Chapitre 36 * Est-ce que la réconciliation est vraiment la solution ? (Partie I)
"Les gens me donnaient toujours des choses parce qu'ils pensaient que j'étais joli. Maman posait ses jumeaux blonds chéris et ses amis fondaient." Dit Bill comme s'il venait de faire une remarque sur la météo du jour. "Tom n'aimait pas vraiment que les gens le touchent tout le temps."
"Vous aimiez quand les gens vous touchaient ?"
Bill secoua négativement sa tête. "Non, Tom ne les laissait pas, donc je n'ai jamais eu à m'en inquiéter."
"Alors, les adultes vous aimaient. Qu'en était-il des enfants ?" Demanda Stephen en continuant à faire ses notes habituelles.
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"Les enfants pas tellement." Tom bougea nerveusement dans son siège et essaya de rester calme et de trouver une position confortable. Stephen lui avait dit que c'était normal qu'il se sente bizarre à propos de la thérapie.
La chose la plus importante c'était de se souvenir qu'il en avait besoin.
"Et comment ça vous faisait vous sentir ?" Stephen fit une pause et regarda Tom attentivement.
"Désolé pour Bill. Désolé pour eux." Dit-il lentement en haussant les épaules. "Ils ne pouvaient pas comprendre qu'il était juste lui, Bill n'a jamais aspiré à être flatté mais il aimait avoir l'approbation des adultes."
"Et en règle générale, les enfants n'aiment pas ça chez leurs pairs." Dit le docteur sèchement.
"Exactement. En CE1, j'ai vu quelqu'un pousser Bill dans les escaliers car notre enseignant avait dit qu'il était l'enfant le plus adorable de la classe."
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"Tom était vraiment fâché. Il n'était pas comme moi. Il se fichait complètement que les adultes et les enfants de notre âge l'aiment ou non. Je voulais lui ressembler mais je ne pouvais pas. Je suis juste moi." Bill haussa les épaules et venu de nulle part, il eut envie d'une cigarette. Il n'avait pas ressenti cette forte envie depuis un long moment ; il prit une minute pour se rappeler quel sentiment c'était.
"Estimez-vous que quelque chose ne va pas avec vous ?"
"C'est un peu flou vraiment, je veux dire … je n'y ai jamais pensé comme ça. Je voulais juste que les autres enfants m'aiment bien mais il était tellement plus facile de faire que les adultes m'aiment." Bill haussa à nouveau les épaules et caressa distraitement son ventre. "J'ai juste décidé d'arrêter d'essayer. Ils me détestaient et c'était comme ça. En plus, ça n'avait pas vraiment d'importance."
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"Je lui ai dit que le seul avis qui importait était le mien." Dit Tom doucement, son regard vide fixant la petite sculpture en pierre sur la table qui le séparait du médecin.
"Vous le croyez toujours ?"
Tom inclina la tête. "Oui."
"Et alors qu'est-ce qui est arrivé ?"
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"Je me suis rendu compte qu'il avait raison. Et tout changea. Je ne m'en suis plus soucié, d'aucun d'entre eux, parce que Tomi était là pour me protéger, me faire rire et sécher mes larmes. Il a pris la plupart des merdes aussi, étant juste mon frère." Bill s'arrêta et fronça les sourcils. "Il se battrait avec n'importe qui pour moi ; il a dit que je ne devais jamais être contrarié."
"Savez-vous pourquoi il a dit ça ?"
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"Il était tellement mieux que tout, tellement mieux ; Bill avait quelque chose de plus. Je pensais qu'il était beau avant même que je ne sache ce que le mot signifiait." Admit Tom et ajouta après avoir prit une gorgée d'eau dans sa bouteille : "La première fois que je l'ai vu, je suis tombé amoureux de lui."
"Et c'est à partir de là que vous avez commencé à le protéger de tout ?"
"Il l'a mérité."
"Vous ne pensez pas qu'il méritait aussi de subir quelques-uns de ces heurts et ennuis, pour le rendre plus fort ?"
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"Je n'ai jamais vraiment eu à l'être. Je veux dire, j'ai été tyrannisé et Tom aussi. Mais tant que Tom dit que tout va bien, ça l'est. J'ai entièrement confiance en lui." Dit Bill simplement.
"Pensez-vous qu'il aurait été plus facile si vous aviez été un garçon plus bagarreur ?" Sourit Stephen.
