C h a p i t r e * 21 -
Est-ce que le travail est vraiment la solution ?
Bill jouait avec les patates cuites dans son assiette qu'il regardait, les faisant entrer en collision avec le rôti de poulet. C'était officiel, il détestait le rôti de poulet. Ce n'était pas que c'était mauvais ou autre chose dans le genre... il voulait juste crier à chaque fois qu'il le voyait. Simone lui sourit et il baissa son regard sur son assiette. C'était plus simple que d'essayer d'éviter le regard de sa mère.
"Nous diras-tu un jour ce qu'il s'est passé au cabinet du docteur Bill ?" Demanda Simone en mettant un peu de sel sur ses patates.
Tom blanchit et secoua la tête doucement alors que Bill reculait lentement sa chaise. "Nous... n'avons pas trouvé le bon docteur. Bill ne l'aimait pas parce que c'était un vrai connard." Dit-il calmement en lançant un coup d'œil à son jumeau. Bill ne leva pas le regard de son assiette encore remplie. "Est-ce que tu vas bien ?" Questionna Tom en se penchant calmement.
Bill se raidit et acquiesça. "Oui, je vais bien, juste un peu fatigué. Je vais monter ok ?"
"Déjà ? Tu n'as pas touché à ton repas." Leur mère s'essuya la bouche et semblait inquiète. Gordon en avait également l'air mais il n'intervint pas.
"Je n'ai pas vraiment faim."
"Tu devrais encore essayer de manger quelque chose." Les lèvres de Simone firent une ligne et elle ravala un commentaire alors qu'elle regardait son fils. Durant ces derniers jours, il avait été un peu lunatique et spécialement difficile quand on venait à parler de leurs promenades. Sa patience commençait à atteindre ses limites et tout le monde dans la maison était à fleur de peau.
"Je n'ai pas faim." Répéta Bill lentement en se levant. "Je vais me coucher."
"Est-ce que tu veux que je t'accompagne ?" Demanda Tom sans réfléchir et il pu voir Simone le regarder bizarrement du coin de l'œil.
"Non, je vais bien. Tu n'as pas fini de manger." Bill sourit tendrement. "Bonne nuit tout le monde." Bill monta péniblement les escaliers et soupira en atteignant l'étage. Ce n'était pas un mensonge quand il disait qu'il n'avait pas faim, il n'avait pas envie de manger et le bébé semblait être de son avis. Il se réveillerait sûrement plus tard et irait manger quelque chose mais là il voulait s'isoler et être sous l'eau.
Ca le rendait fou ; il ne se sentait bien que sous le jet de la douche ou dans les bras de Tom. Malheureusement un de leurs parents semblait toujours traîner autour donc il ne lui restait que la douche. Tom se demandait probablement pourquoi il passait autant de temps dans la salle de bain.
La salle de bain.
Bill avait encore besoin d'aller aux toilettes. Merde.
Vingt minutes plus tard, il était complètement propre et avait la vessie vide. Bill se sentait beaucoup mieux et il se contempla brièvement avant de descendre les escaliers pour prendre quelque chose à manger, cependant le mal de tête qui commençait à arriver lui dit qu'il était préférable d'aller au lit. Il alla dans sa chambre et vit l'écran de son téléphone clignoter. Il avait un texto. Bill prit le téléphone et après quelques manipulations, il fronça les sourcils. Il venait de David. “S'il te plaît appelle”. Il appuya sur d'autres boutons et fut obligé d'écouter quelques accords de Bed and Breakfast avant que le manager ne décroche.
"Bonjour ?"
"David, c'est moi, s'passe quoi ?" Bill s'assit sur le lit et caressa gentiment sa poitrine. Il sentit la sensation d'une brûlure au cœur et chercha à prendre un antiacide sur son bureau.
"Peter a dit qu'il pouvait nous accorder un peu de temps demain pour travailler sur les paroles avec lesquelles tu avais des problèmes." David avait l'air anxieux et distrait ; Bill soupira.
"Demain ?" Il essaya de ne pas se plaindre mais il était juste inexplicablement épuisé.
"Oui, ça doit se faire demain. Bill, il n'aura pas de temps pour nous pendant un moment et tu sais que c'est toi-même qui dit que tu travailles mieux avec Peter quand on parle de paroles."
Merde. C'était vrai. "A quelle heure ?" Réussit-il à sortir alors qu'il baillait.
"Je devrai revenir avec toi. C'est super, nous pourrons certainement sortir l'album cette année si on continue comme ça." Dit David avec joie.
