Chapitre 23. Persuasion
La tentative délibérée d'influencer les pensées, les sentiments ou le comportement d'un autre individu
Les ongles au bout vernis de blanc grattaient le cuir noir, lisse et brillant. Le divan était sympa ; le genre de meuble dépouillé et moderne qu'il verrait bien un jour chez lui, mais en cet endroit précis on aurait dit qu'il était inconfortablement dur et raide. A part la pauvre petite plante dans un coin, tout était noir, blanc ou argenté. Bill aimait beaucoup ces couleurs, mais là encore, en cet endroit, elles n'aidaient pas à dissiper l'impression de raideur et de froideur clinique. Trois des quatre murs d'un blanc stérile ne jouissaient d'aucune décoration, et le quatrième était recouvert de récompenses et de certificats, qui proclamaient à grands cris la suprématie du maître des lieux.
Les diplômes et les prix étaient tous au nom du docteur Josef Amsel. Au delà de son nom et des nombreuses récompenses qu'il avait apparemment reçues, Bill ne savait rien d'autre sur l'homme qui ne s'était pas encore montré. Bill se tortilla, tripotant la fermeture éclair de sa veste tandis qu'il jetait un nouveau coup d'œil vers la porte. Tout ici était tellement différent. Alan les avait toujours chaudement accueillis à l'entrée, mais en cet endroit Bill avait été laissé seul à attendre depuis plus de quinze minutes, qui s'ajoutaient à la demi-heure qu'il avait passé dans la salle d'attente où Tom était toujours assis.
La porte finit enfin par s'ouvrir, et un homme mince et brun entra dans la pièce. Bill ne fut pas surpris de voir que l'apparence de l'homme était aussi soignée et maussade que celle de son bureau. L'homme, vraisemblablement le docteur Amsel, ne regarda même pas Bill et ne fit pas non plus mine d'avoir conscience de sa présence lorsqu'il entra. Il choisit un dossier dans une petite armoire à côté de son bureau et prit son temps pour choisir le stylo qu'il fallait avant de sciemment traverser la pièce pour aller s'asseoir dans le fauteuil qui faisait face à Bill. Bien qu'étant légèrement plus petit que Bill, il était assis plus haut que lui de plusieurs centimètres grâce au léger surélèvement de son fauteuil par rapport au divan, dont l'assise était plus basse. Cela lui donnait l'air d'avoir l'autorité, et cela mit Bill mal à l'aise. On savait très clairement qui avait le pouvoir dans cette situation.
L'homme prit son temps pour s'installer, jetant un œil à un graphique et prenant quelques notes avant de finalement lever ses yeux gris et ternes vers Bill. Plutôt que de saluer Bill, il retourna à ses notes, inscrivant très rapidement quelque chose d'une écriture régulière. Apparence intentionnellement féminine. Langage du corps féminin. Posture défensive. Remuant.
“Bonjour, je suis le docteur Amsel. Votre manager vous a déjà fait part des détails de notre petit arrangement, correct ?” dit-il, levant enfin les yeux de ses notes et établissant un contact visuel avec Bill pour la première fois.
Bill était abasourdi par la froide solennité avec laquelle l'homme avait parlé. Il n'y avait rien de commun avec les séances auxquelles il était habitué, mais il parvint à hocher la tête avec hésitation. “Oui, David nous a tout expliqué sur le chemin jusqu'ici.”
“Bien, dans ce cas vous comprenez que mon programme requiert toute votre coopération ? Avez-vous des questions ?”
“Est-ce que Tom et moi allons être séparés durant toutes les séances ?”
“A moins que je ne ressente le besoin de vous voir tous les deux en même temps, oui.”
“Combien de séances y aura-t-il ?”
“Autant qu'il le faudra.”
“Et pendant la tournée ?”
“Nous utiliserons la vidéoconférence, ou alors si j'estime que cela est nécessaire vos concerts seront annulés.”
“Quoi ?” Bill fixa l'homme, incrédule. Il avait dû mal comprendre.
“J'annulerai vos concerts si je pense que cela est nécessaire,” répondit le médecin, l'air très sérieux.