"Oh s'il vous plaît. Tom et moi avions l'habitude de nous frapper avec des poêles à frire. Quand nous ne pouvions pas jouer à des jeux vidéo, nous avions l'habitude de nous battre. J'étais un vrai bagarreur. C'est juste que Tom ne voulait pas que je le sois avec quelqu'un d'autre, seulement avec lui. Ça ne me dérangeait pas, je l'aime et s'il veut une partie de moi juste pour lui alors qui je suis pour argumenter ?"
"Pensez-vous que vous avez été traités différemment parce que vous êtes beaux ?"
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"Est-ce que toutes les belles personnes ne sont pas traitées différemment à cause de ça ?" Demanda en retour Tom avec curiosité.
"Parfois. Mettez-vous votre frère sur un piédestal parce qu'il est beau ?"
"La beauté est juste une petite partie de Bill." Stephen attendait des détails de Tom mais l'adolescent ne bougeait pas et le regardait fixement.
"Bien, mais vous êtes très beau aussi et vous partagez beaucoup d'attributs physiques. Pourquoi avez-vous choisit un style plus masculin alors que Bill a préféré choisir un style plus féminin ?"
"Je pense qu'il voulait que les gens continuent à lui dire qu'il était joli."
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"Tom déteste ça. Il a toujours détesté ça." Bill sourit d'un air satisfait et enroula une mèche de cheveux autour de son doigt.
"Mais vous non."
"Je ne m'en soucie pas vraiment. J'aime quand les gens pensent que je suis beau."
~~
"Pensez-vous que vous êtes beau ?"
"Oui."
"Donc vous n'avez pas une mauvaise estime de vous-même ?"
"Non. Bill … il aime que les gens soient attirés ou qu'ils aient l'impression d'être frappés sur le haut de la tête avec juste un regard. Je préfère être plus subtil, mais je ne pourrais pas faire ce que Bill fait même si je le voulais." Tom retira sa casquette et son bandeau ; il passa ses mains dans ses dreadlocks, les laissant retomber autour de son visage et sur ses épaules avant d'examiner ses cheveux et de lancer à Stephen un regard innocent breveté de Bill.
Le docteur cligna des yeux ; c'était comme si Bill apparut soudainement et il gloussa avec difficulté. "Je vois." Dit-il en regardant rapidement vers le bas son bloc-notes. Quand Stephen jeta à nouveau un coup d'œil à Tom, celui-ci avait déjà tiré ses cheveux en arrière et son visage était à nouveau orné d'un petit sourire satisfait normal qui restait tout le temps à proximité. "C'est très déconcertant." Admit Stephen.
"Je suis sûr que ça l'est." Tom grogna et remit ses dreadlocks dans sa casquette. "Bill a toujours besoin de l'approbation des autres. Pas moi."
"Ce n'est parce qu'il a besoin de l'approbation des autres que cela signifie qu'il vous aime moins."
"Je sais ça. Il joue juste avec mes nerfs parfois. Vous pouvez être dans deux catégories avec mon frère. Ceux qui l'adorent ou ceux qui le détestent."
"Pensez-vous que c'est vraiment ça qui l'endurcit ?"
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"Ce n'est pas ce que je veux dire."
"Alors pourquoi le faites-vous. Avez-vous fait ce que je vous avais demandé ?"
"Non."
"Pourquoi ?"
Bill haussa les épaules. "J'ai oublié."
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"Bill n'a jamais vraiment fait quoique ce soit qu'il ne voulait pas faire ; je veux dire, à part le fait de devoir aller à l'école. Quand maman nous demandait de nettoyer notre chambre, je le faisais et Bill restait assis sur son lit avec son bloc-notes ou quoique ce soit d'autre et me regardait nettoyer. Je m'en fichait."
"Nettoyez-vous toujours le bordel de Bill pour lui ?" Questionna Stephen.
"Il ne pense pas toujours aux conséquences. Donc je le fais."
Bill releva les yeux et sourit quand Simone s'installa sur le canapé à côté de lui. "Que regardes-tu ?" Demanda-t-elle en essayant de trouver une position confortable.
Il haussa les épaules. "Je ne suis pas vraiment sûr, mais je n'ai pas trouvé la télécommande et je ne suis pas d'humeur à me déplacer. Elle s'est finalement calmée et je vais en profiter tant que je le peux." Bill était allongé avec un bol de glace en équilibre sur le haut de son ventre en constante croissance.
