Chapitre 8. Centration
La tendance de l'enfant jeune à se focaliser uniquement sur sa propre perspective d'un objet spécifique, et son échec à comprendre que d'autres puissent voir les choses différemment.
(Age : dix ans)
“Hey ! Attendez !” cria le petit blond tandis qu'il courait après ses amis. Une fois de plus, Andreas était laissé derrière, à la traîne, tandis que les jumeaux étaient perdus dans leur propre petit monde. C'était une chaude journée d'été, le genre de jour parfait pour que trois petits garçons de dix ans s'échappent de chez eux et partent à l'aventure. A ce stade, aucun d'entre eux ne pouvait se rappeler de la raison pour laquelle ils couraient, mais Bill était en tête et Tom était juste sur ses talons.
Appuyant ses mains sur ses genoux, Andreas s'accroupit et essaya de reprendre son souffle. Il était sur le point de carrément tout laisser tomber quand il entendit Bill crier. Il releva brusquement la tête, scrutant l'herbe haute du champ dans l'espoir d'apercevoir ses amis. C'était comme s'ils avaient soudainement disparu durant les quelques secondes où Andreas avait détourné le regard.
“Bill ? Tom ?” appela Andreas avec hésitation, effrayé de faire un pas dans quelque direction que ce soit. Les herbes lui arrivaient à la taille, et il n'avait pas grande visibilité quelque soit l'endroit vers lequel il regardait. Un bruit étouffé retentit à quelque distance devant lui, et l'herbe sembla trembloter à un endroit, mais Andreas avait peur d'approcher. Il avait lu un peu trop de livres d'horreur et était sûr que au moins deux d'entre eux étaient en train de basculer dans la réalité sous ses yeux.
“Andi ! A l'aide !” cria Bill, sa plainte étouffée sur la fin étant donné que Tom avait arrêté de sourire suffisamment longtemps pour le faire taire d'un baiser. Les jumeaux étaient allongés au sol, cachés par l'herbe haute, Tom perché au dessus de Bill. Tom avait entraîné Bill au sol pour pouvoir lui voler de rapides baisers alors que leur meilleur ami ne regardait pas. Cela faisait deux ans depuis la dernière fois qu'ils avaient été attrapés, et les jumeaux devenaient de plus en plus audacieux dans leurs petits jeux. Ils étaient presque imprudents, ne s'arrêtant qu'au tout dernier moment.
Andreas courut en direction du cri, ayant l'intention de sauver son ami même si cela voulait dire se retrouver face à face avec l'un des montres de ses livres d'horreur. Cependant, quand il arriva à l'endroit où l'herbe avait tremblé il ne trouva aucun monstre ; juste Tom maintenant Bill au sol tandis que celui-ci geignait et essayait de se dégager. Andreas leva les yeux au ciel. Les jumeaux étaient toujours engagés dans de petites luttes.
“Vous m'avez fait peur, crétins !” cria Andreas, seulement à moitié énervé tandis qu'il mettait un coup de pied à Tom dans le but de lui faire lâcher Bill. Tom sourit et se jeta sur Andreas, le projetant lui aussi au sol.
Bill s'assit et s'épousseta tout en regardant Andreas et Tom se chamailler comme des chiots. Tous deux grognaient et marmonnaient diverses insultes tout en essayant de faire une prise à l'autre. Durant l'année précédente Andreas était devenu presqu'aussi proche de Tom qu'il ne l'était de Bill, mais sa relation avec Tom était toujours plus agressive. Tous deux se battaient toujours pour dominer, comme un loup essaie de devenir le chef de sa meute.
“Tu m'as tout sali,” geignit Bill, ôtant par poignées des herbes sèches de ses cheveux et essayant de faire partir la poussière de son pantalon en frottant du plat de la main. Les deux autres étaient toujours en train de se battre dans l'herbe, inconscients des complaintes de Bill. Celui-ci aurait très nettement préféré rester à la maison et jouer à l'intérieur, mais Simone les avait jetés dehors, insistant sur le fait que de jeunes garçons comme eux avaient besoin d'air frais. Bill aurait sans doute été un peu plus ennuyé que ça s'il n'avait pas été si soulagé que leur mère leur donne enfin un petit peu plus d'intimité.
