C h a p i t r e * o4 -

Est-ce qu'employer la force est vraiment la solution ?



"Oh Tomi." Gémit Bill, tapant du poing sur la table, exalté.

"Si tu ne te calmes pas ce sera fini avant que tu ne commences." Averti Tom. "D'ailleurs, tu devrais vraiment penser à respirer."

"Mais c'est tellement bon …"

"Tu aimes ça ?"

"Oh Bon Dieu … Tu es le meilleur."

"Oui, c'est ce qu'on dit." Tom observa Bill dévorer son hamburger avec un tel plaisir, qu'intérieurement il était fier d'avoir demandé au serveur d'ajouter un anneau d'oignon en plus de la laitue et de la tomate. "Tu as l'air tellement excité de manger ça, c'est bon ?" Demanda-t-il, regardant fixement son jumeau d'un air perplexe.

"C'est si bon, je ne peux même pas le décrire." Bill avait du ketchup et de la moutarde au coin de la bouche mais il ne s'en souciait pas. Tout ce qui importait était le petit paradis situé entre les deux tranches de pain qu'il continuait de dévorer.

"Je suis ravi." Tom, allongé sur le lit, le regarda se jeter sur ses frites, et ça lui fit se hérisser les cheveux sur la nuque. "Tu devrais vraiment respirer entre deux bouchées, Bill."

"Pourquoi se donner cette peine ?"

"Comment veux-tu que j'explique que tu es mort en mangeant un hamburger et des frites et que tu n'as pas eu le bon sens de respirer entre chaque bouchée?" Tom changea paresseusement de chaîne de télévision. Bill haussa les épaules et fourra plus de hamburger dans sa bouche.

"Tarrivàtrouver."

"Tu me le refais encore une fois ?"

Bill avala. "Tu arriveras à trouver." Tom souri et secoua la tête, observant son frère du coin de l'œil. Son jumeau était rayonnant, il bu son Coca-Cola© en temps record, pensa Tom pour lui-même, et alternait entre les bouchées de gâteau au fromage et les poignées de frites. Il mangeait comme si il était affamé …

"Bill, une part de ce gâteau au fromage que j'ai commandé est pour moi, ok ?" Dit Tom, espérant que son frère n'ait pas encore mordu dedans.

"Um …"

"…Bill …" Tom gémit et secoua la tête.

"Nous pouvons en recommander au service de chambre."

"Ouais, ok." Il savait qu'il oublierait de toute façon. Après un moment, Bill se leva, soupirant de contentement en s'essuyant la bouche.

"C'était … prodigieux." Soupira-t-il, s'étirant, se sentant divinement bien. Tom leva les yeux vers lui avec un petit sourire satisfait.

"Plus prodigieux que moi ?" Bill secoua la tête.

"Non. Prodigieux parce que c'est toi." Clarifia-t-il, entrant dans la salle de bains. Tom écouta son jumeau se brosser les dents, le sourire aux lèvres car il savait que tout ça signifiait une chose. S'embrasser. Il ferma les yeux et feint d'être endormi, essayant de ne pas sourire au petit monstre en colère qui se plaça juste au dessus de lui. "Tomi, tu ne peux pas avoir sommeil."

"Si, je peux." Marmonna-t-il, ne cachant pas son sourire quand Bill le retourna et le poussa du bout des doigts sur le côté.

"Tomi …" Soupira Bill, escaladant le lit à côté de lui, posant son menton sur le torse de Tom. "Tomi …"

"Hmm ?" Bill leva les yeux au ciel et embrassa son nez. "Ce n'est pas mon bouton de mise en marche."

"Ton bouton de mise en marche ?" Demanda-t-il avec un petit rire. Tom inclina la tête, ses yeux toujours fermés.

"Allez, trouve-le."

"T'es juste un gros bébé." Dit Bill affectueusement, il fit glisser son doigt le long du visage de Tom. Il soupira, même quand son jumeau essayait de feindre d'être endormit, il était beau. "Mais tu es mon bébé." Chuchota-t-il, se penchant vers lui pour déposer un baiser sur une joue qu'il trouvait parfaite.

