Chapitre 35 *
Est-ce que la confusion est vraiment la solution ?
Andreas tomba du canapé et tapa le sol avec son épaule. Il se releva sur ses pieds pour voir Tom avancer vers lui, un regard tueur dans les yeux. "Tom, je ne voulais pas que ça arrive." Dit rapidement le blond platine. "Je te le jure."
"C'est censé me faire me sentir mieux ? Tu étais mon ami, Andreas, et tu m'as trahi ! Qu'est-ce que je suis censé ressentir quand tu me dis ça, putain !" Tom fit un pas en avant une fois encore alors qu'Andreas s'était déplacé jusqu'à mettre un des fauteuils entre eux.
"Je suis désolé, je…" Andreas ne s'était pas préparé à ce que le guitariste se jette sur le meuble et le plaque au sol. Ils luttèrent ainsi l'un contre l'autre et le vent tourna en faveur d'Andreas alors que Tom envoyait son poing dans son abdomen. Il fit rouler le dreadé et alors qu'il était en position de dominance, il envoya son genou rudement dans l'estomac de Tom. "J'ai essayé, je l'ai fait !" Grogna Andreas.
"Essayé quoi ?" Rit Tom à moitié, et en grognant alors qu'il repoussait Andreas ; la table basse reçut un coup qui la fit bouger jusqu'à s'arrêter devant la télévision. "Tu ne pouvais pas le laisser seul, non ?"
"Connard !" Andreas fut subitement en colère et leva le poing pour frapper Tom au visage. Le guitariste tomba en arrière et se releva sur ses pieds.
"Bordel de merde ! Tu es en colère contre moi ?" Demanda Tom incrédule. "C'est une blague ?!"
"Espèce de sale petite merde égoïste ! J'ai essayé ! J'ai essayé d'être heureux, et d'être putain d'encourageant et d'être un putain de soutien mais je ne pouvais pas. Ce n'est pas juste !" Il haleta alors que Tom était soudainement devant lui ; Andreas avait oublié combien l'ainé des jumeaux pouvait être rapide. Ils glissèrent contre le fauteuil alors qu'ils s'agrippaient l'un l'autre. La main d'Andreas se libéra et frappa Tom dans la mâchoire.
"Tu me dis que c'est injuste et tu as embrassé Bill ? T'es fou ?" Tom se massa le menton et la mâchoire et donna un bon coup de pied à l'arrière du genou d'Andreas. L'adolescent tomba durement au sol, et ils recommencèrent à se battre. "Je te hais !" Grogna Tom en pressant fortement son ancien meilleur ami contre le sol en bois.
"Je te hais ! Sur toutes les personnes qui existent sur terre, tu devais l'avoir lui. Tu ne pouvais pas partager !" Ragea Andreas alors que Tom faisait pression sur sa gorge avec son avant-bras et enroulait ses bras autour de sa taille pour le tourner. Il s'assit sur la poitrine de Tom et le frappa au visage jusqu'à ce que sa lèvre supérieur éclate ; il était hors de lui. "Tu es qu'une sale merde, tu sais ça ? La seule personne au monde que j'aimais, que je voulais, tu devais l'avoir. La seule personne que tu n'es pas censé avoir !"
"Donc tu penses que tu peux me battre pour l'avoir ?" Cria Tom en essuyant sa bouche. Le sang coulait sur son menton et son tee-shirt blanc. "Il est à moi, crétin !"
Andreas détourna les yeux et toucha le bleu qui se formait sur sa joue. "Je ne voulais pas que ça se passe ainsi. Je voulais juste… il était là, dans mes bras. Bill est tellement beau, je l'ai toujours pensé." Murmura-t-il. "Et depuis qu'il est enceint… je ne sais pas. Il l'est encore plus maintenant. Je ne pouvais pas m'en empêcher."
"Ça n'excuse pas tout, putain !" Tom secoua sa tête, toujours en colère alors qu'il faisait jouer sa mâchoire. "C'est pour ça que t'as ouvert ta putain de bouche et fais ta soi-disant confession ?"
"Ecoute, j'ai dit la vérité ; si je ne l'avais pas fait, tu aurais fini par parler à ta mère et où vous en seriez ?"
"Juste là où nous en sommes maintenant. Tu es dessus ; le monde entier pense que tu es le père. C'est ce que tu voulais apparemment."
"Tom…"
"Va te faire." Dit Tom soudainement. "Dégage."
"Tom…"
Tom le chargea férocement et le frappa à l'estomac. "Ne dis pas un putain de mot." Siffla-t-il alors que le blond platine évitait un nouveau poing. "Dégage de chez moi. Si je te revois, tu es un homme mort." Tom attrapa Andreas et le jeta hors de la maison et claqua la porte si violemment que les fenêtres en tremblèrent.
