Chapitre 44 *

Est-ce que la natation est vraiment la solution ?


"Le temps passe si vite." Dit Jorg alors qu'il se saisissait d'un morceau de pain à l'ail. "Où passe-t-il ?"

Simone acquiesça silencieusement alors que Gordon lui versait un peu plus de vin. "Je sais que je te l'ai déjà demandé, mais es-tu sûr que tu veux voyager alors que tu es presque à terme ?"

"Je dois vraiment faire ça avant de n'en être plus capable." Répondit Bill après avoir avalé. "Ça ne sera qu'une semaine et ensuite quand je reviendrais il me restera encore une semaine avant l'intervention."

"Nous ne pouvons pas appeler ça une intervention. Ça semble si froid." Dit Mara tranquillement. Elle n'avait pas beaucoup parlé de toute la soirée et Bill en était franchement étonné. Elle n'avait pas essayé de ramper discrètement vers lui dans l'espoir d'arriver tout près du bébé.

"Comment voulez-vous que j'appelle ça ?"

"Pourquoi n'essaierais-tu pas la naissance ? Les mots te placent devant la bonne façon de voir les choses." Mara bougea inconfortablement sous le regard de son fils.

"Je pense que tu devrais l'appeler comme tu le souhaites." Dit Andreas avec un haussement d'épaules. "Tu es celui qui va le vivre."

Tom avait été calme pendant la plupart du repas; il n'arrivait pas comprendre pourquoi il pensait que ce serait une bonne idée d'avoir leur famille réunie pour un repas. Il avait un mal de tête qui pouvait tuer tous les autres maux de tête qu'il avait déjà eu, et la nourriture du restaurant italien situé à deux ou trois kilomètres de chez eux n'avait pas été capable de supprimer son cafard qui montait en puissance. Au moins leur père avait pu venir; il n'avait pas encore vu la nouvelle maison et Bill s'était amusé à la mettre en valeur.

Quand Andreas et ses parents étaient arrivés, chacun s'étaient assis autour de la table pour un dîner inconfortable, Tom voulait juste dire à chacun de rentrez chez eux ; mais ils ne pouvaient pas. Ils devaient parler de ce qui arriverait quand ils reviendraient de leur voyage. Tout devrait se faire rapidement et une stratégie avait besoin d'être vue à l'avance.

"Ouais." Bill sélectionna une asperge et regarda discrètement en direction de Tom. Il ne savait pas par où commencer et il avait à peine assez d'énergie pour soulever sa fourchette.

"Alors, avez-vous déjà un berceau ?" Demanda Mara doucement.

"Non." Tom secoua la tête et aperçut le coup d'œil que leur mère leur jeta.

"Je suppose que la table à langer non plus alors, hum ?"

"La quoi?" Demanda Bill timidement.

"Oh mon Dieu, les gars vous n'avez vraiment rien fait." Jorg sourit et baissa la tête. "Toujours à remettre au lendemain."

"Bah, tu as bien vu que la pièce … était toujours vide." Bill haussa les épaules et reprit une gorgée de jus de raisin. Il voulait du vin mais c'était hors de question, bien sûr. Il n'avait pas arrêté de regarder fixement le verre de Tom quand il en buvait.

"Qu'est-ce que vous dîtes d'une fête en l'honneur de l'arrivée du bébé ? C'est une façon facile d'obtenir la plupart des choses dont vous avez besoin. Vous pouvez même spécifier le type et la couleur des objets que vous voulez." Ajouta Mara avant que Bill ne puisse se plaindre.

"Oh, une fête pour l'arrivée du bébé ! Bien sûr; je ne sais pas pourquoi je n'y ai pas pensé plus tôt !" Simone s'égaya considérablement. "Ca ne doit pas être quelque chose de complexe ou quoi que ce soit, ou même de rose." Dit-elle en riant face à l'expression incrédule de Bill. "Mais c'est la façon parfaite de se débarrasser de cette corvée et tu peux faire une liste comme ça les gens achèteront juste ce que tu veux. Ce sont des achats sans dépenser quoi que ce soit."

Tom ne put s'empêcher de sourire. "J'aime cette option. Ça te va, Bill ?"

"Je pense que je pourrais être enclin à faire quelque chose comme ça." Balbutia Bill ; il pouvait déjà imaginer tous les magasins pour bébé avec lesquels il pourrait faire sa liste. Peut-être ne serait-ce pas une si mauvaise idée après tout.