“Vous pouvez pas faire ça !”
“Je croyais que vous veniez de dire que votre manager vous avait expliqué la façon dont les choses allaient se passer.”
“Il l'a fait mais... je croyais...”
“Cela reste votre choix, Bill. Vous gardez le contrôle. Choisissez de coopérer et vous en aurez fini avec ça avant même que les dates de concerts ne soient une préoccupation. Choisissez de ne pas aller dans mon sens et vous ne serez peut-être plus jamais prêt pour aucune tournée. Vous n'êtes pas la première célébrité avec laquelle je travaille. Je respecterai le secret professionnel, mais je trouverai aussi très certainement une façon de faire comprendre à votre label que vous n'êtes pas dans de bonnes dispositions pour faire une tournée. D'autres questions ?”
“N-non... Je suppose que c'est tout.”
Le médecin avait beau avoir déclaré que Bill avait le contrôle, celui-ci ne s'était jamais senti aussi impuissant de toute sa vie. S'il ne faisait pas exactement tout ce que cet homme dirait, tout était fini. David garderait leur secret et ne les protégerait des média et du label que s'ils “se faisaient aider”. La conversation qui avait mené à cet ultimatum avait été plus qu'inconfortable. David avait exposé les dires d'Albert, et avant que les jumeaux aient eu la chance de se défendre il les avait fait taire et avait dit qu'il ne voulait en toute honnêteté pas savoir, que c'était plus qu'il ne pouvait supporter, et qu'ils iraient parler à un psychiatre. Il avait promis que le docteur Amsel était le meilleur du milieu et qu'il était bien connu pour garder les secrets des célébrités.
“Bien, ne perdons donc pas plus de temps. J'ai cru comprendre que ce n'est pas la première fois que vous suivez une psychothérapie ?”
“Nous avons commencé à être suivis en thérapie quand nous avions quatre ans.” Bill se décala, nerveux. C'était bizarre de plonger directement dans les questions avec cet étranger qu'il venait tout juste de rencontrer.
Le docteur Amsel haussa légèrement un sourcil et prit de nombreuses notes dans son dossier. Utilise “nous” plutôt que “je” quand on lui pose une question personnelle.
“Qui était votre thérapeute ?”
“Le docteur Alan Engle.”
Le docteur Amsel leva les yeux au ciel, montrant ainsi clairement sa désapprobation, ne se préoccupant pas de savoir si son patient avait conscience de son aversion pour l'autre psychiatre. Le docteur Engle était bien connu dans le milieu pour ses travaux avec les enfants, mais son école de pensées était en conflit avec celle du docteur Amsel, et il trouvait que le Docteur Engle était tellement permissif avec ses patients que ç'en était écœurant.
“Pourquoi avez-vous commencé à suivre une thérapie à un âge si précoce ?” demanda-t-il plus avant.
“Nous avions des problèmes à l'école. Nous n'aimions pas être séparés et Tom ne parlait à personne d'autre qu'à moi ou Maman. Ils appelaient ça du mutisme sélectif, je crois… mais ça lui a passé. C'est évident, je veux dire, il donne des interviews et parle devant des milliers de personnes maintenant.” Bill parlait rapidement, répondant plus de détails que ce qui était nécessaire à cause de sa nervosité.
“Le docteur Engle était-il au courant que votre relation se déroulait aussi sur un plan sexuel ?” demanda sans ambages le docteur Amsel tandis qu'il continuait à prendre des notes. Problèmes précoces de dépendance.
Bill se tortilla nerveusement. Il avait parlé de ces choses-là si souvent avec Alan, mais jamais il ne s'était senti aussi mal à l'aise. Alan ne lui avait jamais parlé avec un ton si désapprobateur.
