Chapitre 20



Et c'est en se pinçant les lèvres, en pressant ses douces lèvres l'une contre l'autre, de cet air de gamin trop tendre ou peut-être trop curieux qu'il avait la fâcheuse habitude de prendre dans ce genre de moment, lorsque le silence se fit palpable et qu'il eut l'impression de ne jamais pouvoir réussir à choisir la bonne question, les yeux profondément plongés dans ceux de Tom clairement moins enflammés que les siens et brillants d'une appréhension certaine, que Bill, fidèle à lui-même mais surtout à sa cruelle spontanéité, laissa sans même réfléchir les mots jaillir de sa bouche.

- Tu t'es déjà branlé en pensant à un mec?

Et c'est à ce moment précis, ce moment précis où les lèvres si parfaites de Bill se mouvèrent face à lui que Tom -Tom qui avait secrètement compté sur la supposée délicatesse de son meilleur ami-, eut la subite et effrayante idée de jeter son frêle corps de traître trop curieux dans les escaliers.

- Oui, Bill... Oui j'me suis déjà branlé en pensant à un mec.

Et à peine sa réponse s'éleva dans la chambre que Bill sentit le chatouillement de la surprise et de l'ahurissement taquiner sa langue, sa langue qu'il du pincer pour ne pas l'autoriser à crier un énorme et sincère « OH . MON . DIEU !!!! ». Mais il se reteint, il se reteint et c'était vraiment dure parce que bordel, c'était de Tom qu'on était en train de parler là... Et il le devinait, Tom, dans son regard excité et à travers ses doigts crispés sur le matelas, à travers son silence et sa retenu tellement visible, il l'entendait hurler cette phrase comme une fille hystérique et pouvait même l'imaginer la laisser jaillir de sa gorge diaphane, les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte entre l'air médusé et stupide, le sourire jusqu'aux oreilles, de ce sourire sincère et tellement contagieux, et puis de son sourire à lui, qu'il n'aurait surement pas su retenir face à cette image qui aurait été si caractéristique de son meilleur ami.

Bill était juste incapable de cacher ses impressions...

Alors l'androgyne se pinça seulement les lèvres et feignit de ne pas voir Tom lever les yeux au ciel. Parce que cette toute nouvelle image de son meilleur ami, cette vision tellement loin, tellement différente, tellement plus intéressantes et plus complexe que celle qu'il croyait avoir de lui, toutes ces choses qu'il ne savait pas encore mais qu'il devinait avoir un jour traverser l'esprit de Tom, toutes ces choses qu'il avait faites, imaginé, peut-être même rêvé en secret, toutes ces choses si étranges, si étranges parce que venant de lui, ces révélations et ses anecdotes si personnelles qu'il serait le premier à connaitre semblaient lui électriser le cerveau.

Un sourire taquin et ahuris tenta vainement de ne pas s'étirer sur ses lèvres rouges et c'est inconscient des pensées loufoques que son comportement suscitait dans la tête de Tom qu'il chercha rapidement quelle autre question il allait pouvoir lui poser.

De son côté Tom se jurait juste mentalement d'étrangler Bill s'il l'entendait lui poser une seconde question aussi humiliante et personnelle que celle-ci. Et il savait, Tom, oh combien Bill pouvait avoir de l'imagination quand il s'agissait de lui. Et le trop grand sourire qu'il tentait vainement de retenir sous ses yeux ne lui disait clairement rien qui vaille.

« Qu'il ose seulement demander une chose aussi sexuellement personnelle que celle-ci et je le jette dans les escaliers », fut l'unique pensée qui lui traversa l'esprit lorsqu'il le vit entrouvrir la bouche. Pas de remords, aucun scrupule, il le balancerait sur son épaule comme un vulgaire sac à patate après l'avoir vivement saisit par les hanches et ouvrirait la porte pour le foutre dehors à coup de pied au cul. Ouais. Ou peut-être le ferait-il rouler sur le parquet, jusqu'à la porte, histoire de minimiser le risque de crampe... Quoiqu'Aby se poserait peut-être quelques questions en le découvrant la bouche grande ouverte et les bras ballants en bas des marches, la fenêtre était peut-être plus sûre. Ouais. Il aurait juste mal au derrière durant quelques jours, rien de bien méchant...

- T'es déjà tombé amoureux d'un garçon?