"C'est tout ? Parce que je voulais dormir." Le pressa Bill.
"Oh oui. Comment tu vas ?"
"Tu t'en préoccupes ?"
"Quoi ?"
Bill secoua sa tête. "Rien, je suis juste... bah"
"Bah ? Il y a des médicaments pour ça tu sais." Plaisanta-t-il. Bill regarda le téléphone et raccrocha.
Enfoiré.
Il se mit sous les couvertures et soupira avec soulagement. Juste avant qu'il n'éteigne la lumière, la porte s'ouvrit et Tom marcha jusqu'à lui. "Hey, je ne savais pas que tu allais aller au lit, je pensais que tu voulais juste être loin de maman." Rit-il en fermant la porte derrière lui. "Est-ce que ça va ?"
"Juste fatigué Tomi." Bill s'assit et vit l'assiette dans ses mains. " Qu'est-ce que c'est ?"
"Je pensais que tu pourrais avoir faim, donc j't'ai apporté quelque chose." Tom posa l'assiette de deux parts de gâteau au fromage. Le bébé fit un petit flip heureux et Bill prit l'assiette avidement. "Si tu avais attendu un peu plus tu aurais pu t'en prendre." Plaisanta Tom en lui tendant une fourchette.
"J'étais tellement fatigué." Dit Bill, le dessert dans sa bouche. "Mais c'est bon." Tom le regardait amusé alors que son jumeau ne faisait qu'une bouchée du gâteau avant de lui rendre l'assiette brusquement, heureux. "Oups ça a touché la lampe."
Tom ne put s'empêcher de sourire en voyant l'expression de félicitée totale qu'il voyait sur le visage de son frère. "Je suis content que tu te sentes un peu mieux. C'est marrant comment tu te ragaillardis quand on en vient à la nourriture." Dit-il en s'asseyant sur le lit alors que Bill bougeait dans la chambre. Il regarda son frère pendant quelques minutes et sourit. " Tu es beau, tu le sais ?"
"Je te ressemble, imbécile." Rétorqua Bill mais en souriant tout de même. Tom traça de son doigt une ligne de ses cheveux à sa mâchoire inférieure.
"Oui et non." Dit-il calmement en continuant jusqu'à la gorge de Bill avant de s'arrêter au niveau du cœur. Le rythme était lent et reposant mais quand il regarda dans ses yeux, Tom pouvait sentir l'accélération. Il sourit, se pencha et lui donna un doux baiser. "Je t'aime comme ça." Murmura Tom contre les lèvres de Bill.
Bill sourit et rit jusqu'à en perdre le souffle. "Comment, calme ?"
"Non, avec tes cheveux lisses et ces petites ondulations au bout et sans maquillage. Tu es si..." Tom s'interrompit alors que les mots lui manquaient et déposa juste plus de baisers tout au long de la joue du jeune homme aux cheveux corbeau.
"Je t'aime aussi comme ça." Les yeux de Bill se fermèrent doucement et il s'abandonna à la sensation de la langue de Tom mettant son cou en fusion. "Ca me manque les moments où il nous est possible d'avoir du temps comme ça. Spécialement en weekends." Ses mots devinrent saccadés en sentant le rapide grincement de dents.
"Oui." Tom essaya de ne pas se mettre dans tous ses états mais avoir Bill sous lui ne l'aidait pas. Il s'imagina déjà nu, poussant dans la chaleur étroite de son jumeau ; Tom grogna et embrassa son frère un peu plus rudement que ce qu'il avait prévu. Bill avait le goût du gâteau et c'était quelque chose d'unique pour lui qui faisait toujours devenir Tom fou mais il s'arrêta quand il sentit le bâillement dans le baiser. "Bill ?"
"Désolé, désolé." Bill bâilla encore et fronça les sourcils. "Je ne sais pas d'où ça vient." Dit-il d'une voix désolée.
"Tu es fatigué. Tu devrais dormir." Dit Tom avec réticence en retirant sa main des cheveux de Bill où elle était ancrée.
"Je dois aller au studio demain." Murmura Bill alors que Tom plongeait sa main sous les couvertures jusqu'à son ventre et qu'il commençait à faire des caresses de façon concentriques.
Tom s'arrêta et fronça les sourcils. "Quoi ?"
"Je dois aller au studio." Bill ouvrit ses yeux et essaya de se souvenir quand il les avait fermés. "Peter et moi allons travailler sur quelques petites choses que nous avons fait avant que nous partions en tournée."
