Chapitre 22
Le lendemain matin Tom fonçait bien évidemment comme un dingue sur le bitume, une immense sourire impatient collé aux lèvres et l'esprit surement plus excité que Bill lui-même ne pouvait l'être de cette première journée dans son nouveau look. Cette première journée en tant que lui-même, cet à dire le beau, grand, élancé, féminin, androgyne, et sexy Bill que Tom pensait intimement qu'il avait toujours été.
A vrai dire la vitesse avec laquelle il roulait sur l'asphalte n'était pas seulement dû à l'euphorie ou l'impatience, mais également une petite appréhension qui aussi censée soit-elle, ne cessait de lui souffler désagréablement dans le creux de l'oreille les seules craintes qu'il avait vis-à-vis du si bel effort que Bill avait manifesté. Allait-il changer d'avis? Allait-il regretter ? Laisser tomber au dernier moment et s'enfermer une fois de plus dans cette coquille de fringue ?
Un sourire confiant étira lentement ses lèvres et il passa au feu. Bill n'allait pas changer d'avis.
Il n'allait pas changer d'avis et de toute manière il serait là pour le rassurer, quitte à le foutre à poil et le rhabiller lui-même avec les fringues qu'ils avaient acheté la veille. Nan, Bill n'allait pas changer d'avis.
Bill allait être le plus beau...
Il allait être le plus beau et Tom était si pressé de les voir, eux, tous, tourner leur tête vides vers lui et la surprise qu'il savait apparaitre sur leurs airs idiots. Indifférence et dédain soudainement disparus pour laisser place à la curiosité et à l'envie de critiques et de commentaires. C'est qui ce mec. Tu le connais ? Nan. J'sais pas. Ca doit être un nouveau. Il a la classe, nan ? Ouais, j'sais pas. Il s'la pete un peu je trouve...
Bill allait juste leur faire mordre leur connerie et Tom accéléra sur l'asphalte en souriant.
POV Tom
La matinée était d'une fraicheur agréable et c'est sa mère qui m'a ouvert la porte quand je suis arrivé sur le perron. Elle avait sur le visage cette joie inexplicable qui ne quittait également jamais maman, avec près de l'œil la petite ride d'une femme qu'on sait avoir rit toute sa vie, et les yeux brillants de ces secrets surement propres à toutes les mamans. Elle m'a ouvert la porte et j'aurais voulu qu'elle ne soit pas si belle, qu'elle n'est pas l'air si géniale et que l'absence de ma propre mère ne me serre pas la poitrine lorsqu'elle m'a faite la bise. Manque de bol pour moi elle était aussi belle que son fils, et ses traits fins et délicats ne me rappelèrent que plus amèrement celle qui m'avait fait grandir dans le vide.
Elle m'a fait entrer et c'est sans vraiment comprendre pourquoi que je l'ai entendu me remercier. Je n'ai pas vraiment su quoi dire alors je lui ai juste sourit en retour. Me remercier de quoi ? Elle s'est approché de moi et a levé la main vers mon épaule avant de s'arrêter une demi seconde, un infime instant où j'ai vu sa main hésiter, près de ma joue, puis finalement redescendre sur mon bras qu'elle à serrer affectueusement. Je sais maintenant qu'elle avait hésité à poser sa main sur ma joue, comme je l'avais déjà vu faire affectueusement à Bill lorsque je venais le chercher le matin. Et j'aurais surement apprécié qu'elle le fasse d'ailleurs, mais me contentais simplement du fait qu'elle en ait eut l'intention, ça prouvait qu'elle m'aimait bien. J'étais heureux. Le fait que la mère de Bill m'apprécie était une chose vraiment très importante pour moi. Allez savoir pourquoi...
Puis les marches ont craqué au dessus de nos têtes et j'ai su à son regard quand Bill a descendu les marches des escaliers qu'elle était fière. Fière de son fils et moi de mon meilleur ami quand il m'a aperçut et qu'il s'est jeté sur moi, me soufflant un discret « Tom aides-moi, elle fait que de sourire depuis hier soir ! » au creux de l'oreille. J'ai rit en sourdine dans ses cheveux et l'ai serré contre moi en retour, lui lançant un petit « Prêt pour le grand jour ? ». Il m'a juste tordu la peau du ventre en bougonnant je sais pas trop quoi, et j'ai sourit peut-être un peu plus quand il s'est détaché de moi en grognant, se dirigeant vers la cuisine pour prendre ce que je devinais facilement être un petit fruit rond et orange.