"Non. Pas là." Un rire força ses lèvres quand Bill le poussa. Tom secoua la tête de nouveau, refusant d'ouvrir les yeux. "Continue à chercher."

"Bien. Tu es si exigeant." Bill rit quand Tom haussa un sourcil.

"Oh, je suis la personne exigeante. Ok." Bill secoua la tête, se penchant en avant de nouveau, appuyant un baiser doux sur les lèvres de Tom. "Tu l'as trouvé." Dit-il doucement, ouvrant ses yeux. Tom regarda Bill et fronça les sourcils ; il avait l'air plus fatigué que dans ses souvenirs. "Ca va ?"

"Ouais." Répondit Bill accompagné d'un signe de main, Tom saisi sa main et commença à l'embrasser.

"Tu es malade depuis un bout de temps maintenant."

"S'il te plaît, laisse tomber." Dit Bill, avec lassitude, reposant sa tête sur la poitrine de Tom. Tom hocha la tête et déplaça Bill pour que celui-ci se couche correctement sur lui dans le creux de ses bras.

"C'est toujours ton estomac ? T'as vomi aujourd'hui ?" Demanda Tom, presque de manière accusatrice. Bill ferma les yeux et grogna.

"On est obligé de ruiner ce moment agréable en parlant de vomissement ?" Tom se retourna, ainsi il était maintenant penché au dessus de Bill, son nez frottant le bas de sa joue, se dirigeant dans ses cheveux, inhalant le parfum du shampooing de son jumeau.

"Je suppose que non …" Tom agissait comme si c'était un sacrifice énorme. Bill gloussa et esquissa une grimace, touchant son estomac. "T'as envi de vomir ?" Demanda Tom, alarmé. Il n'avait pas envie que Bill vomisse sur son tee-shirt. Ou sur lui d'ailleurs.

"Non, ça fait juste un peu mal." Bill se tourna de façon à enfouir son visage dans la manche surdimensionnée de Tom, essayant de faire devenir la situation confortable.

"Peut-être que cela t'aidera." Tom frotta l'estomac de Bill doucement, récompensé en entendant les sons de soulagement que Bill émettait doucement.

"Oh … Tomi, c'est merveilleux." Bill leva les yeux et le tira plus près pour un baiser, chaste d'abord, puis plus approfondit quand Bill dirigea doucement sa langue le long des lèvres de Tom. Il l'a fit entrer avec impatience, suçant maintenant sa langue jumelle pour en déguster ce goût particulier qu'il a appris à aimer. Tom aimait les baisers de Bill, les sollicitant même quand il ne pouvait pas les avoir. Ils étaient presque aussi bons que le sexe en lui-même, pour dire si c'était quelque chose. Tom commençait à être excité, il interrompu le baiser en essayant de reprendre son souffle, posant de délicats baisers le long de la mâchoire de Bill jusque dans son cou, gémissant en voyant la façon dont Bill se cambrait sous son toucher. "Tomi, vas chercher le lubrifiant."

Tom baissa son regard. "Vraiment ?" Couina-t-il. Seigneur, il ressemblait à une jeune vierge effarouchée. Bill en dessous de lui, souriait, resplendissant. Il prit dans le creux de ses mains sa joue, le démolissant par un autre baiser rapide. Quand il fut libéré, Tom acquiesça de la tête, bien qu'il soit celui qui ait posé la question. "Ok. Je reviens tout de suite." A contrecœur, il se libéra de l'emprise de Bill et sauta du lit, à la moitié du parcours il fit une pause puis revint l'embrasser encore une fois, fermant la porte sous les rire de Bill.

Il sortit sa carte de chambre de sa poche et la fit passer à toute vitesse dans la serrure, fronçant les sourcils quand la lumière resta rouge. Il la fit passer à toute vitesse encore une fois et jeta un coup d'œil sur la carte, levant les yeux au ciel, il sortit l'autre carte de sa poche. La lumière devient verte et il poussa la porte, plongeant directement dans sa trousse de toilette et fouillant à la recherche de la bouteille blanche non marquée. Une fois en main, Tom sorti à toute allure de la chambre, mélangeant encore les cartes des chambres puis il se glissa dans la chambre de Bill. Il fit deux pas en avant la bouteille en main et l'esprit clair, avant que ses espoirs ne se brisent.

