CHAPITRE 33


Jour après jour, Bill ouvrait les paupières avec confiance. Il s'extirpait de son endormissement comateux et tentait de percer l'obscurité de sa chambre. Il pensait à Tom. Et le garçon souriait dans le noir.

Bill partit. Il prit le premier bus qu'il trouva et s'en alla avec lui. Il était 5 heure du matin. Il se réjouissais d'avoir trouvé un bus à cette heure là.

Il s'était levé, avait marché avec précision sur le parquet glacé, en évitant les endroits bruyant et avait prit le petit sac qui contenait tout ce qu'il lui fallait pour se faire des shoots.
Il était passé devant la chambre de Tom, sans un bruit, se retenant de respirer. Sa main se posa délicatement sur la poignée et la porte s'était ouverte. Il avait posé son sac, et était rentré dans la chambre.
Tom dormait, les sourcils froncés.
Sur le coup il eu envie de le réveiller de se rêve qui avait l'air horrible. Ses doigts avaient parcourus une dernière fois sa joue puis il s'était levé et était partit.

Tout le temps où il avait marché dans la nuit, il n'avait fait que se retourner. Ayant la folle espérance que Tom courrait derrière lui, le prendrait dans ses bras et effacerai tout se mal avec un baiser.

Mais il avait beau se retourner sans cesse, personne n'était là. La rue était déserte. Seul les yeux d'un chat avait transperçait l'obscurité.

*-*

Voilà 2 jours qu'il était parti et il ne lui avait pas encore écrit. Il attendait un moment de calme, il n'y en avait plus. Il voulait lui écrire doucement, tranquillement par une belle matinée, le remercier du bonheur qu'il lui avait apporté, il était si bon, si doux : il était un cœur d'ange.
Il voulais lui parler seulement de son amour, ah !Tom, quel amour ! Jamais homme n'a aimé comme il l'aimait.

Il était perdu, noyé, inondé d'amour : il ne savait plus s'il vivait, s'il mangeait, s'il marchait, s'il respirait, s'il parlait : il savait seulement qu'il l'aimait. Il l'aime, sa chair et son sang ! Il mourait d'amour, d'un amour sans fin, sans nom, insensé, désespéré, perdu !
Tom était aimé, adoré, idolâtré jusqu'à en mourir ! Et non, Bill ne guérirait pas. Et non, il n'essaierait pas de vivre; et il aimait mieux cela, et mourir en l'aimant valait mieux que de vivre sans lui.

Il se souciait bien de ce qu'ils en diront.

POV Bill : J'en meurs, mais je t'aime, je t'aime, je t'aime. Qu'ils m'empêchent d'aimer !
Vois-tu, lorsque je suis parti, je n'ai pas pu souffrir, il n'y avait pas de place dans mon cœur, je t'avais tenue dans mes bras, ô mon corps adoré ! Je suis parti sans savoir ce que je faisais, je t'ai embrassé, je suis parti, je n'ai rien dit, j'avais le souffle de tes lèvres sur les miennes, je te respirais encore.
Maintenant c'est fini : je m'étais dit qu'il fallait revivre, qu'il fallait prendre un autre amour, oublier le tien, avoir du courage.
J'essaie, je tiens du moins. Je sais que tu veux bien de mon amour, ton cœur le veut, tu ne diras pas le contraire, et moi, je suis perdu. Vois-tu, je ne réponds plus de rien.

Bill : Si seulement j'avais su que tu me manquerais autant, je t'en aurais voulu de t'aimer tant.

Il était plutôt déprimé, loin de chez lui, seul. Et là, tout à coup, il se sentit bien. Il voulu faire durer ce moment. Comme dans un film. Vous savez, quand ils passent une musique ou un morceau qui déclenche une certaine émotion en vous. Mais il savait qu'à n'importe quel moment, au moindre incendie, il replongerait dans la déprime. Il fallait qu'il fasse quelque chose.

Il décida d'appeler Tom. Celui-ci devait être mort d'inquiétude. Jamais ils ne se quittaient sans dire où ils allaient à l'autre.

Il entra dans la cabine du bas de la rue et il composa son numéro. Son cœur battait la chamade. Au bout de deux sonneries, Tom décrocha.
Il dit : « bonjour » tout doucement, pour que Tom ne soit pas trop surpris. Cela lui faisait un drôle de choc de l'entendre.