Nan, sa tête ne passerait définitivement pas par la fenêtre, surtout si on prenait en compte la curiosité éléphantesque qui semblait siéger à l'intérieur de son crâne.

- Non Bill, non je ne suis jamais tombé amoureux.

- Et est-ce qu/

- Bill !

Le dit Bill fronça alors les sourcils d'un air irrité et clairement vexé en entendant le ton que Tom venait d'employer. Il planta son regard dans le sien et croisa les bras sur son torse.

- Quoi ?! J'ai pas le droit d'avoir envie de connaitre mon meilleur ami ? C'est pas normal d'avoir envie de savoir ce que t'as dans la tête ? Le haussement de ton de Tom venait de lui refroidir les méninges en une fraction de seconde et il lui en voulu de le faire se sentir si indiscret et chiant alors qu'il était juste un peu curieux. Merde Tom... Il décroisa ses bras et le pointa du doigt avant de se désigner lui-même d'un air furieux. J'me suis baigné en caleçon, dans une piscine, fermée, sans lumière et super froide alors que je suis pudique comme pas possible, et toi tu me reproche de vouloir te poser plus de deux putains de questions ?

- Tu sais que c'est pas pareil... Tom détourna les yeux de ceux frustrés du brun et se gratta l'avant bras d'un geste mal à l'aise. J'peux pas parler de ça comme ça, c'est... Bill t' es le premier à qui j' en parle, laisse-moi au moins le temps de m'habituer à ça.

- Mais t'habituer à quoi ?

- A ça, à tout ça! Putain, rien que le fait de savoir que t'es au courant me fait complètement flipper et te dire ce genre de truc c'est... c'est genre super personnel, tu vois ?

- Nan j'vois pas.

Tom lui envoya un regard blasé qu'il fit mine de ne pas comprendre et Bill ramena ses genoux contre son torse sans pour autant le quitter des yeux.

- T'as honte ?

- Nan.

- T'as peur ?

- Nan.

- Alors pourquoi ?

Tom souffla lentement de frustration face à son entêtement et prit doucement son visage entre ses mains. Bill ne pouvait pas comprendre. Il ne pouvait pas comprendre que pour lui, parler aussi sincèrement de choses si personnelles c'était quelque chose de tout nouveau et de vraiment effrayant. Il ne comprenait pas et c'était compréhensible. Parce qu'il ne pouvait pas comprendre, Bill, ce que c'était que de ne pas parler pendant 10 ans. De ne pas parler pendant 10 ans de tout ce qui est le plus important dans la vie, dans la vie d'un gosse puis dans la vie d'un ado. Les peurs, les incompréhensions, les rêves, l'amour, les envies, tout ce qui fait qu'un ado est un ado.

Tout ce qui faisait que Tom était Tom.

Depuis sa plus tendre enfance, depuis le tout début de son adolescence et plus précisément depuis ce jour où il avait su déchiffrer ce qui le différenciait réellement des autres garçons de son âge, Tom avait comprit une chose, son quotidien ne serait pas celui de ses copains. Il ne pouvait pas parler de lui. De lui ou de ce qu'il avait réellement sur le cœur, ni à son père, ni à son frère, et encore moins à ses potes. Tom était juste un garçon sans filles dans la tête et avec des garçons dans les yeux. Il faisait partie de cette minorité, différente, effrayante, qu'on ne comprend pas ou qu'on ne veut pas comprendre. Tom aimait les garçons et il fallait juste qu'il le garde au fond de lui. Alors nan, parler de lui, d'amour ou de sexe il ne pouvait juste pas. Ou du moins pas si facilement. Et s'être confié à un putain de carnet sans opinion ni jugement durant plus de six ans n'aidait en rien à répondre aux questions de Bill. Bill qui aurait forcément une opinion, Bill qui penserait forcément des choses en l'entendant se confier à lui, Bill qui l'écouterait et qui même sans juger ne pourrait s'empêcher d'être surprit, déçu, peut-être même écœuré.

Bill avec qui finalement il se savait ne pas pouvoir tricher, avec qui il ne pourrait qu'être sincère et entièrement lui, entièrement Tom, entièrement vrai... Et c'était justement ça qui l'effrayait.

- Aller mets tes chaussures on y va !

