C H A P I T R E * 11
Une étreinte qui n'en finit pas et des pleurs. Cette main fine et longue qui caresse son dos de bas en haut. Tom n'y résiste plus. Son cœur bat la chamade et ses larmes dévalent sa peau. Il n'arrive plus à contrôler ses émotions depuis longtemps. Mais aujourd'hui, c'est la joie qui le met dans cet état. Ca y est. C'est fini. Un de ses problèmes vient de s'évaporer. Et même si ça n'en a pas l'air, pour Tom, c'était le plus important. Alors qu'il commençait à glisser un peu, il s'agrippe à nouveau au corps élancé de son petit frère et enfoui plus profondément son visage dans son cou.
Bill retire sa main et attrape la visière de sa casquette pour lui enlever délicatement. Puis il glisse ses doigts sous son bandeau et tire doucement dessus. Une fois ses accessoires retirés, Tom se sent basculer lentement sur le lit, sans pour autant se détacher de l'être qu'il aime plus que sa propre vie. Bill ne parle plus. Il sait que les paroles n'ont que peu d'importance maintenant. Tout ce dont son frère a besoin à cet instant, c'est de tendresse. Cette douceur fraternelle qu'ils s'offraient continuellement, avant. Avant leurs treize ans. Quand Tom n'avait pas encore changé.
Ce jour, cet instant, a beaucoup plus d'importance qu'un simple pardon. Les excuses que Bill vient d'accepter ne concernent, en réalité, pas que cette fille qui avait donné sa vie par amour et adoration. Tom s'est fait pardonné de toutes les horreurs qu'il a bien pu faire et dire à son petit frère pendant ses quatre dernières années. Les plus douloureuses que Bill ait jamais vécues, car son frère est le seul dont les critiques comptent. Et combien de critiques peut-on bien dire en quatre longues années de rabaissement ?
La main du chanteur glisse lentement dans le dos du guitariste et remonte jusqu'à atteindre ses dreads qu'il détache avec un petit sourire. Il les a toujours préférées comme ça. Mais n'ayant pas dormi près de lui depuis longtemps, il n'a plus eu l'occasion de les voir. Sa main continue son chemin puisque Tom ne réagit pas, toujours occupé à respirer pleinement l'odeur de sa peau. Elle passe dans ses cheveux et les ébouriffe en tentant de ne pas les nouer plus. Ses pensées dérivent doucement, au rythme de ses caresses, dans le dos de son frère.
En réalité, si Tom se sent franchement soulagé d'un poids, ce n'est pas le cas de Bill. Être réconciliés, c'est bien. Mais quand on ne sait pas pourquoi on s'était séparé, les questions nous taraudent non ? Il a eu le temps d'y réfléchir, d'observer. Mais il n'a pas trouvé avant, ne trouve pas aujourd'hui et ne trouvera sûrement pas demain. Sa seule solution : c'est Tom. S'il ne lui avoue pas le pourquoi de ses méchancetés gratuites, Bill ne saura jamais. Et cela pourrait, par la même occasion, enclencher une nouvelle dispute bien plus grave que la précédente.
Le brun soupire faiblement et sent son frère prendre une grande inspiration dans son cou. Les grandes mains du guitariste se crispent sur son t-shirt blanc et un nouveau sanglot lui parvient. Son cœur se serre mais il s'aperçoit que les lèvres de Tom, collées à sa peau, esquissent un sourire. Contagieux.
-« Tu ... tu m'as tellement manqué ! » gémit le dreadeux, anéanti par le bonheur visiblement.
Bill le sent se coller encore plus à lui, bien qu'il ne pensait pas que ça soit possible, et il glisse sa main sous le grand t-shirt de son frère, caressant le bas de son dos avec délice. Juste à l'endroit où sa peau est si douce, dans le creux de ses reins. Il a toujours cette impression que l'expression 'avoir une peau de pêche' est vraie en touchant cette parcelle du corps de son frère. Chaude et lactée.
Le chanteur ne retient plus son sourire, malgré tout heureux de le retrouver. Il faut savoir profiter des bons moments. C'en est un. Et il sait très bien que, l'heure des explications venue, tout ne se passera pas comme il l'espère à cet instant. Tom ne se laissera pas faire. Toujours prêt à tout cacher.