"Ne pouvez-vous pas le faire une autre fois ? Tu es épuisé." Tom n'aimait pas l'idée que Bill soit surbooké.
"Non, il n'aura pas le temps pour bosser un autre jour que demain. Ca se passera bien, je rentrerai tôt me coucher."
"Quelle heure ?"
"Il ne l'a pas dit, David a juste dit qu'il m'enverrait un texto en temps et en heure." Bill bâilla encore et Tom enleva sa main alors qu'il sortait du lit.
"Donc tu dois dormir. Je te verrai demain avant que tu partes, ok ?"
"Ok. " Bill sourit et acquiesça.
"Bill ?"
"Hum ?" Il ouvrit ses yeux qu'une fois encore il ne se souvenait pas d'avoir fermé.
"Je suis désolé de t'avoir trainé chez ce stupide docteur. Je ne pensais pas qu'il serait un tel connard." Fit Tom avec remords.
Bill sourit et haussa les épaules. "Qui aurait pu savoir ? Mais cette fois je veux être celui qui trouvera le docteur parce que je dois y aller."
"Ca marche si tu me promets de chercher vraiment. Tu as besoin d'en trouver un bon." Dit Tom sérieusement.
"Je te le promets. Maintenant embrasse-moi." Bill sourit alors que son jumeau exécutait sa demande, et il regarda Tom partir en fermant lentement les yeux. Tandis qu'il commençait à dormir, son portable sonna fortement. Un message. Avec un soupir, Bill l'attrapa. Il ouvrit le message et cligna des yeux pour être sûr qu'il voyait correctement.
Merde.
C'était ridicule. Simone avait toqué à la porte il y avait dix minutes et s'attendait à ce que Bill soit prêt à partir. Quand elle finit de préparer la bouteille d'eau et les vitamines prénatales elle réalisa que son fils n'était nulle part.
C'est pourquoi elle remonta les escaliers et se pencha contre la porte pour presser son oreille contre le bois en essayant d'entendre si Bill était réveillé. Simone se raidit et toqua un peu plus fort. "Bill. Allez, tu connais la routine. Je rentre..." Menaça-t-elle en ouvrant la porte. Pas de réponse, pas de bruit. Elle poussa la porte ouverte un peu plus et fronça les sourcils.
Bill n'était pas dans son lit. ~ * ~ * ~ * ~ * ~
Bill hésita à entrer alors que plus d'un œil regardait son entrée. Il s'attendait à Peter mais retint un froncement de sourcils en voyant Pat et son faux sourire. Il ne l'aimait pas lorsqu'il l'avait rencontrée il y avait presque quatre ans de ça et il ne l'aimait pas plus maintenant ; son humeur s'assombrit et il prit un siège à la large table.
"Bill, c'est bon de te revoir." Dit Peter facilement en faisait des gestes de la main. Bill lui rendit le geste rapidement et se tourna pour voir Pat fixant son ventre.
"J'ai une tâche sur mon tee-shirt ?" Demanda-t-il, acerbe, et la femme cligna juste des yeux et remonta son regard pour l'observer en face. Bill n'aimait pas cette façon d'être dévisagé, du moins pas par elle.
"Je suis sûre que tu sais que nous avons beaucoup de travail à faire." Pat poussa une tasse remplie de café vers lui et Bill s'arrêta d'écouter.
L'odeur était intoxicante et même meilleure que celle dont il se rappelait. Tom ne voulait plus qu'il prenne de café. Bill regarda autour de lui la salle de taille moyenne et retira le couvercle, inhalant lentement l'arôme. Tom n'était pas là. Il se rendit compte du silence et regarda les producteurs avec un froncement de sourcils. "Je suis désolé, quoi ?"
"Es-tu prêt à entamer des vocalises pour les musiques que nous avons déjà ? J'ai quelques sons et nous pouvons travailler dessus ; quelques riffs que ton frère a fait et Pat a quelques trucs de la batterie de Gustav, elle assistera à la session." Peter regarda l'adolescent secouer le café comme si c'était de l'eau dans le désert. "Es-tu réveillé maintenant ?"
"Allez, allons-y." Dit Bill honnêtement en agrippant la tasse comme s'il tenait le saint graal. La caféine lui avait manqué plus qu'il ne l'avait cru.
"Bien, nous sommes prêts quand tu l'es."