~*~*~*~
"Tomi, t'as dis que tu viendrais me chercher, qu'est-ce qu'il s'est passé putain ? Et pourquoi tu ne réponds pas au téléphone ?" Hurla Bill en entrant dans la maison. Leur mère et Gordon étaient partis pour un weekend bien mérité ; ce qui laissait Tom et Bill seuls à la maison. Ils avaient été si excités quand il avait du partir ce matin ; Tom avait dit qu'il passerait prendre Bill quand il aurait fini et qu'ils s'amuseraient puisque leurs parents n'étaient pas là.
Bill savait ce que s'amuser voulait dire.
"Tomi ?" La maison était sombre et Bill se tourna pour voir que le salon était dans un désordre pas possible. Les meubles n'étaient pas à leurs places et les coussins des fauteuils et canapé étaient tous à terre. "Tomi, qu'est-ce qu'il s'est passé ici enfin ?" Bill fronça les sourcils et alla à la cuisine. Il vit Tom assis à table, le visage dans la main. "Tom, qu'est-ce qui ne va pas ?" Il avança et mit sa main sur l'épaule de son jumeau.
Tom s'écarta du toucher et releva la tête. "N'ose même pas."
Bill cligna des yeux et bougea sa main. "Qu'est-ce qui va pas chez toi ?" Demanda-t-il en essayant de garder une voix douce.
"Tu sais, je me demandais ce qui t'arrivait ces derniers jours." Commença Tom en se levant et en rejetant la chaise. "Je t'ai posé la question et tu n'as rien dit."
Bill était confus. "Je peux pas l'expliquer. Je ne sais pas vraiment moi-même." Admit-il. "Mais pourquoi tu es en colère contre moi ?"
"Je ne te crois pas. J'ai parlé à Andreas." Siffla Tom alors que Bill attendait la suite.
"… et ?"
"Et il m'a dit !"
"Dit quoi ?" Hoqueta Bill.
"Que tu l'as embrassé putain !" Cria Tom.
"Hum… je pense que je m'en serais souvenu." Dit Bill en s'éloignant de Tom. "Arrête d'agir comme ça et calme toi."
"Bill, t'es sérieux ? Tu va nier ça !!"
"Qu'est-ce que tu crois putain ? Je n'ai pas embrassé Andreas, je n'ai jamais embrassé Andreas." Dit Bill en continuant de s'éloigner de Tom. Il n'avait jamais été effrayé par son frère avant maintenant ; la rage sur les traits de son frère déformait son beau visage et ce fut là que Bill vit la lèvre et les contusions. "Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?" Demanda-t-il alors que son regard descendait pour constater les trainées de sang sur son tee-shirt.
"Qu'est-ce que tu penses qu'il s'est passé ? Andreas me l'a dit et je me suis battu avec lui. Pourquoi tu l'as embrassé Bill ?"
"Je ne l'ai pas embrassé !" Cria Bill avant de sursauter lorsque la main de Tom s'enroula autour de son poignet en le serrant. Il essaya de s'échapper de la prise mais Tom le tenait fermement.
"Bill, je vais te le redemander une fois encore et s'il te plaît, ne mens pas ; pourquoi tu as embrassé Andreas ?" Demanda Tom dangereusement.
"Va te faire foutre, je ne l'ai pas embrassé !" Répondit Bill avec difficulté et en haletant à la prise de Tom. "Lâche-moi, Tomi !!" Il réussit à se libérer des griffes de Tom et retrouva un équilibre précaire. Bill hoqueta et se colla contre le réfrigérateur. "Putain de merde, Tom, il se passe quoi ?"
"Ne me mens pas, Bill. Pourquoi Andreas aurait-il confessé un truc comme ça ? Je l'ai frappé, pourquoi il ferait ça volontairement ?" Bill haussa les épaules sans savoir et Tom secoua sa tête. "Si tu voulais être avec Andi, tu avais juste à le dire." Cria-t-il, et le chanteur eut l'impression d'être blessé au plus profond de lui-même.
"Tom, qu'est-ce que tu dis ? Je t'ai dit que je ne l'ai pas embrassé, je ne sais pas pourquoi il est venu dire une merde pareille !" Bill s'avança mais Tom le regarda si mal que Bill s'immobilisa.
"Je ne te crois pas. N'avance pas !" Cria-t-il en voyant Bill faire un pas. "Ne me touche pas putain." Finit Tom calmement. "Je ne peux pas te croire. Je te faisais confiance. Je te faisais confiance quand tu disais que tout irait bien ; qu'Andreas prendrait la place qui me revient de droit en tant que père et que ça serait mieux pour nous. Je te faisais confiance et tout ce que tu as fait c'est de me trahir. Je suppose que t'en as rien à faire de moi, pas vrai Bill ? La seule personne qui importe, c'est toi."
