Chapitre 24. Conformisme

Changer ses attitudes, croyances, pensées ou attitudes en vue d'être au diapason avec les autres

“Juste là, je dirais. Ca devrait être dans le coin,” dit Tom depuis le siège passager, relâchant sa lèvre inférieure d'entre ses dents juste assez longtemps pour pouvoir parler. Il l'avait mordillée durant tout le trajet, et la chaire en était maintenant rouge et gonflée.

C'était une petite maison qui n'avait rien de particulier. D'une couleur rouille monotone, semblable à celle de toute la rangée de maisons qui l'entourait. Le jardin était parfaitement entretenu, deux rangées de fleurs orange encadraient la courte allée qui menait à la porte. La simplicité de la maison dérangea Tom. Il s'était attendu à un indice qui indiquerait de façon évidente qu'il était au bon endroit… Il ne voulait pas se rendre jusqu'à la porte pour passer pour un parfait abruti qui s'était trompé de maison.

“Tu es sûr de toi ?” demanda le chauffeur en jetant un regard vers Tom.

“Oui oui,” dit Tom avec plus de conviction qu'il n'en ressentait vraiment. Il n'avait pas tellement le choix, s'il voulait lui parler. Tous les coups de fil qu'il avait passés étaient restés sans réponse. Tom était à présent désespéré.

“Je devrais t'accompagner jusqu'à la porte.”

Tom secoua la tête et saisit la poignée de la portière. “Non, il faut que je lui parle seul à seul.”

Tom se glissa hors de la voiture, retenant son souffle tandis qu'il marchait entre les rangées de fleurs orange.

Il aurait dû venir frapper à cette porte longtemps auparavant, ou au moins décrocher son téléphone, ainsi qu'il en avait eu l'intention tant de fois auparavant.

Peut-être que les choses auraient été différentes s'il l'avait fait.

**

Quelques Temps Plus Tôt...

Une semaine s'était écoulée depuis leur séance, et la blessure qui en avait résulté les avait taraudés, mais il était temps d'y retourner. Georg et Gustav étaient de nouveau de sortie. Le management réussissait, d'une manière ou d'une autre, à se débrouiller pour réussir à les éloigner de l'appartement les jours où les jumeaux avaient une séance. Tout le monde se plaisait à faire comme si Georg et Gustav n'avaient pas conscience du conflit qui emplissait à présent le petit appartement, mais au moins cela laissait-il aux jumeaux quelques précieuses minutes où ils étaient seuls. La voiture serait bientôt là pour passer les prendre.

Ils étaient assis côte à côte, la joue de Bill reposant sur l'épaule de Tom, leurs doigts entrelacés entre eux deux. Ils n'avaient plus rien fait de sexuel depuis qu'ils avaient été surpris, mais ils se permettaient avec indulgence de se tenir les mains et de s'asseoir tout près l'un de l'autre. Ils pouvaient sentir la nervosité de l'autre. Elle passait entre eux comme un courant aussi fort que la passion qui avait un jour été à sa place. Ils n'avaient pas parlé de ce qu'il s'était passé dans cette horrible petite pièce stérile, mais il était évident que tous deux la redoutaient.

“Tout ira bien,” promit Tom, serrant légèrement la main de son frère.

“Oui, tout ira bien,” murmura Bill en retour.

C'était une promesse que tous deux s'échangeaient régulièrement. Aucun d'entre eux n'y croyait plus.

“Je t'aime, Bill. Pour toujours. Quoi qu'il te dise.”

“Je t'aime, moi aussi, Tom. Quoi qu'il te dise, quoi qu'il se passe.”

C'était la seule chose que tous deux tenaient encore pour vraie. C'était la seule chose que le doute n'avait pas encore atteinte.

