CHAPITRE 37


Bill se réveilla avec un goût métallique dégueu dans la bouche.
Tom était sortis, il avait laissé un mot sur la table de nuit.

« Je suis sortit me balader, je te laisse te reposer j'espère que tu vas mieux, je rentre vers midi, je t'aime.
Tom. »

Il était 10h30, Bill était tranquille pendant une heure et demie.

Il s'assit sur le lit, regarda ses mollets tous griffés et soupira. Il appuya sa tête contre le cadre du lit et ferma les yeux.
Il essaya de faire le point.

POV Bill : Je m'appelle Bill Kaulitz.
Je suis presque heureux.
Il paraît que j'ai tout : je suis jeune beau, riche, célèbre ;
Des populations entières doivent rêver d'être moi.
A ça près.
Je suis jeune, beau, riche, célèbre et lucide.
Et ça, c'est le détail qui fout tout en l'air.

Ma vie n'est que luxe, calme et volupté ; j'ai un copain de rêve, un groupe de rêve, des voitures de rêve (enfin les voitures de vos rêves) et plus de fringues que Madonna, dix mille CD, je sors tous les soirs dans les meilleures boîtes, je mange et je dors jamais chez moi.

J'ai dix-huit ans.

Je ne porte que des jeans de créateurs, j'ai toujours les cheveux ébouriffés et les yeux maquillés.

Je suis un artiste.
Et mon œuvre, c'est moi.

Ma personne, mon copain, mes fringues, mes voitures, mon mode de vie, mon attitude révèlent de l'exceptionnel, je ne fais rien comme tout le monde, ou alors je le fais mieux.

Je me réveille tous les jours à midi, je vais déjeuner dans ces endroits que vous ne connaissez pas, puis je vais faire les boutiques, puis je fais une petite répèt' avec le groupe ou alors un concert, ensuite on sort.

Je suis un con.

Un sale petit con qui se la pète du haut de ses dix-huit ans et de ses millions.

Millions d'euros, millions de fans, millions de tout.

J'ai tout, et en trop.

Donc à cause de tout ça, pour suivre le moule, j'ai commencé à me droguer.

J'en suis là.

Je deviens de plus en plus agressif. Mon alimentation devient de moins en moins variée, et je dois me forcer : fromage blanc, yaourts, poudings...
C'est tout ce que je peux avaler, mon estomac ne supporte plus rien d'autre.

J'ai perdu douze kilos en trois semaines.

Ma peau est blanchâtre, presque translucide à certains endroits. Mes joues sont toutes creusées.

J'ai passé quelques jours dans le cirage. Je ne pense à rien, je ne me rends compte de rien. Je suis totalement replié sur moi-même, mais je ne sais plus trop qui je suis.

Il m'arrive même de me demander si je suis encore vivant.

Tom commence à me regarder bizarrement, il sait que quelque chose ne va pas.

Je fonctionne par automatisme. Je souris quand il faut sourire, je signe où il faut signer, je chante ce que je dois chanter.

Maintenant je ne suis a peu près heureux que dans les moments où je rêve, et où je rêve que je suis quelqu'un d'autre.

Il y a aussi les moments où je fais l'amour avec Tom bien sûr, mais ces moments se font de plus en plus rare, je suis beaucoup trop mort pour ça.

Il se rappelait vaguement et par fragments la nuit dernière, mais il chassa rapidement tout ça de sa mémoire.

Un mois et demis déjà qu'il avait pris son premier cachetons, un mois qu'il prenait des drogues dure.

Parfois il avait l'impression que c'était hier, d'autre fois que ça durait depuis toujours.

Depuis le premier shoot, il n'avait fais l'amour – avec Tom – que quatre fois maximum.
Par contre avec les autres...
Il ne s'en souvenait même plus.
Mais il couchait régulièrement avec des junkies comme lui, d'ailleurs la plupart du temps les deux s'endormaient avant d'avoir finis...