La mâchoire de Bill tomba et il sentait que son ventre faisait de même alors qu'il écoutait Tom le détruire par ces quelques mots. "Comment… comment tu peux dire ça ? Je t'aime toi et seulement toi ! J'ai dis à Andreas que ça ne faisait rien qu'il m'apprécie mais que je t'aimais toi !"
"Donc tu savais qu'il avait des sentiments pour toi ?" Demanda Tom, incrédule. "Tu le savais et tu as continué à sortir avec lui tout ce temps ?"
"C'est mon ami, Tomi, qu'est-ce que j'étais supposé faire ?" Bill détourna le regard. "Tu es parti souvent et…"
"N'ose même pas. N'ose même pas !" Cria Tom. "J'ai toujours voyagé pour que tu n'ais pas à le faire ! Ne tourne pas ça contre moi ! Tu es un sale putain d'égoïste !"
"Quoi ? Moi ! Qu'est-ce que…"
"T'as aimé ça ?" L'interrompit Tom sans remords. "T'as aimé l'embrasser ?"
Bill fixa le sol et croisa ses bras. "Je ne l'ai pas em-"
"Tais-toi. Tais-toi ça vaudrait mieux…" Tom s'approcha la main levée et se retint rapidement en voyant la peur dans les yeux de Bill, lequel protégeait son ventre. Tom pensa au bébé à l'intérieur de Bill et se sentit soudainement malade ; avait-il réellement été sur le point de frapper Bill ? "Oh mon Dieu." Il s'étouffa presque avec sa propre salive et sortit hors de la pièce.
Bill retint son souffle jusqu'à entendre la porte claquer et il réalisa que ses mains tremblaient. Que venait-il juste de se passer ? Il alla dans le salon, prit le téléphone dans son sac et composa le numéro d'Andreas. Ça tomba directement sur sa boite vocale et il fronça les sourcils. Ce n'était pas possible, de ne pas avoir Andreas. Il commença à pleurer.
Merde. Leurs parents n'étaient pas à la maison et Tom avait pris le seul moyen de transport. Bien que ça n'aurait pas changé grand-chose que son jumeau laisse la voiture de ses rêves derrière puisque Bill ne pouvait pas conduire. Il prit une casquette puis son sac et partit ; il n'y avait que dix minutes entre chez Bill et Andreas.
Il le fit en cinq.
Andreas ouvrit la porte et déglutit bruyamment. "Bill… hé." Dit-il calmement. Même avec de larges lunettes de soleil il pouvait dire que Bill avait pleuré. Il regarda derrière lui pour voir la voiture mais ne la vit pas. "Tu as marché ?" ça faisait des années que Bill n'avait pas marché jusqu'à chez lui.
"Oui." Répondit Bill calmement. "Il t'a vraiment frappé."
"Entre." Dit Andreas en bougeant du chemin. Bill entra et soupira lorsque l'air conditionné toucha sa peau. Il se tourna et son meilleur ami refusa que leurs regards se croisent.
"Tu as dis à Tom que nous nous sommes embrassés. Pourquoi ?" Bill y avait pensé tout au long de sa venue et ne pouvait pas comprendre ce qu'Andreas aurait eu à y gagner. "Pourquoi tu as menti ?" Demanda-t-il désespérément.
"Bill." Commença Andreas mal à l'aise. "Je n'ai pas… menti. Je pensais que tu lui avais déjà dit."
"De quoi tu parles putain ?" S'écria Bill furieusement. Il était fatigué de dire à tout le monde que ce qu'ils prétendaient s'être passé ne s'était pas passé. Est-ce que le monde entier était devenu fou ?
"Tu n'as vraiment pas… oh mon Dieu." Andreas trébucha et s'avachit sur le canapé. "Oh mon Dieu, j'ai tout foutu en l'air." Il prit sa tête dans ses mains.
"De quoi tu parles, Andi ?"
"Je pensais… je pensais que tu allais le dire, je pensais que tu lui avais déjà dit !" Gémit le blond, il releva ses yeux larmoyants vers Bill. "Je… tu ne te souviens pas de ce baiser parce que tu étais endormi."
"Quoi ?" Dit Bill lentement.
"Tu étais endormi et tu semblais t'être réveillé entre temps. Je pensais que tu lui avais dit." Andreas avait relevé les yeux à nouveau mais juste pour voir le poing de Bill arriver sur lui. Le bruit fut horrible et pour la seconde fois de la journée, il se fit frapper par un jumeau Kaulitz. "J'ai mérité ça." Dit Andreas le souffle court et en se levant.
Les yeux de Bill s'écarquillèrent et il secoua sa tête l'air de ne pas y croire. "Je ne peux pas croire que tu ais fait quelque chose comme ça ! Connard !" Cria-t-il.
