C h a p i t r e * 17 -
Est-ce que la maison est vraiment la solution ?
Les yeux de Tom s'ouvrirent d'un coup quand il entendit du fracas et il était déjà à sa porte quand un gémissement étonné parvint à ses oreilles. C'était leur mère; il sortit en courant dans le couloir et il se rendit compte que tous les sons venaient de la chambre de Bill. L'angoisse pesait dans son ventre et il repoussa ses cheveux en arrière au moment même où il traversa le couloir et entra en trombe dans la chambre de son jumeau. Et ça n'a pas loupé, Simone était appuyée contre le mur une main couvrant sa bouche et Bill était assis sur son lit, le regard désorienté, honteux et véritablement furieux. Ça n'allait pas bien finir et ce, d'aucune façon que se soit.
Simone regarda Tom avec de larges yeux et tout ce qu'elle pouvait faire était de secouer la tête, l'air incrédule. Quelqu'un couru derrière lui et il se retourna pour voir Gordon intégrer la scène étrange avant qu'il ne soupire et n'aille vers sa femme. "Viens ma chérie." Dit-il doucement en lui prenant la main et en l'emmenant hors de la pièce. Un coup d'œil rapide à Bill et il s'arrêta presque, mais continua à pousser Simone, choquée, en dehors de la pièce.
"Qu'est-ce qui est arrivé ?" Demanda Tom en refermant la porte derrière lui. Bill se leva et commença à tourner en rond, en colère.
"Je dormais paisiblement quand j'ai senti que quelqu'un tirait mes foutues couvertures. Quand je me suis réveillé, ma mère passait son regard de mes yeux à sa main sur mon ventre comme si elle n'avait jamais cru à ce que je lui ai dit au téléphone!" Cracha t-il.
Tom tressaillit ; ça devait être une façon horrible de commencer la journée. Il jeta un coup d'œil à la petite horloge sur la table de nuit à côté du lit et cligna des yeux. Pas étonnant qu'il soit toujours fatigué, il était à la maison seulement depuis un peu plus de deux heures. "Bill." Dit-il en s'approchant tout près pour pouvoir empêcher son jumeau de faire les cent pas. "Tu devrais retourner au lit. Il est trop tôt."
"Putain non, je vais aller parler à maman, je veux dire -" Bill bailla et secoua la tête pour faire disparaître la fatigue, mais ça ne marcha pas. "Pourquoi à chaque fois que tu me touches je deviens somnolent ?" Demanda t-il en baillant à nouveau. Tom sourit et haussa les épaules en l'attirant sur le lit.
"Je reviens. Toi dors." Tom soupira et bailla lui aussi. Bill râla et se retourna sur le côté. "Tu vas bien ?"
"Tu pourras me ramener un Coca-Cola© quand tu reviendras ?" Demanda t-il d'un air endormi.
"Je te rapporterais de l'eau." Offrit Tom au lieu de ça. Il rit quand Bill lui donna un petit coup et il descendit découvrir quelle était le problème de sa mère. Gordon était appuyé contre le comptoir dans la cuisine, buvant un café et regardant un point invisible dans l'espace. Il releva les yeux quand Tom entra dans la pièce et lui sourit.
"Bienvenue à la maison." Dit-il d'un air piteux, lui désignant la cafetière. Tom secoua la tête ; il avait toujours un peu l'espoir de retourner dormir. Le soleil venait à peine de commencer à se lever et il ne pouvait pas s'empêcher de bailler à nouveau.
"Merci, où est maman ?" Demanda Tom en regardant autour de lui. Il se saisit d'un verre et le remplit de l'eau du réfrigérateur.
"Elle se prépare pour aller travailler." Gordon soupira et se pinça l'arrête de son nez avant de continuer. "Comment c'est arrivé ?" Demanda t-il tranquillement.
Tom se contenta de le regarder et haussa les épaules. "Tu as entendu les informations."