Il secoua la tête de gauche à droite pour oublier tout ça aussi.
Il ouvrit les yeux.
Et les re-ferma immédiatement.
La vie lui faisait trop peur.
Il prit en tâtonnant le tube qui contenait sa coke dans le tiroir de la table de nuit, fut rassuré de le sentir entre ses doigts et le versa entièrement dans sa bouche.
Voilà.
Maintenant, il pouvait ouvrir les yeux.

POV Bill : Ce soir j'ai quatre dîners.

L'un est au profit d'une association caritative aux Bains, le genre de soirée où vous portez un costume à trois SMIC et où vous vous goinfrez la conscience en paix puisque vous êtes là et que grâce à votre présence et aux cinq cent balles que vous à coûté l'entrée vous allez sauvez trente enfants africains.

J'irais pas à ce dîner, les Bains, c'est trop loin.

Je suis également invitée aux vingt ans de Sultan.
Sultan, c'est pas un cheval ni un chien, c'est un « ami d'enfance » et je croyais que j'avais enfin réussi à le perdre de vue mais il persiste à me convier tous les ans à ses anniv'.

Faire le mort.

Troisième invit', le sempiternel before chez Chris, avenue Montaigne, on commande chez Diep, on boit quelques verres et on tape quelques traits pour se mettre en condition avant la boîte.

J'envisage même pas d'aller au quatrième dîner organisé par un producteur de film porno qui veut nous faire rencontrer ses acteurs.

Il est cité pour sa valeur additionnelle, je suis vraiment demandé.

En fait j'ai quatre dîners, mais tous plus emmerdants les uns que les autres et je sais pas quoi faire.

J'ai envie d'aller au Market, un nouvel endroit, mais j'ai aussi envie de manger des sushis, en revanche pas chez Nobu et je veux boire des chopes de vodka au malabar rose qu'on ne sert qu'au Zo et au Bindi, et pourquoi pas un poulet au coca.

Par ailleurs si j'entends un serveur prononcer l'expression « de suite » au lieu de « tout de suite » et si je lis sur une carte le mot « juste » : « juste un verre de jus de carotte minute » ou « juste un peu de parmesan » je suis capable de commettre un meurtre.

Tom se faufila derrière Bill, appuyé contre la fenêtre.
Il l'enserra tendrement de ses bras et posa sa tête dans son cou.

Tom : Tu sais de quoi j'ai envie, là ?

Bill : Hummm... Nan...

Tom laissa glisser ses mains sur la taille de son frère et caressa doucement un moment avant de les faire passer sous son T-shirt.

Tom : Tu vois toujours pas... ?

Bill : Ecoutes Tom je...

Tom embrassa doucement sa nuque. Ses mains caressaient si tendrement...
Bill ferma bien fort ses yeux de frustration.

Bill : Je suis pas trop en forme là...

Tom : Oh Bill...

Les mains de Tom se firent encore plus douces et câlines. Il embrassait encore plus sensuellement sa nuque.

Bill : Nan mais vraiment Tom là je...

Tom : Biiiill... Ste plaît... J'ai très envie là...

Bill : Mais... Pas moi... Allez...

Tom : Bill...

Ses mains descendirent lentement sur son aine, puis sur le devant de son jean...
Bill se mit immédiatement et bien malgré lui à régir.

Tom : Aaaah... J'en attendais pas tant...

Bill : Tom arrête...

Tom : Mais tu vois, t'en as envie aussi...

Bill : Nan, pas maintenant. Plus tard...

Tom : Avec toi c'est toujours plus tard Bill...

Bill : Oui mais...

Tom : Bill, t'en as envie, mes mains le sentent tu sais !
Allez... Laisse toi aller... De quoi t'as peur ?
T'étais pas comme ça avant, t'étais toujours partant.
Qu'est-ce qui te dérange là ?

Bill : Mais rien... j'ai pas envie c'est tout.