Ses doigts glissent inlassablement dans le creux, s'y appuyant parfois, et tirant des soupirs de bien-être au dreadé. Bill le sent de plus en plus relâché et son sourire s'étire encore quand il comprend que son frère va s'endormir dans ses bras. Sa main quitte avec regrets le bout de peau et il insinue celle-ci entre leurs deux corps. Il s'évertue à déboutonner le baggy de Tom puis le repousse doucement sur le matelas.
Le dreadeux s'éveille à peine et lui adresse un bref regard avant de sombrer une nouvelle fois. Lutte contre le sommeil impossible. Bill s'émerveille quelques secondes devant la scène qui lui est offerte. L'image qu'il avait gardée de Tom, avec ses petites dreads franchement ridicules de ses treize ans, a grandement changé. Il inspire vaguement puis retire chaussures et pantalons de leurs deux corps avant de retourner se lover contre son frère, rabattant les draps sur eux.
Un baiser sur une joue.
Aujourd'hui, Tom s'endort le sourire aux lèvres.
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Huuum ... j'ai vachement chaud. Je vire un peu la couverture. Ah, okay, je comprends. Je m'y étais enterré, ce qui ne faciiilite pas la respiration, je l'avoue. Comme signe de mécontentement, la couverture gémit ... ... ... attendez ... la couverture gémit ? ... okay, c'est pas normal. Qu'est-ce qui pourrait gémir, dans mon lit, le matin je suppose ... ? Putaiiin j'ai pas envie d'ouvrir les yeux >_<
Un soupir se perd dans le silence de la pièce. Tom finit, malgré tout, par ouvrir difficilement les yeux. La lumière filtre sous la porte de la chambre et au dessus des volets des fenêtres. Il regarde vaguement ce qui l'entoure, mais ne voit rien susceptible d'émettre un tel son. Il manque de sursauter en sentant quelque chose bouger sur son dos. Son cœur prend un rythme élevé, toutes sortes d'idées défilant devant ses yeux.
Merde ... pourvu que ce soit pas une fille ... merde putain ... qu'est-ce ça pourrait être d'autre franchement ?!
Tom se retourne doucement, tentant de ne pas réveiller l'être qui dort derrière lui. Ses yeux s'écarquillent quand il aperçoit la tignasse noire de son frère, ses bras recroquevillés contre lui et l'air endormi profondément qu'affiche son visage. Les souvenirs de la veille lui reviennent rapidement et son cœur se gonfle d'affection.
Il est tellement beau quand il dort ... de toute façon, il est toujours beau. Il est parfait, et c'est mon petit frère à moi.
Sachant qu'il a le sommeil lourd, Tom en profite pour caresser sa joue du bout des doigts. Ses idées s'enchaînant, ses souvenirs se font plus précis. Il se rappelle toutes les nuits qu'il a pu passer avec son frère, quand ils étaient plus jeunes. Celles où ils sortaient en douce de la maison pour aller dormir à la belle étoile. Celles où Bill faisaient des cauchemars et venait se réconforter dans ses bras. Plus petits encore, celles où leurs parents se disputaient et où ils se consolaient mutuellement dans le lit de l'autre. Et puis, ayant pratiquement fait le tour, un souvenir qu'il aurait aimé effacer se fait plus persistant. C'était juste la dernière fois où ils avaient partagé un lit.
Cette si jolie, mais immorale nuit.
J'ai tous les torts dans cette histoire. J'ai carrément abusé d'la situation. J'aurais pas du te laisser faire ça. Te laisser me faire ça. Y'a ... y'a deux cotés de moi qui bataillent pour savoir qui a raison ... L'un qui dit que c'est horrible, l'autre qui dit que c'est magnifique. C'est toujours le premier qui prend le pas sur l'autre bien sûr, mais ... mais en un sens, c'était vraiment magnifique ... et pourtant, il suffit de me rappeler que t'étais tellement bourré que tu as jamais su ce que tu avais fait pour me rendre compte de la situation. C'est ... c'est n'importe quoi, et je vais en porter le poids toute ma vie.