"Super ! Vous voyez que je peux avoir quelques bonnes idées, aussi." Mara sourit et sembla tout à fait heureuse d'elle. Le sourcil d'Andreas s'arqua et il baissa les yeux vers ses pâtes, s'abstenant de faire un commentaire. "Bien, je pense que vu que tout le monde est ici, nous devrions parler du nom du bébé."

Tom leva les yeux au ciel et Bill gémit dans son verre. Ils savaient tous les deux que ça ne pouvait plus être reculé ; ç'aurait été trop demander de penser que Mara leur aurait donné une trêve. "Pourquoi ? Il ne devrait pas y avoir de question à propos de ça." Dit-il rapidement.

"Je suis d'accord, mais je pense que nos choix présumés sont totalement opposés." Dit-elle avec un haussement d'épaules.

"Je pense que c'est quelque chose que les enfants devraient décider ensemble." Dit Jorg inconfortablement. "Ça ne concerne personne d'autre que Bill et Andreas."

"Je vous demande par-"

"Bien, maman, c'est trop tard. Nous avons déjà décidé."

La tête de Bill et celle de Tom se levèrent à l'unisson. La dernière fois qu'Andreas avait pris une décision impromptue ça avait chamboulé leurs vies entières ; ils ne pouvaient pas s'empêcher d'être circonspects alors que celui-ci regardait les personnes autour de la table de façon déterminée. "Et qu'est-ce que vous avez décidé ?" Demanda Mara d'un air glacial.

"Le bébé se nommera Kaulitz." Dit Andreas tranquillement.

"Quoi ?" Mara se leva de sa chaise et jeta sa serviette sur son assiette. "Qu'as-tu fait, Andreas ?"
"C'est mon bébé, aussi." Lui rappela Bill brusquement. "Vous ne tenez jamais compte de moi dans toute cette équation, je suis toujours un homme." Tout le monde put entendre l'amertume dans sa voix et même Mara sembla un peu déconcertée. "Ecoutez, je ne suis pas sûr de comment ça a eu lieu, mais je veux que le bébé porte mon nom. Fin de l'histoire."

"Donc on nous pousse juste de la photo ? Simone, Gordon et Jorg peuvent jouer les grands-parents parfaits pour le …" Les mots de Mara s'effacèrent sous ses larmes et Frederick la prit dans ses bras pour essayer de la consoler.

"Nous sommes juste inquiets. Nous ne la connaîtrons jamais si nous ne nous battons pas pour elle." Dit Frederick doucement. Andreas regarda au loin et prit une grande gorgée de vin. Il était fatigué de tout ça et souhaitait ne jamais avoir ouvert sa bouche il y quelques mois de ça ; il semblait que sa révélation avait créé plus de problèmes que ça n'en avait résolu.

Bill regarda son assiette et inspira bruyamment. "Vous connaîtrez votre petite-fille." Dit-il, presque de manière inaudible. Tom lui jeta un coup d'œil mais il ne pouvait pas le regarder tout de suite. Sinon la vérité sortirait probablement et alors là … "Nous n'allons pas la garder loin de vous ou quelque chose de la sorte. Elle connaîtra la famille de son père."

"J'espère vraiment." Mara renifla et essuya son visage avec sa serviette. "Je pense qu'il est temps pour nous de partir. Nous avons pas mal de route pour rentrer et Frederick et moi travaillons demain matin."

Andreas fit un clin d'œil inaperçu à Bill et se leva tandis que les adultes se serraient la main et se promettaient de refaire un diner dans de meilleures circonstances. Et ça juste avant que Jorg s'excusa ; il devait encore faire pas mal de route et il avait besoin de sommeil. Simone et Gordon décidèrent de partir en même temps et laissèrent Andreas et les jumeaux regarder fixement une table vide.

Tom remplit à nouveau le verre d'Andreas avant de se rasseoir alors que Bill buvait de petites gorgées d'eau et un peu de Pepto-Bismol [1]. Il aimait la nourriture italienne, mais il ne l'aimait pas toujours. "Je vais sous le patio. J'ai l'impression d'étouffer ici." Dit-il brusquement et Tom le regarda lutter pour sortir de sa chaise et prendre congé. Andreas et lui talonnèrent l'adolescent aux cheveux noirs comme l'ébène et le silence s'installa ; mais cette fois confortablement.

"Les gars, je veux juste faire mes excuses à nouveau." Dit Andreas après un moment.

"À propos de quoi ?" Bill sembla soulagé alors qu'il avalait plus du liquide rose.

"Ma mère. Mon Dieu, nous avons parlé ensemble pour qu'elle soit moins… moins elle. Je ne pense pas que ça changera."