Cela faisait plus de deux ans que les jumeaux avaient été surpris dans les buissons qui bordaient le hangar, et beaucoup de choses avaient changé durant ces deux années. Désormais ils comprenaient les conséquences auxquelles ils étaient exposés s'ils se faisaient prendre, et comprenaient que leur proximité devait rester cachée, même s'ils ne comprenaient pas pleinement pourquoi. Ils comprenaient ce que cela coûtait de donner l'impression que leur relation était “normale”, et ils avaient dû se faire acteurs professionnels pour s'assurer que tout le monde les voyait bien de cette façon. Parfois c'était dur de jouer la comédie, encore et encore, mais d'une certaine façon le secret qu'ils partageaient les rendait encore plus proches.
L'année dernière avait été comme une montagne russe, les chahutant à coups de projections dans le changement et l'évolution. Les jeux de dissimulation que les jumeaux appelaient “juste faire semblant” avaient continué, bien que les choses aient drastiquement changé suite à “l'incident Anna”. Ce simple petit baiser avait changé les choses entre eux et c'était plus qu'ils ne pouvaient cacher sous la façade du “juste faire semblant”. Leur connexion en avait été secouée jusqu'à ses fondements mêmes, et avait forcé les jumeaux à faire le point sur ce qu'ils avaient. Un des bénéfices que les jumeaux avaient retiré de toutes leurs séances chez le docteur Engel était qu'ils étaient particulièrement portés sur l'introspection, surtout si l'on considérait leur jeune âge.
Peu à peu durant l'année les jumeaux avaient reconnu, pour eux-mêmes ainsi que devant l'autre, qu'ils n'étaient plus systématiquement les mêmes maintenant. Ils avaient arrêté de se décevoir et avaient admis qu'ils étaient deux personnes différentes et qu'ils aimaient des choses différentes. Pendant tout ce temps où ils avaient fait semblant pour leurs parents, ils n'avaient pas réalisé que de fait ils s'individualisaient, naturellement et peu à peu. La découverte de tout cela était été un moment très difficile, les jumeaux s'éloignant puis se rapprochant de nouveau, tout comme ils l'avaient fait après le baiser avec Anna. Cependant, vers leur dixième anniversaire ils étaient arrivés à une importante conclusion ; ils n'étaient pas la même personne, et ils étaient encore connectés. Il y avait tant de différences maintenant. Les cheveux de Tom lui arrivaient aux épaules, et ceux de Bill étaient coupés en de petites boucles. Tom avait appris la guitare, mais Bill avait trouvé plus d'intérêt au chant. Tom aimait le sport et partir à l'aventure dehors, et Bill était plus heureux à l'intérieur, à travailler sur des projets artistiques et à écouter de la musique. Mais quand arrivait la fin de la journée, ils se retrouvaient toujours et se sentaient de nouveau entiers, complets.
Les jumeaux étaient heureux ; plus heureux qu'ils ne se rappelaient l'avoir été depuis un très, très long moment. Même leur lutte constante pour garder leur proximité secrète ne pouvait interférer avec le bonheur qu'ils avaient ressentis quand ils avaient réalisé qu'ils pouvaient être Bill et Tom tout en étant “nous” en même temps. Tandis qu'ils s'habituaient au confort apporté par cette nouvelle réalisation, ils découvrirent que leurs parents s'inquiétaient de moins en moins de ce qu'ils faisaient. Les regards inquiets et scrutateurs qui avaient commencé lorsqu'ils avaient huit ans appartenaient désormais au passé et les jumeaux n'avaient plus à faire semblant de se disputer pour obtenir un peu d'intimité. Leur vie ne ressemblait plus à une pièce de théâtre jouée en permanence, mais plutôt à la sensation de se sentir vivant, même si cela restait parfois difficile de résister à la tentation de se toucher de façon plus intime, d'une façon qu'ils savaient ne devoir réserver qu'à l'intimité. Parfois les jumeaux se surprenaient à vouloir que cela soit déjà l'heure d'aller se coucher, sachant qu'ils seraient alors enfin seuls.