Tom releva subitement la tête qu'il n'avait pas conscience d'avoir baissé et fronça les sourcils en voyant Bill se relever brusquement du matelas.

- Quoi ?

- Oublie ça, c'est pas... J'aurais pas dû te poser toutes ces questions, je suis juste un peu trop curieux, alors lèves-toi ! Il prit le pull de Tom qui trainait sur sa chaise et lui balança dans la figure. C'est pas grave si t'es pas encore prêt à parler de tout ça, tu m'as dit le plus important et c'est le plus important ok ? Alors maintenant lève tes fesses. On va me relooker.

- Te... Hein?!

Tom sortit brusquement sa tête pleine de dreads de l'encolure du pull qu'il venait d'attraper et écarquilla les yeux en voyant Bill ramasser son portable.

- Te relooker ?!

Bill s'était dit en voyant Tom se perdre lentement dans ses songes qu'il valait mieux pour lui rapidement changer de sujet pour ne pas risquer de gâcher cette révélation si sincère et soudaine venant de lui. Après tout ils avaient largement le temps d'en reparler, et mitrailler Tom de questions n'était peut-être pas la meilleure solution pour le pousser à se confier d'avantage.

Alors... ouais, Bill n'avait pas réfléchit et s'était dit que peut-être, en montrant à Tom qu'il était lui aussi courageux, ça le ferait surement oublier tout le fouillis qui semblait siéger dans sa tête et lui changerait les idées l'espace de quelques heures.

- Ouais me... relooker . Bill grimaça et détourna timidement les yeux en faignant de chercher sa veste et prit une voix qu'il voulu vainement assurée pour tenter d'expliquer cette idée qu'il savait soudaine, saugrenue, et surtout complètement contraire à ses anciens points de vues. J'imagine que t'as du faire un effort surhumain pour te confier à moi et c'est pas très équitable si moi je t'avoue rien, pas vrai ? Enfin voilà, je voulais te montrer que je peux aussi faire des efforts et comme tu m'as toujours répété que j'étais trop, enfin pas assez... Bref, tu vois ! La vérité c'est que je déteste aussi m'habiller comme ça mais que j'ai jamais eu le courage pour changer et... En fait j'ai toujours rêvé d'avoir un style qui déchire tu vois ? Enfin tu sais, genre, un peu différent quoi... Il prit sa veste dans ses mains et releva timidement les yeux vers le sourire attendris de Tom qui l'avait observé bégayer et faire des aller et venu sans trouver quoi faire de ses dix doigts. Te moque pas de moi...

Tom se releva alors du matelas sans même prendre le temps de finir d'enfiler son pull et se planta face à lui, un sourire sincère et étonné collé aux lèvres.

- Bill tu veux un nouveau look ?

Bill baissa les yeux vers son pantalon informe et une grimace digne d'un gamin de six ans déforma ses lèvres lorsqu'il tira doucement sur le tissu.

- Ouais, un look tout court tu veux dire ...

Tom s'empêcha de lever les yeux au ciel en souriant et inclina la tête de façon taquine avant de relever son sourcil droit de la même façon que Bill avait l'habitude de faire quand il voulait le faire chier.

- Et si j'ai bien comprit, tu as besoin de moi et de mes conseils de pro c'est ça ?

Bill releva la tête vers lui et ne pu que sourire devant l'air frimeur qu'il arborait fièrement. Il croisa alors les bras sur son torse et haussa les sourcils d'un air dédaigneux en fixant son pantalon.

- Ouais, bin à condition que tu me force pas à entrer dans tes fut' de mammouths quoi ...

Il gloussa alors doucement face au grognement incompréhensible de Tom puis observa celui-ci soupirer lentement avant de lui sourire tendrement et de le fixer d'un sérieux qui lui fit aussitôt cesser de ricaner. Tom le regardait pensivement. Et quand Tom le regardait de cette façon, ce n'était clairement qu'aucune blague idiote n'allait sortir de ses lèvres.

- Sérieusement Bill, c'est vraiment cool que tu veilles changer de look et tout, mais... j'veux pas que tu le fasses à cause de ce qu'on a pu te dire dans le passé ou quoi que ce soit, hein ? Faut que ça vienne vraiment de toi, j'veux dire... Moi j'te trouve très bien comme ça tu sais ?

