Chapitre 9 *
Est-ce que mal interpEréETer est la solution ?
"Nous sommes si heureux d'être à Oslo en ce moment. Le pays est si beau." Sourit Bill, poussant son charme jusqu'à son niveau maximum. Ses hôtes lui mangeaient dans la main et il avait juste sourit, bu sa limonade au citron et fait quelques plaisanteries ; il souriait comme s'il était à la télévision. Il savait comment éblouir les gens, que ce soient ceux présents ou encore ceux qui écoutaient la radio et son but était de tous les époustoufler.
"Nous sommes heureux de vous avoir; vos fans sont si fidèles et très…très …" L'homme chercha son mot.
"Intenses ?" répondit Bill gracieusement.
"Exactement!" L'animateur radio claqua des doigts. "Est-ce que vous vous êtes habitués à ça ou vous aimeriez qu'ils soient moins investis ?"
"Absolument pas! Nos fans sont notre vie ! Nous ne pourrions pas faire ce que nous faisons sans eux. Nous essayons de le leur prouver à chaque fois que nous montons sur scène. Le show que nous faisons est un remerciement pour chaque personne qui nous soutient, qui achète nos CD et attend à l'extérieur en ligne parfois pendant des jours avant nos concerts. Ils nous rendent fiers et nous voulons continuer à les rendre fiers." Bill rayonnait.
"Nous y voila les gens, le chanteur du groupe Tokio Hotel a eu l'amabilité de nous rendre visite toute la matinée et maintenant c'est le temps pour nous de partir. Je suis désolé pour toutes les personnes qui ont essayé de joindre notre standard, mais les téléphones ont été saturés. Considérez vous comme chanceux si vous avez réussi. C'était Ducky pour la matinale, laissons place maintenant à Forstan pour l'après-midi !" Le jingle de l'émission retentit et Bill remercia sa bonne étoile que ce soit enfin fini. "Bill, merci d'être venu. Vous êtes meilleur que la plupart des musiciens que nous avons reçus du milieu. Vous avez en réalité un avis sur pas mal de chose autre que votre style vestimentaire."
Bill rit et lui serra la main. "Merci, j'apprécie. Parfois, je me suis peut-être un peu égaré. Je n'avais pas mon frère pour me dire d'arrêter."
"Non, c'était parfait. Vous avez gardé l'auditoire en alerte, ce qui ne devait pas être facile puisque je vois que vous êtes très fatigué."
"Les voyages, vous connaissez ? Et nous avons su à la dernière minute que nous, je veux dire que je, devais faire cette émission tôt ce matin."
"Comme j'ai dit, c'était une bonne interview. Nous devons sortir, car après cette chanson commence l'émission de l'autre animateur radio et il doit encore s'installer. C'était agréable de vous rencontrer." Forstan agita encore une fois sa main et ils se dirigèrent vers la sortie. Bill releva les yeux et vu David dans la cabine de mixage, une expression fâchée sur le visage. Quel était le problème maintenant ? Il venait de faire une de ses meilleures performances …
Résigné à son destin, Bill marcha du studio au hall, jetant un coup d'oeil à son téléphone. Aucun appel manqué, aucun texto…rien. En colère, il remit le téléphone dans son sac et se retourna juste à temps pour voir que David quittait la cabine. "Bill, bon travail."
"Wow, tu penses vraiment que je peux faire du bon travail ?" Demanda Bill sarcastiquement, s'asseyant sur le banc contre le mur. David leva les yeux au ciel.
"Ecoute, arrête d'être désagréable, ok ? Tu as merdé hier, les gens merdent de temps à autre. Tu es revenu et tu as obtenu du succès comme je ne t'ai jamais vu en avoir. Normalement, tu refuses de faire quelque chose comme ça sans le groupe, encore moins sans Tom." Il haussa les épaules. "Du coup, je suis fier de toi."
Bill écarquilla les yeux, soupçonneux. "Qu'est-ce que c'est que ça ? Qu'as-tu en tête ?" Demanda t-il d'un air fatigué. David ne donnait jamais un compliment comme ça, à moins qu'il ne veuille quelque chose. Son manager soupira et secoua la tête, se pinçant le haut du nez.
