C h a p i t r e * 23 -

Est-ce que se blâAmer est vraiment la solution ?


Bill renifla au moment où Simone nettoya sa blessure et y plaça un grand bandage bleu. Il siffla quand sa mère l'embrassa doucement et le serra dans ses bras. "Mieux ?" Demanda-t-elle doucement et Bill haussa les épaules avec indolence. "Qu'est-ce qui ne va pas ?"

"J'ai cassé mon camion ?" Il posa sa tête sur la poitrine de sa mère et lui indiqua le jouet sur le trottoir. Il était en deux pièces et semblait tout à fait réparable. Avant que Simone n'ait une chance d'expliquer que c'était détachable, Tom courait de la maison directement vers Bill toujours sur les genoux de sa mère.

"Bill! Pourquoi ne m'as-tu pas attendu ?! Tu ne peux pas te faire mal quand je suis là." Dit-il sérieusement. "Tu dois m'attendre."

"Je suis désolé Tomi, tu prenais trop de temps dans la salle de bains." Bill renifla à nouveau et essuya un peu de saleté sur sa joue, essayant de ressembler à un grand garçon, un peu comme Tom.

Tom ne dit rien ; il semblait toujours absolument scandalisé et il retira Bill des bras de leur mère puis l'étreignit. Bill arrêta de renifler et Simone sourit doucement. Les soins apportés par les mamans étaient très efficaces, mais apparemment ceux des jumeaux l'étaient plus. "Ça fait mal ?" Tom s'accroupit et toucha le bandage de ses doigts incertains. A cinq ans, il savait déjà que ce qui exigeait un pansement faisait mal.

"Un peu. Tomi, j'ai cassé mon camion!" Bill recommença rapidement une nouvelle crise de sanglots. Tom regarda vers le bas pour voir le jouet et prit les pièces doucement. Il aimait bien ce camion aussi.

"Je peux le réparer." Dit-il sûr de lui.

Bill rayonna. À cinq ans, il n'y avait personne d'aussi étonnant que son jumeau et si Tomi disait qu'il pouvait le réparer alors il le pouvait. Il observa Tom emboiter les pièces ensemble, et soudainement le jouet était entier à nouveau. "Oh." Il en eut le souffle coupé.

"Ce n'est pas si étonnant." Dit sèchement Simone alors que Bill regardait son frère avec un mélange d'admiration et de fierté. "Je vais vous préparer des sandwichs. Pouvez-vous rester loin des ennuis jusque-là ? Et aucun jeu avec les pierres dans l'abri, elles sont pour mon jardin."

Les garçons identiques ne lui prêtaient plus attention ; Bill n'avait d'yeux que pour Tom et son camion nouvellement réparé. "Tu l'as fait." Dit-il tranquillement en dépliant son bras pour toucher le plastique rouge dans la main de son frère.

Tom inclina la tête et sourit. "Je ne veux pas que tu pleures à nouveau Bill, plus jamais." Il saisit sa main et mit le jouet sur le sol.

"Jamais ?" Le visage de Bill esquissa une grimace quand il essaya de comprendre quelle longueur cela faisait.

"Jamais." Tom secoua la tête et s'assit à côté de lui.

"Bien, tu sais comment tout réparer, donc je sais que je ne pleurerais plus jamais." Bill rayonnait et oublia totalement son genou égratigné.


Tom essaya de se rappeler comment respirer au moment où il regardait fixement son petit frère sur le lit. Bill était … si pâle qu'il déglutit difficilement et marcha vers lui. Il avait une intraveineuse dans le bras et la seule chose qui bougeait, c'était le soulèvement léger de sa poitrine. Ses yeux étaient fermés et le seul son dans la pièce était le signal sonore stable du moniteur cardiaque.

Il se sentait trop grand pour cette pièce et Bill avait l'air trop petit sur le lit. Son jumeau était plus grand que lui mais là il semblait si … diminué. Même ses cheveux semblaient plus mous que d'habitude. Le docteur entra et se mit debout à côté de lui. Tom ne pouvait pas se souvenir d'avoir entendu le docteur rentrer. Il y avait tellement de choses cette dernière heure qu'il ne pouvait pas se rappeler. "Il dort." Dit-elle tranquillement et le chuchotement se répercuta dans la pièce.

Tom essayait de se dire de rester calme, Bill était juste endormi et il avait horreur d'être réveillé mais on n'était pas dans le bus de la tournée et il ne pouvait pas sortir un mot du fond de sa gorge. Il déglutit durement et essaya de nouveau. "Qu'est-ce … qui est arrivé ?" Demanda-t-il avec hésitation. Qu'est-ce qu'il avait bien pu arriver ? Il n'était pas parti très longtemps. Il aurait du être là, c'était juste une séance photo stupide et Bill était maintenant à l'hôpital et … Tom dit à sa voix intérieure de se taire pour qu'il puisse entendre le docteur.