Moulé dans un jeans noir et une veste de cuir, Bill s'est mollement laissé tomber sur la première chaise qui trainait là. Puis, sentant à coup sûre mon regard sur lui, il a lentement tourné la tête et planter son regard dans le mien avant de sourire doucement. C'était un sourire timide, un sourire fier. Un sourire plein de reconnaissance dont j'étais surement le seul à pouvoir en comprendre la réelle signification.
On est arrivé au lycée un quart d'heure plus tard, après que monsieur ait engloutit ses clémentines et qu'on ait dit au revoir à Simone. Ses doigts sentaient de nouveau cette odeur si particulière qui en se mélangeant à son propre parfum, prenait cet arôme qui me faisait sourire comme un idiot dés qu'il arrivait jusqu'à mes narines. Il est descendu de la mobylette et j'ai regardé discrètement sur le bout de ses doigts quand il m'a tendu le casque. J'ai regardé et puis j'ai pensé « J'en étais sûre... ». Sur le bout de ses doigts fins, entre la chair tendre et l'ongle manucuré de noir apparaissait des petites pelures oranges.
J'ai relevé les yeux et il regardait la foule d'étudiant au loin. Il avait l'air pensif, vraiment pensif et je suis resté comme ça, debout avec le casque entre les mains, le regardant sans rien dire. Il est resté les yeux collé sur les lycéens un bon moment avant de détourner finalement le regard. Je n'ai pas vraiment su ce qui lui était passé par la tête pendant tout ce temps, et d'ailleurs je ne pense pas qu'un jour je le sache. J'ai juste simplement réussit à le voir. Le changement. Je l'ai vu pour avoir été à quelques centimètres à peine de ses prunelles quand il a tourné la tête, le changement qui s'est effectué au fond de ses yeux sombres. Ça m'a fait peur au début, j'me suis demandé un instant si c'était finalement une bonne idée qu'il décide de changer, qu'il décide de changer et qu'il devienne finalement peut-être un autre, et qu'alors moi je me serais mordu les doigts parce que je l'adorais, moi, le Bill à doudoune mal coiffé qui arrivait en retard les joues écarlates.
Puis il m'a sourit et toutes mes peurs se sont évaporées dans sa bouille de gosse. Bill ne changeait pas, il en avait juste l'air.
« On y va ? »
C'est ce qu'il m'a dit. Il a mit ses mains dans les poches de sa veste et moi j'ai juste sourit avant de prendre la direction du lycée.
Bill s'était maquillé les yeux plus que d'ordinaire, il avait rajouté un peu de poudre et son mascara rendait son regard plus profond encore qu'à l'accoutumé. Ses grands pulls difformes et son tee-shirt uni avaient été troqué par un tee-shirt noir imprimé et moulant sa taille, et une veste en cuire noire style rockeur.
Bracelets. Collier ras le cou. Jean étriqué et ceinture basse. Il avait juste mit toute la gomme.
On a traversé l'amas de lycéens et à ma plus grande surprise je n'ai détecté aucune frayeur, aucune gêne ni même appréhension chez lui, il est juste resté près de moi et on a marché silencieusement jusqu'aux portes du lycée. J'étais impressionné par temps de maitrise. Et trop occupé à chercher le moindre ressentiment dans ses gestes et ses expressions, j'en aie même finalement oublié de tourner la tête vers les autres lycéens afin de voir leurs réactions.
Puis on a pénétré le hall et j'ai vu un garçon de notre classe se stopper brutalement face à nous, les sourcils haussés avec un air complètement idiot sur le visage. Il aurait pu brandir une pancarte électrique avec pour slogan « Est-ce que c'est moi qui ait fumé la moquette ou ce mec c'est vraiment Bill ? » qu'il en aurait eut l'air aussi con. Le pauvre. J'ai tourné la tête vers Bill en souriant et me suis aperçu qu'il évitait mon regard. J'ai alors froncé les sourcils et avant que je n'ai eut le temps de dire quoi que ce soit je me retrouvais brutalement poussé dans les toilettes des garçons.