"Ça s'est répandu, oui." Admit Gordon. "Je ne pensais juste pas que mon beau-fils serait dans la même situation que ce que je voyais aux informations. Beaucoup d'hommes font des avortements à droite, à gauche alors que le prix pour ces patchs ont grimpés. Ils en fabriquent des tonnes et les vendent au noir dans les rues. Le gouvernement essaye de les attraper. Les homosexuels disent que l'on a répondu à leurs prières." Dit-il doucement. "Je ne savais pas que Bill était gay."
"Il ne l'est pas." Murmura Tom. Soudain il voulu se précipiter en haut pour échapper au monde réel. Ce qu'il avait pensé arrivait, il était rentré à la maison avec son petit frère enceinte ? Sourires et étreintes ? Compréhension et considération ? Étaient-ils ivre de joie ?
Avant que Gordon ne puisse ajouter quelque chose, Simone pénétra dans la pièce en essayant d'attacher sa boucle d'oreille. Elle jeta un coup d'œil à son mari avec un sourire forcé avant de réaliser qu'il y avait quelqu'un d'autre dans la pièce. Tom respira à fond et observa sa mère lutter avec ses émotions en s'approchant lentement de lui."Comment c'est arrivé Tom ?" Demanda Simone tranquillement en lui tendant les bras. Il marcha vers elle et posa sa joue sur le sommet de sa tête dans une étreinte serrée. Tom avait oublié combien étreindre sa maman et étreindre Bill étaient semblables.
"Je ne sais pas Maman." Admit-il. C'était sa faute à coup sûr, mais personne ne savait comment tout ça avait commencé.
"Tu te souviens de ce que tu m'as dit quand je me suis mise en colère lorsque vous m'avez annoncé tous les deux que vous continuerez les tournées sans moi ?" Simone se retira et cligna des yeux pour faire partir les larmes qui commençaient à naître au coin de ses yeux.
Tom se sentit écrasé. "Ne t'inquiètes pas, je m'occuperai de Bill." Marmonna-t-il, se sentant plus bas que terre. Sa mère acquiesça de la tête et finalement essuya ses yeux. "Je suis désolé maman." Et c'était la vérité, il était plus désolé qu'elle ne l'imaginerait jamais, ne le saurait jamais.
"Simone, nous devons y aller ou nous serons en retard. Tu sais comment le trafic est ; de plus ils ont fermé le pont." Dit Gordon doucement en marchant vers Simone et plaçant sa main sur son avant-bras. Elle regarda vers le bas sa main et soupira ; avec encore un regard derrière elle, elle se laissa emmenée. Tom les regarda juste partir et ne bougea pas jusqu'à ce que la porte se referme doucement derrière eux.
Il soupira et commença à monter les escaliers. Il tressaillit quand la troisième marcha craqua sous son poids. Le bois se fissurait et quelqu'un allait bientôt être blessé. Tout le monde s'en plaignait mais personne ne l'avait encore fait réparer ou au moins n'avait appelé quelqu'un pour la faire réparer. Tom ne pouvait pas s'empêcher de sourire au fort grincement. Il lui rappelait tellement son enfance, avant que tout ça ne soit arrivé.
Avant qu'il ne s'en soit rendu compte, il se trouvait devant la porte de Bill où il y entra doucement. Bill était pelotonné sur le côté et ronflait légèrement. Il était vraiment endormit pour le coup ; bien. Tom pouvait dire que son jumeau était sérieusement épuisé et il espérait que tout ce drame avec leur mère ne le bloquerait pas pour obtenir un peu de repos. Il posa le verre sur la table de nuit et déposa un doux baiser sur le front de Bill. Celui-ci remua brièvement et se repositionna confortablement, Tom sourit en remettant quelques cheveux derrière son oreille et partit aussi doucement qu'il était venu.
~*~*~*~
Bill rit et secoua la tête. "Comment c'est supposé être drôle ?" Demanda t-il en essayant de garder un visage sérieux.