"Nous avons dû l'opérer d'urgence. Votre frère a fait une hémorragie interne. Je l'ai expliqué à votre mère-"

"Je veux que vous me l'expliquiez." Chuchota Tom. Il respira à fond et essaya de desserrer sa mâchoire.

"Bien, Bill avait une grosseur anormale attachée à son proto-utérus. Il a bougé et s'est coincé juste derrière ça. L'utérus masculin est tellement nouveau pour nous et particulièrement fragile. Le bébé a essayé d'envoyer un message de détresse et il l'a fait par la seule voie qu'il connaissait. La grosseur était un premier fœtus mort. Il s'est formé avant que son proto-utérus n'ait eu le temps de se développer et quand il s'est finalement formé la grosseur s'est attachée à la membrane."

Tom releva sa main et secoua la tête. "Attendez, c'était un bébé ?"

"Je pense que ça vous aiderait si vous n'y pensiez pas de cette façon." Dit-elle doucement. "Il n'était vieux que de quelques semaines quand il est mort. Normalement, quand une femme fait une fausse couche, cela se traduit par une perte de sang importante. Le système reproducteur masculin n'est pas adapté pour ce type d'élimination. Il est donc resté dans le corps, attaché à ce qui est devenu le proto-utérus. Le bébé a besoin de ces certaines cellules pour se développer et il se nourrissait de ces cellules. À la fin, ces cellules sont devenues cancéreuses et ont continué à se multiplier. Si nous ne l'avions pas trouvé à temps, le bébé serait mort."

"Le bébé est donc malade ?" Il ne savait pas s'il voulait réellement connaître la réponse à cette question. Ça, en plus de tout le reste, pourrait juste définitivement l'anéantir.

"Le bébé est sous-alimenté, c'est pourquoi nous avons mit Bill sous intraveineuse, mais elle se porte bien. Il ne devrait plus y avoir de problème avec une bonne prise de poids maintenant mais nous devons quand même continuer pendant quelques jours à nous assurer qu'il n'y ait plus de cellules cancéreuses. Il sera sûrement faible et endolori quand il se réveillera. Les muscles de Bill essayaient d'expulser la grosseur sans avoir un endroit pour ça et ils ont fini par la coller quelque part mais elle n'avait rien à faire là. Mais comme je vous l'ai dit, sans ça nous n'aurions pas su et il aurait été trop tard."

Tom la regarda et fronça les sourcils." Docteur … "

"Addams."

"Docteur Addams, avez-vous dit elle ?" Demanda-t-il quand il se remémora ce que la femme venait juste de dire.

Le docteur sourit. "Oui, j'ai dit ça."

Tom se retourna pour voir Bill allongé sur le lit et le regarda avec étonnement. La personne qu'il aimait le plus au monde allait lui donner une fille. Il s'avança de quelques pas et sourit. "Bill ?" Tom ne pouvait pas attendre pour voir son jumeau. Il avait besoin qu'il ouvre ses yeux ainsi il pourrait s'assurer que Bill allait bien.

"Monsieur Kaulitz, il est sorti de chirurgie il y a à peine une heure." Lui dit doucement le Docteur Addams. "Il dort toujours sous l'effet de l'anesthésie et ne peut probablement pas vous entendre."

Tom secoua la tête. Il ne se sentirait pas mieux jusqu'à ce qu'il ait entendu la voix de Bill, ou qu'il ait ouvert ses yeux … ou quoi que ce soit... "Bill." Dit-il à nouveau, cette fois plus insistant quand finalement il trouva le courage de combler la distance qui les séparait toujours pour se mettre à genoux à côté du lit. Il sourit avec soulagement quand Bill ouvrit ses yeux et Tom caressa son visage doucement. Ses yeux étaient hagards et ses paupières lourdes, mais il était vivant. Tom pencha la tête et prit de profondes inspirations pour retenir ses larmes et Bill soupira et referma ses yeux à nouveau. C'était tout ce dont il avait besoin.

"Laissez-le dormir s'il vous plaît. Je sais que vous vous êtes inquiété mais il a besoin de repos. Son corps est épuisé ; la plupart des personnes oublient combien il faut redoubler d'énergie quand on est enceinte, particulièrement les hommes. Il ne peut pas continuer à se pousser comme ça." Tom acquiesça de la tête aux mots du Docteur Addam et se fit promettre que Bill ne soulèverait plus jamais le petit doigt. "Monsieur Kaulitz!"