Une dernière caresse sur la joue du brun qui soupire doucement et Tom se redresse, passant ses jambes dans le vide, et touchant le sol. Il s'étire à peine qu'il sent la nausée quotidienne contracter son estomac douloureusement. Son premier réflexe étant de trottiner rapidement jusqu'à la salle de bains, il laisse les larmes remplir ses yeux. Il n'a rien mangé la veille et sait déjà que cette nausée va être extrêmement désagréable. Que de la bile en somme.
Ses grandes mains s'accrochent au plastique d'un blanc immaculé. Il met une seconde avant de sentir ses dreads lui frôler les joues et les attraper vaguement du bout de ses doigts tremblants. Deux longues minutes passent avant que Tom ne sente les effets s'estomper. Il se laisse aller contre le mur carrelé.
J'ai la drôle d'impression que je suis maudit. Je viens à peine de retrouver mon frère et, comme une contrepartie, ma santé déraille totalement. Et pourtant, je sais ... je sais qu'il ne m'aimera jamais comme je l'aime, et je continue quand même à éprouver des sentiments pour lui. Je suis ... je suis stupide.
Paradoxalement, un gargouillement joyeux lui parvient et il soupire.
Okay, je viens de me vider, logique que je remplisse n'est-ce pas ? Mais quelle sorte d'organisme j'ai ?! Merde. Je soupire à nouveau et pose une main sur mon ventre en contractant mes abdos, histoire de faire cesser ce boucan. Je fixe la pendule blanche qui rythme le silence partiel de la pièce. Il est huit heures trente deux. Dans quelques heures, on sera chez nous. Enfin la pause avant les States ... mais Maman va criser si elle sait que je suis malade. Plus j'y pense, plus j'ai peur de ce qui m'arrive. Ça n'a rien de normal. Les filles ne sont pas malades comme ça. Et si ça n'a pas de rapport avec mon ... nouveau sexe, je ne sais pas ce que j'ai. Une gastro, ça dure pas si longtemps, puis c'est pas que des vomissements et des maux de têtes normalement. J'ai beau chercher, je ne vois pas.
Ou tu ne veux pas voir ... Le dreadeux finit par se lever en proie à la colère en sentant son ventre gargouiller une nouvelle fois. Il ré apparaît dans la chambre et attrape quelques vêtements assortis, au hasard dans ses deux grandes valises. Son regard dérive vaguement sur son frère que la couverture ne recouvre plus vraiment. Un petit sourire en coin, il disparaît dans la salle de bains.
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Le bruit des pas sourd sur le sol. Un œil qui s'ouvre et un bâillement réprimé. Bill regarde avec curiosité de longues jambes qu'il semble connaître. Un soupir d'agacement lui parvient, lui tirant un petit sourire. Il se redresse un peu et n'esquive pas son bâillement cette fois-ci, émettant même un petit couinement. Tom manque d'en sursauter. Son regard croise celui de son frère et il sourit, rougissant légèrement. Pourtant, il n'a pas de raisons. Bill l'a déjà vu bien moins déshabillé qu'à cet instant, avec pour seul vêtement son baggy et un caleçon.
Ca ... ça me fait bizarre de savoir qu'il me regarde. C'est ... okay, c'est différent, de la dernière fois, ça n'a même rien à voir, mais ... j'ai l'impression d'y être. J'ai peur, tellement peur que ça lui revienne. Enfin, depuis le temps j'espère que non mais, ça reste une peur irascible. Rah et ce satané rougissement. Il va se foutre de moi, obligatoirement. Une partie de moi l'espère d'ailleurs. Ca voudrait dire qu'on est à nouveau complices, que tout est comme avant. Ca remonte à si loin, que j'ai carrément du mal à m'en souvenir ... c'était ... si bien ? ... bon, concentration, je dois choisir un truc de couleur bleue.
Le brun attrape son oreiller moelleux, le plaquant littéralement contre le bois de la tête de lit et s'y enfouissant avec délice. Il soupire d'aise en ramenant la couverture sur lui, essayant de se chauffer le plus possible. Il observe le blond du coin de l'œil, avec une légère arrière-pensée.