"Elle est mieux qu'elle n'a été auparavant." Lui rappela Tom avec un haussement d'épaules. "Je considère que c'est une bonne soirée, étant donné que Bill n'a pas fini dans les pommes." Taquina-t-il.

"Peu importe." Bougonna Bill, en souriant néanmoins. "Nous ne pouvons pas contrôler nos parents, Andreas. Crois-moi, nous avons essayé."

"Ouais, je suppose." Le blond platine était toujours un peu mélancolique en repensant au spectacle de sa mère pendant le dîner. Ça devenait plus qu'embarrassant et il voulait vraiment dire la vérité à ses parents et au monde entier. Malheureusement, ce temps était venu mais était parti relativement rapidement. "Je pense juste que l'enfant devrait être un Kaulitz. Ça ne lui réussirait pas si elle avait mon nom." Dit-il honnêtement.

Tom soupira et inclina la tête. L'idée le tordait de l'intérieur à chaque fois qu'il y pensait et maintenant … sa fille allait certainement avoir son nom. Bien sûr, son nom et celui de Bill mais quand même. La pensée le fit sourire et il releva les yeux pour accompagner un signe de tête vers Bill. "Je pense que Bill doit aller se coucher." Dit-il vivement à Andreas.

"Je ne suis pas un bébé." Marmonna le chanteur alors que son jumeau et son meilleur ami riaient ; il bâilla et put à peine garder ses yeux ouverts. "Mais je pense que j'ai vraiment sommeil. Bonne nuit Andreas." Dit-il dans un autre puissant bâillement. Le blond platine l'aida à se lever de sa chaise et il donna une petite tape sur son épaule avant qu'il ne rentre à l'intérieur.

"Alors," dit Andreas rapidement, "qu'est-ce qui se passe avec vous deux ?" Il sortit une cigarette et l'alluma rapidement. Tom prit aussi une cigarette et l'alluma avec le briquet qu'il emmenait toujours dans sa poche arrière.

"Putain, si je le savais. Quelque chose ne va pas mais il ne me le dit pas." Admit-il. "Et il ment à propos de ça en me disant que tout va bien mais je peux sentir le contraire." Il inspira profondément et visiblement se détendit en sentant l'âcre fumée s'échapper par ses narines.

"Et il refuse d'en parler ?"

"Bien sûr."

Andreas haussa les épaules. "C'est Bill, il a toujours été comme ça. S'il n'aime pas alors il ne veut pas en parler."

"Mais pourtant on était tellement sur la bonne voie !" Tom donna un petit coup de pied dans une pierre sous le patio et secoua la tête. "En ce moment, j'ai la sensation qu'il reprend ses vieilles habitudes ; il ne dit pas un mot jusqu'à ce que les choses aient tellement empiré qu'alors tout le monde devine où est le problème. Je suis effrayé justement de ce que pourrait être le problème."

"Et tu l'as dit à Bill ?"

"N'importe quand j'arrive à être à deux doigts de lui parler de ce qui se passe juste … il se tait ou pire ; il commence à hausser le ton mais je ne suis pas d'humeur à me disputer ces derniers temps."

"C'est sûr, ça ne peut plus durer." Dit Andreas avant d'exhaler de la fumée. "Il semble sur les nerfs. C'est juste la césarienne ou quelque chose d'autre ?"

"C'est probablement tout. Nous n'avons pas choisi de prénom ; nous n'avons rien pour le bébé, la chambre d'enfants n'est pas prête. Elle ressemble à une prison blanche. C'est juste la merde la plus urgente. Le pire, tu sais c'est le fait que nous ne savons même pas ce que nous devons faire." Gémit Tom. "Et on supposait être des parents ? Nous ne savons même pas cuisiner!"

"Alors prends une gouvernante." Dit Andreas calmement.

"J'ai aussi essayé de parler de ça à Bill, mais il a juste refusé d'en discuter. Il a dit que nous en parlerions plus tard. Nous ne l'avons jamais fait." Ajouta Tom. "Il me fait me sentir mal d'être excité pour la petite chose en lui."

"Mec, non."

"Pas petite chose ?"

"Pas petite chose." Andreas rit et donna un petit coup de pied dans une pierre sous le patio. "Tu vas devoir balayer. Alors comme ça Bill ne sait pas que tu fumes encore."

"Je pense que Bill s'attendait à ce que j'en allume une aussitôt qu'il soit parti. Mon Dieu, pourquoi il est si dur de renoncer à cette merde ?" Tom leva les yeux le ciel et soupira. "Je ne veux pas fumer quand ma fille sera là."

