C h a p i t r e * 19 -
Est-ce que la salade est vraiment la solution ?
"Qu'est-ce qui ne va pas avec nous ?" Demanda calmement Gustav alors qu'ils s'asseyaient dans la véranda de Georg après un repas pris tardivement. Ca faisait deux jours depuis la fin de la tournée et ils venaient de partager le repas le plus gênant que deux personnes pouvaient avoir.
Georg haussa les épaules et prit une autre gorgée de sa bière. "Je pense que nous sommes étranges." Théorisa-t-il tandis qu'il regardait dans le jardin arrière. Il y avait un peu de ménages à faire dans la cour et il se promit à lui-même de proposer son aide à sa mère. Maintenant qu'ils avaient un peu de temps libre, cela serait possible.
"Pourquoi dis-tu ça ?"
"Parce que nous dépensons tellement de temps en tournée à exprimer nos souhaits de qu'on fera en off, et que maintenant que nous sommes en off, on ne sait pas de quoi parler."
Gustav acquiesça. "Tu te souviens qu'on ne manquait jamais de choses à dire ? Maintenant c'est juste…"
"… le silence." Finit Georg avec un hochement de tête. De briser ce silence détendit l'atmosphère pendant quelques minutes avant que le batteur grogne simplement. "Qu'est-ce qui ne va pas ?"
"Je suis stressé de parler avec toi pour la première fois de ma vie." Dit-il de derrière ses mains "J'ai juste… arg ! Je ne sais pas quoi dire !"
"Attends, tu es stressé ?" Georg rit jusqu'à ce que son visage soit légèrement rouge et Gustav commença à lui envoyer des regards noirs.
"Est-ce que tu te moques de moi ?"
"Non ! Je viens juste de réaliser notre problème." Réussit-il à dire entre deux éclats de rires. "Nous essayons de traiter l'autre comme si nous étions des filles."
"Je ne suis pas une fille !" Dit le blond, sur la défensive.
"Ah bon ? Et si on vérifiait. Nous sommes de retour depuis deux jours et tu viens pour le repas; quelque chose que tu fais avec Robin, Laura et Janet. Tu as apporté un cadeau ; ce que tu fais avec Shannon, Sarah et Elizabeth. J'ai essayé de rendre le repas raffiné comme je l'ai fait un nombre incalculable de fois avec des filles. Nous sommes tombés dans le piège qu'on voulait éviter. Je ne veux pas foutre en l'air notre amitié." Dit Georg sérieusement. "C'est l'une des choses qui me maintiennent sain d'esprit sur la route."
Gustav regarda dans le vide alors qu'il faisait jouer la bouteille de bière entre ses doigts lentement. Son ami avait raison, il avait commencé à penser à Georg comme une fille, et ça lui donna mal au ventre. Même depuis qu'ils étaient revenus à la maison, il avait essayé d'éviter de se faire des films ou d'en attendre trop. "Ouais, pareil. Donc que faisons-nous ?"
"Eh bien, je sais ce que je veux faire. Je veux rentrer et prendre un morceau de cette tarte à la fraise que ma mère a fait et vu le regard que tu as lancé à la porte, je pense que tu veux faire la même chose. Après je pense que tu devrais rentrer chez toi et dormir un peu, je vais dormir un peu et quand je vais me réveiller, je vais t'appeler et nous allons sortir en boîte. Alors qu'est-ce que t'en penses ?" Georg sentait la tension dans la véranda s'évanouir et il sourit.
"Je pense que je peux faire ça." Acquiesça Gustav lentement ; il leva les yeux un instant avant de recevoir un baiser des plus sympas. Ils s'écartèrent alors que la porte arrière s'ouvrait et Mme Listing sortit avec un sourire.
"Georg, tout va bien ?" Demanda-t-elle poliment.
"Oui maman, très bien." Acquiesça Georg en lui souriant largement.
"Bien, je vais aller à cette petite fête dont je t'ai parlé un peu plus tôt ok ? Tu auras la maison pour toi pendant un moment. Ca fait plaisir de te revoir Gustav, c'est toujours un plaisir." Elle leur adressa un signe de la main et rentra à nouveau dans la maison ; les deux garçons entendirent la porte du garage s'ouvrir et se refermer.
