C h a p i t r e 4
Réveil: " Ne la laisses pas tomber, elle est si fragile, être une femme libérée tu sais c'est pas si facile..."
Bill- Putainnnnnnnnnnn...
Bill sortit son bras de dessous la couverture et l'abati brutalement contre son réveil. Comment osait-on réveiller un ado avec une chanson pareille de si bon matin? Ce tube devait dater des années 40! Il rabati rageusement la couette sur lui et enfonça son visage au plus profond de son oreiller. Son réveil était réglé pour sonner à 7h00, ce qui signifiait qu'il pouvait encore rêvasser durant quelques minutes supplémentaires.
Ses jambes nues glissèrent sur le fin tissu du matelas et il colla ses genoux contre son torse, adoptant la position du fœtus.
Il ne devait surtout pas se rendormir...
Son corps tout entier était imbibé de sommeil et son lit était tellement moelleux et confortable qu'il avait l'impression de ne faire plus qu'un avec lui.
Il ne devait surtout pas se rendormir...
Son esprit vagabonda à la recherche de son dernier rêve et peu à peu des bribes de souvenirs refirent surface. L'histoire qu'il avait précédemment imaginée reprit vie dans son subconscient...
Il ne devait surtout pas se rendormir...
Il était en parfaite symbiose avec sa literie et à cet instant rien ni personne n'aurait pù le séparer de son amant matelassé...
Il ne devait surtout pas se rendormir...
(...)
POV BILL
J'émerge doucement... mon esprit embrumé reprend peu à peu toute ses fonctions et j'entends la porte d'entrée claquer. Tiens, ma mère commence vraiment tôt aujourd'hui...
Je sens le soleil me bruler les yeux malgré mes paupières closes et peut facilement imaginer le temps radieux qu'il fait dehors. Une chose est sûre, aujourd'hui je ne mettrais pas ma doudoune jaune qui a failli me faire tourner de l'œil hier au lycée.
Lycée...
MERDE ! Je saute sur mes jambes et cavale jusqu'à la salle de bain. Putain mais quel con! Je regarde la pendule: 8h15.
OH MEIN GOT !
POV BILL
Bill ne pris même pas le temps d'avaler quoi que ce soit et sortit en trombe de chez lui. Il couru le plus vite qu'il pu, manquant de tomber à plusieurs reprises. Son souffle était court et ses joues semblaient bouillonner sous l'effort. Il comprit à cet instant qu'il aurait peut-être mieux fait d'écouter son père lorsque celui-ci insistait pour l'inscrire dans un quelconque club de sport étant plus jeune. "Bouge-toi un peu" qu'il disait, "c'est pas en restant assis devant un bouquin toute la journée que tu va travailler ton endurance, le sport ça défoule et ça créer des liens, tu t'en mordras les doigts plus tard..."
Et effectivement, Bill s'en mordait les doigts.
Etant gosse il n'était pas si casanier, toujours à cavaler, sauter, rire et danser, grimper aux arbres ou faire du vélo. Un gosse plein de vie et bourrer d'énergie, communiquant sa joie de vivre à quiconque croisait son chemin. Seulement les choses avaient changés bien vite et son point de côté le lui rappela douloureusement.
Il arriva au lycée à 8h53, écarlate et transpirant. Le hall fut traversé à une vitesse éclair et les escaliers gravis en quelques enjambées seulement. Une fois devant la porte de la salle de math, il ferma les yeux et inspira profondément pour tenter de calmer sa respiration saccadée. Dieu qu'il détestait être en retard et être l'objet de tous les regards. Heureusement pour lui, il n'avait pas à s'excuser en anglais ou justifier une grève des bus en allemand...
Il toqua trois coups timides à la porte, passa nerveusement une main dans ses cheveux et actionna la poignée.
- Monsieur Trümper.. Que me vaux l'honneur de votre visite?
- Euh... désolé je... j'suis en retard...
Bill se frappa mentalement. Bien sûr qu'il était en retard, quel crétin...
- Effectivement , continua le professeur en toisant l'androgyne d'un air supérieur, si le fait d'interrompre un cour et de déranger une classe entière sont bien les conséquences logiques de l'arrivée incongrue d'un retardataire, alors oui j'imagine que vous êtes en retard.
Bill, qui n'avait toujours pas bougé de l'encadrement de la porte se sentit rougir à vue d'œil. Ses doigts étaient crispés sur l'épais tissu de son jogging et il n'osait relever la tête de peur qu'on remarque sa gène plus qu'apparente. Il détestait ce genre de prof qui se permettait d'humilier les élèves pour de simples broutilles, sous prétexte qu'ils en avaient l'occasion.