"Non, Bill … je … juste …" Il finit par s'asseoir lourdement à côté du chanteur et soupira une nouvelle fois, posant ses coudes sur ses genoux et se penchant en avant. "Tu me le dirais s'il y avait quelque chose qui n'allait pas, pas vrai ?" David détailla Bill scrupuleusement.
"David-"
"Non, Bill sérieusement. Je dois savoir si tu me dirais ou non si quelque chose n'allait pas."
"Qu'est-ce qui te fait penser que quelque chose ne va pas ?" Interrogea t-il avec difficulté, se tortillant sur son siège et étreignant sa veste en cuir tout près de son corps.
"Je peux dire quand il y a quelque chose. Je vous connais depuis un moment maintenant, nous vivons la plupart du temps ensemble dans un autobus." Il soupira de nouveau et s'appuya contre le mur, regardant un point imaginaire devant lui. "Je sais que tu penses que je suis dur, mais nous avons des obligations par rapport à l'image que nous avons travaillé au cours de ces dernières années. Nous avons une responsabilité face au label, nous devons être aussi rentables que nous pouvons l'être, surtout en considérant qu'ils couvrent le coût du voyage à chaque fois que nous sortons. C'est juste … tu ne peux pas perdre de vue que c'est un business ; mais ça ne te concerne pas. Ça me concerne moi, et c'est pourquoi je suis le manager. Juste … ne pense pas à moi comme le méchant gars, ok ? Parce que je cherche seulement le meilleur intérêt de chacun."
Bill détestait quand David se comportait comme un être humain convenable. Il était plus difficile de le détester, plus difficile d'ignorer ses paroles. "Ouais, je vais faire ça." Dit-il d'un air triste, croisant ses bras sur sa poitrine et regardant fixement le bout de ses santiags.
"Heureux de l'entendre. Prêt à y aller ? Il semble que tu ais besoin d'un petit somme avant le concert de ce soir."
"Je dois manger quelque chose d'abord. J'ai encore dû sauter le petit déjeuner."
~*~*~*~
Tom se retourna et gémit, le soleil frappant impitoyablement ses yeux. Se levant tant bien que mal, il tira les rideaux et regretta rapidement son geste. Il pouvait à peine tenir debout, la chambre tournait sur elle-même et, précautionneusement, il lâcha les rideaux aussitôt qu'il sentit son centre de gravité revenir à la normale. Tressaillant au goût dans sa bouche, Tom trébucha en se dirigeant jusqu'à la salle de bains et s'appuya au lavabo ; grimaçant à nouveau au moment où il dévissa violemment le bouchon de la mini bouteille de bain de bouche, il en prit une grande rasade pour éradiquer tout ça. Putain, qu'est-ce qu'il avait bien pu boire cette nuit ?
Après suffisamment de bain de bouche pour ôter le goût collant qu'il avait, Tom retourna dans sa chambre et soupira. Jetant un coup d'oeil au réveil sur la table basse, ils restaient environ quatre heures jusqu'au sound check. Quelqu'un frappa à la porte et il tressaillit ; tout semblait si brusque quand on a une gueule de bois. Il ouvrit la porte et fronça les sourcils, confus. C'était Georg et il semblait vexé. "Qu'est-ce qui ne va pas avec toi ?"
"Comment va ta tête ?" Le bassiste n'attendit même pas la réponse et entra, refermant la porte derrière lui.
"Je survivrais, qu'est-ce qui ne va pas ?" Demanda Tom de nouveau.
"Nous avons loupé l'émission de radio."
"…Excuse moi ?"
"Nous, toi, moi et Gustav, avons dormi pendant cette émission à laquelle on était supposé aller." Georg s'éclaircit la voix. Tom secoua la tête négativement.
"Non, je ne me rappelle pas de cette émission de radio. Sinon, je ne serais pas sorti."
"On a supposé que Bill te l'avait dit. Il l'avait fait ?" Tom secoua encore une fois la tête négativement.
"Non, il ne me l'a pas dit."
"Vérifie ton téléphone. David a essayé d'engueuler Bill pour ça, mais il dit qu'il t'a appelé deux ou trois fois."
Tom récupéra son téléphone sur la table de nuit et l'alluma. L'écran clignota, la preuve du nombre de fois où son frère avait essayé de le joindre hier dans la nuit lui sautant immédiatement au visage. "Oh merde …"
"Ouais ; David sera probablement bientôt ici, d'autant plus quand il saura que tu es réveillé."