"Je suis désolé." C'était une phrase pitoyable qui était là pour essayer de lui faire comprendre tout ce qu'il ressentait à présent et malgré ce que pensaient les gens, Bill avait un bon crochet. Pour ne pas mentionner la contusion que le premier jumeau avait laissé sur sa joue.
"Tu es désolé. Tu es putain de désolé ? Et qu'est-ce que je suis supposé faire de ça ? Courir après Tom qui pense que j'étais consentant , et lui dire que tu es désolé ? Tu penses qu'il va m'écouter putain ? Tu…" Bill lui refrappa le visage et commença à vouloir lutter avec lui.
Andreas n'allait pas laisser Bill se blesser donc il attrapa ses poignets jusqu'à ce qu'il arrête de bouger. "Bill, je suis désolé. J'ai juste… je ne sais pas ce qu'il m'a pris." Le blond espérait pouvoir monter, aller dormir, et en se levant le lendemain voir que rien ne s'était passé. Son visage lui faisait mal, de même que sa tête et son cœur. Il regarda le visage de Bill et sanglota.
"Pourquoi essayes-tu de me détruire ?" Demanda Bill à travers ses larmes.
"Des fois il ne s'agit pas que de toi." Andreas le lâcha et il bougea. Bill gémit ; il ne voulait pas être seul maintenant et s'il partait, c'était ce qui arriverait. Seul. "Tu sais que j'ai des sentiments pour toi."
"Tu as fait ça parce que tu penses que tu m'apprécies ?" Demanda Bill, incrédule.
"Je ne pense pas que je t'apprécie ; je t'aime depuis des années. Nous passions tant de temps ensemble que je pensais que c'était normal que nous finissions ensemble. Sans se cacher, toi et moi." Chuchota Andreas.
"Tu déconnes."
"Ecoute, j'ai déjà passé outre dans ma tête ; je sais que ce n'est pas sain. Je le sais. Je le savais que ce n'était pas sain quand je t'ai embrassé ! Mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Je ne pouvais pas." Il haussa les épaules. Andreas se tourna juste pour voir Bill claquer la porte.
~*~*~*~
Bill tourna au coin de la rue et réalisa que la voiture au bout du quartier était celle de Tom. Il leva les mains et fit de grands signes mais son jumeau tourna simplement et accéléra. Bill n'allait pas courir derrière la voiture, tout son corps lui faisait mal et il avait un fort mal de tête qui le prenait à cause des larmes qu'il avait versé depuis chez Andi jusqu'à ce qu'il rentre chez lui. Il sortit son téléphone et composa le numéro de Tom mais une fois encore, il tomba directement sur le répondeur.
"Tom c'est moi." Dit-il après le bip. "Je t'en prie appelle-moi. J'ai parlé à Andreas et il m'a dit qu'il m'avait embrassé mais que la raison pour laquelle je ne savais pas de quoi tu parlais c'était parce que j'étais endormi. Tu sais à quel point j'ai le sommeil lourd et spécialement depuis que je suis enceint. Tu pourrais mettre une bombe près du lit que je ne bougerais pas. S'il te plaît, rappelle-moi." Bill raccrocha et espéra que son jumeau le rappellerait bientôt.
~*~*~*~
Tom alluma son portable et vit qu'il avait un message ; il écouta et entendit la voix de Bill, il jeta le téléphone comme s'il s'était brulé. Il prit une profonde inspiration et effaca le message sans même l'écouter. Il ne voulait pas entendre la voix de Bill maintenant. L'appartement au studio semblait grand et vide puisqu'il n'était pas utilisé ; Tom ne savait même pas pourquoi il avait fini ici.
Il avait conduit en pensant juste à s'éloigner le plus possible de son frère, d'Andreas et de tout. Tom ne comprenait pas. Il pensait qu'Andreas était leur ami. Il pensait que Bill ne le blesserait jamais ainsi. Tom renifla et réalisa qu'il pleurait.
~*~*~*~
"…Oh." Dit Stephen sérieusement alors qu'il regardait Bill avec bienveillance. "C'est malheureux."
"Je suis si fatigué." Bill ne semblait pas vraiment écouter le docteur et continua. "Tom refuse de répondre à mes appels. Il répond aux appels de Gustav ou Georg, mais pas les miens." Bill soupira et reposa sa tête contre le canapé. "Je ne lui ai pas parlé depuis presque une semaine. Je ne peux pas croire que c'est arrivé."
"Qu'est-ce que vos parents en pensent ?"
Bill haussa les épaules. "Ils savent que nous nous sommes disputés mais ils ne savent pas pourquoi. Maman m'a dit qu'il ne lui en avait pas dit beaucoup plus."
