Chapitre 43 * Est-ce que la patience est vraiment la solution ?
"Qu'est-ce que c'est ?"
"Quoi ?"
"Ça !"
"Un Comet."
"Qu'est-ce que c'est ?"
"Une récompense de musique."
"Je peux faire de la musique." Dit Rhiannon en faisant un signe de tête en même temps qu'elle frappait dans ses mains collantes. Bill jeta un coup d'śil à son canapé en cuir et soupira.
"C'est bien. Tu veux te laver les mains ?"
"Pourquoi ?"
"…parce qu'elles sont collantes."
"Oh. Maman me fait les laver, aussi. Elle hurle et me dit de ne pas toucher quoi que ce soit. Donc je touche les choses avant qu'elle ne commence à crier après moi."
Bill cligna des yeux et s'affala dans le canapé. Qu'est-ce qu'il faisait maintenant ? "Allez viens, je pense que j'ai quelques serviettes en papier dans la cuisine."
Rhiannon bouda. "Je dois ?"
"Absolument." Bill saisit deux centimètres de poignet qui n'avait pas été enduit de glace séchée et l'emmena dans la cuisine. Il recula quand la petite fille enveloppa de son autre main son poignet et réussit à enduire de viscosité ses bracelets. Bill respira à fond et se libéra lentement de Rhiannon avant de se diriger vers le lavabo pour faire couler de l'eau chaude et mouiller une serviette en papier. Quand il fut satisfait d'avoir enlevé ce qui était sur son poignet, Bill prit plaisir à essuyer les mains de l'enfant et ses poignets. Il prit encore trois serviettes en papier pour faire la même chose avec son visage. Il regarda ses bracelets et soupira. Il avait du nettoyant spécial bijou mais c'était en haut.
Il pourrait attendre.
Il regarda vers le bas Rhiannon et ne put s'empêcher de sourire. Maintenant qu'elle était propre et calme elle avait l'air d'un enfant sympathique. Sa fille devra être propre et calme. Bill ne voulait pas penser à une autre alternative. Il la regarda fixer son ventre jusqu'à ce que tous les deux relèvent les yeux pour voir Molly se dandiner une main posée dans le bas de son dos.
"Merci tellement, vous êtes mon sauveur. J'ai pensé que ma vessie allait se percer en direct dans la rue." Dit-elle en marchant plus loin dans la cuisine. "Oh, sympa ; je vois que vous avez opté pour un comptoir en granit. Je regrette de ne pas l'avoir fait."
Bill regarda le comptoir et haussa les épaules. Il n'avait pas beaucoup été utilisé ; Tom aimait s'asseoir dessus ou sur la table parfois au lieu de s'asseoir sur les chaises. "Oh, merci. Et pas de souci pour la salle de bains, je comprends." Il fit un vague mouvement vers son ventre et grimaça.
"Je suis sûre que oui." Molly regarda sa montre et tendit sa main à Rhiannon. "Venez demoiselle, votre père sera bientôt à la maison et nous devons vous préparer pour Mme Brady."
"Je ne l'aime pas, elle sent comme le fromage." La personne de cinq ans se mit à bouder et Bill se demanda en la regardant s'il était au moins une moitié aussi adorable qu'elle quand il le faisait. Rhiannon prit la main de sa mère et se tourna pour lui faire un signe de la main. "Au revoir, mes mains sont propres maintenant."
"Merci beaucoup." Dit Molly alors que Bill les raccompagnait à la porte.
"Aucun problème, vraiment." La rassura-t-il en ouvrant la porte.
"Je regrette de ne pas pouvoir rester plus longtemps et bavarder un peu mais je ne peux pas. Je sors et, bien que je pèse probablement autant qu'une baleine, je vais essayer de rentrer dans quelque chose de moulant et avoir l'air sexy pour mon mari pendant que mon enfant reste à la maison avec sa baby-sitter." Molly inclina la tête résolument.
"Hé." Se plaignit Rhiannon et Bill ne put s'empêcher de sourire.
"Pas de souci, amusez-vous bien."
"Mais nous nous verrons dans le voisinage. Je suis cinq maisons plus bas dans la rue, la grise."
"Bien." Bill ne savait pas ce qu'elle attendait qu'il fasse avec ces informations mais il les prit poliment en note et leur fit signe de la main au moment où elles descendaient l'allée. Il observa Rhiannon sautiller à côté de sa mère jusqu'à ce qu'elles aient disparu de sa vue.