Georg se leva et regarda Gustav. "Ou tu peux te reposer ici et nous sortirons plus tard." Proposa-t-il d'une voix rauque.
"Toi et ta maudite voix…" Le visage de Gustav s'enflamma en voyant combien son corps avait réagi si vite à cette simple requête. "Ca devrait être illégal." Dit-il une fois encore, rouge, alors qu'il se levait pour faire face au bassiste. Le baiser soudain n'eut rien à voir avec du romantisme ; brutal et avide tandis que Gustav pressait son ami contre la porte de la maison. Quand ils se séparèrent, Georg gloussa lentement.
"Alors punis-moi." Murmura-t-il et Gustav sourit largement.
~*~*~*~
Bill finit sa partie avant de se laisser aller dans la chambre de son frère. Il faisait sombre ; la seule lumière qui filtrait venait d'un trou dans les rideaux noirs de la fenêtre. La lumière du soleil éclairait l'une des nombreuses piles de vêtements au sol et ses yeux s'ajustèrent à la faible illumination. Bill pouvait comprendre ce que son jumeau avait fait la dernière heure passée.
Il y avait un chemin clair au milieu du sol ; Tom qui fumait essayait de faire partir la senteur de la fumée de cigarette qui était presque déjà partie mais dont les résidus restaient perceptibles par le nez sensible de Bill. La fenêtre était ouverte, rendant la pièce un peu plus chaude que le reste de la maison. Après avoir fumé, Tom s'était endormi, se roulant en boule face au mur.
Bill sourit doucement et contourna plusieurs valises pour venir s'asseoir au bord du lit et écouter la douce respiration, essayant de ne pas céder au stress et juste d'apprécier la bulle de silence dans la chambre. Sa respiration changea et il sourit ; quelques secondes plus tard, Tom se retourna pour le regarder, endormi. "Hey !" Murmura-t-il d'une voix rauque. La voix de Tom était toujours très grave s'il s'endormait juste après avoir fumé.
"Hey !" Répondit Bill en mettant sa main sur sa cheville et en la pressant gentiment. "Comment tu te sens ?"
"Mieux. Est-ce que Andreas est encore là ?" Soupira Tom en remuant ses orteils contre l'avant-bras de Bill. Il se sentait si lourd, comme s'il avait quelque chose d'encore plus profond qu'il lui avait valu le sommeil.
"Non, il est parti il y a quelques minutes. Il se demandait pourquoi tu n'es pas revenu." Bill caressait de son pouce, en de paresseux cercles, la chaude peau de la cheville de son jumeau. "Je me demandais aussi…" Murmura-t-il.
"Je n'avais juste pas envie de lui cacher des choses." Tom caressa son visage et bailla. "Tu sais combien Andreas aime poser des questions."
"Je sais mais il n'en a pas posé tant que ça. Je pense qu'il était un peu mal à l'aise des fois. J'aurais voulu que tu sois là. Il a dit qu'il reviendrait pour nous voir tous les deux." Bill pinça la jambe de Tom et sourit brièvement. "Qu'est-ce que tu as fait ici à part fumer ?"
"Rien." Admit-il en se retournant et en libérant sa jambe de la poigne de Bill. "J'avais juste besoin de partir."
"Loin de moi ?"
"Serait-ce vraiment si mauvais ?"
Bill pensa un moment. "Non." il secoua sa tête. "Je peux comprendre. Je voudrais m'éloigner de moi aussi."
Tom secoua sa tête. "Tu n'y arriveras pas."
"Alors aide-moi à essayer."
Tom joua avec son anneau à la lèvre tandis que son regard se perdait dans le vide. "Je voudrais dire à tout le monde que c'est mon bébé, mais je sais que c'est fou. Je le sais mais je veux le faire quand même." Il plia ses jambes sous lui et s'assit en indien.