"Alors il me semble que tu devrais jeter ta cigarette." Andreas écrasa la sienne en-dessous du talon de sa Converse© et étendit son bras à travers la table pour prendre la cigarette du guitariste et la lancer aussi. "Je pense que je vais y aller. Y'a pas mal de route et le vin que j'ai bu va être un somnifère très agréable quand je vais finalement me mettre au lit."

"Ça va aller pour conduire ? Je ne veux pas que tu es un accident. Bill serait si triste." Tom sourit d'un air satisfait.

"Ouais, je suis sûr que vous vous consolerez. Non, mais ça va. Si ça n'était pas le cas je resterais cette nuit." Le rassura Andreas avant de se lever et s'étirer. "Merci pour le dîner, peu importe combien il était gênant et silencieux. Rien de mieux qu'un silence tendu pour aider à la digestion."

"M'en parle pas. Merci beaucoup, sérieusement." Dit Tom en faisant le tour de la table avant de donner un coup de poing dans le bras à son meilleur ami.

"J'ai l'impression que je viens d'avoir un flash-back." Plaisanta Andreas avant de se glacer sur place. Les deux adolescents semblaient un peu inconfortables jusqu'à ce que Tom ait exhalé bruyamment et ait haussé les épaules. Si vous ne pouviez pas rire d'un petit coup donné à votre meilleur ami avec votre meilleur ami, avec qui alors ?

"T'es vraiment un trou du cul." Dit-il en plaisantant. Andreas se détendit et Tom raccompagna l'adolescent jusqu'à la porte d'entrée. "Si tu te sens fatigué et que tu es plus proche de chez nous que de chez toi, tu reviens, d'accord?"

"Oui, maman."

"Ne dis pas ça." Taquina Tom avant de frissonner dramatiquement. "Je ne pense pas que n'importe lequel d'entre nous le voudrait."

"Vrai." Andreas ouvrit la porte et soupira. "Ecoute, toi et moi savons comment Bill est renfermé. Ne le laisse pas faire. Tu es une des rare personne qui arrive à le faire s'ouvrir. Je pense qu'il est effrayé. Je le serais si j'étais lui."

"Ouais, maintenant pars avant que je ne te fasse prendre la chambre d'amis."

"Bien, je suis parti." Andreas lui donna un petit coup dans l'épaule et partit sans un regard derrière lui. Tom le regarda partir jusqu'à ce qu'il ne puisse plus voir la voiture rouge et revint à l'intérieur puis referma la porte. Il vérifia que tout était bien fermé et enclencha le système de sécurité avant de traîner des pieds jusqu'en haut. Quand il entra dans leur chambre, Bill était sur le côté, endormi. Il y avait un de millions d'oreillers sur le lit, entre ses jambes et même au bord du lit. Tom constata que son jumeau avait chaud.

Il regarda le thermostat et le baissa un peu plus ; Tom s'en fichait d'avoir un petit peu froid quand il allait au lit, il se glissait au chaud sous les couvertures et c'était beaucoup mieux. Bill était actuellement au-dessus des couvertures et avait toujours l'air inconfortable. Tom se déshabilla et se débattit intérieurement sur le fait d'aller prendre une douche, mais le sommeil l'appelait et il n'était pas d'attaque de se battre contre ça.

Tom se réveilla et regarda autour de lui. Il faisait plutôt froid et il trembla alors que ses yeux s'ajustaient à l'obscurité. Il parcourut des yeux la pièce pour voir qu'il était seul dans le lit et s'assit en bâillant. Il n'y avait aucune lumière en-dessous de la porte de la salle de bains donc Bill n'était pas là non plus. Il avait dû probablement aller en bas pour se faire un encas de minuit ; parfois il avait des problèmes à se rendormir tout de suite et devenait affamé à attendre le sommeil revenir. Tom bougonna et replongea sous les couvertures pour essayer de se rendormir.

Après ce qui lui sembla quelques secondes plus tard, Tom ouvrit les yeux à nouveau et se rendit compte qu'il était toujours seul. Il se releva sur ses coudes et avec le regard trouble il jeta un coup d'œil au réveil sur la table de nuit. Il était presque trois heures du matin. Il bâilla et se laissa retomber en arrière sur le lit, fermement décidé à se lever. Dans un soupir, il se leva et se força à mettre ses pieds hors du lit.