"Quoi ?" Tom la regarda de manière étrange. Apparemment, il n'avait pas répondu la première fois qu'elle avait appelé son nom. "Je vais faire entrer vos parents, mais je tiens encore à souligner combien il a besoin de repos." Dit-elle doucement. "Quand il se réveillera, je veux être prévenue ; il y a quelques choses que nous devons revoir."

"Bien." Il inclina la tête une fois et se saisit de la chaise contre le mur ; il la posa directement à côté du lit où son jumeau sommeillait. Il leva les yeux et regarda leur mère remercier le docteur à nouveau avant que Gordon ne fasse de même. Elle marcha jusqu'au lit et toucha la cheville de Bill par-dessus la couverture ; Simone semblait lessivée.

"Oh mon bébé." Chuchota-t-elle en reniflant. Gordon s'approcha de l'autre côté du lit et regarda son beau-fils.

"Il semble si jeune." Pensa-t-il à haute voix en touchant la main de Bill brièvement. Tom semblait être d'accord ; on avait l'impression que son jumeau avait régressé de deux ou trois ans. Il semblait si innocent et précieux. Son cœur se serra et Tom resserra sa prise sur la main de Bill. "Vous vous souvenez, quand nous sommes allés chez grand-père pendant deux semaines ?"

Simone rit doucement. "Bill s'était fait piquer par un moustique, oui. Je m'en rappelle." Elle et Tom tremblèrent à l'unisson. Bill était exactement dans la même position qu'ici, dans ce lit hospitalier ; il avait été trouvé près de l'eau, inconscient, et personne ne savait ce qui n'allait pas. "Ça ne devient jamais facile."

"Non, en effet." Gordon était d'accord. "Mais au moins cette fois, de bonnes choses en ressortent. Il a été voir un médecin et nous savons que le bébé a des chances d'être en bonne santé. Si nous nous arrêtons à ce qui aurait pu arriver, nous allons devenir fous." Dit-il fermement. Tom leva les yeux pour voir que son beau-père le regardait fixement.

Il rougit et détourna son regard vers Bill. Des scénarios avec des fins plus mauvaises étaient la seule chose qui lui traversait l'esprit quand il regardait son jumeau. Ce qui aurait pu arriver … les douzaines de choses qui auraient pu mal tourner firent bloc dans sa gorge et lui laissaient un goût amer. Peu importe combien de fois il essayait de l'avaler, ça ne partait pas.

"Oui." Simone hocha de la tête lentement. "Je n'aurais pas du le laisser continuer à faire ce qu'il veut depuis si longtemps." Dit-elle tranquillement. Tom referma ses yeux et espéra que sa mère s'arrêterait là. Bien sûr, elle ne le fit pas. "J'aurais du prendre les devants et trouver un docteur moi-même. Ainsi, Bill ne serait pas dans cette situation maintenant."

"Bill voulait trouver son docteur lui-même." Dit Tom prudemment.

"Mais il ne l'a pas fait, il a juste remis ça à plus tard comme il le fait toujours quand c'est quelque chose d'important. Je-" Simone s'arrêta quand Tom se leva de son siège.

"Arrête." Dit-il tranquillement. "Tu continues à le pousser et pousser-"

"Attend, tu penses que c'est ma faute ?" Demanda-t-elle avec une voix montant dans les aigües.

"Arrêtez, vous deux. Nous n'avons pas à avoir cette conversation tout de suite. Non, Simone, pas maintenant." Gordon coupa sa femme au moment où elle essaya d'objecter. "Maintenant, nous traitons avec le présent, indépendamment de ce qui s'est passé et juste avec ça." Il soupira et prit la main de Simone. "Nous devrions y aller et laisser Bill dormir. Tom, tu veux rentrer avec nous à la maison et récupérer ta voiture ?"

Tom regarda Bill et secoua la tête. "Non, je veux être ici quand il se réveillera." Décida-t-il.

Son beau-père acquiesça de la tête. "Appelle-moi quand tu es prêt, je viendrai te prendre."

Tom hocha de la tête et observa Gordon tirer doucement sa mère hors de la pièce puis refermer la porte derrière eux. C'était finalement à nouveau calme ; il posa sa tête sur le lit, observant le soulèvement régulier de la poitrine de Bill et, lentement, il s'endormit.

Il avait l'impression de se débattre dans de la mélasse, ses membres ne voulaient pas l'écouter mais finalement, ils commencèrent à répondre et Bill ouvrit ses yeux pour voir un plafond indéfinissable. Quelques brides de souvenirs lui revinrent en mémoire et il posa rapidement sa main sur son ventre, craintif de ce qu'il trouverait ou pas. C'était toujours là, formant une courbe légère et il soupira de soulagement.