~ * ~ * ~ * ~
Tom ouvrit la porte de leur chambre à coucher et vit Bill habillé comme s'il allait au lit et ça beaucoup plus tôt qu'à la normal. "Tu vas bien ?" Demanda-t-il pendant qu'il enlevait ses chaussures et sa casquette. Tom détacha ses dreadlocks, secoua la tête et se gratta le cuir chevelu. Peut-être que s'il était assez agréable ce soir, Bill lui gratterait le cuir chevelu et l'aiderait à cirer ses dreadlocks demain.
"Ouais." Bill releva les yeux et éteignit le son de la télévision. Tom regarda Jim Carrey gesticuler sur l'écran de télévision pendant une seconde avant de retourner son regard sur son jumeau.
"Tu sembles juste un peu trop calme aujourd'hui."
"J'ai été voir le docteur très tôt ce matin et ensuite tu es allé au magasin de musique. Nous n'avons pas eu beaucoup de temps pour parler." Bill sentit une montée d'irritation et essaya de la tenir enfermée fermement. Il était fatigué de ces hormones. "Désolé, je ne l'ai pas fait exprès."
Tom retira son portefeuille de son pantalon et fronça les sourcils. "Je suis désolé, mais deux cordes se sont cassées et j'ai dû les faire remplacer. Je t'ai demandé si tu voulais venir."
"Je ne voulais pas aller au magasin de musique et te regarder baver sur des guitares que tu as déjà." Bill remit le son de la télévision et reprit le visionnage du film. Tom observa son frère brièvement et essaya de comprendre exactement quel était le problème.
"As-tu déjà mangé pour dîner ?" Demanda-t-il, essayant prudemment de garder sa voix enjouée.
"Ouais, j'ai mangé les restes du restaurant indien." Bill ne regardait toujours pas Tom et il commençait à être irrité.
Il allait suggérer qu'ils sortent dehors pour aller manger quelque chose mais l'attitude de Bill et sa propre attitude revêche à sortir refaisant surface, il était peut-être préférable qu'ils restent à l'intérieur. "Je vais aller prendre une douche." Bill se contenta de grogner et de regarder fixement la télévision. "Bill ?"
"Ouais ?"
"Je pense que nous avons besoin d'une gouvernante."
Bill détourna son regard de la télévision et fronça les sourcils. "Quoi ?"
"Quelqu'un qui cuisine et nettoie."
"Je sais ce que fait une gouvernante, Tom." Bill s'assit et éteignit la télévision. "D'où te vient cette idée ?"
"Bien, j'y ai pensé. Nous mangeons beaucoup à l'extérieur et ça n'est pas trop sain pour toi ou notre bébé. Une gouvernante pourrait faire le ménage et s'assurer que tes repas soient équilibrés et tout le reste. Personnellement, je suis fatigué de devoir aller à l'extérieur tout le temps pour manger. Je ne pensais pas que je pourrais arriver jusqu'à ce point." Dit Tom en riant.
Bill passa sa main dans son dos et le tapota de ses ongles manucurés. "Vivrait-elle avec nous ?"
"Je ne pense pas… nous ne serions pas capables d'être, tu sais …" La voix de Tom s'estompa alors que ses joues prenaient une jolie teinte rosée.
"Nous ne serions pas capables de baiser bruyamment et autant que nous le voulons ?" Bill sourit d'un air satisfait et réalisa qu'il n'avait pas vu beaucoup de choses faire rougir son jumeau.
"Oui ; donc je pensais plus à quelqu'un qui viendrait le matin et repartirait en soirée et ça deux ou trois jours par semaine. Elle pourrait faire assez de nourriture pour que cela nous dure jusqu'à ce qu'elle revienne, par exemple tous les deux jours ou quelque chose comme ça ?"
"Je suppose." Bill caressa son ventre et tressaillit. "Tu vas toujours prendre ta douche ?"
"Quoi, je pue ?"
"Non, je dois utiliser la salle de bains." Bill se hissa du lit, courut devant son jumeau et fit claquer la porte devant son visage.
"Tu as une vessie de la taille d'une noix!" Hurla Tom à travers la porte par espièglerie.
"Va te faire foutre !"
~ * ~ * ~ * ~
"Dès que le docteur de Bill nous donnera son accord pour y aller, nous répondrons positivement aux demandes d'interviews." David sourit de manière rassurante aux garçons et aux costumes-cravates qui remplissaient le reste des places autour de la table. Tokio Hotel avait été demandé pour une réunion au sommet à laquelle seraient discutés leur avenir et les plans qui se profilaient à l'horizon. Tom serrait la mâchoire pour ne pas intervenir. Il voyait bien ce qu'ils essayaient de faire ; ils voulaient faire pression sur Bill pour qu'il accepte de faire ces interviews quand même.