Il mit un tee-shirt et descendit l'escalier en bâillant ; Bill n'était pas dans la salle de séjour. Tom vérifia la cuisine et trouva des traces de son frère, mais toujours aucune vision de lui. Il jeta les cartons vides de ce qui devait être des restes et essuya ses mains sur son boxeur et regarda autour de lui. Il ne serait pas dans la chambre d'invité ou-

Tom s'arrêta au milieu de ses pensées quand il entendit des éclaboussements. Il ouvrit la porte vitrée coulissante et marcha sous le patio. Il y avait une brise agréable qu'il n'avait pas senti plus tôt cette nuit. Tom se pencha et ramassa ce qui semblait être le tee-shirt qui servait de pyjama à Bill. Il continua jusqu'à la piscine et trouva le boxeur de son frère, il était soudainement fâché. Bill était dans la piscine et nageait sur place faisant dos à Tom. "Bill." Dit-il rapidement.

Bill glapit et tressaillit, allant sous l'eau brièvement avant de nager jusqu'au bord où Tom était debout. "Hé, je ne savais pas que tu étais réveillé." Dit-il en crachant de l'eau.

"Bill, je ne l'étais pas! Tu ne peux pas être ici tout seul. Et si quelque chose était arrivé ? J'étais endormi en haut! Je ne t'aurais pas entendu et ensuite … tu aurais pu… Pourquoi tu n'y a pas pensé ?" Hurla Tom. Il tremblait en s'imaginant des scénarios possibles et horribles ; une image de Bill flottant dans la piscine au matin l'étrangla et il dut s'asseoir au bord de la piscine ou il aurait piqué une tête de lui-même dans l'eau.

"Je suis simplement en train de nager, Tom. Tu sais ça."

"Conneries, Bill. Ce n'est plus juste toi maintenant." Tom se frotta les tempes et se pencha en avant de se mettre sur les genoux. "J'étais tellement inquiet. Tu n'étais pas là quand je me suis réveillé."

"Je n'arrivais plus à dormir. Mon dos me faisaitt vraiment mal et la piscine était la seule chose à laquelle je pensais." Bill se déplaça plus loin dans la piscine et commença à flotter sur le dos. Tom déglutit quand il se rendit compte que Bill nageait nu. La lune éclairait sa peau brillante et son ventre rond, il ne pouvait pas lever ses yeux des seins de Bill. Il joua avec son piercing à la lèvre et changea de position.

"Combien de temps vas-tu rester là dedans ?" Demanda finalement Tom ; la question sortit sur un ton un peu plus irrité qu'il avait prévu et il s'étonna que Bill ne commencât pas à vouloir se disputer en retour.

"Tu veux que je sorte maintenant ?"

"Ton dos te fait-il toujours mal ?"

"Oui."

"Alors … non." Tom se précipita tout près du bord et laissa ses jambes pendre dans l'eau. "Juste réveille-moi quand tu veux aller nager. Je ne veux plus que tu sois ici seul désormais."

"D'accord." Bill hocha positivement de la tête et plongea dans l'eau brièvement avant de revenir à la surface. "Je n'arrivais juste pas à trouver une position confortable et j'avais chaud."

"J'ai baissé le thermostat presque entièrement. Comment pouvais-tu avoir chaud ?" Demanda Tom, incrédule.

" J'ai presque toujours chaud, je ne peux plus l'ignorer désormais et je ne voulais pas prendre de douche." Tom inclina la tête et observa la petite baignade de son frère avant que Bill ne casse le silence à nouveau. "Tu veux venir ?"

"Quoi ? Je ne sais pas, je n'ai pas vraiment envie de me baigner." Dit Tom alors qu'il relevait une jambe vers lui pour ensuite donner du repos à sa tête sur son genou. "Et je ne veux pas avoir à traiter avec mes dreadlocks humides demain."

"Je le ferai. Je te masserai le cuir chevelu, cirerai et tresserai tes dreadlocks pour toi si tu viens avec moi."

Tom cligna des yeux. Bill essayait d'être doux. Stephen lui avait dit de reconnaître une perche quand on lui tendait. Il se mordit la lèvre et essaya de résister avant de changer d'avis ; son tee-shirt et son boxeur rejoignirent ceux de Bill sur le béton et il plongea. L'eau qui glissait autour de son corps été agréablement fraîche et Tom dut admettre qu'il se sentait vraiment bien. Il revint à la surface et trouva un Bill tout souriant. "Quoi ?" Demanda-t-il en recrachant un peu d'eau.

"Je ne voulais pas être seul et je suis heureux que tu sois là."

Tom soupira. "Bill, tu me donnes des signaux contraires en ce moment. Chaque fois que j'essaie de t'aider, tu me repousses ou nous finissons par nous disputer." Il plongea sous l'eau à nouveau et ferma les yeux à la sensation de l'eau remplissant les poches d'air entre ses cheveux. Ça lui picota le cuir chevelu. Tom remonta pour respirer et il vit que Bill s'essuyait les yeux. "Ne pleure pas, Bill. Je ne veux pas que tu pleures."