- Oh pitié arrête moi ça, on dirait ma mère là... Il leva les yeux au ciel et hocha la tête d'un air blasé alors que Tom fronçait les sourcils.

- Nan mais j'suis sérieux !

- Bien sur que t'es sérieux ! T'es mon ami et t'es pas un connard fini donc c'est normal que tu me trouve « bien comme ça... » . Il laissa ses bras retomber le long de son corps et rattrapa sa veste qui venait de tomber au sol avant de se relever et de se tourner vers le velux en soufflant doucement d'agacement. Si t'étais une fille tu dirais pas/ Tiens ba justement ! Il se retourna vers lui et le désigna d'un air évident. Toi qu'es homo, dis moi si en voyant un gars comme moi trainer dans la rue tu le regarderais, sérieux ?

- Bien sur.

- Tu vo/ ...Hein ?

Bill fronça les sourcils et Tom haussa les épaules d'un air détaché.

- Je sais pas ce qu'on a pu te dire pour que t'ai une vision si déplorable de toi mais... Merde, t'es loin d'être moche Bill. Un petit sourire prit forme sur ses lèvres en voyant les joues du brun se mettre à rosir légèrement et il secoua doucement la tête en enfilant un premier bras dans la manche de son pull qu'il n'avait toujours pas fini de mettre. Et que tu t'habille comme ça ou autrement, n'importe quelle idiote verrait que ce que tu cache sous ton allure sombre et ton comportement réservé mérite de creuser un peu.

- Oh...

Un sourire timide prit place sur son visage pâle et Tom leva les yeux au ciel en hochant la tête.

- Petit con, si tu crois que j'vais te faire tout les jours ce genre de compliments tu te mets le doigt dans l'œil coco !

Il ponctua sa phrase d'un coup de manche de pull pas encore enfilée dans la figure et passa rapidement son deuxième bras dans le tissu avant que Bill ne lui assène un coup dans le ventre qui le fit se tordre en riant.

- Et si tu crois que cette histoire de relooking va me faire oublier toutes les questions que j'ai dans le crâne tu te mets les cinq doigts de la main dans les yeux COCO !

Ils se mirent alors à pouffer comme des idiots et Tom attrapa rapidement son portable qu'il glissa dans sa poche de baggy avant de se retourner vers Bill le sourire aux lèvres. Il le fixa sans rien dire, souriant simplement de son appréhension tellement visible, laissant juste son visage diaphane et anxieux s'encrer dans ses rétines, puis fit un signe de tête en direction de la porte.

- Alors ?

- Alors quoi.

- Toujours partant ?

Tom savait au plus profond de lui que cette journée d'apparence si banale allait changer beaucoup de chose dans leur quotidien à lui et à Bill. Bill était en train de changer. Bill était clairement en train de changer et il était vraiment fier de le voir si entreprenant. C'était rassurant et puis excitant à la fois, savoir que grâce à lui Bill trouvait la force de vouloir sortir de cette peur paralysante du regard des autres. Ils se laissaient progressivement et à tour de rôle le droit de pénétrer la bulle de l'autre, lentement, surement, et avoir avoué son homosexualité à Bill était surement la chose la plus dure et la plus foutrement géniale qu'il n'avait surement jamais eu à faire.

Et puis il faut dire que ça le rassurait, Tom, de savoir qu'ils avaient encore tous les deux du chemin à faire pour se sentir pleinement heureux dans leur peau, et que lui et Bill progressaient finalement au même rythme dans le but d'assumer un jour l'un l'autre les garçons qu'ils avaient finalement tant peur d'être.

- Et comment que j'suis partant!

- Alors let's go !

Il se rua sur la porte de sa chambre après s'être saisit de ses clés et la vision d'un Bill balancé à coup de pied au cul dans les escaliers lui traversa un instant l'esprit lorsqu'il le vit descendre les marches derrière lui après avoir fermé la porte. Il secoua alors doucement la tête en souriant, et dix minutes trois quart de crêpes plus tard, ils étaient tous les deux en route vers l'arrêt de bus, prétextant un temps radieux pour ne pas prendre la mobylette.





(...)





- Dis...
- Humm ?

Bill détourna lentement les yeux des horaires de bus et fixa Tom qui souriait niaisement assis sur le banc en l'observant.

- Tu me laisseras te choisir toutes les fringues que je veux, au magasin?