Tom plaqua Bill un peu plus fort contre la fenêtre et fit clairement sentir à Bill qu'il en avait vraiment envie, même à travers son jean.
Il se mit à pousser de petits gémissements dans les oreilles de son frère pour l'exciter un peu plus.
Il déposa une foule de baisers sur les joues de son amant et le serra plus fort contre lui.

Bill : Nan mais Tom...
Allez...
Laisse-moi...

Tom : Nan, je refuse de laisser passer un moment pareil.
Attends, on est seul, on à toute l'aprèm pour nous, personne pour nous déranger...
Qu'est-ce que tu veux de plus ??

POV Bill : Un rail de coke et que tu me foutes la paix ??

Bill : Que tu me laisse et que t'arrête de me harceler comme ça.

Tom : Tu sais quoi ?
En fait ça m'excite grave quand tu fais style comme ça que t'es pas d'accord.
C'est ultra bandant...

POV Bill : C'était pas vraiment l'effet voulu...

Tom attrapa fermement Bill par les hanches et le retourna.
Il plaqua ses lèvres contre celles de son jumeau et l'embrassa fougueusement.

Bill résistait tant bien que mal, mais cela semblait exciter Tom encore plus.

Tom : Han putain on devrait faire comme ça plus souvent...

POV Bill : Putain mais ce con pense vraiment que je fais exprès !!

Tom continua de l'embrasser un moment, puis, persuadé que Bill était plus que partant pour faire l'amour, il l'étendit doucement sur le lit.
Tous les signes extérieurs étaient là pour l'induire en erreur : Bill avait déjà une bonne érection et tout son corps frémissait au moindre baiser, à la moindre caresse.
Comment aurait-il put penser que Bill n'était pas d'accord.

Il se positionna entre les jambes de son frère et entama de l'exciter encore plus par quelques mouvements de bassin bien placés et quelques coups de langue enivrants.

Bill ne pouvait rien faire d'autre que d'essayer de se dégager et gémir sous les attentions si agréables de son frère, faisant persister l'illusion de celui-ci que Bill jouait la comédie pour l'exciter.

Bill : Tom... Lâche-moi maintenant, c'est bon là...

Tom : Ah, tu vois, c'est bon !

Bill : Pas dans ce sens là !! Allez Tom !

Bill essaya de se concentrer sur les aspects positifs de la situation.
Tom était en train de l'embrasser dans le cou.
Il embrassait fabuleusement bien, au point de lui faire oublier des trucs assez importants : l'heure qu'il était, comment il s'appelait ou sur quelle planètes il vivait...

Ou d'autres, encore plus importantes : il était totalement défoncé à l'héro, il allait être en manque d'ici une petite demi heure, il était trop maigre et Tom allait s'en rendre compte...

Bill : Tom... Tom... Nan ste plaît...

Tom : Je t'aime.
J'adore quand tu fais ça...

Tom le regarda dans les yeux et l'embrassa tout doucement, fit glisser sa main sur son ventre et détacha les bouton de son jean.
Par réflexe Bill l'aida à retirer son pantalon.
Bien malgré lui.

Après avoir lui aussi enlevé son jean Tom revint vers les lèvres de Bill et l'embrassa langoureusement.

Le jeune homme lui rendit son baiser.
Leurs langues s'effleurèrent tandis que les mains de Tom saisissaient tendrement le visage de Bill et que les mains de Bill exploraient chaque centimètre carré du corps de Tom, caressant son dos, palpant son estomac et malaxant ses cuisses.

Les pouls des jeunes hommes s'accélérèrent. Leurs cœurs battaient à la vitesse du son. La bouche de Tom se fit de plus en plus avide et Bill sentit ses doigts se glisser sous son T-shirt.

« Tu es trop maigre... Il va sentir tous tes os... Ne le laisse pas faire... »
Bill se détacha lentement de Tom, malheureusement, sa conscience avait raison.

Bill : Allez, c'est tout laisse-moi...

Tom : Oh que non !

Il lui arracha à moitié son T-shirt et lécha goulûment tout son torse en le faisant gémir de plaisir.