Simone sourit ; elle avait été dans cette même position plusieurs fois pendant sa grossesse. "Je peux me joindre à vous ?" Son fils haussa les épaules à nouveau et elle soupira. Depuis que Tom était parti, les choses avaient été tendues et un peu tristes dans la maison. Elle savait que la mélancolie prolongée n'était pas une bonne chose pour le bébé mais Simone ne connaissait aucune façon de remonter le moral de Bill qui n'impliquait pas de ramener son fils ainé à la maison. Aucun des deux ne lui dirait ce qui avait causé cette dispute ou pourquoi Tom se sentait dans le besoin de rester à l'appartement du groupe à Hambourg pour quelques temps. "Qu'est-ce que tu dirais de regarder un film ? Qu'est-ce qui te ferais envie ?"
"Quelque chose de sanglant. J'ai eu une journée difficile aujourd'hui." Dit Bill, étendant ses jambes sur le repose-pied devant lui. Ses pieds et sa tête lui faisaient mal ; la glace avait arrangé ça pendant un temps mais au final, ça lui avait donné encore plus mal à la tête. Il soupira et mit le dessert non fini sur la table à côté du canapé et regarda sa mère choisir un film d'épouvante au hasard et le mettre dans le lecteur.
"Qu'est-ce que le docteur a dit ?" Demanda Simone de façon neutre au moment de se rasseoir.
"Tout va bien. Nous sommes tous les deux en bonne santé." Bill cligna des yeux de façon désintéressée quand « Massacre à la tronçonneuse » débuta. Au moins c'était l'original. Il sentit que sa mère ne tenait pas en place et attendait la question inévitable.
"Je n'ai pas vu Andreas depuis un moment. Comment va-t-il ?"
Bill haussa les épaules.
"Vous vous êtes aussi disputés tous les deux ?"
Bill haussa les épaules.
"Bill, chéri, qu'est-ce qui se passe ? Je suis inquiète et Mara aussi. Tom me parle à peine et refuse de parler de tout ça ; Mara dit qu'Andreas a recommencé à quitter la maison. Il semblait ennuyé par quelque chose. Vous êtes-vous battus par rapport au bébé ?" Demanda Simone prudemment.
"Non."
"Bien, quoi qu'il en soit, je suis sûr que ça ne dura plus très longtemps."
"Maman ?" Demanda Bill soudainement.
"Oui, mon chou ?"
"… tu penses que je suis un gamin pourri gâté ?" Chuchota-t-il.
Simone était déconcertée ; de toutes les questions qui existaient dans le monde elle ne pensait pas que Bill lui poserait celle-là. Elle rougit et éclaircit sa gorge nerveusement. "Que veux-tu dire ?"
"Tu sais ce que veux dire gâté, penses-tu que j'ai le comportement de quelqu'un qui est pourri gâté ?"
"Oui."
"Oh, tu n'as même pas pris le temps d'y réfléchir." Bougonna Bill en s'enfonçant encore plus dans le canapé. "Ça fait de moi quelqu'un de détestable ?"
"Non, mais c'est parce que tu ne le réalises pas. Si tu le faisais exprès ce serait difficile d'être avec toi. Qu'est… qu'est-ce qui t'a poussé à demander ça ?" Demanda Simone avec curiosité.
"C'est quelque chose que Stephen m'a demandé de faire. Découvrir ce que les gens pensent vraiment de moi." Dit-il d'un air triste. "J'étais supposé l'avoir fait pour notre dernier rendez-vous mais je n'ai pas voulu le faire."
"Tu n'as pas voulu, ou tu as eu peur de le faire ?"
Bill haussa les épaules. "Quelle différence ?"
"A qui d'autres as-tu demandé ?"
"Personne d'autre, juste toi."
"Bien, laisses-moi remettre ce que j'ai dit dans son contexte." Simone changea de position et soupira. "Tu as toujours une personnalité merveilleusement douce et c'est seulement ça qui a fait que les gens voulaient toujours te faire plaisir. Je me souviens quand Tom et toi étiez des bébés, je répétais sans cesse de ne pas vous donner de confiseries, mais tout le monde vous en donnait. Tout ce que tu avais à faire c'était de battre des cils."
"Oh mon Dieu, je suis horrible."
"Non, tu n'as jamais forcé les gens à te donner quelque chose s'ils ne le voulaient pas. Tu étais et tu es, absolument adorable. Tu es juste agaçant quand tu ne veux pas faire quelque chose, mais tu le sais déjà."
"Oui." Bill pencha la tête et soupira. "Penses-tu que j'ai pris Tom pour acquis ?"
"Je pense que tu t'es toujours attendu à ce que Tom gère tes problèmes pour toi. Vous étiez tous les deux très proches et quand ils ont commencé à vous intimider à l'école, je pense que ça vous a encore plus rapproché. Ce qui ne vous a pas aidé, c'est qu'ils vous ont séparés en cinquième."
"Ils ont dit que nous étions des perturbateurs."