POV Bill
J'ai refermé la porte derrière nous et me suis jeter sur lui, entourant son cou de mes bras et nichant ma tête contre la sienne. C'était trop d'émotion d'un coup, j'avais besoin de me sentir près de lui pour ne pas me mettre à pleurer. Tom était une sorte de repère vivant, un équilibre de chair et de sang. Je lui aie sauté au cou et son dos à taper contre le carrelage crade du mur des chiottes. Il était complètement surprit, et moi j'étais juste putain d'heureux. Il a finalement rit en enroulant ses bras autour de ma taille, surement habitué à mes réactions spontanées et pas toujours censées et je l'ai remercié en lui embrassant la joue.
Rien à comprendre. Juste lui et moi. On est sortit des toilettes et je pense que Tom et moi, ça faisait déjà longtemps qu'on avait arrêté d'essayer de comprendre comment on fonctionnait. C'était comme ça et puis c'est tout. On est entré en classe et j'aurais voulu, vraiment, lorsque j'ai sentit leurs regards sur moi, j'aurais voulu me lever, leur sourire, et puis tous les envoyer se faire foutre, eux et leurs putains de superficialité. J'aurais voulu monté sur la table et leur crier en riant ma putain d'amertume, j'aurais voulu hurler, cracher tout ce que j'avais sur le cœur, leur dire que maintenant j'étais heureux et que leur indifférence ne m'avait pas détruit, que tout ce qu'ils avaient pu me faire, consciemment ou non, avec leurs regards juges et leurs mots qui n'étaient pas pour moi, j'aurais aimé leur dire que je m'en foutais. Mais ça aurait été complètement idiot. Ça aurait été complètement idiot et ils n'auraient de toute manière rien comprit. Les gens ne se rendent jamais compte du mal qu'ils font à ceux qu'ils ne voient pas. Alors j'ai rien dit, pour la simple et bonne raison que leurs regards ne m'atteignaient plus le moins du monde. Je n'ai rien dit et Tom et moi avons sortit nos affaires de maths.
L'unique regard qui avait désormais une chance de m'atteindre était près de moi, et Tom et moi regardions dans la même direction.
Inutile de dire que j'étais le plus heureux des adolescents.
POV Inconnu
Ils sont arrivés en salle et je me suis recalé silencieusement au fond de ma chaise, sentant de nouveau mon ventre se tordre alors que je les savais être entre train de s'installer à l'autre bout de la pièce. C'était tellement ridicule, et j'en voulais tellement à mon cœur de s'accélérer pour si peu, trahissant mon ravissement et me faisant me sentir pire qu'un idiot. Ils étaient rentrés en classe et je me forçais secrètement à ne par relever la tête, puisant dans toute mes forces afin de me persuader moi-même que j'étais juste capable de passer outre.
Puis ma voisine s'est assise à mes côtés et j'ai discrètement relevé les yeux vers eux, vers leur table près de la fenêtre qui semblait même briller plus que les autres. C'était tellement injuste. Tellement injuste qu'ils soient si loin de tout, leur bonheur, si injuste leur indifférence alors que moi j'étais tellement fasciné. Fasciné par leurs regards complices, fasciné par leurs sourires pour eux seuls et puis par leurs mots inaccessibles au reste de la classe. C'était comme-ci une bulle translucide aussi épaisse qu'une muraille les enfermait pour empêcher le reste du monde de les pénétrer. Et moi ça m'impressionnait. Ça me captivait juste de voir à quel point ils pouvaient ne pas sembler présents dans la classe, loin de tout. Loin de tout si ce n'est de l'autre assis à côté d'eux.
Bill et Tom me fascinaient.