- P't'être bien...

Il haussa les sourcils d'un air joueur et le sourire de Tom s'agrandit instantanément sous ses yeux amusés.

- Et j'aurais droit au défilé et tout ? Genre avec les essayages de strings dans les cabines et les ceintures en peau de léopard?

Bill pouffa alors doucement en détournant les yeux du sourire taquin de Tom et resserra nerveusement ses doigts sur le mouchoir qu'il avait dans sa poche, fixant de nouveau pensivement les horaires, soudainement nerveux à l'idée de pénétrer dans le centre commercial où il croiserait assurément la moitié du lycée.

Nan mais sérieusement, quelle connerie il avait pas encore fait là...

Il soupira lentement de résignation en pensant qu'il était de toute manière maintenant bien trop tard pour faire marche arrière et laissa sa tête taper lourdement contre la surface plastique en fermant les yeux. Tom serait même capable de le tirer par la peau du cul pour le faire entrer dans le bus de toute façon...

- Alors ?

Il décolla son front des horaires et se retourna vers Tom en fronçant les sourcils.

- Alors quoi ?
- Le défilé dans les cabines , répéta-t-il en souriant, j'y aurais droit?
- Rêves .

Et il ne pu que sourire en voyant Tom ouvrir grand la bouche d'un air choqué avant de se retourner dos à lui, son sourire taquin et son air de gosse impatient brusquement évaporés pour laisser place à cette moue boudeuse et foutrement vexée qui lui allait si bien.

Son mouchoir maltraité fut instantanément abandonné au fond de sa poche et Bill leva les yeux au ciel en le rejoignant prêt du banc. Il fit alors lentement glisser son regard sur l'énorme grand-mère, en train de somnoler contre l'appuie de l'arrêt de bus, puis la petite collégienne bouquinant un thriller à ses côtés, et souffla finalement de frustration en s'accroupissant près de Tom dont les fesses occupaient la dernière place libre.

- Tom ... chuchota-t-il en grattant doucement sur son jean du bout des ongles. Laisse-moi une place s'te plait...

Tom haussa soudainement les sourcils en entendant le ton mielleux du brun et tourna lentement la tête vers lui, observant sa moue suppliante puis souriant tendrement à son tour avant de rapprocher son visage à quelques millimètres du sien pour murmurer un tendre :

- Rêve.

- Pff... Bill lui claqua la cuisse de la paume de sa main et se renfrogna à l'idée de rester debout comme un con. Espèce de creuvard .

Il fit mine de ne pas voir le sourire victorieux du blond et se releva lentement sur ses longues jambes avant de faire glisser ses yeux sur celles tressautantes de Tom, puis de sourire à son tour et de s'assoir brusquement sur ses genoux en enroulant ses bras autour de son cou pour l'empêcher de l'éjecter.

- Bill, pousse ton cul, t'es lourd !

- Menteur... Il lui adressa un énorme sourire et haussa les sourcils en remuant son popotin sur ses genoux. Je suis plus léger que toi Tomy.

- P't'être mais t'as les os du cul pointu ...

Tom se délecta alors hilare de l'air complètement outré du brun et profita de son état de choc pour lui pincer les côtes et ainsi le forcer à descendre, un sourire idiot collé aux lèvres et le cœur battant euphoriquement sous la poitrine. Mais Bill se tortilla sur lui en gloussant et Tom ne fut pas surprit lorsqu'il le sentit s'accrocher encore plus à son cou, coinçant ses mollets sous ses genoux et nichant son nez contre sa peau en le suppliant d'arrêter.

- Tom déconnes pas j'vais me pisser dessus, arrêtes !
- Et si j'arrête j'aurais droit au défilé ?
- Oui oui oui promit !

Tom stoppa alors ses incessantes chatouilles et enroula ses bras autour du flanc de l'androgyne, posant son menton sur son épaule d'un mouvement tendre et fraternel en fermant les yeux et en soupirant de bien être. Bill sentit son souffle chaud s'écraser contre la peau nue de son cou et tourna la tête vers la sienne. Ses prunelles chocolat tombèrent alors aussitôt sur les immenses cils du dreadé et un sourire idiot naquit sur ses lèvres à la pensée que lui seul connaissait son secret le plus intime.

Bordel, si les filles de leurs classes étaient au courant...