"Ça semble être la seule chose que je sois capable de faire correctement récemment." Dit Bill lugubrement. "Je me sens comme un sac triste de merde égoïste."

"Tu es un tel auteur." Tom leva les yeux au ciel et nagea jusqu'à Bill. "Tu es si bon pour les allitérations quand tu es vexé." Bill rit un peu et laissa Tom le prendre dans ses bras au milieu de la piscine. Il se tint à lui et Tom commença à marcher pour eux deux. "Pourquoi te sens-tu comme ça ?"

"Beaucoup de raisons." Bill reposa sa tête sur l'épaule de Tom et celui-ci laissa ses mains se déplacer de haut en bas sur les hanches de son jumeau. Il ne pourrait jamais être près de Bill sans avoir besoin de le toucher.

"Comme quoi ?" L'adolescent aux dreadlocks chuchota à son oreille.

"Je sais que tu ne veux pas que je continue à voyager."

"Non, je ne le veux pas." Acquiesça Tom.

"Mais je veux y aller. Je pense que je veux quitter l'Allemagne pendant quelque temps."

"Je suppose que je ne peux pas t'en blâmer." Dit Tom prudemment.

"Donc tu me laisseras y aller seul ?"

"Non." Il secoua la tête pour accentuer sa réponse. C'était totalement hors de question. Bill soupira et tira Tom tout près de lui et celui-ci commença à masser son dos. "Je suis désolé, je ne peux pas." Bill n'ajouta rien alors qu'ils dérivaient dans l'eau. Tom resserra sa prise sur son jumeau. "Je m'inquiète pour toi tout le temps ; je me sentirais mieux si je venais avec toi."

"Je ne veux pas que tu t'inquiètes pour moi."

"Ça parait difficile ; je pense à toi tout le temps."

"Tout le temps ?" Bill sourit légèrement et ferma ses yeux posant son menton sur l'épaule de Tom.

"Oui, tout le temps." Chuchota Tom alors qu'ils dérivaient toujours. "Tu sais que c'est la première fois que je vais dans la piscine depuis que nous avons emménagé ici ?"

"Moi de-même ; pourquoi avoir acheté une maison avec piscine si nous l'utilisons jamais ?"

"Parce qu'elle avait l'air bien ; et en plus, nous l'utilisons maintenant." Tom frotta sa joue contre Bill et se détendit contre le mouvement doux de l'eau. Sa main descendit en glissant dans le dos de son jumeau et caressa le sommet des fesses de Bill. "Qu'est-ce qui t'a décidé à te baigner ?" Demanda t-il d'une voix enrouée alors qu'il prenait conscience une fois de plus que Bill était nu et dans ses bras.

"Je n'avais pas besoin…de vêtements." Chuchota Bill dans son oreille et Tom ne put s'empêcher de trembler. "Tomi ?"

"Hum ?"

"Tu m'aimeras pour toujours, non ?" Demanda t-il en enveloppant plus serrés ses bras autour du cou de Tom. Soudain il se rendit compte qu'il ne pouvait pas être plus proche et il commença à s'affoler brièvement.

"Qu'est-ce qui ne va pas, Bill ?" S'alarma Tom, il pouvait sentir le battement irrégulier du cœur de son frère lorsqu'il posa sa main au-dessus de la poitrine de Bill.

"Je dois juste savoir que tu m'aimeras peu importe ce qu'il arrive, même si ce n'est pas facile."

"Bill, je ne suis pas avec toi parce que c'est facile. Je suis avec toi parce que je pense que ce que nous avons vaut beaucoup plus que ce qui nous sépare. Qu'est-ce qui ne va pas ?" Bill secoua la tête et cacha son visage dans le creux du cou de Tom. "Ecoute, je sais que tu me caches quelque chose. Je le sais déjà ; pourquoi ne me dis-tu pas juste ce que c'est que nous le réglions ensemble ? Je suis fatigué d'essayer de comprendre ce qui va mal tourner. Au moment où je le découvre il a déjà pris une telle proportion que nous sommes tous les deux pris à la gorge. Alors qu'est-ce qui ne va pas ?"

Bill renifla et respira à fond. "Tu sais la césarienne ?"

"…Oui …"

"Bien, je ne suis pas obligé de l'avoir à sept mois. Je peux presque l'avoir à neuf mois. Robert a dit que ça lui donnerait une meilleure chance de survie."