"Et vous a-t-il recontacté ?" Demanda un vautour de sexe féminin placé en bout de table. La pièce où l'air circulait sentit douze cous se tendre pour regarder le chanteur. Bill s'enfonça dans son siège et déglutit avant de répondre.
"Le docteur Anderson a été appelé en chirurgie ce matin et ne pouvait donc pas prendre d'appels ou de patients. On m'a dit qu'il m'appellerait demain." Bill détestait sa voix d'être légèrement tremblotante mais il était encore plus déconcerté de voir qu'autant de personnes le regarder fixement et avec autant d'intérêt.
"Le temps tire à sa fin pour accepter les interviews. Je ne dois pas vous rappeler combien ça signifie pour le label et le groupe, Jost." Bougonna un homme nommé Hanker. "S'il ne revient pas vers vous avant demain midi nous demanderons à un de nos docteurs de vous jeter un coup d'oeil."
"Ce n'est pas une voiture, quelqu'un ne peut pas juste lui jeter un coup d'śil." Dit Tom en colère. "Il a un docteur et nous avons confiance en son avis." Il ne pouvait pas dire que la seule raison qu'il avait d'avoir confiance dans le jugement de cet homme était parce qu'il était sûr qu'il dirait à son jumeau qu'il ne pouvait pas voyager. Il attendait l'appel téléphonique presque autant que Bill.
David le tua du regard avant de redessiner avec enthousiasme sur son visage un sourire de complaisance. "Je pense que nous devrions patienter avant de rajouter d'autres professionnels médicaux dans le mélange. Bill est tout à fait partial en ce qui concerne son docteur, comme je suis sûr que vous tous pouvez comprendre."
"Voulez-vous faire ces interviews, Bill ?" Demanda un homme au bout de la table, celui-ci parlait pour la première fois depuis que la réunion avait commencé ; aucun des costumes-cravates du label ne se retourna, leurs yeux étaient sur Bill et seulement sur lui, bien que tout le groupe était assis sur un seul côté de la longue table.
"…Je dois." Dit Bill honnêtement. Il voulait sortir de la pièce et rentrer à la maison. Ce n'était pas souvent que le label les appelait pour une réunion mais leur présence était obligatoire.
"Alors c'est arrangé. Jost, tenez-nous au courant. Messieurs." Hanker se leva et finalement s'adressa aux quatre membres du groupe. "C'est un plaisir de faire des affaires avec vous." Les costumes-cravates quittèrent rapidement la pièce comme si la rotation de la Terre dépendait de leur travail et aussitôt que la porte se referma derrière le dernier cadre, David soupira de soulagement et se rassit dans sa chaise.
"Merde, Bill ; tu es sûr que tu ne peux pas essayer de joindre ton docteur aujourd'hui ? Ce serait tellement mieux pour tout le monde si tu pouvais."
"Tu penses qu'il ment ?" Hurla Gustav en colère. Il avait été assis pendant quarante minutes de conneries parce que le label voulait pousser Bill tant qu'ils le pouvaient, ce qui l'énervait et quand il était fâché il était difficile d'essayer de garder son caractère sous contrôle.
"Non, ce n'est pas ça. Je veux juste qu'il essaye à son bureau. Peut-être qu'il a laissé la réponse à son personnel. Je n'en ai pas vraiment besoin, Gustav ; j'ai déjà eu leur accord." David pointa brusquement un doigt vers la porte. "Mais je me le fous au cul. Je ne veux pas que Bill soit forcé d'y aller."
"Je suis d'accord, Bill ne devrait pas être forcé."
"Mais je veux y aller."
"Mais tu n'y vas pas si Robert ne te dit pas oui." Bill regarda Tom en fronçant les sourcils puis regarda au loin. Il n'avait plus l'énergie de se battre en public et il n'a pas envie d'avoir un auditoire particulièrement maintenant.
"Je le sais."
"Bill, tu peux essayer de joindre son bureau à nouveau, s'il te plaît ? S'il n'y a toujours aucun mot alors je laisserai tomber." Demanda David tranquillement. Bill retira son téléphone de sa poche et composa le numéro de téléphone du cabinet.
" Centre Néonatal Anderson et Mathews, Karen, bonjour ; que puis-je faire pour vous ?"
"Karen, bonjour c'est Bill."
"Oh, bonjour, qu'est-ce que je peux faire pour toi ?"
"Est-ce que le docteur Robert est revenu ?"
"Non, il y a eu des complications en chirurgie et ils ont été retardés. Mais il … attends mon chou." La voix de Karen s'estompa et Bill croisa mentalement ses doigts. "Oui, c'est bien ce que je pensais. Il a laissé un message pour toi. Il dit qu'il te donne son approbation pour voyager. C'est ce que tu voulais ?"
