Chapitre 26



C'est pas tout à fait comme un ami mais ça fait sourire aussi, un amour. Du moins, Tom, c'est tout le temps qu'il souriait quand Bill se tenait près de lui avec ses grands yeux bruns et la profondeur de leur candeur dans laquelle il s'autorisait quelques fois à plonger.

Apnée instinctive.

Apnée secrète et instinctive dont le principal concerné n'était absolument pas conscient. Bill était toujours à des années lumières des étoiles présentes dans l'esprit de Tom lorsque leurs regards s'accrochaient pour ne plus se lâcher. Et Dieu sait que Tom pouvait retenir sa respiration un sacré bout de temps, dans cet océan chocolat.

Une critique cinématographique de Bill en fait.

Tom avait compté et son plus grand record avait été une critique entière de Bill, cette fois où en revenant du cinéma il n'avait pas accroché à un seul mot provenant de la bouche de son meilleur ami, trop concentré sur la présence toute entière de Bill et l'immense chaleur complice et rassurante que son corps filiforme dégageait près de lui. D'ailleurs en y réfléchissant bien, Tom n'était pas vraiment sûre d'avoir accroché ne serait-ce que le film lui-même. Bill avait mit un jean taille basse et un tee-shirt vraiment très court ce jour là. Il se souvenait juste s'être mentalement acharné sur l'énorme pot de pop corn recouvrant son ventre durant toute la séance.

- On va être en retard Bill...

Tom était négligemment adossé au chambranle de sa porte et observait d'un œil mi-amusé mi-excité son meilleur ami faire les cents pas en énumérant à voix haute tout ce qu'ils avaient fourrés dans leur sac à dos le matin même. Bill se retourna vers lui, un sourire inquiet collé aux lèvres et se les mordit une dernière fois en réfléchissant. Ils avaient la tente, la bouf, les places, les tickets de métro, le duvet, l'appareil photo, les portables, les marqueurs...

- Ouais... Je crois que c'est bon.

Un sourire hystérique étira alors synchroniquement leurs lèvres et ils sortirent de la chambre en gloussant, traversant les escaliers puis fermant la porte à clé derrière eux avant de mettre le cap sur la gare.

Un mois s'était écoulé depuis la nuit où Tom avait prit conscience des sentiments qui le liaient à Bill. Un mois et il n'avait jamais été aussi proche de lui, passant tout son temps chez le brun ou Bill chez lui, au point qu'Aby devienne une très bonne amie de Simone et que le petit frère de Bill appelle Tom « tonton ».

Tom pouffa silencieusement à se souvenir. La première fois que Mika l'avait appelé de cette manière, Bill en avait lâché son mascara, tombant ainsi au fond de la baignoire où ils le surveillaient tout les deux prendre son bain en discutant. Bill avait sourit et Tom avait gloussé.

Il aurait quand même préféré « beau frère ».

Ark. Tom cessa de glousser à cette penser.

A présent emmitouflés dans deux énormes doudounes retrouvées au fond d'un des placards de Bill, Tom et lui s'apprêtaient désormais à vivre leur tout premier concert ensemble. Ils avaient tout d'eux décidés de s'y rendre en métro, Tom étant fier de faire découvrir à son brun les joies des transports en commun, et le froid cuisant de ce début de décembre ne semblait pas les attiédir le moins du monde. La perspective de sécher deux journées de cours à se geler les miches dans une tente minuscule devant une salle de concert les faisait sourire comme des idiots et ils avaient organisé cette journée des semaines à l'avance, afin qu'elle soit aussi parfaite que la journée même où ils avaient apprit la date du concert.

Bill se souvint alors avec nostalgie du regard tellement apeuré de Tom lorsqu'il lui avait avoué son homosexualité. Et cette image, les yeux fuyants de son meilleur ami et son air si perdu alors que les mots s'étaient éteints dans sa gorge, Bill savait qu'elle avait été imprimée à l'encre indélébile dans ses rétines. En partit parce que ça avait été le début d'une nouvelle complicité entre eux, et en partit parce que Bill avait découvert une nouvelle facette de Tom ce jour là, et que ça, se heurter sans s'y attendre à un nouvel angle qui nous pousse à voir une personne que l'on aime et que l'on pense connaitre par cœur différemment, c'était selon lui le meilleur cadeaux que le quotidien pouvait lui offrir.

