CHAPITRE 2 C EST UN CAUCHEMARD

 

J'ai mal aux yeux. Et pas spécialement chaud. Ce qui veut dire que j'ai passé la nuit avec personne. Ben oui, normalement la 'pétasse de la nuit' s'accroche désespérément à mon corps de rêve le matin ... Donc, soyons heureux ! Pas de pétasse à virer ce matin ! Je me redresse et ... me casse la gueule par terre ... P'tain j'ai la tronche dans l'paté, c'est incroyable. J'ai l'impression d'avoir été en boite hier ... pourtant j'y suis pas allé puisque j'ai pas d'marchandise ce matin ... si ? Pffff, des matins comme ceux-là, j'm'en passerais ... J'me relève enfin après avoir compté tous les poils de la moquette ... mais ... y'as pas d'moquette ?! ... Va peut-être falloir que j'passe l'aspirateur alors ... ... ... J'demanderais à Maman ... Elle est trop gentille elle dira pas non à son fils chéri. Ca y est. J'suis debout. Et déjà crevé ! Mais p'tain qu'est-ce qu'il m'arrive ? J'me sens mal ... Peut-être qu'avec une bonne douche ça ira mieux ... ouais j'vais faire ça.

La grande carcasse de Tom apparaît derrière la porte de sa chambre, et se dirige d'un pas las vers la salle de bain, commune à toute la maisonnée. Ses traits sont tirés. Il a l'air fatigué. Son corps l'est en tout cas. Et c'est bien normal. Un changement pareil ... ça demande de l'énergie, non ?

Le dreadeux se jette un regard dans le miroir, un sourire apparaît sur ses lèvres. Amusé de sa propre coiffure, dreads dans tous les sens, il quitte son boxer. Son esprit, trop occupé par ... ses pensées extrêmement intéressantes, ne remarque même pas ce qu'il passe son temps à venter d'habitude ... et qui ne se trouve plus à sa place.

Il se glisse dans la douche, et l'eau commence à dégouliner sur son corps.

P'tain, j'en ai marre ... j'me sens franchement mal ... j'dois avoir chopé un truc, c'pas possible. J'suis crevé ... vanné, même. C'est à peine si j'peux lever le pommeau d'ce truc. D'ailleurs j'crois que j'vais pas me relever si je tombe ... j'me connais ... j'en serais capable. Han, le dilemme. Est-ce que je me penche, et prend le risque de ne jamais remonter, pour attraper la savon, ou pas ? ... Okay, je prends.

Tom n'avait, bien sur pas prévu, le fait que Bill s'était levé exactement au même moment. Par pur hasard. Et non, par gémellité. Ils ne se lèvent pas à la même heure d'habitude.
Mais là, c'est le cas.

Le grand brun n'a pas pris la même orientation, après être sorti de sa chambre. Surtout parce qu'il avait entendu son frère sous la douche ... il faut bien sur, savoir que Bill est quelqu'un de très rancunier.

Et c'est avec un grand sourire satisfait qu'il tire la chasse des toilettes ... qui comme chacun le sait, fait changer la température de la douche de ... chaud à ... glacial.

Haaaa putaiiiiin, j'vais le niquer ! C'est froiiiiiid !
-« Biiiiiiiill ! Tu vas mouriiiiir ! » hurlais-je, très peu colérique dès le matin ...

L'enculé ne me répond pas, genre c'est pas lui. J'ai un cerveau ! Même si ça se voit pas souvent !
Je sors rapidement de la douche, et attrape une serviette. Je m'y enroule en grelottant. Il m'a pas raté ce salaud. Un bout de la serviette, qui est trop petite je signale, s'éloigne progressivement, en glissant sur mon épaule. Je m'attends naturellement à apercevoir ma virilité parfaite ... pas dans son meilleur état j'en ai peur.

Mais ce n'est pas ce que Tom aperçoit. Au contraire.
Sous l'effet de surprise, ses mains lâche la serviette qui tombe lourdement au sol, gorgée d'eau. Le regard de Tom est rivé sur cette partie de son anatomie qui, ne devrait bien évidemment pas ressembler à ... ça.

Il se met à bredouiller des mots, créant une sorte de litanie ... qui devient rapidement silencieuse tant il est choqué. Il reste figé plusieurs secondes qui finissent par former des minutes. La bouche légèrement entrouverte, il se redresse un peu et se rapproche du miroir, dans lequel il regarde toujours le même point.

Sa main glisse lentement jusqu'à celui-ci, hésite et se pose doucement dessus.
Il la retire d'un coup sec, en hoquetant de stupeur.

C'est ... totalement IMPOSSIBLE. Mais ... je ... comment ... je ... non ... c'est faux ... je re ... je rêve là ?! Nan ... c'est pas possible ... je ... je dois rêver ... c'est ... c'est un CAUCHEMAR ! Comment c'est arrivé ?! Non ... NON ce n'est pas arrivé ... c'est FAUX. TOUT ÇA C'EST FAUX !

Tom est totalement ébahi. En fait, pour être encore plus précise, il n'en revient tout bonnement pas.
Et ça se comprend.
On l'a mis dans le rôle de sa propre victime. Précision ?
Tom est, ou plutôt a un ... sexe de fille.

Intervention divine, rappelez vous.
Ici, c'est carrément une punition divine.

La détresse s'empare de Tom qui est complètement catastrophé. Il baisse les yeux une nouvelle fois, inspire un grand coup. Il est comme déconnecté de la réalité. Pour son bien sûrement, il deviendrait certainement fou dans une situation pareille.