"Pourquoi, tu vas lui dire ?"
"Putain, oui je vais le faire!" Georg remit ses cheveux derrière ses oreilles. "Tu aurais du entendre la merveilleuse conversation que nous avons eu avec notre bien aimé manager. Alors oui, je vais lui dire que tu es réveillé, tu ne voudrais pas que Gustav et moi on garde tout le côté fun pour nous ?" Il commença à partir quand Tom l'arrêta.
"Qu'est-ce qui est arrivé à l'émission de radio ?"
"Il semble que Bill l'ait fait tout seul."
"Génial …" Marmonna Tom, frottant son front en souhaitant que son mal de tête disparaisse. A son soulagement immense, Georg sortit aussi doucement qu'il le pouvait. Il regarda le téléphone dans sa main et composa rapidement le numéro de Bill, patientant avec une certaine chanson pop idiote jusqu'à ce que la voix de son frère passe à travers la musique. Répondeur. Merde. "Bill, c'est moi. Rappelles-moi dès que possible." Il raccrocha tout en fourrant ses pieds dans ses chaussures.
En ouvrant la porte, il eu le souffle coupé au moment où il faillit heurter David. "Nous devons parler." Dit l'homme, le poussant en arrière à l'intérieur de la chambre et refermant la porte derrière lui.
~*~*~*~
Gustav ne pouvait pas regarder Georg sans rougir et sans baisser vivement la tête. Pour être honnête, il était sur les nerfs. Sa langue persévérait à rester collée à son palet à chaque fois que le bassiste s'approchait et autant il n'aimait pas parler en général, autant là, il voulait dire quelque chose, quoi que ce soit, pour casser la tension qu'il ressentait à l'intérieur de lui. Comment pouvait-il avoir été si stupide ? Georg devait penser qu'il avait voulu l'inviter dans sa chambre juste pour le séduire. Ce n'était pas le cas.
Ses sentiments envers Georg étaient plutôt bizarres. Ils se connaissaient, depuis ce qui semblait être toujours, bien avant que Gustav ne comprenne la phrase ' bien aimer quelqu'un '. Lorsqu'il découvrit comment les filles pouvaient être stupéfiantes, c'est Georg qui lui apprit comment leur donner ce qu'elles voulaient et ce dont il pensait qu'elles avaient besoin. C'était aussi Georg qui lui offrit sa première boisson alcoolisée, de la vodka, et lui dit de rester loin de cigarettes bien qu'il lui arrivait dans fumer de temps à autre ; il lui avait appris à être cool.
Au début, il pensait qu'il le vénérait comme son héros, mais profondément à l'intérieur de lui, il savait que ce n'était pas ça. Mais Gustav était hétéro et c'était tout. Il n'avait rien contre les gays, il pensait même parfois que Bill l'était, particulièrement avec son putain de sac Prada qu'il voulait toujours avoir en vue. Ses sentiments envers son camarade de travail masculin étaient donc quelque peu embrouillant.
Et il n'était même pas féminin, d'aucune façon ! Pas comme Bill, qui donnerait à n'importe qui de vivant une érection si la personne ne savait pas que c'était lui qui marchait dans la pièce. Il n'avait pas sa beauté délicate. C'était même tout à fait le contraire, il était bien bâtit, supportait bien l'alcool, était tout le temps un peu débraillé, pas du tout méticuleux et aimait les jeux de coups de poing qui impliquaient des bleus et exigeaient une sorte de récupération ensuite.
Non, il se trouvait lui-même charmant par son sourire, et la façon dont il prenait plaisir à parler aux gens. Gustav enviait le fait de ne pas être sous les projecteurs, mais ça ne le dérangeait pas lorsqu'il l'était. Georg gardait son attitude cool et décontractée, son sourire était serein et son caractère imperturbable. L'envie de lui ressembler se développa en une attirance fatale et Gustav était perdu.
Mais il était décidé à laisser les sentiments qu'il avait pour Georg enfermés à clef dans son cœur, pour toujours. Stupide vodka; c'était la seule boisson qui peux toujours vous convaincre que quelque chose est bien. Gustav leva les yeux au ciel et rougit de nouveau, se rendant compte que Georg le regardait alors qu'il sortit de ses songes. Il devait le détester, ou pire, penser qu'il était répugnant. Toutes ces pensées n'étaient pas bonnes pour son coeur, il en était sûr. Incroyable qu'on ne puisse pas mourir d'embarras ?