Bill était couché sur le côté; la main sur son estomac, la respiration lente et régulière. Tom le regarda fixement, essayant de comprendre comment Bill avait pu tomber dans un sommeil aussi profond alors qu'il était à peine parti deux minutes ? Il savait que son frère ne jouait pas. Pendant qu'il débattait intérieurement pour savoir s'il fallait ou non le réveiller, Bill gémit, se pelotonnant encore plus sur lui-même. Tom regarda les cernes sous ses yeux et se sentit con. Tout en glissant la bouteille dans une de ses poches volumineuses, il rampa sur le lit, s'installa derrière Bill, le tirant à lui, et plaçant sa main sur son estomac, le frottant doucement.

Son jumeau respira profondément, se détendant contre lui et posant sa tête sur la poitrine de Tom. Les traits de douleur sur son visage commençaient à disparaître et Tom embrassa la tempe de Bill, soupirant dans ses cheveux. Quoi que soit cette chose, elle allait lui rendre les couilles douloureuses à force de frustration, c'était certain.


~*~


Georg vérifia sa montre et fronça les sourcils. Dix minutes de retard, déjà. Il leva les yeux et fronça de nouveau les sourcils quand il vit Gustav arriver vers lui. "Qu'est-ce qui ne va pas avec toi ?" Demanda-t-il, fronçant tellement les sourcils qu'il n'obtenait presque plus qu'un mono sourcil.

"J'ai pensé que c'était Bill."

"Ouais, j'ai soudainement pris une tête et perdu assez de masse musculaire pour qu'on me confonde avec une fille." Gustav réalisa combien c'était dingue, et se mit à rire jusqu'à ce qu'il croise le regard de Georg.

"Tu sais qu'il a été malade."

"De toute façon, il n'a jamais eu beaucoup de muscle avant."

Georg sourit. "Pas faux."

"Où allez-vous ?" Demanda Gustav, en mettant ses lunettes de soleil. Ils étaient debout dans le hall de l'hôtel, près des ascenseurs.

"Faire du shopping." Dit-il rapidement. "Et toi ?"

Gustav haussa les épaules. "J'allais juste errer un temps sans but dans la ville. Ils ont certainement des églises magnifiques, et je voulais prendre quelques photos pour les envoyer à ma famille, etc."

"T'es tellement …" Commença Georg avec un certain dégoût dans la voix.

"Tellement quoi ? Hein ? Juste parce que j'aime envoyer des photos à ma famille ?" Réplique Gustav. "Au moins j'agis comme si j'avais une famille."

"Ma famille sait que je l'aime."

"Et si je ne t'avais pas rappelé de les appeler, tu l'aurais fait ? "

"Peut-être." Dit Georg d'une voix lente.

"Peut importe. Les jumeaux sont encore pires !" S'exclama Gustav.

"En quoi nous sommes pires ?" Demanda Bill pendant qu'il s'approchait d'eux. Georg sourit d'un air satisfait et Gustav leva les yeux au ciel.

"Quand est-ce la dernière fois que tu as appelé ta mère ?" Demanda-t-il. Bill réfléchit un instant.

"Quand m'as-tu rappelé de le faire pour la dernière fois ?"

"C'est tout ce que j'ai à dire à propos de ça. A plus les salopes." Gustav fit un signe de la main et s'éloigna, perturbé. Bill regarda Georg le sourcil levé.

"Qu'est-ce que c'était ?"

"L'enfer si tu savais." Georg sourit quand il vit Bill mettre ses lunettes de soleil spécial shopping. "Est-ce que tu es prêt ?"

"Ma carte de crédit brûle dans mon jean."

"Ça pourrait signifier qu'il est juste un peu trop serré." Rit Georg au moment où Bill lui assena un coup de poing dans le bras.

"Où est Saki ?" Demanda-t-il, regardant autour de lui.