Son corps se rappelait la sensation de chute et Bill trembla légèrement. Ça devait être une des choses les plus effrayantes qu'il n'ait jamais ressenties. Il caressa son ventre et siffla légèrement en sentant une plaie. Il se sentit comme s'il avait fait un million d'étirement en une minute et il se concentra sur son bas-ventre. Précautionneusement, Bill toucha la peau et de son doigt retraça la longue cicatrice à travers son ventre. Bill fronça les sourcils pendant qu'un million de pensées lui traversaient l'esprit.

Et s'il n'était plus enceint désormais ? Et si quelque chose était arrivé et que c'était sa faute car il n'avait pas voulu faire de promenade comme sa mère le souhaitait ? Peut-être que c'était la mal bouffe qu'il chipait dans son dos aussi … Ses yeux s'emplissaient de larmes et il haleta, soudainement incapable de respirer. Il entendit un bruit provenant des toilettes et Tom sortit de la salle de bains en s'essuyant les mains avec une serviette de papier. "Tomi." Dit-il faiblement ; Bill sentit une vague de soulagement déferler en lui et il se sentit étourdi.

"Bill!" Il se précipita vers lui et saisit sa main. Des larmes commencèrent à couler et Tom les effaça rapidement. "Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu as mal, car je peux aller te chercher une infirmière." Dit-il précipitamment. Bill renifla et secoua la tête.

"Le bébé je … l'ai perdu ?" Demanda-t-il dans un sanglot.

Tom secoua à son tour la tête et embrassa Bill sur le front. "Non, le bébé va bien." Dit-il en se penchant pour étreindre son jumeau. "Le bébé va très bien."

"Alors qu'est-ce qui est arrivé ?" Bill essuya ses yeux et respira profondément pour calmer son rythme cardiaque. Le signal sonore du moniteur avait augmenté sous sa crainte et son souci. Il ne voulait pas lâcher Tom et il appuya son visage contre le cou de son frère, essayant de lui prendre un peu de ses forces.

"Tu devrais voir la chirurgienne. Le docteur Addams a dit qu'elle te parlerait de ce qui est arrivé, je devrais aller la chercher." Dit Tom en lui embrassant le front à nouveau.

Bill hocha de la tête et resserra son étreinte. "Non." Marmonna-t-il. "Je ne veux pas que tu partes."

"Il n'a pas à le faire." Les deux garçons étaient si absorbés l'un par l'autre qu'ils n'entendirent pas la porte s'ouvrir. Le docteur Addams la referma derrière elle avec un sourire. "J'étais dans la salle de contrôle des infirmières quand votre rythme cardiaque a augmenté brièvement, la machine nous a alerté. J'ai supposé que vous étiez donc réveillé." S'expliqua le Docteur Addams en avançant et s'arrêtant au pied du lit de Bill. Elle prit son dossier et lui sourit d'une manière rassurante.

Tom se retira brusquement avec difficulté ; ils pouvaient se faire attraper pour une étreinte plus que fraternel. Il avait sérieusement envisagé d'embrasser Bill avant qu'elle ne rentre. Il pensait à ce qu'il se serait passé s'il ne s'était pas retenu …" De quoi allez-vous parler à Bill ? " Demanda-t-il en essayant de dissimuler son anxiété soudaine.

"D'abord, je veux me présenter. J'ai rencontré chaque membre de cette famille, mais pas vous." Le Docteur Addams lui tendit sa main. "Je suis le Docteur Roberta Addams."

Bill empoigna sa main avec un petit sourire et la secoua poliment ; pendant tout ce temps, il refusait de laisser Tom partir. Il était toujours à demi accroupi sur le lit et le dos du guitariste commençait à lui faire mal. "Bill Kaulitz, enchanté de vous rencontrer." Dit-il avec lassitude. "Qu'est-ce qui m'est arrivé ?"

"Je vais résumer ça du mieux que je le peux. Vous avez une tumeur sur ce que nous appelons maintenant le proto-utérus. C'était un regroupement de cellules qui auraient pu devenir cancéreuses. Elles se sont multipliées et se sont nourries des nutriments venant du bébé." Bill mit ses mains sur son ventre de façon protective et fronça les sourcils.

"Donc j'ai un cancer ?"

"Nous ne pensons pas." Le docteur Addams secoua sa tête. "La tumeur était bénigne mais si nous ne l'avions pas découverte, votre bébé aurait pu mourir. Je ne vais pas vous mentir, la grossesse masculine est hautement dangereuse et extrêmement fragile. Est-ce que votre obstétricien vous a informé des risques que vous encourrez avec cette grossesse ?"