~**~

Le seul son qu'il y avait dans la pièce était celui d'un stylo qui grattait du papier. Le docteur Amsel prenait avec rapidité des notes pour son dossier tandis qu'il observait l'adolescent qui lui faisait face. Ils semblaient faire des progrès. Peut-être bien que Bill avait l'air renfermé sur lui-même et brisé, mais le docteur Amsel savait que c'était juste le poids de sa propre culpabilité qui causait cette douleur. La douleur n'était pas nécessairement une mauvaise chose. La douleur était synonyme de progrès et de guérison, tout comme la douleur qui accompagnait l'arrachement des tissus morts pour permettre à une blessure de cicatriser correctement.

“Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi Tom et vous avez des goûts si différents en matière d'habillement ?”

Bill haussa les épaules. Quoi qu'il dise, ce ne serait de toutes façons pas la bonne réponse.

“Je ne sais pas. Les gens s'attendaient à ce que nous voulions être différents, donc nous avons commencé à essayer d'être différents.”

Le docteur Amsel n'eut pas l'air convaincu. La réponse de Bill n'était pas en accord avec sa vision des choses. Il avait devant lui toutes les pièces du puzzle et la plupart s'emboîtaient assez facilement. Il ne lui manquait plus que quelques pièces à mettre en place, même si cela nécessitait de les forcer un peu à rentrer à leur place.

“Je trouve intéressant que l'un d'entre vous ait choisi une apparence hyper-masculine tandis que l'autre choisissait une apparence hyper-féminine. Ne trouvez-vous pas que cela est intéressant ?”

Bill haussa de nouveau les épaules. “Pas vraiment. Et de toutes façons je ne suis pas 'hyper-féminin'. Je suis juste androgyne, et Tom n'aime simplement pas les vêtements moulants, et donc ce style était adapté pour lui.”

Le docteur Amsel griffonna quelques notes et retourna plusieurs pages en arrière pour vérifier quelque chose qui remontait à leur séance précédente. “Quand avez-vous commencé à porter du maquillage et à vous teindre les cheveux ?”

“Quand j'avais neuf ans,” répondit Bill.

“Hmm... Intéressant,” marmotta le docteur Engle tandis qu'il vérifiait de nouveau ses notes précédentes.

Bill ne prendrait même pas la peine de demander en quoi cela était intéressant. Il était sûr que cela lui serait dit de toutes façons.

“Durant votre dernière séance vous avez mentionné le fait que vous aviez neuf ans lorsque vous avez surpris Tom en train d'embrasser une fille,” fit remarquer le docteur Amsel. Maintenant toutes les pièces se mettaient gentiment en place, exactement comme le docteur Amsel le voulait. Il était sûr que lorsqu'il montrerait l'image finale du puzzle aux jumeaux, ils n'auraient alors pas d'autre choix que celui de se détourner l'un de l'autre.

“Et ?” demanda Bill, n'aimant pas du tout la tournure que prenaient les choses.

“Le baiser s'est-il produit avant ou après que vous ayez commencé à porter du maquillage ?”

“Avant. Et alors ?”

“Ne voyez-vous là rien d'étrange dans le fait que ces deux événements coïncident ?”

“Non,” dit Bill avec nervosité, l'air incertain.

“Bill, il faut que vous coopériez avec moi. Je ne veux pas avoir à tout vous mâcher. Vous devriez réfléchir aux choix que vous avez faits et parvenir aux conclusions vous-même.”

“Je ne vois pas ce que vous voulez dire,” répondit-il. Bill n'admettrait pas que les conclusions du docteur Amsel n'avaient que rarement du sens à ses yeux. Cela prenait toujours du temps avant qu'il ne voit les choses s'assembler de la manière dont le médecin les voyait.

“Ce n'est pas si difficile, Bill. Pensez-y simplement. Vous surprenez Tom en train d'embrasser une fille, réalisez qu'il est attiré par les filles et non par les garçons, et alors vous modifiez votre apparence pour essayer de garder l'attention de votre frère. Je pense que vous avez désespérément essayé de garder l'attention de votre frère au travers de manipulations, et ce depuis votre plus jeune âge. Vous semblez tellement égocentrique que vous ne voulez même pas considérer la possibilité qu'il serait plus heureux avec une fille.”