Tom : Dis-donc, t'as un peu maigris toi hein ?

POV Bill : UN PEU ????????

Bill : Nan, c'est rien t'inquiètes...

Tom retira son boxer et celui de son frère et se mit à califourchon sur lui en caressant son torse.

Tom : Allez, retournes-toi...

Bill : Non Tom ça suffit maintenant, je t'ai laissé t'amuser mais là j'en ait marre.

Tom : Oui oui, c'est ce que je vois, dit-il en souriant et en baissant les yeux vers l'érection de Bill.

Il attrapa ses poignets, se souleva légèrement de son frère et le tira pour le mettre sur le ventre de force.
Bill se débattit mais il ne faisait plus du tout le poids face à Tom.
Il se retrouva donc allongé sur le ventre.

Bill : Tom s'il te plaît fait pas ça. J'en ait pas envie... ste plaît, ste plaît... Non non non...

Tom tendit le bras pour attraper le tube de lubrifiant puis s'installa sur Bill de tout son long. Il attrapa le lobe de son oreille et se mit à alterner baisers et léchouilles. Il commença à balancer son bassin d'avant en arrière contre Bill qui ne savait plus quoi faire pour l'empêcher de lui faire l'amour.

Bill : Tom stop ça suffit j'ai dis, je rigole pas, je fais pas ça pour t'exciter, j'en ait VRAIMENT pas envie !

Tom : Chuuuut...

Il s'appuya sur le matelas et le pénétra en douceur en embrassant son dos.
Bill soupira de bien-être.
Pourtant il n'en avait pas du tout envie. Alors pourquoi tout son corps réagissais à l'inverse de son cerveau ?

Bill : Je veux pas, je veux pas, je veux pas...

Tom entama des lents va et viens et s'agrippait aux poignets de son amant en gémissant.
Bill quant à lui fixait un point sur l'oreiller pour s'empêcher de pleurer et se mordait la lèvre.
C'était trop horrible.
Il avait l'impression de se faire violer.
Ça n'était pas agréable. Pourtant il savait bien que ça aurait dut être le cas. Mais pas là. Pourquoi ? Alors même que son corps en redemandait, son cerveau hurlait de douleur.
Des larmes se mirent à couler sur ses joues creuses. Tom allait plus vite et plus profond maintenant et il gémissait tout contre lui. Bill avait la tête prête à exploser. Il serrait les oreillers de toutes ses forces et tentait de penser à autre chose.

POV Bill : Non non non non... Il a pas le droit... Je... Veux... PAS !!!

Tom criait à présent des mots d'amour entrecoupés de râles de plaisir et Bill hoquetait sous les coups de reins puissants de son frère.
Il se mit lui aussi à gémir plus fort malgré la douleur mentale, le plaisir physique dominait.

Tom accéléra encore ses coups de reins et Bill les accompagnait machinalement, par habitude.

Tom donna un dernier coup de reins et laissa jaillir son sperme, collé contre les fesses de Bill, qui jouit à son tour quelques secondes plus tard.
Il s'essuya rapidement les yeux et se retourna vivement, laissant tomber Tom sur le matelas. Il attrapa un draps et s'enroula dedans avant de se diriger vers la salle de bains.

Tom : Waouh... C'était... C'était génial... Non ?

Bill : Si si...

Il s'enferma dans la salle de bains et se colla contre la porte en se laissant glisser sur le sol.
Il ramena ses jambes contre lui et posa son front sur ses genoux.

POV Bill : Ça c'est très TRES mal passé. Oh mon dieu. Plus JAMAIS ça. J'ai...besoin...TOUT DE SUITE...de ma COKE ! ! !

Il se releva tant bien que mal, sortit sa seringue de sa cachette dans la pharmacie, puis le sachet plein d'héroïne, la cuillère et le réchaud.

