CHAPITRE 30


Depuis la soirée, Bill continuait à carburer avec toute sorte de cachets pour oublier tout, et en premier, le fait qu'il prenait des cachets.

Il se sentait fort, invincible, heureux...

Mais au bout d'un moment il lui en fallait plus, toujours plus.

L'ecstasy n'agissait plus autant, le LSD n'en parlons pas et toutes les autres...

Tous les matins il avalait sa dose, toujours plus importante, et chaque fois ça n'était pas suffisant...

Cela faisait un mois, il était maintenant accro.

*-*

Lorsqu'ils sortirent à l'angle de la rue bondée et suffocante, un cri soudain et ininterrompu les fit sursauter.

- Bill !!! Tom !!!

Une silhouette trapue et barbue surgit des ténèbres en brandissant un appareil photo. Elle courut vers eux et prit des clichés, le flash vif illuminant la portion de rue obscure.
Tom passa un bras protecteur autour des épaules de Bill, un sourire faux mais néanmoins charmant collé sur son beau visage.

Bill sourit lui aussi. Ils étaient habitués à se faire photographier, mais c'était toujours un peu flippant de se faire harceler de la sorte.

Tom : Allons-y, soupira-t-il. ( Il fit signe au photographe.)
Ok mec, c'est cool, ça suffit. On y va.

Mais le type les poursuivit, esquivant et sautillant comme un boxeur, actionnant si rapidement l'appareil que l'on aurait dit une mitrailleuse. Il finit une pellicule, rechargea adroitement l'appareil en quelque secondes, et continua à shooter.

_ Ça suffit !! ordonna Tom, cette fois plus fermement.

Il tira sur le bras de Bill et ils traversèrent la rue.
Bill continuait à sourire, mais ses immenses yeux marrons regardaient dans tous les sens, à la recherche d'un taxi.

_ Que portes-tu ce soir Tom ??? Tu es sublime. Et toi Bill ?

Bill : Ça suffit, mec !

Il agita un bras et un taxi se gara. Ils sautèrent dedans et claquèrent la portière.
Le photographe colla son appareil à la vitre et continua malgré tout ses photos.

Tom donna l'adresse de leur hôtel au chauffeur.

Alors qu'ils démarraient à toute allure, le photographe leur cria :

_ Ça fera la une de Bravo demain !

Quand il arrivèrent à leur hôtel, Bill paya et ils sortirent.
Une horde de fans les attendaient, ils durent signer des autographes et faire encore des sourire, des photos, des bisous, et enfin, après vingt minutes, ils purent enfin regagner leurs suite luxueuse.

Bill s'affala sur un des canapés en cuir.

Bill : Ce putain de photographe...

Tom posa une main protectrice sur sa jambe.

Tom : C'était juste un connard. Ne pense plus à lui. Je vais commander une pizza au room service.

Bill : Parfois, j'en ai marre de tout ça, la façon dont ils te parlent, comme s'ils te connaissaient. Le fait qu'il m'ait appelé Bill, tu sais ? C'est dur. C'est vrai quoi, les gens croient te connaître. Ils voient tes interviews, dans les magazines, à la télé, ils t'écoutent parler... Et après, ils croient que tu es leur pote...

Tu sais, les filles t'abordent, te complimente, te demande si tu fréquentes quelqu'un...
C'est comme si elle me parlait pas à moi vraiment mais à un poster, tu vois ? Comme si j'existais pas en tant que personne.

Tu te rappelle ce qu'il avait dit notre manager au début ?
« pour mette le monde à vos pieds, voici ce qu'on vas faire :
1. Bâtir un culte autour du groupe », c'est fait.
2. Sortir l'album », c'est fait.
3. Alimenter le culte en finançant une grosse tournée », c'est fait.
4. Obtenir un album de platine », c'est fait.
5. Conquérir le marché américain », c'est presque fait.
6. Sortir un deuxième album », c'est fait.
7. Trouver un projet de film valable pour toi », c'est fait.
Et après, je lui ait demandé ce qu'on feraient ensuite, il m'a dit que j'entamerais probablement une carrière solo avant d'épouser un super top model.

Ça m'avais paru tellement cool.
Tellement cool.

Mais c'est pas comme ça que j'imaginais notre vie.
On peut plus sortir. Le moindre truc qu'on fait, tout le monde l'analyse, essaye de comprendre pourquoi, comment où on l'a fait, tout le monde nous adorent mais ils nous connaissent même pas...
Et ceux qui nous aiment pas ils sont encore pire...