J'avais beau vouloir regarder ailleurs, j'avais beau vouloir concentrer toute mon attention sur le prof ou ma voisine, mes yeux ne semblaient jamais vouloir me donner ce luxe et je finissais toujours par tourner la tête, souriant comme un idiot en les observant rire ou me pinçant inconsciemment les lèvres en les voyant discuter ensemble. Ça avait commencé la première semaine de la rentrée, quand je m'étais retrouvé tout seul et que je ne connaissais personne. Ils avaient choisit la table juste devant la mienne et j'avais été captivé par leur façon d'être. Bill qui était si heureux que Tom s'intéresse à lui -et ça se voyait tellement quand il tournait la tête vers la fenêtre en refoulant des sourire que moi je voyais-, et Tom qui persévérait tout de même comme un fou malgré sa fausse mauvaise volonté. Ils étaient incroyablement passionnants. C'était comme assister à la naissance de deux frères, assister à l'union attendrissante de deux êtres fait pour se connaitre.
Seulement le prof m'avait changé de place et le fait de ne plus pouvoir les écouter, de ne plus pouvoir m'inscrire secrètement dans leur conversation me donnait juste envie de crier. Ils étaient toujours là, à quelques mètres de moi, toujours pareils, les même sourires, les mêmes regards, si ce n'est leur complicité beaucoup plus forte qui me retournait l'estomac quand moi je devais baisser la tête vers mon cahier, et c'était incroyable la façon dont ils pouvaient m'ébranler sans même poser les yeux sur moi.
Ce n'était pas Bill, si attendrissant et tellement magnifique, avec ses yeux charbonneux et sa grâce naturelle qui me faisait me sentir si bizarre, ni même Tom, avec ses grands sourires qui me nouaient toujours la gorge et sa démarche sexy qui aurait fait rougir n'importe quelle fille, nan. C'était la fusion entre eux. C'était les deux en un, qui m'empêchait de ne penser à rien d'autres qu'à eux quand j'arrivais au lycée le matin. Bill et Tom. Tom et Bill.
J'ai relevé les yeux vers eux et Tom écrivait discrètement un mot sur le côté du cahier de Bill. Une boule d'appréhension s'est formée dans ma gorge quand j'ai vu le prof s'approcher d'eux et c'est sans réfléchir que j'ai levé la main en l'appelant. Il ne devait pas les voir. Le prof s'est alors retourné vers moi et j'ai rapidement baissée ma main en cherchant n'importe quoi pour justifier mon geste. Il s'est approché de moi et j'ai juste bafouillé une excuse bidon comme quoi je ne comprenais pas le système d'inéquation qu'on était en train de faire. Il s'est alors penché sur moi, pour m'expliquer, pointant du doigt les formules que je n'étais pas sensé avoir comprit, et j'ai doucement relevé les yeux vers eux. Bill souriait. Bill souriait et Tom effaçait son mot en gloussant.
Ils n'avaient rien vu.
Ils n'avaient rien vu et j'ai baissé les yeux sur mon cahier, essayant vainement de ne pas me sentir invisible et idiot. Le prof m'a demandé si j'avais comprit et j'ai répondu vaguement un oui en essayant de sourire. Puis mes yeux ont glissé sur le reste de la classe et j'ai soupiré de soulagement quand la sonnerie à retentit et que j'ai du être obligé de détourner les yeux de leur bulle de bonheur. Je les enviais tellement...
FIN POV Inconnu
« Ce soir tu viens dormir à la maison ? »
Bill lu le petit mot et un sourire gigantesque étira doucement ses lèvres. Il prit sa gomme en vérifiant que le prof ne l'avait pas aperçu et se tourna vers Tom en hochant la tête pour confirmer.
(...)
- A ton nouveau look !
Tom entrechoqua sa bouteille avec la sienne et Bill gloussa doucement en portant le goulot à ses lèvres. Aby les avait prévenue qu'elle dormirait chez une amie et qu'elle ne rentrerait que tard le lendemain matin, et ils avaient feint la déception avant de lui dire au revoir de la main puis de courir en riant jusqu'au placard où se trouvait les alcools. Ils s'étaient bousculer et courser dans toute la maison afin d'arriver en premier dans la chambre, et Tom avait bien évidemment trébucher sur la dernière marche, s'étalant de tout son long sur le parquet où Bill s'était lentement laissé tomber en riant, une bouteille dans chaque mains et les yeux plissés sous l'amusement. Tom s'était mordu les lèvres en l'entendant rire bruyamment et s'était promit de se venger par la suite. Il s'était alors relevé doucement, souriant malgré lui de la tête du brun et avait arraché une des bouteilles des mains de son meilleur ami qui gloussait toujours le cul par terre.