“J'abandonne ! T'as gagné !” couina Andreas lorsque Tom réussit enfin à le plaquer au sol et à ramener ses bras derrière son dos, l'immobilisant totalement.
Tom relâcha le garçon, qui était un peu plus petit que lui, et se laissa tomber en arrière dans l'herbe qu'ils avaient foulée, un sourire satisfait plaqué sur le visage. Andreas finissait toujours par abandonner, ce qui était la raison très précise pour laquelle Tom se moquait d'avoir à être en compétition avec lui. Un léger soupir s'échappa des lèvres de Tom tandis qu'il levait les yeux vers le ciel, essayant de deviner combien de temps il restait avant qu'il ne soit temps de retourner à la maison pour le dîner. La plupart des garçons regarderaient le ciel en souhaitant que le jour ne s'arrête jamais. Tom lui souhaitait que la nuit tombe le plus vite possible. Aujourd'hui était l'un de ces jours où il avait besoin du confort que lui apportait la proximité de Bill, et il n'en pouvait plus d'attendre que la nuit tombe.
Andreas s'était un peu écarté des jumeaux, boudant d'avoir perdu. Il n'y portait pas vraiment d'importance, mais par contre il aurait aimé que Tom le laisse gagner de temps en temps. Se battre pour attirer l'attention des jumeaux était déjà assez pénible sans qu'il faille en plus qu'il se fasse botter les fesses juste pour que Tom puisse prouver qu'il était le leader de leur trio.
Bill suivit le regard de son frère, levant lui aussi les yeux vers le ciel, et il plissa les yeux à cause de la luminosité du soleil. D'avoir passé tout un été sans montre leur avait appris à pouvoir dire l'heure rien qu'en regardant la position du soleil. Bien sûr un autre indice révélateur était le grondement qui régnait dans le ventre de Bill, indiquant que l'heure du dîner approchait à grands pas. “On devrait rentrer,” dit Bill doucement, et pour une fois ce n'était pas juste parce qu'il en avait assez de la saleté et des insectes de l'extérieur.
Tom hocha la tête et sauta sur ses pieds, ne prenant pas la peine d'ôter la poussière de ses vêtements. “Arrête de bouder, Andi. Bill veut rentrer. Le dîner doit être bientôt prêt. Tu veux venir manger à la maison ?” appela Tom, faisant se lever le regard d'Andreas qui était resté fixé au sol.
Andreas hocha la tête et trotta rapidement pour revenir vers les jumeaux. La perspective de dîner chez les jumeaux était suffisante pour lui faire oublier sa bouderie. La cuisine de Simone était de très loin meilleure que celle de sa propre mère, et rester dîner était synonyme de passer plus de temps avec Tom et Bill, surtout avec Bill. Andreas avait beau eu dire aux jumeaux qu'il les aimait autant l'un que l'autre, il n'en restait pas moins que c'était plus facile d'aimer celui qui ne lui bottait pas tout le temps le train en le traitant de bébé.
“Le dernier arrivé devra se resservir en brocolis !” déclara Bill, sachant qu'il était le plus rapide des trois. Andreas grogna pour montrer son désaccord, mais il n'eut pas d'autre choix que de se retrouver à courir après les jumeaux une fois de plus. Il savait déjà qu'il était condamné à un destin qui impliquait des doubles rations de brocolis, mais s'il se retrouvait trop à la traîne derrière les jumeaux, ils l'oublieraient sans doute purement et simplement.
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Andreas se retrouva en effet à être obligé de se resservir en brocolis pendant le dîner, et bien sûr Simone l'avait fait remarquer à ses fils et les avait pressés de suivre le merveilleux exemple d'Andreas. Au final, les trois garçons avaient été obligés de manger deux parts de légumes ce soir-là. Cependant, ils s'en étaient tiré en procédant à un petit raid dans la réserve de bonbons de Bill et en courant dans la maison avec excitation jusqu'à ce que Simone finisse par déclarer qu'il était temps qu'Andreas rentre chez lui.