“Je... Je...” Bill n'arrivait pas à penser à quelque chose à dire. Il n'y avait pour lui aucune manière de se défendre contre la froide logique de cet homme.

~**~

Le docteur Amsel jeta un coup d'œil vers Tom tandis qu'il continuait à écrire quelques petites notes de plus. Les progrès de Tom n'étaient pas aussi prometteurs que ceux de Bill. Il était renfermé, presque au point de garder un silence complet, mais il ne semblait pas le suivre et accepter la réalité aussi facilement que Bill. Le docteur Amsel s'inquiétait du fait qu'il puisse juste être en train de se barricader et de se cramponner à son déni.

“Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi Bill et vous avez des goûts si différents en matière d'habillement ?”

Tom se contenta de secouer la tête. Quand ils étaient plus jeunes il s'était parfois demandé pourquoi Bill se rendait les choses plus difficiles en s'habillant aussi bizarrement, mais il avait arrêté d'y penser depuis bien longtemps. Bill était juste comme ça.

“Quand avez-vous commencé à vous habiller de la façon dont vous vous vêtez actuellement ?”

Tom haussa les épaules. La progression qui lui avait fait passer des vêtements légèrement baggy aux fringues XXL qu'il portait actuellement avait été si lente qu'il ne pouvait pas vraiment s'en rappeler.

Le docteur Amsel tapota son stylo contre le dossier qu'il tenait et réfléchit pendant un moment. Il feuilleta les notes qu'il avait prises à propos des deux jumeaux et essaya de forcer les pièces du puzzle à s'assembler de la manière dont il le voulait.

“Est-ce aux environs du moment où Bill a commencé à porter du maquillage ?”

Tom fronça les sourcils, pas certain de savoir où le docteur Amsel voulait en venir. Un simple silence ne marcherait pas comme réponse à cette question. “Si on veut... C'est à ce moment que nous avons vraiment commencé à nous habiller différemment, mais mon style actuel est venu plus tard,” essaya d'expliquer Tom.

“Mais vous avez commencé à porter des vêtements plus masculins à partir du moment où Bill a commencé à en porter de plus féminins ?”

Tom hocha légèrement la tête, ne saisissant toujours pas vraiment ce que le docteur Amsel impliquait.

“Une idée de la raison pour laquelle cela s'est produit ?”

Tom secoua la tête.

“Voudriez-vous entendre ma théorie ?”

Tom s'enfonça dans le divan et haussa les épaules. De toutes façons il allait l'entendre.

“Je pense que vous portez ces vêtements pour deux raisons. La première est une rébellion contre les actes homosexuels que vous perpétrez avec votre frère. C'est une tentative de la part de votre subconscient de vous prouver que vous n'êtes pas homosexuel en dépit de ces actes. La seconde raison est que vous cachez votre corps. Vous avez honte de votre corps parce que vous savez que c'est le même corps que celui que votre frère possède, un corps qui attire l'attention des hommes homosexuels, un corps dont vous ne voulez pas vraiment parce que vous ne voulez pas de cette attention.”

Tom secoua la tête, niant la merde que cet homme essayait de lui faire avaler. Le docteur Amsel ne comprenait rien à rien, et ce qu'il disait n'aurait pas dû avoir d'importance, mais cela en avait. Les jumeaux ne pouvaient plus simplement fermer leurs yeux et exclure les gens qui ne les comprenaient pas. Cela n'avait pas d'importance que cet homme ne les comprenne pas ; mais il avait le pouvoir et l'influence.