Tom écoutait Bill, il comprenait que son frère avait besoin de parler, de tout faire sortir.
Mais ce monologue l'inquiétait.
Il n'avait jamais vu Bill aussi mélancolique.

Bill : On fais que ça. Enchaîner des tonnes d'interviews et d'apparitions télé, et la musique dans tout ça ?
On sourit, on signe des autographes, on fais semblant que tut est cool, super, top génial trop le kiff vraiment !!
Mais tout ça c'est du faux.
Tu crois que je t'entends pas des fois le soirs quand on rentre tellement tard que c'est presque tôt, qu'on a trop bu et tu pleure un bon coup, parce que ça te manque, notre vie d'avant, avec maman, quand on pouvait faire plein de trucs simple, comme je sais pas moi, marcher dans la rue tranquille, aller voir nos potes...

Bill colla fermement ses poings sur ses paupières closes pour empêcher les larmes de ruisseler sur ses joues.

Puis il releva la tête.
Tom était assis à ses côtés, l'air un peu paumé.

POV Bill : Merde. Il s'inquiète pour moi.

Bill : Nan, mais ça vas t'inquiète, je gère. C'est juste que je suis fatigué. Je vais aller me coucher...
Nan, en fait je vais aller faire un tour, m'attends pas.

Tom : Euh... T'es sûr que tu veux pas que je vienne ?

Bill : Non non, ça vas je te dis...
Je t'aime.

Il posa un baiser sur les lèvres de Tom et se leva.

Les yeux remplis de larmes, il se rua vers la sortie la plus proche qui donnait sur l'escalier de secours. Il leva les yeux vers le ciel, où les étoiles brillaient, plus belles que jamais.
Certaines n'existaient plus, mais on distinguait encore leur faible éclat.

Il s'assit sur les marches et se mit à pleurer parce qu'il venait de comprendre qu'il se mentait à lui-même depuis le début.

Comme les étoiles au-dessus de sa tête, il était obligé de briller même si son véritable "lui" avait cessé d'exister depuis bien longtemps.

Ce n'était pas cette vie là qu'il avait rêvé.

Avec Tom, ils passaient à la télé côte à côte, ils se partageaient les couvertures et les pages centrales, les posters, les kiosques à journaux croulaient sous leurs visages.

Bill avait le vertige à chaque fois qu'il se voyait en couverture ou en affiche.

Ce visage qui était sensé être le sien, mais qui finalement ne lui ressemblais pas tant que ça, puisque tellement retouché... tous ces regards qu'il ne pouvait pas contrôler, ça lui faisait presque peur.

C'était surtout ses yeux qui lui faisaient peur sur les pages de magazines.

Ces yeux noyés de khôl, retouchés, presque transparents, droits sur l'objectif et qui vous suivaient partout, où qu vous soyez, qui le suivaient partout, où qu'il soit.

Toute la journée pendant les embouteillages, ses propres yeux le fixaient de tous les arrêts de bus, de tous les panneaux, de tous les magazines, alors il se plaquait dans la voiture, chapeau, lunettes et vitres teintées, tentant d'échapper aux regards, tentant d'échapper à son propre regard, là-haut, en pleine lumière, qu'il ne pouvait plus se sacquer, il baissait les yeux et tombais sur la couverture de Rock one, il tombai sur la couverture de One, il tombais sur la couverture de Star Club, de Star mag, de star truc et machin bidule, sur la pub pour Chanel, sur des portraits amateurs de Tom et lui, sur son book ouvert, et il relevait la tête, et ce qu'il voyait confusément sur la vitre vert sombre, presque noire, c'était son reflet, cette chose grotesque et flippée avec ses lunettes de soleil dans l'obscurité, c'était son reflet qui ne lui appartenait plus.

On le suivit toujours, on suivait sa voiture, et quand il lui arrivait de descendre simplement parce qu'il étouffait, pour prendre l'air, pour aller acheter lui-même ses cigarettes, on l'interpellais, on sautillais pour apercevoir son profil, pour vérifier que oui, c'était bien lui, et on lui disait : « Eh, eh, c'est toi, hein ? », il répondait : « Non, vous devez faire erreur », et d'autres passants se retournaient, et le reconnaissaient, et c'était généralement à ce moment qu'il se retrouvais nez à nez avec lui-même sur une paroi d'abribus, « Je le savais que c'était toi !! », et Bill disait, « Eh ouais, c'est moi, et qu'est-ce que ça peut bien te foutre ? », et la fille lui répondait « Eh, c'est comme ça que tu parles à ton public, conard ? », alors, Bill remontait rapidement en voiture et il envoyait quelqu'un lui acheter ses putain de clopes avant qu'il n'y ait une émeute pour le voir.