Gustav fixait la porte quand Tom tapa du pied dedans ; il avait l'air très énervé et il alla directement enfiler la sangle de sa guitare. David avait du lui parler avant les sound checks parce qu'il était livide. Maintenant ils devaient juste tuer le temps jusqu'au concert. Il réprima un reste de bâillement et observa son groupe. Les cheveux de Georg couvraient son visage, il avait la tête baissée vers sa basse, tapotant une corde attentivement. Bill finissait de se préparer tirant sur sa veste, essayant de faire de son mieux pour ignorer Tom.
Tom continuait à jeter des coups d'œil dans la direction de Bill, comme s'il voulait presque qu'il le regarde et le voit debout devant lui. Bill n'allait pas faire ça. Il était furieux et n'avait aucun problème à le faire savoir à tout le monde. Putain d'hormones … La pensée que Bill était chimiquement déséquilibré le fit frissonner. Ses nerfs contrôlaient sa vie, sans parler de quelqu'un d'autre.
Il ne pouvait pas vraiment blâmer le chanteur d'être fâché pour l'histoire de l'émission de radio, mais Bill devait être assez intelligent pour savoir qu'il pouvait l'appeler lui ou Georg s'il n'arrivait pas à joindre Tom. Parfois, Bill pouvait être d'une humeur massacrante, et dans ces moments là, il voulait seulement parler à Tom ; mais cette petite caractéristique plombait énormément l'ambiance du groupe. Ils n'avaient pas besoin de ça en plus en ce moment.
Gustav leva les yeux vers le plafond et pensa que ça devait être plus calme là-bas qu'ici sur terre.
Bill piqua un cornichon dans le pot et le plongea dans le petit bol de sucre, mordant dedans et gémissant de plaisir. Les cornichons devaient être la meilleure bouffe jamais inventée. Cela aidait même son humeur alors que la vue qu'il avait en se regardant le miroir était pénible. Son estomac semblait gonflé, comme s'il ne savait pas quand sortir de table. La peau de son ventre était tendue; il pouvait le voir et il sentait même la différence en caressant son abdomen. Il ne voulait pas l'admettre, mais les massages de Tom sur son estomac lui manquaient.
Il grimaça à la pensée de son frère, puis reprit furieusement un cornichon avec du sucre et mordit dedans. Bill se tourna d'un côté puis de l'autre, essayant de rentrer le ventre, mais rien ne diminuait la bosse. Cela commençait à se voir. Il regarda vers le haut de son torse et gémit, détournant immédiatement le regard. Toute cette histoire de seins était vraiment hors de contrôle. Il devait utiliser de plus en plus de bande et cela s'avérait être utile. Il commençait à ressentir des démangeaisons et ce n'était vraiment pas très agréable. Bill n'aurait jamais pu imaginer combien quelque chose d'aussi sympa que les seins d'une femme, puissent être aussi horripilants sur lui. Est-ce que les femmes ressentaient ça ? Est ce qu'elles détestaient aussi leurs seins ?
Il avait besoin de quelque chose pour les faire tenir en place, quelque chose d'autre que de la bande, qui serait plus agréable et confortable sous ses vêtements. Mais qu'est ce qu'il pourrait bien utiliser, bon sang ? Il croqua à nouveau dans un autre cornichon sucré et tout ne paru pas si terrible que ça. Bill soupira et se regarda dans le miroir. Il était assez intelligent pour savoir que c'était le sucre qui parlait.
Le concert était bien. Il n'avait aucune idée d'où il avait bien pu trouver l'énergie pour tout faire aujourd'hui. Mais Bill était reconnaissant de ces petits miracles. Il ne s'était pas senti nauséeux depuis qu'il s'était assis et avait mangé quatre plats entiers de Klopse (1) avant de ralentir un peu pour reprendre haleine. Il entendit la porte s'ouvrir et remis rapidement son tee-shirt, renonçant au problème de la bande pour cette fois. Sortant en courant de la pièce, Bill fronça les sourcils et croisa les bras, en colère. “Pendant combien de temps tu comptes être fâché contre moi ?” demanda son invité non invité.
“J'te tiendrais au courant.” répliqua-t-il, en roulant des yeux et en retournant dans la salle de bain, prenant soin de bien fermer la porte derrière lui.