Il allait se préparer un bon shoot bien dosé et ça irait mieux.
Il serra bien fort son garrot, fit chauffer le mélange, tapa sur ses veines pour les faire ressortir et se piqua la veine du coude droit en serrant les dents de douleur.
Il appuya sur la seringue jusqu'à la dernière goutte puis s'effondra sur le sol.
La seringue était toujours plantée dans son bras, il en avait vaguement conscience, puis, tout devint flou et il s'évanouit.

Tom : Bill, c'est quoi qu'est tombé ? Bill ?? Oho, Bill !!
...
Ok, c'est ça, réponds pas... Bon, je descends avec les gars, rejoins-nous...

Bill entendit confusément la voix de Tom et se força à revenir à la surface.
Il arracha la seringue de sa veine, enleva son garrot et rangea tout son matériel.

Il tituba vers le miroir et se remaquilla pour avoir l'air un peu humain, se recoiffa et sortit.

Tom : C'était quoi le bruit tout à l'heure dans la salle de bain ?

Bill : Rien, j'ai fais tomber le pommeau de la douche.

Tom : Ben pourquoi t'as pas répondu ?

Bill : J'sais pas, j'ai pas entendu...

Tom : Ça m'a vachement plu tout à l'heure...

Bill : Ouais ouais, moi aussi...

Tom : Ben dis-donc, ça à l'air !

Bill : C'était bien je te dis, qu'est-ce qu'il te faut de plus ??

Tom : Un sourire ?

Bill regarda son frère et lui sourit exagérément en grimaçant.

Tom : Ok, comme tu voudras, en tout cas, moi j'ai adoré.

Bill : Bon ben ça va on vas pas en parler toute la soirée !

Tom : Euh... Non, non d'accord...

Gustav : Hey, les mecs, vous savez ce qu'on fais de gééééniiiaaal ce soir ???
On va à la soirée d'André Putmani, vous savez, le créateur bidon ?
Et chiant aussi.

Georg : Et con.

Tom : Mais surtout c'est ses fêtes qui sont emmerdantes quoi !
Putain pourquoi, mais POURQUOI on est obligés d'assister à ces fêtes pourries ???

Gustav : Pour « ce faire voir et ainsi gagner en notoriété ». Texto ce qu'à dis David.

Tom : Et ben David moi j'me l'enfile, et à sec.

Bill : Excusez-moi, j'émerge juste, c'est qui ce... André ?

Tom : C'est un créateur tellement dans le vent, qu'il t'attrape deux merdes, les met dans du papier d'alu, y fixe deux hameçons et les vend à la reine d'Angleterre comme boucles d'oreilles !

Bill : Ah.
...
Et pourquoi tu veux enculer David sans lubrifiant ?

Tom et les deux autres ouvrirent des yeux ronds.

Tom : Euh... Bill ? Je déconnais hein, je déconnais !

Bill : Ah.

Gustav : Ok...

Georg : Bon ben on y va ?

*-*

La boîte est bondée et Bill avait l'impression que tout le monde portait des masques, et que tous ces masques le fixaient sans arrêt.

Pendant dix minutes, il faudra dire bonjour à tout le monde, après il pourra se réfugier à sa table et tourner le dos à toute cette foule qui le dévisage.

POV Bill : Pfff... Y a toujours les mêmes mannequins, et les même bookeurs ou soit-disant bookeurs habillés n'importe comment, c'est normal, c'est Fashion Week et une idée flotte dans l'air, et obsède les gens à tel point qu'elle devient perceptible... FUCK ME I'M FAMOUS !!!!
Tout le monde à l'air défoncé et je sais, je SAIS que toutes les filles se sont trouvées AFFREUSES, en se réveillant ce matin, et que toutes attendent un coup de fil qu'on ne leur passeras jamais. Et je me demande pourquoi je pense à ça, sûrement l'héro, tiens, c'est mon bouc et ... bouc et... bref, bouc et truc cette héroïne en ce moment, tout est sa faute non ?
Et je me demande encore une fois ce que je fais là, alors que j'aurais pu rester tranquillement à base de tranquillade dans ma chambre à regarder Fashion TV, et puis, ça va mieux quand je me rends compte que si on demandait à toutes les personnes présentes ce qu'elles foutent là, la moitié d'entre elles fondraient en larmes sur le champs.
L'autre moitié répondrait impatiemment : « Bah, parce que c'est Fashion Week !?! » ou encore : « Because, it's Faaaashion Weeeek ! » mais ce sont les mannequins, il ne faut pas trop leur en demander, les pauvres elles sont crevées, elles ont défilé toute la journée, de toute façon, elles repartent à New York dans deux jours et elles nous feront plus chier jusqu'à la saison prochaine.