“Tom, je ne pense pas que vous vouliez être attirant pour les hommes, et je ne crois pas que vous soyez attiré par les hommes, pas même par votre frère. En fait, je pense que la seule raison pour laquelle vous avez une relation au niveau sexuel avec votre frère tient à ce que vous soyez dépendant de lui et avez l'impression que c'est la seule façon de le garder à vos côtés. Vous êtes dépendant de votre frère depuis tout-petits. Vous l'avez utilisé pour qu'il parle à votre place, et maintenant vous l'utilisez pour qu'il vous donne de la force sur le plan émotionnel. Vous ne pensez pas pouvoir survivre sans lui, et vous ne savez pas comment le garder autrement qu'en lui donnant ce qu'il veut. Personne ne peut refuser à Bill Kaulitz ce qu'il veut, correct ?”

Le docteur Amsel avait tellement tort que Tom ne savait même pas par où commencer. Il n'y avait juste aucun moyen de ce défendre contre un argument comme celui-là, surtout lorsque le monde avait l'air de nouveau irréel et brumeux. Tom ferma simplement les yeux et s'enfonça dans son siège, essayant très fort de se rappeler pourquoi ce charlatan avait tort. Plus le docteur Amsel parlait, plus il était difficile pour Tom de se rappeler pourquoi il ne le croyait pas.

~**~

Les deux séances avaient plutôt avancé de la même façon. Le docteur Amsel regarda les jumeaux se replier en boule en une tentative d'échapper à la douleur de leur culpabilité. A présent presque toutes les pièces étaient en place, et les jumeaux ne pouvaient pas nier la réalité qu'il leur présentait. Tout s'emboîtait trop parfaitement pour qu'ils puissent le nier. Chaque mot qui avait passé la barrière de leurs lèvres était une preuve de plus qui soutenait sa vision des choses. Ce ne serait plus bien long à présent.

“Je veux que vous le disiez,” insista le docteur Amsel, fixant avec intensité le plus jeune des jumeaux.

“Je peux pas. Tom m'aime. Ce n'est pas vrai,” geignit Bill avec humilité. Il n'avait plus l'air si sûr de lui. Le doute était une chose puissante. Le semer au bon endroit permettait de faire pousser un buisson d'épineux qui s'étendait jusqu'à ce qu'il ait tout détruit sur son passage.

“Vous ne me croyez toujours pas ?” demanda le docteur Amsel, incrédule.

“Ce n'est pas vrai. Il dit qu'il m'aime. Il dit qu'il le veut.”

“Alors pourquoi a-t-il embrassé cette fille quand vous aviez neuf ans ?”

“Nous étions des enfants ! Il faisait une expérience.”

“Et pour la groupie. Est-ce que ça aussi c'était une expérience ?”

“Ce... c'était une erreur. Il n'avait pas l'intention de le faire. Il dit qu'il a détesté.”

“Peut-être que ce qu'il a détesté est le fait que vous soyez entré et que vous ayez ainsi fait que ça s'arrête.”

“Je... Non. Non, il ne me mentirait pas.”

Les larmes roulaient sur les joues de Bill. Chaque mot prononcé par le docteur Amsel renforçait son incertitude et l'amenait un peu plus près de dire les mots que le docteur Amsel voulait lui voir prononcer.

“Et pour la porte de la loge ?” demanda le médecin. Bill était au bord de la crise de nerfs vers laquelle il l'avait poussé et le docteur Amsel était sûr que ce serait le coup de grâce.

“Quoi ? De quoi vous parlez ?”

“Tom l'a laissée déverrouillée, correct ?”

“Il a juste oublié. C'était un accident.”

“Ce genre de choses ne se produit pas accidentellement, Bill. Tom n'a pas verrouillé la porte parce que d'un certain côté, il voulait se faire surprendre. Il se sent incapable de vous dire non et d'y mettre un terme lui-même, il a donc créé une situation dans laquelle vous seriez forcés d'y mettre fin. Tom ne veut plus participer à une relation sexuelle avec vous, Bill. Je doute qu'il l'ait jamais voulu. Tom vous aime, mais tout ce qu'il a toujours voulu est une relation fraternelle. Il ne sait juste pas comment vous le dire.”