“Merci de m'avoir laissé rester dîner, Madame Trümper. C'était super,” dit Andreas avec un charmant sourire, celui qui faisait de lui l'ami des jumeaux que Simone préférait. Andreas savait comment charmer les gens, et il était particulièrement bon quand il s'agissait de charmer les parents. Avec son visage innocent et son mignon petit sourire, personne ne pourrait le soupçonner d'être un fauteur de troubles, et c'était la raison pour laquelle il était le meilleur ami des jumeaux. Andreas était presque aussi roublard qu'eux, mais pas tout à fait assez pour arriver à égaler ce qu'ils faisaient.
“Tu es toujours le bienvenu, Andreas. Dis bonjour à ta mère de ma part,” dit gentiment Simone en raccompagnant Andreas à la porte. En ce qui concernait Simone, Andreas était la meilleure chose qui aurait pu arriver aux jumeaux. Il était leur premier véritable ami proche, et tant qu'Andreas était dans les parages ses inquiétudes à propos de Bill et Tom s'envolaient. Les choses semblaient tellement normales maintenant qu'elle ne pensait presque plus jamais à cet horrible jour qui s'était déroulé deux ans auparavant.
“Entendu,” répondit Andreas avec un autre sourire angélique avant de reporter son attention sur les jumeaux. “Vous voulez qu'on aille nager demain les mecs ?” demanda-t-il avec espoir. Bien que la question s'adressât aux deux jumeaux, Andreas se tourna par habitude vers Bill pour la poser. Cela faisait longtemps que Tom était sorti de son mutisme, mais Bill continuait la plupart du temps à parler pour eux deux.
“Bien sûr,” répondit Bill, ne prenant pas la peine de concerter Tom d'abord. Tom ferait tout ce que Bill voudrait faire, donc il n'y avait vraiment aucune raison de le concerter d'abord. Du moins c'était ce que Bill croyait. Il ne remarqua pas l'air renfrogné de Tom.
“'Ok, on se voit demain. Bye,” dit Andreas, faisant un signe de la main. Le blond avait remarqué l'expression de mécontentement de Tom, tant donné qu'elle lui était destinée plutôt qu'à Bill. Cependant, Andreas commençait à avoir l'habitude de recevoir ce genre de regards de la part de Tom. Généralement, ils précédaient le moment où il se retrouvait le visage au sol, Tom ramenant son bras derrière son dos. Ce n'était qu'un jeu, juste une petite bagarre pour rigoler, du moins c'était ce que disait Tom.
La porte se referma et Simone regarda les garçons avec une sévérité feinte. “Très bien, jeunes hommes, à la douche. Bill, toi d'abord. Tom, c'est ton tour d'aider à débarrasser,” dit Simone. Elle était rarement convaincante quand elle essayait de faire preuve de sévérité, mais de toutes façons les jumeaux ne lui posaient pas trop de problèmes.
“Mama-an !” geignit Tom, juste pour la forme. Il savait qu'il ne s'en tirerait pas comme ça.
“A la cuisine ! Tout de suite !” dit Simone, donnant une petite tape joueuse à Tom pour l'envoyer à ses corvées. Bill tira la langue à son frère et sourit, sachant qu'il le paierait plus tard. “Sois gentil, Bill. Et maintenant vas-y, et cette fois n'utilise pas toute l'eau chaude,” gronda-t-elle, poussant Bill du coude vers les escaliers.
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Une demi-heure plus tard, Bill émergea de la salle de bain, propre comme un sou neuf et enveloppé dans sa serviette. Tom était tout juste en train de monter les escaliers, l'air mécontent d'avoir dû faire la vaisselle. Le pire, c'était que maintenant il devait aller prendre sa douche, ce qui était d'après lui complètement inutile étant donné que de toutes façons il irait à la piscine demain.
“Haha, Tomi a dû faire la vaisselle et maintenant il doit encore prendre sa douche,” se moqua joueusement Bill. Il était bien meilleur dans la production de paroles de chansons que dans l'invention de moqueries créatives, mais cette fois-ci cette simple raillerie prononcée d'un ton chantant suffit. Pour une raison que Bill n'arrivait pas à saisir, Tom était de mauvaise humeur, ce qui ne lui ressemblait pas.