Tom souffla juste « Bill ». Puis il attendit sue son frère lui donne des explications.

Bill : Tom....

Bill sentit une boule se former dans sa gorge, et la voix pleins de sanglots il ajouta :

Bill : Ca va ?

Tom : Nan ça va pas ! T'es où là ? Pourquoi t'es parti sans rien me dire ? J'ai appelé partout Bill ! Les potes, la famille, les hôpitaux ! J'allais appeler la morgue ! Qu'est-ce qui t'as pris ?

Bill : Je suis désolé... Fallait...que je décompresse... j'en pouvais plus de tout ça...

Tom : C'est quoi tout ça ?

Bill : Rien je....

Tom : Pourquoi Bill ? Pourquoi m'appeler maintenant, si tu voulais partir ?

Bill :Tu cognes dans ma tête.... Souffla t-il doucement.

Tom ne put s'empêcher de sourire.

Tom : Tu comptes revenir ? Bill... reviens.... S'il te plaît...

Bill : C'est pas ça que j'imaginais. Tu ne vois pas qu'on vit dans des prisons dorées ? Je ne vois plus rien , je ne comprends pas. Je rêve de ciel artificiel, je me laisse tomber dans leurs piège J'ai un vide, une absence.

Tom : Je pige rien Bill ! Qu'est-ce que tu racontes ?

Bill : Je vais raccrocher Tom....

Tom : NON Bill ! Reviens...

Bill : ...

Tom : C'est ma faute ? Reviens !

Bill : ...

Tom : Tu me manques...

Bill :... d'accord...

Bip bip bip...

*-*

Il prit un taxi pour rentrer à l'hôtel. Le chauffeur avait envie de papoter, mais il grommela quelques réponses évasives, et il finit par comprendre le message.
Par la vitre, il regardait défiler les néons et les panneaux d'affichages publicitaires illuminés qui perçaient ça et là dans l'obscurité.
Des larmes coulaient lentement sur ses joues.
En rentrant, il prendrais un bon shoot et tout ça se calmerais.
Il irait se coucher tout contre Tom qui dormait déjà depuis longtemps et il s'endormirait, drogué et presque heureux.
Il poussa la porte tambour et réussi à prononcer la bonne phrase pour récupérer la clé de la chambre. C'est en voyant son visage de cendre et ses yeux bouffis et ensanglantés, son nez explosé et ses mains qui tremblaient dans le miroir de l'ascenseur qu'il mesura l'étendue de sa détresse. Les portes de l'ascenseur allaient se fermer quand quelqu'un mis son pied pour en bloquer la fermeture. Les portes se rouvrirent et un homme grand et maigre, qui puait l'embrouille comme d'autre sentent l'after-shave, est entré en traînant une femme par la main.
Il lui lança un bref coup d'œil avant de se tourner vers elle. Il les observa discrètement. Il la retenait par le bras, car elle était à peine capable de tenir sur ses jambes. Bill regarda ses propres jambes. Pareilles. La femme titubait de temps à autre en balançant négligemment son sac ouvert qu'elle tenait du bout des doigts. Elle devait être âgée d'une quarantaine d'année, portait une mini-robe rouge flash. Vulgaire.
Elle et l'homme se disputaient à voix basse. Elle butait sur les mots, avec une voix cassée.
Soudain l'homme pressa un bouton et elle promena autour d'elle un regard affolé, comme si elle venait juste de comprendre où elle se trouvait.
Bill mordit sa lèvre pour ne pas pleurer. Cette femme était pathétique.
Il était pathétique.
La célébrité, la richesse, ça n'apportait rien. Rien.

*-*

Bill ouvrit la porte de la chambre.4h. Il marcha vers son lit, et tomba lourdement dessus. Il était mort.

Il était tellement crevé qu'il s'écroula sur le lit, sans penser à se branler ! C'est dire l'état dans lequel il se trouvait ! ! !

Il ferma les yeux, respira un grand coup puis sombra dans le sommeil.

*-*

Le brun écarquilla les yeux, se releva, sans même s'être aperçu qu'il était à genoux depuis quelques minutes, et alla prendre une douche.