"C'est juste toi et moi aujourd'hui."

"Vraiment ? Comment as-tu géré ça?" Bill suivit Georg du hall de l'hôtel à la rue. Georg leva la main pour appeler un taxi.

"J'ai juste demandé."

"Connard." Murmura Bill, Georg se retourna vers lui.

"Quoi ?"

"Rien." Bill bailla de nouveau, essayant de le dissimuler discrètement. "Quoi ?"

"Je m'inquiète juste pour toi, tu ne te reposes pas assez." Répondit Georg, souriant quand finalement un taxi prit en compte son signal.

"Je suis comme ça. Je dors tout le temps, mais ce n'est jamais assez. Tu sais que c'est normal pour moi. Je pourrais dormir ma vie entière. En plus, c'est notre dernier jour de repos avant un long moment et je veux sortir de l'hôtel au moins une fois." Il entra dans le taxi derrière son ami et referma la porte.

"Nous voudrions aller à cette adresse s'il vous plaît." Georg remit à l'homme un bout de papier et le conducteur inclina la tête rapidement, comme si c'était entendu.

"J'ai besoin d'une autre ceinture." Bill réfléchissait, baillant et reposant sa tête contre le siège. "Combien de temps faut-il pour arriver au magasin ?"

"Environ vingt minutes, peut-être plus avec le trafic."

"Hmm …" En deux minutes, Bill s'assoupissait. Georg regardait son ami anxieusement. Avant qu'il n'ait cette maladie étrange, la simple pensée de faire du shopping aurait rendu Bill excité pendant des heures. Maintenant, il était endormi et ils étaient à peine partis. Quelque chose n'allait pas et il allait découvrir ce que c'était.

On poussa Bill du coude et celui-ci commença à s'éveiller doucement, regardant autour de lui, le regard trouble. Sa bouche était cotonneuse et sa tête semblait lourde. Même ses membres l'étaient. Il ne s'était pas rendu compte qu'il s'était endormi et encore moins aussi profondément. "Quoi ?" Demanda-t-il, regardant autour de lui de nouveau. Ils étaient devant un bâtiment d'apparence petit mais majestueux.

"Nous y sommes." Georg paya le conducteur et fit sortir Bill de la voiture, celui-ci toujours en train de bailler. "Avance." Il le poussa vers l'escalier.

"Où sommes-nous ? Quel genre de magasin n'a pas d'enseigne sur sa devanture ?" Demanda Bill, en montant l'escalier. "Georg, où sommes-nous ?" Demanda-t-il, légèrement plus éveillé quand on le poussa délicatement par la porte.

Musique d'ascenseur ennuyeuse.

Expression du visage vide des personnes restantes assises dans leurs sièges.

Odeur d'antiseptiques.

Les narines de Bill s'enflammèrent pendant qu'il regardait autour de lui. Les signes étaient clairs. Ils étaient dans un foutu cabinet médical. Il se tourna vers Georg ; on pouvait lire le mot trahison dans ses yeux, mais il hésita à dire quoi ce soit à la vue de l'expression lasse sur le visage du bassiste. "Ne dis rien; tu vas m'écouter cette fois." Dit-il à Bill qui referma aussitôt sa bouche, les yeux écarquillés. "Je ne savais pas comment faire autrement pour t'amener ici car tu es presque aussi borné que Gustav et je n'allais pas attendre que tu tombes encore plus malade. Tom ne sait pas comment te forcer à faire quoi que ce soit et Gustav … bien, il est un partisan engagé comme quoi chacun décide de ce qui est le mieux pour lui. Il ne te forcerait jamais à reprendre ton souffle s'il pensait que ce n'est pas ce que tu voulais faire. Moi, en revanche, je n'ai aucun problème éthique à emmener ton cul maigrelet jusqu'ici et te forcer à rentrer une pièce s'il le faut, compris ? "

Bill inclina la tête lentement.

"Bon. Maintenant j'ai payé pour ça et j'ai pris sur moi pour arriver à planifier un rendez-vous avec le docteur Santoro. J'ai regardé sur Internet et c'est un spécialiste très réputé. Nous avons environ cinq minutes avant de rentrer en consultation, ass is-toi donc et je te signalerais quand c'est bon. C'est clair ?"