"Je n'ai pas vraiment d'obstétricien." Admit Bill. "Nous avions essayé le docteur Eisner mais ça n'a pas marché."

Le docteur Addams leva les yeux au ciel et écrivit une note sur le dossier. "Ludo Eisner est un trou du cul." Dit-elle platement. Tom sourit largement et Bill acquiesça. Il était définitivement en accord avec le docteur Addams. Elle soupira et ferma le dossier. "Je ne vais pas prendre de pincettes. Très peu d'hommes sont capable de porter le bébé à terme ; la menace de fausse-couche est très élevée et ce, tout au long de la grossesse. Il y a eu un total environ deux cents naissances parfaites où les enfants étaient en bonne santé sur cinquante milles grossesses. Les autres n'ont pas survécu hors de l'utérus, ou ils avaient de sérieux problèmes médicaux. Les statistiques… ne sont pas en notre faveur."

"Donc qu'est-ce que ça veux dire exactement ?" Demanda Tom paniqué. "Est-ce que Bill ira bien ?"

"Nous allons faire de notre mieux pour être sûr qu'il soit en bonne santé. Ce qui signifie que des check-up réguliers toutes les semaines seront nécessaires, beaucoup de repos et tout faire pour ne pas être en stress. Nous avons fait une amniosynthèse et nous sommes en train de vérifier qu'il n'y ait pas de problèmes potentiels. Plus nous en savons et plus tôt nous en savons et plus il sera simple de voir quand nous aurons besoin de programmer votre césarienne."

"Programmer ?" Tom fronça les sourcils. Il avait l'impression qu'il s'agissait juste de choisir une date.

Le docteur Addams acquiesça. "Vous savez bien sûr, que vous ne pourrez pas donner naissance par voie vaginale, n'est-ce pas ?" Demanda-t-elle amusée.

"La dernière fois que j'ai vérifié, je n'avais pas de vagin." Répondit Bill avec un sourire en coin. Elle sourit et acquiesça.

"Exactement, donc nous ferons une césarienne. Je suggère que vous essayiez de porter le bébé aussi longtemps que vous le pouvez, mais personne ne s'attend réellement à ce que vous soyez capable de le garder plus de trente-deux semaines. Les quelques hommes qui ont tenté l'expérience ont eu des problèmes de santé. Battements de cœur irréguliers, augmentation des maux de tête, insomnie et constipation pour en nommer quelques uns."

Bill commença inconsciemment à caresser son ventre et essaya de réprimer l'horreur qui montait en lui. "Donc je dois m'attendre à tout ça ?"

"Peut-être, peut-être pas. Ce domaine est tellement… nouveau. Nous sommes seulement capable de prévoir en fonction de ce que nous avons déjà vu. Et d'aussi loin que ce je sais, je n'ai jamais trouvé de cas avec une personne aussi jeune que vous, donc c'est pourquoi nous aurons des check-up chaque semaine. Nous allons faire de notre mieux pour que votre fille naisse en bonne santé."

Bill cligna des yeux. "Fille ?" Demanda-t-il calmement. Tom sourit au regard niais de son frère.

Le docteur Addams acquiesça. "Oui, une magnifique petite fille. Dix doigts et dix orteils. Demain nous ferons d'autres échographies et vous serez capable de la voir par vous-même."

"Une fille…" Souffla Bill en agrippant la main de Tom sous la joie qui le prenait.

"Oui. Donc pour vous et sa santé, vous irez voir le docteur toutes les semaines." Admonesta-t-elle.

"Chaque semaine, ok." Acquiesça Bill lentement. "Docteur Addams, depuis combien de temps exactement je suis enceint ? Le docteur Eisner a dit que j'étais à la fin de mon troisième moi quand je l'ai vu, c'était il y a environ une semaine, mais il disait qu'il voulait faire d'autres tests."

"Vous êtes exactement à dix-sept semaines, ou dans la première semaine de votre quatrième moi. La tumeur aurait pu être à l'origine d'une erreur de date. Contrairement aux croyances populaires il est usuel de se tromper en diagnostiquant le début de la grossesse, ça arrive toujours." Dit-elle d'une voix rassurante.

"Quatre mois." Bill baissa son regard sur son ventre et acquiesça. "Il a dit que j'étais en sous-poids, le suis-je vraiment ?"