Il fut distrait par un coup de fil angoissé de la réception qui lui annonça l'arrivée de son masseur qu'il faisait venir simplement pour lui, pas moyen que Bill se déplace jusqu'à lui, et il se mit à hurler et à trépigner parce qu'il leur avait déjà dit dix mille fois qu'il fallait le laisser monter sans lui infliger ce genre de formalité blessante ; un jour il finira par se vexer, ne reviendra jamais et Bill n'aurais plus qu'à se rabattre sur le masseur de l'hôtel, or il détestait ça ; la cuisine de l'hôtel, la boîte de l'hôtel, le chauffeur de l'hôtel, le masseur de l'hôtel, ça lui donnait l'impression désagréable d'être dans un bus à deux étages remplis de Japonais dans le cadre étriqué d'un voyage organisé et de devoir lever la main pour demander au guide s'il pouvait aller pisser.

Il partait dans son délire. Mais il continua.

Et il gueulait tout ça sans même s'en rendre compte, la meuf à l'autre bout du fil allait chialer d'une seconde à l'autre, voilà ça y est, trop content de lui, il reprit un rail de coke et c'était repartis pour un peu d'insultes et lui raccroche au nez, pouffiasse.

Quand on sonna, Bill rampa presque jusqu'à la porte, puis il se vit dans le miroir de l'entrée.
Il s'y approcha et vit ses yeux sans expression, ses lèvres gercées, ses cheveux mal coiffés, et une grande ligne blanche sous son nez.
Il l'effaça d'un revers de la main et fit un sourire à son reflet.

Un sourire triste, sans un seul sentiment, où aucune chaleur n'en ressortais. Il cessa de sourire et alla ouvrir.

*-*

Bill : Ouais c'est ça, ciao !

Il allait refermer la porte sur le masseur, mais Tom se présenta face à lui.

Il le regarda un instant puis l'enlaça.

POV Tom : Oh Bill ! Tu m'as trop manqué... Je te comprend plus... Pourquoi ?

Bill : Oh ! Dégage ! T'es malade ! On est en plein dans le couloir, si on nous avez vu !

Tom : Ptain on dirais un zombie !

Bill se dégagea et le fit entrer. Il referma doucement la porte derrière eux. Il passa ses bras autour du cou de Tom et posa sa tête contre sa poitrine.

Tom : Qu'est-ce qui se passe ?

Bill : Rien du tout. Rien, je t'assure

Tom : T'es tellement... Bizarre. C'est affreux. J'ai l'impression que, je sais pas... Que tu veux plus de moi...

Bill soupira. Tom lui caressait les cheveux.

Tom : Tu me le dirais, hein, si tu n'allais pas bien, si il y avait quelque chose qui te déranges...

Bill : Tout vas bien je t'ai dis. Je suis juste un peu... Fatigué.

Tom : Bill... Je sais que c'est pas que de la fatigue. Qu'es-ce qu'il y a ??

Bill : Je peux pas te le dire...

Tom : Pourquoi ?? On s'est toujours tout dis...

Bill : Laisse tomber...

Tom: Non, je laisse pas tomber! Tu dois me dire !! Je t'aime et...

Des coups furent frappés à la porte. Juste la femme de ménage.

Tom : On en reparleras d'accord ? Quand tu te sentiras, mais on en reparleras.

Bill : Si je vais mieux un jours... murmura-t-il, sans que Tom ne l'entendes.

Tom : Bon, je vais te faire une faveur. On va dire qu'il s'est rien passé. Que tu m'avais prévenu que tu partais, que tout était organisé depuis longtemps.
Bon maintenant on va allé manger au resto.

Bill : Ouai ouai... laisse moi me préparer...

Une fois qu'ils furent arrivés dans le resto de l'hôtel, il rejoignirent Georg et Gustav qui les attendait en discutant. Ils cessèrent leurs bavardages dès que les twins vinrent vers eux.

Gustav fixait une statue.

Tom : J'parie que tu t'es posé la question hein !

Gustav : Quelle question ?

Tom : De savoir si elle est nue sous sa toge.

Gustav donna un coup de poing dans le bras de Tom.

Gustav : T'es trop con vieux !

Le réceptionniste vint parler à Tom :

- Vous êtes Tom Kaulitz ? Bien , votre table à été réservée, la meilleure bien sûr, je vous y conduit.

POV Tom : Eh voilà, c'est comme ça quand on est célèbre, on a tout réservé au mieux partout. Coooooll...

