche droite, ah ouais, il ne l'a pas loupé !

_ Bah au moins on sait à qui on a à faire.

_ Oui ben, j'aurais aimé l'apprendre d'une autre façon. Mais sinon... Il t'a parlé ?

_ Nada... Non vraiment je crois qu'il ne me dira rien.

Alors dans ce cas, je suis navré Bill, mais je vais m'amuser cette année... En plus tu m'a l'air sympa alors je ne vais pas gaspiller mon temps avec une blonde qui tombe amoureuse du premier venu et qui jacasse à tous moments.

[DRIIIIIIIIIIIIIING]

Ah la cloche... Bon ben au moins je sais que je vais devoir y aller mollo avec Bill... Si je ne veux pas être recouvert de bleus. Je vois Misha arriver en courant avant de m'attraper par le bras toute essoufflée.

_ Alors, en retard ?

_ M'en parle pas ! Ma mère m'a fait une crise et au dernier moment elle m'a annoncé que je devais me débrouiller seule pour aller au lycée alors qu'il ne me restait plus que dix minutes avant que la cloche sonne ! Moi qui habite à un quart d'heure voire plus, j'ai du me grouiller de finir de me préparer !

Je rigole alors qu'elle me pousse avec le peu de forces qui lui restent.

_ Hey ! Mais te moque pas de moi !

_ Non se moquer ce n'est pas correct, je ris seulement.

Je lui souris pendant qu'elle boude façon gamin de trois ans qui n'a pas eu ce qu'il voulait. Mais non je ne suis pas méchant, je suis juste... joueur ?

On continue le sourire aux lèvres, jusqu'à ce que je voie Bill au détour d'un couloir. Ca va être dur. Il me regarde une fraction de seconde avant de fixer le carrelage et replonger son regard dans les yeux de son interlocuteur.
Misha quant à elle me fixe étrangement, elle va deviner rapidement qu'il se passe quelque chose d'anormal, oui elle est très perspicace quand elle veut...

_ Misha, ne me regarde pas comme ça.

_ Je trouverais Tom, je trouve toujours tout.

Elle me regarde sérieusement avant d'entrer dans la salle. Aller c'est parti pour... français... Inutile de préciser qui est mon voisin... J'entre dans la salle de cours à mon tour pour me diriger aux côtés de Bill.

_ Bah ça va Tom, je ne vais pas te faire de mal.

_ Heu... Permets-moi d'avoir des doutes !

Il soupire puis me sourit.

_ Tu ne m'as rien fait pour l'instant. Je n'ai pas de raisons de t'en vouloir.

Là du coup j'ai un doute. Vais-je réellement jouer avec lui ?

_ Bill... Klaus il-

_ - NE ME PARLE PLUS JAMAIS DE LUI ! Est-ce bien clair ?

Je baisse la tête, penaud. Au moins j'aurais essayé.

_ Désolé.

Un silence prend place entre nous. Au moins c'est clair, si je dois en apprendre davantage ce ne sera pas par Bill... Ni par Klaus...

_ Sinon Bill... Faudrait... Fin faire l'exposer à notre sauce alors, ça te dit de venir chez moi demain soir ? Enfin dans l'aprem, ne vas pas croire des choses !

Il rit sincèrement avant de reprendre tranquillement.

_ Non bah, ce sera plus chez moi. Tu sais... Enfin je ne vais pas m'attarder, mais ce serait mieux chez moi.

_ Ok.

Je griffonne quelques formes indécises en estimant la conversation close. Mon stylo guide ma main alors que mon cerveau est ailleurs. Est-ce que la chambre de Bill est à son image ? Je rigole pour moi-même en imaginant une chambre noire du sol au plafond en passant par les meubles et les accessoires. Je suis trop pathétique, enfin c'est ce que pensent sûrement ceux qui me regardent me torturer gentiment l'esprit en souriant.

Tout d'un coup je me sens con.

_ Mais au fait Bill, t'habite où ?

_ Ah je me demandais quand tu allais te décider à me le demander !

Je grogne en lui tirant la langue. Bah voilà, pour le coup je passe vraiment pour un con.

_ Et tu n'allais pas me le dire par toi-même hein ? T'aurais attendu combien de temps comme ça ?

Il fait semblant de réfléchir.

_ Sincèrement je ne sais pas. Peut-être bien jusqu'à la dernière heure de cours demain, ou alors même jamais. Je serais venu chez toi en me marrant.

Bien sûr je vous le donne dans le mil, il s'est vautré sur sa table en essayant de retenir son rire, ou du moins le cacher du prof. J'avoue que je peux être long à la détente, mais ce n'est pas une raison pour se moquer ouvertement de moi !

Je me tourne vers Georg qui me lance un pauvre sourire amical. A mon avis il a du capter les brides les plus lourdes de notre converse. Tout du moins, les brides qui pourraient m'enfoncer plus bas que je ne le suis déjà.

La cloche sonne enfin. Ce n'est que la première heure et j'ai déjà envie d'en finir. Est-ce normal ? Micha vient automatiquement me prendre par le bras comme une petite collégienne assoiffée d'affection.