~ * ~ * ~ * ~ * ~
"Encore." Fit la voix ennuyée de Peter à travers l'interphone. Bill eut un mouvement de recul. Il ouvrit la bouche et essaya encore une fois mais l'homme l'arrêta de nouveau. "Bill, quel est le problème ? Tu sembles complètement ailleurs. J'ai besoin de toi et de ta voix ici, dans cet isoloir, et ainsi nous pourrons sortir d'ici." Dit-il, irrité.
Bill acquiesça et soupira. "Je dois aller aux toilettes." Répondit-il calmement.
"Quoi ! Encore ?" Bill ferma ses yeux et hocha la tête. "Bien, prends cinq minutes mais dépêche-toi, nous avons beaucoup à faire." Il acquiesça encore en relâchant le bouton de l'interphone et courut pratiquement hors de l'isoloir jusqu'à la salle de bain. Aussitôt que Bill verrouilla la porte derrière lui, il lâcha un soupir de soulagement et essaya de se soulager aussi vite que possible. Il était presque six heures du soir et ils avaient travaillé toute la journée.
Même quand les pizzas étaient arrivées, ils parlaient des paroles pendant qu'il enfournait toute sorte de nourriture. Dommage qu'il ait vomit tout cela une heure plus tard. Maintenant il avait de nouveau faim mais Peter avait ce regard qui lui faisait penser qu'il voulait travailler toute la nuit. Le mal de tête le reprenait et il eut de violents élancements alors qu'il lavait ses mains et se mettait de l'eau sur le visage.
Bill dût se rendre à l'évidence ; il ne pouvait pas travailler aussi longtemps que ce qu'il avait l'habitude de faire. Sa tête menaçait de se fendre en deux dans les minutes à suivre et il caressa son estomac doucement. Il souhaita que Tom soit là, mais ses mains le relaxèrent rapidement. Bill prit une profonde respiration et revint à l'isoloir en essayant de travailler sur la piste. Un peu plus d'une heure plus tard, il était sur le point de s'évanouir.
"Là je ne peux plus continuer aujourd'hui. On doit s'arrêter." Bill respirait lentement et se battait contre la nausée qui montait.
"Allons Bill, nous avons presque fini." La voix de Pat venait de l'interphone mais il était au point de rupture physique.
"Je ne peux pas continuer. J'ai plus d'énergie." Dit-il lentement en se penchant contre le podium des paroles. "J'ai besoin de manger et de me coucher." Bill coupa l'interphone avant que quiconque puisse s'interposer et sortit lentement de l'isoloir. Dans les escaliers, il trouva Pat, les bras croisés et une expression vaguement coléreuse sur le visage. "Quoi ?" Demanda-t-il, fatigué.
"Est-ce que tu fais semblant ?" Demanda-t-elle de but en blanc.
Bill n'avait pas l'énergie de se battre avec elle. "Faire semblant de quoi ?" Demanda-t-il, toujours fatigué.
"Toute cette histoire de grossesse, c'est juste un jeu pour plus d'attention ?"
Bill rigola et secoua sa tête. "Je préfèrerais encore être ignoré qu'enceint, ok ? C'est pour ça que tu m'as regardé toute la journée ? T'essayais de débusquer mon mensonge ? D'ailleurs, je n'en aurais pas parlé au label si ça n'avait tenu qu'à moi !"
Pat ne répondit pas et Peter les rejoignit. "Bill tu étais plutôt bon mais je suis sûr que tu peux faire mieux. J'ai libéré mon emploi du temps pour demain matin comme ça on pourra continuer. A cinq heures ?"
Bill pâlit. "Cinq heures du matin ? Ca veut dire que je devrai être sur la route à trois heures !" Cria-t-il.
"Pourquoi ne restes-tu pas ici cette nuit alors ? Ca devrait être terminé à midi." Suggéra Peter. Pat regardait Bill et il soupira.
"Ok, très bien."
"Super. Je te veux demain en forme et à l'heure. Peut-être que demain nous pourrons faire quelques pauses." Peter retourna au travail mais Pat ne bougea pas. Elle regardait son abdomen et Bill croisa les bras.
"Pourquoi tu me fixes ?" Demanda-t-il. Cela lui avait porté sur les nerfs toute la journée.
"Je n'arrive pas à penser que cette situation est juste." Dit Pat doucement, en relevant les yeux avec un mélange de jalousie et de colère. "J'essaye d'avoir un bébé depuis ma fausse couche et toi, tu en as un et tu ne le voulais probablement même pas. On suppose que vous n'êtes pas capable d'avoir des enfants et pourtant vous l'êtes et moi, je ne peux toujours pas tomber enceinte. Dis-moi, en quoi ce serait juste ?"