“Bill !” Tom soupira et frappa doucement à la porte. Il n'avait pas eu la chance de pouvoir parler à son jumeau de toute la journée. Bill l'évitait comme la peste et cela devait cesser.
“Va t'en !” Bill se laissa glisser contre la porte jusqu'au sol et se prit la tête entre les mains.
“Ecoutes, je suis désolé ok ? Pourquoi est ce qu'il faut que tu sois un putain d'émotif ?” Bill se leva et ouvrit la porte, une expression courroucée sur le visage.
“Emotif. Emotif ? Est-ce que tu es venu ici pour essayer de m'énerver ?” demanda-t-il. Tom leva les mains avec lassitude.
“Ecoutes, est ce que c'est à cause d'hier soir ? Parce que je n'ai pas répondu au téléphone ?”
“Si tu avais répondu tu aurais su pour cette foutue émission de radio.”
“Ecoutes, je suis désolé ok ? C'est pas facile pour moi.” Tom s'assit sur le lit alors que Bill tapait du pied dans la chambre.
“Et c'est facile pour moi ?”
“Bill, je ne dis pas que c'est facile pour toi, mais tu n'as pas l'air de voir que ce n'est pas facile pour moi non plus. Si j'essaye et aide, ‘je t'étouffe'. Si je te laisse seul, ‘je m'en fous' et je suis un pauvre type. C'est lequel des deux le bon, Bill ? Hurla-t-il, se levant et se mettant debout devant son frère. “Je ne peux pas être les deux ; je refuse d'être les deux parce que c'est trop fatiguant !”
“Ecoutes-”
“Non ! Toi, écoutes. J'essaye de faire de mon mieux ; je ne sais pas ce que je fais ! Tu ne fais que me repousser ou me fait me sentir idiot quand j'essaye et que je fais quelque chose pour toi. Pourquoi, pourquoi voudrais-je continuer à essayer ? Je voulais juste une nuit où j'aurais pu ignorer toute cette situation, où j'aurais pu redevenir un gars normal de dix-huit ans, à la place d'être presque parent. Cette merde est dans ma tête à chaque heure de la journée, et j'ai juste voulu un peu de temps pour respirer bordel, pour me rappeler comment la vie était avant…” Tom s'arrêta alors que la pression s'estompait.
Bill était juste debout, là, avec les bras croisés et une expression indéchiffrable sur le visage. Ils restèrent ainsi ; Tom respirait fortement et Bill ne respirait presque pas alors qu'ils se regardaient, ne bougeant pas un muscle. “Dis quelque chose.” Plaida Tom doucement.
Bill ouvrit la bouche et la referma, apparemment toujours en train de réfléchir. Après une minute, il essaya de nouveau. “Je suis désolé. Je suis désolé de ne pas avoir été la personne la plus facile avec qui agir. Je n'avais pas l'intention de l'être. J'ai juste peur, et la plupart du temps je me sens seul.” Tom avança une main vers lui mais Bill évita sa prise, marchant vers la fenêtre. Il ouvrit les rideaux et regarda fixement la ville, les feux illuminant brillamment la ligne d'horizon. De là où il était, il semblait que tout était parfait, comme ça devait l'être. Mais ça ne l'était pas. “J'aimerais ignorer tout ça parfois.” dit-il doucement, si bas que Tom n'avait presque pas entendu. Il se sentait comme de la merde. Bien sûr, lui aussi voulait faire semblant que tout était normal, pendant un petit peu de temps.
“Bill…”
“Non Tomi. Tu as parlé et maintenant c'est mon tour.” Il respira à fond et se détourna de la fenêtre. “Je ne peux pas prendre un verre et oublier. J'ai essayé une fois et je me suis senti coupable pendant une semaine entière. Je ne peux pas fumer une cigarette pour calmer mes nerfs. Bien que je me sois battu avec l'envie de le faire. Je pensais que le patch s'en était débarrassé.” Bill sourit d'un air piteux. “Je vois bien que ça te détruit.” Tom allait pour parler mais Bill leva la main. “S'il te plait, ne me prend pas pour un idiot. Je te connais. Je peux dire que ça te blesse. Qu'est ce que tu veux que je fasse ?”