N'ayant pas souvent l'occasion de se déshabiller devant lui, ça fait un bout de temps que Bill n'a pu voir l'évolution des muscles de son grand frère. Et il compte bien se rattraper sur ce plan. Ne serait-ce que pour savoir s'il est aussi peu développé que lui. Car oui, le leader des Tokio Hotel est franchement complexé. Il faut dire qu'il n'a ni le temps, ni l'envie de faire du sport, préférant courir les rues des grandes villes pour s'acheter de nouveaux t-shirts qui cacheront la misère de ses abdos.
Tom soupire brusquement en se redressant avec un t-shirt à la main, il fronce un peu les sourcils et se dirige vers la fenêtre, dans le but d'ouvrir les volets électriques d'une pression du doigt. Il jette seulement un œil sur le morceau de tissu avant de le reconnaître et revenir vers sa valise, visiblement insatisfait. Bill en profite amplement pour le regarder sous toutes les coutures. Et rien ne lui parait comme il le croyait.
Il sourit gentiment à la vue de la petite rondeur qu'affiche Tom, là où devrait se trouver un ventre plat. Quelques secondes passent pendant lesquelles, il débat avec lui-même pour savoir s'il peut se permettre une petite boutade sur le sujet. Et son côté rancunier finit par prendre le dessus.
-« Dis Tommi ... »
Le guitariste stoppe immédiatement ses recherches pour se tourner vers son frère, allégrement étalé dans le lit. Une petite chaleur lui monte aux joues et il se maudit d'être si émotif. Bill a un petit sourire narquois que Tom ne lui connaît pas.
-« T'aurais pas un peu grossi ? » demande t-il innocemment, avant de rire doucement.
La chaleur se change soudainement en braise.
Mon Dieu, la-honte. Je savais que j'aurais pas du me balader torse nu dans cette putain de chambre >.< C'est sûr qu'en mangeant tout et n'importe quoi, ça fini par me retomber dessus ... même en vomissant mes tripes, je prends du poids ... Encore une belle leçon de logique offerte par mon organisme !
Je lui rends un grand sourire forcé.
-« Merci de me le faire remarquer, j'avais pas encore fait attention en me regardant tous les jours dans le miroir. »
Il me sourit ... et je ne peux m'empêcher d'y répondre.
Leurs regards ne se lâchent plus, s'échangeant complicité et amour. N'y tenant plus, Tom finit par remonter sur le lit et se jeter sur son frère, avec l'intention de se venger de l'outrage fait à sa personne. Ses mains glissent sur les flancs du chanteur et une véritable bataille de chatouilles prend place. Bien moins dévastatrices que celles qu'ils aient pu se livrer pendant ces dernières années.
Et bien moins douloureuse aussi.
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-« Hey ! »
Un chuchotement à l'oreille dont le souffle déclenche un frisson. Tom remue vaguement et émet un petit soupir, avant de froncer franchement les sourcils. Un petit rire le sort finalement de sa torpeur, les idées embrumées. Deux grands yeux chocolat le fixent avec amusement.
-« On est arrivés. » déclare Bill.
Le dreadeux sourit pour lui-même en fermant les yeux le temps d'un bâillement. Il entend la portière s'ouvrir et sent le froid pénétrer l'espace intérieur.
Mmmmmh, c'est le bonheur de rentrer à la maison. Je vais enfin pouvoir me reposer correctement. J'suis sûr que ça ira mieux dans l'ambiance trèèèès familiale --' je sens déjà que Maman va me saouler. Pourvu que David ait rien dit ... j'suis cuit sinon. Elle serait même capable de me dire qu'on va au ciné pour m'emmener chez le médecin. Elle est trop protectrice ... mais ça ne sert à rien de lui en parler, elle en a pleinement conscience ! Ce qui est certainement pire, faut l'avouer -__-
Le dreadeux décide de sortir par la portière déjà ouverte, tout en regardant son frère taper à la porte de la maison, quelques mètres plus loin un sac à la main. Il s'étire de tout son long une fois à l'air libre, froid et sec de ce mois d'octobre. Tendant le bras en arrière, il attrape la bretelle de son sac et le jette sur son dos. Il prend une grande inspiration alors qu'il voit le visage familier de sa mère dans l'encadrement de la porte.
Elle lui sourit tandis qu'il se rapproche. Le chauffeur ne cesse de passer en allers-retours avec un de leurs gardes du corps pour amener leurs valises à l'intérieur de la maison. Tom sent son cœur battre plus fort quand la quadragénaire blonde qui lui fait face fait également la moitié du chemin pour le rejoindre.