"Malheureusement, c'est un problème vraiment sérieux, mais ce n'est pas réellement votre faute. Votre métabolisme est très élevé et vous êtes un adolescent masculin très actif, et ces deux choses vont de paire. Ajoutons à cela la tumeur que nous avons retirée, vous ne pouviez pas gagner de poids. Je vous suggère de manger des petits repas assez fréquemment et ainsi nous pourrons suivre votre évolution sur un graphique et espérons-le, pour le bébé aussi."

"Combien de temps devra-t-il rester ici ?" Tom avait pris ses aises dans un fauteuil près du lit mais Bill refusait de lâcher sa main et il la pressa pour le rassurer.

"Je vais finir tous les tests, j'ai besoin de deux jours, mais je veux que vous soyez suivi de près pendant quatre."

"Quatre jours ?" S'écria Bill comme s'il on venait de lui asséner une sentence de prison.

"Oui, quatre jours, et c'est moins que ce que j'avais prévu initialement. Vous êtes resté assez longtemps sans un suivi médical prénatal et j'ai la responsabilité de m'assurer que tout est aussi bon que possible. Pendant ces premières vingt-quatre heures, nous vous garderons en observation pour être sûr que vous ne fassiez pas d'hémorragie et nous vérifierons qu'il ne reste aucune trace de la tumeur. Je suis réticente à l'idée de vous réopérer mais s'il n'y a pas d'autre alternative, nous le ferons."

"Il comprends." Répondit Tom avant que Bill ne puisse dire quoi que ce soit. Il jeta un regard à son frère et il acquiesça docilement.

"Bien. Bill, vous allez devoir commencer à écouter votre corps. Malheureusement les hommes ont ce problème de ne jamais faire attention à leur propre santé et d'ignorer tous les maux et toutes les douleurs qui les accablent. Ce temps est révolu pour vous, suis-je claire ? Vous devez nous rapporter toute douleur inhabituelle, quelle que soit la question si vous en avez une, posez-là ou si quelque chose se passe et que vous en ignorez la raison, appelez-nous. N'hésitez pas à nous déranger nuit et jour, ok ?"

Bill hocha la tête et sourit. "Ok. Vous êtes tellement différente du docteur Eisner." Soupira-t-il en secouant sa tête. Bill se sentait vraiment à l'aise avec ce docteur.

"Je ne suis pas un trou du cul." Sourit le docteur Addams alors que Bill essayait de réprimer un bâillement. "Je m'attendais à ce que vous soyez fatigué, donc je vous laisse dormir. Peut-être votre frère pourrait-il vous rapporter quelques petites choses de chez vous ? Je vais essayer de tout faire pour que vous vous sentiez le mieux possible ici."

"Merci." Dit sincèrement Bill.

"Pas de problème Bill. Nous allons nous assurer que vous êtes en bonne santé avant de vous laisser partir."

"Merci Docteur." Fit Tom en écho avec reconnaissance et elle acquiesça et s'excusa. Il se tourna vers Bill et soupira. "Comment tu te sens ?"

Bill haussa des épaules. "Physiquement, j'ai mal partout et je suis fatigué et l'arrière de ma tête me fait mal." Il se toucha la tête en faisant attention. "Mentalement ? Je ne sais pas."

"Ouais, je sais comment ça fait. Mes pensées n'arrivent pas à rester en place." Tom baissa le regard sur la main de Bill dans la sienne et caressa les jointures avant de les embrasser.

Ils ne firent que se regarder pendant quelques minutes et écouter les bruits environnant de l'hôpital. Ce fut bien tôt dans la soirée qu'ils purent voir à travers la petite fenêtre le rouge du soleil couchant.

"Tu veux savoir quoi ? Je ne sais pas comment je dois me sentir à propos de cette histoire de grossesse, même maintenant, mais quand je me suis réveillé… je pensais que je ne l'étais plus…" Bill soupira et haussa des épaules. "Ce n'était pas aussi réconfortant que ça aurait dû l'être."

Tom acquiesça et mit sa main sur le renflement que formait le bébé et se demanda si c'était égoïste de penser qu'il n'avait pas voulu que Bill interrompe sa grossesse. Ça aurait été plus sûr. "J'aurais aimé que nous n'ayons pas…"

" … n'ayons pas quoi ?" L'interrompit Bill prudemment.

"… pas couché dans le parc." Siffla-t-il calmement. "C'est probablement ma faute…"

"Es-tu sérieux ? Tom… tu es bien monté mais tu n'es pas si gros . Ce n'était pas ta faute. Pour te dire la vérité j'ai eu une crampe juste un peu avant que nous commencions mais je le voulais. J'adore être avec toi et tu ne pourras jamais me blesser. Toi ou ta grosse bite."