"Tomi…"
"Je sais Bill, j'essaye juste de te dire comment je me sens." L'interrompit Tom. Bill hocha la tête une fois et essaya de ne pas avoir l'air mal à l'aise. "Je sais que si nous sommes capable de rester ensemble, nous devons aussi être prudent, quoi que nous l'avons été jusqu'à présent. Je pense juste que c'est franchement con de la part des gens de croire que j'aurais pu laisser Bushido te toucher." Marmonna-t-il. "Ce connard peut être le père mais moi non !"
"Tom, je suis désolé. J'aurais voulu qu'il y ait un moyen de faire reconnaître que tu es le père mais au moins tu seras là à chaque étape." Bill avança jusqu'à Tom et tira sur l'une de ses dreadlocks. "Tu es la personne la plus importante dans ma vie et je ne veux pas que tu te sentes mis à l'écart."
"Je ne me sens pas réellement mis à l'écart, c'est assez dur à expliquer." Tom considéra ce qu'il ressentait entièrement face à son propre exil mais il ne pouvait mettre de mots sur ce qui lui faisait mal.
"Ok." Bill acquiesça, compréhensif. "Maman est à la maison."
"Oh, il est quelle heure ?"
"Presque sept heures. Ca fait un bon petit moment que t'es monté."
"Ouais, mais je ne pensais pas que ça faisait si longtemps." Tom bailla et sourit. "Comment tu te sens ?"
Bill haussa les épaules et regarda au loin. "Bien."
"Vraiment ?"
"Ouais, bien. Nous allons bien." Corrigea-t-il en re-regardant son frère. "Alors embrasse-moi et tu te sentiras mieux."
Tom rit. "Qu'est-ce qui te fait penser que si je t'embrasse je me sentirai mieux ?" Demanda-t-il en se rapprochant. Bill fit un sourire craquant et rigola.
"Parce que mes baisers sont les meilleurs. Tu ne peux pas te sentir mal après l'un d'eux."
Tom s'approcha encore et combla finalement la distance en pressant ses lèvres contre celles de son jumeau gentiment. Ils ne faisaient que ça mais il sentit que les nuages avaient quitté son ciel à lui. "Wow." Dit-il joyeusement en se retirant pour regarder les yeux de Bill. "Si juste un baiser fait ça, comment j'irai après deux ?"
"Et pourquoi tu ne testerais pas ?" Fit Bill et juste quand Tom allait suivre son conseil, quelqu'un toqua à la porte.
"Tom tu es là ? Est-ce que Bill est avec toi ?"
Les yeux de Bill étaient écarquillés et il expira difficilement par le nez. Tom l'embrassa rapidement en sortant du lit et alluma la lumière avant d'ouvrir la porte. Simone était dans le hall avec un petit sac en plastique tenu fermement dans ses mains et un sourire stressé sur ses lèvres. Elle vit Bill sur le lit et lâcha le sac. "C'est pour toi ; souviens-toi de ce dont nous avons parlé la nuit dernière !"
Le chanteur rosit mais alla se mettre à côté de son jumeau en prenant le sac et en jetant un coup d'œil à l'intérieur. Ses yeux s'écarquillèrent et le referma avant que Tom puisse regarder le contenu. "Qu'est-ce que c'est ?" Demanda-t-il curieusement.
Bill regarda sa mère avec horreur. "Tu te moques de moi ?" Fit-il d'une voix perçante. "Je ne peux pas porter ça !"
"Tu vas bientôt être dans un monde de douleur si tu ne le fais pas. Un soutien-gorge est un peu vexant mais je suis sûre qu'une fois que tu essayeras tu verras que tu te sentiras mieux."
"Je n'enlèverais juste jamais mon sweat-shirt alors." Dit Bill catégoriquement en rendant le sac à sa mère et en passant rapidement devant elle pour s'enfuir dans sa chambre. Tom attrapa le sac et regarda à l'intérieur alors que son jumeau claquait la porte.
"Tom, parle à ton frère. Je ne pense pas qu'il veuille me voir maintenant. Je comprends qu'il n'est pas vraiment chaud à l'idée d'utiliser un soutien-gorge, mais il va devoir le faire s'il a une poitrine comme moi ou votre grand-mère." Tom refoula l'image mentale et ferma le sac.