-« Mon Tommi ... » dit-elle simplement, en l'étreignant si fort qu'elle lui coupe le souffle.
Le dreadeux rit faiblement et la serre contre lui à son tour.
-« Maman, m'appelle pas comme ça, je supporte déjà Bill alors ... » feint-il de geindre dans son cou.
La mère rompt leur étreinte pour le regarder avec étonnement et joie à la fois.
-« Vous ... vous êtes réconciliés ?! » demande t-elle, à la limite de l'euphorie.
En voyant les yeux remplis d'étoiles de son fils, elle n'a pas à chercher plus loin.
-« Je suis contente ... dit-elle, un sourire sur les lèvres, tu me raconteras. »
Tom ne peut retenir un rire face à ce propos décalé dans la phrase de sa mère.
Elle a toujours été différente, et ils ont toujours eu une relation particulière et privilégiée. Depuis leur plus tendre enfance, Tom se rappelle d'elle comme une mère aimante et protectrice. Au début, proche d'eux deux, elle s'était finalement plus consacrée à son 'premier' fils. Tout comme Bill, elle avait bien remarqué que celui-ci allait mal. Et ce à partir de leurs treize ans. Comme toujours. Et le temps passant, les chagrins aidant, elle s'était retrouvée une véritable confidente pour Tom. Toujours prête à tout pour qu'il aille mieux.
Une mère poule ? Pas vraiment. Malgré ses dires, ça n'a jamais été excessif pour Tom.
-« Tu viens ? »
Le dreadé secoue brièvement la tête, chassant ses pensées dérivantes, avant de suivre sa mère.
Il franchit la porte d'entrée, regardant avec nostalgie la maison de leur enfance. Chaque recoin de celle-ci lui rappelait une bêtise qu'il avait bien pu faire, seul ou avec Bill. Qu'est-ce qu'ils avaient pu faire enrager leur mère ... comme le jour où ils étaient revenus tout penauds et les mains vides alors qu'ils jouaient au ballon dans la rue. Elle n'avait remarqué l'absence de celui-ci que lorsque la voisine l'avait ramené, en colère et pestant contre ses fils pour le carreau qu'ils avaient cassé avec.
L'innocence de la jeunesse. Et la patience de Simone.
-« Je monte. » déclare t-il simplement, en s'engageant dans les escaliers.
Une courte affirmation lui parvient et il sourit pour lui-même, heureux d'avoir retrouvé une personne de plus.
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-« A taaaaable ! » résonne bruyamment dans toute la maisonnée.
Le bruit des couverts parvient déjà aux deux jeunes hommes, à l'étage.
Putain, c'est fou c'que Maman peut faire stéréotype des fois --' elle me surprendra toujours. C'est cool de retrouver ma chambre, elle me manquait parfois <3 Marre des hôtels et du bus. Y'a pas de réelle intimité. On a souvent même pas le temps de ranger nos affaires dans un placard. Ca reste dans la valise, à s'entasser entre fringues sales et propres -_-, le rêve de n'importe quelle personne normale ... Maman serait contente de faire la lessive =)
Le dreadeux traverse le couloir de l'étage d'un pas pressé, la faim tiraillant cruellement son ventre depuis quelques heures déjà. Il faillit percuter son frère alors que celui-ci sortait également de sa chambre. Un sourire qui s'échange, un rire amusé et ils descendent, l'un après l'autre.
A peine l'encadrement de la porte passé ...
-« Qu'est-ce qu'on man- ... oh *-* »
Tom ne termine même pas sa phrase et se précipite sur sa place à table, pressant son frère d'en faire autant pour pouvoir commencer à manger.
Bill le regarde avec amusement et réticence à la fois. Son comportement commence à lui paraître étrange, bien qu'il ne pense même pas à l'éventualité que quelque chose ait changé en son frère. C'est juste qu'il est ... bizarre ces temps-ci ?
Leur mère sourit aussi, heureuse de les voir et encore plus de savoir que leurs problèmes sont désormais réglés. Elle n'a jamais su le pourquoi de la dispute. Mais elle a bien souvent consolé ses deux fils séparément, sans jamais réussir à les réunir. Une charge de moins sur le cœur.