“Je... umm... Et bien, nous avons été surpris par notre mère quand nous avions huit ans. Al- Le docteur Engle nous a suivi pour ça pendant un certain temps. Il a dit à nos parents de nous mettre dans des chambres séparées et de nous surveiller tout le temps. A ce moment-là nous avons donc arrêté de faire des choses ensemble, mais ça a recommencé quand nous avons grandi et il ne l'a jamais su.” Au moins il y avait une partie de ce qu'il avait dit qui était vraie, mais la fin était un mensonge éhonté ; un mensonge prononcé pour protéger le docteur Engle, tout comme lui avait menti pour les protéger. Pas une fois Alan n'avait demandé aux jumeaux de mentir à propos de ça, mais Bill savait qu'Alan n'aurait pas dû garder leur secret, du moins pas d'après les standards éthiques auxquels il était lié.
“Je vois...” répondit le docteur Amsel. Bill ne pensait pas qu'il ait remarqué quelque chose. Il était trop concentré à griffonner sur son bloc-notes. Il ne regardait Bill que lorsqu'il le fixait avec intensité pour obtenir une réponse. A continué la relation bien qu'ils puissent être surpris. Ne se sent pas concerné par les normes et la morale. Divergence affective quand avoue avoir été surpris par la mère. Raisonnement possiblement dépourvu de morale. (Lapsus potentiel, utilisation du prénom d'Engle ? Transfert ? Relation d'opposition ? Nécessité de questionner plus avant.)
Le reste de la séance se déroula à peu près de la même façon. Le docteur Amsel posait à Bill des questions qui le mettaient mal à l'aise et Bill faisait de son mieux pour y répondre, parce que c'était sa seule chance pour que sa vie ne soit pas totalement détruite. D'une certaine façon cela ressemblait beaucoup à une interview, de se voir ainsi poser des questions sur ses vêtements et les paroles de ses chansons, mais de très nombreuses questions allaient bien au-delà de ce qui était normalement demandé lors d'une interview. Le docteur Amsel voulait tout savoir sur ses parents, ses amis, sa sexualité, et surtout chaque petit détail de sa relation avec Tom. Bien que cela fasse un peu moins d'une heure que Bill était avec cet homme, il se sentait épuisé et avait perdu tout certitude.
**
La séance de Tom avec le docteur Amsel ne se déroula pas mieux que celle de Bill. Tout comme son frère, Tom fut obligé d'attendre dans la petite pièce stérile avant que le docteur ne se décide à faire son apparition. Cette fois encore, le docteur Amsel ne se présenta qu'après avoir rempli une demi-page d'observations quant à l'apparence de Tom. Posture défensive. Manque d'assurance. Se cache sous ses vêtements. Tente de cacher son appartenance de genre ; confusion sexuelle, vraisemblablement causée par l'apparence ambiguë du jumeau. Remuant. Energie nerveuse.
“Est-ce que vous n'allez même pas avoir la décence de vous présenter ?” interrompit Tom.
Les yeux gris et froids glissèrent du bloc-notes pour venir le regarder avec curiosité avant de se rediriger vers le papier. Tente de défier l'autorité. Défi dans le regard. Impatience. Egocentrisme. A le sens des convenances et de son bon droit.
Le docteur Amsel reposa enfin son stylo et leva de nouveau les yeux vers Tom, cette fois avec un sourire forcé et professionnel sur le visage. Tom reconnut aisément ce sourire et le genre auquel il appartenait. C'était exactement le même sourire que celui qu'il se forçait à avoir quand il ne voulait vraiment pas avoir à faire à un journaliste exécrable.
“Bonjour, je suis le docteur Amsel.”
“Je m'en suis douté. Il y a votre nom placardé partout sur le mur.”
Extrêmement défensif.
“Est-ce que vous n'allez même pas avoir la décence de vous présenter ?” demanda le docteur Amsel, retournant les mots excédés de l'adolescent contre lui.
“Vous savez qui je suis.”
“Et vous savez qui je suis, alors arrêtons de perdre du temps avec cette ridicule petite lutte pour le pouvoir. Vous pouvez choisir de coopérer ou vous pouvez choisir de vous rebeller. C'est moi qui ai le pouvoir ici, mais vous avez le pouvoir de décider de vos propres actions et de déterminer la façon dont les choses vont se passer. Qu'est-ce que ce sera, la coopération ou la rébellion ? J'aimerai le savoir dès à présent afin de pouvoir décider des moyens à utiliser.”