Bill ne savait pas quoi répondre à Pat qui se tourna et rejoint Peter. Il se sentait bizarre par rapport à cette conversation et toutes ces émotions défensives qui étaient montées à l'intérieur de lui. Bien sûr qu'il ne voulait pas tomber enceinte mais pour autant il n'irait pas dire qu'il ne voulait pas de son enfant. Bill ne savait pas ce qu'il pouvait lui dire mais il savait ce qu'il ne lui dirait pas. Il caressa son ventre avec possessivité et se saisit de son téléphone dans la poche arrière de son pantalon. Il l'éteignait toujours lorsqu'il travaillait en studio, mais Bill savait qu'il allait avoir des ennuis quand il vit les quatorze appels en absence et les dix messages non lus sur l'écran, tous de Tom.
Il soupira et continua à descendre les marches pour se rendre de l'autre côté de la maison tout en écoutant le rap de Samy Deluxe. "Pourquoi tu ne m'appelles que maintenant ?" Bill retira brusquement le téléphone sous l'attaque d'un Tom scandalisé.
"Je ne sais pas, je suis désolé Tomi." Dit Bill avec lassitude quand il entra dans sa chambre et referma la porte. Il n'avait pas été dans cette pièce depuis longtemps, son parfum était parti et tout le faisait se sentir comme un étranger, sauf les tonnes de vêtements qui restaient ici.
"Ne sois pas désolé pour moi, quand je me suis réveillé tu étais partit et sans me prévenir ! Comment pensais-tu que j'allais réagir ?" Demanda Tom, en colère.
"Je t'ai laissé un mot." Dit Bill d'une petite voix.
"Ce n'est pas assez, en plus je ne l'ai pas trouvé. Putain Bill, ne me la fait pas à moi. Je veux aller partout avec toi de toute façon." Râla Tom.
"Je sais, mais je n'aurais pas réussi à travailler avec toi traînant autour."
"Ils te surmènent pas au moins ? Ils t'ont donné droit à beaucoup de pauses pour manger et boire ?"
Bill se frotta l'arrête du nez et soupira. "Oui." Le mensonge était venu étonnamment facilement. Il y eut une pause à l'autre bout de la ligne.
"Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?" Demanda Tom tranquillement.
"Je dois rester dans l'appartement du studio cette nuit. Peter m'a dit que nous n'avions pas eu le temps de tout faire et je dois encore enregistrer quelques pistes." Dit-il en répondant à la protestation sonore de son jumeau.
"Mais Bill, allez ! Je ne veux pas que tu sois là-bas tout seul." Se plaignit Tom.
"C'est juste le studio ; ça va aller."
"Je viens alors. Je serai là dans deux heures environs." Bill soupira et secoua la tête.
"Tomi, demain tu as cette émission radio avec Gustav et Georg à Berlin, tu te souviens ?"
"Merde!" Bill put entendre quelque chose frapper le mur de l'autre côté de la ligne. "Je n'aime pas ça Bill." Bougonna Tom.
"Ne t'inquiètes pas, tout va bien se passer, ok ? Je vais me coucher tôt et je ne les laisserai pas me surmener demain." Bill caressa son ventre soigneusement. Il se sentait toujours quelque peu serré ; il avait bon espoir que ça passe quand il commencerait à se détendre. Il expira lentement et revint brusquement à la réalité. "Quoi ?" Demanda t-il.
"Tu m'écoutes ? Je t'ai dit que je t'aimais." Rétorqua Tom sur un ton irritable. "Tu t'enfermes dans ta bulle quand j'essaye d'être sentimental."
"Je t'aime aussi Tomi." Sourit Bill au téléphone.
"Couches toi dès que tu as sommeil."
"Je le ferai."
"Et assures-toi de boire beaucoup d'eau."
"Oui maman." Rit Bill quand il entendit un grognement de la part de son jumeau.
"Oui, mais je ne pense pas que maman te fera l'amour sauvagement la prochaine fois qu'elle te verra." Le taquina t-il. Le chanteur trembla, son corps réagissant involontairement.
"Promis ?"
"Promis. Je dois y aller, Andi est ici. Il dit que c'est une conspiration ou quelque chose du genre car nous ne passons pas beaucoup de temps avec lui."
"Tu lui as dit que c'était parce qu'il était ennuyeux et qu'il continuait à dire les quatre mêmes blagues et à maintes reprises ?"
"Andi dit qu'il y en a cinq, et que tu le saurais si tu étais ici. Je t'appellerai plus tard pour vérifier si tout va bien... "
"Tu me surveilles ?" Bill s'appuya contre le mur et sourit.