Il fuyait les rues, les bains de foule, mais à l'hôtel, ce n'était pas mieux.
Ces regards en coins, fixes, ces remarques qu'on ne se donnait même pas la peine de faire à voix basse.

_ Oh, vous avez vu comme il est maigre !
_ Il est camé.
_ Anorexique.
_ Malade.

Bill : Tom, t'as déjà remarqué qu'on ne se permet de monter du doigt que les choses, les chiens, et les gens connus ?

Tom semblait avoir pris l'habitude.

Pas lui.

Et pourtant, il ne pouvait pas dire qu'il était malheureux.

Parfois, il repensait à Magdeburg, à ses nuits blanches à la fenêtres, rêvant de célébrité et de reconnaissance...
Il se voyait comme quelqu'un d'autre, comme si c'était un film, il voyais sa silhouette, son visage, qui n'avait pas connu cet immonde fond de teint quotidien avec lequel on lui tartinait la gueule, il était encore blond, il avait figure humaine, et pas ces joues creuses et de toute façon retouchées de malade déjà un peu accro aux amphet' et au LSD, avant, il avait les yeux lumineux d'illusions.
Gros plan sur son visage, on voit maintenant son ancienne maison, et toujours lui, rien qu'une ombre qui se découpe, et qui devient de plus en plus petite, le ciel entre dans le champ, rien qu'un con qui rêve à sa fenêtre sous les étoiles.

NOIR.

Séquence suivante, il n'y a plus d'étoile, et le con à finis de rêver. Il se bourre de cachet contre le stress, depuis qu'il à découvert ça, quelques jours plus tôt.
Le voilà, le petit chanteur de Magdeburg dont tout le monde se moquait.

Maintenant, tout le monde l'admire.

Sauf lui-même.

Il ne sait plus qui il est.

Il emmerde le monde entier, du haut de tout ce qu'il à gagné, avec ses montagnes de fric et tout ce désir qu'il suscite, il va à des conférences de presse, le petit chanteur, dans sa grosse bagnole climatisée qu'il n'a même pas à conduire, pendant qu'une assistante lui lime les ongles et qu'un gros baraqué surveille d'un œil mauvais les fans, il regarde son visage aussi grand qu'un immeuble, translucide comme un idéal, de chaque côté de la route, et il boit comme un trou, pour oublier qu'il s'est trompé de rêve.


POV Bill : Y a toujours des milliers de bras tendu, de cris, de larmes quand je passe quelque part.
Je vis dans des hôtels, où dans un bus, jamais dans une vrai maison avec des parents, de la famille, des amis...

Sur mon passage on hurle, on crie.
Je suis perdu dans une autre vie, pas celle que je me voulais, pas la mienne.

Je n'sais même plus qui je suis !

J'ai beaucoup d'"amis"... Tellement... Mais qui sont les vrais ? Où ils sont eux ?

Y a plus personne qui me connaît vraiment, plus personne qui m'aime pour ce que je suis en vrai...

Pour tout le monde je suis juste un poster, une photo...

Ces séances de maquillage pour des photos qui seront de toutes façon retouchées, où on me plâtre le visage, où je suis obligé d'aller aux toilettes pour m'en enlever la moitié sous le robinet...

Quand je me vois en couverture de magazines je me reconnais même pas...

Apparences...Tout n'est qu'apparences...

Quand je demande à David que Georg et Gustav puissent en placer une de temps en temps dans les interview et qu'il répond en me traitant d'imbécile « C'est toi la star, on en a déjà parlés, tu as une idée du temps qu'il m'a fallu pour qu'on voie ta tête dans tous les magazines ?... »

C'était pas ça que je voulais moi...

Je voulais avoir un groupe, chanter, m'amuser...

Des concerts, des fêtes, encore des concerts et d'autres fêtes...
Toujours le même refrain...

Règle numéro 1 : Dans ce boulot, la vraie vie, c'est chiant.

Et après, ça, ça m'a tué quand il m'a dit ça... « On est pas là pour faire du grand art, on est là pour gagner de l'argent.
La maison de disques ne sort pas nos CD pour... comment tu dis déjà ?
Défendre les intérêts des jeunes ? Non, ils sont là pour faire du profit.
Plus vite tu le comprendras, mieux tu te porteras. On touche les gens par tes textes assez pour qu'ils investissent une vingtaine d'euros dans tes albums, merde grandis un peu Bill... »

J'ai cru que j'allais le tuer...