Tom shoota pensivement dans un caillou en ruminant. Il avait pourtant essayé de remédier à ça, ces insupportables sourires niais qui étiraient constamment ses lèvres en observant Bill durant ses errances irréprimables dans ses yeux bruns. Parce que c'était quand même assez problématique, surtout quand le but était de garder cette partit de lui secrète afin de conserver leur amitié et ses bisous et câlins quotidiens. Seulement il avait vite abandonné l'idée en s'apercevant avec déception et peut-être également une pointe de peur, que cette partit de lui, elle prenait justement toute la place. Être amoureux de Bill était quelque chose de considérablement éléphantesque, un amour faramineux et étonnement énorme qui lui gonflait le cœur au fil des jours. Tom ne s'était pas attendu à ça, à ce qu'être amoureux soit si profond et inflexible. Dicaprio pouvait largement aller se rhabiller avec ses regards de braises et ses dessins minables. Bill dessinait bien mieux que lui d'ailleurs.

Un nouveau sourire niais étira ses lèvres en se remémorant la silhouette sensuelle et le regard intense de Bill face à un bloc à dessin. Tom pouvait rester des heures à le dévisager derrière son ordinateur en veille, les doigts tapant à rythme régulier sur le clavier pour feinter un travail acharné sur Word.

Bordel. Bill était tellement beau par moment que s'en était douloureux de poser les yeux sur autre chose...

Un couple d'étudiant les devança silencieusement sur le trottoir et Bill fut heureux en relevant les yeux de ne plus se demander lequel des deux regarder. Le garçon, la fille ? La fille, le garçon ? Il avait été heureux et foutrement soulagé ce jour où abandonnant lâchement (et à regret) les grands bras chauds et rassurants de Tom, il avait enfin pu mettre un nom sur ses préférences sexuelles. Hé.té.ro. Trois syllabes et milles questions éradiquées de son esprit. Il avait largement gagné au change là... Bill secoua discrètement la tête en pensant à quel point le froid était nuisible à la cohérence de ses pensées. Mais il était vrai que regarder ce porno gay en catimini dans sa chambre, ça l'avait foutrement fait avancer. Il avait tout d'abord été un peu gêné par les bruits alors que sa sœur dormait surement dans la chambre d'en face mais s'était vite abandonné à l'observation minutieuse de la vidéo et de ses possibles réactions. Seulement nada. Aucun début d'érection, aucun papillon dans le ventre. Rien. Il avait observé durant plus de vingt minutes deux hommes battis comme des armoires à glace se bécoter, se masturber, se sucer puis inéluctablement... baiser contre le mur, et pas un seul instant il n'avait été excité par leurs ébats. Ça avait été un peu brutal, presque hard et les deux mecs lui avaient juste fait pensé à Jean Claude Van damme en plus baraqué. Bill s'était allongé sur son lit en souriant. Il était fixé. Il n'aimait pas les mecs. Puis il s'était relevé du matelas en fronçant les sourcils. Bordel. Il était hors de question qu'un gars face ce genre de truc à son Tom.

Tom fit discrètement glisser ses yeux sur le jean cintré du garçon avant d'enfoncer davantage ses mains dans ses poches en soufflant d'anéantissement. Dur dur d'être gay à dix-sept ans... Il baissa tristement les yeux vers le macadam humide et plongea son nez dans le col de sa doudoune. De toute manière, même la perspective de trouver le bonheur dans les bras d'un autre ne lui arrachait pas l'ombre d'un sourire. Il avait Bill dans la peau et c'était d'ailleurs de plus en plus dur pour lui d'être si proche de sa dépendance. Ça devenait presque une véritable épreuve de s'enrouler à son corps la nuit sans s'imaginer lui faire follement l'amour ou recevoir un bisou de sa part sans s'imaginer le demander en mariage. Il l'aimait. C'est tout. Il l'aimait à en crever et Bill n'aimait pas les garçons. C'est tout.

Tom était en train de se remémorer cet horrible moment où Bill lui avait expliqué son bonheur d'être enfin fixer sur ses préférences sexuelles quand son portable sonna dans sa poche, le tirant par bonheur de ses douloureuses réflexions.

« Allô ? »

« Tom ? »

« Nan nan, Cabrel. »

Bill gloussa à ses côtés. Andy pouvait être tellement con par moment.