"Tout à fait. Tu portes mon bébé et tu es aussi en quelque sorte important." Tom sembla gentiment ennuyé.
Bill rit. "En quelque sorte important ?" Murmura-t-il par espièglerie pendant qu'il quittait la chambre pour juste aller se promener dans les alentours.
"Ouais, tu sais ; une chose au-dessus de pas 'vraiment important'."
"Tu te soucies juste du bébé alors ?!" Bouda t-il. Tom se mit à rire.
"Toi et ta moue, j'arrive même à la voir au téléphone. Oublies pas de te coucher tôt Bill." Dit-il affectueusement.
"Ouais, à bientôt." Il raccrocha le téléphone et regarda autour de lui. Son sixième sens l'avait emmené à la cuisine. Bill regarda vers le bas, son ventre, et sourit. "Ouais, je sais ; nous avons faim."
Bill se retourna et soupira. C'était tout à fait ridicule ; il n'y avait aucune position qui pouvait le mettre à l'aise sur ce matelas horrible. Il n'avait jamais remarqué comme ce matelas était peu coopérant jusqu'à présent et il allait le rendre dingue. Il s'effondra sur le dos et regarda fixement le plafond en se demandant pourquoi il avait l'impression d'avoir couru un marathon.
Il savait d'expérience que s'il se forçait à essayer de s'endormir alors ça n'arriverait jamais, donc il se leva et se dirigea vers la salle de séjour. Peut-être qu'un peu de télévision le calmerait assez et qu'il ne se soucierait plus de sur quoi il devait dormir. Bill se pelotonna sur le divan et alluma la télévision en regrettant pour la millionième fois de ne pas avoir dit à Tom de venir le rejoindre. Il pourrait vraiment ...
Bill regarda en fronçant les sourcils la télévision quand le visage d'un docteur familier apparu à l'écran. Médecin stupide, ou quelque soit son nom. Il zappa rapidement et trouva quelques vieux dessins animés. Il sourit, reposant sa tête sur le canapé en riant tranquillement des cabrioles de Bugs Bunny. Après un petit moment, il eut l'impression que c'était la télévision qui le regardait et non l'inverse, c'est pourquoi il décida d'aller voir ailleurs.
Peu de temps s'était écoulé depuis qu'il avait fermé les yeux quand Bill se réveilla à cause d'une intense douleur. Il haleta et ouvrit ses yeux en posant ses mains sur son ventre. Il ne pouvait pas se déplacer, il pouvait à peine respirer tellement les vagues de douleur le démolissaient de l'intérieur. Bientôt, il se souvint qu'il avait déjà ressenti cette douleur et Bill mit de côté la panique qui venait de le saisir pour pouvoir faire partir ce mal. Il regarda fixement le plafond et essaya de prendre de grande inspiration pour retrouver une respiration normale, tout en continuant de caresser son ventre doucement. Stupides gaz.
~ * ~ * ~ * ~ * ~
Tom se saisit de son téléphone et sourit. "Oui, je suis réveillé." Le taquina-t-il en fourrant son IPod© dans une de ses poches. "Tu vas bien ?"
"Oui." Bill semblait fatigué et cela inquiéta Tom.
"Peter ne te surmènes pas ?" Demanda-t-il à nouveau, ne s'attendant pas vraiment à une réponse différente de la veille. Son jumeau était un drogué du travail mais il devrait arriver à la conclusion qu'il ne pouvait pas travailler toutes les heures exigées.
"Non. Je n'ai même pas encore commencé. Ils magouillent des trucs sur la table de mixage. Je voulais juste te dire que tu dois te rappeler de parler plus. Je ne serais pas là pour tout faire et Gustav et Georg ne doivent pas se taire tout le temps."
Tom sourit et secoua la tête. "Je sais que c'est dur à croire mais j'aurais plus de chose à dire si tu le l'ouvrais pas tout le temps." Il se regarda une dernière fois dans le miroir et quitta sa chambre pour passer en bas et se prendre quelque chose de rapide à manger. Il devrait se rabattre sur une part de pizza que Andi avait laissé, la dernière fois qu'il était venu.
"Oui, peu importe. Je m'inquiète juste."
"Pourquoi ? Ce n'est pas la première fois que je dois faire une interview sans toi." Dit Tom en ouvrant la boîte en carton sur la table, trouvant deux parts de pizza au pepperoni. Parfait.
"Oui, mais c'est pas une émission de radio de quatre heures ?"