"Je me souviens." Dit Simone sèchement. "Ecoute, tout ça ne signifie pas que tu n'es pas Bill. Tu sais faire ressortir le meilleur des gens et ce, tout le temps ; tu es tendre et brillant. Gentil." Ajouta-t-elle. "Tout le monde a des défauts. Tout le monde."
"Comme toi et ton harcèlement ?" Demanda Bill innocemment.
"Toi et ta grand-mère vous entendez parfaitement à ce sujet." Dit Simone sardoniquement.
~*~*~*~
Bill remit son sac à Saki et leva la tête pour voir qu'un 4 x 4 familier remontait dans l'allée. Son cœur tambourinait dans sa poitrine et il cligna des yeux pour retenir ses larmes ; c'était Tom. Il revenait pour faire ses excuses et tout irait bien maintenant. Ils pourraient être une famille à nouveau et Bill pourrait-
Il fronça les sourcils et regarda Tom s'approcher de la maison sans un seul coup d'œil dans sa direction. La mâchoire de Bill tomba et son visage flamba ; il était embarrassé et Saki regarda tour à tour les jumeaux, confus. Il ne savait pas qu'ils étaient au milieu d'une dispute. "Tu veux dire quelque chose à Tom ?" La voix du garde du corps gronda et Bill s'accrocha au son de sa voix. Il était absorbé par l'observation de Tom disparaissant dans la maison pour remarquer quoique ce soit d'autre.
"Non, je ne pense pas qu'il veut me parler." Chuchota Bill avant de prendre des mains de Saki son sac et que celui-ci ne l'aide à entrer dans le van.
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"Allo."
"Gustav."
"Hé Tom, qu'est-ce qui se passe ?"
Tom regarda à l'extérieur par la fenêtre et vit Saki aider soigneusement Bill à monter dans le van. Son jumeau se déplaçait de plus en plus maladroitement maintenant ; il se demandait si Bill souffrait. "Où est-ce que Bill va ?"
"Il ne te l'a pas dit ?" Demanda le batteur légèrement surprit. Tom ne répondit pas et Gustav gémit. "Vous êtes toujours en froid ?"
"Où va-t-il ?" Demanda Tom comme si Gustav n'avait pas posé de question.
"A Madrid."
"Pourquoi ?"
"Parce que tout le monde veut l'interviewer alors qu'il est enceint et en plus il peut toujours voyager. David l'envoie selon la demande et selon s'ils présentent les choses d'un point de vue positif. Le label jubile."
"Le label peut aller se faire foutre." Murmura Tom en regardant le van partir. "Je ne savais même pas qu'il avait une interview en Espagne."
"Si tu n'avais pas sauté cette réunion de groupe, tu le saurais."
Il se rappelait avoir reçu un texto et ensuite un message sur son répondeur. Mais Tom les avait effacé tous les deux et avait ignoré les appels. Il avait envie d'être loin de tous, mais ça ne le dérangeait pas d'avoir des conversations de temps en temps avec Gustav ou même avec Georg. Au moins il pourrait feindre qu'il n'avait pas le cafard ; ils ne devaient pas savoir que son monde s'était effondré. "Ouais, je vais me faire réprimander par David et il est assez bon pour ça."
"Tu sais comment il est quand tu manques une réunion."
"Il ne devrait pas appeler un si grand nombre de fois."
"Je suis d'accord avec toi là-dessus. Tom ? Je dois y aller, Georg est arrivé. Il te dit bonjour."
"Ouais, dis-lui que je lui dit bonjour aussi." Tom soupira et raccrocha. Il ne s'était pas rendu compte auparavant combien de son temps avait été prit pour Bill. Tom regarda autour de lui l'appartement vide ; son jumeau lui manquait, mais en même temps il se sentait mal car en-dessous de toute cette souffrance, il y avait un peu de soulagement.
~*~*~*~
Bill en avait assez. Il en avait assez d'être enceint, assez des pauses pipi constantes et assez de ne pas avoir Tom à côté de lui. Le vol avait été un enfer et lorsqu'ils atterrirent, il était épuisé, mais il devait se débarrasser de cette interview, devant sembler heureux et énergique alors que tout ce qu'il voulait faire était de tomber la tête la première pour dormir pendant une semaine. Son corps n'était plus habitué aux déplacements constants désormais, et sa fille lui faisait savoir en alternant entre les séances de tortures sur sa vessie ou de coup de pied.