Tom ne dit rien pendant un moment et Bill se demanda brièvement si Tom allait le repousser, mais alors il prit la parole. "Alors … pourquoi a-t-il dit que tous ses patients se faisaient opérer pendant leur septième mois ?"

"Parce qu'ils ne sont pas autant en bonne santé que je le suis, apparemment ; ils ont beaucoup de problèmes et le bébé doit sortir dès que possible. Mais il a dit que je m'en sortais vraiment bien." Bill chuchota la dernière partie. Il ne ressentit aucune fierté à l'avoir dit ; c'était même tout à fait le contraire, il se sentait mal. Lui ? Cette pensée le faisait se sentir mal et fâché.

"Donc tu ne me l'as pas dit parce que tu pensais que je voudrais que tu la portes à terme ? Je ne mentirai pas, Bill, les trucs que j'ai lu me rendent vraiment inquiet, mais je suis plus inquiet pour toi. Tu es ici maintenant et je ne veux pas que tu te sentes inconfortable ou que tu aies mal. Tu ne peux pas savoir combien je suis juste reconnaissant à vrai dire que tu l'aies portée aussi longtemps."

"Vraiment ?" Bill sentit des larmes sur ses joues alors que toute la tension qu'il ressentait s'évacuait. "Tu ne sais pas comment ça me fait me sentir …"

"Tu l'aurais entendu plus tôt si tu étais venu me le dire tout de suite. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi tu as arrêté de me parler."

"Je ne sais pas."

"Avant nous étions toujours capables de parler l'un à l'autre."

"Je pense que ça a changé quand j'ai arrêté de me sentir comme ton frère mais plutôt comme ta femme."

Tom cligna des yeux et souleva le menton de Bill pour le regarder droit dans les yeux. "Bill, je ne veux pas te perdre comme frère. Le type qui me taquine en disant de la merde stupide et qui geint quand il veut de l'attention. Je ne veux pas le perdre."

Bill ne répondit pas, il se pencha juste en avant et embrassa Tom ; il avait besoin de sentir l'assurance physique de son frère ainé. Les baisers avaient toujours eu une position spéciale dans leur relation; appelez-ça du narcissisme si vous voulez mais les deux adoraient les lèvres de l'autre. Bill passa son pouce le long de la lèvre du bas de son jumeau avant de se pencher à nouveau pour un autre baiser. Tom ouvrit sa bouche et lui permit de faire entrer sa langue chercheuse. Le piercing à la langue de son frère laissa une traînée légèrement chaude et métallique partout où il passait et Tom trembla quand Bill gémit doucement dans sa bouche.

Quand ils rompirent le baiser, les yeux de Bill étaient sombres dans la lumière bleutée des spots sous l'eau et il prit les mains de Tom et les mit directement sur ses seins. Tom ne put retenir un gémissement et il serra doucement sentant les mamelons durs en-dessous de ses paumes. Ses mains repartirent vers le bas sur le ventre de Bill puis sur ses hanches ; Tom les saisit aussi fort qu'il l'osait et tira Bill vers l'eau peu profonde. "Viens." Dit-il entre ses dents alors qu'il réussissait à peine à garder la maîtrise de soi.

"Où allons-nous ?" Bill avait entouré ses jambes autour de la taille de Tom se laissant flotter sur le dos. Il pouvait sentir l'érection chaude de son jumeau en-dessous de son ventre sensible. Il descendit sa main oisivement et referma maladroitement ses doigts autour du sexe de son frère ; il pouvait sentir que celui-ci palpitait dans son poing. Les hanches de Tom bougèrent par saccades et il jura quand Bill partit sous l'eau brièvement. "Quelqu'un est excité." Dit-il en riant après avoir recraché de l'eau.

"Merde, ne refais plus ça." La voix de Tom contredisait ses paroles alors qu'il leva Bill avec ses bras en le plaçant en dessus ses fesses. "Je t'emmène en haut et je vais te baiser."

Bill le regarda sérieusement pendant un instant avant de s'assoir du mieux qu'il pouvait et de prendre le visage de Tom dans ses mains. "Et pourquoi pas directement ici ?" Demanda-t-il tranquillement et Tom s'arrêta net. Heureusement, ils avaient déjà atteint le grand bassin, Tom était donc capable de tirer Bill plus loin sans perdre l'équilibre. Il embrassa Bill durement et avec une ferveur qui l'étonna lui même.

"Es-tu sûr ?"

"Certain." Dit Bill sans hésitation. "Mets-là juste dedans."