Puis ils avaient élu domicile sur le matelas du dreadé et profitaient simplement du temps qui passait, envoyant leurs devoirs se faire foutre et riant de rien, une bouteille d'un alcool dont Bill ne connaissait même pas le nom dans chaque main.
- Quelle heure il est ?
Bill plissa les yeux en entendant la voix rauque de Tom et avala une dernière gorgée du liquide avant de rabaisser la bouteille -maintenant presque vide- et de fixer le blond qui fronçait les sourcils en fixant sa montre.
- Fais voir ... Il lui prit le poignet et lu difficilement. Minuit ... quarante. Il est minuit quarante, putain Tom t'es complètement fait.
- N'import' quoi .
Tom tira sur son poignet pour le récupérer et s'adossa au mur en faisant glisser ses yeux sur le regard brumeux de Bill. Tom était certes éméché, mais ce n'était clairement rien comparé à l'état du brun.
- Bill.
- Humm ...
Il le vit tenter de se relever et retomber mollement sur son postérieur, gloussant en essayant de rouler sur le côté.
- Bill t'as déjà bu de l'alcool avant ce soir?
- Bien sur... Il posa d'un geste maladroit la bouteille près du lit et se tourna vers Tom en gloussant d'avantage. Avec mes potes on se tapait une cuite tout les week-ends avant, tu sais ! Il explosa de rire et Tom lui administra une petite claque en souriant. « T'es complètement fait ouais... »
Un sourire niais étirait les lèvres de Tom et il laissa sa tête alcoolisée taper doucement contre le mur derrière lui, remontant ses jambes et observant d'un œil nébuleux Bill se relever difficilement du matelas pour aller chercher quelque chose dans la poche de sa veste.
- Qu'est-ce tu fou ?
- Rien... J'prends un truc. Il le vit attraper un sachet en plastique et revenir vers le matelas en souriant. Ça va être marrant tu vas voir, j'les ai prit rien que pour toi ! Enfin pour toi... et puis un peu pour moi aussi .
Il se laissa retomber mollement près de lui et tendis le sachet à Tom qui l'attrapa avec curiosité, tournant la tête vers son visage. Bill souriait comme un idiot à quelques centimètres de lui et son haleine chaude et plus qu'alcoolisée s'écrasait délicieusement dans son cou.
- C'est quoi ?
- Ouvre .
Tom baissa alors la tête vers le sachet et renversa avec curiosité son contenu sur le drap qui recouvrait à moitié son corps. Deux petites choses brillantes en tombèrent et il fronça les sourcils en les prenant entre ses doigts.
- C'est... Ces yeux s'écarquillèrent et il tourna brusquement la tête vers Bill. Des piercings ? D'où tu sors ça ?
- Ça nous irait bien hein ? J'veux dire, toi tu prendrais le blanc et moi le noir ... Il se mordit les lèvres et rapprocha son visage des petits diamants, louchant comme un enfant sans écouter le moindre mot que Tom pouvait lui dire. Ils sont beaux hein ? Il plissa les yeux en souriant d'avantage. Aller ! C'est moi qui commence !
Il se redressa soudainement sur ses fesses, manquant une fois de plus de rouler sur la couette et Tom colla rapidement ses mains à son torse en écarquillant d'avantage les yeux.
- Que/ Quoi ?! Comment ça c'est toi qui commence ?
- Aller Tomy ... Il retroussa son nez en une moue enfantine et tira doucement sur ses poings afin de pouvoir attraper les piercings. On sera trooooop beaux. En plus ça fait presque pas mal et c'est toi qui choisit où on se les fait, d'accord ?
Il avait dans la voix ce timbre tendre et incroyablement déchirant dont Tom su qu'il ne résisterait pas longtemps. Un sourire de désespoir étira alors lentement ses lèvres en s'apercevant avec quelle facilité Bill pouvait le mettre dans sa poche et il gloussa en repoussant ses mains, le faisant tomber en arrière. « P'tit con, arrête de me manipuler. ». Il posa les piercings sur le drap et se mit à quatre pattes au dessus de lui qui riait juste comme un idiot.