Tom haussa les épaules tout en riant. "Je ne sais pas, mais ça l'est. Tu ries." Le taquina-t-il.
"Je ne le fais pas!"
"Si tu le fais!"
"Les garçons, vous agissez toujours comme si vous aviez huit ans." Sourit Gordon en entrant dans la cuisine. Bill et Tom se figèrent, un des jumeaux ressemblant à un cerf aveuglé par les phares d'une voiture et l'autre ayant un regard appréhensif. "Je ne veux pas gâcher votre bonne humeur mais votre mère sera bientôt là. Elle a eu du monde à la dernière minute à la galerie d'art et a appelé pour me dire qu'elle serait en retard."
"Au moins nous avons plus de temps." Dit Tom à haute voix sans réfléchir. Son beau-père sourit et acquiesça de la tête, déposant sa sacoche sur le comptoir.
"Vous connaissez votre mère aussi bien que je la connais ; elle va probablement pleurer, crier et hurler mais ensuite tout reviendra dans l'ordre. Laissez-la juste sortir tout ça et nous pourrons tous reprendre nos vies." Gordon soupira et essaya de ne pas regarder fixement Bill.
Bill croisa ses bras et essaya de faire disparaître toute l'animosité de ce premier réveil à la maison. Maintenant qu'il était l'heure raisonnable de six heures de l'après-midi, il se sentait mieux préparé à faire face à sa mère. Son ventre grogna et il intercepta le regard anxieux de Tom. "Quoi ?" Demanda-t-il avec gêne.
" Désormais, tu ne devrais pas dormir toute la journée. Quand tu dors, tu ne manges pas." Lui rappela-t-il doucement.
Bill leva les yeux au ciel. "Vraiment, tu crois?" Soupira t-il de façon dramatique. "Qu'est-ce que je ferais sans toi ?"
"Tu dérangerais Gustav probablement." Répliqua Tom et tous les deux se mirent à rire. Bill regarda autour de lui et comprit qu'il avait totalement oublié que leur beau-père était toujours dans la pièce. C'était une transition toujours bizarre de passer de la vie de tournée à la vie réelle. C'était tellement facile de trouver une façon d'ignorer toutes les personnes autour de vous. Il n'y avait aucun espoir de vie privée à moins que vous ne soyez dans votre couchette avec le rideau fermé et encore, quand Georg était d'humeur amicale et indigente ce n'était même pas totalement garanti. Tom et lui avaient développé une façon si rapide pour s'enfermer dans leur monde qu'ils ne faisaient souvent pas attention à ce qu'il se passait autour d'eux.
Gordon se racla la gorge et sourit. Ses beaux-fils avaient toujours fait ça et ça ne le dérangeait pas car beaucoup de personnes le faisaient également. Quand vous rentrez dans un foyer déchiré, parfois tout ce que vous pouvez faire, c'est vous soutenir avec votre frère. Il comprenait et son opinion sur sa relation avec Bill et Tom était qu'elle était bien pour eux deux. Il n'avait jamais essayé d'être leur père mais il avait installé ses règles du jeu dès le départ et ils avaient obéit ; respect mutuel des deux côtés. "Votre mère et moi pensions aller manger dehors, ça vous semble bien ?"
Tom se redressa à la suggestion, mais un regard vers le visage de Bill et il savait quelle devait être sa réponse. "Et bien, je pensais rester là aujourd'hui, tu sais ?" Il regarda Bill du coin de l'oeil et vu comment il était attristé. "Peut-être que nous pourrions aller prendre quelque chose dehors et le manger ici ?"
"C'est très bien, comme vous voulez. Quoique, Bill, tu pourrais vouloir manger quelque chose avant le dîner. Je ne pense pas que les grognements qu'on entend soient bons pour le bébé." Dit Gordon en lui lançant une orange, essayant d'alléger l'atmosphère.