"Plus que tu ne le penses, merci Karen."
"Aucun problème mon chou. On se voit quand tu reviens."
Bill raccrocha le téléphone et sourit à David. "Ils ont dit oui ?" Demanda le manager avec bon espoir en se levant de son siège.
"Oui, il l'a fait." Affirma Bill, David poussa alors des cris et courut vers la porte.
"Je reviens !" Le chanteur regarda la porte se refermer et se retourna pour voir l'expression aigre de son jumeau.
"Qu'est-ce qui ne va pas ?" Demanda Bill doucement.
"Rien." Le sourire de Tom était serré et il ne voulait pas se disputer devant Georg et Gustav et c'était exactement ce qui arriverait s'il exprimait son avis tout de suite.
"Tu y vas avec lui, Tom, pas vrai ?" Demanda Georg anxieusement.
"Tu ne crois pas si bien dire. Je serai du voyage." Les rassura Tom.
"Oui, ma baby-sitter sera avec moi." Bill croisa ses bras et regarda au loin. Gustav tua Georg d'un regard significatif.
"Bien, je suppose que nous devrions y aller." Dit le bassiste après un petit moment. "Tom, nous serons prêts à enregistrer l'instrumental bientôt. Peter et Pat nous ont dit qu'ils étaient préparés, ils sont près à nous laisser aller de l'avant."
Tom hocha de la tête et regarda les G' prendre congé avant de se retourner vers Bill. "Qu'est-ce que c'était que ça ?" Demanda-t-il calmement.
"Que veux-tu dire ? Pourquoi sommes-nous toujours ici ; pourquoi nous ne sommes pas partis, aussi ?" Bill ajusta son soutien-gorge, ennuyé. Il ne semblait pas vouloir se mettre correctement ; avait-il à nouveau oublié de le nettoyer correctement ? Il avait déjà perdu quatre soutiens-gorge comme ça.
"Cette plaisanterie de baby-sitter ; tu penses vraiment ça de moi ?"
"Oui. Vas-tu toujours venir avec moi en voyage ?" Essaya d'attaquer Bill.
"Attends, tu ne veux pas que je vienne ?"
"Je ne veux pas en parler."
"Alors ça veut dire que nous ne le ferons pas ? Tu trouves ça juste ?" Répliqua Tom.
"Nous parlerons de justice quand tu seras enceint."
Le silence dans la pièce fit suffoquer Tom et il parcourut des yeux la longue table en acajou à côté de lui. "C'est comme ça que ça va être ?"
"Quoi ?" Bill savait qu'il avait eu tort, mais quelque chose en lui ne l'admettait pas. De plus en plus, en ce moment les mots qu'il n'était pas censé dire à haute voix sortaient en des moments un maximum inopportuns.
"Vas-tu me faire payer le fait que tu sois enceint ? Est-ce que je vais devoir faire mes excuses tous les jours pour ça ?"
"Peut-être." Chuchota Bill.
Tom rit tristement et inclina la tête avant de mettre debout. "Je serai dans la voiture, rejoins-moi quand tu seras prêt."
Bill serra le bas de son tee-shirt et se mordit la lèvre pour retenir ses larmes. Quand la porte s'ouvrit à nouveau, il essuya ses yeux rapidement et sourit. "Tomi ?"
David entra à l'intérieur, le sourcil levé. "Hum…non. Pas tout à fait."
Bill ne pouvait pas contenir sa déception de sur son visage et renifla. "Est-ce que le label est heureux maintenant ?" Demanda-t-il un peu amèrement.
"Oui, ils le sont. Exaltés en réalité ; tout le monde organise ce déplacement. Je reviendrai vers toi et Tom pour vous donner la durée de voyage et tout le reste."
"Bien."
"Oh, tu te souviens quand nous avions parlé d'une séance en acoustique ? Le label pense que ce serait une super idée. Peut-être après que vous soyez revenus ?"
"David …" Bill se frotta les tempes et gémit.
"Ecoute, tu n'es pas obligé d'y penser tout de suite, mais tu sais comment c'est important de montrer que l'on apprécie les fans ; ils sont restés fidèles pendant toute cette épreuve."
"Donc ma grossesse est une épreuve ?" Bill le regarda fixement et le manager fit réellement un pas en arrière face à l'adolescent fâché.
"Non, ce n'était pas le bon mot. Ils nous sont restés fidèles tous les jours depuis le début." David sourit de manière rassurante jusqu'à ce que l'expression de Bill ne cesse de lui rappeler un taureau sur le point de charger. "Alors, je peux dire au label que tu y penses ?"