« Vous êtes arrivés ? »

« Nan, la gare est juste devant nous. Mais qu'est-ce que tu fou réveillé à cette heure, toi ? » Tom lança un regard complice à Bill avant de continuer. « T'as cours aujourd'hui il me semble... »

Leurs deux rires francs résonnèrent dans le téléphone et Bill frappa Tom à l'épaule en gloussant de sa méchanceté. Ils étaient quand même vaches, leur prof de maths avait prévu un énorme contrôle le jour même...

« Bandes d'enfoirés! Ça vous fait marrer hein ?! »

Bill leva les yeux au ciel avant de prendre le portable des mains de Tom. « C'est pas de notre faute si t'as des goûts de chiotte en matière de musique hein, tu serais venu avec nous sinon... »

« Bill ? »

Tom reprit le téléphone en souriant. « Quoi Bill. Andy t'es sure que t'es réveillé ? »

« Ah. Ah. Ah. Je me marre. Nan mais sérieux les mecs, pourquoi vous avez choisi CE jour là pour me laisser tout seul ? Je vais devoir travailler avec Manu et sa conne de copine là... »

« Qu'est-ce que t'as contre Manu toi ? »

Ils entendirent tout les deux leur ami geindre bruyamment dans le téléphone avant de sourire synchroniquement en imaginant avec facilité la tête que devait surement faire Andréas à cet instant. Un mois s'était en effet écoulé depuis leur première rencontre avec le blond platine et depuis lors, aucun des trois garçons ne se séparaient de plus d'un centimètre une fois les barrières du lycée franchies. Andy s'était rapidement avéré être un garçon sensible mais complètement barré au franc parlé et aux expressions souvent bien tordantes (qui avaient le mérite de leur faire apprécier les cours de physique souvent bien barbants), et Bill et Tom lui avaient rapidement et d'un commun accord proposé de les rejoindre à leur table de trois durant ce cours passionnant.

« Ce que j'ai contre Manu ? Rien. A part qu'il est chiant comme la pluie et coiffé comme un dessous de bras... »

Tom décolla le téléphone de son oreille pour exploser de rire au souvenir du dit Manu et Bill se retourna vers lui en souriant, les sourcils relevés d'incompréhension. Il lui fit silencieusement signe que ce n'était rien et ramena son portable à son oreille.

« Andy, je te jure que si la tente avait été un peu plus grande on aurait fait de la place pour tes blagues pourries... »

Il pouffa de nouveau en pénétrant dans la gare et Andy grogna dans le combiné. « C'est ça, raconte moi des salades. Je sais très bien que vous vouliez être juste tout les deux hein.. »

Le sourire de Tom se figea en même temps que son cœur. « Hein ? »

Andréas leva les yeux au ciel avant de replonger sa main dans le paquet de cornflakes. « Rien rien, bref. Est-ce que Bill a prit la lampe torche que je lui avais passé ? »

Andy était blasé par l'entêtement de ses amis à ne rien voir et surtout par l'incroyable conviction de Tom à croire qu'il était discret. Andréas gloussa à cette pensée. Tom était tellement transparent en ce qui concernait Bill que s'en était presque pathétique, seulement il avait apprit à fermer sa bouche et à juste apprécier cet amour secret et si attendrissant pour une pseudo racaille telle que Tom. Personne ne voyait rien, personne ne voyait rien du tout et lui se marrait comme un diable à chaque regard discret de Tom sur Bill... C'était tellement évident. A croire qu'il était vraiment brillant et perspicace pour l'avoir découvert tout seul.

Sans doute trop occupé à s'envoyer mentalement des fleurs, Andréas n'entendit pas la dernière phrase du dreadé. « Excuse-moi, t'as dit quoi ? »

« Bordel Andy, vas te recoucher... »

« Pas moyen, y a Oui-Oui version 3D sur la six. »

Tom leva les yeux au ciel alors que Bill s'était depuis trois minutes endormi sur son épaule après avoir jeter un coup d'œil aux horaires et avoir trouver un banc sur lequel s'étaler.