"Arg, Bill…" Rougit Tom et gémissant embarrassé alors qu'il regardait autour pour vérifier que personne n'avait entendu. Bill rigola simplement et fit courir le bout de ses doigts sur la joue de son jumeau.

"C'est comme si je vivais ça à travers un mur. J'ai tellement peur. Je ne sais pas pourquoi." Admit-il. "Juste que pour l'instant, je ne peux pas traiter avec ça."

"Nous traverserons ça ensemble, je te le promets." Tom vérifia que personne n'était à la porte et embrassa Bill rapidement.

"Ok." Dit Bill calmement. Est-ce que tu continueras de m'aimer quand je deviendrai énorme ? Quand je ne pourrai plus voir mes pieds et que j'aurai l'air grade ?"

Tom fronça les sourcils puis rit. "Je ne peux pas t'imaginer gros."

"Tu n'as pas répondu à la question."

"Je t'aimerais même si tu décidais de te faire pousser une autre tête sur tes épaules. Dieu sait que tu serais capable d'être plus mignon encore." Blagua-t-il et Bill pouffa et rit avant de cligner des yeux en agrippant son ventre. "Désolé." Dit Tom rapidement en caressant doucement le ventre de son jumeau.

Bill se relaxa et sembla s'endormir alors qu'il y avait une minute il semblait parfaitement éveillé. "C'est ok." Marmonna-t-il en sentant ses muscles se relâcher comme ils le faisaient toujours au toucher de son jumeau. "Tomi, nous allons avoir une fille…" Souffla Bill alors qu'il regardait le plafond.

"Si elle a la moitié de ta beauté alors elle aura des problèmes." Sourit Tom en secouant sa tête.

"Idiot, elle va nous ressembler. Ou peut-être ressembler à maman." Bill fronça les sourcils et bâilla.

"Est-ce que tu veux que je te ramène des trucs de la maison ?" Il voulait savoir avant que son frère s'endorme à nouveau.

"Oui. Mon portable, ma trousse de maquillage, et quelques pyjamas, le cul à l'air n'est plus à la mode." Bill pouvait tout juste parler entre deux bâillements et Tom l'embrassa sur le front.

"C'est tout ?"

"Mmm… " Etait tout ce que Bill put dire avant de tomber dans un profond sommeil. Tom cessa ses caresses et soupira. Il ne voulait rien de plus que de grimper dans le lit avec Bill et de l'enserrer fortement et de ne jamais partir, mais Tom devait mieux partir et revenir pendant que Bill était endormi, ainsi il pourrait être avec lui quand il se réveillera.

Tom sortit son téléphone et composa le numéro de Gordon. Ça sonna deux fois avant qu'il entende la voix de son beau-père. "Tu es prêt ?" Demanda-t-il calmement.

"Oui."

"Je serai là dans vingt minutes."

~*~*~*~

"J'espère que tu n'incrimineras pas ta mère pour ce qui est arrivé." Gordon brisa finalement le silence dans la voiture. Ils n'étaient pas loin de la maison et l'absence de conversation n'était pas stressant, bien qu'il y ait une foule de choses de non-dits.

Tom était parfaitement bien avec ça.

"Je ne la blâme pas pour la tumeur et le reste. Je la blâme pour stresser Bill continuellement."

"Tu vas devoir comprendre combien c'est difficile pour ta mère. Elle veut juste aider, et tu sais qu'elle en fait un peut trop quand elle est nerveuse. Souviens-toi quand David est venu pour la première fois pour parler d'enregistrement."

Tom ferma ses yeux et secoua sa tête en se souvenant et esquissa un sourire. Leur mère avait cuisiné pour cinq alors que David n'avait désiré qu'un café. "Ouais." Dit-il d'un ton bourru.

"Donc sois un peu indulgent, elle se sent assez mal comme ça." Gordon jeta un regard à son fils. "Qu'est-ce que tu as ?"

"J'ai peur. Mes mains ne veulent pas s'arrêter de trembler." Tom soupira et souhaita être de retour auprès de Bill. Sur le chemin du retour, il devra essayer de ne pas rouler trop vite.

"Je sais, j'ai peur aussi. J'ai regardé des trucs sur la grossesse masculine et ça m'a effrayé. Mais Bill est fort et je sais que tu seras là pour lui, même si le père ne l'est pas." Le ton de sa voix reflétait ses sentiments vis-à-vis de ça.

Quelque chose au fond de Tom se froissa et il voulait dire qu'il était là, tout près de Bill, là où était sa place mais il savait qu'il ne le pouvait pas. "Ouais." Dit-il doucement.

"Mais tu es là et je sais que ça signifie beaucoup pour ton frère et je suis fier de toi. Juste soyez indulgents avec votre mère, c'est tout ce que je demande."