- On va pas faire ça. T'es complètement beurré et t'as pas le droit de faire cette tête juste pour que je cède. C'est de la triche.
- Tomy est un trouillard...
- Bill est un alcoolique.
- Tomy est un alcoolique doublé d'un trouillard !
Et en effet, même si Bill était dans l'état le plus critique, Tom le suivait de très près sur le chemin de l'ivresse. Il observa alors son visage diaphane proche du sien, son regard fatigué plongé dans le sien, ses lèvres mouillée d'alcool étirées en un sourire taquin et se recula finalement pour se pelotonner sous la couette, éteignant la lumière et faignant de s'endormir. Sa tête lui tournait trop et la chose étrange dans son ventre devait certainement être due au trop plein d'alcool.
Bill fronça les sourcils lorsque la chambre se plongea dans le noir et il se releva sur ses coudes, fermant les yeux en sentant sa tête tanguer. Tom ne pouvait pas aller dormir maintenant, c'était pas juste. Il s'approcha alors lentement de lui à quatre pattes et attrapa au passage la bouteille que Tom avait posée près de la sienne avant de la porter à ses lèvres, sentant l'engourdissement prendre lentement possession de tous ces membres alors qu'un brouillard duveteux obscurcissait sa tête. Il reposa la bouteille qui roula bruyamment sur le sol et se glissa sous la couette qu'il remonta jusqu'à ses épaules.
Tom lui tournait le dos et il se rapprocha un peu plus de lui, jusqu'à avoir son visage face à ses dreadlocks et pouvoir plonger son nez dedans.
- Tom...
Un silence religieux avait prit place dans la chambre et Bill craignit un instant que Tom se soit endormit.
- Tom...
- Hum...
Bill rouvrit ses paupières qu'il n'avait pas conscience d'avoir fermée et tâcha vainement de faire cesser les vertiges dans sa tête. L'alcool lui était complètement étranger et il avait peut-être trop misé sur sa résistance.
- Tournes-toi.
Tom roula alors sur le dos et ils gloussèrent lorsqu'il l'écrasa sous lui. Bill s'écarta donc légèrement et ils se mirent finalement côte à côte sur le dos. Tom rouvrit lentement les yeux dans le noir quasi opaque de la pièce et fronça les sourcils en sentant la bile remonter le long de sa gorge. Ce n'était vraiment pas le moment de vomir, il était trop fatigué pour ramper jusqu'à la salle de bain et il avait juste envie de s'endormir...
- Tom...
Quoi que s'endormir n'allait peut-être pas s'avérer si facile que ça.
- Quoi ?
- Tu me laisse le noir alors ?
Il leva les yeux au ciel et souffla d'exaspération en tournant sa tête vers le brun. « Nan Bill. Je te laisse rien du tout parce qu'on ne va pas faire ça... ». Bill le fixa alors sans rien dire, les yeux seulement un peu déçu plongés dans les siens et aucune autre supplication ne sortit de sa bouche. Tom fronça suspicieusement les sourcils. « Quoi ? »
- Rien...
- Ne me regarde pas comme ça alors.
- Je ne te regarde pas comme ça, Tomy .
Sa voix était plus douce qu'à l'accoutumé et Tom fronça les sourcils d'avantage.
- T'essaye de m'amadouer.
- Faux.
- Je sais que tu essayes de m'amadouer Bill.
- Je n'essaye pas de t'amadouer Tom.
- Très bien alors .
Quelques secondes passèrent sans que Tom ne quitte des yeux le regard mouillé du brun puis il se pinça les lèvres en sentant la culpabilité chatouillé son ventre. Bill avait vraiment l'air d'un enfant désillusionné et il attendit qu'une quelconque réplique cinglante sorte d'entre ses lèvres. En vain. Bill n'avait pas l'habitude d'abandonner si facilement et il fronça les sourcils en voulant lui expliquer pourquoi il refusait.
- Ecoute, de toute façon on a même pas de quoi les faire.
- C'est pas la vraie raison Tom. Je sais très bien que t'as pas envie de les faire. Mais c'est pas grave, t'inquiète ...
Il détourna les yeux en respirant doucement et fixa le plafond sans dire un mot de plus. Tom observa les courbes de son visage, l'ombre de ses cils sur ses joues blanche et ferma les yeux en grognant.