« Bill est avec toi ? »

Tom jeta un bref coup d'œil aux doigts de Bill accrochés à sa doudoune. « Ouais il dort. »

« Ce mec est vraiment un cas, il dort partout, n'importe où, et sur n'importe quoi ! »

Un sourire amusé étira les lèvres de Tom alors qu'il faisait distraitement glisser le bout de son nez sur les longs cils de Bill. « Pas sur n'importe quoi... »

« Bon, je vais te laisser, je dois aller changer l'eau du bocal là... »

Tom fronça les sourcils en caressant pensivement les phalanges du brun. « Depuis quand t'as un poisson toi ? »


Il entendit un gros Boom suivit d'un beuglement et d'une succession d'insultes. « ET MERDE! Connerie d'armoire à la con, fait chier ! »

« Espèce de boulet... »

« C'est toi le boulet, changer le bocal c'est une expression, ça veux dire que je vais pisser ... »

« Ah... » Tom fit pensivement glisser son doigts sur la peau laiteuse de Bill avant de frotter sa tête contre la sienne en fermant les yeux. Ce mec allait le tuer à être si tendre même dans son sommeil. « Et sinon t'es parent, c'est toujours la guerre ? »

« Orf.. Ils ont dormis à l'hôtel du cul tourné toute la semaine quoi... »

Tom gloussa doucement en se demandant où ce mec trouvait toutes ces expressions puis fronça les sourcils en entendant un bruit de gouttière. « Andy... T'es en train de pisser là ? »

« Ouais. »

« Andy !... »

« Bin aux dernières nouvelles j'ai deux mains hein, autant s'en servir... »

« Attends And', faut que je te laisse et que je réveille Moufassa, y a le train qui arrive... »

Il entendit un bruit de chasse d'eau et se décolla légèrement du banc pour remuer l'épaule de l'androgyne. Bill ouvrit doucement les yeux en grognant.

« Bill s'est encore coiffé en brosse à chiotte ?! »

Puis il attrapa violemment le portable des mains de Tom en ronchonnant. « Je t'emmerde blondasse ! »

« Oh ! Billou est réveillé... »

« Ouais ! Il est réveillé et il raccroche ! »

Bill referma le portable en un clap sonore et se tourna vers Tom en souriant. « Tu me portes ? »

« Rêves... »

Andréas fixa sont portable désormais silencieux dans le creux de sa main puis jura dans sa barbe avant de se jeter dans son lit.

Aller au lycée sans eux ?

MAIS.BIEN.SUR.



( ... )



« Tom... »

« Hum ? »

Allongé étroitement l'un contre l'autre, le dos de Tom callé confortablement contre le torse de son meilleur ami dans la chaleur enivrante de leur duvet, Bill plongea sa tête dans les dreads blondes aux senteurs de noix de coco en soupirant longuement de bien-être. « Tu l'aurais vraiment laissé venir ?»

Tom rouvrit paresseusement les yeux qu'il ne s'était pas sentit fermer avant d'appuyer tendrement l'arrière de sa tête contre celle de Bill. « Quoi ? »

Bill enroula possessivement son bras autour de sa taille avant de répéter plus doucement dans son oreille. « Andy. Tu lui aurais proposé de venir avec nous s'il avait pu s'acheter une place ? »

« Ben... Ouais. Ouais je pense. Pourquoi ? »

Tom sentit la main froide de Bill jouer distraitement avec son tee-shirt sous le duvet avant que sa voix hésitante ne s'élève lentement dans la petite tente. « Moi pas.. . »

Dehors le bruit de discutions mêlés à des rires graves s'élevaient de temps à autre dans la nuit et Tom fronça les sourcils en posant ses yeux sur une bouteille vide près de lui. « Pourquoi ? »

« Je sais pas. » Bill fit une courte pause avant de continuer. « Parce que. »

Il ferma les yeux et prit une grande inspiration. Sa main se stoppa alors doucement sur le tee-shirt presque chaud de Tom et lentement, ses doigts se refermèrent sur le tissu, le froissant légèrement dans sa paume avant de silencieusement le faire glisser vers le haut. Tom sentit son cœur s'accélérer sous sa poitrine alors que la main fine de Bill passait timidement sous son tee-shirt, caressant sa peau sensible en un long et doux effleurement.