"J'essaierai, mais il n'y a rien de plus ?" Demanda-t-il plaintivement.
"Non, mais je pourrais prendre de meilleures décisions s'il venait avec moi." Dit Simone pour sa défense.
"Bill ne mettra pas un pied dans un magasin comme ça, tu le sais, et je ne vais même pas essayer de lui parler pour qu'il le fasse." Tom secoua rapidement sa tête et alla jusqu'à la porte de Bill. "J'entre." Cria-t-il afin que Bill puisse bien l'entendre à travers la porte. Il se retourna pour voir sa mère, debout derrière lui, attendant qu'il fasse ce qu'elle avait demandé. "Tu ne peux pas rester !"
"Quoi ?" Elle avait l'air scandalisée.
"Je veux dire que tu ne peux pas rentrer. Bill se sent déjà assez comme une fille sans que tu ne te tiennes derrière lui, à essayer d'ajuster son soutien-gorge." Dit Tom lentement. Simone le regarda comme si elle voulait argumenter mais soupira et essaya de ne pas faire la moue.
"Très bien. Juste… si vous avez besoin d'aide, appelez-moi s'il vous plaît, ok ? Je serais en bas en train de faire le diner si vous avez besoin de moi." Dit-elle alors qu'elle commençait à descendre les escaliers. Tom la regarda atteindre le palier avant d'ouvrir la porte de Bill. Son jumeau était assis sur son lit dans la même position qu'il avait juste avant.
"Elle est partie." Dit-il.
"Mais tu as le même putain de sac." Fit Bill en pointant son doigt en direction de ce plastique menaçant et en se retournant.
"Bill, on va faire un deal ok ? Tu l'as dis toi-même que tes nichons te font mal des fois. C'est un remède !"
"Arrête de les appeler comme ça !" Hurla Bill dans un cri perçant.
Tom prit une inspiration profonde en regardant le sol et compta silencieusement jusqu'à dix. Quand il releva les yeux il essaya une fois encore. "Ecoute, nous n'avons pas réellement d'alternative maintenant, ok ? Ouais, je pense que celle que maman t'as apporté est vraiment moche, mais elle a fait du mieux qu'elle a pu puisque tu n'es en définitive pas allé avec elle au magasin. Essaye-le et s'il va, nous irons sur le net et nous essayerons de voir ce que nous pouvons avoir au moins…"
"Qu'importe." Finit Bill calmement. "Ok, bien, juste…" Il se leva et attrapa le sac furieusement. "Donne-le ici et… arg…" Tom roula des yeux alors que Bill lui cogna l'épaule en passant pour sortir et aller jusqu'à la salle de bains.
Il s'appuya contre le mur et se laissa glisser jusqu'en bas en regardant le mur opposé. D'une minute le temps passa à quatre puis huit et juste quand Tom commençait à penser que quelque chose n'allait pas, la porte s'ouvrit dans un petit crac et il se remit sur ses pieds, se glissant dans la salle de bains. "Bill… pourquoi les lumières sont éteintes ?"
"Parce que…" Vint la réponse étouffée. Tom s'approcha et essaya d'allumer la lumière mais une douce main arrêta ses mouvements. "Je ne veux pas vraiment voir." Dit Bill, froissé.
"Alors pourquoi tu m'as demandé de rentrer ?"
"Parce que je voulais que tu sois là."
Tom acquiesça dans la pénombre et alluma la lumière. Son jumeau se tenait derrière lui avec ses yeux clos et son visage se tourna face à un soutien-gorge en coton blanc avec des froufrous et ce qui semblait être un petit nœud au milieu. Une partie de lui voulait dire à Bill que malheureusement c'était vraiment adorable. Et l'autre partie voulait vivre et décida sagement de se la fermer. "C'est le nœud, n'est-ce pas ?" Demanda-t-il gentiment. Bill acquiesça mais ne le regarda toujours pas. Tom hocha la tête une fois encore et fouilla dans les tiroirs à côté de l'évier jusqu'à ce qu'il trouve ce qu'il cherchait et en un petit coup, la décoration offensive fut sur le sol. "Là."