- Dis Tom, est-ce que tu poserais pour moi ?

Il observa les paupières du blond s'ouvrir lentement face à lui puis Tom froncer les sourcils devant cette question tout droit sortit de nulle part.

- Poser ?
- Ouais genre ... Il remua légèrement sur ses genoux. Tu sais, faire des portraits, tout ça...
- Oh... Bin ouais. Ouais pourquoi pas.
- Cool.

Il vit le vit alors refermer les yeux après lui avoir sourit gentiment et se mordit les lèvres, louchant sur le nez du dreadé en hésitant à poursuivre.

- C'est cool, parce que... Justement je me suis inscrit à un concours de nu et je trouvais vraiment personne à dessiner .

Il tourna alors rapidement la tête vers le bus qui arrivait vers eux et ne vit pas Tom écarquiller les yeux en avalant sa salive de travers lorsque son menton tomba de son épaule parce qu'il s'était brusquement lever de sur ses genoux.

- Attends attends, quoi ?!

Bill fit mine de ne pas voir sa tête de dix pieds de long le fixer d'un air paniqué et pénétra rapidement dans le bus en se mordant les joues, se promettant mentalement de ne pas céder face à Tom qui venait finalement de lui donner son accord.

Bon, un accord peut-être sans connaissance de cause, mais un accord quand même !

Il traversa donc rapidement toute la longueur du bus et ne pu que sourire malicieusement en se retournant et en voyant Tom arriver gauchement derrière lui, le visage blanc et les yeux ronds comme des soucoupes.

- Bill attends tu/ Oups, pardon excusez-moi ... Il ramassa le sac d'une jeune femme qu'il venait de faire tomber et couru jusqu'au fond du bus où il aperçu l'androgyne lui sourire gaminement. Comment ça « de nu » ?!

Il agrippa brièvement la barre de fer vertical pour ne pas basculer lorsque le bus se remit en marche et s'approcha un peu plus de Bill qui s'était callé contre une vitre du fond.

- Et arrête de sourire comme ça ou j'te jure que je te fais bouffer tes cheveux !

Et le bruyant gloussement qui s'échappa des lèvres de Bill à l'entente de cette menace pourrie ne pu que le faire sourire également, secouant la tête d'un air exaspéré en lui administrant une petite baffe en guise de représailles. Bill se fouttait juste ouvertement de sa gueule, mais si ça pouvait lui faire oublier cinq minutes la raison pour laquelle ils étaient réellement dans le bus, Tom ne pouvait qu'accepter son triste sort et jouer le jeu jusqu'au bout.

Enfin jouer le jeu... peut-être pas quand la perspective de se mettre à poil sur un tabouret en bois était d'actualité.

- Nan mais sérieusement, c'est quoi ce délire là ?

- Aller Tom, tu vas pas faire le pudique ... Bill leva les yeux au ciel et posa sa tête contre la vitre avant de prendre un air de chien battu en plongeant ses yeux chocolat dans les siens. J'en ai vraiment besoin de ce dessin et j'ai personne qui accepte de poser pour moi...

- Bin je pense bien . Il colla sa joue contre la barre fraiche et fit la grimace d'un air embarrassé. Nan mais j'vais pas me mettre à poil devant toi quand même !

- Bin faudra bien que ça arrive un jour ou l'autre mon coco. Que ce soit moi ou un autre mec, un jour tu seras bien obligé de montrer ton robinet à un membre de la gente masculine.

- Bill !

Il lui tordit aussitôt la peau du ventre à travers son tee-shirt et tourna rapidement la tête à droite et à gauche pour s'assurer que personne ne les avaient entendus, alors que Bill couinait en massant ses abdos inexistants et en gloussant tendrement de son comportement.

- Ba quoi c'est vrai... Ca te fera un entrainement et puis le jour ou tu voudra... euh.. enfin tu sais, avec ton copain... et bin t'auras pas peur de baisser ton slip !

L'air blasé de Tom le fit sourire comme un damné et il l'observa avec tendresse rougir comme une adolescente.

- Ok ok j'arrête...

Il lui adressa un sourire difficilement sérieux et Tom leva les yeux au ciel avant de fixer son attention sur la route.

- Et puis tu repenseras à moi comme ça...

- BILL !

CHAPITRE 20

 

 

 

 

 

 

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