"En réalité nous avons déjà commandé une pizza." Dit Bill en s'excusant tout en reposant l'orange sur la table. Il ne voulait pas d'orange de toute façon.
Gordon pâlit et se gratta le dos de la tête. "Hum, j'avais espéré que vous ne l'ayez pas fait si tôt. Votre mère attendait avec impatience le dîner familiale."
"Je promets que je peux et que je veux manger à nouveau." Il inclina la tête quand la sonnette d'entrée retentit. Tom s'excusa et partit récupérer leur livraison laissant Bill et Gordon dans la pièce. "Alors, tu n'es pas fâché contre moi ?"
"Je ne pense pas que la colère soit vraiment appropriée tout de suite." Répondit-il sincèrement. "Je ne sais pas quoi penser, mais je sais que tu es mon fils et que je t'aime, peu importe ce qui arrive. Le seul problème à surmonter, c'est le côté bizarre de la chose. Je ne vais pas te mentir et dire que tout ça ne me dérange pas, mais c'est arrivé et c'est comme ça."
Bill rit pour essayer de ne pas pleurer. "Je suis content que tu ne me détestes pas."
"Je ne pourrais pas te détester Bill, jamais. Mais je suis vexé que tu me fasses grand-père aussi tôt. J'ai encore tous mes cheveux et aucun de gris. Tu n'aurais pas pût attendre un peu plus longtemps ?" Plaisanta Gordon alors que Bill redoublait de rire.
"Je suis désolé, à quoi pensais-je ?"
"Je ne sais pas, mais ne recommence pas." Plaisanta-t-il faiblement. L'accalmie dans la pièce revint et Bill remua légèrement. "Alors, qui est le père ?"
"Je … ne peux pas te le dire." Dit Bill rapidement. "Je suis désolé."
"C'est Bushido ?" Demanda Gordon soigneusement.
"Non!" Répondit Bill sèchement en se levant, en colère. "Putain pas Bushido!"
"Non, ce n'est que la pizza." Dit Tom de façon sarcastique en entrant dans la pièce, la boîte à la main. "Pour vous monsieur." Il fit une révérence, l'air flamboyant et prit place à côté de son frère. Bill ouvrit la boîte et inhala béatement avant d'attaquer la pizza comme si elle lui avait fait quelque chose personnellement. Autant Tom que Gordon observèrent la scène quelques minutes, horrifiés.
"Hum … Je vais sous la douche me laver de cette journée …" Gordon blanchit quand son beau-fils inhala encore une fois la pizza devant lui. Il secoua la tête et sortit pratiquement en courant.
"Qu'est-ce qui ne va pas avec lui ?" Demanda Bill en voyant la sortie de Gordon. Il se retourna pour trouver Tom le regardant mystérieusement. "Quoi ?"
"Tu ne sens même pas que tu as du pepperoni sur la joue ?" Demanda t-il.
Bill lui lança un regard noir, continuant à mâcher. "Bien essayé." Tom retira le morceau de viande rond de la joue de son frère en silence. Bill cligna des yeux et rit, un peu embarrassé de manger si vite. "Je ne sais même pas quoi dire."
" « Passes-moi une serviette » pourrait être un bon début." Tom haussa les épaules et lui remit une serviette. Bill s'en saisit avec tout le naturel dont il pouvait faire preuve et s'essuya la bouche ; il réfléchit quelques secondes et s'essuya ensuite le visage entier. "Tu devais avoir faim." Dit-il à Bill qui continuait à manger mais avec une allure plus lente.
"Ouais, j'avais d'ailleurs aucune idée d'à quel point jusqu'à ce que tu n'ouvres la boîte et que cette magnifique chose soit révélée." Il frôla du bout des doigts le côté de la boîte affectueusement et se mit à rire. "Tu devrais voir le regard sur ton visage." Exulta Bill.