Bill ouvrit ses yeux avec réticences et regarda le nœud à terre sur le carreau et il ne put s'empêcher de sourire au geste. "Merci." Marmonna-t-il. "Je me sens tellement ridicule dans ce truc, mais je sais que j'en ai besoin."
"Oui, tu en as besoin. Et puis ça ne te va pas si mal, ca fait juste fille."
"Je ne suis pas une fille, Tomi." Dit Bill, les mains sur les hanches. Tom secoua sa tête et l'embrassa rapidement.
"Non, tu ne l'es pas. Je ne pense pas que tu le sois." Murmura-t-il. "Devoir porter ce truc ne fait pas de toi une fille, ok ?"
"Facile de le dire pour toi." Marmonna Bill en faisant reposer sa tête sur l'épaule de Tom. Soudainement il se sentait si fatigué de tout ça et du reste.
"Non, pas si facile." Tom entoura la taille de Bill gentiment et ses mains remontèrent jusqu'à son torse où ses doigts butèrent contre les bords de son soutien-gorge. "Tu sais que je ne suis pas bisexuel, mais que j'ai été attiré par toi bien avant tes nichons." Chuchota-t-il à l'oreille de Bill et il se réjouit de le voir frissonner. "Te souviens-tu de ça ? Comment j'avais l'habitude de te baiser sur toutes surfaces dures ?" Tom sourit alors que la respiration de Bill s'accélérait.
"Oh oui. Je me demande pourquoi tu ne le fais plus." Chuchota-t-il en emmêlant ses mains dans les dreadlocks de Tom. Bill se tourna et captura les lèvres de son jumeau entre ses dents. Tom gloussa et embrassa Bill en le pressant gentiment contre le mur. Ses mains retracèrent les bords du soutien-gorge et vinrent se mettre devant pour presser un peu les bonnets. La matière était du coton doux et quelque peut fin, et Tom pouvait sentir que les tétons de Bill devenaient durs à son contact. "Oh Tomi…"
Tom l'embrassa encore et essaya de rester doux avec son petit frère qui se tordait sous son toucher. Son Self Control était tellement précaire que quand Bill gémit chaudement à son oreille, il se brisa. Tom attrapa les jambes de bill et les fit entourer sa taille alors qu'il le tenait facilement. Ils tombèrent en arrière contre la porte dans un débordement d'envie et d'excitation quand quelqu'un toqua à la porte et les fit tout les deux sursauter.
"Les garçons est-ce que ça va ? Le dîner est presque prêt." La voix de Gordon venait de l'autre côté de la porte et Tom ferma ses yeux et respira profondément.
"Ok." Dit-il une fois qu'il fut sûr que sa voix sonnerait normalement. Bill enfonça douloureusement son ongle dans l'épaule de Tom qui siffla et le posa à terre. "Pourquoi t'as fait ça ?"
"Je sais pas, j'étais pas content !" Siffla Bill en retour en remettant son Tee-shirt. Il allait beaucoup mieux et sa poitrine était mieux également mais il ne voulait pas admettre cela. Il vit le pitoyable petit nœud sur le sol près du paillasson devant le lavabo et l'écrasa avec son talon.
"Je t'ai dit que faire des folies à la maison était une mauvaise idée." Tom arrangea son pantalon et fut infiniment reconnaissant de la largesse de son baggy. Il regarda Bill curieusement et son jumeau capta son regard dans le miroir.
"Quoi ?" Demanda-t-il, sur la défensive.
"Quelle taille t'a pris maman ?"
"Bonnet A."
"Tu aura bientôt besoin de plus." Tom essaya de se soustraire au regard féroce que Bill lui lançait. "Quoi ?"
"Ne dis pas ça !"
"Mais je dois le dire, je suis désolé !" Tom soupira en sortant de son chemin et la porte s'ouvrit. Bill quitta la salle, froissé, et Tom ne voulait plus que sauter le repas. Il avait un mal de tête d'un kilomètre de long.
~*~*~*~
Bill regarda son repas favori et ne put le manger. Ca avait l'air bon et ça sentait bon. Son cerveau salivait à son goût mais à peine mit-il un peu de câpres dans sa bouche que son corps refusa d'en avaler plus.