"Bill-"

"Fais-le juste." Dit-il désespérément avant de s'abattre sur Tom à nouveau pour un autre baiser. Le guitariste les guida jusqu'au mur de la piscine et caressa le sexe de Bill avant de passer rapidement son pouce sur la fente. C'était humide même sous l'eau, un type différent de liquide et cette simple pensée fit se hisser son pénis d'un coup sec. Le grand bassin de leur piscine possédait des spots dans le fond et Tom se pencha pour voir qu'ils étaient debout directement sur l'un d'entre eux. Ce dernier illuminait la courbe du ventre de Bill et sa propre érection. Bill s'arc-bouta contre le mur et orienta ses hanches vers celle de Tom.

"Es-tu sûr d'être à l'aise ?"

"Non, je ne le suis pas, je suis tellement dur que j'ai l'impression que je vais éclater si tu ne fais pas quelque chose. S'il te plaît, Tomi." Haleta Bill en poussant ses hanches contre son aine. Tom se mordit la lèvre pour s'empêcher d'hurler et poussa un doigt dans le trou serré de Bill. La chaleur à l'intérieur fit défaillir ses genoux et il ajouta rapidement un autre doigt pour appuyer cet endroit qu'il savait qu'il rendait fou Bill.

Comme il pouvait s'y attendre Bill arqua son dos et Tom se pencha en avant pour lécher les mamelons durs de ses seins. Le sexe de Tom tressauta de manière incontrôlée et il savait qu'il ne durerait pas longtemps. Il doigta encore son jumeau jusqu'à ce que Bill l'ait pratiquement supplié de remplacer ses doigts par son sexe. Tom ne put s'empêcher de sourire ; ça lui avait manqué, entendre Bill prier d'avoir son sexe en lui.

Il retira ses doigts et son petit frère poussa un cri au sentiment de vide, mais sanglota de soulagement quand Tom le remplit de son sexe. Le rythme était délicat ; le seul tempo qui marchait était le lent. Tom prit Bill au piège alors qu'il s'enfonçait plus rapidement à l'intérieur de lui, ce qui poussa l'adolescent aux cheveux noir comme l'ébène contre le mur. La friction était peu profonde et délicieuse alors que Tom amortissait ces mouvements en tenant les hanches de Bill et grinçait des dents désespérément en entrant en lui.

Tom posa une main sur un sein de Bill et garda l'autre sur une hanche alors que Bill s'accrochait autour de son cou désespérément. "Oh merde." Haleta Bill en repoussant son bassin vers le bas. Tom frappa cet endroit spécial à l'intérieur de lui et il fut inopinément secoué de spasmes. Le guitariste se mordit la lèvre alors qu'il continuait ses vas-et-viens ; il ne voulait pas venir avant que Bill ne vienne. Il bougea ses hanches à nouveau et sourit d'un air suffisant quand Bill se mut par saccades et jura de nouveau. Tom pouvait sentir un picotement se diffuser dans son corps de son cuir chevelu jusqu'à ses orteils et ses hanches marquèrent le rythme alors qu'il sentait son orgasme arriver. "Tu es proche ?" Lui demanda Bill, ses mots tout juste coupés par la brume de plaisir délirant.

"Oui, et toi ?" Demanda Tom avec grand effort. Bill gémit et hocha positivement de la tête, il se saisit des épaules de Tom enfonçant ses ongles dedans et s'abaissa pour un autre baiser. Tom passa sa main en-dessous du ventre de Bill et commença à caresser son sexe vigoureusement. Bill trembla et dans un frisson Tom put sentir le liquide chaud se déverser dans sa main avant que celui-ci ne s'évapore dans l'eau. Il gémit et dans une dernière poussée jouit durement à l'intérieur de son frère.

Bill s'effondra, posant sa tête sur l'épaule de Tom et ronronna presque en frottant sa joue entre le cou de Tom et son épaule. "C'était stupéfiant." Dit-il lentement.

"Oui ; nous nous trouvons maintenant dans le besoin de faire nettoyer la piscine." Rit Tom avant d'embrasser Bill rapidement. "Parle-moi avant d'essayer de me repousser, d'accord ?"

"Oui. J'essayerai de m'en rappeler." Bill bâilla et trembla. "Rentrons. Je pense que je suis prêt à me rendormir maintenant."

"Bien." Tom l'embrassa de nouveau et espéra qu'ils avaient réussi à éviter la catastrophe qui couvait entre eux.

Tom sortit Bill de la piscine et ne le lâcha pas avant qu'il ne l'ait mis au lit juste à côté de lui.

FIN CHAPITRE 44

 

 

 

 

 

 

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