Tom ne dit rien alors qu'ils sortaient finalement de la voiture quand Tom entra dans la maison il ne vit pas sa mère. Elle était probablement dans sa chambre, et ça lui allait bien. Il courut dans les escaliers et ouvrit la porte de Bill et se glaça.

Simone était en boule sur le lit de son fils et Tom pouvait dire qu'elle était en train de pleurer. Son cœur se brisa alors qu'il avançait. Elle le regarda et se tourna en essuyant son visage. "Je sais que tu me hais sûrement, tu penses que j'ai trop poussé Bill. Je ne voulais pas."

"Maman…" Tom essaya d'enrailler le mal de tête qui commençait à se pointer. "Je ne te hais pas. Je ne peux pas en parler maintenant. Je suis venu chercher des trucs à Bill. Il doit rester à l'hôpital pour quelques jours." Il alla dans l'armoire de son frère et sortit quelques pyjamas, il pensa à prendre quelques uns de ses t-shirts blancs ainsi Bill se sentirait plus à l'aise.

Simone le regarda ranger encore quelques trucs de plus dans le large sac et regarda autour. "Qu'est-ce que tu cherches ?" Demanda-t-elle lentement.

"Le téléphone de Bill."

"Il est là." Simone tenait le téléphone et soupira. "Il n'a pas arrêté de sonner. Messages, appels… ça n'a pas arrêté." Elle le tendit à Tom.

Il regarda le téléphone et acquiesça. "Bill est populaire." Dit-il sèchement. Il regarda sa mère et soupira. "Tu ne peux pas faire ça pour lui."

"Mais je le veux." Elle secoua sa tête en se tordant les mains. "Je ne veux pas que mon bébé traverse cette épreuve." Tom lâcha le sac et lui donna un gros câlin. Il comprenait combien ça devait être difficile et étrange pour leur mère, mais elle n'avait pas idée de combien ça l'était de son point de vue.

Personne ne le pouvait.

"Je dois y aller ; je veux être là quand Bill se réveillera. Viendras-tu le voir demain ?"

"Tu le veux aussi ?" Simone regarda sérieusement son fils.
Tom cligna des yeux et soupira. Dès fois c'était douloureusement évident de voir de qui Bill tenait son talent de jouer les drama-queen.

"Oui maman, Bill voudrait te voir." Dit-il prudemment.

"Alors je serai là. Oh mes fils." Simone se leva sur ses pieds et embrassa rapidement Tom sur la joue. "Vous êtes tous les deux chanceux de vous avoir l'un et l'autre."

"Ouais." Tom hocha la tête et lui tapota l'épaule. "Je dois y aller maintenant."

"Dis à ton frère que je l'aime." Dit rapidement Simone alors qu'elle suivait Tom jusqu'en dehors de la chambre. Elle le regarda aller dans sa chambre et ressortir les mains pleines de tee-shirts blancs.

"Ouais, ok." Dit-il en descendant les marches à toute vitesse pour aller dans la cuisine tout en rentrant les tee-shirts dans le sac.

Tom fit un signe à Gordon alors qu'il prenait ses clés et sortit sa voiture. Il fit le chemin vers l'hôpital quand son nez commença à couler. Il toucha son visage et regarda sa main. Les doigts de Tom étaient rouges. Il prit une serviette de leur expédition à McDonalds et se le mit au nez même si c'était ridicule.

Tom arrêta la voiture et pressa la serviette sur son visage et pencha sa tête en arrière. Ses mains tremblaient comme s'il venait juste de jouer quatre heures de guitare et avant qu'il ne s'en rende compte, il était en train d'essuyer les larmes de son visage. Les larmes ne voulaient pas s'arrêter et il pleurait pour le bébé qui ne le connaîtrait jamais comme père, pleurait pour la peur qu'il ressentait si jamais il arrivait quelque chose à Bill ou leur bébé. Tom sanglota jusqu'à ce qu'il en ait la tête qui tourne et s'appuya contre son siège avec un autre tissu pressé contre son nez.

Il essuya son visage une fois encore et vérifia dans le rétroviseur qu'il n'avait pas l'un d'un vampire tandis qu'il roulait en boule toutes les serviettes usées et les mettait dans la boîte à gants. Tom regarda ses mains en souhaitant qu'elles ne tremblent plus et attrapa le sac de Bill et sortit de la voiture. Il regarda l'hôpital et sentit le poids de l'avenir peser sur lui, autant ce qui pourrait arriver de bien que de mal.

FIN CHAPITRE 23

 

 

 

 

 

 

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