"Tom semble vraiment blessé. Peut-être que vous devriez lui donner un peu d'espace ; au moins le temps qu'il se calme, et vous pourrez ensuite lui expliquer les circonstances du baiser." Suggéra Stephen.
"Et Andreas ne me parle plus non plus!"
"…Vous l'avez appelé ?"
"Ouais ; je dois parler à quelqu'un . J'aime ma mère mais elle me met vite les nerfs à vif en plaçant dans chaque conversation une sorte de 'je te l'avais bien dit '."
"Vous ne pensez pas que si Tom voit ça, il interprétera ça mal ?"
"Stephen, Andreas a été notre meilleur ami pendant des années et si Tom n'est pas là, j'ai besoin du réconfort de quelqu'un."
"Vous semblez dire que Tom est remplaçable."
"Non, je n'ai pas voulu dire ça." Dit Bill sur la défensive.
"C'est à ça que ça ressemblait. Vous avez dit que si Tom n'était pas là, vous avez de toute façon besoin du réconfort de quelqu'un. Cela semble dire que vous soyez enclins à l'échanger avec quelqu'un autour de vous."
"Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Pourquoi détournez-vous mes propos ?"
"Je ne le fais pas. Je vous montre juste vos vrais propos. Je vous ai écouté me dire que vous avez aimé être câliné par Andreas lorsque Tom était parti car ses câlins arrivaient à vous réconforter. Mais vous saviez qu'il vous aimait."
"Oui, mais-"
"Mais rien, Bill ; mais rien." Dit Stephen doucement.
"Allez-vous sérieusement essayer de me faire dire que je suis responsable de ce qui s'est passé ?" Hurla Bill. "Il m'a embrassé pendant que je dormais !"
"Je n'ai pas dit que vous étiez responsable du baiser, Bill. Je pense que vous avez exploité Andreas, en le faisant exprès ou non. Qu'importe. Dès que Tom était parti vous lui avez couru après. Vous avez cherché une source qui ne se tarie jamais d'affection et de réconfort. Quand Tom n'était pas là, Andreas l'était. Prêt à prendre sa place. Maintenant, vous saviez qu'il avait des sentiments pour vous, je suis sûr que vous avez déjà connu des gens qui était dans le même cas ; qu'avez-vous fait pour vous assurer qu'ils ne se fassent pas des idées ?"
Bill essuya ses yeux en colère et secoua la tête. "Ce n'est pas ma faute."
"Non, mais vous n'avez pas aidé."
"Allez-vous faire foutre !" Cria Bill.
"Pouvons-nous parler en toute franchise ? Je vais être honnête avec vous. N'importe quand, lorsque que vous êtes confronté à quelque chose que vous pensez trop difficile à surmonter, vous comptez sur Tom. Tom, étant votre ainé et votre amant, fait de son mieux pour s'assurer que la route soit dégagée pour que vous puissiez faire ce que vous voulez. Est-ce que j'ai raison ?"
"C'est son travail, c'est Tomi." Bill bouda et ne pouvait pas regarder Stephen. "Vous me faites passer pour un sale morveux gâté." Le silence appuya sa déclaration et Bill blanchit. "Je ne le suis pas."
"Andreas s'accroche à vos mots. Tom s'accroche à vos mots. J'ai vu vos interviews ; deux mots et les gens vous mangent dans la main. Vous avez des filles hurlantes qui sont derrières vous, les membres de votre groupe et toute votre équipe aussi. Les gens ne vous disent pas souvent non et quand ils le font, vous le demandez juste à Tom et sa réponse est toujours oui."
"Pourquoi essayez-vous de faire en sorte que ce soit de ma faute ? Je suis la personne enceinte ici, bien sûr que j'ai besoin de réconfort! Et j'ai toujours eu besoin d'affection, particulièrement en ce moment. Andreas n'a pas compris, je lui ai dit que je ne l'aimais pas ; je suis amoureux de Tom! Pourquoi il ne pouvait pas juste faire avec ?"
"Avez-vous déjà aimé quelqu'un que vous ne pouviez pas avoir ?"
"Tom."
"Non. Ce n'est pas pareil. Vous n'êtes pas supposé l'obtenir, mais vouloir l'avoir. Ça a pris un peu plus de temps que vous l'aviez prévu, mais vous l'avez finalement obtenu. Tom ne s'est pas seulement résigné à vivre cette relation, il vous rend votre amour au centuple. Regardez-ça du point de vue d'Andreas.