Il caressa son ventre doucement et fredonna, essayant de se calmer lui-même autant que sa fille. Quand Saki fut finalement en droit de l'emmener jusqu'à sa chambre d'hôtel, il lui adressa un regard compatissant avant de rapidement disposer. D'habitude ça ne dérangeait pas Bill, mais cette fois-ci, il n'avait pas Tom pour parler, même pas au téléphone et il se rendit compte que la chambre était silencieuse et vide.
On tira Bill de ses songes par un coup de pied particulièrement vicieux et il frotta à l'endroit où le coup avait été donné ; il imaginait qu'il pourrait calmer sa fille pour qu'elle s'endorme. Si elle dormait alors il le pourrait aussi. Il rassembla rapidement les oreillers ensemble en une pile à la tête du lit et s'installa précautionneusement sur eux. être en position horizontale résolu beaucoup des problèmes de Bill ; son corps se détendit et il soupira de soulagement, le bébé arrêtant même de se déplacer.
Son téléphone était sur le lit à côté de lui et Bill s'étendit pour le saisir. Il fit défiler ses numéros et s'arrêta à Andreas [NdT : Il n'a pas dû faire défiler grand-chose, à moins que tous ses potes aient un prénom commençant par un A =)]. D'habitude, le chanteur n'hésiterait pas à appuyer sur le bouton et appeler mais maintenant, ça ne changerait rien ; il ne répondrait pas de toute façon. La photo du blond décoloré le regardait fixement avec un sourire sur le visage. Andreas n'aimait pas vraiment les photos mais ça importait peu, Bill l'avait prit en photo quand même.
Sans vraiment y réfléchir, il se déplaça jusqu'au nom de Tom et s'arrêta sur la photo. Son jumeau souriait et on pouvait voir un peu de ses propres cheveux dans le coin où Tom avait essayé de le tirer pour qu'il soit également sur la photo. Il se souvint avoir dû lutter avec son frère juste pour prendre cette photo, qui avait mené à d'autres photos qui avaient dû être effacées quand ils eurent finis. Bill referma son téléphone et essaya de dormir. Au moins Tom serait là quand il se réveillerait. Ils parleraient, il lui ferait des excuses et il lui dirait n'importe quoi pour que son jumeau ne le quitte plus de nouveau.
Simone releva les yeux et sourit au son de l'ouverture de la porte et elle se dirigea vers la salle de séjour pour voir la vague silhouette de Saki partir rapidement. Bill se retourna et sourit, la fatigue inscrite sur son visage. "Hé mon chou, je suis heureuse que tu sois de retour." Dit-elle en l'étreignant doucement.
"Heureux d'être à la maison." Pensa vraiment Bill. Il n'avait pas du tout été capable de dormir quand ils étaient en France et son propre lit commençait à se révéler de plus en plus attirant. "J'ai vu Tom en partant … où est-il ?"
"Il est parti ce matin." Dit Simone doucement et elle vit la lèvre inférieure de son fils trembler. "Bill, ça va aller."
"Quand est-il parti ?" Demanda-t-il en renforçant la prise de ses mains au bas de son dos. Il devenait de plus en plus difficile de supporter cette distance.
"Ce matin."
"A-t-il su que je revenais à la maison aujourd'hui ?"
"Oui, il le savait."
"Oh, bien alors." Bill n'allait pas pleurer à nouveau ; il n'y avait plus rien à faire.
"J'ai presque fini le dîner, je ne savais pas si tu voulais prendre une douche avant que nous mangions mais je peux t'appeler quand c'est prêt. Gordon ramène à la maison un « Angel Cake »." Simone essayait de rester gaie mais elle ne pouvait pas l'aider même si elle sentait que se profilait à l'horizon une crise de larmes.
"Je vais aller me coucher, mon estomac n'a pas vraiment envie de manger maintenant." Dit Bill doucement en se dirigeant vers l'escalier. "Je le ferai tout à l'heure."
"Bien." Simone était nerveuse quand Bill monta l'escalier et elle espérait que se reposer dans sa chambre le réconforterait.
~*~*~*~
"Hé."
"Je ne m'attendais pas vraiment à te voir ici." Dit Bill en ôtant ses lunettes de soleil du sommet de sa tête avant de les poser sur son bureau. Andreas sourit doucement et haussa les épaules. "Comment vas-tu ?"
"J'ai été … mieux." Dit-il honnêtement.
"Pourquoi es-tu ici ?" Bill était confus ; il voulait Andreas pour l'aider à passer toute cette épreuve et maintenant que son meilleur ami était assis devant lui, sur son lit, il ne pouvait pas trouver en lui une autre impression que le fait d'être fatigué.
"Parce que je voulais te voir. Tu es toujours mon meilleur ami."