Sa main descend à nouveau et se met à parcourir sa toute nouvelle intimité. Ses doigts glissent sur la surface plane qu'a laissé son ancienne virilité, et descendent plus bas, encore et toujours.

Le regard de Tom est vide, mais dans son esprit tout est mélangé et méconnaissable. Entre fascination, peur, curiosité, terreur et désespoir total, il a préféré choisir ... rien.
Il ne réfléchit plus vraiment, c'est trop dur. Trop dur à comprendre. Trop dur a accepter pour quelqu'un comme Lui, qui se sert constamment de son sexe, et qui aime ça.

Quand ses doigts experts de guitariste touchent véritablement son sexe, il frissonne. Bien sûr, c'est nouveau, comme tout ce qui va avec. La première pensée qui lui vient à cet instant, est un geste.
Il glisse un de ses doigts en Lui. Pour sûr ... qui ne l'aurait pas fait ? (Ne me dites pas que vous ne l'auriez pas fait, je ne vous croirais pas. Comment ça vous êtes scandalisées ? N'importe quoi ! Si, du jour au lendemain, on changeait votre sexe, vous ne le prendriez pas en main pour ... voir ? Okay, on est d'accord.)

Un énorme soupir s'échappe de sa gorge. Pas de plaisir, non. De désespoir. Car Tom vient tout juste de réaliser que ce n'était pas un rêve. Il a beau nier, comme un fou, ça ne changera sûrement rien. Il retire rapidement son doigt, et sans qu'il s'en rende compte glisse jusqu'au sol.

... je comprends ... rien. C'est ... totalement Impossible ! Comment ... je ... mais ... pourquoi ? Et ... je ... peux pas ... rester comme ça ?! Qu'est-ce que ... j'peux faire ? ... est-ce que ... je ... non ... j'peux pas ... j'peux en parler à personne ! J'suis ... j'suis totalement coincé ... !

Désespoir.
Sentiment qui émane de Tom.
Désespoir, peine, colère, et détresse.
Et cette peine, il la laisse échapper.

Depuis si longtemps, il avait tout caché. Ses sentiments, ses pensées profondes. Tout son esprit. Tous ses problèmes, qu'il gardait pour Lui. Il ne réglait pas ceux des autres, mais les autres ne l'aidait pas à régler les siens. Tom a complètement perdu l'esprit de solidarité. D'entraide. Et aujourd'hui ... personne n'est là pour l'aider.

Ça fait des années qu'il ne l'avait pas fait.
Il trouvait ça faible. Et pourtant, il se rend compte combien c'est bienfaisant. Pleurer.

Les larmes roulent sur ses joues. Une, puis deux, trois ... et un nombre incalculable d'autres. Détresse. Celle-ci se ressent rapidement dans les sanglots qui finissent par accompagner ses larmes, ses pleurs.

Il prend son visage dans ses mains. Il est à bout, en seulement quelques minutes. Le son de ses sanglots se répercute dans toute la petite pièce. Et c'est mauvais, pour la bonne et simple raison que quelqu'un se trouve dans le couloir à cet instant.

Un grand coup est frappé à la porte, Tom sursaute violemment.
-« Tom ?! Ça va ? ... J'croyais pas t'avoir abîmé à ce point ... »

Le blond se relève rapidement. Ses dreads dégoulinent d'eau froide dans son dos, et il se remet à grelotter. Au moins à se souvenir qu'il grelottait avant. Il a stoppé tout sanglot, et s'essuie les yeux rageusement. Il fixe une dernière fois son sexe dans le miroir, une moue d'agacement et de dégoût sur le visage.

... mein gott, j'peux pas ... comment ... j'vais faire ? Nan ... nan nan nan ... ca va disparaître hein ?! J'vais retrouver ma bite, hein ?! ... c'est ... c'est sûr, oui c'est certain. Bon euh, je ... je dois prendre mes affaires ... m'habiller et sortir. Oui, c'est ça que je dois faire. Euh, mais ... mais ... Merde ! j'ai pas pris mes affaires !
Qu'est-ce que je fais ? ... ... Fais chier ! D'habitude ... ben je sors comme ça. Si Bill me voit j'm'en branle ... au contraire ça le saoule ... mais là ... ... Hum, serviette hein.

Tom attrape une serviette qu'il noue rapidement autour de sa taille, sans même s'observer une dernière fois dans le miroir.

Miroir Maudit.

La porte s'ouvre sur le visage fermé et le regard haineux de Tom, qui fait carrément reculer Bill qui se trouvait encore derrière. Son frère ne pensait pas l'avoir autant vexé ! Le grand blond pousse son cadet sans ménagement, bien que celui-ci ne se trouve pas réellement dans son chemin.

Malgré tout, Bill a bien vu les yeux rougis de son frère, et il a bien entendu ses sanglots. Le brun regarde son frère claquer la porte de sa chambre, avec un petit sourire au coin des lèvres. Tom a très certainement compris que cette fille s'était suicidée pour Lui et il s'en veut.
Bill se sent un peu sadique sur les bords, mais est content que son frère ne soit pas un pur égoïste dénué de sentiments.

Mais l'androgyne ne sait pas.
Il aurait été choqué et triste d'apprendre que Tom est vraiment un pur égoïste dénué de sentiments.
Encore une fois, la leçon n'a pas réellement servi à Tom.

Mais la leçon ne fait que commencer ...

 

FIN CHAPITRE 2

 

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