"Peu importe. Je n'arrive pas à croire que tu ais mangé cette pizza entière aussi vite. Ça a mit seulement …" Il jeta un coup d'oeil à sa montre. "Dix minutes. Probablement."
Bill haussa les épaules. "Qu'est-ce que je peux dire, à part que maintenant je suis rassasié ?" Dit-il en se penchant en arrière, l'air satisfait et se frottant le ventre. Tant lui que le bébé était très content d'avoir mangé de la pizza. La dernière fois qu'il avait essayé, il n'avait pas pût tout garder. Il était bon de savoir que maintenant, il pouvait de nouveau aimer son plat préféré.
"Je parie que vous l'êtes." Tom récupéra les déchets et les jeta aux ordures, écoutant Bill fredonner un certain air en s'agitant gaiement. Il ne pouvait que sourire ; même avant que Bill ne soit enceint dès qu'il avait bien mangé, il se mettait à danser et à chanter. Tom rapprocha sa chaise tout près, enroula son bras autour de la taille de son frère et l'attira à lui.
Bill continua de chantonner au changement de position et se blottit lui-même sous le menton de Tom. Il prit conscience qu'il n'était jamais aussi heureux que lorsqu'il était dans les bras de son frère. Il sourit contre son cou et sentit que son jumeau gloussait. La porte d'entrée s'ouvrit et le sourire de Bill se fana rapidement. Tom le repoussa et se repositionna rapidement au fond de sa chaise dans une position normale. Sa bonne humeur partit soudainement.
Simone avança rapidement dans la cuisine et parcouru les garçons des yeux avant de détourner le regard. Il y avait beaucoup de choses qu'elle voulait dire, mais rien ne lui venait à l'esprit, rien qui ne signifierait quelque chose tout de suite. Son cœur frappait dans sa poitrine et Simone n'arrivait pas oublier qu'elle avait envie de pleurer. Ça l'avait suivie toute la journée à la galerie et il avait été difficile de travailler, sans parler de sourire aux acheteurs quand ils demandaient des précisions sur les œuvres en vente.
Fixer le grille-pain n'allait pas arranger les choses et faire comme si tout était normal entre ces tournées non plus ; elle ne pouvait pas oublier que son fils était enceint. Simone rit tout haut à cette pensée et se rendit compte que ça pouvait sembler un peu fou. Elle regarda fixement le grille-pain qui semblait se moquer d'elle et elle se retourna pour regarder ses fils aimés. Tom était pareil que d'habitude ; une casquette et ses cheveux regroupés dans une queue. Il était grand et maigrelet mais personne ne pouvait le voir sous ses vêtements extra-larges. On pouvait croire qu'il devait porter ses vêtements aussi grands pour pouvoir contenir son ego. Elle pouvait voir de l'épuisement et de l'appréhension dans ses yeux, mais il ne détournait pas le regard, la fixant fermement. Il pensait probablement qu'il allait se produire quelque chose du même goût de ce matin ; Tom essayait de protéger son jumeau. Ses lèvres s'étirèrent d'un coup sec dans ce qui ressemblait presque à un sourire et elle tourna son regard sur son fils cadet.
Bill semblait encore plus fatigué que Tom si c'était possible. Les cernes sous ses yeux lui fit faire une grimace ; son regard faisait mal, il l'épinglait et lui fit mal même plus encore. Ses cheveux étaient comme toujours échevelés, des mèches blanches sortaient de là à intervalles étranges. Ses cheveux ressemblaient toujours à ça quand il dormait longtemps. Elle baissa son regard et déglutit fortement. Les petites protubérances sur sa poitrine. Simone essayait de se convaincre qu'elle rêvait tellement la réalité lui faisait peur. Son petit bébé avait des seins …
Simone était brièvement heureuse de ne pas pouvoir voir son ventre arrondit de là où elle était ; elle ne pouvait pas bouger puisqu'elle était quasiment certaine que le comptoir la tenait debout. "Pour ce matin …" Elle s'arrêta et recommença à nouveau. "Je suis désolée d'avoir fait irruption dans ta chambre." Réussit à sortir Simone, clignant des yeux pour éloigner son vertige.