"Quatre heures ?" Tom fronça les sourcils au moment où il se saisit d'un autre plat dans le réfrigérateur.
"Oui Tomi, quatre heures. Il va y avoir des temps de pause musicale au milieu de l'interview mais la prestation entière durera quatre heures."
"Merde."
"Exactement."
"Je suis sûr que Gustav s'en occupera." Tom lécha la sauce tomate sur son pouce et colla un morceau dans sa bouche tandis qu'il mettait l'autre part dans le micro-onde.
"Oh mon Dieu." Gémit Bill. "Peut-être que je devrais venir."
"Non." Tom redevint tout à fait sérieux à ce commentaire. "J'ai un engagement avec David et je ne veux pas que tu ais à faire d'apparitions publiques, ok ? Tu as dit que tu ne voulais pas."
"Je ne veux pas, mais je m'inquiète de vous savoir tous les trois courant droit vers le vide."
Tom leva les yeux au ciel et ouvrit le micro-onde. Rien n'était meilleur qu'une part chaude et une part froide de pizza le matin. "Oui, que ferions-nous sans notre chanteur aimé et charismatique ?"
"Tu devrais toujours te souvenir de ça." Rit Bill. "Je dois y aller, avant qu'ils ne pensent que quelque chose ne va pas."
"Ok." Tom retira brusquement son téléphone de son oreille et regarda l'écran brièvement avant de le remettre à son oreille. "J'ai Georg de toute façon sur l'autre ligne. On se parlera plus tard."
"Ouais, au revoir." Tom raccrocha le téléphone en se saisissant d'une dernière part de pizza et ferma la porte d'entrée avant de partir. Le fourgon noir familier était garé devant chez lui et Saki lui ouvrit la porte. "Allez les gars !" Exulta-t-il en montant à l'intérieur. Il trouva Gustav appuyé contre Georg, les deux s'enlaçant passionnément. "Je ne devrais pas voir ça pendant que j'essaye de manger mon petit déjeuner."
"Tu devrais te considérer chanceux de voir un tel spectacle." Répliqua Georg avant que Gustav ne dégage doucement de lui son visage. Tom prit place à l'avant en constatant que Bill lui manquait comme un fou.
~ * ~ * ~ * ~ * ~
C'était de la torture et tout le monde le savait. Ils pouvaient bien bougonner en essayant de paraître naturellement bon comme le faisait Bill, ou dire quoi que ce soit dans ce qui ressemblait vaguement à un micro, mais non, rien à y faire, Tom savait à quel point ce travail était peu intéressant. Dieu merci, il avait presque terminé. Tom avait sorti quelques anecdotes sexuelles et après que l'on se soit attardé à déchiqueter la vie amoureuse de Georg, il restait toujours quelques minutes avant la fin et il n'avait absolument aucune idée de ce dont ils parleraient quand ils reviendraient à l'antenne après la chanson.
"Eeeeeeeeeet nous sommes de retour ! Je suis ici avec trois musiciens d'un groupe que les gens aiment ou aiment détester, Tokio Hotel ! Dites-moi les gars ; avez-vous des fans qui essaient de toucher vos instruments ?" Demanda l'animateur inconnu avec beaucoup trop d'impatience.
"Absolument pas." Gustav frissonna. C'était un sujet sensible. "Personne ne touche à mes baguettes. Pas même notre équipe. Quand ils testent les instruments, ils utilisent leurs propres baguettes et je garde les miennes en lieu sûr tout le temps."
Georg sourit niaisement et ne réalisa pas qu'il était près du micro. "Tu me laisserais toucher tes baguettes, n'est-ce pas Gustav ?" Demanda-t-il de sa voix suave. Le blond se retourna et le regarda avec un sourire.
Tom donna un coup de pied au bassiste et les regarda fixement tous les deux. "J'ai aussi une personne qui teste mes guitares, mais personne d'autre n'a le droit de les toucher." Dit-il un peu plus fort.
"Pas même Bill ?"
Tom fronça les sourcils et se retourna vers l'animateur radio. "Non, il ne porte aucun intérêt à mes guitares." C'était la première fois depuis le début de l'interview que son jumeau était mentionné et il jeta un coup d'œil rapide à l'ensemble des personnes présentes.
"Je suis étonné. Au fait, comment va-t-il ? Je sais qu'il ne pouvait pas être ici pour des raisons de santé, mais dans ce métier, pour tout le monde, ça signifie qu'il est en cure de désintoxication." Gloussa l'homme. Gustav soupira et regarda au loin. Il ne voulait pas être capable de dire qu'il avait été témoin de quoi que ce soit si Tom réussissait à poignarder l'homme avec son propre micro.
