C h a p i t r e 2
(Ellipse de quelques jours)
Bill n'en croit pas ses oreilles. Debout en face de la table de la cuisine, il laisse tomber ses bras le long de son corps comme si il venait d'apprendre la pire des nouvelles, et écarquille les yeux de stupéfaction. Sa mâchoire semble même s'être décrochée.
Bill- Comment ça j'ai pas de gâteau ??!!!
Nous sommes le 1er Septembre 2006 et aujourd'hui est un grand jour pour Bill : il a 17 ans.
Mère- Bill arrête de faire ton gamin, une tarte ou un gâteau c'est la même chose... Et puis j'ai déjà mis les bougis alors ça sert à rien de te plaindre.
Bill- Mais... Mais NAN ! Moi jveux un gâteau ! au chocolat avec plein de crème, plein de mousse plein de pépites plein de sucre et plein de calories !!!! Il grimace et fronce les sourcils. Une tarte c'est... c'est pour les enterrements ou les visites chez mémé, pas pour mon anniversaire !
Et s'il y a bien un truc que Bill aime par-dessus tout le jour de son anniversaire, c'est son gâteau.
Mère- Je sais mon cœur mais sur le coup j'ai pas pensé que la boulangerie serait fermée, et il restait que ça au magasin...
Bill- Et t'as pas pensé que, par le plus grand des hasards, tu pouvais en faire un toi-même ? Comme toute les mères normales de ce pays ?
Mère- Bill je...
Bill- C'est pas compliqué.
Mère- Bill...
Bill- Et en plus tu pourrais mettre double dose de chocolat ! :D
Mère- Bill...
Bill- Nan encore mieux ! un gâteau au Nutella !!!! *O*
Mère- BILL !!!!!!!
Bill- Quoi ?
Mère- Tu veux vraiment que je me mette aux fourneaux ?
Bill- ...
Mère- Et que je fasse ton gâteau d'anniversaire moi-même, de mes propres mains, toute seule ?
Bill- ...
Bill semble en pleine méditation. Il repense au fait que sa pauvre mère n'a jamais su faire cuire une omelette ou préparer de simples crêpes. Même les steaks hachés ont eu raison d'elle : cramés à l'extérieur et congelés à l'intérieur...
Bill- Mon Dieu Nan ! En fait laisse tombé, jtiens pas à mourir si jeune.
Simone sort de la pièce la tarte en mains et un immense sourire de victoire collé au visage.
(Ellipse de quelques heures)
Il est seulement 8 heures du soir et on ne s'entend déjà plus chez les Trümper. Le volume de la chaine-hifi est poussé au maximum et les baffes accrochées aux quatre coins de la pièce semblent prêtent à exploser d'un moment à l'autre. Simone a consciencieusement écarté les meubles pour faire de la place au centre du salon et repart dans la cuisine en se dandinant comiquement.
Non, personne n'est invité à l'anniversaire de Bill, aucun ami, camarade ou cousin. Mais qui a dit qu'on avait besoin des autres pour faire la fête ?
Estelle et Lola sautent comme des folles sur le canapé, imitant des guitaristes de hard rock, balançant leur tête dans tous les sens et gueulant comme des hystériques. Bill ne peut empêcher un léger sourire de prendre place sur son visage. Sa sœur est vraiment folle.
La chanson se termine et laisse place à « Ticket outta Loserville » de Son of Dork.
Le caractère rancunier et têtu de Bill aurai normalement dû le pousser à faire la tête durant toute la soirée, et à ruminer exagérément pour faire comprendre à sa mère qu'il lui en voulait d'avoir oublié son gâteau. Seulement lorsqu'il voit son petit frère haut comme trois pomme entrée dans la pièce et commencer à imiter sa sœur en se tortillant en rythme sur sa chanson préférée, il oubli instantanément cette maudite tarte qu'il a mangé quelque minutes plus tôt et se lève pour le prendre dans ses bras.
Mika lâche son doudou, accroche ses bras autour du coup de son grand frère et passe ses petites jambes de chaque côté de son torse. Ses yeux pétillent de joie et il remue énergiquement contre son frère. La musique semble de plus en plus forte et Bill se sent euphorique. Il tourne sur lui-même en chantant les paroles qu'il connait désormais par cœur, regardant son petit frère qui rigole bruyamment contre son cœur.