"Nous le sommes ?"
"Bill, je t'aime, je veux dire comme un ami. Je ne pourrais pas imaginer ma vie sans toi, exubérant, riant, faisant l'idiot et me forçant à prendre des photos de moi. J'avais juste besoin d'un peu d'espace."
"Il semblerait que tout le monde ait besoin d'un peu d'espace loin de moi." Dit Bill en caressant son ventre et en s'asseyant sur sa chaise de bureau. Il se pencha en arrière et se sentit immédiatement mieux.
"Je suis désolé, Bill. Je le suis vraiment."
Bill hocha de la tête lentement. "Ça fait deux semaines, j'ai dépassé tout ça maintenant."
Andreas hocha de la tête aussi ; Bill n'avait jamais eu de rancunes envers les personnes proches de lui. "Alors, comment allez-vous ?"
"Nous allons très bien. Il faut que je m'habitue à ne pas avoir toi ou Tom ici avec moi. Mais c'est intéressant."
"Comment es-tu allé à ton dernier rendez-vous ?"
Bill sourit. "J'ai loué une voiture."
"Tu sais que tu as besoin d'avoir le permis pour ça ?" Le taquina Andreas avant de rapidement sembler embarrassé.
"Oui." Bill bougea sur sa chaise et soupira quand le bébé partit enfin de sur sa vessie. "Andi, puis-je te poser une question ?"
"Oui."
"… tu penses que je suis égoïste ?"
"Oui." Répondit le blond décoloré sans hésitation.
"Tu aurais pu y penser pendant une seconde." Bougonna Bill. "Je ne savais pas que j'étais une personne si horrible."
"Ce n'est pas ça, tu ne sais pas quand tu le fais. C'est juste toi, juste Bill." Andreas posa sa tête dans ses mains et se pencha en avant. "Tu sais juste ce que tu veux et tu fais tout pour l'obtenir. Ou fais tout pour que Tom l'obtienne pour toi."
"Aïe, merde." Bill plissa le nez et se détourna.
"Mais tout le monde a l'habitude."
"Je ne veux pas que tout le monde ait l'habitude . Je suis une garçe ?"
"Arrête Bill, tu sais que ce n'est pas vrai. Tu es charmant, très beau et tu sais comment t'en servir. Plus que ça, ton charme est inné ; c'est juste une partie de toi. C'est difficile pour les gens d'ôter leurs yeux de toi. Ce qui est pratique quand tu es le leader d'un groupe."
"Mais comme ami ?"
"Pas tellement."
"Et bien merde." Dit Bill en regardant fixement le plancher. "Tout le monde me dit ça maintenant que je le demande ; j'aurais préféré qu'on me le dise plus tôt."
"Quand je vous ai rencontré Tom et toi, vous étiez les premiers jumeaux que je voyais de mes propres yeux. Et tous les deux vous avez voulu être mon ami. Ça m'a scié. Etre votre ami, c'était l'équivalent de tenir sa tête hors de la fenêtre sur l'autoroute. Vous ne pouvez pas respirer mais vous vous sentez électrisé. Et c'était avant que vous ne soyez connus." Ajouta Andreas.
"Tom était tellement … sérieux. Aussi calme qu'un enfant et les gens se demandaient s'il savait quelque chose qu'ils ne savaient pas parce qu'il ne disait rien ; toi, d'un autre côté." Il leva les yeux au ciel amusé et joueur. "Je te poursuivais juste pour obtenir ton amitié. Tout ce que tu disais était intéressant et seulement s'asseoir près de toi me faisait me sentir spécial, même si les autres enfants ne comprenaient pas."
"Pour être honnête j'aimais ça. Pas l'intimidation, bien sûr, mais le fait qu'ils n'aient pas obtenu ton amitié. Que tu sois le mien et que Tom soit seul c'est tout. Sauf que je ne me suis pas rendu compte que tu n'étais jamais mien, juste celui de Tom." Dit tristement Andreas.
"Je suis désolé, Andi, je le suis vraiment. Je n'ai jamais eu l'intention de faire tout ce qui est arrivé, je n'ai jamais eu l'intention de te blesser." Dit Bill honnêtement. Il commençait à voir l'impact qu'il avait sur les gens proches de lui.
"C'est le truc, tu te pavanes partout avec une personnalité de la taille du marteau de Thor et tu matraques les gens jusqu'à la mort avec et ils sont heureux pour ça. Tu es comme une balle au cerveau que tu t'es prise volontairement et peu importe ce qu'il s'est passé ou se passera entre nous trois… je la prendrais volontairement encore et encore. Tu es juste compliqué, une créature compliquée. Ça ne signifie pas que j'avais le droit de pratiquement te molester pendant ton sommeil. Je jure devant Dieu que je ne sais pas ce qui m'a prit."