"C'est bon Bill, j'étais comme ça aussi. Je ne pouvais manger rien d'autre que des crevettes pendant un temps." Dit Simone en reprenant l'assiette. Aussitôt que l'assiette fut sortie de son champ de vision, ce fut comme si un poids avait été enlevé de l'estomac de Bill.
"Mais tu hais les crevettes." Dit Tom en mâchant une bouchée. Il n'avait aucun problème avec la nourriture lui.
"Oui, mais quand j'étais enceinte de vous deux, c'était la seule chose que je voulais durant les trois premiers mois. Je ne pouvais manger rien d'autre sous peine de vomir. Vous ne pouvez pas imaginer." Dit-elle alors que Gordon lui servait de l'Ice-Tea©.
"Nan, je pense que je peux." Dit Bill calmement en regardant l'énorme salade remplie de petits légumes et de blanc de poulet grillé que sa mère avait placé devant lui en substitut. "Est-ce qu'on a des frites ?"
"Des frites ? Je pense que tu as eu assez de nourriture grasse pour aujourd'hui. Tu devrais commencer à lire ces livres que j'ai achetés. Ils expliquent tout ce que tu veux savoir et si tu ne comprends toujours pas quelque chose tu pourras me le demander." Sourit Simone de façon rassurante.
Bill ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais Tom lui donna un coup sous la table et il laissa passer alors qu'il regardait le petit tas de livre près de son horrible salade. Des livres de grossesse pris par Simone pendant sa pause-déjeuner. "Je jetterai un œil dedans." Dit-il calmement en retournant à sa salade. Non, elle ne s'était pas transformée en frites pendant qu'il avait le dos tourné.
Tom regarda Bill piquer une feuille de laitue avec sa fourchette et partir à la chasse d'une tomate cerise dans son assiette alors que Simone parlait de vitamines prénatales et de régimes alors que son jumeau grognait juste en acquiesçant pour la faire taire ou changer de sujet. Au milieu du repas, Bill avait assez versé d'assaisonnement français dans son assiette pour manger deux fois plus de salade, mais il la mangea et Tom se sentit un peu mieux. "Je ne peux pas croire que je vais devenir grand-mère." Murmura Simone, les larmes aux yeux.
Gordon sourit et lui tendit sa serviette. "Elle a fait ça toute la journée au téléphone." Dit-il aux jumeaux alors que leur mère essuyait ses yeux dans un rire.
"Vraiment ?" Bill la regarda étrangement.
"Oui, pourquoi ne l'aurais-je pas fait ?" Elle rit et prit sa fourchette. "Je suis excitée. Il va de nouveau y avoir un bébé dans cette maison !"
Bill roula des yeux en regardant sa salade et découpa vicieusement en pièce un morceau de laitue. Il n'avait pas envie de vomir et il se sentit un peu plus content. Une fois qu'il s'arrêta d'être en colère contre la nourriture en face de lui, il devait admettre que c'était étonnamment bon, et que la petite crevette en lui devait être d'accord parce qu'il lui donna un petit coup heureux dans le ventre. Avant qu'il ne le réalise c'était fini, et il se sentait franchement bien.
"Dessert !" Annonça Gordon en essuyant sa bouche et en se levant. "Ne bouge pas chérie ; je vais aller le chercher. J'ai mis tous ce qui me passait sous la main." Déclara-t-il fièrement en rassemblant les assiettes de tout le monde.
"Tous ? Gordon chéri, je pensais que nous étions d'accord sur le fait que nous devions parler de ta cuisine." Plaisanta Simone et Gordon se pencha et lui donna un baiser rapide avant d'aller dans la cuisine les bras pleins.
"Par tous, tu veux dire que tu ne l'as même pas acheté n'est-ce pas ?" Rit Tom alors qu'il débarrassait une boite à gâteaux qu'ils avaient acheté à leur petite boulangerie préférée.
"C'est pareil." Se défendit Gordon avec un grand geste tandis qu'il sortait le gâteau et l'emmena sur la table. "Vous voyez, il est absolument parfait !"