“Je suppose que vous n'avez jamais entendu nos chansons,” dit Tom, sarcastique. Lui et Bill ne se plieront jamais aux demandes de ce trou du cul. Aussitôt que la séance serait finie il irait parler à David pour qu'il trouve quelqu'un d'autre. Ce type était un charlatan.
Le docteur Amsel haussa un sourcil et eut un sourire en coin. “Détrompez-vous, je les ai écoutées et j'ai été plutôt amusé de découvrir que votre frère n'était pas aussi rebelle que ses paroles le laissaient entendre. Bill a choisi de coopérer. Il m'a déjà tout dit.”
Le cœur de Tom s'enfonça dans sa poitrine. Il ne savait pas s'il fallait plutôt qu'il soit fâché contre Bill pour être entré dans le jeu de ce gars, ou fâché contre lui-même pour ne pas vouloir le faire. Ils n'avaient pas eu la possibilité de parler et de décider ensemble comment ils allaient gérer ça. Apparemment Bill était disposé à traiter avec ce charlatan si cela permettait de sauver leurs carrières.
“Très bien... Que voulez-vous savoir ?” Il ne servait à rien de se battre si Bill avait déjà abandonné.
“Parlez-moi de la première fois que vous avez flirté avec votre frère.”
“Je ne vois pas pourquoi vous avez besoin des détails. De plus, je ne m'en rappelle pas. Je pense que l'on devait avoir dans les… huit ans.”
“Bill a dit que vous aviez six ans ?”
“Six ans ?”
“Bill a indiqué que pour la première fois c'était après que vous ayez été envoyés au lit sans dîner après avoir été entraînés dans une bagarre à l'école,” répondit le docteur Engle après avoir vérifié dans ses longues notes.
“Ca ? Ce n'était que des baisers. Nous n'avions aucune idée de ce que nous faisions !” dit Tom sur un ton défensif.
“Vous n'aviez donc pas réalisé que ce que vous faisiez était mal ?”
“Nous n'avions que six ans !”
“Alors quand avez-vous réalisé que c'était mal ?”
Tom se tortilla avec nervosité. Il pouvait indiquer avec précision le moment exact où il avait su que c'était mal. C'était lorsque leur père était entré dans leur chambre et lui avait arraché Bill, mais il ne raconterait pas cette histoire à ce charlatan. Il n'avait jamais raconté cette histoire à personne d'autre qu'Alan. “J'avais sept ans quand j'ai réalisé que les autres pensaient que c'était mal,” admit doucement Tom. Ses mains s'étaient serrées en poings sur le divan.
Le docteur Amsel haussa un sourcil et inscrivit quelques notes rapides dans son dossier. “Pensaient que c'était mal ?”
“La morale est subjective,” répondit Tom en haussant les épaules.
“Oh, vous vous improvisez philosophe à présent ?” demanda le médecin tandis qu'il continuait à écrire ses notes. Raisonnement dépourvu de morale.
“Ca ne fait de mal à personne et c'est ce que nous voulons tous les deux.”
“En êtes-vous vraiment sûr ?”
“Sûr de quoi ?” claqua Tom. Il n'aimait pas le regard suffisant que lui adressait le docteur Amsel.
Le docteur Amsel haussa les épaules. “Répondez à la question que vous pensez que je vous ai posée.”
Les sourcils de Tom se froncèrent. Il n'aimait pas les petits jeux auxquels le docteur Amsel semblait jouer. “Ca ne ferait de mal à personne s'ils voulaient bien l'accepter. Ca ne blesse les autres que parce qu'ils ne peuvent pas accepter que Bill et moi nous aimons et ce n'est pas de ma faute.”
“Hmm,” fut tout ce que répondit le docteur Amsel tandis qu'il continuait à écrire. Preuves évidentes d'égocentrisme – refuse d'envisager que ce n'est pas ce que Bill veut.