C'était pas ça non plus que je voulais...
Rien ne ce passe comme je le voulais en fait...

Bill pleurais à gros sanglots étouffés.

POV Bill : Et puis avec Tom...
Devoir se cacher tout le temps...
Le rejoindre tard le soir quand tout le monde dors, ouvrir sa porte doucement, et le regarder gratter sa guitare puis lever la tête et m'accueillir dans un sourire...
J'aime bien cette relation secrète...
Ça fais qu'il y a pas de routine...

Et après, l'un contre l'autre dans son lit, on a aucun mal à s'imaginer qu'on est un vrai couple. Qu'on a pas besoin d'échanger des baisers volés dans les loges et les couloirs déserts... Qu'on peut marcher dans la rue main dans la main...
Mais on doit toujours vérifier qu'on est seuls quand on veut s'embrasser...

Bill chassa du pouce les larmes de ses magnifiques yeux noisettes.
Il se leva, fourra ses mains dans les poches de son treillis et se balança d'un pied sur l'autre.

Il ne savait pas trop de quoi il avait envi.
Il se mit à marcher dans les rues désertes, regardant le sol défiler sous ses pieds, les larmes roulant sur ses joues.

Il marcha longtemps sous la pluie. Il ressassa ses idées noires en arpentant les chemins détrempés.
Sa vie était pire que tout ce qu'il avait put imaginer.

POV Bill : Une goutte de pluie vient de s'écraser sur mon front et elle m'a fait l'effet d'une larme tombant du ciel.
Est-ce que les nuages et les cieux pleurent sur moi, vraiment ?
Est-ce que je suis réellement seul dans ce monde gris et triste ?
Est-il possible qu'une autre personne pleure pour moi ?

Oh non...non....non, je deviens fou ! Aidez-moi !

Il marchait toujours, les mains dans les poches, lorsqu'il vit un homme appuyé contre un mur.

L'homme tenait quelque chose contre son bras que Bill ne pouvait pas voir.
Il s'approcha.

L'homme ne se retourna même pas vers lui, trop occupé par ce qu'il faisait.

Soudain, sa tête partit en arrière, et il soupira de bien-être.

Bill écarquilla les yeux.
Est-ce que c'était bien ce qu'il pensait ?

C'était peu être ça, la solution en fait...

Bill : Eh, combien tu veux pour me filer un shoot ?

L'homme : 75 euros. Tu sais t'en servir ?

Il n'avait même pas levé les yeux.

Bill : Euh... J'en ait encore jamais pris, mais je suis prêt à mettre le prix pour que tu m'apprennes.

L'homme : Ça marche, tu me files 100 euros et je te dis tout ce que tu dois savoir, plus un shoot d'enfer.

Bill : Ok.

L'homme : Je m'appelle Scott.
Suis-moi.

Bill suivit.
Il ferais tout ce que ce gars lui demanderais, pourvu qu'il lui donne la drogue la plus dure qu'il connaisse : de l'Héroïne.

Il était à bout, il voulait prendre quelque chose de vraiment fort, pour tout lui faire oublier.

Scott entra dans un hall de HLM désert et ouvrit un casier, en sortit un sachet de poudre blanche, une cuillère, une seringue, et un truc qui ressemblais à un réchaud.

Il s'assit par terre, et Bill fit de même.

Il prépara le mélange, fit chauffer dans la cuillère et injecta le tout dans la seringue.

Scott : Avec ça mon gars, tu vas partir comme une flèche, c'est moi qui te le dis !
Donnes ton bras.
T'as bien regardé comment je faisais hein ?
Toujours faire comme ça.
Vérifie bien que la seringue est neuve, c'est dangereux, et que la poudre est bien blanche, pour pas te faire refiler un mélange dégueu.
Tu fais tout chauffer, tu met quelques gouttes de citron, tu met dans la seringue.
Après, tu te fais un garrot et tu trouves ta veine.
Avec toi ça va être facile, t'es tout neuf.
Mais quand tu en aura pris un certain nombre, faudra aller la chercher ta veine !!
Tu avoir la peau dure comme du carton à force.
Comme moi...

Il tendit son bras vers Bill.
Il était bleuis, sale, dégueu et les veines étaient toutes explosées.