Au même moment Simone entre dans la pièce, le caméscope en main. Son regard ne se détache pas du sourire de son ainé. C'est devenu tellement rare de voir Bill sourire qu'elle profite de chaque opportunités. Bill continue de danser comme un barje avec son frère dans ses bras, cour, saute et rit. Ses longs cheveux noirs lui tombent sur le visage mais il s'en fou, à cet instant il ressemble à un gosse qui découvre pour la première fois les joies de la musique.. Sa respiration est saccadée dû à l'effort mais il ne s'arrête pas pour autant. Il se shoote à l'amour de ses proches. Il sait que demain tout s'arrêtera.... car demain c'est la rentrée...
Estelle saute du canapé et fonce sur ses frères. Elle tente de s'incruster dans leur étreinte et parvient finalement à s'immiscer entre eux. La dernière musique du CD commence, c'est un slow. Simone continue de filmer quelques minutes puis, n'y tenant plus, rejoint ses trois enfants.
(...)
Il est minuit passé et Mika vient enfin de s'endormir. Simone sort de la petite chambre sur la pointe des pieds et traverse le couloir dans l'intention de rejoindre son deuxième fils. Elle passe par la salle de bain puis toque à sa porte..
Le comportement excessivement joyeux et fêtard de Bill quelques heures plus tôt n'est pas dû au hasard et elle le sait. Lorsque la musique s'est arrêté et que Simone à commencé à ranger le salon, elle a vu un voile de tristesse embrumer le regard de son fils. Chaque année elle espère que la situation va s'améliorer pour lui ; voir son fils s'éteindre lentement de semaines en semaine lui fait beaucoup de peine. Elle n'a d'ailleurs jamais réussi à comprendre pourquoi son fils, si gentil, naturel et plein de vie, pouvait ne pas être apprécié par les jeunes de son âge. Les mentalités ont-elles vraiment autant changé ? Elle ne comprend décidemment pas cette nouvelle génération...
Bill lui ouvre la porte en souriant et repart s'installer sous son velux. Il s'assit en tailleur sur la grande planche de bois et scrute la nuit à travers la vitre. Ses cheveux couleur jais retombent gracieusement sur ses fines épaules, contrastant avec son teint pâle. Simone s'adosse contre l'encadrement de la porte et l'observe minutieusement. Elle est tellement fière de son fils.
Mère- Si tu savais comme jsuis fière d'avoir un beau gosse dans la famille. :)
Les yeux toujours rivés sur le ciel étoilé, Bill souri amèrement.
Bill- (ironiquement) Oh oui ! D'ailleurs j'ai peur pour ma vie, t'imagine si demain toutes les filles du lycée me sautent dessus ?! Faut dire que j'éblouie tellement par mon charisme et ma beauté !...
Mère- Bill... soupire-t-elle. Arrête de tout le temps te dévaloriser comme ça. Jsuis sûr que si t'y mettais un peu du tiens tu te trouverai une petite amie en un claquement de doigt !
Bill ferme les yeux d'agacement, entendre sa mère lui faire sans cesse des compliments renforce le sentiment pathétique qu'il à envers lui-même.
Bill- Arrête m'man...
Mère- Moi je te trouve très beau.
Bill lève les yeux au ciel. Pourquoi faut-il toujours qu'elle enfonce le couteau dans la plaie ? Il détourne les yeux du carreau pour les plonger dans ceux de sa mère.
Bill- Oui mais c'est ton rôle de dire à tes enfants que tu les aime et que tu les trouve beau. Ca veut rien dire...
Il replonge son regard chocolat dans l'infinie noirceur du ciel puis rajoute, cette fois avec une pointe de rancœur:
Bill- Oh et pi je m'en fou !
Simone capitule, elle sait qu'il est inutile d'insister, son fils est pire qu'une tête de mule quand il veut. De plus elle devine l'anxiété qu'il doit ressentir face à la rentrée qui se rapproche à vitesse grand V. Elle décide donc de le laisser se reposer et sort de la chambre.
Bill attend qu'elle ait bien fermée la porte puis s'étale au sol tel une baleine échouée, soufflant bruyamment : il avait désespérément besoin d'être seul. A cette pensé un rire triste sort d'entre ses fines lèvres ; quelle ironie ...
Bill décide d'aller se coucher. Il n'enlève même pas son jean et plonge la tête la première dans ses draps. Après tout pourquoi se prendrai-t-il la tête ? S'il s'en tient à sa décision il n'y à pas de raison que cette rentrée se passe mal ; il lui suffi juste de ne plus rien attendre des autres et de fermer les yeux sur tout. Oublier ses sentiments et faire en sorte de ne plus être touché par le comportement et l'attitude des autres. Au moins il ne se fera plus d'illusions et ne sera plus déçu de rien.
Il ferme les yeux et s'endort, espérant secrètement que dans quelques heures une météorite venue de nulle part s'abattra par inadvertance sur son lycée.
FIN CHAPITRE 2