Il vous connaît et vous aime depuis des années et le seul homme sur lequel vous avez jamais été sexuellement attiré, c'est votre jumeau. Vous l'avez caché pendant des années et maintenant, il le sait. Il se rend compte que ça n'a pas d'importance à quel point il est sympa ou à quel point il est séduisant, il ne sera jamais capable de rivaliser avec une personne qui ne devrait pas être dans la compétition. Il est là pour vous quand Tom n'est pas là et il s'est fait des illusions sur la raison pour laquelle vous passiez autant de temps tous les deux. Comment était-il censé savoir que vous ne vouliez que du réconfort ? Qu'il n'était que le deuxième choix quand Tom n'était pas disponible? "
"Il ne répondra pas à mes appels téléphoniques." Dit Bill tranquillement.
"Que feriez-vous s'il le fait ? Si Andreas prend son téléphone et finalement décide de répondre à votre appel ? Je veux juste que vous me disiez la première chose qui vous vient à l'esprit."
Bill ferma les yeux. "Je lui demanderais de venir me réconforter." Chuchota-t-il, de manière presque inaudible.
"Et vous êtes sûr qu'il le ferait."
"Oui."
"Même s'il devait mettre son propre bordel dans cette situation aussi, vous l'appelleriez toujours."
"Oui."
"Je vois." Le sourcil de Stephen se releva et il griffonna sur son bloc-notes à nouveau. "Pensez-vous que ça résoudrait quoi que ce soit ? Est-ce que vous n'êtes pas toujours en colère qu'il vous ait embrassé pendant que vous dormiez, et qu'il ait provoqué tout ça ?"
"Je ne peux pas l'expliquer."
"Votre besoin de réconfort dépasse toutes les autres questions."
"Je …" Bill s'estompa, impuissant et caressa son ventre. "J'ai juste … j'ai besoin de quelqu'un ."
"Je pense que vous devez réaliser que c'est la même chose pour les autres. Andreas a besoin d'un ami qui comprend ses sentiments fragiles. Non, je ne pardonne pas le fait qu'il vous ait embrassé pendant que vous dormiez, mais peut-être n'auriez-vous pas du être dans le même lit avec lui quand il proposait de dormir sur le canapé. Votre confort personnel a écrasé la logique même qu'il devait dormir sur le canapé. Je serai franc et je ne suis même pas homosexuel, mais si vous étiez dans mes bras, je devrais me faire violence pour me contrôler."
Bill haussa les épaules. Il avait déjà auparavant entendu ces mêmes déclarations de la part d'autres hommes hétérosexuels. "Donc vous pensez que je suis une personne horrible." Dit-il catégoriquement.
"Non, je pense que vous n'êtes pas vraiment habitué à considérer la situation des gens en ce qui vous concerne. Vous êtes quelque chose qui leur tombe dessus. Votre personnalité est si grande, votre sourire si large, votre charisme si … puissant … Après votre passage, les gens sont comme dans un état second. Peut-être que votre meilleur ami n'est pas insensible à votre charme?"
Bill haussa les épaules avec indolence. "Je ne peux pas en parler à Gustav ou Georg ; ils ne comprendraient pas. Tom refuse de me donner une chance de m'expliquer et Andreas n'est pas revenu à la maison depuis que c'est arrivé. J'ai eu un appel de Mara, elle voulait savoir ce qui s'était passé. Je n'ai pas su quoi lui dire."
"Vous lui avez demandé de vous passer Andreas au téléphone, n'est-ce pas ?"
"Oui ; il a refusé."
"Vous étiez fâchés."
"Je suis la victime."
"…Non, vous ne l'êtes pas. Vous n'êtes pas la victime." Bill bougea à nouveau et regarda d'un ton maussade la porte. "Comment êtes-vous arrivé ici aujourd'hui ?"
"Ma mère a pris de son temps de travail pour m'emmener. Elle a dit qu'elle ne pourrait pas la semaine prochaine, la galerie accueille bientôt une exposition importante et elle ne peut pas partir à nouveau."
"Alors, comment viendrez-vous ici ?" Bill haussa les épaules. "Tomi et moi devrions être à nouveau ensemble avant ça." Dit-il de façon résolue.
"Et si vous ne l'êtes pas." Appuya Stephen.
"…Nous n'avons jamais été fâché l'un contre l'autre pendant plus d'une semaine. Je regrette juste de ne pas savoir pourquoi il est si fâché." La voix de Bill s'estompa dans un soupir.
Stephen respira à fond et compta jusqu'à dix. "Je pense que je vais vous donner une mission. Ecoutez-moi jusqu'au bout." Dit-il quand l'adolescent gémit. "Je veux que vous parliez aux gens que vous connaissez ; Gustav, Georg … même votre manager David. Je veux que vous leur demandiez honnêtement de vous dire comment ils pensent que vous traitez les gens."
Bill fronça les sourcils, en arquant un. "Comment je traite les gens ?" Répéta-t-il, narquois.