“Juste comprendre.” Plaida Tom, venant tout près de lui. Bill essayer de s'esquiver mais réalisa qu'il était déjà contre le mur. Il l'observa prudemment, ressemblant à un cerf effrayé. Tom ralentit, essayant de mettre son jumeau à l'aise. Depuis quand les choses étaient comme ça ? “C'est tout ce que je demande, Bill. Je n'ai pas l'intention de t'étouffer ni de te laisser tout seul. Je ne peux rien faire de bien et ça me rend fou.”
“Je ne veux pas te rendre fou, mais je me sens comme si j'allais moi-même devenir cinglé.” Bill frotta ses bras comme s'il avait soudainement froid. “Ecoutes, j'essaye de me rappeler que c'est dur pour toi, je suis vraiment…je suis juste…” il haussa les épaules. “Je ne sais pas, ok ? Je ne sais juste pas !” Il effaça ses larmes avec colère. Encore en train de pleurer ? Combien de fois pouvait-on pleurer en un putain de jour ?
“Bill, s'il te plait. Est-ce que tu vas me laisser te toucher ? S'il te plait ?” Bill secoua la tête, essayant de s'éloigner de Tom sans le regarder. “Bill, tu me manque, et je sais que je te manque.”
“Tu ne sais pas ça.” Bill évalua l'option de faire un bond vers le divan et il le fit presque jusqu'à ce qu'il ne se rappelle de la petite vie à l'intérieur de son ventre. Il y a deux trois mois il aurait pu sauter sans y avoir pensé. Il examina les yeux de Tom et ses narines se dilatèrent. Il était toujours si incroyablement fâché, mais sa colère ne le mènerait nulle part et peu importe s'il avait dit le contraire, il avait besoin de Tom de tout son cœur.
Il regarda son jumeau s'avancer et saisir les bords de son tee-shirt, tirant doucement. Bill secoua minutieusement la tête essayant de résister mais Tom avait toujours été le plus fort des deux. Il respira à fond lorsque Tom saisit doucement son poignet, dirigeant sa main vers le haut de son bras et saisissant son biceps. L'autre main s'était attardée quelque part dans son dos et il se trouva soudainement enveloppé dans une étreinte. Bill se débattit, ne voulant pas renoncer à sa colère ; cela maintenait son impuissance au loin. Mais il ne pouvait jamais s'échapper des étreintes de Tom et il soupira alors qu'il reposait sa tête contre le torse de son frère. “Ca craint, je sais.” Murmura Tom dans ses cheveux, sa main frottant le bas de son dos avec un mouvement circulaire rassurant. “On va surpasser tout ça, mais seulement ensemble, ok ?”
“Okay.” Murmura Bill, se laissant aller. Il enveloppa ses bras autour du cou de Tom et ferma les yeux, ne réalisant pas à quel point il était fatigué en réalité. Tom le déposa doucement sur le lit et sourit au fait que Bill refusait de le laisser s'en aller. “Tu restes avec moi ?” demanda-t-il simplement.
Tom inclina la tête et Bill changea de position pour lui permettre de s'installer, sans le lâcher. Ils étaient étendus là, se regardant fixement l'un et l'autre, avec les bras de Bill toujours autour de son cou, la main de Tom caressant son flan de haut en bas. Cette proximité lui avait manqué car depuis qu'il avait parlé de sa grossesse à Tom, il ne restait désormais plus la nuit entière. Il le touchait à peine, presque comme s'il avait peur.
Bill se pencha pour l'embrasser et de nouveau, Tom se retira brusquement, embrassant son front à la place. Il voulut crier mais au lieu de ça il essaya de se placer depuis le point de vue de son frère. Il se sentait probablement bizarre à cause de tout ça et avait besoin de plus de temps. Ou peut-être qu'il ne le trouvait plus attirant. Bill devenait gros et deviendrait de plus en plus gros… Cette seule pensée était déprimante, et il se pelotonna encore plus, se sentant soudainement abattu.
~*~*~*~
Gustav regarda sa porte quand il entendit toquer à celle-ci. Fronçant les sourcils, il resserra sa prise sur sa serviette et entrebâilla la porte. "Georg ? Qu'est-ce qui ne va pas ?"
"A toi de me le dire." Il poussa la porte et la referma derrière lui. "Pourquoi m'évites-tu ?"
"Je ne t'évite pas." Dit Gustav calmement, contrairement au tonnerre virtuel qui grondait fort en lui.