Bill déglutit et regarda vers le bas la table, ayant l'air de regretter d'être là, dans cette pièce à avoir cette conversation plutôt que n'importe où ailleurs. "C'est bon." Marmonna-t-il, triturant avec son ongle le clou à la surface qui était là depuis que Tom et lui, âgés de sept ans, avaient décidé qu'ils allaient "fixer" la table sans demander la permission à quelqu'un. Il n'y avait rien de mal avec la table mais personne n'avait retiré ça. Ça faisait tellement longtemps maintenant que personne ne pouvait vraiment se rappeler de la table sans ça.
"Bien." Sourit-elle brièvement avant de prendre une autre inspiration profonde. "Gordon et moi voulions vous emmener tous les deux dîner ce soir. La famille n'a pas dîné ensemble depuis presque dix mois et avec tout ce qu'il se passe, ça voudrait dire beaucoup si nous pouvions aller quelque part avec de l'argenterie et des serviettes en tissu."
Tom ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais Bill toucha son bras avant qu'il ne puisse parler. "Bien sûr, Tom et moi allons nous préparer." Bill tenta de faire un sourire et Tom le regarda en fronçant les sourcils au vu de son changement d'avis soudain. Il le faisait toujours, céder à ce que leur mère voulait, mais il n'allait pas se disputer.
"Bien, nous avons réservé aux Jardins Parfumés pour huit heure." Simone regarda au loin quand Bill se mit debout. Elle dû fermer les yeux et respirer profondément avant de pouvoir regarder son fils. Quand elle les rouvrit les deux garçons étaient déjà partis. Simone soupira et claqua son poing sur le comptoir, en colère contre elle-même. Comment Bill devait se sentir s'il pensait qu'elle ne pouvait même pas le regarder sans s'évanouir ? C'était seulement en partie vrai … Oh, son petit garçon … Elle regarda fixement à nouveau le grille-pain. "Putain, c'est difficile." Répliqua-t-elle en prenant son sac et se dirigeant vers sa chambre.
~*~*~*~
C'était une belle soirée; le temps pour ce début du mois de mai était agréable et chaud. La famille Kaulitz-Trumper été assise dans un silence relatif sous le patio du Jardins Parfumés, un nouveau restaurant qui avait ouvert pendant que Bill et Tom étaient en tournée. Personne ne se regardait vraiment dans les yeux, se cachant tous derrière leurs grands menus. "Quelle merveilleuse nuit." Mentionna Gordon, restant cacher par sécurité derrière deux ou trois pages du menu.
"Délicieuse." Accorda Simone en continuant à réfléchir à la boisson la plus alcoolisée qu'elle pouvait commander en sachant qu'elle devrait aller travailler demain matin.
"Ouais, vous manquez ça dans un bus." Ajouta sans réfléchir Tom, regrettant qu'ils ne soient pas restés à la maison, comme il savait que Bill le voulait depuis le début.
Bill leva les yeux au ciel et regretta de ne pas pouvoir ôter son sweat-shirt sans que les gens ne le regardent fixement. Le restaurant était plein de gens, geignant et hélant le personnel pour qu'on vienne les servir. Et il voulu leur hurler de se taire, mais le mal de tête derrière ses yeux ne lui permettait pas.
"Quelqu'un a regardé les Experts la semaine dernière ?" Demanda Gordon avec espoir ; il parlerait de n'importe quoi pour éviter le silence pesant autour de la table. Simone acquiesça de la tête distraitement alors que Bill et Tom secouèrent négativement leurs têtes.
"Non, nous manquons tout si ce n'est pas sur DVD." Dit Bill tranquillement en se laissant couler au fond de son siège. Son beau-père inclina sa tête avec compréhension et tout le monde retomba dans le silence.