**
Le chemin du retour se fit dans le silence et la tension. Tom laissa sa tête retomber en arrière, les yeux fixés au plafond et la casquette de travers. Bill était contre la portière, regardant sans voir par la fenêtre le paysage qui défilait. Le ciel par delà sa fenêtre était d'un beau bleu brillant, le soleil filtrant par de légers nuages. Bill se tourna vers Tom, se penchant avec hésitation vers lui mais retirant finalement sa main au dernier moment. Le ciel par delà la fenêtre de Tom semblait appartenir à une réalité totalement différente. De lourds nuages orageux se rapprochaient sinistrement, étendant leur ombre sur le paysage qui défilait. Bill regarda par le pare-brise à l'avant et vit un ciel coupé en deux, d'un côté toujours clair et ensoleillé, de l'autre submergé par les nuages noirs. Le chauffeur tourna à un coin qui menait vers leur studio appartement et les dirigea ainsi vers l'ombre des nuages. Bill jeta un dernier regard par la vitre arrière au ciel ensoleillé derrière eux puis s'enfonça dans son siège avec un soupir.
Bill et Tom marmonnèrent tous les deux un petit ‘merci' à leur chauffeur avant de disparaître dans le petit appartement qui se situait au-dessus du studio d'enregistrement. C'était étrangement silencieux à l'intérieur et en jetant rapidement un œil ils découvrirent que Georg et Gustav étaient absents pour le moment, sans doute en bas à improviser sur leurs instruments. Bill murmura quelque chose qui avait un rapport avec le fait d'être fatigué avant de se retirer dans la petite chambre qu'ils partageaient. Tom le suivit, pas certain de savoir quoi faire d'autre.
“Est-ce qu'on ne va pas en parler ?” demanda Tom, les yeux baissés sur son frère qui s'était jeté à plat ventre sur son lit, le visage dans l'oreiller. Le fait que Tom demande s'ils devaient parler témoignait d'à quel point leur monde était décalé.
“Il m'a dit de ne pas le faire,” marmonna Bill dans son oreiller.
“Ouais je sais, 'cela interfèrerait avec le processus thérapeutique' et toute cette merde, mais depuis quand on fait attention aux trucs comme ça ?” demanda Tom tandis qu'il s'asseyait au bord du lit à côté de Bill.
“Depuis que quelqu'un a le pouvoir de tout nous enlever,” fut la réponse mélancolique de Bill.
“Ca n'arrivera pas, Bill,” insista Tom.
“Ca pourrait.”
“Ca n'arrivera pas.”
Bill roula sur le côté et leva les yeux vers son frère, les yeux rouges et pleins de larmes. “Tomi...”
Tom secoua la tête, se levant pour faire les cent pas dans la chambre. “J'arrive pas à croire que tu... Tu veux te satisfaire de ça ?”
“Quel autre choix on a ?” demanda Bill en reniflant.
“Je ne sais pas… On pourrait parler à David et lui faire nous trouver quelqu'un d'autre. Ce type ne dit et ne fait que de la merde !” Tom extériorisa sa frustration en cognant son poing contre le mur, pas assez fort pour en fissurer le plastique, mais suffisamment pour faire bondir son jumeau à cause du bruit qui retentit.
“Ils disent que c'est le meilleur. Toutes les célébrités vont chez lui,” chuchota humblement Bill.
“Quel rapport ça a ? Il ne sait rien de nous. Il ne comprend pas !” cria Tom, plus fort qu'il n'en avait eu l'intention.
“Peut-être... peut-être que si,” murmura Bill.
“Comment tu peux dire ça ?” demanda Tom. Sa poitrine se serra et il sentit les premières volutes du brouillard s'enrouler dans son esprit, les séparant, le réduisant au silence.
“Peut-être que c'est nous qui ne comprenons pas...” Bill se détourna de son frère, se mettant en position fœtale face au mur.
Tom s'assit sur son propre lit, le front dans les mains tandis qu'il combattait ses larmes. “Peut-être...”
Il n'avait fallu qu'une seule séance pour insinuer le doute en leurs esprits.
FIN CHAPITRE 23