"Oui. Et nous parlerons de ce qu'ils ont dit quand vous reviendrez la semaine prochaine."
"Bien." Bill fronça à nouveau les sourcils en regardant l'horloge. "Ma mère est à l'extérieur ; je dois y aller."
"Bien. Vous devriez le savoir, vous êtes assez fort pour vous tenir debout seul depuis un moment."
Bill secoua la tête au moment où il se releva maladroitement du canapé confortable et plaça ses mains derrière dos. "Non, je ne le suis pas."
Stephen releva les yeux et sourit avec surprise. "Tom. Je ne m'attendais pas à vous voir ici."
"Ouais, je ne m'attendais pas vraiment à être ici non plus." Dit-il d'un ton bourru en errant à la porte. Le guitariste ne pouvait pas vraiment entièrement entrer dans la pièce. "Je … juste je …"
"Vous essayez de voir Bill ?" Proposa soigneusement Stephen. Tom regarda vers le bas et hocha de la tête presque imperceptiblement. "Oui, malheureusement son rendez-vous a dû être écourté. Vous l'avez manqué d'une petite heure."
Tom grinça des dents et inclina la tête de nouveau. Il ne savait pas s'il se sentait soulagé ou s'il devait avoir des remords. Ces derniers jours passés étaient imbibés de colère et finalement, elle s'était écroulée aujourd'hui et il avait alors fait Hambourg - Berlin juste pour voir Bill. Il se sentait encore à vif et mal ; Tom ne voulait toujours pas lui parler. Il avait juste besoin de le voir.
"Tom ?"
"Ouais ?"
"Votre nez saigne à nouveau. Venez, j'ai des mouchoirs en papier." Le docteur fronça les sourcils et lui tendit la boîte sur son bureau. Tom se couvrit le nez de sa main et tendit l'autre pour se saisir d'un mouchoir en papier, mais ne se déplaça pas plus loin dans la pièce. Stephen tenait la boîte juste assez loin pour que Tom soit obligé d'avancer et soudainement il était dans la pièce. "Prenez place jusqu'à ce que ça s'arrête." Dit-il fermement en lui indiquant le canapé. Tom semblait en guerre contre lui-même mais bientôt il fit quelques pas de plus et s'assit.
"Ce n'est pas grave." Dit Tom sous le mouchoir qu'il avait sur son nez. "Ça n'arrive pas souvent."
"Je pense que si et la voix que vous avez, totalement non surprise, juste ennuyée, laisse penser que ça arrive beaucoup plus souvent que vous ne le dites."
"Je n'ai pas besoin d'un psy." Dit puissamment l'adolescent quand Stephen s'assit sur une chaise à côté de lui. "Je vais bien."
"Votre nez n'arrête pas de saigner. Qu'est-ce qui vous dérange le plus, que vous n'ayez pas le contrôle ou que vous pensiez que l'on vous voit comme faible ?" Demanda Stephen doucement.
La mâchoire de Tom se serra à l'entente de ces mots qu'il voulait dire, mais qui ne franchiraient pas ses lèvres. "Je ne sais pas." Marmonna-t-il.
"Je pense que si. En parler à quelqu'un ne vous rend pas faible, mais l'embouteillage de vos sentiments et pensées qui est la cause de vos saignements font que vous sentez que vous ne contrôlez plus rien."
"Je … juste … je traverse quelque chose de difficile en ce moment. Je suis sûr que Bill vous a dit ce qui se passait."
"Ça vous dérange?"
"Non. Apparemment il peut faire ce qu'il veut."
"Et ça vous dérange."
"Il a toujours fait ainsi. J'ai l'habitude." Dit Tom en tendant la main pour plus de mouchoir en papier. Le flux commençait à diminuer ; une fois que ce serait fini il pourrait s'enfuir hors d'ici.
"Ce n'est pas la même chose que non."
Tom leva les yeux au ciel et haussa les épaules d'un air impuissant. C'était la seule réponse qu'il n'avait jamais eue.
"Donc vous avez frappé votre meilleur ami." Provoqua Stephen.
"Ex." Cracha Tom.
"Ex meilleur ami, je m'excuse." Murmura le docteur. "Et maintenant que c'est fait, vous vous sentez mieux ?"
"Je me sens mieux, oui." Admit Tom. "Il me poussait systématiquement en dehors de ma propre vie. Je voulais que ça s'arrête."
"Il vous poussait en dehors de votre vie ? Qu'est-ce que vous voulez dire ?"
Tom remua avec gêne et Stephen fut étonné de voir certains des petits traits particuliers que les jumeaux avaient en commun. Ils bougeaient tout les deux si différemment, parlait différemment et regardaient différemment mais parfois leurs traits identiques étaient plus choquants quand ils étaient contrastés. "Je ne peux pas vous le dire."