Bill repensa aux fois où il avait réveillé Tom pour coucher avec lui simplement parce qu'il ne pouvait supporter le fait d'être allongé près d'une si belle personne sans la toucher, sans avoir Tom lui répondre. Il comprit un peu.
Seulement un peu.
"Une créature." Bill bouda et leva les yeux au plafond. "Les choses peuvent-elles revenir à la normale ?" Demanda-t-il d'une si petite voix qu'on ne l'entendait presque pas.
Andreas sourit mélancoliquement et secoua la tête. "Bien que ce soit probablement le meilleur pour toi, c'est un enfer auquel je ne veux jamais revenir." Il regarda Bill et détourna son regard plus loin.
"Dis-tu que tu ne veux plus être mon ami désormais ?"
"Non. Je dis juste que tu dois me donner un peu de temps avant que nous soyons capables de dormir l'un avec l'autre à nouveau." Andreas soupira et pinça l'arrête de son nez avant de se lever. Bill se débâtit avec sa chaise et ferma les yeux quand son meilleur ami plaça un baiser chaste sur sa joue. "Je dois y aller, je t'appellerai dans quelques jours, ok ?" La voix du blond était un peu épaisse et Bill n'eut pas envie d'ouvrir les yeux ; il inclina juste la tête et sentit un mouvement aérien à côté de lui avant que sa porte ne se referme.
Quand finalement Bill ouvrit ses yeux la chambre était vide et il sentit son téléphone vibrer dans sa poche. Il le retira, l'ouvrit et se rendit compte que c'était un message d'Andreas. Il le lit et sourit doucement.
Si tu as besoin de quelqu'un pour aller au cabinet médical fais-le-moi savoir. Je peux t'y emmener.
Bill prit une grande respiration et répondit.
Je vais me débrouiller tout seul, merci.
~*~*~*~
"Je ne pose pas comme ça." Bill regarda en fronçant les sourcils le photographe qui lançait ses idées.
"Mais ce serait sensationnel. Vous êtes déjà d'une grande beauté, vous voir dans votre gloire rayonnante ferait s'envoler les ventes du magazine !"
"Ouais … personne ne veut voir mes seins et un décolleté d'homme c'est juste pas possible pour moi." Dit Bill impassible alors qu'il croisait les bras timidement.
"Très bien. Vous ne voulez pas être une œuvre d'art ; je peux faire avec ça. Entrez juste dans les vêtements que la styliste a réuni pour vous et nous pourrons commencer." Le photographe, Marco, s'agita au loin et Bill se demanda comment un homme si efféminé pouvait avoir tant de jolies femmes qui le suivent désespérément.
Son téléphone sonna et Bill l'ouvrit et le mit à son oreille sans regarder l'identification de l'appelant. "Bonjour."
"Monsieur Kaulitz, c'est Ariel."
"Bonjour, Ariel." Pourquoi l'agent immobilier l'appelait-il ?
"J'appelle parce que la propriété que vous m'avez demandé de mettre en attente est activement poursuivie par un autre couple. Ils m'ont fait une offre mais je vous ai vraiment promis que je vous la réservais. Je dois savoir si vous êtes intéressés et prêt à la visiter."
"Qu'est-ce que mon frère a dit ?" Demanda Bill rapidement.
"…Je n'ai pas été capable de me mettre en contact avec lui. Je sais qu'il m'a demandé de l'appeler mais il n'a répondu à aucun de mes appels."
Merde! Bill respira à fond et déglutit. "Bien, quand avez-vous besoin d'une réponse ?"
"J'ai appelé votre frère pendant quatre jours ; j'ai besoin de la réponse maintenant. Nous pouvons continuer à regarder d'autres biens mais je sais que vous avez aimé celui-là."
"C'est vrai …" Bill prit un autre souffle profond et redressa les épaules. "Je la prends."
"Vous la prenez ? Merveilleux, je vais rédiger la paperasserie et vous pourrez passer avec votre frère."
"Non, ce sera juste moi, mais je peux venir et remplir n'importe quelle paperasserie dont vous avez besoin." Dit Bill résolument.
"Oh … bien alors. Quand serez-vous disponible ?"
"Je serai à Berlin mercredi, si ça vous convient ?"
"J'ai un trou à neuf heures ce jour là, et après je suis prise toute la semaine."
"Je… serais là." La merde, ça signifiait qu'il devrait être sur la route tôt. Juste parfait.