- Et bien qu'est-ce que vous attendez? Allez vous assoir on ne va pas y passer la journée!
Bill ne se fit pas prier et se dirigea immédiatement vers le fond de la salle sans même relever la tête. Il fut d'autant plus surpris lorsqu'il la releva de trouver Tom à sa place, la tête négligemment posée sur sa main gauche, arborant son éternel sourire et le regardant d'un air malicieux.
- Tu veux quelque chose peut-être? Demanda celui-ci en souriant.
Bill fulminait intérieurement. De quel droit ce calamar ce permettait-il de lui piquer sa place? Il parcouru la classe d'un bref coup d'œil. La seule et dernière table vide était celle en face du professeur, dans la rangée centrale, au premier rang.
Journée de merde quand tu nous tiens...
Il s'apprêtait à rebrousser chemin pour aller s'y installer lorsqu'une main s'empara brièvement de son poignet pour le retourner.
- Eh je déconne ! Pars pas.
Tom s'empressa de retirer son sac de la chaise voisine et replongea son regard dans celui de Bill.
- Assieds-toi, je t'attendais.
Bill écarquilla les yeux d'étonnement. Il voulu répliquer mais lorsqu'il entendit le raclement de gorge du professeur il s'empressa de poser ses petites fesses sur la chaise en question et sortit ses affaires. Quelques minutes passèrent sans qu'aucun mot ne soit échangé. Bill attendit que l'attention du prof se porte sur quelqu'un d'autre et chuchota timidement:
- Tu m'attendais?
Sa voix n'était qu'un murmure, doux et incertain. Tom sourit devant l'air enfantin qu'arborait son voisin et répondit aussitôt.
- Tu sais les maths et moi ça fait 3. Alors un peu de compagnie durant ces deux longues, barbantes et interminables heures ça fait pas de mal...
Bill ne répondit rien, continuant de lire calmement les équations écrites sur le tableau noir, et Tom poursuivit:
- Malheureusement pour moi le prof n'appelle les élèves que par leur nom de famille, donc je ne sais toujours pas comment tu t'appelles.
Un sourire se dessina sur les fines lèvres de Bill, qui s'empressa de répliquer, sans pour autant quitter le tableau des yeux:
- Je ne suis pas le seul dans la classe dont tu ne connais pas le prénom.
Le dreadé le dévisagea en souriant, mais son visage n'affichait plus cet air enjoué et taquin qu'il arborait depuis la veille.
- Nan c'est vrai...
Tom avait la tête toujours négligemment posée sur son poing et il attendit que Bill se tourne vers lui. Ce dernier plongea ses prunelles dans les siennes, sérieuses et sincères, et Tom continua :
- Mais les autres je m'en fou...
Une chaleur diffuse réchauffa instantanément le cœur de Bill et ses lèvres s'étirèrent timidement, au plus grand bonheur du dreadé.
Cette journée n'était peut-être pas si merdique que ça finalement...
(Ellipse de quelques heures)
La sonnerie annonçant la fin de la dernière heure de la matinée retentit et un soupire général s'éleva dans la salle de cour, vite recouvert par le bruit strident des chaises trainées sur le sol. Bill et Tom, qui avaient continuez de se placer l'un à côté de l'autre durant les cours suivants, se levèrent de leur tables et commencèrent à ranger leurs affaires d'Histoire.
Bill était heureux, Tom n'était pas partit, Tom était avec lui et ce depuis le cours de math. Certes aucunes paroles n'avait été échangée mais le simple fait que Tom soit resté rendait Bill fou de joie, bien qu'il fit son possible pour ne rien laisser transparaitre.
Ils sortirent de la classe après les autres élèves qui s'étaient précipités vers le réfectoire tel un troupeau de buffles affamés et marchèrent tranquillement dans le couloir. Puis soudain Bill s'arrêta brusquement, se tapant le front de la paume de sa main. Un léger détail venait de lui revenir en mémoire.
- Merde quel con !
- Qu'est-ce qu'il t'arrive? demanda Tom qui s'était lui aussi arrêté pour ne pas lui rentrer dedans.
- Nan rien.. je viens seulement de me rappeler que j'ai oublié de prendre de quoi manger ce matin, j'étais super en retard et j'ai pas eu le temps de prendre des sous.
- T'as eu le temps de te maquiller et de te coiffer mais t'as pas eu le temps de prendre des sous? lui fit gentiment remarquer Tom. T'as de drôles de priorités...