« Bill qu'est-ce que tu fais... »

Tom se releva sur son coude pour pouvoir se retourner vers son meilleur ami et ancra ses rétines perdues et tremblantes dans celles noires et brillantes de Bill. « Bill ? »

Ce dernier resta un moment silencieux face à lui, sa main toujours posée sur ses pectoraux et c'est avec une lenteur à faire trembler les entrailles de Tom qu'il se pencha sur son visage pour poser ses lèvres sur les siennes en un minuscule baiser de surface. « Parce que... c'est mieux. A deux c'est mieux... »

Le cœur en arrêt de Tom et la boule de plomb dans sa gorge ne lui permirent pas d'émettre le moindre son et c'est avec le sang bouillonnant violemment dans ses tempes qu'il observa Bill se rallonger lentement au sol, le regard plongé dans le siens avant de bravement faire glisser ses mains jusqu'à sa ceinture cloutée que Tom entendit cliqueter dans le silence effrayant de leur petite tente.

« Tom. Dis-moi que t'as pas peur... »

Les yeux de Tom dérivèrent malgré lui vers le pantalon de son meilleur ami alors qu'aucun son ne réussissait à franchir la barrière de ses lèvres.

« Tom est-ce que t'as déjà... » Bill s'interrompit un instant pour baisser sa braguette et écarter les pans de son jeans. « Tom est-ce que t'as déjà touché un gars ? »

« Qu/... Quoi ? »

« J'aime bien penser que... » Il attendit que Tom relève les yeux vers lui pour continuer. « Imaginez que/ que tu me fais des choses et... J'aime penser à ce qu'on pourrait faire tous les deux. Tu sais.../ »

Il releva ses hanches pour faire glisser son jean sur ses cuisses tremblantes et ferma les yeux en sentant ses joues rougir. « Tom, viens sur moi... »


Il tourna alors la tête vers lui, un sourire désormais lubrique collé aux lèvres et c'est surement à cet instant, quand ses yeux noirs de désir et sa bouche déformée par ce sourire impudiquement érotique tomba dans le sien que Tom sut.

Il sut et ses mains cessèrent de trembler. Son cœur cessa de battre la chamade, la boule dans sa gorge fondit sous sa salive et il observa longuement le corps étendu de son meilleur ami, un voile de tristesse mêlée à du soulagement au fond de la rétine, avant de, lentement, se pencher vers lui en observant avec amertume et dégout les yeux de son meilleur ami dériver impatiemment vers ses lèvres.

« Bill.. »

« Oui ? »

« Tu n'es qu'un rêve... »

Et Tom se réveilla en sursaut. Il s'étrangla dans un gémissement douloureux en se relevant brusquement du duvet, la respiration capricieuse et le cœur en larmes. Bill éclata de rire derrière lui en voyant la trace de sa montre ancrée dans sa joue rougie et tira sur sa manche en souriant « Tom ça va ? »

Le dreadé tourna lentement la tête vers lui dans l'obscurité presque totale de la tente. « Bill... »

« Je suis réveillé depuis une heure mais j'osais pas te réveiller. Je m'emmerde comme un ras mort et t'entendre ronfler m'a sérieusement donné envie de t'étouffer... Putain, j'ai faim. Il nous reste des gâteaux ? »

Tom acquiesça machinalement alors que l'androgyne plongeait déjà la tête dans un sac plastique coincé sous leurs chaussures.

« Je peux te poser une question ? » Il n'attendit pas que Tom lui réponde et releva la tête en fronçant les sourcils. « T'aurais vraiment proposé à Andy de venir avec nous s'il avait pu ? »

Tom manqua de s'étrangler avec sa salive et détourna brusquement les yeux du vide qu'il fixait pensivement. « Quoi ? »

« Ba ouais... Moi je pensais que c'était du genre, un truc juste à nous et toi... J'sais pas. Je crois que moi j'aurais pas voulu. » Il se gratta légèrement la tête avec de continuer. « C'est salaud ? »

Les lèvres de Tom s'étirèrent en un sourire tendre alors qu'il se penchait vers lui pour lui embrasser la joue. « Nan. C'est bien un truc à nous. Et j'aurais pas voulu qu'il s'incruste non plus... »

Bill hocha alors la tête en souriant pensivement puis releva les yeux vers les siens en se retenant vainement de glousser. « Si on est salaud... »

Et il tendit un cookie à Tom qui gloussa à son tour à la pensée de leur ami surement en train de sécher les cours à l'heure actuelle.

Tom gloussa. Il gloussa vraiment, avec Bill. Sincèrement comme un gosse avec les yeux rieurs plissés en amande et ancrés dans les siens et putain... il pensa douloureusement à quel point il était dans la merde.

FIN CHAPITRE 26

 

 

 

 

 

 

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