"Aucune cure de désintoxication. Aucun membre de notre groupe ne se drogue." Répondit mécaniquement l'adolescent aux dreadlocks.
"C'est ce que tout le monde dit mais peu de personnes le font vraiment."
"Vous pouvez nous compter parmi ce « peu de personnes »." Répliqua Tom.
"Bien, content de l'entendre de source sûre ! Désolé de devoir le dire mais les garçons ont un avion à prendre, probablement pour une séance photo ou quelque chose du genre. Nous allons donc les remercier pour s'être déplacé et d'avoir répondu à toutes nos questions. Restez sur les ondes, l'émission continue ; appelez-nous avec vos réclamations et vous serez écouté en direct !" La musique promotionnelle débuta et s'effaça pour laisser place à une autre chanson au moment où chacun ôta son casque. "Merci les gars, j'ai vraiment apprécié." L'homme secoua la main de Georg puis celle de Gustav avant qu'il n'aille vers Tom. "Ce n'était pas trop dur ? Je dois poser ces questions provocatrices, ça fait monter l'audimat. " S'excusa-t-il.
"Allez vous faire foutre." Dit Tom gaiement en s'éloignant.
~ * ~ * ~ * ~ * ~
Bill entra et sourit à la tête familière qui se trouvait sur le divan. Il était environs neuf heures du soir quand il put finalement rentrer à la maison. "Hé !" Dit-il doucement au moment où Tom regarda par dessus son épaule.
"Il était grand temps !" Dit-il en se levant et en courant loin du divan. "La prochaine fois que tu vas au studio, je veux être là, ok ?" Tom aida Bill à retirer son sweat-shirt noir et avant qu'il ne puisse dire autre chose, il était dans ses bras. "Tu vas bien ?" Demanda-t-il doucement en embrassant la joue de Bill tout en frottant son dos délicatement.
"Je... tu m'as tellement manqué." Bill sentait enfin qu'il se détendait et ce, pour la première fois depuis presque quarante heures.
Tom sentit l'humidité sur son épaule et s'alarma. "Bill, qu'est-ce qui ne va pas ? Pourquoi pleures-tu ?" Il se retira pour ainsi pouvoir regarder le visage de son frère.
"Je ne sais pas." Bill renifla et enfouit à nouveau son nez dans le cou de Tom en s'accrochant désespérément à lui.
"Viens, on va s'asseoir." Il se laissa emmené jusqu'au divan et soupira distinctement une fois assit ; Tom enveloppa dans ses bras protecteurs Bill et embrassa les larmes au coin de ses yeux. "Maintenant tu veux bien me dire ce qui ne va pas ?"
"Je ne suis pas sûr qu'il y ait quoi que ce soit. J'ai juste eu deux longues journées. C'est tout." Bill se sentait maintenant apaisé et un peu idiot maintenant que l'émotion qui l'avait submergé était passée. Tom l'embrassa à nouveau et caressa son ventre, mais s'arrêta quand Bill tressaillit.
"Qu'est-ce qui ne va pas?"
"Je suis juste un peu tendu. J'ai eu pas mal de gaz dernièrement." Rougit Bill. "Sois heureux que je t'ai épargné, je ne pense pas que Peter ait remarqué quoi que ce soit. A moins que ..." Il fit un geste vers son visage et fronça les sourcils.
"Tes sourcils ?" Dit Tom avec hésitation.
"Laisse tomber. Où sont maman et Gordon ?" Bailla Bill en se blottissant tout près et en fermant les yeux.
"Il sont à une fête avec des collègues. Ils ne seront pas à la maison avant minuit." Tom regarda le visage de son frère et s'inquiéta. Il pouvait voir les cernes sous les yeux de son frère. Il semblait usé et connaissant Bill, il n'avait pas prit assez de temps pour se reposer et les producteurs n'étaient certainement pas intervenus pour qu'il en prenne.
"Pas aussi serré Tomi." Murmura Bill et Tom relâcha sa prise et le regarda s'endormir. Il embrassa doucement Bill sur les lèvres et essaya de faire taire cette inquiétude qui sommeillait en lui depuis qu'il avait vu tous ces sites Internet quelques heures plus tôt. Ils avaient besoin que Bill voit un docteur et ce, rapidement ; après, il se permettrait de se détendre. Son jumeau bougea dans ses bras et Tom soupira.
fin chapitre 21