Bill inclina la tête de nouveau lentement.

"Maintenant, assis." Georg indiqua du menton une chaise en cuir et ne bougea pas avant que Bill ne se soit fermement assis là où il l'avait indiqué. Bill voulait lui signaler qu'il était là, et essaya de trouver rapidement une réplique bien sanglante pour l'accueillir lorsqu'il reviendrait vers lui, histoire de bien montrer à Georg que tout ça n'était vraiment pas cool... mais rien ne lui vint.

Il voulait lui dire que tout allait bien, que c'était juste un virus et qu'il pouvait repartir tout seul. Mais au fond Bill savait que ce n'était pas un virus et que ça n'allait pas bien, il ne savait pas ce que c'était mais ça ne pouvait pas révéler la même chose que la dernière fois. Il remua et laissa son regard vagabonder à travers la pièce, il sourit. Bien, des toilettes.

~*~

Georg était assis dans la salle d'attente, une chose coutumière pour les personnes qui avait un proche en consultation chez un docteur. Il prit un vieux magazine pour la cinquième fois, jetant au passage un coup d'œil à son téléphone. Ça faisait plus d'une heure et demi qu'il patientait et pendant ce temps il savait qu'ils soumettaient Bill à un certain nombre de tests médicaux. Il le détesterait probablement pour un bout de temps après ça, mais au moins ils sauraient ce qui se passait. Il leva les yeux quand une jolie infirmière glissa sa tête dans la pièce. "Monsieur Listing ?"

"Oui ?" Sourit-il en se levant.

"Votre ami est dans la salle numéro douze. Vous pouvez le rejoindre maintenant." Il remercia poliment de la tête et la suivit, continuant à la remercier de vive voix pendant qu'il se dirigeait vers la salle douze. Georg frappa, et ouvra instantanément la porte, souriant à Bill. Bien qu'il soit plus grand que lui, il ressemblait toujours à un enfant perdu, assis là sur la table du docteur. Il tenait son coude d'une main, appuyant une boule de coton dans le creux de celui-ci.

"T'es pâle." Dit Georg, refermant la porte derrière lui et s'asseyant dans la chaise près de la table. Bill haussa les épaules sans énergie.

"Je te jure qu'ils ont pris la moitié de mon sang."

"Ah ! Ils ne t'ont donc pas encore donné les résultats ?" Bill secoua négativement la tête, retirant brusquement le coton de sa peau et fronçant les sourcils. Il regarda son sang sur le coton et le jeta dans la poubelle. "Ça ne devrait pas plutôt aller dans une poubelle à cet effet ? Puisqu'il y a du sang dessus ?"

"Vraiment j'en ai rien à foutre." Répondit-il hargneusement en continuant à fixer méchamment son ami. Georg continuait à le regarder normalement.

"Je me suis préparé au fait que tu pourrais me détester, vas-y, je m'en fiche."

"Connard."

"Oui, il en fallait un." Georg pencha la tête. Bill le regarda un bref instant avant d'éclater de rire, suivit de Georg. Ils riaient de leur stupidité et du trop plein de stress que procurait l'attente des résultats.

"Je suis nerveux."

"Je sais. Mais crois- moi, ça ne peut pas être si mauvais, n'est-ce pas ?" Avant que Bill ne puisse répondre la porte s'ouvrait et le Docteur Santoro s'avança à l'intérieur de la pièce. Il esquissait un sourire en regardant avec attention le dossier de Bill.

"Monsieur Kaulitz, nous avons eu le retour de vos résultats. Désolé du retard mais le laboratoire a été un peu surchargé." Il fit encore quelques excuses, tirant son tabouret de sous le bureau, s'y asseyant."Bien, commençons par la chose la plus simple. Votre fatigue extrême est dû en partie à une anémie." Bill soupira de soulagement. "Vous pouvez y remédier avec un simple supplément de fer. J'ai noté quelques médicaments, mais ils n'exigent pas de prescription."