"Très bien." Bill tendit son bras pour atteindre la boite de mouchoir et essuya ses yeux, et par la même occasion son foutu maquillage.
"Tu vas bien, Bill ?"
"Oui." Dit-il rapidement avant de se lever maladroitement. "Je vais y aller maintenant, y a-t-il autre chose ?"
"…Non, je vous appellerai." David fronça les sourcils quand l'adolescent partit.
Bill souleva ses lunettes de soleil pour regarder fixement la peinture extérieure sur une maison. ça semblait gris quand il enlevait les autres nuances de couleur et c'était en effet cinq maisons plus basses que chez lui. ça devait être ça. Il essuya des gouttes de sueur de son front et remonta l'allée avant de sonner à la porte. Il entendit un cri perçant de l'intérieur, suivi par un rire. La porte s'ouvrit inopinément mais Bill fut de suite dans la joie d'être enveloppé par l'air climatisé. La promenade en dehors de sa maison avait été courte mais chaude. Quand il revint à lui après sa jubilation brève, il trouva Molly avec un sourire au visage. "Salut !" Dit-il stupidement.
"Salut, toi-même. Pourquoi n'entres-tu pas pour sentir tout ton corps se refroidir ?" Elle se déplaça et libéra le passage, le tirant à l'intérieur par le bras. La maison était presque glaciale mais c'était une merveilleuse sensation sur sa peau et Bill souleva ses cheveux de ses épaules et laissa la fraîcheur caresser la peau rouge de son cou. "Alors, qu'est-ce qui t'amène dans mon humble demeure ?"
"Ta maison est aussi grande que la mienne ; je ne pense pas que l'une ou l'autre puissent vraiment être classifiée comme humble." Sourit Bill.
"Touché."
"Um, je suis désolé de passer à l'improviste mais je me suis rendu compte que je n'avais pas ton numéro et je suis à la maison tout seul …" Il se sentit soudainement très stupide d'avoir marché dans la mort pour implorer un étranger de lui tenir compagnie.
"Il y a juste ton frère et toi, vrai ?" Demanda Molly en essuyant ses mains sur un torchon.
"Ouais."
"Je suis sûre que tu te sens seul. Bien, suis-moi ; nous avons des cookies et Rhiannon fait de la peinture avec ses doigts sur la table de la cuisine. As-tu envie d'un cookie ?"
"Ça semble bien." Dit Bill honnêtement. Il suivit Molly dans la cuisine spacieuse et fut frappé de voir comment elle était différente de celle de Tom. Ça paraissait si chaleureux, il y avait tellement de vécu à l'intérieur. Rhiannon lui fit signe de main de la table, des mains couvertes de peinture bleue et ça jusqu'aux coudes. Les yeux de Bill s'élargirent mais Molly ne semblait pas avoir de problème avec ça alors qu'elle s'affairait dans la cuisine. Elle fit glisser les cookies d'une longue feuille dans un joli panier et sourit de satisfaction.
"Ils ne sont pas brûlés." Dit-elle fièrement.
"Tu les brûles souvent ?"
"Récemment oui. Depuis que je suis enceinte, j'ai perdu mon sens de la cuisine. Je sais d'habitude quand enlever quelque chose, mais depuis que le petit Joel est ici …" Molly donna un petit coup dans son ventre par espièglerie. "Ici, il y en a déjà un. Ils se sont déjà refroidis." Elle souleva le panier pour que Bill puisse en prendre un.
"J'en veux un, maman!" Rhiannon leva les yeux et bouda.
"Tu as voulu faire de la peinture avec les doigts, tu te souviens ? Tu peux seulement faire une chose à la fois. En plus, je ne veux pas que tu manges de la peinture bleue et c'est ce qui arrivera si tu prends un cookie maintenant. Quand tu auras fini je te nettoierai et tu pourras avoir un cookie après le déjeuner." Molly revient vers Bill. "Tu es le bienvenu pour le déjeuner, nous avons des lasagnes et nous en avons plus qu'assez."
À l'allusion des lasagnes, le bébé donna un coup de pied de joie et Bill tressaillit frottant l'endroit doucement. "Ça semble merveilleux ; tant que tu es sûre que je ne m'immisce pas."
"Honnêtement, je serais heureuse d'être en présence d'un adulte." Elle sortit une autre assiette et Bill s'assit. Rhiannon le parcourut du regard et lui sourit, une goutte de peinture bleue sur sa tempe dispartu dans ses boucles brunes et le chanteur supposa qu'elle dut se griffer la tête. Bill réprima son sourire et attendit avec espoir que la personne de cinq ans arrête de le regarder fixement.