Bill s'enfonça dans le divan, sentant ses yeux le brûler de larmes non encore répandues. Bill était fatigué, usé, las, et effrayé pour leur avenir. Les arguments du docteur Amsel semblaient de plus en plus convaincants, surtout quand il avait l'air de répéter quelque chose que Tom lui aurait dit. Bill n'avait pas réalisé que Tom n'avait jamais rien dit de tel, et les germes du doute ayant été plantés, Bill crut que le médecin avait peut-être raison. Peut-être qu'il ne l'avait jamais voulu.

“Etes-vous prêt à le dire à présent ?” demanda le docteur Amsel. Il savait que Bill était usé et prêt à abandonner. Une fois qu'il l'aurait fait, il ne resterait plus qu'à faire suivre l'aîné des jumeaux.

Bill baissa les yeux vers ses pieds, la gorge serrée et les larmes dans ses yeux menaçant de se déverser de nouveau.

“Il faut que vous le disiez, Bill. Il faut que vous le disiez pour que nous puissions avancer.”

“Je... Je ne veux plus rien faire de sexuel avec Tom. Il... C'est juste mon frère.” murmura-t-il, sa voix à peine audible malgré le parfait silence de la petite pièce froide.

~**~

Les choses n'avançaient pas aussi vite avec Tom. Plus le docteur Amsel le poussait, plus il plantait ses talons dans le sol et résistait aux progrès qu'ils faisaient. C'était une constante lutte de pouvoir, mais la résolution de Tom s'amenuisait et le docteur Amsel savait qu'il finirait par craquer. Il se demanda si un changement de tactique ne permettrait pas de résoudre le problème.

“Ce n'est pas de l'amour, Tom. C'est de la dépendance,” insista le docteur Amsel.

Tom ne secouait même plus la tête maintenant. Il avait accepté de coopérer à toute cette mascarade parce que Bill avait insisté, mais maintenant ça ne marchait plus. Ce charlatan lui en demandait trop. Il ne voulait absolument pas qu'ils arrêtent de se toucher. Il ne voulait absolument pas qu'ils arrêtent de s'aimer. Il voulait que Tom dise qu'il ne l'avait jamais aimé, et Tom ne pouvait tout simplement pas faire ça.

“Allez-vous finir par me répondre ?” demanda le médecin.

Tom baissa les yeux vers ses pieds. Pour une fois, il gardait le silence par choix et non par peur.

“Dois-je appeler votre manager et lui dire d'annuler votre tournée ? Vous n'avez clairement pas fait assez de progrès pour pouvoir gérer le stress d'une tournée si vous ne pouvez même pas répondre à mes questions.”

Tom leva les yeux tandis que ses ongles s'enfonçaient dans le cuir du divan, abîmant sa surface noire et lustrée. “Bordel mais vous attendez quoi de moi ?” gronda-t-il presque.

“Je veux que vous admettiez, envers vous-même et envers moi, que vous n'êtes en fait pas sexuellement attiré par Bill et que vous ne voulez pas continuer cette relation,” répondit le docteur Amsel, essayant d'ignorer les dégâts qui étaient infligés à son divan.

“C'est que des conneries. Vous me dites que je dois être honnête puis là vous me dites de mentir,” rétorqua Tom.

Le docteur Amsel baissa les yeux vers son bloc-notes, écrivant plutôt que de lever les yeux et voir la vérité dans les yeux de Tom. Le médecin ne voyait que ce qu'il voulait voir. “Je suppose alors que vous n'êtes pas prêt à l'accepter. Cela va prendre plus de temps que je ne pensais pour réparer les dégâts que cette relation de co-dépendance a causés.”

“Je n'accepterai jamais vos mensonges.”

“Ne soyez pas tant sur la défensive, Tom. J'essaye juste de vous aider, vous et votre frère. Vous voulez ce qui est le mieux pour Bill, correct ?”