_ Dis... Tu n'en profiterais pas un peu ?

Elle me regarde innocemment.

_ Bah non Tomi. Tu voudrais que je profite de quoi ?

Je lui souris malicieusement.

_ De te coller sans arrêt à moi, en ayant une excuse pour ne pas que je pense que tu veuille plus avec moi.

Elle détourne les yeux vers un de nos anciens professeurs et ni vu ni connu elle change de sujet, croyant sûrement en ma naïveté que je vous assure inexistante.

_ Oh ben il a pas changé celui-là ! T'as vu Tom ?

_ Mimi...

_ Roh, non mais regarde ce manque de goût vestimentaire flagrant !

_ Mimi...

_ Ils devraient faire attention quand même hein ?!

_ Mimi...

_ Les profs m'exaspèrent, pas toi ?

_ Là pour le coup c'est toi qui m'exaspère !

La sonnerie reprend après nous avoir laissé cinq minutes de répits pour changer de salle.

_ T'es ignoble Tomi.

Misha me pince légèrement les hanches en rigolant, juste avant que je l'embrasse pudiquement sur la joue. Elle rougit oubliant ses injures à mon égare alors que Georg nous regarde attendri. Moi aussi je sais changer de sujet, enfin, on va dire que je maitrise le changement de sujet comparé à d'autres personnes.

Je m'assois à ma place et... Ah ben je suis encore à côté de Bill...

_ Je te manquais Tom, n'est-ce pas ?

Ah, ben ça va il commence à plaisanter.

_ Jamais tu te retiens de me chercher toi.

_ Pourquoi je raterais de telles occasions ? Te vexe pas quand même.

Il me regarde un peu plus sérieusement. Non mais il croit vraiment qu'il me vexe ?

_ Non, tu es assuré que sur ce point, tu ne risques pas de me vexer.

Il sourit franchement en s'intéressant subitement à ce qui entour notre lycée. Ses doigts tapotent en rythme sur la table alors qu'il susurre une chanson comme à son habitude. Je le fixe, moi aussi dans mes pensées, en omettant, volontairement ou non, d'écouter mon prof. Je ne remarque même pas que Bill s'est retourné vers moi et qu'il me lance un flot de paroles moqueuses.

_ Alors, ébloui par ma beauté, le poulpe ?

_ Hein ?

Je me réveille. Non, je vous jure que je ne matais pas. Enfin, peut-être qu'il est vrai que je le trouve intriguant physiquement, avec ses faux airs de fille croisé avec un charme fou tout en gardant une part de masculinité modérée.

_ Oh ! Je te parle !!

Je fixe ses yeux. Oui, bon je conçois qu'il faudrait que je me réveille un tantinet si je ne veux pas que mon entourage, et plus particulièrement Bill, pense des faits erronés.

_ Roh Bill... Tu sais, je pensais au cours là. Pour une fois que je suis bon élève, pourquoi tu me coupes dans mes pensées ?

_ Parce que tes pensées se tournent vers moi, et que je me tue à te dire que je ne suis pas gay !

_ Hey ! Mais je ne suis pas gay moi non plus ! Dis plutôt que tu aimerais que je sois gay pour croire en tes chances.

Un sourire pervers s'étend consciemment sur mes lèvres humidifiées par ma langue quelques secondes plus tôt. Ses yeux se posent sur ma bouche et comme s'ils s'étaient brûlés se projettent dans les miens. Il rit nerveusement en détournant la tête.

_ T'es trop con Kaulitz.

Je souris, fier de ma personne, alors que mon cerveau daigne se connecter à la planète cours. Ce n'est pas le tout mais j'ai un exam moi, à la fin de l'année...

[Ellipse]

Je suis devant chez Bill, et c'est seulement maintenant que je me rends compte qu'il n'habite vraiment pas loin de chez moi. Il habite juste dans une impasse au bout de ma rue.

Je me décide à toquer en tapotant nerveusement du pied. Je ne sais jamais sur qui je vais tomber et ça a pour habitude de m'infliger un stress « enfantin ».

Bon j'ai de la chance, Bill vient d'ouvrir la porte en... Heu... Jogging ? Je le reluque de haut en bas, de bas en haut, pour finir par planter mon regard choqué dans le sien.

_ Eh ben quoi ? T'as jamais vu un gars en jogging et vieux t-shirt ?

_ Sérieusement je ne pensais juste pas que tu allais te montrer comme ça devant moi.

_ Comme ça quoi ? Ah... Sans mon style tu veux dire ?

_ Ben oui... Avoue... C'est négligé là !

Il commence à fermer sa porte mais je coince mon pied pour empêcher cette action.

_ Non Bill déconne pas, faut bosser.

Il rouvre la porte en s'adossant contre l'encadrement de la porte, en bois ancien, tout en croisant les bras.

_ Si tu es décidé à laisser ton humour pourri, et tes remarques, qui le sont tout autant, sur le pallier, je suis ok.