"Donc tu as mangé un bébé comme ma maman ?"
Les yeux de Bill s'élargirent et il entendit le gémissement de Molly à travers la pièce. "Oh mon Dieu, je suis vraiment désolée. Rhiannon Blake, ne dis pas … oh bonté divine. Je suis vraiment désolée." Elle arriva près de la table et commença à rouler en boule les papiers en trop de sa fille et refermer la peinture. "Tu as fini avec ça pour aujourd'hui. File en haut te laver les mains."
"Bien …" Rhiannon jeta un coup d'śil dans la direction de Bill avant de se laisser glisser de la chaise et de galoper en dehors de la pièce.
"J'ai essayé de lui expliquer ma grossesse mais elle ne veut pas abandonner l'idée que j'ai mangé le bébé parce que je lui ai dit qu'il était dans mon ventre." Molly rit et prit un des griffonnages finis. "C'est joli, non ?"
Bill le regarda et se demanda comment il se sentirait si sa fille l'avait fait. "Il l'est." Dit-il honnêtement et Molly rayonna avant d'aller le mettre sur le réfrigérateur. "J'entends que tu as un accent et Molly n'est pas vraiment un nom allemand ; ça ne te dérange pas si je te demande d'où tu es ?"
"D'Irlande. J'ai rencontré mon mari là-bas et il a été transféré ici et bam. Ça va faire environ dix ans maintenant que je suis ici. Greg a déjà perdu son accent, mais moi je tiens bon sinon quand j'appellerais chez mes parents ils ne me reconnaîtraient pas." Répondit-elle par dessus son épaule, elle prit du recul face à cette toile impromptue. "Là, c'est parfait."
"L'Irlande ? Je n'y ai jamais été, j'ai vu des photos cependant." Bill se souvenait quand David et sa petite amie étaient partis en Irlande, il était revenu avec plein de belles photos, mais aucune de sa petite amie.
"Les photos n'y font pas honneur." Dit Molly en retirant le plat de lasagne du four et en le mettant sur la table. "J'ai des haricots verts, de la salade et du pain à l'ail pour accompagner. Ça te va ?"
"C'est très bien, je ne veux pas que tu fasses plus que d'habitude pour moi." Dit-il en regardant fixement les lasagnes. Ça semblait vraiment bon, son estomac gronda et Bill sentit que le bébé se déplaçait. Ils étaient tous les deux affamés.
"Non, ce n'est pas un problème. Ce n'est pas tous les jours que je reçois une rock star."
"Oh, est-ce que tu es une fan ?" Sans faire attention, Bill prit la voix qu'il utilisait quand il devait traiter avec la presse. Vigoureusement polie et détachée.
"Bien, je sais qui vous êtes, mais je ne suis pas une grande fan ; désolée." Elle mit un grand panier de pain à l'ail à côté du plat principal et haussa les épaules. "J'espère que tu n'es pas déçu."
Bill releva les yeux du pain et sourit d'un air satisfait. "Je suis sûr que je le surmonterai." Il hésita et pour quelque raison il sentit le besoin de pleurer. Molly était si agréable et drôle et en plus de tout le reste elle allait l'alimenter ! Il releva les yeux et Molly inclina la tête de compréhension.
"Connais-tu d'autres personnes enceintes pour traîner avec ?"
"Je n'ai pas vraiment l'habitude de traîner avec des personnes enceintes." Bill renifla et se mit à rire. "Est-ce qu'il t'arrive de te sentir folle parfois ?"
"Chéri, j'ai jeté toutes mes chaussures gauches parce que mon pied était trop gonflé pour entrer à l'intérieur. J'ai dû expliquer à mon mari pourquoi je n'avais plus de chaussures à me mettre."
Bill la regarda bizarrement et éclata de rire.
~ * ~ * ~ * ~
"Donc vous ne l'avez pas dit à Tom."
"Devrais-je ?"
"Vous ne poseriez pas la question si vous ne saviez pas déjà la réponse."
Bill regarda au loin et haussa une épaule. "Pourquoi devrais-je ? C'est mon corps et je devrais être capable de faire ce que je veux avec."
"Je suis d'accord."
"Alors pourquoi essayez-vous de me le faire dire à Tom ?"
"Parce qu'il est le père; c'est votre corps mais ce n'est pas juste votre bébé."
"Je le sais. Merde, il m'a gardé éveillé toute la nuit." Dit Bill d'un air fatigué. "Je pense que si la moitié du temps je lui râle dessus c'est parce que je me sens coupable."