Il faisait chaud et tout le monde parlais anglais, qu'importe, trois vodka et quelques cachets et rien ne compte plus.

Tom se dirigea vers la table où était assis Bill.

Tu m'accompagne aux toilettes, j'ai serré la main d'André Putmani, faut absolument que j'me lave !

Bill : Ah....Ok.

Il se dirigèrent tous les deux jusqu'aux toilettes et Tom referma la porte à clés pour ne pas être dérangé en train d'insulter leur hôte de merde.

Tom : Putain, plus que jamais il a une tête de pine !

(Tête de pine, nom féminin : connard insensible, arrogant, chiant.
Généralement, mais pas toujours, petit et chauve. Se prend pour le mec le plus bandant de la pièce.)

Bill : Qui ça ??

Tom : Ben ce con de créateur là...

Bill avait la tête renversée sous le sèche-mains pour son plein de volume de cheveux, mais il acquiesça sagement aux propos de Tom, nonobstant à l'envers.

Tom : Tu m'fais trop rire comme ça ! Allez, on y retournes.
Et puis faut que j'te présente quand même... Faut que tu vois ça !!

André : Aloooors les jeunes... ! Comment ça va ??

POV Bill : A part que je suis au deux doigts de gerber, de l'overdose, du suicide, du coma éthylique et de commettre un meurtre, ça va.

Tom : Çaaaa vaaaaaaaaa, et toiiiiiii ???

André : Mais bien, bien, parfaitement, génial, great !

Tom : Bon ben c'est cool alors, allez, Bill, on y va hein, à plus André !

Les jumeaux se retournèrent mais eurent le temps d'entendre André insulter Bill en marmonnant.

Bill : T'as entendu de quoi il m'a traité Tom?!

Tom : Ouais putain !!! De tas de fumier puant !

Bill : Mais... mais c'est une insulte Tom!

André : Pas obligatoire Bill ! Sais-tu que dans certaines contrés le fumier est utilisée comme source d'énergie ?

Bill : Le fumier est utilisé comme source d'énergie ?

André : Hinhin.

Bill soupira de contentement.

Bill : Ah ça va alors. Tu me rassures Andy.

Tom : Nan mais enfin Bill !!!! Tu va pas le laisser se foutre de ta gueule ce connard !!!

André : Qu'est-ce que tu insinue ?

Tom : Je n'insinue rien, je dis carrément que tu entres dans cette catégorie d'assistés dont le vocabulaire se limite à "Moi Tarzan, toi Jane. Ba be bi bo bu" et ne peuvent compter jusqu'a dix que pieds nus ou à la rigueur en sandales.
Voilà.
Connard.
Allez viens Bill.

Ils retournèrent s'asseoir, Bill ayant la désagréable impression d'avoir loupé un wagon, voir même le train entier, voir même l'invention de la locomotive à vapeur.

Pendant ce temps, André était monté sur une estrade et présentait son nouveau projet.
Bill s'avança pour essayer de voir à quoi ça ressemblait, et faire ainsi semblant de s'intéresser à quelque chose.

André : Le centre André Putmani, pour les enfants qui lisent pas génial !

Bill : Mais qu'est-ce que c'est ? Un centre pour fourmis ?

André : Quoi ?!

Bill : Comment pouvez vous espérer apprendre aux enfants à lire, s'ils n'arrivent même pas à entrer dans l'immeuble !

André : Ce n'est qu'une maquette !