"Parce que tu ne l'as pas fait !" Railla Bill. Il rigola avec son beau-père qui prétendait être blessé.
"Gamins ingrats ! Femme ingrate ! Qu'est-ce qu'un homme à tout faire ?" Roula-t-il des yeux alors que Simone le faisait asseoir pour lui donner un autre baiser en riant.
"Non, nous sommes reconnaissant et tu as fait un merveilleux gâteau !" Elle l'embrassa sur le nez. Gordon soupira théâtralement et sourit.
"Génial, donc tout le monde prendra aussi de la glace." Il sauta sur ses pieds et courut au congélateur.
"Glace ? Dis-moi que c'est de la vanille." Dit Tom en se levant et en allant chercher quelques bols. Bill se rassit et regarda sa famille avec un sourire sur le visage et il resta avec une main sur son estomac. Tout le monde était en train de plaisanter autour de lui si facilement à propos de choses stupides. C'était ce dont il se souvenait de son enfance, ce qui faisait que rester à la maison était si reposant. Une partie de lui se demanda si ca changerait comme le reste dans quelques temps. Il serait heureux de voir que certaines choses ne changeaient pas.
Les bols furent mis et la glace à la vanille servie largement par Simone avec une belle grosse par du cake et bientôt tout le monde eut une joyeuse pile de dessert devant eux. Tom rit à l'horrible histoire que Gordon disait sur sa mère et se tourna pour regarder Bill. Il avait l'air exténué mais mangeait vaillamment ce qu'il avait devant lui. "T'es ok ?" Demanda-t-il calmement et leurs parents arrêtèrent de rire pour regarder Bill également.
Bill se sentit comme s'il était passé au scanner alors qu'il acquiesçait lentement. "Ouais, je suis juste fatigué soudainement. Je vais aller monter me coucher ok ?"
"T'es sûr que tout est ok ?" Demanda Gordon doucement et Bill hocha la tête.
"Je vais bien, c'est juste que je m'endors. Je vais prendre ma part de gâteau, ma glace et mon livre avec moi. Bonne nuit tout le monde." Dit-il en se levant et en rassemblant le tout avec lui. Les escaliers étaient une torture tandis que Bill baillait et essayait d'éviter les marches légèrement branlantes. La solitude qu'il trouva dans sa chambre était réconfortante pour la première fois ; il envoya le livre sur son bureau et finit rapidement ce qu'il avait encore dans le bol avant de le mettre aussi sur le bureau.
Bill alla jusqu'au miroir et s'arrêta ; il regarda vraiment son profil. Son estomac n'était pas si gros et on ne pouvait pas le voir à travers le large tee-shirt qu'il portait mais s'il resserrait le tee-shirt en coton près de son corps, ça semblait plus rond que ça n'avait jamais été. Malheureusement avec ses pantalons qui devenaient plus serrés que d'habitude, ce n'était pas quelques kilos de plus qui allaient faire la différence.
Sa poitrine était un autre problème, et ça l'ennuyait comme rien d'autre au monde. Bill n'avait jamais été aussi agacé de quelque chose, surtout que ça attirait l'attention de Tom. En temps normal, il en aurait été content… et même maintenant penser à comment ses mains étaient dessus le fit devenir rouge.
Bill enleva le tee-shirt de Tom et regarda réellement sa poitrine avec le soutien-gorge. Depuis que le nœud stupide était parti, ce n'était pas si mauvais que ce que c'était et il n'avait pas à supporter les sensations d'écrasement de ses tétons frottant contre le tee-shirt donc il comprenait que c'était nécessaire. Mais les commentaires de Tom à propos de son besoin d'une taille supérieure l'inquiétèrent. Peut-être qu'ils allaient s'arrêter de grossir. Peut-être qu'ils redeviendraient normaux et qu'il pourrait réclamer quelque chose de plus normal. Le tee-shirt de Tom le regarda comme s'il était fou et il frissonna.
"Hey, ça pourrait arriver." Dit-il, crispé, alors qu'il se tournait de nouveau vers le miroir.
"Qu'est-ce qui pourrait arriver ?" Bill sursauta en se retournant pour voir Tom, souriant, tandis qu'il était adossé contre la porte.