Tom se vengea en saisissant le coin de la serviette de Bill, la lui retirant d'un coup sec puis le fritant cruellement avec. La serviette humide claqua si fort que Simone put l'entendre, ainsi que le cri de Bill qui résonna jusqu'en bas des escaliers. Bill bondit, hurlant de douleur en frottant la marque qui apparaissait déjà sur sa cuisse, apparemment inconscient d'être désormais nu et sans serviette. Une fois que le choc dû à la douleur reflua, il se retrouva dans la confusion la plus totale. A moins qu'ils ne se battent joueusement ou qu'ils fassent semblant pour leurs parents, Tom ne ferait jamais quelque chose comme ça.
“Tom, va tout de suite à la douche ! Bill, va dans ta chambre et prépare-toi pour aller au lit. Et je ne veux plus rien entendre !” cria Simone depuis le pied des escaliers. Cette fois elle avait l'air sérieuse, et les jumeaux n'allaient pas discuter.
Bill resta debout dans le couloir, fixant Tom les yeux écarquillés, choqué, et se demandant pourquoi il l'avait frappé. Il frotta la marque sur sa cuisse et cligna des yeux pour repousser les larmes qui lui montaient aux yeux. La frite avait été douloureuse, mais le choc de découvrir la colère de Tom était bien pire. Bill était si perplexe qu'il ne sembla même pas remarquer qu'il était debout au milieu du couloir sans rien avoir sur le dos.
Tom regarda le bleu et l'expression blessée du visage de son frère et se sentit instantanément horriblement mal. Tom lui-même ne comprenait pas pourquoi il avait fait ça, mais il était à peu près certain que ça n'avait rien à voir avec la petite moquerie idiote de Bill. “Désolé,” chuchota-t-il, se rapprochant avec l'intention de faire partir la douleur de Bill et de lui présenter vraiment ses excuses.
“Je n'entends pas l'eau couler !” Le cri de Simone interrompit l'instant plein de tension, et Tom réalisa que les excuses devraient attendre. Il tendit la serviette à son frère abasourdi et se dépêcha de se rendre dans la salle de bain, espérant qu'une douche froide lui éclaircirait les idées.
Toujours surpris et confus à cause de ce qui était arrivé, Bill se replia dans sa propre chambre et grimpa dans son lit pour attendre. Il s'écoulerait un bon moment avant qu'il ne puisse aller se glisser dans la chambre de Tom. D'ici là, il passa le temps à regarder par la fenêtre et à frotter le bleu sur sa cuisse, se demandant ce qu'il avait bien pu faire pour énerver Tom au point qu'il le frappe.
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Tom pouvait toujours entendre que sa mère et Gordon parlaient en bas quand il sortit de la douche, ce qui voulait dire qu'il n'avait pas d'autre choix que d'attendre Bill dans sa propre chambre. Les cheveux ruisselants et une serviette enroulée autour de la taille, Tom dépassa la porte de Bill et se rendit dans sa propre chambre. La serviette humide fut jetée au sol, et Tom se glissa dans un boxer propre. Il mourrait d'envie d'aller à Bill et de s'excuser auprès de lui, mais tout ce qu'il pouvait faire était de se rouler en boule dans son lit et d'attendre.
Pour la deuxième fois de sa vie, Tom passa la nuit à se demander si Bill allait venir. Il resta allongé durant de nombreuses heures, se demandant si Bill le détestait et se demandant pourquoi il l'avait frappé sans raison. Cette fois-ci il n'y avait aucune goutte de pluie à compter, mais Tom passa le temps en regardant par la fenêtre, essayant de compter les étoiles. Contrairement à la dernière fois, la voix de Bill ne brisa jamais le silence de la nuit. Les pas faits sur la pointe des pieds n'arrivèrent jamais. Finalement, Tom sombra dans un sommeil agité, son oreiller serré contre son torse, là où Bill aurait dû se trouver.
FIN CHAPITRE 8