Scott : Tu vois, je peux plus me piquer sur ce bras là. Trop dur. Plus de veine.
T'es près ?

Bill hocha la tête.
Au point où il en était, plus rien ne comptait vraiment.

Scott se saisit de son bras, enroula un tissu très séré autour de son biceps et approcha la seringue de la veine.
Il piqua, Bill sursauta sous la douleur, mais se força à se calmer.
Le mec injecta le produit puis retira la seringue.

Le cerveau de Bill explosa d'un coup.
Une crampe épouvantable dans la région du cœur.
Un million d'aiguilles lui transpercèrent la peau du crâne.
Les bras et les jambes paralysées.
Les yeux fous.
La respiration coupée.
Le cœur qui fais mal...
Tellement mal...

La tête qui explose.

POV Bill : Putain... Mes yeux vont sortir de mes orbites c'est pas possible...

Et soudain, il se mit à saigner du nez.

Scott posa un mouchoir sous son nez et épongea le sang qui coulait à flots.
Il sourit, se leva et partit.

Bill appuya sa tête contre le mur, à peine conscient.

Il se coucha par terre en allongeant les jambes, essaya de détendre et de contracter alternativement ses muscles.
Mais il ne les commandait plus.
Il était trempé de sueur glacée qui lui coulait jusque dans les yeux.
Il avait froid, il tremblait.
Il avait la bouche et la gorge horriblement sèches. Et pourtant sa bouche était pleine de salive. Il n'arrivait pas à l'avaler. Alors il se mit à tousser. Plus il faisait des efforts pour avaler cette salive, et plus il toussait.
Il fut pris d'une quinte de toux qui finissait plus.

Ses yeux se posèrent sur le sol, et tout se mit à tourner.
Les couleurs, les lumières... Rien n'était comme avant.
Tout était beau, joyeux, gentil avec lui.
Il se laissait aller et rit dans le noir froid de la rue déserte, ses mains et ses jambes bougeaient dans tous les sens au rythme d'une musique imaginaire.
Tout se mélangeait dans sa tête, plus rien n'avait d'importance, il faisait un super trip.

*-*

Quand il se réveilla, il était toujours allongé sur le sol glacé, le visage contre le carrelage, des crampes dans tout le corps, la tête qui menaçait d'exploser, et une très forte envie de vomir.

Il se leva en chancelant, le moindre de ses mouvement lui faisait souffrir la torture.
Il regarda autour de lui.
Personne.
Le jour n'était pas encore levé.
Il jeta un œil à sa montre.
4h11.
Ça faisait un peu moins de quatre heures qu'il était là.

Il se décida à rentrer à l'hôtel.

Le trajet fut très court, il ne s'en souviendrait plus.
Il marchait par automatisme, il se traînait, sa tête lui faisait tellement mal qu'il aurait préféré mourir.
Il n'avait même pas payé ce gars, Scott.

Il était gelé de la tête aux pieds.

Il rentra dans l'hôtel, monta directement dans sa chambre.

Tom dormait comme un petit bébé, il était si mignon...

Bill aurait dut être attendrit.

Il le savait.

Mais le fait est qu'il n'en avait rien à foutre.

Plus rien ne comptais.

Il alla dans la salle de bains, prit une douche rapide et en sortit en titubant.
L'eau chaude n'avait pas calmé ses douleurs.
Il s'assis sur son lit, observa la nuit au dehors.
Il éteint la télé, Tom dormait toujours la télé allumée quand Bill n'était pas là.
Ses yeux étaient dans le vide, sa bouche entrouverte, sa respiration saccadés.
Il tremblait.


POV Bill : WAOUH !! J'ai adore! Je recommence dès demain.
Au moins, je me souviens de rien, je suis vraiment partit, c'était génial.
J'en ait très envie.
Je crois que je suis déjà dépendant... Je savais pas que ça arrivait si vite...

Il s'allongea contre Tom, posa sa tête dans son cou et ne tarda pas à s'endormir, bercé par la chaleur rassurante du corps de son frère adoré.

*-*

Lorsqu'il se réveilla, la première chose qu'il réussi à voir à travers le voile devant ses yeux fut du sang. Partout. Tout autour de lui.
Il releva légèrement la tête pour voir d'où il venait.

Tom : Chuuut...
C'est rien, t'as saigné du nez, je suis là, t'inquiète pas...

Bill reposa lourdement sa tête dans les oreillers.

Bill : Quelle heure il est ?