- Merde, Bill. Tu fais chier. Passe-les-moi .
Un cri de joie déchira instantanément la pièce et il secoua la tête lorsque Bill s'étala de tout son poids sur son corps pour attraper le plastique qu'il avait posé sur le sol près du lit.
- Merci Tomy ! J'vais chercher les glaçons je reviens !
(...)
- T'en as mis du temps ... marmonna-t-il en se saisissant des glaçons et de l'aiguille. Tu t'es perdu ou quoi ?
Bill était revenu dix minutes après avoir disparu dans les escaliers et Tom avait un instant eu peur qu'il se soit blessé avec une fourchette ou un coin de placard. Bill était vraiment bien beurré et on était jamais trop prudent...
- J'arrivais plus à remonter les escaliers . Bill souriait piteusement en dessous lui et un sourire amusé étira ses lèvres en l'entendant murmurer plus bas. Et puis la cuisine s'est amusé à changer de place ...
Il secoua alors la tête en gloussant et enferma le glaçon dans un torchon avant de baisser les yeux vers le brun sur lequel il était assis à califourchon.
- J'espère que tu te rends compte de ce que tu me force à faire... Putain. J'arrive pas à croire que je vais faire ça...
- Arrête de te plaindre Tomy ... Il agrippa maladroitement le bas de son tee-shirt et le fit remonter jusqu'à ses aisselles avant que Tom ne lui retire complètement. Tu trouves pas ça excitant ?
- Je m'apprête à te trouer la peau et je supporte pas la vue du sang Bill, alors nan je trouve pas ça excitant !
- Rabat-joie.
- Fermes-là où je te jure que c'est autre chose que je vais te percer !
Un sourire amusé étira les lèvres du brun et il observa d'un œil trouble l'air vraiment stressé du dreadé.
- Sérieux Tom, arrête de stresser. C'est juste moi.
- Justement .
Bill ferma la bouche et Tom posa lentement le torchon contre son téton qu'il vit rapidement se durcir à la sensation du froid. Il devait endormir la chair avant de pouvoir percer et Tom sentit son pouls s'accélérer en imaginant l'aiguille transpercer la peau si fragile. « Est-ce que ça fait mal ? »
- C'est un glaçon Tom ...
Bill lui sourit tendrement et Tom détourna mes yeux en rougissant, il ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiété pour son meilleur ami et savoir qu'il pouvait être responsable d'un saignement lui retournait juste l'estomac.
- Où est-ce que toi tu vas te le faire ?
- J'en veux pas , répondit-il sans même réfléchir.
- Menteur .
Bill enfonça son doigt dans la chair tendre de son ventre en souriant et Tom couina en lui frappant le bras.
- Arrête ça!
- Je sais que tu veux t'en faire un.
- Et comment est-ce que tu pourrais savoir ça ?
- J'suis ton meilleur ami Tom, je sais tout.
- Ouais... Il haussa les sourcils en souriant. J'en parlerais à mon cheval ...
Bill tendit le bras pour lui donner une claque mais manqua sa cible et laissa son bras retomber mollement sur le matelas.
Ils avaient rallumé la petite lampe de chevet avant d'installer Bill sur le lit et Tom fit machinalement glisser son regard sur le téton du brun. Le torse de Bill se relevait lentement au rythme de sa respiration et ses joues rosirent légèrement avant qu'il ne détourne rapidement les yeux.
- J'pense que c'est assez froid , dit-il lentement en soulevant légèrement le chiffon. Puis il observa le sourire taquin en dessous lui et fronça les sourcils. Quoi ?
- Je t'ai vu .
Une boule de chaleur mit feu à son visage et il retira le torchon en saisissant l'aiguille d'un air embarrassé.
- Qu'est-ce que t'as vu ?
- Tes yeux sur mon torse.
- Bill, ta gueule ...
Et à son plus grand soulagement Bill n'insista pas.
- T'es prêt ?
Le sourire du brun disparut aussi vite qu'il était apparut et Bill ferma les yeux alors qu'il rapprochait l'aiguille de son pectoraux.
- Je sais pas ...
FIN CHAPITRE 22