"Tom. Tom ?" L'adolescent releva finalement les yeux. "Je sais que ce bébé est le vôtre."
Tom cligna des yeux et sa mâchoire tomba ; il commençait sérieusement à pleurer maintenant. Il essayait d'essuyer son visage avec les maudits mouchoirs en papier plein de sang. Stephen lui remit d'autres mouchoirs en papier pour que Tom arrête d'enduire son visage de sang et attendit jusqu'à ce que l'adolescent arrive à contrôler son sanglotement. "Bill vous l'a dit ?" Chuchota-t-il finalement.
"En quelque sorte ; j'ai deviné en réalité. Votre langage corporel, c'est ce qui vous a trahit."
"Bill a toujours été trop tendre en public."
"Ce n'est pas juste lui."
Tom ferma les yeux et soupira. "C'est si dur parfois."
"Qu'est-ce qui est dur ?"
"Tout. J'ai l'impression de devoir jongler avec milles et une choses à la fois. David et les G' ne peuvent pas savoir que je suis le père, je dois continuer à faire toutes ces interviews, émissions et autres trucs quand tout ce que je veux est de rester avec Bill et m'assurer qu'il aille bien … et cette foutue chose avec Andreas. Je savais que c'était une grosse erreur."
"Et il semble que tout ce que vous aviez craint s'est finalement réalisé."
"Ouais." Tom se pencha en avant et jeta un autre mouchoir dans la corbeille à papier. "Je ne pourrais pas. Je veux dire, si ce n'est pas une chose s'en est une autre. Je continue à courir pour m'assurer que Bill soit à l'aise, que Bill soit heureux. Et alors je découvre tout ce truc avec Andreas!"
"Pensez-vous que Bill veuille vous remplacer avec Andreas ?"
"Je ne sais pas."
"Dites-moi la première chose qui vous passe par la tête."
"Je pense qu'il préférerait plutôt être avec Andreas car tout serait plus facile."
"Vous ne pensez pas que votre amour peut résister à la douleur et à l'angoisse que vous êtes forcés de supporter pour le garder secret ? Vous n'avez pas pensé à ça avant de commencer votre relation ?"
Tom hocha négativement de la tête. "Non. J'avais treize ans, presque quatorze quand c'est arrivé. Je voulais juste Bill pour moi et c'était la seule pensée que j'avais. Bill a toujours été … magnétique. Même si vous ne l'aimez pas, vous ne pouvez pas vous empêcher de le regarder. Je me suis dit que c'était bon mais profondément en moi je savais que ça ne l'était pas. Ça ne l'était pas." Il secoua tristement la tête à nouveau. "Je voulais qu'il soit mien et mien seul."
"Si vous avez le temps, je voudrais discuter un peu plus." Stephen le regarda avec bon espoir. "Vous n'avez rien à perdre, je ne peux dire à personne de ce que vous m'avez dit et je ne peux même pas dire que vous avez été ici. Anonymat total ; qu'en dites-vous ?"
Tom réfléchit quelques minutes et acquiesça lentement de la tête. "Je ne veux juste plus ressentir encore une fois que je perds la tête."
~*~*~*~
"Où est-il ?"
"À Hambourg, à l'appartement au-dessus du studio."
"Alors je vais le voir."
"Je … je ne pense pas que ce soit une bonne idée." Dit Georg lentement. "Il est toujours très fâché et ne veut pas te voir."
"J'ai aussi une clé de ce foutu appartement, Georg, je peux entrer. Il ne peut pas me laisser dehors."
"Bill, écoutes. Tu dois lui donner un peu d'espace. Je lui ai demandé s'il voulait que tu viennes le voir, il a dit non." Le bassiste détestait être le messager entre les enfants Kaulitz, mais Gustav l'avait englué dans ça et il ne pouvait pas résister à la logique du batteur. Même si ça n'avait aucun sens maintenant.
"Je ne veux pas lui donner de l'espace, son espace est mon espace."
"Arrête Bill. Sérieusement, reprends-toi. Laisse-le s'éclaircir les idées, ok ? Tu sais comment est Tom quand il est fâché."
"Oui." Dit Bill tranquillement avant de soupirer. "C'est juste qu'il me manque."
"Je suis sûr que oui, mais je pense que Tom a besoin d'un peu de temps pour lui." Le concept était étranger à Bill mais il ne fit pas de remarques sur la déclaration. "T'as-t-il dit de combien de temps il aurait besoin ?"
"Non, Bill. Je dois y aller. J'ai des choses à faire."
"Attends-"
"Au revoir." Le bip à l'oreille de Bill lui annonçait la fin de l'appel et il regarda fixement le téléphone en colère.
Qu'est-ce qui n'aillait pas avec tout le monde putain ?
FIN CHAPITRE 5