Tom prenait un malin plaisir à taquiner le brun. Bill fronça les sourcils à sa remarque et lui tira la langue avant de se retourner d'un air faussement vexé. Tom ne put s'empêcher de rire face à cet enfantillage digne d'un gamin de 6 ans. Décidément le brun n'avait pas finit de l'étonner, ses réactions étaient tellement imprévisibles...
- Laisse-moi te payer un sandwich alors... proposa-t-il l'air de rien. J'ai repéré une boulangerie près du parc hier.
- Tu ne manges pas avec tes amis?
- Tu sais, je suis nouveau dans ce lycée donc je ne connais personne à part toi.
Tom était soulagé que Bill ne l'ai pas immédiatement rembarré, il était pourtant sûr que le brun refuserai sa proposition. Ca serait surement plus facile qu'il ne l'aurait pensé finalement...
- Tu me connais pas , s'empressa de répliquer Bill, provoquant un léger blanc dans la conversation.
Tout compte fait la négociation ne s'annonçait pas gagné d'avance. Mais Tom ne s'avoua pas vaincu pour autant et profita de la remarque de Bill pour contre-argumenter:
- Raison de plus pour manger ensemble, ce sera l'occasion de faire connaissance !
Bill ne trouva rien à redire et malgré son apparence de rappeur macho il dû avouer que Tom semblait vraiment être quelqu'un de bien.
Seulement voilà : Bill ne voulait pas lui donner raison. (Caractère de cochon le petit Bill XD)
De plus il n'avait pas trainé avec quelqu'un depuis bien longtemps et appréhendait de devoir rester avec Tom tout un midi. Il avait l'impression d'avoir oublié toutes ces choses et ne voulais pas risquer de paraître mal à l'aise.
- Ok, mais alors j'exige une clémentine en dessert.
Un sourire rayonnant pris place sur les lèvres de Tom, juste avant de disparaitre aussi vite qu'il était apparu.
- Mais ils ne vendent pas de clémentines dans les boulangeries , s'exclama-t-il d'un air déçu.
- Je sais bien , rétorqua Bill d'un air joueur, dommage.. je me faisait une joie de manger avec toi...
Et il tourna les talons au dreadé resté sur place, dépité de ne pas avoir réussi à convaincre Bill et vexé d'avoir été pris pour un idiot. Bill, lui, arborait un sourire victorieux. Pourtant une infime partie de lui semblait déçu, peut-être aurait-il dû accepter l'invitation...
Avant de passer les grandes portes du lycée il se retourna pour voir si Tom avait bougé et se stoppa net quand il le vit. Apparemment son refus n'avait pas l'air de le toucher plus que ça finalement, il était déjà entrain de parler à un groupe d'étudiant. Un garçon du même âge environs lui tendit quelque chose qui sembla ravir Tom. Bill n'arrivait pas à distinguer l'objet en question. Tom s'empressa de le remercier avant de se retourner et courir dans sa direction. Bill plissa les yeux pour mieux voir ce qu'il tenait en main et lorsqu'il y parvint il resta bouche-bée.
Une clémentine.
Tom était aller prendre la clémentine de quelqu'un et revenait en courant vers lui.
- Putain je le crois pas... souffla-t-il avant que le dreadé ne se plante devant lui, fier comme un paon.
Autant l'avouer, Bill était sur le cul. Il n'en revenait pas de la persévérance de Tom.
- Et bien, mon cher ami , déclara ce dernier en brandissant la dite clémentine, j'ai le plaisir de t'annoncer que le repas en ma compagnie dont tu te faisais une siiii grande joie est de nouveau d'actualité !
Sur le coup, Tom était vraiment, mais alors vraiment fier de lui.
Bill soupira d'agacement. Il capitula. De toute façon il suffisait d'observer les yeux pétillant de fierté du blond pour comprendre qu'une quelconque résistance était inutile. Il lui arracha la clémentine des mains et ouvrit la porte avant de sortir du lycée d'un pas rapide.
Ce fut seulement une fois dos à Tom qu'il laissa un immense sourire s'étirer sur son visage. Il était réellement touché par la persévérance et l'entêtement de Tom.
Il fit quelques pas de plus puis se retourna en direction de celui-ci, toujours immobile dans l'encadrement des portes.
- Qu'est-ce que t'attends? La boulangerie ne va pas venir toute seule tu sais!
Il n'eu pas à le répéter une deuxième fois qu'en deux temps trois mouvements Tom était déjà à ses côtés. Ils avancèrent tout les deux vers le parc, heureux d'avoir de la compagnie et impatient de déguster leur repas.
Le soleil était haut dans le ciel et Tom ne remarqua pas les doigts de l'androgyne se resserrer possessivement autour de sa clémentine...
FIN CHAPITRE 4