Je le dévisage, mais rien à faire, il est réellement sérieux ! Je devrais faire demi-tour... Mais je pense que c'est trop tard...

Il décroise ses bras et m'intime d'entrer.

_ Aller viens.

J'entre alors les yeux curieux, caressant les objets. Il m'indique sa chambre, je me retiens donc de sortir une première blague vaseuse.

Je m'assois directement sur son lit en lui tendant le dossier, déjà fait, de Klaus. Il ne prend même pas le temps de l'examiner avant de le déchirer en deux et de le mettre à la poubelle. Je le regarde interloqué alors qu'il fait comme si de rien n'était.

_ Bon, on commence les recherches ?

_ Ben... Dans le dossier y'av-

_ - Klaus est à l'origine de ce dossier, et même si je dois bosser d'arrache pied pour finir notre exposé, je ne veux même pas en savoir l'existence.

Je ne sais pas si c'est le ton calme et serein qu'il adopte qui me scotche ou le fait que même un objet appartenant à Klaus ne peut entrer dans son univers, mais dans tous les cas je reste suspendu.

Il me sort de mes pensées en me donnant un léger coup de pied.

_ Tu sais, il faudrait vraiment qu'on s'y mette hein ? Plus vite ce sera fini, plus vite tu rentreras.

_ Tu tiens tant que ça à te débarrasser de moi ?

_ Oh ! Je t'avais pas dit de laisser ton humour à l'entrée ?

_ Non mais ce n'était pas de l'humour, j'ai vraiment l'impression que tu veux te débarrasser de moi là !

Il soupire en rigolant légèrement.

_ A moins que tu veuilles que je ne prenne pas douche en ta présence et que je me couche alors que tu es toujours assis au pied de mon lit, je pense qu'il faudra que tu partes avant le diner.

Je souris, non effectivement... Quoiqu'une douche avec lui... Je me donne des claques mentales, penser à ça... Pfut, je n'ai jamais fait plus pathétique. Enfin... Faut dire que si jamais je veux en faire mon jeu, il va bien falloir que je le touche.

_ Tom ? Alors t'en dis quoi ? On pourrait commencer par là, non ?

_ Heu... -

Vous avez suivi vous ? Je ne suis pas dans la merde moi...

_ - Heu, oui bien sûr je suis totalement d'accord avec toi !

_ Alors tu serais d'accord de mettre une photo de toi nu, en la commentant par « Weber, le partisan de l'économie nue et sans complexe ? »

Il se moque ouvertement de moi alors que je reste sur ses paroles. Comment me sortir du merdier dans lequel je me suis mis ?

_ Heu... Ben ouais, tu ne trouves pas que c'est une bonne idée ?

Je ris nerveusement, je suis en train de m'enfoncer encore plus que je ne le suis déjà...

_ Bon aller, on oublie.

Il se lève et allume son ordinateur portable tout en mettant un peu plus d'ordre sur son bureau. J'examine sa chambre et contrairement à ce que je pensais elle est sobre et pas du tout décorée.

_ Je viens d'emménager Tom.

Je rigole en croisant son visage amusé. Oui, je n'y avais pas pensé. Je continue mon examen quand je tombe sur un cahier noir qui m'a l'air d'être en cuir. Je n'ai le temps que de l'effleurer car sa main m'empêche de l'ouvrir. Je le regarde interloqué.

_ Ca c'est mon jardin secret.

Son visage s'adouci alors qu'il l'éloigne de moi avant de s'installer sur sa chaise de bureau tout en m'en proposant une. Je viens m'assoir à ses côté et nous commençons, avec regret, les recherches.

Les recherches avancent plus vite que je ne l'aurais cru, et même sans accrochage, même des plus minime. Finalement, il suffit d'être sympa pour être assuré qu'il ne nous fera pas de mal.

Je jette un coup d'œil à ma montre et vois qu'il ne me reste plus que cinq minutes avant que ma mère ne me rappelle à l'ordre.

_ Bill, je pense que je vais commencer à me préparer.

_ Tu vois, c'est toi qui me fuis, ce n'est pas moi qui te vire.

On rit tous les deux, j'apprécie vraiment cette ambiance décontractée. Je me lève suivis par Bill qui me raccompagne jusqu'à sa porte. Je lui fais, pour la première fois, la bise avant de me retourner. Je n'ai pas atteins son portail que Bill m'interpelle.

_ N'oublie pas de récupérer ton humour de merde et tes manières, je les préfère près de toi que devant chez moi.

_ C'est ça Trûmper, t'as juste peur que je ne revienne pas avec demain.

Je lui lance un dernier sourire avant qu'il ne rentre chez lui et moi chez moi. Je ne fais pas attention à ce qui m'entour mais alors que j'arrive devant chez moi, je vois Jo assis sur mon muret, tête baissée. Je m'accroupis à côté de lui et lui soulève le menton. Mes yeux s'écarquillent d'un coup et je n'ai même pas à demander des explications quant à son œil au beurre noir.

_ C'est Klaus... On s'est battus...

FIN CHAPITRE 4

 

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