Tom avait l'air sceptique. Il était plutôt évident que ce que le docteur voulait, ce n'était pas ce qui était le mieux pour eux, ni même pour l'un d'entre eux. On aurait dit que tout ce qui l'intéressait c'était son pouvoir, ses récompenses, et d'avoir raison.

“Bien sûr que si. Je l'aime,” répondit Tom. Il aimait dire au docteur Amsel à quel point il aimait Bill aussi souvent que possible. Cela semblait le mettre mal à l'aise.

“Avez-vous déjà considéré que cette relation puisse blesser Bill ? Vous avez été surpris plusieurs fois au cours de votre vie, et à présent vous vivez avec des paparazzis à vos trousses et vous êtes entourés de votre équipe en permanence. Combien de temps cela prendra-t-il avant que quelqu'un n'ait une preuve photographique de ce que vous faites ? Combien de temps cela prendra-t-il avant que la une ‘Kaulitz en guerre' ne soit remplacée par ‘Scandale : Kaulitz incestes' ?”

“Cela n'arrivera pas,” marmonna Tom, ne semblant pas entièrement convaincu.

“Tout comme vous ne deviez pas être surpris cette fois-ci, ou la fois d'avant, ou la fois encore avant ? A quel point Bill devra-t-il être blessé avant que vous ne redescendiez sur terre et ne fassiez ce qui est le mieux pour vous deux ?”

“Je ne le laisserai pas être blessé,” répondit Tom, se repliant dans un coin du divan, serrant nerveusement les poings.

“Bill m'a raconté ce qu'il s'était passé lorsque votre père vous a surpris. Bill a déjà été blessé par cet état de faits auparavant. Vous avez déjà laissé cela se produire la première fois parce que vous étiez un enfant et ne saviez pas ce qu'il se passait, mais maintenant vous savez, Tom. Vous n'avez pas d'excuses. Si Bill est de nouveau blessé, ce sera de votre faute.”

Les mots frappèrent Tom au plus profond de lui. Sa bouche s'assécha et ses mains tremblèrent légèrement. Pour une fois, le docteur Amsel s'arrêta de prendre des notes et observa simplement l'effet que ses mots avaient sur l'adolescent.

“Comprenez-vous à présent, Tom ? Même si vous n'êtes pas prêt à accepter la réalité de votre relation, vous devez y mettre un terme. Vous ne pouvez plus céder à Bill, pour son propre bien,” insista le docteur Amsel avant que Tom n'ait eu le temps de se remettre de la blessure provoquée par ces mots.

Tom déglutit avec difficulté et baissa la tête. “Je ne ferai plus jamais rien avec lui,” dit-il en un murmure étouffé.

~**~

Le retour se déroula dans le silence, les jumeaux se sentant trop coupables pour regarder l'autre. La culpabilité liée à la pensée d'avoir forcé son frère à faire quelque chose qu'il ne voulait pas continuait à provoquer la chute des larmes de Bill le long de ses joues. La culpabilité liée à la pensée qu'il avait exposé Bill au risque d'être de nouveau blessé faisait que Tom gardait les yeux fixés au sol, honteux. La culpabilité à la pensée d'avoir rompu leurs promesses après seulement deux séances les consumait tous deux. Il ne semblait pas que les choses s'arrangeraient jamais.

**

Tom expira lentement, tremblant, tandis qu'il levait la main pour frapper à la porte.

Des pas résonnant contre du parquet retentirent de l'intérieur de la maison, et Tom retint de nouveau son souffle lorsqu'une silhouette floutée apparut au travers du verre dépoli qui longeait la porte.

La porte s'ouvrit et les yeux de Tom tombèrent sur le visage d'un étranger extrêmement familier.

“Tom ?” haleta l'homme à la porte. Tom était la dernière personne qu'il s'était attendu à trouver à sa porte.

 

FIN CHAPITRE 24

 

 

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