Quelques minutes de silence pesant s'étaient écoulées quand Simone prit une petite gorgée d'eau. "C'est de la bonne eau." Fit-elle remarquer, ayant un grand besoin de quelque chose pour casser le malaise.
"Ouais, on ne peux pas dire que c'est de l'eau du robinet." Ajouta Gordon en prenant lui-même une petite gorgé. Bill souleva son menu plus haut et essaya d'ignorer tout le monde.
Tom inclina la tête et prit une gorgée lui aussi. "C'est tellement…frais." Dit-il sans conviction en se demandant pourquoi il avait dit ça.
Une serveuse avec un sourire brillant s'approcha de leur table avec un bloc et un stylo prêt. "Bonsoir, mon nom est Katrina et je serai votre serveuse ce soir. Souhaitez-vous un apéritif pour commencer ?"
"Je voudrais une vodka s'il vous plaît." Dit à brûle-pourpoint Simone. Le sourcil de Katrina monta mais elle nota l'ordre rapidement.
"Pas d'autres apéritifs pour quelqu'un d'autre ?" Demanda-t-elle agréablement. Chacun secoua la tête et elle inclina de la tête une fois. "Je vais annoncer votre apéritif, je vous laisse réfléchir à votre commande, ça vous va ?"
"C'est très bien, merci." Lui répondit Gordon en regardant aux alentours tout le monde autour de la table. Quatre personnes, qui regardaient dans quatre directions différentes avec toutes la même idée en tête. "Nous devons vraiment parler." S'adressa t-il à chacun.
"C'est sûr, pourquoi ne ferions nous pas-" Simone fût coupée par l'arrivée de sa boisson. Elle prit une grande déglutition et espéra que ça calmerait ses nerfs. Katrina la regarda brièvement avant de lui sourire.
"Est-ce que vous avez fait votre choix ?" Demanda-t-elle gaiement, parfaitement consciente de l'humeur de la table.
"J'aimerais des roulés aux feuilles de raisin." Dit Tom en haussant les épaules. Il ne savait jamais quoi commander en entrée et ça importait peu d'habitude car il mangerait n'importe quoi que Bill mangeait.
Malheureusement, ils ne pouvaient pas partager leurs repas avec leurs parents justes en face d'eux. Quand Bill et lui en avaient marre de leurs plats, ils se les échangeaient. Ils ne pouvaient définitivement pas le faire.
"J'aurais aimé le potage minestrone." Gordon referma son menu et se demanda brièvement s'il perdrait l'envie de manger avant que son entrée ne soit arrivée.
"Donnez-moi la même chose." Simone soupira enfonçant ses poings dans son visage pour essaya de se contenir. Tout le monde releva les yeux vers Bill et le regarda minutieusement.
"Je ne veux pas d'entrée. Puis-je juste commander mon plat principal?" Demanda-t-il modestement.
"Bien sûr, aucun problème." Katrina commença à préparer son stylo. "Je voudrais du bœuf Stroganoff accompagné d'une sauce au roquefort." Bill s'acquiesça lui-même de la tête. Ça avait l'air vraiment bon.
"N'importe quels légumes ?" Demanda Katrina en notant la commande.
"Non."
"Bill, ce n'est pas sain." Simone fronça les sourcils et secoua la tête. "Tu dois prendre quelques légumes." Elle rouvrit le menu.
"Je n'ai envi de rien d'autre tout de suite maman, c'est bon ?" Demanda Bill, de mauvaise humeur. Tom mit sa main sur son bras mais il se retira brusquement.
"Non, ce n'est pas bien. Tu ne peux pas juste penser à toi désormais." Cracha-t-elle en retirant brusquement son bras de la prise de Gordon.
"C'est marrant, je pensais que c'était moi qui mangeais." Répliqua-t-il.