Tom : Il est neuf heures.
Tu m'as fais super peur.
Je me suis réveillé y a une heure et t'avais du sang partout, alors j'ai essayé de te réveiller mais j'y arrivais pas, j'ai commencer à sérieusement flipper tu sais. Mais bon, t'es réveillé maintenant alors ça vas.

Bill : Hmmm...

Tom : Qu'est-ce que t'as fais hier ?
T'es couvert de bleu.

Bill : J'ai glissé sur le trottoir, comme il pleuvait, c'était glissant donc voilà...

Tom : Tu veux manger ou boire quelque chose ?

Bill : Je sais pas...

Tom passa tendrement sa main dans ses cheveux et déposa un baiser sur sa joue.

Tom : Je vais te faire un chocolat chaud d'accord ?
T'es brûlant, t'as du choper la crève dehors.

Tom s'activa, changea les draps, donna à manger à son frère, lui fit sa toilette...

Bill était dans les vaps, il délirait de temps en temps sur un mec bizarre, Tom ne comprenait pas un mot de ce qu'il racontait. Ça n'avait aucun sens.

Bill fut incapable de moindre effort toute la matinée.

Tom veillait sur lui, mesurait sa fièvre, épongeait son front, lui tenait la main...
Il faisait tout ce qu'il pouvait.
Il se sentait un peu coupable d'avoir laissé sortir Bill hier avec la pluie qui tombait.
Celui-ci avait du choper la grippe ou quelque chose du genre.

Vers deux heures de l'après-midi, ils rejoignirent Gustav et Georg pour une séance photo.

Bill fut maquillé dix fois plus que d'habitude, et personne ne vit qu'il était complètement mort.

Le soir, ils devaient sortir dans une boîte super branchée.

Bill se sentait un peu mieux, sa crise était passée, et il savait que dans le club, il trouverait autant de drogue qu'il le voudrait.

Il se lava, s'habilla et fit tout pour montrer à Tom qu'il allait beaucoup mieux, que c'était passé.

Ils sortirent donc.

A peine arrivés, Tom fut assaillis de jeunes filles.

Bill parcouru la salle des yeux et aperçus Lily et Rob, deux junkies assis à la table. Rob agitait de la poudre sur une fine bande de papier. Il se rapprocha.

Lily : Super !

Rob tendit la feuille à Lily. Elle gratta une allumette, qu'elle plaça dessous. Une odeur douceâtre et épaisse s'éleva, puis de la fumée blanche.

Lily approcha la feuille de sa bouche et fit : « Glop ». Puis elle aspira la fumée blanche et pinça les lèvres. Ensuite elle retint sa respiration pendant des heures, avant de souffler lentement. Elle souriait.

Lily : Je me sens bien dit-elle.

Bill : Qu'est-ce que c'est ?dit Bill intéressé.

Lily : De la cocaïne !

Bill : De la cocaïne ? Non, c'est pas vrai !

Rob prépara une nouvelle feuille.

POV Bill : C'est une junkie, c'est une junkie, c'est une junkie...

Il savait comment ça arrivait. On essayait une fois et c'était foutu, on devenait accro pour la vie.
Mais tout le monde était en train de le faire, il ne pouvait pas refuser. Et puis Tom n'était pas dans les parages.
Bill hésita quelques secondes.
Qu'aurait fait Tom ?
Il ne l'aurait très certainement pas fait.
Mais il n'était pas Tom.
Et il en avait envie.
Et il en avait mare de sa vie pourrie.

Lily : C'est pas avec un peu de cocke que tu va devenir accro !

POV Bill : Qu'est-ce que j'ai à perdre ? De toute façon les cachets font plus trop effet.

Alors quand Rob lui en proposa, il accepta. Il alluma une briquet, le plaça sous la feuille, et il regarda la poudre blanche se transformer en une petite pâte marron qui roulait le long de la pliure.
Puis il dit « Glop » et....

Alors il sniffa cette nouvelle drogue, son nez lui fit mal instantanément, ses yeux lui piquèrent, mais il continua et sniffa jusqu'au dernier rail.

Rob : Eh ben mon gars ! T'en veux toi hein ?

Bill sourit niaisement, paya Rob, se leva et alla danser comme un dingue sur la piste.

Tom pendant ce temps répondait aux questions de ses admiratrices, signait des autographes et n'avait pas vu le petit manège de Bill.

Soudain il le vit monter sur la piste et se déchaîner comme un fou.
Tom sourit.
Oui, apparemment, il allait mieux.

FIN CHAPITRE 30

 

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