"Conneries. Je pensais que tu ne me mentais jamais ?"
Merde. Le batteur soupira et regarda son ami, circonspect. "Parce que je ne veux pas que tu me détestes ?"
"Amusant, tu te comportes comme si tu voulais justement ça." Georg leva les yeux au ciel et soupira. "C'est par rapport à ce qui s'est passé hier dans la nuit que tu penses que je te déteste ?"
"Je t'ai embrassé et ensuite je suis parti en courant comme un gamin de deux ans! Je ne t'ai même pas demandé avant si tu voulais bien que je t'embrasse !" Dit-il en rougissant.
Georg le regarda étrangement. " D'habitude, tu demandes aux filles avant de les embrasser ?"
"Non!"
"Bien, pourquoi tu me l'aurais demandé alors ?"
"…c'est différent."
"Tu as raison." Georg inclina la tête, s'appuyant contre la porte, essayant d'ignorer le fait que Gustav était seulement vêtu d'une serviette. "Je ne veux pas que tu me traites comme une fille. Je … je veux juste que tu sois honnête avec moi. Et autre chose, tu ne m'as pas embrassé. Je t'ai embrassé."
"…Tu l'as fait ?" Gustav ne se rappelait pas beaucoup du baiser, juste des lèvres de Georg et du fait qu'il avait beaucoup aimé. Les détails exacts étaient un peu flous.
"Oui, je l'ai fait. Arrêtes donc de te sentir coupable ok ? Je voulais le faire depuis un moment." Admit-il. Gustav le regarda, rayonnant. "Tu devrais vraiment sourire plus souvent. C'est à couper le souffle." Le batteur se mit à rougir jusqu'à dépasser le rouge d'une tomate, enchanté de ce que Georg venait d'avouer.
"Ecoute, je … je ne sais pas ce que c'est." Dit-il honnêtement, faisant un signe de la main entre eux et les désignant tout les deux. "Je pense que j'ai le béguin pour toi depuis quelques temps."
"Un béguin … Qu'est-ce qui en est maintenant ?"
"Je pense que j'ai toujours le béguin pour toi, mais je n'en suis pas sûr." Georg inclina la tête et haussa les épaules.
"Bien, je ne demande pas ta main en mariage, donc ne te mets pas sous pression pour essayer de comprendre ce que c'est. Je ne cherche rien de sérieux, ok ?"
"C'est bien." Gustav hocha de la tête rapidement et Georg lui sourit.
"Par ailleurs, ça me manquerait de draguer les filles avec toi, à moins que tu ne fasses ton coming out ?"
"Non! Je veux dire … je ne pense pas qu'un jour j'aimerais un autre homme." Gustav sentait qu'il était en train de s'enfoncer, il allait mourir d'embarras.
"Je suis d'accord. Je suis assez stupéfiant, n'est-ce pas ?" Plaisanta Georg.
Gustav haussa les épaules et plongea son regard vers le bas. "Ouais, je suppose." L'air devenait un peu tendu et Georg se releva de la porte pour être debout devant le blond, remontant de sa main le menton de Gustav, et examinant ses yeux. "Tu as de très beaux yeux." Dit-il spontanément.
"Merci. Donc tu ..." Georg sourit et appuya un baiser contre la bouche de l'homme plus petit, poussant doucement les lèvres à s'ouvrir à l'aide de sa langue. Le baiser était lent et timide, mais il laissa Gustav tout contrôler, résistant à la forte envie de le tirer tout près et de vraiment le dévorer. Il se retira brusquement afin de garder sa résolution intacte et eut le plaisir de voir que son ami avait toujours ses yeux fermés et la tête inclinée. "Bonne nuit Gustav." Georg utilisa la voix qui faisait courir des frissons le long de la colonne vertébrale et chassa toutes les objections, quittant la pièce avant que Gustav n'ouvre les yeux.
Gustav déglutit et rouvrit les yeux, frissonnant. Il ne pouvait s'empêcher de se demander si Georg pouvait le faire bander juste avec un baiser, et ce qu'il pouvait faire d'autre avec sa bouche ?
~*~*~*~
Bill ouvrit et cligna des yeux. Il ne s'était même pas rendu compte qu'il s'était endormi. La dernière chose dont il se rappelait était de parler à Tom. Il se retourna et soupira.
Seul à nouveau.
FIN CHAPITRE 9