"Ce n'est pas particulièrement juste, n'est-ce pas ?" Stephen leva les yeux et regarda Bill fixer le plafond sa tête contre le dos du canapé. "Bill ?"
"Non, ce n'est pas juste." Bill ne déplaça pas sa tête, il était hypnotisé par les jets de lumière tourbillonnant au plafond. Une partie de lui se demandait pourquoi il était si intéressé, mais il l'était probablement parce que ça n'avait aucun rapport avec quoique ce soit dont Stephen voulait parler.
"Alors, qu'allez-vous faire à ce sujet ?"
"Arrêter de me conduire comme un trou du cul."
"Ça peut aider."
Bill souleva sa tête et regarda le médecin brièvement. "Robert a dit au label que je pouvais voyager. Tom doit probablement être à la maison à faire nos bagages pendant que nous parlons."
"Il est enthousiasmé par ce voyage ?"
"Tom aime voyager."
"Est-ce que vous êtes enthousiasmé par ce voyage ?"
"J'aime voyager."
"Alors pourquoi avez-vous une expression aigre sur votre visage ?"
"Je ne pense pas que je veux que Tom vienne."
"Pourquoi vient-il ? Vous avez dit que les interviews étaient des interviews solos."
"Elles le sont."
"Mais il vient …" Insista doucement Stephen.
"Il est inquiet pour moi."
"Oh."
"Et avant que vous demandiez comment ça me fait me sentir, je peux vous dire que j'ai l'impression qu'il est ma baby-sitter au lieu d'être mon frère. Je suffoque et je voulais partir de l'Allemagne pendant quelque temps et il veut venir avec moi."
"Vous ne pouvez pas vraiment le blâmer d'être inquiet."
"Je peux."
"Bien, techniquement vous pouvez même blâmer une pomme d'être inquiète ; mais nous allons traiter avec ce qui est raisonnable. Tom est inquiet pour vous et le bébé."
"Je sais, j'essaie de ne pas être en colère contre lui." Stephen regarda Bill jusqu'à ce qu'il soit mal à l'aise. "Très bien, je n'essaie pas vraiment. J'espère qu'il essaiera qu'on se dispute et dira qu'il ne vient pas. Dieu sait que j'ai été un connard la semaine passée."
"On revient doucement à vos vieux modèles de manipulation pour obtenir ce que vous voulez." Bill semblait consterné et croisa ses bras au dessus de son ventre du mieux qu'il le pouvait.
"Putain, je ne le veux pas."
"Je sais que vous ne voulez pas. Nous avons déjà parlé de la façon d'utiliser des mots pour vous assurer que votre point de vue est écouté. Tom sait écouter et je pense qu'il serait raisonnable si vous lui parliez. Est-ce que j'ai raison ?"
"Tom a toujours été plus rationnel que moi ; toujours." Bill se frotta le bras distraitement et sourit.
"Parlez-lui alors, dites-lui que vous attendiez avec impatience ce voyage pour être seul avec vous-même et ainsi mettre au clair vos pensées."
"Peut-être."
"Combien de temps dure le voyage ?"
"Je ne suis pas sûr, David n'est pas revenu vers moi mais c'est seulement deux interviews. Je ne pense pas que ce sera long."
"Et à quoi ressemble la chambre d'enfant ? Vous avez tout ce dont vous avez besoin ?"
Bill gémit et secoua la tête. "La chambre est juste … vide."
Stephen inclina la tête lentement et soupira. "Bien, comme vous savez, vous avez opté d'aller de l'avant avec une césarienne au début de votre septième mois. C'est environ dans trois semaines. Vous allez avoir même moins de temps que ça avec ce voyage."
"Ça m'a juste prit par surprise." Gémit Bill.
"J'ai quelque chose qui aidera certainement." Stephen se leva de sa chaise et se plaça derrière son bureau. Il revint avec une brochure. "La liste pense-bête pour les parents qui attendent un enfant." Dit-il en fanfaronnant.
"Qu'est-ce que c'est que ça ?"
"Absolument tout ce à quoi vous devez penser avant que le bébé n'arrive. Vous pouvez juste choisir ce dont vous avez besoin sur la liste avant de partir et demander à vos parents de vous les acheter tandis que vous êtes parti. De cette façon, vous pourrez vous reposer avant l'intervention."
Bill se frotta les tempes et inclina la tête. Il ne pouvait pas contourner le fait qu'il devrait obtenir de l'aide ou rien ne serait prêt. C'était tant de stress et il voulait crier. "Quoi ?" Demanda-t-il en levant les yeux.