"Merci Docteur, je ne suis plus inquiet. Je n'avais plus d'énergie ces derniers temps." Admit Bill, le Docteur Santoro pencha la tête, prenant notes sur son dossier.

"Je suis sûr que vous n'avez plus à le faire. La deuxième chose n'est pas si simple. Voulez-vous apprendre ces informations seul ?" Il observa Georg, qui, les bras croisés, le regardait fixement. Bill su qu'il pouvait compter sur Georg et à cet instant il prit conscience qu'il ne voulait aucunement que son ami soit ailleurs qu'ici.

"Non, c'est bon. Il le découvrira de toute façon." Sourit-il délicatement en retour au Docteur. "Qu'est-ce qui ne va pas ?"

"Je ne pensais pas un jour devoir le dire, mais …" Le docteur Santoro prit une grande inspiration et souri poliment. "Pardonnez-moi vraiment. Vous êtes enceinte."

"Quoi ?" Dit Georg involontairement, se penchant en avant. Bill regardait le docteur sans ciller. "C'est impossible! Je veux dire, contrairement aux apparences, Bill est réellement un garçon!" Bill ne lui assena pas un petit coup comme d'habitude, son regard était toujours fixé sur le Docteur Santoro.

"J'ai examiné le sang moi-même; à deux reprises. C'est pourquoi nous sommes revenus et avons effectué une deuxième prise de sang." Le Docteur se leva, marchant à pas mesurés dans le petit espace entre son tabouret et la porte. "Je ne l'ai jamais vu auparavant dans ma vie. Et vous n'êtes pas un transsexuel."

"Non." La pièce tournait sur elle même et Bill essayait juste de tenir le coup.

"Je suis …" Les mots se perdaient dans la pièce, celle-ci devenait blanche et Bill eut juste brièvement conscience que des gens hurlaient son nom.

~*~

Tom ouvrit la porte et fronça les sourcils, regardant la chambre d'hôtel vide autour de lui. Georg lui avait dit que Bill et lui partaient faire du shopping, mais il avait aussi promit que ça ne prendrait pas longtemps. Tom s'ennuyait et Bill lui manquait.

C'étaient les dernières deux ou trois heures avant qu'ils ne rejoignent à nouveau le bus pour retourner sur les routes, et il aurait voulu profiter de ce temps pour être seuls avec lui. Exaspéré, il ferma la porte. Regarder la chambre vide n'allait pas les faire revenir plus tôt. Il soupira de nouveau et partit chercher Gustav.

~*~

Bill ouvrit les yeux, le Docteur Santoro et Georg penchés au dessus de lui, le fixant."Qu'est-ce qui est arrivé ?" Dit-il d'une voix rauque, saisissant leurs mains pour l'aider à s'assoir lentement.

"Soyez prudent, vous allez encore faire ce genre de malaise durant les mois à venir." Dit le docteur doucement, en lui remettant un verre d'eau froide. Bill le bu comme s'il venait de traverser le désert du Sahara.

"Qu'est-ce qui est arrivé avant que je ne m'évanouisse ?"

"Je vous ai annoncé que vous étiez enceinte."

Bill lança un regard furieux à Georg. "Tous les docteurs que tu as appelé sont comme celui-ci, tu fais des recherches et tu me trouves un charlatan ?" Demanda-t-il en colère. Georg secoua la tête lentement, regardant au loin.

"Bill, écoute au moins ce que le Docteur a à dire." Dit-il doucement.

"Quoi ? Est-ce que tu es devenu fou ? Je sors d'ici." Bill lutta pour descendre de la table, mais Georg le tenait en place.

"Monsieur Kaulitz, utilisez-vous actuellement le patch appelée la Volonté ? Aussi connu sous le nom de Ridia ?"

Bill ouvrit la bouche puis la referma, embarrassé. "Uh … ouais."