"Bill." Murmura Tom en hochant de la tête rapidement.
"Non, j'en ai assez." Il tira sur le col de son sweat-shirt et laissa échapper un soupir. Bill se sentait brûlant et se trouvait mal. "Je n'ai pas faim maintenant de toute façon. La pizza m'a gavé."
"Tu as mangé de la pizza ? Pourquoi tu n'as pas attendu ? J'avais préparé depuis des semaines!" Dit Simone en colère alors que Gordon essayait de la faire taire. "Si tu m'avais dit que tu avais déjà mangé, j'aurais juste annulé cette réservation stupide puisque tu es si … si peu attentif aux autres."
Tom soupira et mit sa main sur sa bouche pour se retenir de parler. Katrina fixait chacun d'eux avec un certain intérêt mais ça passait totalement inaperçu. Ils essayaient de contenir leur conversation aux gens étant assis autour de la table, s'ils parlaient juste un peu plus fort tous sous le patio sauraient ce qui se passe. Il pouvait sentir le début d'un mal de tête juste derrière ses yeux.
"Peu attentif aux autres ? En quoi suis-je peu attentif aux autres ? J'ai eu faim j'ai donc mangé. Ou peut-être que tu penses que je suis peu attentif aux autres parce que je ne veux pas me disputer en public ? Alors que les gens qui n'ont rien avoir avec cette histoire peuvent écouter ?" Il regarda de manière significative Katrina qui eu la bonne grâce de rougir et de se précipiter à l'arrière du restaurant. "Tu sais quoi ? J'ai même plus faim maintenant." Il essuya ses yeux en colère et se maudit encore une fois de pleurer aussi facilement.
"Bill, s'il te plaît. Tu devrais t'assoir et manger quelque chose. J'ai bien vu comment tu détaillais le menu." Dit Gordon en se saisissant du poignet de sa femme en priant pour qu'elle ne dise rien.
"Non, je veux rentrer à la maison. Tomi ?" Il se retourna vers son jumeau avec une expression suppliante sur le visage. Bill ne voulait pas être à l'extérieur en public ou n'importe où près de sa mère pour le moment.
"On se voit à la maison." Dit Tom tranquillement, repoussant le dossier de sa chaise. Gordon hocha de la tête et Tom suivit Bill, quittant le restaurant en colère. Ils arrivèrent au parking et Bill se retourna, soudainement incertain. Tom marcha à côté de lui et il appuya sur le bouton d'ouverture de sa voiture afin que les petits flashes de lumière lui révèlent où il avait garé sa voiture. "Tu ne devrais pas énerver maman." Dit-il avec lassitude en ouvrant la porte coté passager pour que Bill puisse monter.
Il attendit que Tom soit entré avant de fondre en larmes, incapable de se retenir plus longtemps. "Elle me traite comme un étranger ou comme si j'avais fait quelque chose de mal depuis qu'on est rentré à la maison! Comment j'étais supposé réagir ?" Bill essuya furieusement ses yeux à l'aide de la manche de son sweat-shirt même s'il savait qu'il venait probablement d'étaler partout son maquillage. Il n'avait pas le lourd fard à paupières noir qu'il avait habituellement, juste un petit coup d'eyeliner qui fit s'arrêter Tom pour le regarder et lui renvoyer un sourire qui allégea son cœur. "C'était un fiasco." Renifla t-il en se saisissant d'un mouchoir dans la boîte à gants pour moucher son nez.
Tom posa sa tête sur le volant et demanda à n'importe quelles divinités qui pouvaient l'entendre de l'aider à passer tout ça. Avec sa mère d'un côté et Bill de l'autre, comment allait-il faire ? "Tu veux vraiment rentrer à la maison ?" Demanda-t-il en démarrant la voiture.
Bill renifla et se retourna vers la fenêtre. "Non, je veux un Big Mac." Tom rit et ils partirent.
FIN CHAPITRE 17