-« T'es vraiment désespérant Tommi ... » réplique le brun, un sourire aux lèvres.
Le dreadé lui sourit à son tour, un air de vainqueur sur le visage, avant de prendre sa fourchette et de commencer à enrouler les pâtes autour comme s'il s'agissait de la 8e merveille du monde.
Simone rejoint ses fils à la table et soupire en regardant Tom manger comme un malpropre.
-« On ne vous apprend pas la politesse dans le monde du show-biz ? Oh, mon Dieu, Bill promets moi qu'il ne mange pas comme ça avec des gens importants --' » déclare-t-elle théâtralement.
Le chanteur éclate de rire avant de nier. Il attrape la bouteille d'eau et se sert.
-« Non, j'aurais trop honte si c'était le cas. Par contre, il mange vraiment n'importe quoi en ce moment ... » dit-il en levant les yeux au ciel.
-« Je vous en prie, faites comme si j'n'étais pas là ... »
Tom leur lance un regard vexé, avant de se reconcentrer à moitié sur son assiette.
-« On s'y applique, déclare Simone, avant de se tourner plus vers sa droite et Bill par la même occasion, donne moi des exemples qu'on rigole ... »
-« Maman ! >.< » s'exclame Tom, outré.
-« Eh bien ... des quantités industrielles de fraises. Georg m'a dit qu'il en avait commandé plus de trois fois au resto et encore à la cafet' de l'hôtel x) ... puis il veut toujours manger des trucs extravagants à des heures pas possibles ... »
Tom le regarde, complètement choqué.
-« Mais ... mais ... c'est pas vrai >_< »
-« Mon œil. Tu t'en es carrément rendu malade. »
Bill lui lance un regard convaincant, alors que leur mère l'observe, inquiète. Tom soupire. C'est exactement ce qu'il voulait éviter. Il repose sa fourchette dans un tintement et déclare :
-« J'ai eu une gastro passagère. »
-« Mouais ..., renchérit son frère, ... mais une gastro plutôt longue quand même. »
Son regard se fait suspicieux et Tom lève les yeux au ciel.
Putain j'y crois pas ! Ça fait bien cinq ans qu'il m'ignore, cinq ans qu'il souhaite ma mort et là, pour une petite série de nausées et trois fraises dans la gorge, il s'inquiète ... -_- je vais le tuer.
Leur mère se fait une petite liste des symptômes gracieusement offerts par Bill tandis que lui et son frère se chamaillent pour savoir qui a raison. En l'occurrence, est-ce que oui ou non Tom lui a demandé s'il y avait des asperges dans le frigo du bus. Ce que le dreadeux nie totalement. Simone parait perplexe. Il faut avouer que tous ces symptômes laissent transparaître une seule réponse. Une réponse inadaptée à Tom. Enfin, visuellement du moins.
-« Putain t'exagère ! J'ai pas fait ça j'te dis è_é »
-« Roh, mais le prends pas mal Tominou x) je sais ce que j'ai vu et entendu quand même ... et tu m'as clairement et explicitement demandé : 'Est-ce qu'on a des asperges au frigo ?' xD »
Tom prend une petite mine outrée et croise les bras, signe de boude.
Le chanteur rit franchement, et ne perd pas son sourire par la suite.
-« Ce fut marrant ... » déclare-t-il finalement.
La discussion dérive rapidement lorsque leur mère leur demande des anecdotes sur les coulisses des shows. Simone est une des femmes les plus heureuses du monde. Elle le pense du moins. Peu de gens peuvent en dire autant. Ses fils sont magnifiques, connus et doués ; et savoir que c'est grâce à elle qu'ils sont nés dans ce bas monde lui remplit le cœur d'espoir et de fierté. Oh oui, elle en est très très fière.
Néanmoins, ce soir, elle s'inquiète pour l'un d'entre eux. Tom est un garçon résistant. De ses jumeaux, c'est toujours Bill qui a été le plus enclin à attraper les maladies qui traînaient. Et plus elle regarde Tom, plus elle le trouve changé. Mais elle ne parvient pas à deviner pourquoi, ni comment.