"Tandis que vous étiez inconscient, j'ai reçu un appel d'un de mes collègues de New York. Ce patch a été ôté du marché il y a deux ou trois mois, est-ce que vous étiez au courant ?" Bill secoua la tête. "La FDA 1 a constaté que le patch contenait quelques composants qui n'ont pas été divulgués lorsque le produit est passé devant la commission d'étude pour sa mise en vente libre. Deux à vrai dire. Un œstrogène synthétique agressif pour l'un. Une hormone de croissance pour l'autre. Ensemble et avec les autres produits chimiques faits pour supprimer le besoin de nicotine du cerveau, ce patch supprime accidentellement l'identité sexuelle de l'organisme. C'est plus compliqué que ça, mais l'essentiel est là. Depuis combien de temps utilisez-vous ce patch ? "

"Trois mois. Au moins …" Chuchota Bill, son corps tremblait. Ça ne pouvait pas arriver, ça ne pouvait pas être réel.

"Plus que ça Bill. Rappelle-toi, ça remonte à au moins cinq mois." Georg le regarda anxieusement.

"Ça ne peut pas faire si longtemps."

"Tu te souviens que David te l'a donné directement après que tu ais eu ce gros rhume ?"

"Ouais …" Bill souffla, se demandant comment il avait pu autant mélanger les dates aussi stupidement.

"C'était il y a plus de cinq mois."

"Malheureusement c'est déjà plus qu'il ne faut de temps. Lentement votre corps a remplacé la testostérone par des œstrogènes et ce de manière si fulgurante à un point tel que personne ne peut l'imaginer."

"Mais je n'ai pas d'utérus." Lui rappela Bill, en colère. "Comment tout ça se pourrait-il ?"

"Le corps humain est une machine plutôt bien conçue ; quand il est en parfaite santé, il fera n'importe quel changement nécessaire afin de faciliter ce qu'il veut ou ce dont il a besoin. Vous êtes en excellente forme; votre corps travaille énormément. Il vous a littéralement construit un utérus.

"Je vais me transformer en femme ?" Demanda Bill terrifié. Le docteur Santoro hésita avant de hocher la tête.

"Non, il ne semble pas que les niveaux d'hormone aient le dessus. L'œstrogène a arrêté d'être agressif, mais il l'a suffisamment été dans votre organisme et pendant une période assez longue pour atteindre son but. Vous allez vivre une grossesse normale, ou plutôt aussi normale que nous sommes capables de l'attendre."

"Je veux avorter." Chuchota Bill, Georg en eu le souffle coupé.

"Bill, tu ne devrais pas en parler au père d'abord ?" Il fit un pas en arrière lorsqu'il croisa le regard du chanteur.

"Putain, ta gueule Georg. Juste ferme-là!" Cria Bill presque hystérique. Il mit sa main devant sa bouche et respira à fond. "Docteur, je veux avorter." Dit-il fermement.

"Je suis désolé monsieur Kaulitz, mais nous ne pouvons pas pratiquer un avortement comme ça. D'une part, nous ne les faisons pas ici, d'autre part, on ne peut pratiquer cette intervention seul, et il faut au moins deux avis médicaux, ensuite il faut attendre trois jours que le conseil rende sa décision. De plus, vous avez dépassé la date légale d'avortement."

"…Excusez-moi ?"

"Vous êtes au milieu de votre troisième mois. A une ou deux semaines près." Georg et Bill regardèrent tous deux son ventre.

"Impossible. Pour vous dire, j'ai perdu du poids et je suis tout maigre !" Dit-il en remontant son tee-shirt et en touchant son ventre pour démontrer que c'était vrai.

"Ce n'est pas inhabituel pour les gens naturellement mince. J'ai eu une patiente qui a commencé à prendre du poids seulement lors de son septième mois. Chaque organisme est différent." Tout le corps de Bill était engourdi, comme si rien de cela n'était tout à fait réel. "Monsieur Kaulitz, ici c'est une question de respect de la loi. Un avocat a discrètement travaillé pour d'autres hommes qui se sont trouvés dans cette même situation. Mon collègue m'a donné son numéro. Vous n'êtes pas seul." Il tendit une feuille à Bill. Georg dû la prendre car Bill regardait fixement le plancher, l'air abasourdi. "Je vais vous prescrire une vitamine prénatale, cela devrait vous aider à diminuer quelques symptômes de grossesse. Je suis désolé, mais il n'y a rien d'autre que je ne puisse faire."