Bill : Il n'y a pas d'excuses qui tiennent ! Le centre doit être au moins... Trois fois plus grand que celui-ci !

André : Y'a une chose qui est sûr c'est que toi, tu es très très très atteint !

Bill haussa les épaules et revint s'asseoir avec ses amis, un peu triste quand même pour ces pauvres enfant qui ne pourraient même pas rentrer dans leur centre.

Georg : J'ai trouvé une bombe ! Une bombe ! Elle a les yeux qui crient braguette, elle est chaude comme une baraque à frites ! J'ai jamais vu ça, c'est de la dynamite !

Gustav et Tom se mirent à rire en regardant Georg se jeter sur une jolie fille accoudée au bars et reprirent leur conversation.

Bill s'éloigna et alla se caler dans un coin tranquille, à l'abris des regards.

Peine perdu un gars passa, et le voyant les yeux errant demanda :

- Peut-on savoir ce que vous faites ?

Bill : Je rêve. Ca ne vous arrive jamais ?

- Jamais.

Le type partit et le brun sortit de sa poche un petit sachet.

C'était un comprimé verdâtre et rond. Il avait coûté 75 euros. Le packaging était très haut de gamme : un minuscule sachet en plastique d'un centimètre carré. Comme ça, le cachet fond dans la bouche, pas dans la main.

Avant de l'avaler avec une gorgée de Rhum-Coca, il hésita un instant. : impossible de savoir ce qu'il y avait là-dedans. Il faut faire confiance à des types qui ont trafiqué cette pilule dans des laboratoires clandestins, au fond d'une cave mal éclairée. Si ça se trouve, ils ont tripoté ce truc avec des mains dégueulasses.
Bon.
Il ne reste plus qu'à espérer que ces connards connaissent leur boulot. L'ecstasy, c'est encore pire que le saut à l'élastique. Chaque ecstasy est un plongeon dans le vide sans respect des normes de sécurité.

Il déposa le petit cachet dans sa bouche, avala puis attendis.

Soudain une vague de chaleur lui monta au cerveau. On aurait dit une décharge électrique, mais toute de douceur et de tendresse.
Il ne pouvait plus s'arrêter de sourire.

Toutes ses extrémités accueillirent cette onde de chaleur avec bonheur. Ses pieds et ses mains étaient plus légers que l'air.
Il était parfaitement conscient de ce qui lui arrivait, et contrôlait entièrement cette nouvelle énergie interne.

POV Bill : C'est amuuuuuuusant...

Il se leva, la montée continuait : il entendait dans ses oreilles un bourdonnement de bien-être. La vie lui parut tout d'un coup extrêmement simple : On naît, on rencontre des gens passionnants, on les aime, on discute avec eux, parfois on couche ensemble. La mort n'existait pas ; c' était une chouette nouvelle ça alors !

POV Bill : J'ai terriblement envie de parler. Je vais voir tous les gens pour leur dire à quel point je les trouve sympas. Même mes ennemis ont toutes les qualités. D'ailleurs c'est bien simple, des ennemis, j'en ai pas.
Je complimente tout le monde.
C'est un peu embêtant : Si Adolf Hitler était dans cette boîte de nuit ce soir, j'irais l'embrasser.

Il sortit prendre l'air.
Son ouïe s'était prodigieusement développée, il entendait le bruit des couleurs.
Des sons verts, rouges, bleus, jaunes, lui arrivaient par ondes parfaitement distinctes.

POV Bill : Dehors il pleut et chaque goutte caresse mon visage avec bienveillance. Je ne me suis jamais sentis assez à l'aise. Je n'ai plus de problèmes dans l'existence. Le monde est plein d'amis intéressants et d'aventures folles qu'il me reste à découvrir dans les heures qui viennent.
Je reviens à l'intérieur.
Je fais corps avec la musique.

Il avait très chaud, des bouffées de transpiration le submergeaient et lui donnait une envie irrépressible de danser.