"Tu pouvais frapper tu sais !" Dit-il alors qu'il récupérait le tee-shirt oublié. Tom sourit juste plus largement et se rapprocha.
"Je pouvais. Mais je ne t'aurais pas vu t'examiner toi-même." Chuchota-t-il amusé en tirant le tee-shirt. "Ne le remets pas ; je pensais que tu allais au lit."
"Oui, mais…" Bill croisa les bras inconsciemment et frissonna. "Je veux le tee-shirt."
"Non."
"Tom, ce n'est pas drôle."
"Je ne suis pas d'accord." Rit Tom en le mettant derrière son dos. Bill avança de façon menaçante vers lui quand il s'arrêta soudainement en mettant une main à son estomac en gémissant.
La peur remonta jusqu'au système de Tom alors qu'il courait vers Bill, lequel se pliait en deux de douleur. "Bill, qu'est-ce qui va pas ? Est-ce que j'appelle les urgences ?" Demanda-t-il désespéré. Brusquement le brun arrêta de bouger et rota longuement et fortement. "… Bill ?"
"Oh wow, ça fait du bien sérieux." Dit Bill, le souffle court alors qu'il se remettait correctement sur ses pieds." Je pense que cette salade m'a donné des gaz." Pensa-t-il à voix haute.
"Tu… des gaz ?" Tom mit une main à son torse et essaya de forcer son cœur à se calmer à la fausse alarme. Bill regarda son visage et rigola.
"Je suis vraiment désolé. Je ne savais pas que c'était ça." Dit Bill, se défendant en essayant de ne pas glousser. Ce fut en vain et il se retourna pour finalement éclater de rire.
"Ce n'est pas drôle." Fit Tom en se soustrayant aux mains de Bill. Il riait si fort qu'il pouvait à peine bouger. "Content de te faire rire." Grogna-t-il en partant.
"Non ! T'en vas pas ! Tomi s'il te plaît." Dit Bill en faisant la moue, soudainement sérieux. "Je ne veux pas que tu partes." Dit-il calmement. Tom soupira et relâcha la porte mais sans se retourner. "Tomi, je suis désolé d'avoir ri. C'est juste… ton visage était tellement drôle que je ne pouvais pas m'en empêcher. Je suis vraiment désolé."
"Réellement ?" Finalement il se tourna. "Ne le refais pas." Dit Tom sérieusement. Bill allait faire une blague mais il soupira, complètement crevé.
"Bien, je ne le referai pas. Je te préviendrai avant de savoir que c'était un gaz explosif." Dit-il en attrapant la main de Tom et en le tirant vers le lit. "Maintenant, viens, je veux que tu restes avec moi jusqu'à ce que je dorme. S'il te plaît ?"
"Ouais, d'accord." Tom permit à Bill de le tirer jusqu'au lit et monta le premier. Bill sourit, glissa près de lui et se pressa contre le torse de Tom.
"Merde, attends." Il s'assit et enleva rapidement le soutien-gorge et le lança dans la chambre. "Là, c'est mieux !" Il y avait déjà un bâillement dans sa voix et tandis que Bill se recouchait, Tom éteignit la lampe de chevet.
"Bill, je regardais la télévision ce matin et il y avait une publicité à propos d'un homme à Hambourg qui était supposé être un spécialiste dans les problèmes d'obstétriques mâles. Apparemment, ils en ont fait une nouvelle branche. Je pensais que demain nous aurions pu aller vérifier et voir si tu l'aimais."
"Ok." Murmura Bill, heureux, alors que son jumeau commençait à caresser son estomac. Tom se coucha et embrassa Bill sur la tempe.
"Bien." Il se sentirait beaucoup mieux une fois que son frère aurait un docteur régulier. Il se souvint du bref épisode d'il y avait quelques minutes et l'estomac de Tom se serra à la pensée qu'il pouvait arriver quelque chose à leur bébé ou à Bill. Il ne saurait pas quoi faire lui-même. Il se rapprocha plus près de son frère, presque de façon possessive et tomba dans le sommeil.
FIN CHAPITRE 19