Quand Bill releva les yeux, il était debout à l'extérieur, Georg se tenant à côté de lui prêt à le rattraper s'il s'effondrait sur le trottoir. Qui sait, il pourrait le faire. "Ça va aller Bill. Le docteur a dit que tu n'es pas seul."

"Je suis seul." Dit-il plaintivement. Tout cela semblait vraiment drôle, il y a juste un peu plus d'un jour tout était si différent, pensait-il mélancoliquement en fixant le bout de papier dans sa main. Georg secoua la tête, retournant Bill vers lui pour que celui-ci le regarde.

"Écoute-moi Bill, tu n'es pas seul ok ? Qui est le père ? Nous pouvons le traquer et une fois retrouvé lui casser la figure. Ça te fera peut-être te sentir mieux, ok ?"

"Oh mon Dieu …" Bill pensa à Tom et frissonna. Personne ne devait jamais savoir que Tom était le père. Ils seraient séparés pour toujours et il savait qu'il ne pourrait pas vivre comme ça. Particulièrement maintenant.

"Bill, qui est le père ?"

"Je ne peux pas te le dire." Il secoua la tête quand Georg fronça les sourcils.

"Bien, si tu ne me le dit pas, peut-être que tu le diras à Tom. Il va vouloir botter le cul de celui qui t'as fait ça, je peux te l'assurer."

"Tom ne doit pas savoir." Bill secoua la tête rapidement, se battant avec la bile qui montait dans sa gorge. Il ne pourrait pas la retenir longtemps, il sortit de la prise de Georg pour courir dans les buissons, vomissant tout ce qu'il avait mangé aujourd'hui. Georg était debout sur le trottoir l'air maladroit, ne sachant pas quoi faire. "Tom ne doit pas savoir." Répéta-t-il après avoir craché tout le goût acide de sa bouche. Bill vida son sac, recherchant un truc à la menthe. Il trouva un paquet de chewing-gum oublié, prit deux dragées dans sa bouche, sentant un début de mal de tête apparaître.

"Arrête Bill, c'est complètement idiot ce que tu dis."

"Non, personne ne doit savoir!" Il revint vers Georg. "Ça pourrait ruiner notre carrière!" Hurla Bill. Il s'agitait, passant une main sous ses cheveux, tirant d'un cou sec le patch encore au dos de son cou. Il le regarda méchamment et le jeta au sol, l'écrasant du bout de son pied dans l'asphalte jusqu'à ce qu'il ne soit presque plus visible. Il tapait du pied contre, tellement qu'il en perdait presque l'équilibre.

"Attention, tu risques de tomber." L'interpella Georg en lui saisissant le bras.

"Tu me traites déjà différemment." Dit Bill amèrement, essayant de ne pas pleurer.

"Uh … désolé de te le rappeler, mais tu es différent." Bill lui lança un regard furieux quand le taxi arriva, mais il s'autorisa à être pousser à l'intérieur de la voiture. Sur le chemin de l'hôtel personne ne dit un mot, Georg regardait par une fenêtre pendant que Bill regardait à travers une autre. Ses émotions étaient éparpillées et son cerveau tournait en boucle à 100 km/h. Bientôt, il se sentit de nouveau engourdit et il ne fût pas capable de respirer entièrement sans avoir l'envie de pleurer. Alors qu'ils arrivèrent à l'hôtel, c'était comme si rien n'était arrivé. "Bill..." murmura Georg quand il lui saisit le bras. "Tu ne peux pas ignorer ça."

"Regarde-moi." Dit Bill de manière hautaine, se redressant de toute sa hauteur, et bombant le torse.

"Bill!" Le chanteur se retourna brusquement et prit la direction de l'hôtel, laissant Georg sur le trottoir.

"Tom va me botter le cul quand il va découvrir …" Dit-t-il amèrement, après que Bill soit rentré dans l'hôtel.

FIN CHAPITRE 4

 

 

 

 

 

 

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