POV Bill : Je compose des airs de house incroyable dans ma tête.
Je suis Wolfgang Amade-House !!!!

Lorsqu'il regarda l'heure sur son portable, il s'aperçut qu'il s'était écoulé deux heures en cinq minutes.

C'est alors que les ennuis arrivèrent.

Il s'aperçut soudain qu'il avait horriblement soif. Sa gorge était desséchée. Un mec, le voyant dans un sale état lui servit quatre grands verres d'eau qu'il avala cul sec.
Ses dents étaient serrées, ses mains très moites, les oreilles qui sifflaient...
Il se sentit oppressé. Il fallait absolument qu'il sorte de cet endroit étouffant.

POV Bill : Comment j'ai fais pour rester aussi longtemps sans respirer ?

Il sortit de la boîte.

POV Bill : L'oxygène de la rue me calme un instant, mais très vite je commence à PENSER.
C'est à partir de là que les choses se gâtent vraiment.
Tous mes problèmes, disparus depuis trois heures, me reviennent en tête à toute berzingue et j'ai un nœud atroce dans le ventre.
Je coure jusqu'au centre, je coure pour ne pas laisser à la pensée le temps de penser, mais ça c'est mise à penser tout de même.

Il rentra à l'hôtel dans l'espoir de s'endormir, mais c'était peine perdue : il n'avait absolument pas sommeil.

POV Bill : La seule solution constructive serait un suicide rapide par défénestration.
...
Non.

Il ne me reste plus qu'à attendre le jour en claquant des dents et en maudissant cette saloperie de drogue mensongère...
En plus y a rien à la télé à cette heure là : je contemple des chasseurs qui tirent sur des bestioles.
Ma principale distraction consiste à répéter deux mille fois « un chasseur sachant chasser sans son chien est un bon chasseur / un chasseur sachant chasser sans son chien est un bon chasseur / un chasseur sachant chasser sans son chien est un bon chasseur / un sacheur chassant sacher sans son chien est un bon chasseur... merde »...

L'ecstasy fait payer très cher ses quelques minutes de joie chimique. Il donne accès à un monde meilleur, une société où tout le monde se tiendrait par la main, où l'on ne serait plus seul.
Il vous laisse entrevoir tous vos rêves réalisés, et puis, d'un coup, sans prévenir, vous claque la porte au nez.

Il pensa à son frère qui avait l'air d'être heureux lui en tout cas.

Jamais Tom ne devait découvrir ce qu'il faisait. Il pensait même parfois à le quitter.

De toute façon qu'elle intêret de se bercer d'illusion, Tom et lui s'était impossible, personne ne comprendrait...

Les contes de fées n'existent que dans les contes de fées. La vérité est plus décevante, c'est pourquoi tout le monde ment.

POV Bill : Si seulement je touchais le fond ! Mais non. Je descends, toujours plus bas, et il n'y a pas de fond pour rebondir.

Il tâtonna du bout des doigts pour atteindre le sachet contenant ses cachet de somnifères et en avala une poignée.
Il se déshabilla et s'allongea dans le lit, envoya un texto à Tom pour le prévenir qu'il était rentré et s'endormit.

*-*

Il se réveilla, Tom n'était toujours pas rentré apparemment.

Bill se leva, alla chercher son manteau.

POV Bill : Dans les poches de mon manteau, j'ai récupéré un reste de cocaïne dans une enveloppe. Reniflé à même le papier kraft. Cela amortira le spleen. Il reste de la poudre blanche sur mon nez. Maintenant je n'ai plus sommeil. Le jour s'est levé, la France va se mettre au travail. Et pendant ce temps un adolescent attardé ne bougera pas avant des heures. Trop défoncé pour dormir, lire ou écrire, je fixerai le plafond en serrant les dents. Avec ce visage rougeaud et ce nez blanchi, j'aperçois dans le miroir un clown en négatif .

Il se rallongea, ses membres crispés si fort qu'il ne pouvait plus bouger.

FIN CHAPITRE 37

 

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