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Le ventre plein, Tom se laisse tomber en boxer, t-shirt et bas de pyj' sur son lit, savourant l'ambiance de sa chambre. La plénitude qui l'envahi lui tire un soupir de bien-être, lui faisant fermer les yeux du même coup. Peut-être que la chance lui sourit enfin ?
Mouais, j'sais pas trop quand même ... j'ai vomi ce matin. Qui me dit que je n'vomirai pas demain ? ... putain c'que c'est poétique -____- j'ai l'âme d'un parolier. Heureusement que j'écris pas les chansons du groupe, on ferait un flop.
La porte fermée laisse entendre un coup frappé avec douceur. Tom ne prend même pas la peine de se redresser, trop enfoncé dans sa couette.
-« Entreeeez. » gémit-il.
Simone ouvre avec précaution, s'attendant à tout instant à voir son fils dénudé. C'est une habitude qu'elle avait pris durant son adolescence. Tom étant un garçon particulièrement ... actif. Elle se rapproche, un sourire aux lèvres en voyant le dreadeux allongé de tout son long sur le lit, les pieds en dépassant d'une trentaine de centimètres. Se posant doucement à sa droite, elle passe sa main sur sa joue avec tendresse.
-« Mmh Maman ... »
Tom soupire de plaisir avant de rouvrir les yeux. A la lueur qui brille dans ceux de sa mère, il devine qu'elle s'inquiète encore. Il esquisse une moue attristée et gênée à la fois.
-« Tu me racontes ? » demande-t-elle simplement.
-« Quoi ? »
-« Tom ... dis-moi pourquoi tu es malade. »
Le regard du blond devient interrogatif et surpris.
-« Mais ... je n'sais pas ! C'est quoi cette question ?! »
Simone le fixe d'une façon qui ne lui plait guère. Comme s'il avait de gros problèmes. A cet instant, Tom a même l'impression que sa mère le voit comme un garçon déséquilibré.
Un silence un peu pesant s'installe, leurs regards ne se perdant pas.
-« Est-ce ... est-ce que tu ... tu as encore des problèmes avec Bill ? »
-« Non. »
Simone se mord brièvement la lèvre, visiblement gênée par une question qui effraie Tom d'avance.
-« Est-ce que quelque chose te dérange au point de te rendre malade Tommi ? C'est la célébrité, c'est ça ? »
Un soupir se perd dans la pièce.
-« Maman, écoute moi, je n'ai aucun problème d'accord ? J'ai juste eu une gastro, c'est passé maintenant. Tout va bien. Tu t'inquiètes pour rien, comme toujours ... »
Elle le regarde pendant un moment dans les yeux, cherchant à y déceler un mensonge.
N'y trouvant rien, elle soupire à son tour et s'allonge à ses côtés, sa tête reposant sur son bras.
Tom rit faiblement tout à coup.
-« J'ai eu l'impression de passer un interrogatoire. »
Un sourire naquit sur les lèvres de sa mère.
-« J'ai hésité à te dire : 'Tomas John Kaulitz' figure-toi x) » répondit-elle en riant.
-« Quelle horreur. C'est grave d'avoir une maman aussi protectrice franchement. » dit-il, amusé.
-« C'est parce que je ne vous vois jamais, murmure-t-elle tristement, ... et puis, c'est rare que tu sois malade. »
Le cœur de Tom se serre, comme à chaque fois que sa mère laisse apparaître ses sentiments. Toujours si tristes qu'il s'en sent coupable et désemparé.
-« Tu sais ... avec tes symptômes, ça m'a rappelé un truc bizarre. J'avais envie de le dire tout à l'heure mais Bill t'aurait chambré x) »
-« Quoi ? oO »
-« Bah, si t'avais été une fille, j'aurais pensé que j'allais être grand-mère xD »
Quelques secondes plus tard, Simone s'aperçoit qu'elle rit toute seule. En tournant la tête vers son fils, elle le retrouve l'air complètement choqué et rit de plus belle.
-« Eh Tommi, fais pas cette tête, je rigole. » dit-elle en lui caressant la joue.
Tom avale difficilement sa salive, son regard plongé dans la couleur uniforme du plafond.
-« Eh ben j'ai bien fait de pas sortir ma blague à table hein ... »
FIN DU CHAPITRE 11