"Je viens de vous appeler pendant plus d'une minute. Le stress par rapport à ça ne va pas aider quoi que ce soit, vous vous rappelez de quoi nous avons parlé ?"
"Ouais." Bill se reprit et prit les papiers. Il y avait tellement plus que juste ce qu'il supposait et le poids de la situation lui retomba dessus à nouveau. "Pouvons-nous arrêter la séance plus tôt aujourd'hui ? J'ai un mal de tête horrible et je veux juste rentrer à la maison." Bill ne pouvait pas dire à Stephen que la pièce tournait autour de lui à chaque fois qu'il se déplaçait ; le voyage serait alors hors de question.
"Si vous estimez que c'est mieux." Dit Stephen d'un ton neutre.
"Pour ma tête; oui." Bill tressaillit et ferma ses yeux lentement.
"Bien, rentrez chez vous et reposez-vous un peu. Et souvenez-vous, laissez les gens vous aider. Tout ne doit pas être fait juste par Tom et vous."
Bill ouvrit ses yeux et hocha de la tête.
~ * ~ * ~ * ~
Tom referma la porte et regarda son jumeau sur le lit. Ils avaient eu un dîner tendu et tous les deux n'avaient pas vraiment beaucoup parlé alors qu'ils nettoyaient la cuisine. Bill s'était plaint d'un mal de tête était parti en premier ; Tom s'était senti comme un intrus face à sa propre chambre et venait de passer environ deux heures dans la chambre d'invité avant de se rendre compte qu'il était ridicule et il entra dans leur chambre.
Bill parcourut Tom et soupira. "Je ne savais pas si tu allais venir ou pas au lit avec moi."
"Tu agis comme si tu ne le voulais pas." Tom fronça les sourcils et s'assit sur le bord du lit, hors de portée du bras étendu de Bill. Il était couché sur le côté, une main sur son ventre et l'autre étendue à travers le lit. Récemment Tom avait oublié de quelle longueur était Bill en raison de son expansion rapide en largeur.
"Je le veux. Je suis juste beaucoup stressé."
"A quoi penses-tu que je sers ici ? J'essaie de faire en sorte que ce soit plus facile pour toi." L'adolescent aux dreadlocks gémit et frotta ses paumes de mains sur ses yeux. "Je ne sais pas ce que tu veux, Bill. J'essaie de te le donner pourtant, quoi qu'il soit. Mais à chaque fois, il semble que tu aies changé le jeu et tu ne te donnes même pas la peine de me donner les nouvelles instructions. J'essaie, Bill. Si tu m'en laissais l'opportunité."
"S'il te plaît, je ne veux pas me disputer." Dit Bill faiblement.
"Moi non plus, mais je ne peux pas continuer à être tiré brusquement dans les deux sens. Je ne sais pas ce que tu attends de moi."
"Embrasse-moi." Dit Bill doucement.
"Quoi ?"
"Embrasse-moi. S'il te plaît."
Tom gémit et rampa à travers le lit. Il ne pouvait jamais résister à Bill quand il suppliait et ça pour quoi que ce soit. Il apparut au dessus de son frère allongé sur le dos et s'abaissa pour réunir tout en douceur leurs lèvres. Bill émit un bruit d'insatisfaction à l'arrière de sa gorge et tira sur une des dreadlocks de Tom pour approfondir le baiser.
Tom descendit de sur lui en glissant et se coucha ainsi à côté de Bill. Il dirigea son pouce vers le bas de la joue du chanteur avant de remonter sa main et de diriger ses doigts sur les lèvres de Bill. Elles avaient l'air si attrayantes. Tom se pencha en avant et l'embrassa fermement. C'était indolent et profond ; il trembla quand le piercing sur la langue de Bill caressa son palais et il ne pouvait pas un jour avoir eu assez de baisers de son jumeau.
Il soupira de soulagement et laissa ses mains errer vers le bas sous le tee-shirt de Bill ; il prit doucement en main ses seins et fut récompensé par un gémissement voilé dans sa bouche. La main de Tom voyagea plus loin et il s'arrêta au vallonnement sans cesse croissant de l'abdomen de Bill. Il interrompit le baiser, mais continua de caresser le ventre de Bill. "Je veux juste ce qu'il y a de mieux pour toi et le bébé." Chuchota Tom.
Bill regarda son frère impassiblement et soupira. "Nous pouvons ne pas parler du bébé ce soir ? Juste ce soir, je veux que ce soit juste toi et moi." Tom sembla perturbé, mais hocha positivement de la tête. Si Bill voulait que ce soit juste tous les deux alors c'est ce que ça serait.
Et ça le fut.
FIN CHAPITRE 43