"Merveilleux. Je dirai au couple qu'ils devront choisir un autre bien. Je vous vois mercredi."
"Merci pour l'appel Ariel." Bill raccrocha le téléphone et cligna des yeux. Il venait juste d'acheter une maison. Il avait prit la décision alors que Tom ne pouvait pas ou ne voulait pas. Et c'était sa décision. Bill regarda vers le bas son ventre et soupira. "Il me semble que nous allons bientôt avoir une maison, ma petite." Sa fille répondit avec un coup de pied et il sourit.
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"Je ne suis plus en colère désormais." Chuchota Tom et Stephen inclina la tête.
"J'ai remarqué. Donc allez-vous appeler Bill?" Tom semblait inconfortable face à la question. "J'étais juste curieux, vous n'avez pas à me le dire si vous ne le voulez pas."
"Je n'ai pas saigné du nez depuis deux semaines. Et j'ai passé une semaine entière sans avoir une crise de panique." Tom haussa les épaules. "J'ai pleuré quand je me suis rendu compte que c'était parce que j'avais arrêté de penser à Bill."
"Qu'est-ce qui va arriver quand vous devrez faire une interview ensemble ? Vous avez dit que vous aviez prévu ça dans quelques jours."
"Je sais. Je me sens différent et je ne sais pas comment je me sentirai quand je le verrais."
"J'ai l'impression que vous vous sentez coupable parce que la première émotion qui vous viens à l'esprit n'est pas la joie."
"Je devrais être heureux de le voir. Il porte mon bébé et je l'aime, peu importe ce qui est arrivé." Tom se griffa le menton et fixa un point invisible dans l'espace. "Mais je ne me sens plus du tout comme avant."
"Vous ne l'aimez plus comme avant ?"
"Non, ce n'est pas ça. Je n'ai juste pas les mêmes sentiments quand j'entends son nom, quand je vois son image. J'avais l'habitude de ressentir cette nervosité ; cette excitation. Mais maintenant c'est juste … un lourd sentiment."
"Est-ce que c'est un mauvais sentiment ?"
"Non. Juste lourd. Comme une couverture chaude."
"Peut-être que vos sentiments pour Bill ont mûri un peu. Vous devenez plus vieux, devenez plus sage face à votre paternité imminente. Je pense que vous constaterez que l'excitation n'est pas partie, mais elle est à une autre place. Maintenant le désir de s'occuper de lui et de votre enfant commence à s'installer en vous. Vous devriez être fier. La plupart des couples ne durent pas aussi longtemps, avec ou sans enfants."
"Oui, je suppose que vous avez raison."
"Tom." Commença Stephen avant de reposer son bloc-notes pour regarder son patient carrément droit dans les yeux. "Je veux que vous réalisiez quelque chose ; le changement d'émotion ne signifie pas la fin du monde, cela signifie juste un changement. Nous sommes supposés grandir comme tous les êtres humains et si quelque chose ne marche pas, nous envoyons des signaux jusqu'a ce qu'on voit que nous devons changer. Vos saignements de nez, vos crises d'angoisse ; des signes que vous n'aviez pas écouté. Maintenant que vous l'avez fait, vous vous améliorez."
Tom acquiesça de la tête et soupira ; il se sentait toujours épuisé après ces sessions, mais quand il en partait il se sentait plus léger et plus léger à chaque fois. Il était même sorti avec les G' pour aller boire un verre et ils avaient eu une conversation agréable. Il avait l'impression de revivre. Il se sentait bien. "Pensez-vous que je devrais appeler Bill ?"
"Non, je pense que vous saurez quand le temps sera venu d'appeler Bill. Vous ne devrez pas me demander ce que je pense et vous ne serez pas réticent à le faire. Mais je veux vraiment que vous pensiez à appeler Andreas."
Tom se raidit. "Vous ne pouvez pas vraiment vouloir que je lui fasse des excuses."
"Je n'ai rien dit à propos d'excuses. J'ai juste dit que je veux que vous l'appeliez et que vous lui disiez ce qui vous vient à l'esprit. Laissez votre cœur et votre esprit vous dire ce qui a besoin d'être dit. Vous m'avez dit plusieurs fois qu'il était autant votre meilleur ami que celui de Bill et ce depuis des années. Peut-être que vous pourriez plus relativiser les choses si vous parveniez à connaître son point de vue."
"Excellent." Tom bouda brièvement et se rendit compte qu'une petite partie de lui, en réalité, se languissait d'Andreas. "Ok, je suppose que je peux le faire."
"Bien."
FIN CHAPITRE 36