Réceptionniste : Voilà, c'est ici. Bon appétit.

Georg : Merci..

Bill se trouvait d'assez bonne humeur. Il pensait passer un bon moment en compagnie des 3 autres.

Un serveur s'approcha de la table, munie d'un petit carnet de note. Il avait les sourcils froncés et n'arrêtait pas de marmonner.

Les quatre dirent ce qu'ils voulaient à manger. Et le serveur rouspéta un peu.

Tom : Oula ! Il à pas l'air dans son meilleur jour celui-là...

Le serveur lança la carte des boissons à la figure de Tom.

Tom : Des cocas je vous prie, et j'aurais préféré, tant qu'à faire et puisque vous êtes délibérément agressif à mon égard, d'une façon totalement gratuite, que vous joigniez la parole au geste, et qu'au moment où vous m'avez lancé cette carte des boissons à la figure comme un soufflet, vous soyez allé au bout de votre démarche et m'ayez simultanément gratifié de je ne sais quel épithète malsonnante telle que connard, raclure où salop, ce qui aurait eu le mérite d'être entier, car figurez-vous qu'il n'y à rien qui ne m'agace plus que la demi-mesure.

Tom sourit de son plus beau sourire de faux-cul et le serveur le regarda, ébahit, avant de retourner vers le comptoir, en titubant.

Bill fut le premier à exploser de rire, très vite suivit de Georg et Gustav. Tom essayait de garder son clame, mais sa vanne était tellement bonne qu'il fut lui aussi gagné par le fou rire.
Ils se calmèrent enfin, ils pleuraient toujours autant et leur épaules se secouaient encore. Ils ripolaient !

Bill : Putain, Tom, mais où tu vas les chercher ? ? ?

Tom : Mais c'est normal !! Je suis trop fort !

Georg : Comment tu l'as remballé l'autre débile là ! ! !

Tom : Eh ouais, j'ai la classe !

Tom continuait de parler sur ce même sujet, mais Bill ne l'écoutait plus. Il écoutait autre chose : là, au centre géométrique de son cerveau, un petit sifflet à ultrasons. Ça stridulait. C'était un son qui tournait sur lui même. Puis cela lui diffusa une sorte de douleur en direction de ses deux oreilles. Et cela se tendit, et cela devint brûlant et il se retrouva bientôt suspendu dans l'espace par un fil chauffé à blanc qui lui traversait le crâne. La douleur lui fit ouvrir une bouche immense d'où il ne sortit aucun son. Puis la douleur s'atténua. Et disparue.
Tom qui le regardait comme s'il était en train de mourir se rassura. Il dit quelque chose que Bill n'entendit pas. Mais il répondit tout de même :

Bill : Ca va Tom, ca va, c'est passé merci.

Georg : Tiens bois un peu d'eau.

Il lui passa un verre d'eau fraîche que Bill avala doucement.

Il sentait le regard de ses potes sur lui et ça l'énervait.

Un serveur fit tomber un plateau, les 3 se retournèrent et Bill en profita pour avaler de l'amphet. Quelques minutes plus tard il se sentait bien, il supporterait la journée.

Il réussi à reprendre la conversation.

Georg : Tu vas avoir des ennuis mon vieux! Je te préviens que les merdes comme toi je les bouffe au petit déj !

Tom : Avec ton haleine, je me doutais que tu bouffais de la merde au p'ti déj.... Mdr

Ils éclatèrent de rire, sauf Bill.

En fait non, ça n'allait pas du tout.... La tête lui tournait, il commençait à voir flou.

Bill paraissait maigre et déprimé, plus distrait et dans les nuages que d'habitude.

Tom : Bill...

Bill :....

Tom : Eh oh ! Tu m'écoutes des fois ?

Bill, tiré de sa délicieuse rêverie, battit de ses épais cils mascara-isés.

Bill : Hein ?

Tom : T'es tout pâle ! Et regarde tes mains, elles tremblent !

En effet, il n'arrivait même pas à tenir son verre.

Bill : Je suis crevé.

Tom : Tu ferais bien d'aller te coucher si c'est ça.

Bill : Ouais...je...je vais retourner à la chambre.

Tom : Ca va aller ?

Bill : Oui oui...impec ! A plus...

Il se leva et sortit du restaurant sous le regard lourd de ses potes.

FIN CHAPITRE 33

 

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